it's been a long time.it's been a long time.



 
-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal

Lily Valentyne
goin' down the bayou, takin' you all the way
Lily Valentyne
name : oaristys.
inscription : 24/03/2020
posts : 51 faceclaim © : -

it's been a long time. Empty
it's been a long time.
rédigé Ven 12 Juin - 17:08




Ils rentrent du restaurant et Keith prend la route qui mène à chez elle. Ce soir il la dépose et retourne chez lui. Pas d’excuse façon « j’ai besoin d’être seul pour l’instant » ou « on se voit demain ? » culpabilisant avec regard fuyant. Ce soir il rentre de son côté et elle du sien, sans qu’ils se soient préalablement concertés, mais simplement parce que c’est ce dont ils ont envie tous deux. Les choses avec Keith avaient mal commencé. Elle avait senti qu’elle lui plaisait et elle avait tout donné dans le flirt, élaborant un jeu de séduction à faire s’incliner n’importe quel machistador. Lorsqu’il l’avait déshabillée pour la première fois, chez lui, dans sa chambre, la conscience de Malin avait entamé cette litanie à laquelle elle est habituée, chantant au fond d’elle des versets apaisants, encourageants. Tu es une femme, ton beau corps de femme, il l’adore, il le dévore, laisse-toi faire, prend du plaisir, Malin. Tu n’es plus une enfant, regarde-toi. Une vraie femme, belle, forte, si séduisante, si mure, si sûre… Évidemment, tout avait foiré au bout de quelques minutes à peine et elle s’était mise à chialer. Keith avait alors arrêté ce qu’il faisait, et s’était contenté de rester près d’elle, ses bras entourant sa taille, pesant de tout son poids sur son matelas et ne lui imposant plus la moindre pesanteur. Plus encore, il avait éteint la lumière de la chambre, comme pour lui laisser le loisir de sangloter toute seule sans être contemplée. Sa gorge libérée de l’étau qui l’enserrait, Malin avait balancé en arrière sa tête sur l’oreiller et laissé des larmes silencieuses couler, encore et encore, probablement des heures après que Keith fut tombé endormi. Le plus surprenant avait été l’absence totale de question de sa part. Aucun « ben, qu’est-ce qui t’arrive ? », « il se passe quoi ? », ou pire, le tristement fameux « je te fais mal ? ». Au-delà du fait de donner cette impression de ne pas la juger, il avait fait comme si aucune incompréhension n’avait point en lui au moment où Malin s’était mise à paniquer. Son silence, il l’avait adopté, partagé sans condition. Il s’était endormi, simplement à ses côtés et sans rien dire, sans rien faire de plus que ça. La laisser être. Qu’elle feinte ou qu’elle se fasse bouffer par sa peur, il était là. Pour la première fois de son existence, Malin ne s’en était pas voulue d’être cette pauvre tarée qui revit son viol à chaque fois qu’un type la touche. Dans la voiture futuriste de Keith, un prototype californien offert par un « ami » investisseur, il suffit de fredonner une chanson pour que celle-ci se lance automatiquement sur les enceintes. Le grand jeu de Malin, c’est de chanter une mélodie de son invention et de voir quelle chanson réelle l’intelligence artificielle lui balance. Dès que Keith est un peu bourré, il l’accompagne volontiers dans l’exercice. Sa voix, une sorte de mélange entre Bono et Liam Gallagher, la fait hurler de rire. Pas de musique ce soir, ils roulent en silence et se Malin se félicite d’être moins sujette aux nausées lorsqu’elle monte en voiture de nuit. Elle a le ventre plein, est légèrement ivre, juste ce qu’il faut de champagne en entrée et de vin rouge au repas pour se sentir en paix avec l’humanité. Rien ne prédisait qu’une ombre filiforme se distingue soudainement de la pénombre pour être cernée par la lueur aveuglante des phares de la voiture de Keith, rien ne s’était annoncé, pas même les prémices de l’embardée réalisée par Keith pour éviter un choc qui, de toute évidence, a l’intention d’avoir lieu. Le bruit que fait le corps en heurtant le côté gauche du pare-brise la tétanise plus encore que sa peur d’être blessée. Un crissement de pneus, un « hiii » assourdissant, et puis plus rien d’autre que la nuit. Lorsqu’elle reprend connaissance, ses yeux sont clos et elle n’ose pas les ouvrir. Elle a peur de regarder. Elle n’entend plus Keith, probablement mort ou inconscient. Mais l’ombre qu’ils ont heurtée ? Elle se redresse d’un grand mouvement et ses yeux s’ouvrent pour tomber sur Keith, réveillé, immobile et crispé, ses mains agrippant le volant comme s’il risquait de s’effriter et disparaitre entre ses doigts. Qu’attend-il, là, stupidement ? Il fixe quelque chose, droit devant lui. Son regard suit le sien et tombe sur ce qu’il regarde. Elle voudrait pousser un cri qui se transforme en une inspiration étouffée. Sa main se précipite sur la portière pour l’ouvrir mais son corps est retenu par sa ceinture de sécurité. Fébrile et tremblante, elle tente de se libérer. Keith, à ses côtés, semble toujours pétrifié et n’agit pas. — Qu’est-ce que tu fous ? Mais Keith ne lui répond pas, le regard insondable toujours rivé sur l’homme à terre. Malin parvient à se jeter hors de la place passager et titube jusqu’au corps allongé. Sa vue la remplit d’un effroi auquel se mêle une peur irrationnelle. Elle a l’impression de le connaitre, cette blondeur lui semble familière, mais elle est pourtant certaine de ne l’avoir jamais croisé. Elle se laisse tomber à ses côtés, ses genoux heurtant le goudron de la route dans un bruit mat, et, tremblante, elle se penche sur lui. Paniquée, elle redresse la tête et jette à Keith, toujours dans la voiture, un regard de biche blessée. Aucun mouvement depuis la voiture. Avec cette sensation d’être seule au monde, Malin entame les gestes de sécurité qu’elle connait. Machinaux, ses doigts viennent vérifier que de l’air sorte bien des narines de l’homme inconscient, son autre main posée sur son bras inerte. Il respire. Pas de plaie ouverte, mais l’hémorragie interne est toujours possible, alors elle tente, bien qu’il soit trop lourd pour elle, de le placer en position latérale de sécurité. Lorsqu’elle lève à nouveau la tête pour regarder Keith, elle l’aperçoit, toujours à sa place, le téléphone collé à l’oreille. Enfin, Keith appelle les secours. Ce n’est que lorsqu’elle en prend conscience qu’elle s’autorise à céder aux vertiges nauséeux qui la malmènent depuis un moment, et qu’elle s’allonge aux côtés de l’inconnu, sa main dans la sienne.
Revenir en haut Aller en bas
Nash Richardson
goin' down the bayou, takin' you all the way
Nash Richardson
name : fanny.
inscription : 08/12/2018
posts : 1420 faceclaim © : matt noszka, jordane

it's been a long time. Empty
Re: it's been a long time.
rédigé Mer 24 Juin - 15:39

La démarche est bancale, mal assurée. Celle du type qu’a visiblement trop picolé : une habitude pour Nash Richardson, dont les soirées se suivent et se ressemblent. Un bar, de l’alcool, parfois des amis, parfois une meuf, souvent tout seul – bien connu que les mauvaises manies sont de celles dont on ne se débarrasse pas. Ou plus difficilement. Mais cette soirée-là n’est pas tout à fait comme les autres. D’abord parce qu’il a croisé Elise dans un bar, et que si la probabilité de la voir fréquenter ce type d’établissement est quasi-nulle, celle de se trouver dans le même au même moment relève du miracle. L’occasion aurait été rêvée en d’autres temps, mais si ses sentiments ne sont pas effacés, la résolution de passer à autre chose a réussi à s’ancrer en lui, comme lui est fermement décidé à s’y accrocher. Une question d’orgueil sans doute, de fierté mal placée et d’ego blessé, à force d’y croire presque et de toujours passer à côté. Il y a eu cette franchise qu’il a enfin su déverser, mais est-ce vraiment surprenant lorsque l’on connait la facilité de Nash Richardson à tirer un trait de la seule manière qu’il connait, pertes et fracas en prime ? Un énième mauvais moment à ajouter sur son interminable liste, avec la satisfaction cette fois, tout de même, de tenir sa ligne de conduite. Ces derniers mois plus que jamais, sa vie a pris un nouveau tournant. De l’homme endeuillé par la perte de sa jumelle s’évertuant à couler dans les abysses à celui qui n’est plus si loin de la surface, la route n’a été ni courte, ni facile, et le voilà quasi revenu au point de départ. Mais changé, différent. Si pas dans la forme, au moins dans le fond – quoique pour trop, ce n’est pas flagrant. A commencer par les Richardson eux-mêmes. Ses pensées embrumées ne vont pas jusque-là. Elles ne vont, pour ainsi dire, nulle part. L’obscurité l’enveloppe comme un manteau ; noir sur noir dans la nuit, si ce n’est ce bout de cigarette rougeoyant au bout du bec – il a beau s’être défait des travers de la drogue à grands coups de renforts Hazelgrave-Romero et d’une détermination qu’on ne lui a plus connue depuis longtemps, cette merde-là continue de lui baiser les poumons. Ses pas sont aussi incertains qu’on puisse s’y attendre aux vues de la quantité d’alcool ingurgitée. De même pour ses sens anesthésiés. Il n’entend même pas le bolide derrière lui ; à moins qu’il n’y prête simplement pas attention. Il ne remarque pas que ses pas l’ont conduit au milieu de la route déserte, ne voit pas ce que n’importe qui dans un état plus reluisant que le sien verrait. Les phares de la voiture projettent son ombre sur le bitume. Un choc. La douleur qui ne l’embrase pas autant qu’elle devrait pour tout ce que son état relève du secondaire : il était déjà absent. La peur, pourtant, s’empare de lui tandis qu’il vole, projeté dans les airs, pendant ce qui lui parait être une éternité. Une éternité à contempler, peut-être, sa propre mort. Une éternité à angoisser de ce qu’il adviendra après ; s'il y a un après. A lui, qui a déjà vu sa vie brisée. A lui, qui a perdu Lucy à cause d’un chauffard. Nash Richardson s’écrase au sol quelques mètres plus loin. Une étrange sensation de chaleur cotonneuse diffusée dans tout son corps. Et puis plus rien.

***

Les yeux s’ouvrent sur le blanc. Le blanc aveuglant d’abord, le blanc aseptisé des draps, du lit, des murs des hôpitaux. Le blanc de ses bandages, du plâtre de cette jambe gauche suspendue dans les airs ; il lui faut quelques secondes avant de réaliser qu’il s’agit de la sienne. Un flot de jurons devrait franchir la barrière de ses lèvres, mais Nash n’est pas capable d’émettre plus qu’un grognement rocailleux et plaintif. Non. Pas encore. L’angoisse l’étreint autant que la douleur de son crâne, résultante du choc de ce dernier sur le bitume. Le voilà qui panique, se redresse, grimace à la sensation que ses côtes se déchirent, arrache les perfusions comme s’il chassait un essaim d’abeilles furieuses ; une infirmière surgit immédiatement. « Calmez-vous, calmez-vous Monsieur Richardson ! » D’autres pénètrent à leur tour dans la chambre pour le forcer à rester en place. « Tout va bien. » Non, rien ne va. Qu’est-ce qu’il fout là ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Hors de question qu’il reste ne serait-ce qu’une seconde de plus dans ce lit d’hôpital. Son dernier séjour a laissé en lui une trace indélébile et s’il n’a pas déjà supporté d’y retourner (trop tard) pour apprendre la mort de Lucy, ce retour parmi les patients, victimes d’accident, lui est insupportable. Malgré la douleur qui l’assomme, les soins nécessaires. « Tout va bien, » répète l’infirmière, doucement. « Vous n’avez qu’une jambe cassée et quelques côtes fêlées. Compte-tenu du choc, c’est un vrai miracle. » Un miracle ? Il a déjà fait partie de ces fameux miraculés. Il a déjà eu l’occasion de ne pas s’en satisfaire une première fois. « Quelques jours parmi nous et un peu de rééducation quand votre jambe aura guéri, et vous serez comme neuf. » Il faut croire que l’infirmière lit dans ses pensées. « En tout cas, vous le serez si vous nous écoutez, et si vous vous reposez. Vous en avez besoin. » Et si Nash n’est pas tout à fait rassuré, la perspective de savoir qu’il ne devrait pas garder de séquelles lui permet de se calmer. A moins que ce ne soit déjà l’effet des tranquillisants qu’on lui injecte. Le rythme cardiaque décélère, la respiration s’apaise, le crâne retrouve l’oreiller. L’infirmière fait signe à ses collègues de partir : elle peut gérer maintenant. La voilà qui se permet même un sourire. « Vous avez la tête dure. » C’est pas ce que son crâne douloureux lui dit, mais il s’imagine que c’aurait pu être pire. « Elle me fait un mal de chien, » qu’il parvient à articuler, la gorge sèche, la voix granuleuse. Cette simple sortie lui provoque une quinte de toux monstrueuse, renforçant les douleurs à ses côtes. Un verre d’eau apparait sous son nez, tendu par l’infirmière. Nash s’en empare immédiatement, le vide d’un trait avant que la soignante ne le lui reprenne délicatement et le pose sur un meuble à sa gauche. C’est là qu’il la voit. Inconsciente, immaculée, sur le lit d’à côté, elle a simplement l’air de… Dormir, si ce n’est qu’elle est de toute évidence une patiente, elle aussi. Une sensation étrange le parcourt, provoquant immédiatement un froncement de sourcils. Ce profil lui est étrangement familier ; au-delà du fait qu’il la reconnaitrait plus tard comme étant Malin Wyndham, cette arbitre de boxe coqueluche du monde sportif pour ce qu’elle est incroyablement bonne – entre autres qualités. La connexion ne se fait pas encore, d’abord parce qu’une autre d’un autre genre est en train de se faire. L’impression d’avoir un mot sur le bout de la langue, de presque toucher quelque chose du doigt. « C’est qui ? » demande-t-il. La surprise marque le visage de l’infirmière. « Elle était à vos côtés au moment de l’accident. Nous vous avons récupéré ensemble. On croyait que… Enfin… » Au bip qui résonne dans la chambre, accroché à la ceinture de la soignante, il devine que le moment n’est pas propice aux explications. Ce qui fait naitre en son sein une frustration qu’il ne comprend pas tout à fait. L’infirmière s’excuse et sort en vitesse, le laissant seul avec l’inconsciente. Qui ouvre les yeux.
Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 1
Sujets similaires
-
» topic commun · all the time in the world.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-
Sauter vers: