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Julian Carlyle
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Julian Carlyle
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rédigé Sam 30 Mai - 20:56



i'm drunk alone because i miss you. now i'm worried i'm too late. nobody loves me like you love me. nobody sees me like you do. so i'm gonna fight for us until my heart has turned to black and blue — @ree tragger
#litdp

La désolation. Personne, ou presque, n’aurait pu prétendre reconnaître à ce jour le prince de Nighon. Oqitara vivait des heures sombres, à l’image de son maître devenu fantôme. Le spectacle s’était terminé sur une note tragique. Des morts avaient été recensés, là où d’ordinaire ce show rythmait la folie et la décadence de tout un royaume. Le jeu était devenu dangereux, malgré qu’il ne manquait pas de participants audacieux pour relever les défis du grands Flynn. La règle d’or, nouvellement imposée par ce prince de coeur, était qu’il était strictement interdit de succomber à ses plus profonds désirs sous peine de recevoir un gage. Et il irradiait de ce plaisir malsain à les distribuer, ici et là, pendant le tournoi. Personne n’aurait été capable de déceler l’identité de leur hôte, tant il changeait d’apparences. L’acteur jouait son rôle à la perfection, charmait les dames, les enveloppait dans une fascination certaine jusqu’à les faire céder sous le poids de sa rage.  Elles en oubliaient les règles, se risquaient à les contourner. Et lorsqu’elles s’aventuraient à l’embrasser, à céder à ces pulsions savamment imposées par le maître lui-même, il dévoilait son véritable visage avant de les soumettre à leur exclusion du jeu. La partie est terminée, qu’il soufflait bien souvent au creux de leur oreille avant de ressortir un poignard et les égorger. Son goût inédit pour le sang, fort heureusement, demeurait inconnu du grand public. On ignorait tout des morts qui s’entassaient à Oqitara, mais on savait seulement qu’un bel inconnu se chargeait de punir ceux qui ne respectaient pas la nouvelle règlementation. Certains se plaisaient même à l’affubler d’un surnom : le Juge, ou le plus sanguinaire des arbitres du jeu. Et c’était en cela que demeurait tout le plaisir du show : le gout du risque, étonnement, attirait la foule et leur malsaine curiosité. Flynn l’avait compris peu de temps après la chute d’Erendieren, où les habitants de Nighon se plaisaient à danser pour fêter la boucherie organisée par son père. Parfois même, Oqitara prenait une étrange façade semblable à celle des débris du royaume des lumières, pour le plus grand plaisir de sa foule. Et c’est là tout ce qui attirait ses spectateurs. Larkin était loin d’être dupe. Piètre père qu’il était, le Roi le plus infâme d’Erathia prenait soigneusement en considération les menaces silencieuses envoyées par son second fils. Mais malgré cela, il demeurait encore son Roi, et lorsque le seigneur exigeait, le Prince n’avait d’autres choix que d’obéir.

On lui avait ordonné de se rendre à Frostväll, là où se tenait ce soir-là un gigantesque bal annuellement organisé et qui se voulait entièrement neutre. Aucune célébration particulière, mais simplement une nuit où la paix était promise entre chaque royaume. Un outrage aux yeux de celui qui représenterait la contrée de Nighon ce soir. Flynn s’était apprêté, majestueux et élégant comme à son habitude, mais le visage implacable. On avait annoncé son arrivée au bras de sa mère, dans l’imposante salle de réception du château. Le monde vivait, parfaitement insouciant autour d’eux, quand bien même l’apocalypse régnait au coeur d’une seule poitrine. Comment faisaient-ils tous pour vivre, insouciants et aveugles du carnage qui avait eu lieu il y a de cela des mois ? Il était cette boule de nerfs prête à imploser à tout moment et uniquement maitrisée par la présence de sa djinn, ici absente. Alors pour tout soutien, c’est Raisa qui s’était naturellement proposée pour passer quelque temps avec ce fils devenu démon. Sa main douce trouva une joue mal rasée et elle le força à poser ses yeux vers elle. Elle savait. Evidemment qu’elle savait. Son regard prononçait les mots qu’elle pouvait pas lui souffler en présence des invités. Mais cette douceur, celle-ci même qui manquait tant à sa vie dernièrement, lui arracha une grimace avant qu’il ne choisisse de s’en dérober. — Mère, s’il te plait. Arrête et laisse-moi. Il avait ordonné, sec et mordant, une main agacée repoussant une mère en plein désarroi. Raisa était cette femme forte et courageuse, bien plus futée que ce qu’elle ne s’autorisait à laisser entrevoir. Elle était le sexe faible, mariée à un homme qu’elle n’aimait que par obligation et bien loin de tout ce que Larkin pouvait être. Pourtant, ce soir, elle laissa un long soupir de déception fendre ses lèvres et laissa à son garçon la solitude qu’il réclamait tant. — Tu as les mots et les gestes de ton père Flynn. Son coeur vrilla un instant, mais son visage demeura parfaitement impassible. La reine s’éclipsa sans qu’il ne prenne la peine de lui offrir un dernier regard, et lui s’enfonça dans le reste de la foule. Le Prince ne prêta aucune attention aux hommes et femmes qui tentèrent de lui soutirer un mot ou deux. Il grinçait des dents, sentait doucement la colère se frayer un passage le long de ses artères pour remonter jusqu’à son palpitant. Il en perdait doucement pied, feignant ici et là quelques sourires de fortune pour peu que son attention ne soit pas perturber par des ricanements caustiques. L’homme le plus cérémonieux d’Erathia avait gardé cette même magnificence, mais avait bien malheureusement perdu de son éclat. Il irradiait d’une aura bien mystérieuse, effrayante pour certains. On l’observait, il souriait, une lueur de folie dans les yeux. Mais il y eut une vision parmi les autres qui attira son regard. Une de celle qui le fit se stopper dans sa course pour fuir les seigneurs, immobile et gelé au milieu du reste du monde. Jack, ce bon Roi et autrefois amis se tenait là, à échanger quelques politesses avec une poignée de figures bien connues d’Erathia. Mais ce n’est pas tant la présence du maître des lieux qui piqua sa curiosité à vif, mais la silhouette qui se tenait à ses côtés. Elle était dos à lui, mais la couleur de ses cheveux le frappa comme une lame en pleine poitrine. Il avança d’un pas. C’était tout bonnement impossible. Les rumeurs étaient là, certes, mais il avait refusé d’y croire. Aureen était morte. Ses funérailles avaient eu lieu. Alors pourquoi ses mains se mirent-elles à trembler tandis qu’il s’approchait lentement de celle qui ne quittait plus des yeux. Il aurait reconnu ces mèches n’importe où, cette silhouette, et… ce visage. Elle s’était retournée, lui laissant l’opportunité de redécouvrir un fantôme bien réel. Son coeur se figea presqu’immédiatement tandis qu’un hoquet de surprise s’échappa de ses lèvres. Non. Il rêvait. Tout cela n’était qu’une illusion. Ce ne pouvait pas être réel. Ce n’était pas réel. Alors pourquoi, pour la première fois depuis ce qui lui semblait une éternité, avait-elle posé à son tour ses yeux vers lui. Ses jambes auraient pu s’effondrer sous l’intensité d’un tel contact si elles ne s’étaient pas mises à marcher brusquement dans sa direction. Chancelant sous l’émotion, il bousculait tout ce qui pouvait le séparer d’elle, se frayait un chemin bien machinalement jusqu’à la Princesse qui ne se tenait plus qu’à quelques mètres à peine. Mais on le stoppa, brusquement, bien trop loin pour qu’il puisse tendre un bras désespéré dans sa direction. L’instinct le poussa à forcer, à se défaire des bras qui s’étaient interposés entre eux. Chaque seconde passée, de nouveaux venaient se dresser, l’empêchant d’avancer. Il avait hurlé sans s’en rendre compte, se débattant comme un fou pour rompre la distance qui les séparait. — Raiponce, s’il te plait ! Le surnom lui était venu spontanément, au même titre que sa voix déchirée qui brisa le silence pour se faire entendre parmi la horde autour de lui. Son regard ne la quittait pas, rivé vers elle, un bras tentant de s’échapper, l’autre tendu vers elle comme s’il pouvait l’attraper. Il aperçu Jack se pencher vers elle, la protéger, et lui intimer de partir en promettant de la rejoindre. La révolte d’un royaume endeuillé et leurs alliés, pour sauver sa Princesse en vie. Ils furent plus forts que lui, bien évidemment. On entreprit le fils Larkin de toute la colère qu’un peuple endeuillé pouvait réunir : un coup dans le ventre le fit se courber, et deux bras fermes s’emparèrent de lui pour traîner un Prince jusqu’aux portes de la grande salle. Les menaces proférées à s’en encontre, il ne les entendit pas, mais continua de se débattre jusqu’à entrevoir sa Reine du coin de l’oeil. Le regard complice d’une mère à son fils, qui lui imposait le calme. Sois patient. Qu’elle lui intima sans un son du bout des lèvres, un sourire triste sur le visage. Le souffle court, Flynn aurait volontiers pris plaisir à hurler en noyant ceux qui venaient de l’éloigner dans une projection infernale. Mais il n’en fit rien, passa une main sur son ventre algique, et son coeur en plein émoi. Puisqu’il ne pourrait venir à elle, c’est elle qui viendrait à lui. Il s’échappa dans les couloirs, empruntant à son ami d’enfance l’apparence du Roi de Frostväll avant de regagner l’un des balcons à proximité de la salle de réception. C’est là qu’elle s’était réfugiée. Et c’est au pied de celui-ci qu’il s’immobilisa. Le détail qu’il avait omis dans cette parfaite copie de Jack, c’était peut-être la couleur ébène de ses yeux, rongées par ce qu’ils observaient désormais. Le froid glacial de l’extérieur ne parviendrait pas à calmer ni son coeur, ni son âme en chute libre. — Aureen. Fut le seul mot qu’il parvint à prononcer avant de s’enterrer dans un silence de plomb. Elle lui faisait dos, mais lorsqu’elle l’observa, reflétait exactement le même regard que cette illusion qui le hantait depuis sa disparition. A la différence près que cette fois-ci, elle était réelle.
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Re: nobody needs you like I do.
rédigé Dim 31 Mai - 19:30

Elle avait longuement espéré renvoyer une autre image d’elle, pourtant on ne vit d’elle qu’une fille craintive accrochée au bras du souverain de Frostväll. Jack, dont la patience ne semblait pas tarir malgré qu’elle se tienne irrémédiablement dans son sillage, incapable de s’en écarter ne serait-ce que pour saluer poliment d’autres régents qui se pressaient autour d’eux afin de cueillir un mot à l’une des rares survivantes d’Erendieren ; et pas des moindres. Elle donnait le mieux qu’elle pouvait, tout ce dont elle était capable face à la crainte permanente qu’on puisse intenter à sa vie, juste-là, simplement, avec la même vélocité qui avaient fait tomber son foyer. Elle offrit quelques regards timides, sourires forcés et à peine quelques mots. Comme convenu, Jack occupait toutes les conversations avec la belle éloquence qu’on lui connaissait, alors même que toute l’attention, tous les regards, étaient rivés sur elle. La princesse déchue d’Erendieren, sortie d’une tombe que le monde aurait voulu lui éviter ; et quel miracle elle incarnait. Coincée entre les menteurs et les bien-intentionnés, incapable de les dissocier, Aureen se tenait derrière le seul ici qui détenait encore sa confiance, tout le monde en parcelles suffisantes pour la convaincre de faire une apparition au bal. Pourtant elle parvenait à sentir l’émotion que sa seule présence suscitait. La compassion, et combien on avait envie de lui donner de nouveau le monde pour ne serait-ce que tenter de combler celui qu’elle avait perdu, mais l’expérience lui avait appris à se méfier de tout, même de la reine Clarion qui s’était penchée vers elle, son sourire le plus tendre sur les lèvres, et avait offert une aide  dans sa quête d’autres survivants. Ils conversèrent longuement, Jack et elle, sans que Aureen ne s’en mêle plus que par le biais de regard de concession, et un vague sourire, mais une ombre dans son dos attira une attention et il lui fallut se tourner et jeter un regard par-dessus son épaule pour réaliser que Nighon s’était, contre toute attente, invité. Son coeur loupa un battement et reprit immédiatement une course effrénée.  Prise dans l’étau d’une terreur sourde, quand bien même elle entendait encore son coeur hurler de l’apparition de Flynn, elle fit un pas en arrière alors qu’il se frayait un chemin vers elle. Et elle recula encore, tant et si bien qu’elle aurait pu s’enfoncer dans un mur si Jack n’avait pas pressé un garde pour l’emmener alors qu’on refusait pour elle sa présence à Flynn. Le surnom et le ton sur lequel il le lançait l’égratigna brutalement au coeur, alors qu’elle s’en détournait, les lèvres pincées et une enclume dans l’estomac. Postée sur le balcon pour un peu d’air bienvenue, elle aurait été incapable décrire ce qu’elle ressentait. Entre une crainte tonitruante, plus féroce que tout le reste ; la surprise de l’avoir revu alors qu’on ne l’avait pas annoncé ; un restant d’amour mutilé en marge, peut-être ; la curiosité de comprendre une telle réaction alors que tout portait à croire que Flynn ne voudrait jamais plus la trouver dans son panorama, pour le peu d’importance qu’elle avait eu à ses yeux. Il le lui avait assuré lui-même, en prémices de son père qui était venu lui prendre tout ce qui avait un jour fait son entier bonheur. Pourtant Flynn s’était précipité, tendu la main vers elle, animé d’une avidité qu’elle ne parvenait pas plus à comprendre que ce qu’elle ressentait elle-même devant lui. Une partie d’elle désirait ardemment y voir un signe, mais une autre, bien moins naïve, voyait là une tentative de s’en prendre à elle plus qu’il ne l’avait déjà fait. Peut-être était-il venu avec une dague dans sa botte, et avait tenté de s’en approcher pour débarrasser à jamais le monde de cette lumière-ci. Peut-être, peut-être. Perdue dans ses pensés, le coeur dans la gorge, Aureen jura pour elle-même qu’elle n’y penserait pas plus, quand bien même son coeur s’entêtait à revoir Flynn, beau dans ses bottes, beau dans son costume, beau à son coeur. Son prénom de la bouche de Jack l’enleva à son intense réflexion.   “  Oui ? ”   Elle avait sursauté, mais à peine. Elle resta un moment droite, à sillonner du regard les contours visibles de Frostväll, s’imprégnant de tout son calme afin d’inspirer son coeur et sa conscience à suivre la citée de glace.   “  Tu veux bien m’aider ? ”   Sans lui adresser un regard, elle tendit une main distraite dans sa direction. Sa robe, trop longue, trainait derrière elle, et elle ne parviendrait pas à descendre l’escalier à moins d’une aide ; et une que Jack était toujours disposé à lui offrir. Elle prit la main tendue entre ses doigts fins, et fit un pas dans sa direction, un pan de sa robe dans sa main libre, mais marqua un temps d’arrêt par instinct. À force de rencontres, elle s’était accoutumée au froid éternel et mordant sur les mains du souverain de Frostväll, pourtant sa paume était là aussi tiède que la sienne, presque moite.   “ Jack, ”  commença-t-elle, relevant un regard rivé sur leurs mains jointes vers des yeux habituellement d’un bleu givré. Elle trouva cependant deux billes noires, aussi sombres que le plus profond des puits ; immédiatement, elle perdit son souffle. Frappée par un tel contraste, mais surtout par un insupportable sentiment de familiarité, elle oublia jusqu’à sa propre existence, leur alentour, le temps d’une seconde, peut-être deux, perdues au nom de cette contemplation odieuse. Le regard appartenait à l’homme qu’elle avait un jour aimé, elle aurait été capable de le reconnaitre parmi une foule d’un milliard, et plus. Le regard de Flynn qui pesait sur elle jadis, aujourd’hui corrompu par le regard que Larkin lui avait jeté, d’abord en prenant sa mère, puis en la condamnant.   “ Pitié, non,  ”   souffla-t-elle, au bord des larmes, terrifiée et navrée d’une telle ressemblant . Elle lui reprit sa main, où apparut un filet de lumière voué à vaincre l’illusion. Flynn apparut devant elle, et elle fit un pas en arrière, puis un autre, jusqu’à trouver la balustrade et s’y appuyer.   “ Tu as le même regard que ton père,  ”  confessa-t-elle, fatalement hantée. Elle n’aurait jamais du le savoir, mais il avait indiscutablement des traits communs avec Larkin ; le meurtrier entre tous les meurtriers. Elle aurait pu appeler la garde, Jack, ou Elsa, mais à cette distance et compte tenu des festivités, personne n’aurait l’oreille assez aiguisée pour venir l’arracher à ce cauchemar qui prenait vie ; il n’y avait bien qu’une personne, la meilleure, qui pouvait encore la soustraire à cette rencontre qu’elle avait tant imaginé, mais dont elle ne voulait désormais plus.   “ Penny ? ”  appela-t-elle une première fois, couronnant l’effort d’un sanglot. Puis elle appela une seconde fois, une troisième, et perdit le compte. Penny ne viendrait pas. Pas tout de suite, occupée qu’elle était à élaborer une stratégie contre l’oiseau de Pan qui faisait des siennes, ou à essayer de combattre la personne qu’elle était devenue ce soir-là à Erendieren et qu’elle refusait d’être malgré tout. Pourtant elle appela encore, et encore, le prénom se transformant en un murmure désespéré, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus la force d’appeler et que la solitude la frappe de nouveau.   “ Va t’en. Je ne veux pas entendre ce que tu as à dire, tu peux garder ta bile ou tes mensonges pour toi, et je te jure que si tu fais un pas de plus, je — ”   Elle hésita. Pas une menace, loin de là, mais elle jeta un regard derrière elle, où Frostväll offrait la perspective d’une tombe confortable, dans un coussin de neiges éternelles. L'intention n'était pas là, mais elle réalisa qu'elle préférait encore cette alternative à celle d'entendre de nouveau les ricanements-signature de Flynn et de souffrir de tout l'amour qu'elle ressentait encore pour lui, malgré tout.
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Re: nobody needs you like I do.
rédigé Lun 1 Juin - 20:13

Il avait tellement rêvé de ces retrouvailles, et là voilà qui se tenait devant lui. Belle à en couper le souffle dans sa magnifique robe et absolument superbe avec sa longue chevelure dorée. Aureen irradiait au milieu de ces neiges que l’on disait éternelles. Il était assez éprit depuis le premier jour pour savoir qu’elle était merveilleuse à chaque instant, mais ce soir, plus que n’importe quel autre. Un long et douloureux frisson longea son dos puis sa nuque pour venir lui arracher un hoquet silencieux. Elle était là, bien réelle et en vie. Un mince sourire lumineux parvint malgré tout à venir se frayer un chemin le long de sa commissure tandis qu’il gardait les yeux rivés vers cet ange tombé du ciel. Il aurait souhaité la complimenter que les mots lui auraient cruellement manqués. On lui offrait ici le plus beau, le plus délicieux et le plus poignant des spectacles auxquels ce maître des cérémonies était habitué. Sa renaissance. L’entendre respirer était de loin le plus beau cadeaux qu’il puisse espérer de sa part. Sa main tendue à son égard, Flynn recula d’abord d’un pas, hésitant. Pour celui qui avait longtemps espéré la prendre dans ses bras, le simple fait de pouvoir enfin la toucher l’effrayait étrangement. Il avait ce noeud à l’estomac qui le poussait à prendre la fuite, à s’en aller maintenant qu’il avait obtenu tout ce qu’il pouvait espérer recueillir. Ses jambes tremblaient sous le poids d’une culpabilité évidante, mais son corps tenait bon. L’instinct guida ses doigts jusqu’aux siens sans qu’il ne puisse rien y faire. Sous l’apparence d’un autre, il s’autoriserait juste quelques secondes. Un bref instant pour voir son visage, la toucher et sentir une fois au moins sa peau contre la sienne. Sa longue robe dévalait l’escalier en même temps que la reine qui la portait, leurs mains jointes. Le temps sembla se figer alors qu’elle se retrouvait devant lui, majestueuse. Comme elle était belle, pensa-t-il alors que son palpitant menaçait de se décrocher de sa poitrine. En apnée, il baignait dans un bonheur parfaitement indescriptible. Heureux comme au premier jour. Déchiré comme au dernier. Inconsciemment, c’est l’âme en panique de l’illusionniste qui se chargea de faire tomber quelques flocons factices autour d’eux. Ah cette magie aléatoire. Il ravala tant bien que mal sa salive tandis qu’elle relevait deux billes incandescentes vers lui. La dague en plein coeur. Et la fin de cette brève utopie. La sérénité s’envola en même temps qu’elle lui arracha sa main. Une rupture brutale et indomptable, à l’image de celle qu’il lui avait imposée autrefois. La lumière le délivra de son illusion sans qu’il n’ait à le faire, et étouffa un gémissement lorsqu’elle s’éloigna de lui. Jamais encore elle ne l’avait regardé comme elle le faisait aujourd’hui. Terrifiée. — Aureen attends je t’en prie ! Qu’il s’empressa de souffler en avançant une main et un pas dans sa direction. Trop tard. Le mal était fait. Le rêve s’en était allé. Retour à l’horrible et insupportable réalité. Ce qu’elle ressentait était parfaitement inimaginable, il le savait. Ce n’était plus de la souffrance à ce stade-ci, mais ça devait aller bien au delà de ce qu’il était lui-même capable d’éprouver. Il se mordit les lèvres, faisant preuve de toute sa force de conviction pour ne pas céder à l’irrépressible envie de la serrer dans l’étau de ses bras. L’enlacer avec fermeté, se défaire de ces excuses qui ne suffiraient jamais et a protéger comme il aurait dû le faire lors de la chute de son royaume. L’homme qu’il aurait dû être, bien loin du courage dont elle avait dû s’armer pour continuer à vivre. La remarque à l’égard de son père le stoppa net, et il demeura immobile, idiot, mais pour la première fois de son existence : respectueux. — Je… Je ne suis pas mon père. Confessa-t-il dans un souffle, le poing serré et la gorge nouée. Le traumatisme était palpable, et comment pourrait-il en être autrement. Lui-même demeurait encore hanté par ces images, les plus atroces et qui à ce jour façonnaient même inconsciemment une partie d'Oqitara. — C’est moi, juste moi. Je ne te ferais jamais de mal Aureen… Faux. Il réalisa la portée de ses mots et ferma doucement les yeux avant de se corriger : — Plus maintenant en tout cas… Tu n’as plus rien à craindre de moi, je te le promet. Le timbre était fébrile, bien peu convainquant tant l’émotion l’empêchait de respirer convenablement. Mais le regard, lui, demeurait sincère. Elle lui brisa le coeur en appelant son amie et protectrice de toujours. Une scène atroce, mais qu’il s’autorisa à endurer silencieusement sans l’interrompre. Par respect, et parce qu'il n'avait pas la cruauté de l'arrêter. Au pire, ce ne serait pas la première fois qu’il confronterait les lames aiguisées d’une Penelope Smith acharnée à défendre la vie de sa princesse. Un fait qui d’ailleurs ne manqua pas d’écraser un peu plus fort ce coeur déjà broyé par la douleur. La magicienne savait. Evidemment qu’elle était au courant. Evidemment qu’elle avait pris soin de le tenir éloigné de Frostväll. Evidemment. A cette pensée, Flynn esquissa un sourire triste le long de ses lèvres avant de reporter ses deux opales sombres sur une Aureen hantée par sa seule présence. Appuyée contre la rambarde glacée du balcon, elle ne prononça pas la fin de sa phrase que cela suffit à le faire s’étouffer dans un soupir entrecoupé. Le coeur chavirait dangereusement. Sa jambe fit machinalement un pas devant lui avant qu’il ne grimace de frustration et ne se fige. — Non, s’il te plait, arrête… Je ne resterai pas longtemps. Je ne suis pas là pour… ça. La voix trahissait l’inquiétude. Le simple fait qu’elle ait pu avoir une telle idée en tête le fit imploser de l’intérieur. A ce prince qui terrorisait aujourd’hui Nighon, n’en restait que l’apparence. Les deux mains levées en gage de soumission, il se laissa tomber à genoux devant elle. Flynn s’abandonnait entièrement, levait le masque, l’illusion, le rôle même de toute une vie pour ne laisser que l’homme devant elle. — Je suis désolé. La confession lui arracha un rire tragique, fou de colère après lui-même. — Je suis tellement désolé. Le visage s’était baissé et les yeux fixaient désormais un point invisible sur le sol enneigé du balcon. Les flocons imaginaires, eux, se multiplièrent doucement. A l’image de son coeur qui se nécrosait un peu plus sous le poids d’une culpabilité qui, ce soir, irradiait chaque pan de son corps. — Je croyais qu’il t’avait tuée. C’est ce qu’il a dit. C’est ce qu’il se vantait d’avoir fait. Il le tuerait pour ça. Le gout du sang dans la bouche, Flynn se mordit l’intérieure de la joue qu’à s’en blesser. — Je pensais ne jamais te revoir, et te voilà. Raiponce, s’il-te-plait, laisse-moi juste… Il releva les yeux vers elle, coupé dans sa phrase, mais l’espoir au ventre. — Laisse-moi te prendre dans mes bras, je t’en prie. Elle accepterait, ou le contournerait en prenant la fuite. Elle l’aimait encore ou avait décidé de tirer un trait sur leur amour. Quoiqu’il en soit, la décision lui appartenait, et il se ferait violence pour l’accepter quelle qu’elle puisse être. L’intention n’était pas de se refaire une place de choix dans sa vie, mais tout simplement de pouvoir mettre un terme à ce mal qui lui brisait les entrailles depuis plusieurs mois maintenant. Les confessions viendraient plus tard, si elle lui en accordait le privilège. La seule, en attendant, capable de franchir maladroitement la barrière de ses lèvres fût la plus évidente d’entre-toutes : — Je n’ai jamais cessé de t’aimer, à aucun moment. Ni ce terrible jour, ni avant, ni maintenant, et pas pour les siècles à venir.
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Re: nobody needs you like I do.
rédigé Mar 2 Juin - 18:24

  “ Tu l’es beaucoup plus que tu ne veux bien l’admettre. ”  Elle la voyait dans ses yeux : la ressemblance était remarquable. Même si Flynn se braquait contre l’évidence même, la réfuter ne changerait rien à cette triste et terrifiante vérité. Son père lui avait entaillée la peau à la nuque, mais le fils avait glissé son poing sous sa poitrine pour en extraire son coeur naïf. Les deux armés du même sourire malin, du même regard de profond dédain et d’une inoubliable pointe de satisfaction. Quatre yeux qu’elle aurait pu peindre sur une grande toile tissée, à force de les voir la hanter, la pourchasser jusque dans son sommeil, lui refuser le moindre répit. Si Flynn ne s’était pas trouvé en rempart entre le vide et la sortie, elle lui aurait échappée et ne serait jamais retournée vers lui. Elle tenta de se reculer davantage, de se dérober au pas esquissé dans sa direction, mais sa crainte du vide l’emporta sur celle de faire face au prince qui avait un jour été détenteur du palpitant qui se débattait malgré elle douloureusement sous sa poitrine. Sa main irradiait encore de la marque brûlante que les doigts de Flynn avaient laissé sur sa peau. Elle jura pour elle-même qu’elle ne prendrait jamais plus aucune main dans la sienne, de crainte qu’un fourbe ne se glisse de nouveau dans la peau de Jack, ou d’un autre qui lui était cher, pour lui ravir un moment d’attention qu’elle n’était plus disposée à offrir à ces hommes dont la malveillance n’était plus à prouver. Sa confiance en toute chose venait de s’éteindre à cette apparition, et davantage à chaque infime bribe de temps qu’ils s’entêtaient à partager, noyés qu’ils étaient dans la douleur térébrante d’avoir tout gâché, mal fait ; elle, d’avoir aimé un fourbe de façon inconditionnelle en sachant qu’il finirait irrémédiablement par briser la moindre parcelle, la moindre fibre d’elle, lacérer sa chair, fracturer ses os, tuer son aura ; peut-être les sévices physiques auraient-elles été plus supportables que toutes les cicatrices morales et émotionnelles, l’ombre fracturée qu’elle trainait derrière elle.   “ Je ne veux pas de tes promesses creuses, je veux que tu t’en ailles. ”  Il ne pouvait de toute façon pas faire bien pire que le mal qu’il lui avait déjà causé. Le simple fait qu’il se corrige lui-même prouvait bien qu’on ne pouvait décemment pas lui faire confiance ; il le lui avait rabâché et prouvé à l’époque à de nombreuses reprises, et elle avait appris, après bien des déconvenues, des maladresses et des entailles, qu’elle aurait dû prendre ses avertissements plutôt que de croire naïvement qu’il lui rendrait un jour son affection. Plutôt que de d’être incapable de voir toute la détresse dans l’attitude de son prince, tout ce qui ne lui ressemblait pas, mais qui était pourtant là, à ses pieds, devant elle, Aureen refusait profondément de croire un seul instant en sa sincérité. Flynn était un tissu de mensonge à lui seul. Un numéro monté de toutes pièces, une combine pour plaire, adaptable à qui se confrontait à lui. Elle douta qu’il sache lui-même où s’achevait le Flynn d’Oqitara et où débutait l’homme dénué de ses artifices, s’il y en avait même un. Il déposa les deux genoux devant elle, et sa poitrine se souleva, gonflée par l’appréhension de ce qu’il préparait et l’étonnement, laissant filtrer une plainte enrouée, étouffée. Ses excuses, malgré qu’elles ne suffiraient jamais, parvinrent à lui arracher un violent sanglot. Elle étouffa le reste de ses lamentations sous ses mains, refusant de se confronter à pareille scène, par manque de force et parce qu’elle ne sentait pas capable, malgré tout, de le voir ainsi. Elle ne lui avait plus rien souhaité depuis leur dernière rencontre. Le bonheur, peut-être, mais jamais le malheur, et n’aurait jamais désiré, ou même imaginé, qu’il se mette à genoux devant elle, de faibles excuses sur les lèvres et tout le poids du monde sur les épaules. Incapable de trouver les mots, ou de rassembler à peine assez de contenance pour lui répondre, elle se contenta de pleurer à chaudes larmes, droite devant lui, alors même qu’elle souffrait à un point tel qu’elle aurait pu plier genou et le rejoindre dans la neige. Elle tenta de calmer tant la terreur que provoquait sa présence que la tristesse de le voir ainsi en agitant quelques doigts chargés d’une lumière salvatrice - offerte par son père dans ses derniers instants -  devant ses propres yeux, puis en se caressant les joues, et en dessinant enfin une croix à l’emplacement où son coeur battait à un point tel qu’elle aurait dû succomber à une crise. Magie blanche dans sa forme la plus pure, la plus romanesque ; un rien, mais juste assez. Elle écouta le récit de ce qui s’était colporté à Nighon, et s’imagina comment ce fanfaron de Larkin avait dû répandre la nouvelle de ses nombreux meurtres : un sourire vainqueur sur les lèvres, le coeur d’un conquérant imbu en son sein.   “ Ne prétends pas devant moi que tu en as quelque chose à faire. ”  Il avait été clair comme de l’eau de roche à ce sujet ; ses intentions envers elle avait toujours été physique. Elle n’avait été qu’un défi, un autre. Un pacte passé avec lui-même. Dans leurs derniers moments, il avait fait d’elle une trainée sans la moindre importance, une conquête de pacotille, et elle avait affronté la guerre, la perte, et la solitude avec cette même étiquette gravée au fer rouge sur sa peau.   “ Ce qu’il m’a fait ne te regarde pas, et je ne te laisserai pas te repaitre de ce qui nous est arrivé ce soir là, à moi, à ma famille et à tous les autres. ”   Elle y avait pensé plus de fois qu’elle n’aurait dû, au simple fait qu’il devait savoir, et qu’il aurait pu lui dire ce qui se tramait dans le dos de sa nation. Plutôt que de lui siffler toutes ces horreurs à la figure ce soir-là, il aurait pu opter pour une once de bienveillance et la prévenir. Ils n’auraient peut-être pas sauvé Erendieren, mais au moins ses citoyens. Elle avait tant à lui reprocher et si peu la place, si peu le moral et la force qu’elle se sentit incapable de lui offrir sa propre bienveillance en retour, alors même qu’elle était connue pour n’être que ça, de la bienveillance. Ses deux bras se refermèrent autour de sa poitrine, glissèrent sur sa taille, dans un réflexe de protection grotesque, tant la demande lui sembla saugrenue, irréalisable.   “ Non, ”  fit-elle, en remuant la tête.   “ Bien sûr que non, Flynn.   ”  Il avait eu assez d’elle ce soir, et elle jura qu’il n’aurait rien de plus que cette chance forcée.  Quant à son ultime vérité, elle frappa Aureen au visage comme la plus violente des gifles. Elle n’avait aucune raison de le croire, et même si elle ne désirait, au fond, qu’une seule chose : qu’il lui prouve qu’elle avait tort, Aureen n’était plus assez naïve pour tomber dans ce genre de piège - la faute à qui ? Haletante, opposée à l’idée de faire croitre et danser la flamme que ses mots doux venaient de rallumer en son sein, elle resta un moment pantoise, interdite, à le regarder avec la plus grande précaution, les yeux noyés de larmes.   “ Tu ne m’as jamais aimée,  ”  finit-elle par répondre simplement, éraflé de le dire à voix hautes, laissant cette énième tragédie de sa vie flotter entre eux comme une lame affutée menaçant d’en achever l’un ou l’autre, peut-être les deux.    “ Tu mens encore, même après tout ce temps. Tout ça ce n’est un jeu pour toi, je ne le sais que trop et je refuse d’être de nouveau un des pions que tu utilises pour rendre ta vie plus intéressante. ” 
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rédigé Jeu 4 Juin - 17:27

La douceur de la scène contrastait étrangement avec la violence des sentiments. Le compte à rebours s’était enclenché dès l’instant où il avait posé le regard sur la source de sa déchéance. Flynn menaçait d’imploser à tout moment. Les bras dans le vide, le coeur en proie à une plainte inédite, il assistait impuissant aux retombées de ses mots. Il n’entendait plus que sa voix, sa respiration étouffée, et ne voyait plus que son regard rivé bien difficilement vers le sien. La remarque à propos de son père lui échappa un gémissement sourd et il se résolu à baisser le visage. Peut-être n’avait-elle pas tord finalement. Elle ne serait jamais que la seconde personne à l’évoquer, en plus de sa propre mère. Il acquiesça en silence dans un triste signe de tête avant de refermer les yeux. Le poids de la honte sur les épaules, et une dague invisible en pleine poitrine. S’il n’avait pas déjà été à genoux devant elle, ses jambes auraient probablement céder à cet instant. Il tremblait, non pas de froid, mais de contenir avec tant d’ardeur chacun de ses mouvements. Ce Prince habitué à ce qu’on se soumette à son autorité, ce fin marionnettiste qui d’ordinaire se jouait du grand public, était à jour piétiné par la plus belle âme d’Erathia. Il écoutait d’une oreille les mots qui étaient semblables à des lames dirigées vers son coeur déjà en miettes. Lorsqu’il releva enfin ses deux billes noires vers elle, l’image lui arracha un pincement. Il dû se mordre les joues pour ne pas fondre sur elle, luttant désespérément contre l’envie dévorante de l’étreindre et apaiser ses pleurs. Ses sanglots silencieux oppressaient sa cage thoracique à tel point qu’il étouffait. Elle était en larmes, ses bras frêles enroulés autour de son corps comme pour l’empêcher d’avancer. — C’est faux.. et tu le sais. Qu’il murmura d’une voix étranglée, presque sourde. Son refus, aussi logique puisse-t-il être, termina son oeuvre sur son coeur à l’agonie. Il réprima une plainte dans un soupire à s’en fendre l’âme, la mâchoire et les poings serrés. — Aureen regarde-moi. Commença-t-il timidement dans une tentative bien vaine d’obtenir son attention. Il n’y aurait jamais plus pénible et plus intolérable image que celle renvoyée par une Princesse en sanglot. Parmi le silence qui régnait autour d’eux, il n’y avait plus que ses larmes et son souffle irrégulier pour le briser. Et puisqu’elle refusait d’exécuter ce qu’il lui avait récemment demandé, il répéta sa demande encore une fois. — Regarde-moi. Un peu plus fort, un peu plus affligé. Le fait est qu’il l’aimait, cet idiot. Depuis le premier, il savait pertinemment qu’il n’en aurait jamais le droit, et pourtant. L’amour avait ici frappé sans prévenir, s’insinuant tel un exquis poison le long de ses veines pour venir raviver son coeur autrefois connu pour être fait de pierre. Elle avait fait s’effondrer chacune des barrières qu’il avait soigneusement dressé, armée de ses plus redoutables armes. Son sourire, ses yeux, ses mots, et cette lumière si douce qu’elle projetait chaque fois qu’elle se trouvait auprès de lui. La Princesse d’Erendieren était parvenue à terrasser le monstre pour en faire un homme. — Regarde-moi ! Cette fois-ci, Flynn avait presque crié. Dans un bond, il s’était relevé pour rompre la distance qui les séparait. La voix était brisée, en aucun cas agressive, mais désespérée. Et la neige tombait de plus en plus fort, au rythme de ses battements qui s’amplifiaient à mesure que les minutes s’écoulaient. Il avait eu ce réflexe qu’il n’aurait jamais dû avoir : ses mains chaudes posées contre ses joues froides et couvertes de larmes. Il les essuya dans une caresse, haletant mais suffisant en vie pour tenir le coup et plonger enfin ses yeux sombres dans les siens noyés de pleurs. — Tu sais que tout ça est vrai. Tu l’as dis toi-même… Les regards ne trompent pas. Une grimace de douleur sur les traits de son visage, et trois secondes où il s’autorisa ce qu’il lui était interdit. Une main seulement laissée contre sa joue, ses lèvres contre son front, et le ballet infernale de son coeur qui cognait contre sa poitrine pour en avoir plus, toujours plus. Le baiser lui arracha une plainte silencieuse tandis qu’il reprenait conscience d’avoir franchi le pas de trop. Ses opales dirigées vers les siennes, il recula d’un pas. — Je regrette beaucoup de choses dans ma vie, mais cette nuit-là est de loin mon plus bel échec. Je sais que tu ne me le pardonneras jamais, mais je ne voulais pas partir sans avoir essayé… Le poids des remords au creux de ses entrailles. Il en aurait jusqu’à son dernier souffle, et c’était une sentence bien méritée pour ce dont il était accusé. Autour d’eux, la lueur de feu follets attira rapidement son attention. Les mêmes qui s’étaient invités ce soir-là dans la lisière de la forêt. Les seuls qui puissent témoigner de la fragilité émotionnelle du maître illusionniste. — Je suis désolé…. Je ne la contrôle plus aussi bien qu’avant. Qu’il confia bien malgré lui, la gorge nouée et quasi muet. Les flammes bleues dansaient dans ses prunelles vides de tout bonheur, ne reflétant qu’un immense vide qui serait bien difficile à combler. Il avait lui-même façonné cette réputation qui le qualifiait et qu’il s’était autrefois plu à entretenir. La douce ironie du sort venait de tourner l’oeuvre de sa vie en sa plus grande défaveur. La magie ne faisait pas tout, au même titre que les spectacles et l’amour d’un public. Il lui manquait le plus important, l’essentiel auquel il avait gouté et ne pouvait aujourd’hui plus se passer. Aureen s’était fait cette place, juste là, au creux de son coeur en pagaille. Elle l’avait noyé d’un amour incandescent et irrévocable.  La lumière l’emportera toujours. Qu’il souffla à demi-mot, presque religieusement. Ces propos, ceux-là mêmes qu’elle avait tenu face à Larkin alors qu’il prenait plaisir à se satisfaire de son meurtre. Les images lui revenaient sans qu’il ne cherche à les évincer. Il reposa un court instant son attention sur elle, un mince et discret sourire triste venant courber sa commissure. — Je crois que tu l’as admirablement bien prouvé. Ses yeux s’étaient posés sur les siens et il eu le malheur de les laisser glisser jusqu’à ses lèvres qu’il contempla avec une avidité certaine. Un baiser, juste un. Il entrouvrit une nouvelle fois la bouche pour parler, mais ne prononça pas le moindre mot. La raison l’emporta finalement sur ce désir qui pourtant incendiait chacun de ses muscles. Il souffla avant de s’en détourner volontairement, ne cessant de se rabâcher intérieurement les mêmes paroles : Ne . Pas . Céder. Il s’était avancé vers la balustrade pour y appuyer ses deux coudes, le regard perdu vers un horizon glacé. Les feu follets s’étaient dressés en magnifique rempart entre eux, laissant par la même occasion un chemin tout tracé entre elle et l’intérieur du palais. Il ne l’invita pas à partir, puisque de toute évidence, c’est ce qu’elle serait spontanément poussée à faire. Au contraire : il priait pour ne pas qu’elle lui échappe cette fois-ci, quand bien même il ne l’avouerait jamais à voix haute. D’une main pourtant, il ressorti un objet de l’une de ses poches : un bijou, autrefois offert en guise de cadeau, et qu’on lui avait douloureusement remis en même temps que son chaperon nappé de sang. Un message du Roi à l’intention de son fils, afin de faire taire les rumeurs qui la prétendaient encore en vie. Il déposa le bracelet sur la balustrade à bonne distance, dans sa direction. — Il t’appartient toujours. Elle choisirait de le prendre ou de l’abandonner ici, finalement, peu lui importait. Qu’il prétendait. Le coeur, lui, murmurait tout autre chose. Et à en voir le regard qu’il lui jetait en cet instant, tout portait à croire qu’il ne rendrait pas les armes aussi facilement.
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rédigé Ven 5 Juin - 3:13

  “ On ne sait jamais avec toi,  ”  parvint-elle à balbutier, à peine calmée et pas par la force des choses, mais plutôt par la triche. Sa magie n’avait jamais été que belle, pourtant elle y avait trouvé une utilité inattendue durant sa captivité  à Everstill et on soupçonnait depuis peu que ses propriétés étaient stupéfiantes, à la condition de les étudier. Les battements de son coeur demeuraient irréguliers, désordonnés, mais au moins elle parvenait à respirer sans risquer de s’étouffer entre les larmes qui s’estompaient, et les sanglots qu’elle peinait de ravaler à une moindre mesure. Pourtant elle s’obstinait à regarder partout, si ce n’est devant elle, où Flynn réclama son attention une première fois, qui lui valut de détourner davantage le regard vers la balustre, puis une seconde, où il gagna de la faire tressauter. L’on aurait pu croire qu’elle vivait un de ces rares moments de dignité, ou qu’elle tremblait de la crainte qu’il puisse achever ce que son père avait bâclé avant lui ; et c’était peut-être en partie le cas. Mais elle était aussi et surtout terrifiée à l’idée de lui céder le plus facilement du monde, alors même qu’il ne méritait pas même de respirer le même air qu’elle. D’être aussi faible qu’il l’avait prétendu au soir de leur rupture, de lui donner raison en lui cédant de nouveau son coeur en un regard dans sa direction, sous prétexte qu’il se donnait l’air de regretter, et qu’elle éprouvait à l’égard du prince à genoux un amour dont les épreuves et le mensonge ne semblaient pas venir à bout. Elle lui concéda une exclamation et de se fondre davantage dans les lourdes tentures qui bordaient le cadre d’entrée au balcon, alors qu’il échappa un nouveau cri, et un à briser la nuit en milliard d’éclats.  Elle répondit d’un hoquet de profonde détresse à ses mains sur ses pommettes, et retint immédiatement après sa respiration, aussi apeurée qu’un animal dans l’emprise d’un chasseur.   “ Non,   ”  chuchota-t-elle, ses grands yeux bleus ancrés sur le sol, et les dernières larmes qu’elle ne fit pas l’effort de combattre trouvant la peau tiède de leur responsable. Si les larmes avaient pu inciser, il serait aussi marqué qu’après un grabuge avec un chat sauvage. Elle répéta plusieurs fois son non tout, sauf ferme, y ajoutant même le prénom de Penny dans l’espoir qu’elle finisse par surgir et l’arrache à cette étreinte avant qu’elle ne cède à son coeur, et à Flynn, dont le parfum n’avait pas changé et demeurait un envoutement. Mais Penny ne viendrait pas, et Aureen ne fit aucun effort pour échapper à son prince. Son regard appela irrémédiablement le sien, et elle fit glisser le bleu dans le sombre, les lèvres pincées et les larmes sur le retour. Elle voulut dégager au moins son visage de son emprise et dérober son front au baiser qu’il y déposait, éraflant au passage davantage le palpitant qui se débattait férocement sous sa poitrine. Elle voulait tout, et rien à la fois, cela parce qu’elle était aussi faible qu’il l’avait un jour dit ; ou bien amoureuse, encore, toujours, et que ce qu’elle croyait être une bêtise lui serait inévitablement pardonné parce que ces choses en se maitrisent pas, et que ce n’était pas de sa faute.   “ Rien n’a jamais été vrai,  ”  fit-elle, ses frissons allant de sa peau à son timbre.    “ J’avais tort. J’étais naïve, je t’aimais, j’ai voulu y croire, et j’ai vite déchanté, mais on ne m’y reprendra plus. ”   La confession lui arracha un douloureux hoquet, et elle décida en même temps que lui qu’elle en avait assez de cette proximité. Elle détourna le visage de nouveau, repensa au moindre de ses mots, et combien il utilisait ce qu’une Aureen hautement naïve, refusant de croire et de voir le mal lorsqu’il se tenait devant lui, avait pu dire. Elle réalisa ainsi combien elle avait changée, et qu’elle donnerait tout pour retourner à cette insouciance et récupérer ce besoin viscéral qu’elle avait de croire que le bien se trouvait en tout et surtout, en n’importe qui ; elle avait appris son erreur le lendemain et subissait encore aujourd’hui d’avoir un jour été une douce rêveuse à la merci du diable de Nighon.    “ Essayer quoi ? ”  De recoller les morceaux ? La poussière ne se recolle pas, et il ne pouvait de toute façon pas avoir à dessein de la récupérer. Il ne pouvait simplement pas prétendre la vouloir après l’avoir traitée comme une moins que rien, une erreur, ou un simple divertissement. De la démolir davantage ? Elle douta même que ce soit possible, encore qu’il fallait concéder une possibilité de se surpasser en la matière à tout né de Nighon. Elle ravala sa salive, oscillant entre l’envie d’obtenir une réponse ou celle de se boucher les oreilles et attendre qu’il se lasse d’elle, comme il l’avait fait à plusieurs reprise, et qu’il s’en aille. Elle ne remarqua les feu-follets qu’à leur mention, et préféra ne pas s’y attarder, quand bien même nombre d’eux semblaient graviter uniquement autour d’elle. Elle aurait dû y voir une fragilité, peut-être, mais bien trop tanquée dans ses grandes certitudes, Aureen ne vit qu’une tentative de la mutiler toujours plus, en replantant un des décors qui hantaient encore ses cauchemars.   “ Tu devrais revoir le sens de tes priorités si c’est pour ça que tu es désolé,  ”  finit-elle par dire, plus amère que jamais. On ne l’y reprendrait plus, et elle détestait être cette personne plus que tout, mais il lui avait volontairement brisé le coeur et elle s’était imaginé qu’elle n’aurait plus jamais à s’y confronter. Son coeur n’était pas prêt pour lui, et certainement pas pour lui à genoux devant elle. C’aurait été peut-être plus facile s’il avait été infâme, et si elle n’avait pas été si désespérément et profondément amoureuse de lui. Elle l’aurait simplement ignoré, renvoyé sur une bonne pensée, s’en serait détourné le port altier et les morceaux de son coeur en miettes savamment dissimulé derrière un sourire de façade. Mais il fallait toujours qu’il créé la surprise, prenne le contrepied, la prenne violemment par les sentiments.  Elle échappa un long soupir avant de lever une main, signer d’une vague élégante destinée à ordonner aux esprits-illusions de se rassembler, et rendre à la pénombre son éclat originel d’un claquement de doigts.  Dans sa tour, elle avait le temps de s’appliquer, sa magie ayant été sa seule compagne durant les longues journées et les terribles nuits. Sans s’être profusément améliorée, elle était allée de découvert en découverte ; et les feu-follets étaient, de manière générale, une source de lumière qu’elle était donc amenée à manipuler. Tranchant qu’elle avait eu son compte pour les dix prochains vies, Aureen entreprit de s’en détourner, non sans lui jeter un regard immédiatement brouillé par les larmes par-dessus son épaule. Pourtant elle entendit son souffle, et sentit immédiatement une main la prendre la gorge et la soulever. Elle s’étouffa, puis lui jeta un regard interdit. Ces mots-là lui appartenaient. Ils lui rappelaient le point d’orgue de cette nuit abominable. Combien elle avait affronté la guerre, la mort, et la désolation, mais surtout la perspective de sa propre mort. Immédiatement elle s’imagina la main de Larkin à sa gorge, avec une telle précision qu’elle était convaincue de sentir encore l’odeur des sangs de ses victimes sur la manche de sa veste, le fer tiède glisser de sa gorge à son épaule et l’inciser violemment, le goût du sang dans sa bouche, les ricanements grotesques de son bourreaux.   “ Penny !  ”  Le prénom se perdit dans la nuit, et sa poitrine se souleva brusquement, à une cadence abrupte, tout sauf tolérable. Elle perdit son souffle, donné en offrande à l’angoisse et sans qu’elle s’en rende compte, un halo de lumière effilée se dispersa autour d’elle, protégeant ainsi la princesse déchue de ce qu’elle craignait le plus : tout.   “ Tu n’as pas le droit,  ”  articula-t-elle, sans se douter que le spectacle d’angoisse qu’elle offrait trouverait un écho en lui ; à la différence qu’elle n’était pas capable de se cacher.  “ Je ne sais pas d’où tu tiens ces mots, mais tu n’as pas le droit, et tu n’étais pas là, et tu ne sais rien de la lumière, et tu ne comprendras jamais, et ma maison me manque, et… ”   Elle se stoppa entre deux sanglots, dispersa les larmes sur les joues d’un revers furieux de la main et le halo autour d’elle de l’autre, tentant de faire bonne figure puisqu’il n’était pas question de lui concéder plus de ses faiblesses, de se recroqueviller par-terre et laisser ses propres démons se nourrirent d’elle devant ce public en particulier. Il y aurait le temps pour cela plus tard, et elle refusa obstinément de donner plus de ses névroses en pâture à Flynn.   “ Rien ne m’appartient dans ce monde, ”   répondit-elle simplement, les dents serrées, le regard ailleurs.    “ Le bracelet n’a jamais été qu’à toi. Ton père a fait bien des sacrifices pour le récupérer. Garde-le en trophée. C’est après tout ce que c’est : un trophée. ”  Et elle n'en voulait de toute façon pas. On le lui avait enlevé sans qu’elle puisse se défendre, sans se soucier de son pouls sous l'or blanc qui pulsait à peine assez pour la maintenir en vie, tout ça pour que son propriétaire originel puisse avoir un énième témoin de l'écrasante victoire de Nighon sur Erendieren dont son arsenal.    “ Rentre chez toi, Flynn. Tu ne sais pas ce que c’est que de perdre ton foyer. Je te souhaite de profiter de ta chance. ”   Oqitara, Nighon, peu importe où son foyer se trouvait, elle voulait simplement qu’il ne la tourmente plus. Pas plus qu’il ne le faisait déjà lorsqu’il n’était pas là et qu’elle ne faisait que de le rêver.


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rédigé Lun 8 Juin - 21:04

Difficile de ne pas faire s’effondrer chacune des barrières qu’il avait fait ériger autour de son coeur. Un rempart de fortune qu’elle n’avait eut aucun mal à passer pour se frayer une place - la sienne - au milieu de ce terrain miné. Difficile de ne pas lui répéter à quel point il l’aimait, et avec quelle intensité elle se trompait sur son compte. Il était bien plus facile de mentir à l’époque et de faire passer les mensonges pour la vérité. Difficile de ne pas l’enlacer et la protéger du reste du monde comme il aurait dû le faire cette nuit-là. L’océan de regrets dans lequel il flottait depuis ce qu’il lui semblait être des siècles ne cesserait de le faire se noyer. Pourtant, ce soir, il avait ressorti la tête de l’eau pour contempler un miracle. Une bride de lumière inespérée dans l’obscurité qui l’entourait depuis qu’on lui avait annoncé la chute du royaume. Les yeux humides mais aucune larme visible le long de ses joues, Flynn se faisait violence pour ne pas céder une nouvelle fois. Elle concédait à lui répondre, malgré tout le mal qu’il avait commis, malgré son appartenance au clan ennemi. Il avait endossé le rôle du méchant, l’ayant plus ou moins cherché fût un temps, et bien malgré lui à ce jour. Aureen lui offrait un concentré d’émotions toutes plus explosives les unes que les autres. La simple rencontre du bleu de ses yeux vers la pénombre des siens lui arrachait de violentes décharges le long de l’échine. Il éludait la douleur, la souffrance, et même celle qui provenait de la cicatrice aujourd’hui devenue invisible au creux de son flanc. Chaque seconde passée à ses côtés lui rappelait combien elle lui avait manqué, et à quel point son existence minable ne valait pas la peine d’être vécue sans elle pour la l’embellir. De toute évidence, à ce jour, il avait bien plus besoin d’elle dans sa vie qu’elle n’avait besoin de lui. Quelle douce et triste ironie du sort, quand on pense que quelques mois mois en arrière, c’était elle qui réclamait pour sa présence et lui qui s’en séparait volontairement. Le timbre frémissant de sa voix lui fit relever les yeux en même temps que son coeur se serra une fois de plus sous sa poitrine. Elle ne le croyait pas. Il déglutit tant bien que mal, la gorge nouée et les mots fermement contenus derrière des lèvres qu’il persistait à garder sceller. Il y aurait tant de choses qu’il souhaiterait lui avouer, à commencer par sa rencontre avec Penny. Il aurait tellement voulu lui hurler qu’il savait, qu’il était là sans vraiment l’être… Il aurait voulu lui faire comprendre, mais pour une raison inconnue, demeura silencieux et muet. Il n’avait pas ce droit, de la même manière qu’il n’avait pas le droit de réclamer son pardon. — Essayer de te faire comprendre que tout ça est bien réel. Répondit-il simplement à sa question, la voix enrouée. Ses yeux avaient choisi de la laisser respirer, posés quelque part sur l’horizon qui se couvrait d’une brume enneigée. Illusion ou réalité, lui-même avait perdu la force de différencier les deux. Sa magie était chancelante depuis des semaines, fragilisée lorsqu’il avait appris la perte d’Aureen, mais plus encore depuis le coup infligé par Hercule et sa sentence méritée. Il déposa machinalement une main à l’endroit où la cicatrice le brûlait encore, sans que rien ne change. Les feu follets étaient toujours là, dansant un ballet mystérieux autour d’eux tandis qu’il constatait avec effroi l’impact qu’avaient ses précédentes paroles sur elle. Cette détresse-là, il avait appris à la connaître par coeur tant la scène avec son père revenait le hanter chaque nuit. Tous les soirs, sans exception, il revoyait une Aureen au sol, baignant dans son propre sang, la peine au ventre et le regard fixé sur un bourreau qui n’était autre que son propre reflet. — Je suis là, et je pourrais te répéter que je suis désolé des centaines de fois que ça ne changerait rien. Souffla-t-il à voix basse, craignant désormais que ses mots ne soient pas les bons. Il s’adressait à elle comme on se serait adressé à un animal apeuré, une main machinalement tendu dans sa direction dans une bien vaine tentative de l’apaiser. — Tu ne veux pas m’entendre, et ce n’est pas un reproche… Mais j’aurais aimé que tu le fasses. Il avait articulé ces mots en laissant s’afficher un bien vague sourire sans joie le long de ses traits. Evidemment elle ne récupèrerait pas le bijou. Il referma les yeux dans un long soupire, rendant les armes en même temps que l’espoir qui s’échappait. Lyla avait été celle soigneusement désignée par le Roi pour lui faire parvenir les effets personnels de la princesse déchue. Un message poignant qui n’avait pas tout à fait obtenu l’effet escompté de la part du souverain. En son fils demeurait aujourd’hui son plus vil ennemi, et ce n’était plus un secret pour le peu des proches qui continuaient à l’entourer. Larkin méritait tout sauf une morte douce et prématurée. L’homme implacable, ennemi d’une nation qui n’avait jamais rien prôner de plus que la paix, endurerait la folie meurtrière des survivants. Ceux qu’il avait oubliés ne manqueraient pas de lui faire payer le prix fort de son outrage. Pour la première fois depuis des semaines, Flynn se montrait plus humaine qu’il ne l’avait jamais été. Encore-là un étrange pouvoir que celui de celle qui était Reine dans son coeur. Il releva le visage lorsqu’elle prononça ses derniers mots. Un visage paniqué, presqu’aussi effrayé que ne l’était le sien il y a quelques secondes à peine. Il s’arracha de nouveau à sa promesse de ne pas l’approcher pour venir une fois encore se jeter à ses genoux en lui barrant la route. — Non je t’en prie… Ne pars pas ! Je ne dirai plus rien, je te le promet. J’aimerai juste… Il se coupa dans sa phrase, les yeux non pas rivés vers les siens, mais baissés vers le sol enneigé qui les entourait. — Je voudrais être avec toi, juste quelques minutes… Le manque infernal. L’alcoolique appelait sa dose, le coeur appelait Aureen. Une drogue bien plus efficace que n’importe quel sortilège d’envoutement. L’aveu était pitoyable, il le savait, et réclamait une chose qu’il ne devrait même pas lui formuler. Mais c’était bien plus fort que lui : elle était là, menaçait de s’éclipser une fois encore, et il savait pertinemment qu’il ne le permettrait pas. Pas encore tout du moins. Ses bras trouvèrent le moyen de l’encercler une nouvelle fois, elle debout, lui agenouillé, dans une étreinte forcée mais étonnement douce et désespérée. Flynn avait fermé les yeux, le visage posé contre son ventre, un sanglot étouffé dans un pan de sa robe. — Aureen, s’il te plait… t’en va pas. Qu’il avait soupiré à demi-mot, comme une confidence inavouable. Il lui faudrait bien plus que des ordres pour qu’il la relâche, si pas des lames pour faire tomber son étreinte. Elle était là, prête à partir et à fuir sa présence quand il ne réclamait que la sienne. Quelle bien triste réalité que celle qu’il devait endurer ce soir-là. Et si le spectacle qu’il offrait aurait pu être touchant si pas aussi dramatique, on l’interrompit bien assez vite lorsque du coin de l’oeil, il pu apercevoir une ombre par dessus son épaule. Celle qu’Aureen réclamait depuis le début de leur rencontre, et celle, sans aucun doute, qu’elle méritait amplement. La seule  qui, finalement, demeurait véritablement capable de veiller sur cet ange-là.
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Re: nobody needs you like I do.
rédigé Lun 15 Juin - 15:01

S’était-elle un jour sentie davantage une étrangère dans sa propre peau ? Elle réalisa combien, envers et contre tout, cette relation la définissait et qu’elle n’avait pas eu le temps d’en faire le deuil qu’il lui avait fallu faire celui de ses parents, puis de son peuple. Qu’à cause de trop de pertes et une succession malheureuse d’épreuves, elle avait minimisé l'importance de ses amours bafoués, faute d’avoir les nerfs assez solides, ou d’avoir seulement envie de passer à autre chose. Des mois durant, elle avait naïvement utilisé les moments idylliques de leur relation pour attiser sa propre lumière, la maintenir en vie, cela à l’encontre du bon sens et de tout ce qu’il avait choisi de lui dire ce dernier soir. Elle avait éludé le mauvais, sans être capable pour autant de s’en détacher complètement, mais juste assez pour pouvoir se nourrir de ces regards qui ne trompent pas, et qui n'avaient de sens que pour elle. Quelle superbe idiote, pensa-t-elle, en basculant la tête de droite à gauche. Et elle aurait continué encore fort longtemps, aurait prospéré naïvement dans cette nostalgie de mensonge, sa propre hypocrisie, incapable qu’elle était d’endurer de n’être personne à ses yeux. Elle avait déjà tant concédé à d’autres tragédies, s’était perdue dans trop qu’il lui fallait au moins ça pour continuer là où tous les signes se rejoignaient et prouvaient que cette vie qui était la sienne ne valait plus un clou. Et voilà qu’ignorer, ou se complaire dans le passé lui revenait dans la figure. Elle réalisa combien son erreur avait été grossière, et qu’il ne se trouvait personne de plus capable que Flynn pour forcer davantage le chagrin qu’elle éprouvait d’être seulement en vie, et d’être extraordinairement elle. Tout ceci était bien réel, elle voulut bien lui accorder au moins ça.  Il était resté évasif sur le ça, et l’avait pourtant mentionné à plusieurs reprise sans pointer ou détailler ce que ça représentait, et elle s’en appropria donc le sens. Oui, sa peine était réelle. Les mots qu’il avait utilisé, et son inaction étaient réels, tout comme les ricanements caustiques visant à moquer ouvertement combien elle avait été bête de l’aimer. Ces même ricanements qu’elle parvenait encore à entendre dans son sommeil. La fêlure dont il était le seul responsable était réelle, palpable. Tout était réel, peut-être même trop pour elle qui darda sur lui un regard interdit.   “ Bien sûr que c’est réel,  mais je pense que tu n’en prends pas toute la mesure, ”  convint-elle, en s’étouffant presque dans cette petite vérité. Erendieren avait été réelle et sa chute l’était davantage. Le rôle qu’avait joué Flynn dans sa vie avait été réel, quand bien même il n’avait pas partagé la même vision qu’elle et les sentiments qui l’avaient animée. Et elle ne se douta pas un seul instant que ce n’était ici pas le message qu’il voulait faire passer, mais elle était dans son droit de croire ce qu’elle avait envie de croire, et il n’avait de toute façon rien donné pour lui insuffler ne serait-ce que l’envie d’aller dans son sens. Qu’il soit désolé ou non ne changeait rien au passé, ni à la gravité de ses actions, et elle n’avait de toute façon aucune raison de croire à ses boniments. Ses excuses ternes ne lui rendraient pas ses parents, ni son peuple, ni son éclat à son foyer désormais en ruines.  Aureen avait depuis longtemps cessé de s’émerveiller devant un spectacle, et ce maitre de cérémonie avait donc perdu son seul argument ; mais c’est tout ce que l’on récolte d’une spectatrice que l’on malmène.   “ Je ne comprends pas pourquoi tu es là, ni ce que tu veux,  ”  rétorqua-t-elle, le regard ailleurs,   “ mais je sais que tu es un menteur, et que je ne veux rien savoir. J’aurais aimé bien des choses de ta part, mais dans la vie, on n’a pas toujours ce qu’on veut.  ”  Elle aurait aimé qu’il la prévienne des intentions de son père. Qu’il lui dise simplement qu’il ne l’aimait plus plutôt que de la faire passer pour une énième catin sans importance de son harem. Elle aurait aimé qu’il ne moque pas ouvertement son amour, ou sa bonne nature, et se contente de la quitter de façon toute respectueuse plutôt que de la détruire pièce par pièce. Mais effectivement, la vie prenait plus qu’elle ne donnait, lorsqu’elle ne donnait pas injustement, et Aureen avait depuis longtemps dépassé tout ce qu’elle était capable de tolérer.   “ Tu es allé trop loin, ”  ajouta-t-elle, en espérant qu’il saurait saisir la référence à leur dernier interlude ; le plus injuste entre tous.   “ Et je ne suis pas si faible que ça. ”  Pas assez pour plier devant sa volonté et lui laisser l’opportunité de la piétiner de nouveau. Elle s’en détourna à peine, les larmes aux yeux et épuisée de ces quelques minutes, mais il se précipita à ses pieds et elle manqua de trébucher dans son étreinte.   “ Mais— ”  commença-t-elle, avant de s’étouffer dans un hoquet de surprise. Pour la seconde fois, il se trainait délibérément à genoux devant elle, provoquant son entière stupéfaction, et ravivant davantage une douleur dont elle tentait désespérément de se délester. Ses bras noués autour d’elle lui rappelèrent combien elle s’était sentie bien dans cette étreinte, il était une fois, et s’il ne s’était agi que de céder au réflexe premier, fondamentalement ancré en elle malgré tout, elle aurait fait glisser ses deux mains dans son épaisse chevelure et se serait penchée vers lui pour rendre l’étreinte. Elle dut se mordre les lèvres pour repousser ce sentiment de familiarité, ce besoin viscéral qu’elle éprouvait de l’apaiser alors qu’il n’avait jamais rien fait pour adoucir les démons qui la poursuivaient ; et parce qu'au delà du fait qu'elle ne voulait que son étreinte, elle refusait de lui céder si facilement.   “ Mais qu’est-ce qui te prends ?! ”  Ce comportement était loin de lui ressembler, mais tout comme elle avait évoluée au cours des années, Flynn était libre d’avoir lui aussi changé et de subir cette débâcle de retrouvailles. Au fond, elle aurait voulu qu’il reste fier et altier, comme à l’époque. C’aurait rendu sa tache de le repousser plus simple. Ici elle ne connaissait pas la marche à suivre, était incapable de comprendre comment ils avaient pu en arriver à un tel moment, lui à genoux devant elle et rien d'autres, si ce n’est un besoin viscéral et manifeste de la garder. Incapable de le repousser ou d’accepter l’étreinte, Aureen ne sut que faire de ses mains et resta droite, les bras ballants, le coeur au bord de l’abime.   “ Flynn —  ”  commença-t-elle, sans avoir la moindre idée de ce qu’elle s’apprêtait à dire. Penny fit enfin une incursion, et elle laissa échapper un soupir de soulagement, dardant sur sa gardienne un regard d’incompréhension.   “ Non, attends, ”  demanda-t-elle, sachant pertinemment que la réaction de Penny quant à la scène ne saurait se faire attendre. N’importe qui d’Erendieren aurait vu que par cette seule étreinte, Nighon assiégeait de nouveau la nation de lumière. Que le prince sombre retenait la princesse d’Erendieren, ça bien avant de voir un homme désespéré enlacer la femme pour qui son coeur battait. Et la différence, se trouvait là, dans les termes, les angles, la perception de la scène. Même si elle refusait de croire que quoi ce soit de la part de Flynn puisse être authentique, il avait au moins l’air de souffrir de ce moment, et Neverwinter n’avait pas à être le théâtre de leur amour confus.    “ Flynn, je ne veux pas que tu sois emprisonné, ou blessé. Je veux que tu t’en ailles de ton plein gré, sans faire d’histoire, ”  demanda-t-elle, les lèvres pincées, au bord des larmes de nouveau, et une main tendue vers Penny pour s’arracher à cette étreinte, et surtout bénéficier de ce soutien dont elle avait désormais plus que jamais besoin.
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