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tales down the river :: deyja
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Alec Warhust
goin' down the bayou, takin' you all the way
Alec Warhust
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always and forever in this heart of mine.
rédigé Sam 14 Nov - 12:08

everyone wants to be the sun that lights up your life, but i'd rather be your moon so i can shine on you during your darkest hour. @sora warhust


La Lune était différente dans cette contrée reculée d’Erathia. Certains diront que sa lueur était ici amplifiée, là où d’autres prétendront qu’il ne s’agissait que d’une illusion provoquée par ses rayons reflétés sur les dunes de sable. Voilà désormais deux nuits que l’archer se montrait témoin de cet étrange mais apaisant spectacle qui se tenait sous ses yeux. Il avait trouvé refuge dans l’une des nombreuses tavernes qu’abritait la capitale de Kozakura, tout cela pour s’aventurer dans une quête bien plus personnelle qu’elle n’aurait dû l’être. Sa venue, officiellement, était motivée par son intention d’aller à la rencontre de son oncle et souverain de la région. Et s’il devait en exister un qui remettait en doute les véritables motifs qui justifiaient la présence de Seren au coeur de Deyja, s’agissait bien du fils d’Hades. Voilà des années que le gardien des limbes lui avait fait part d’une nouvelle qui allait drastiquement modifier le cours des choses. Et celle-ci, comme chaque année depuis plus d’une décennie, motivait la venue de l’archer au sein de ce qui se rapprochait le plus pour lui de l’enfer. La première fois, il avait préféré ignorer ce qu’il considérait comme une plaisanterie de mauvais goût. Pourtant, une petite voix que l’on appelle Espoir s’était manifestée jusqu’à l’inciter à se rendre sur place pour en avoir le coeur net. A l’abris des regards indiscrets, une cape posée sur ses épaules et le visage couvert, il ne restait jamais plus de trois nuits à la rechercher. De cette mystérieuse femme, il ne connaissait rien en dehors des traits familiers qui composaient son visage. Leur chemin s’était croisé par un heureux hasard alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, mais jamais il n’oublierait la sensation que cette découverte avait pu éveiller chez lui. L’esprit avait beau ne pas vouloir y croire, le coeur appelait fermement ce qu’il était incapable de pouvoir obtenir. La ressemblance était en tout point identique… A cela près qu’il ne s’agissait pas de sa bien aimée. Il se souvenait s’être agenouillé devant elle, avoir épié attentivement le moindre détail qui pourrait le convaincre qu’il ne s’agissait que d’une cruelle plaisanterie de la part du destin. Mais elle était réelle, d’une beauté introuvable aujourd’hui et en tout point identique à celle qu’il avait chéri jusqu’à sa mort ; à l’exception peut-être de ses yeux. Le regard qui aurait dû être le sien reflétait celui d’une parfaite étrangère. De déception, il n’en éprouva aucune puisque de l’espoir il n’y en eût aucun. Le coeur d’un homme restait toutefois un océan de mystères. Seren n’en faisait pas l’exception. Depuis ce jour, on pouvait le voir sillonner les allées de Kozakura une fois par an en quête de sa mystérieuse muse. Aucune parole ne fût jamais échangée, et il doutait d’ailleurs qu’elle ait pu un jour remarquer sa présence en dehors de la fois où il s’était penché vers elle, enfant. Souvent tapis dans l’ombre, il ne lui accordait qu’un bref regard au loin. Une poignée de secondes à peine à l’observer pour des jours entiers de recherches. Voilà le peu qu’il s’autorisait. Pourtant, il arrivait parfois qu’il puisse quitter le royaume sans être parvenu à la trouver. La règle étant qu’il ne s’aventurerait jamais plus de trois nuits au coeur du territoire de son oncle. Un principe, selon lui. Cette nuit était donc la troisième, et toujours aucune trace de celle qu’il recherchait. Seren se fondait dans la masse de voleurs et de brigands qui peuplaient des tavernes encore bondées. Son arc d’argent accroché dans le dos, il n’accordait qu’un oeil peu avisé à ceux qui tentaient de lui proposer des articles que l’on ne pouvait trouver qu’ici. Des potions étranges à des pierres d’une valeur certaine en passant par des armes forgées dans les flammes de l’enfer. On pu même discerner un vague rictus se frayer un chemin le long de sa commissure lorsqu’un homme lui proposa une décoction capable de rendre la vie éternelle. Quelle douce ironie. La gorge de l’escroc aurait probablement rencontré la pointe de l’une de ses flèches si ses yeux ne s’étaient pas posés sur l’ombre qu’il aurait reconnu entre mille. Un peu plus dans l’une des allées, il devina son identité de par les courbes d’un visage qu’il connaissait sur le bout des doigts. Nul n’aurait pu le duper. On connaissait Apollon pour être le dieu des archers et manier avec une magie toute particulière son arme enchantée, mais il était avant tout doté d’un sens particulièrement aiguisé pour traquer des cibles. Et celle-ci n’en ferait pas l’exception, pas même l’homme qui semblait lui emboiter dangereusement le pas. A l’écart de la foule, il avait décoché l’une des flèches bien plus vite que n’importe quel soldat, laquelle trouva son chemin jusque dans l’épaule du brigand. Il ne fallu qu’une poignée de secondes supplémentaires pour qu’il se dresse ensuite en rempart devant elle. — Les tavernes de Deyja sont pourtant réputées malfamées pour une femme. Si la voix était grave, le ton employé était étrangement doux. L’homme s’en était allé sans un mot, les laissant seuls au milieu d’une allée devenue déserte. Dos à celle qui se tenait derrière lui, il tourna légèrement le visage jusqu’à entrevoir à peine le sien. — D’autant plus pour une femme seule. Le reproche avait été prononcé comme il l’aurait fait il y a trois cent ans, à la seule différence peut-être qu’il avait aujourd’hui le coeur qui martelait sa poitrine à un rythme effréné. Les jambes droites et figée, il lui était tout bonnement incapable de se retourner. Par peur ? Par timidité ? Ou par crainte de ce qu’il pourrait découvrir ? Nul ne saurait l’expliquer. Mais le fait est que la main qui tenait l’arc, pour la première depuis des siècles, venait de se mettre à trembler.
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Sora Warhust
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Dans sa main, un rubis taillé. Quelques grammes à peine, mais assez pour donner à une reine une parure digne du rang. Elle aurait dû s’en vouloir, mais elle avait tant dérobé à ses maitres qu’elle avait appris avec le temps, et parce qu’il s’agissait de s’offrir la survie, qu’aucun acte juste ne vaut de dormir dans les rues de Deyja. Ce trésor-là n’en était qu’un minuscule parmi tant d’autres, et elle était convaincue que la pierre ne manquerait pas à la jeune souveraine de Kozakura. Dans sa poche, ce rubis pesait une tonne, et il était précieux à ce point qu’on avait ordonné à Zephyr de lui emboiter le pas à la sortie du palais, des fois que les négociations tourneraient au vinaigre et qu’on décide que l’humeur du jour ne donnait aucun poids à Aika, toute maîtresse de la maison close la plus populaire fut-elle. Pour laver une relation entachée ternie par un deal trop hasardeux, Aika l’avait envoyée dans la gueule du loup. On ne douta pas que la mère du Gold’n Touch misait sur Luna pour charmer autant que le rubis qu’elle transportait, voire davantage. Aussi discrète qu’une telle beauté pouvait l’être dans les boyaux malfamés de la citée, Luna emprunta les sentiers dont on se méfiait plus que tout, jouissant de la protection d’une Reine qu’elle arnaquait mieux que quiconque. Elle marchait aussi dans l’ombre menaçante d’une mère maquerelle qu’on n’aurait l’audace d’offenser, à moins de vouloir se refuser les plaisirs d’une fille de joie dans un bourg où il n’y avait que ce plaisir pour distraire de la misère et des combines mortelles. Zephyr marchait dans ses traces, mais le pas était beaucoup moins déterminé que le sien. De nature craintive et particulièrement conscient des dangers, il s’était retourné plusieurs fois durant leur ascension, persuadé qu’un autre se tenait dans leur sillage. Elle l’entendit marmonner à plusieurs reprises, délivrer son estomac du poids considérable de l’anxiété, et elle se demanda presque autant de fois lequel était chargé de la protection de l’autre. Peut-être était-elle prise dans un excès de confiance. Peut-être sous-estimait-elle le péril pourtant évident et permanent, attribut tout particulier du royaume, cela par habitude. Toujours est-il que Zephyr obtint le coup du sort qu’il attendait tant d’une flèche dans l’épaule. D’abord stoppée par les gémissements, c’est en se retournant qu’elle trouva deux épaules carrées, un arc menaçant braqué sur la plus lamentable des escortes.   “ Bravo, p’tit génie. Ce type m’accompagnait ! Maintenant c’est tout le gang qui va s’pointer pour régler ses comptes, et j’suis censée clôturer le deal sans —   ”  sermonna-t-elle, tentant de repousser l’archer sur le côté et d’offrir son assistance à Zephyr qui s’en allait, main en garrot, incapable de ne serait-ce que se plaindre à la figure de son agresseur, mais certainement  en quête d’un soutien qu’il trouverait rapidement dans les bas fonds. Encore un héros de pacotille qui s’attendait à mille louanges et autant de gratitude, alors même qu’elle était capable de se démerder dans le foutoir de criminels qu’était Deyja, pour y être née et y avoir été élevée. La remarque à son intention récolta un grognement furieux, et elle s’entendit lui rétorquer que la femme seule l’emmerde et est capable de se débrouiller toute seule comme une grande. Toutefois, à lui jeter un regard de biais, elle tomba nez à nez avec un gabarit, des traits et des contours familiers. Devant cet homme, son coeur fit un écart et transperça sa poitrine, déchirant les os et la chair sur son passage. C’est au moins le sentiment que lui procura cette rencontre inattendue.  Les dents et les lèvres serrées, elle resta un moment bête, s’oublia dans cette allée. Comme si la foudre lui était tombée dessus et qu’il lui fallait maintenant se relever, retrouver et ramasser ses propres restes sur le sable tiède.    “ Seren, ”   souffla-t-elle, brutalement prise à la gorge par la main armée du passé. Le prénom était coincé dans sa gorge depuis plusieurs mois, peut-être une année lunaire, et trouvait enfin son chemin vers sa bouche, ses lèvres, à qui il arracha un baiser fantasmé qui mourut dans l’air irrespirable de Deyja avant de pouvoir trouver ses lèvres à lui. Traversée d’émotions qui ne lui appartenaient pas, Luna manqua de rire, s’énerver, puis pleurer. L’année passée, elle l’avait brièvement aperçu, ici même, comme sorti d’un rêve auquel elle ne voulait pas croire à l’époque. Elle avait marché discrètement dans ses traces alors qu’il s’extirpait de la gueule de Deyja pour rejoindre les sentiers menant à l’extérieur de la ville. Puisqu’il était glorieusement lui et qu’elle n’était tristement qu’elle, elle avait perdu sa trace rapidement, et n’avait obtenu aucune information valable pour se remettre sur sa piste. Ils ne s’étaient jamais rencontré et il l’a prendrait pour une folle, mais elle s’imagina aussi qu’il était capable de voir en elle l’évidence. Qu’il ne pouvait pas la manquer, la louper, ou ne serait-ce que prétendre qu’elle ne lui ressemblait pas, alors qu’elle avait absolument tout d’elle, si ce n’est l’habit. Son prénom dans sa bouche était déjà une preuve qu’elle imagina suffisante ; après tout, jusqu’à il y a peu, elle n’avait été que Luna.   “ Je t’ai cherché,  ”  depuis qu’elle avait compris. Visiblement, elle n’avait pas assez cherché. Qu’il ne veuille pas être trouvé ne lui traverserait pas l’esprit ce soir. Pas tout de suite. Si elle savait tout d’un passé dont on ne parlait plus qu’avec nostalgie, elle n’avait aujourd’hui rien de lui, à part qu’il se tenait devant elle et s’était dressé en rempart  entre elle et le danger. Figée, elle hésita à se jeter dans ses bras, à son cou, et l’impulsion alla si loin qu’elle fit deux pas pressé dans sa direction, les larmes aux yeux. Si Selene se serait précipitée dans son étreinte, Luna hésita. Elle n’était après tout, encore une fois, que tristement elle, devant ce lui glorieux.
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Les doigts fermement enroulés autour de la poignée de son l’arc, Seren se contenta de regarder sans un mot le garçon prendre la fuite en se lamentant de la blessure qu’il avait à l’épaule. Pauvre lâche, il se réjouirait plus tard de pouvoir encore marcher. Quant aux sermons que lui adressa l’ombre de ses rêves, il demeura parfaitement impassible. — Qu’ils viennent dans ce cas. Lança-t-il d’un timbre aussi ferme que posé. La crainte d’un ennemi était un sentiment qu’il n’avait plus éprouvé depuis des siècles. Le fait d’être immortel ne l’épargnait certes pas de saigner, mais il avait fait la promesse de ne jamais intenter à sa vie de ses propres mains. Et puisqu’il ne connaissait aucun moyen autre que la mort de rejoindre sa déesse, il priait chaque soir pour que son combat mené puisse être le dernier. Alors, lorsqu’au danger se mêlait un attrayant parfum funeste, il était de ces hommes que la peur ne saurait retenir. Pourtant ce soir, celui que même les limbes n’effrayaient pas demeurait incapable de contenir la crainte qu’une simple et innocente idée pouvait faire naître en lui. Son visage avait beau demeurer parfaitement calme et impassible, le coeur de l’archer ne cessait de battre à une cadence infernale sans qu’il ne parvienne à en comprendre la raison. Plutôt que de lui jeter un dernier regard de biais, puisqu’il n’en possédait pas le courage, Seren entreprit de prendre ses distances en s’éloignant d’un pas. Et puis elle l’appela, délivrant brutalement le silence presque religieux qui s’était imposé entre eux. Tout son être se figea à l’entente d’un prénom qui sonnait terriblement familier sous ces intonations. La flèche qu’elle venait elle-même de tirer avait atteint sa cible en pleine poitrine, empoignant aussi bien sa gorge que son âme. Ses lèvres tremblèrent un court instant lorsqu’il prit enfin la décision de la confronter en posant ses deux perles d’ébène sur le tableau qu’elle lui offrait ce soir. Ce qu’il y trouva dépassa de loin tout ce qu’il aurait pu un jour imaginer. Traversé par toutes sortes d’émotions inqualifiables, on aurait pu aisément croire qu’il avait, pour une fois, baissé sa garde. Pourtant le guerrier demeurait : le chaos qui ravageait tout son être ne laissait absolument rien voir sur les traits implacables de son visage. Rien, sauf peut-être son regard qui se para d’une lueur qu’il s’acharnait à ne pas éprouver : un soupçon d’espoir. Il avait passé des années entières à soigner ses apparitions, demeurer tapi dans l’ombre pour ne se satisfaire que de minuscules secondes à contempler de loin ce que le miracle de la vie lui avait apporté. Chaque fois, il se régalait silencieusement de cette beauté si semblable à celle de sa bien aimée, comme s’il craignait un jour pouvoir en oublier les formes et les détails. Visiblement, il n’avait plus eu l’occasion de se perdre dans une pareille contemplation depuis une trop longue éternité. Figé, l’instinct le poussa mécaniquement à lever une main en direction de sa joue, à en effleurer son grain de peau sans toutefois s’y aventurer. La crainte au ventre qu’elle ne disparaisse à nouveau sous ses doigts. Son prénom dans sa bouche brûlait sa langue, et il dû fermement serrer la mâchoire pour ne pas avoir à le prononcer. L’évidence se tenait pourtant juste sous ses yeux. Elle était son portrait le plus fidèle, de ses courbes délicates et élégantes au timbre doucereux de sa voix. N’y avait que l’habit peut-être qui aurait pu le faire douter, et quand bien même. Elle avait absolument tout d’un passé qu’il s’était interdit de vouloir revivre une seconde fois. Un éclair de lucidité traversa ses iris plantées dans les siennes avant qu’il ne laisse retomber sa main le long de son corps. — J’ignore quelles sont les histoires que tu as pu entendre à mon sujet, mais il ne serait pas très prudent de ta part d’en jouer. Incapable de voir plus loin que le déni dans lequel il avait trouvé durant toutes ces années, Seren se confortait dans le désespoir qui l’avait gagné des siècles plus tôt. Il était après tout le fils de Zeus, dont la réputation et la tragique histoire d’amour étaient sujets à bien des légendes. Le reste de ses propos aurait dû l’interpeler, ou au moins lui faire relever des yeux qu’il gardait désormais clos. Pas tout de suite. Après quelques minutes à se déchirer l’esprit, il expulsa de ses lèvres une plainte qu’il fut incapable de contenir plus longtemps. — Tu m’as trouvé. Qu’il laissa filtrer d’une voix grave, presque désolé. Son regard, lorsqu’il se reposa sur elle, se voila immédiatement. Etrangement, ses épaules s’étaient affaissées tandis qu’il sentait sa gorge se nouée devant les pas qu’elle fit pour se rapprocher de lui. Dans un réflexe stupide que le temps ne saurait jamais amputer, il lui avait emboité le pas pour l’accueillir d’un bras ferme et puissant contre lui. Sa main dans ses cheveux, ses lèvres contre son front, son souffle saccadé se perdant le long de son visage. Selene… S’il n’y avait ce parfum différent. Son souffle se coupa à l’instant même où il réalisa son erreur. Trois minuscules secondes de tendresse. C’est le temps qu’il lui fallu pour se défaire de cette interlude qui n’aurait jamais dû se produire. Le mal avait pourtant été commis. Ses muscles, endoloris par la foudre qui venait de s’abattre sur lui, demeuraient une nouvelle fois figés. Il se refusait à voir l’évidence, parce que tout cela n’avait aucun sens. — Tu n’es pas Selene, alors quel est ton nom ? N’y avait dans le ton employé aucune agressivité, mais sa question fût bien plus sévère que les précédents mots qu’il avait pu avoir à son égard. Séparés par la distance qu’il avait volontairement mis entre eux, il était cependant incapable de fixer autre chose qu’elle. Sa dévorante et cruelle obsession. Là où on ne l’attendait pas, ses yeux trouvèrent aussi le chemin d’une Lune qui se tenait en spectatrice juste au dessus de leurs deux coeurs frémissants. On pu l’entendre étouffer un soupire à son adresse, comme s’il attendait de sa part un signe ou une réponse aux questions qui martelaient son âme... En refusant de croire que la solution pouvait se tenir juste là, à quelques mètres de lui.
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Oh, elle voyait la main, et hésita à lui faire savoir qu’il pouvait. Qu’elle ne se déroberait pas à une caresse, et que sa peau lui appartenait, quand bien même cela n’avait pas plus de sens pour elle que pour lui. Déçue qu’il se ravise, mais décidée à n’en rien montrer, Luna baissa vaguement les yeux et se mordit l’intérieur de la joue afin de garder pour elle tout ce que Selene aurait à lui dire. Aussi pour se rappeler que malgré les souvenirs, elle n’était pas plus sienne qu’il n’était sien, quand bien même tout dans son coeur le revendiquait.   “ Je n’ai rien entendu à ton sujet, j’ai seulement… ”  Rêvé ? Regardé ? Appris ? Vécu ? Comment expliquer l’impossible ?   “ Ça va paraitre fou, mais … c’est …moi… enfin… ”  Presque. Pas tout à fait, mais juste assez ; tout le moins l’espérait-elle. Elle se mordit cette fois la lèvre, consciente que la poussée de foi ne passerait sûrement pas auprès de lui. Elle n’était pas Selene, et ne le serait jamais. Elle avait tout en elle pour l’être, mais elle été née avec une identité qui lui était propre, dans un cadre dramatiquement différent, et était aujourd’hui incapable de déterminer où Luna s’arrêtait et où Selene reprenait vie.   “ C’est compliqué, ”  acheva-t-elle dans un souffle, désemparée. Elle aurait voulu tout expliquer d’une traite, mais de crainte de passer pour plus folle qu’elle n’était, et surtout faute de savoir par où débuter son récit de dément, elle garda pour elle les détails qui continuaient pourtant de la hanter. S’il ne s’était pas trouvé devant elle, Luna aurait prétendu qu’il ne s’agissait que de souvenirs et qu’ils finiraient par s’éteindre, remplacés par d’autres. Que son attrait pour lui relevait davantage de la curiosité, peut-être un rien malsaine, puisqu’on ne pouvait décemment pas parler d’amour entre deux illustres inconnus. Cela même s’ils étaient liées par des centenaires et une union aujourd’hui enterrée. Pourtant maintenant que Seren se trouvait à sa portée, tout changeait. Influencée par ces souvenirs qu’elle chérissait au-delà de tout entendement et par l’amour que chacun d’entre eux avait inspiré à son coeur qui ne comprenait plus, Luna ne parvenait plus à se dépêtrer de ce que Selene ressentait à l’égard de son immortel.   “ Je crois que c’est plutôt toi qui m’a trouvée ce soir, ”  répondit-elle, aussi douce et prudente qu’on puisse l’être. Les lèvres pincées, elle tendit les bras dans sa direction et les enroula solidement autour de ses épaules lorsqu’il répondit à son invitation d’une étreinte aussi ferme que la sienne. Elle retrouva un écrin qui aurait dû être familier, et qui l’était en quelque sorte, mais pas tant. Son parfum était nouveau. Ça, elle n’avait jamais été capable de s’en faire une idée précise, les souvenirs étant une collection d’images et non de d’effluves ou de saveur. En revanche, sa poigne était plus ferme que ce qu’elle avait imaginé et l’incomparable confort de ses bras était bien là et au-delà de tout ce qu’elle avait un jour ressenti. Pourtant on l’avait déjà serrée dans ses bras. Elle avait fréquenté d’autres hommes, dans l’innocence de sa jeunesse, toujours naïve de sa vie antérieur. Celle qui prenait aujourd’hui toute la place et l’empêchait d’être la véritable Luna. Elle s’était réconfortée dans les bras d’hommes, mais Seren était inégalable, et elle comprit immédiatement combien le coeur de Selene pesait lourd en son sein.   “ Pourquoi tu — ”  protesta-t-elle doucement, alors qu’il s’en détachait et restituait à la décence son contexte. Cela n’avait duré que quelques secondes, mais elle s’était trompé en croyant à … quoi ? Rien. Elle avait peut-être le coeur chargé d’un espoir idiote, mais n’était pas bête à ce point. Pourtant elle put aisément lire et comprendre que quelque chose l’avait dérange et elle se remit immédiatement en question ; alors même que l’évidence était de nouveau là. Elle n’était pas Selene. Elle le comprit peut-être une demi seconde avant que la vérité n’échappe aussi à Seren, et elle se mordit la lèvre afin de ne pas lamentablement fondre en larmes. Elle ne le savait que trop, mais qu’il le dise à voix hautes : un poing dans l’estomac.   “ Je m’appelle Luna. C’est le nom qu’on m’a donné à la naissance. ”  La précision lui sembla obligatoire. Il pourrait après tout y voir un signe, tout comme un piège, et elle comprendrait l’un comme l’autre. Elle ne savait presque rien de ses véritables parents, à part qu’elle avait perdu à pile ou face et terminé comme marchandise sur le marché afin d’épargner ses ainés ; et qu’ils l’avaient appelées Luna. Née un soir de pleine lune, parait-il. La coïncidence était devenue évidente l’année passée, lorsque les souvenirs de Selene avaient achevé de la noyer, l’envahir, la posséder. Avant cela, ne s’agissait que d’un prénom.   “ Je sais que ça ne doit pas être simple, mais je suis elle, en quelque sorte. Pas tout à fait, et j’aurais jamais l’audace de croire que je pourrais lui arriver à la cheville, ou être comme elle, ou….”  Elle parlait trop. S’agissait là de l’un de ses plus grands défauts. Pas lorsqu’elle se trouvait dans un état stationnaire, mais l’anxiété faisait d’elle une véritable pipelette. Parfois elle allait si loin qu’elle se noyait elle-même dans son propre flots de paroles incohérentes. Réalisant qu’elle lui donnait là un énième motif de s’en aller, elle poussa un long soupir, avant de reprendre plus calmement.   “ … mais j’aimerais beaucoup qu’on apprenne à se connaitre, ”  proposa-t-elle, une boule d’angoisse coincée entre l’estomac et la gorge.   “ J’ai besoin qu’on apprenne à se connaitre. ”  Elle avait le sentiment de le connaitre déjà, d’être capable de le deviner entièrement : de lire ses pensées et de tenir le fil de ses émotions enroulé autour de ses doigts fins. Mais il ne s’agissait que d’une impression. Une idée en laquelle elle s’obstinait à croire, tout comme lui croyait fermement que la lune guidait son destin et décidait mieux pour lui que lui-même. Il avait très certainement changé au cours des années, mais elle voulait cet homme-là, qui se tenait devant elle, et pas celui qui avait trouvé en Selene sa femme. Par envie viscérale, par nécessité mécanique, presque injuste pour la fille qu’elle aurait du et pu être. Son coeur battait pour cette évidence, quand bien même elle se savait folle de s’accrocher à quelqu’un qui lui était finalement inconnu. Luna le voulait dans sa vie coûte que coûte, quand bien même elle respecterait tant la place que l’importance qu’il déciderait de lui donner, par amour pour les souvenirs qui vivaient en elle, aussi. Aussi, elle avait besoin qu’il lui donne une chance.
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L’étrange spectacle qui se jouait sous son regard attentif avait tout d’un rêve. Combien de fois s’était-il éveillé au milieu de la nuit en imaginant sa bien aimée se tenir dans les mêmes draps que les siens, une main chaleureuse posée contre son torse… Alors qu’il ne s’agissait en réalité que des contours d’une autre femme. Comment expliquer l’impossible et donner un sens à ce qu’il n’avait jamais été capable d’espérer ? Si elle ne s’était pas trouvée dans l’étreinte ferme de son bras, son souffle chaud contre sa peau, ses mains enroulées le long de ses épaules, Seren aurait juré que tout ceci n’avait rien de réel. Pourtant, si l’esprit avait décidé d’ignorer l’évidence, le corps se soumettait à tout ce que cette proximité pouvait éveiller en lui. Il serra la mâchoire à ses propos, retenant une remarque que son coeur lui interdisait de prononcer. Aucune bataille n’était plus rude que celle qui se jouait en cet instant entre son corps et son âme. Il y avait ce désir à la fois brûlant et obsessionnel de vouloir croire à ses mots malgré la folie de ce que cela pouvait signifier. S’agissait bien du même regard, de la même chaleur, et si pas du même parfum alors au moins d’une émotion familière dans le timbre de sa voix. L’archer et sa déesse, enfin réunis… S’il n’y avait eu le poids de cette peine qui enveloppait son coeur, à un point tel qu’il ne pouvait se permettre d’ouvrir les yeux sur une vérité absurde. Il poussa un soupire désemparé à ses mots plutôt que de répondre. Dire cependant qu’il ne la dévorait pas du regard en cet instant serait mentir. Son corps pouvait demeurer parfaitement impassible, voire inexpressif, mais il était un organe au moins qui se débattait fermement au creux de sa poitrine. A l’entente de son nom, il manqua un battement. — Luna ? Le hasard était-il à ce point joueur pour réunir autant de coïncidences ? Elle n’était donc pas Selene, mais la déclinaison qu’elle en offrait était époustouflante. — Tu n’as pas idée à quel point tu le portes à merveille. Qu’il s’entendit prononcer dans un souffle. Pour tout ce que ce nom pouvait signifier et pour tout ce qu'il lui rappelait, un éclat parcouru brièvement la couleur ébène de ses yeux. Il n’écouta que d’une oreille le reste de ses mots, subjugué par tant sa beauté que les émotions qui la traversaient. Cette fois, sa main trouva son chemin jusqu’à l’une de ses joues, y laissant la marque timide et brûlante de ses doigts contre son grain de peau. — Ce que tu peux lui ressembler… Le reflet de la Lune dans les yeux, il parlait sans s’en rendre compte. Un militaire debout depuis plusieurs siècles, ayant bravé de nombreuses guerres et bien des combats, terrassé en seulement quelques minutes par un souvenir. Il s’était noyé dans sa contemplation, envahi par un minuscule fragment du chagrin qu’il avait pu éprouver le jour de leurs adieux. Cette nuit-là, ce n’était pas seulement Selene qui s’était arrachée à lui. En regagnant le ciel étoilé, elle avait pris soin d’emporter une moitié de son coeur et de sa vie avec elle. Parce qu’il le lui avait juré, Seren avait continué à marcher et à vivre, à aimer ou à s’en convaincre, et à attendre que la mort vienne à son tour le chercher. A son désir de vouloir le connaître, il laissa retomber sa main le long de son buste en détournant le regard. Fuyant et lâche comme il ne l’avait jamais été jusqu’à ce jour. — Il n’y a rien de bien à connaître chez moi. Je ne suis pas… Il s’était interrompu en se confrontant brièvement à elle, touché par toute l’angoisse que son visage témoignait à ce simple espoir. — Je ne suis plus cet homme-là. Et je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. La voix ne fut pas aussi douce que les gestes, et il ne savait que trop à quel point ses paroles pouvaient êtres difficiles à entendre. Il ne comprenait pas, ou ne voulait peut-être tout simplement pas comprendre en s’enfonçait dans un mensonge bien plus confortable que le risque de croire à nouveau. — Comment peux-tu prétendre être elle et vouloir apprendre à me connaître ? Il avait posé la question de façon brutale, aussi hanté qu’elle pouvait l’être, mais s’échappa dans un soupir en la contournant d’un pas mesuré. L’arc avait retrouvé sa place dans son dos, mais ses mains continuaient à trembler, prises de légères convulsions à mesure qu’il s’éloignait. Le dialogue aurait pu se conclure là, sans qu’aucun n’ait pu obtenir la moindre réponse, mais une force invisible le poussa à s’arrêter quelques mètres plus loin. Les opales levées en direction de la seule capable de guider ses pas. — Elle avait coutume de dire que rien n’arrive par hasard. Ses lèvres soufflèrent un long et douloureux soupir vaincu lorsqu’il reporta son attention sur celle qui se tenait derrière lui. Quelle que soit sa force de conviction, il était parfaitement incapable de s’en aller. — La première fois que je t’ai vue, tu n’étais qu’une enfant et je n’étais qu’un étranger à tes yeux. Alors comment peux-tu… Comment as-tu su qui j’étais aujourd’hui ? Tu n’as pas hésité une seule seconde lorsque tu as prononcé mon nom. Le reste des interrogations qu’il se posait restèrent coincées dans sa gorge lorsqu’il prit conscience d’avoir finalement baissé sa garde. Elle avait obtenu son intérêt, et pas des moindres, mais le doute substituait en lui tel un venin l’empêchant de voir. Cet homme qui avait toujours su distinguer le bien du mal était ce soir incapable de discerner le réel de l’imaginaire. D’un calme pourtant olympien, il regretta de ne pas pouvoir lui apporter la réponse qu’elle espérait. — Je suis désolé Luna, je ne peux pas te croire. J’ai l’ai vue mourir de mes propres yeux, dans mes bras sans que je ne puisse rien faire. Elle m’a été arrachée il y a bien longtemps parce que j’ai été suffisamment naïf pour croire que notre bonheur pourrait être éternel. En prononçant ces mots, il avait pu sentir son corps tout entier frémir sous la douleur. — J’ai besoin d’elle plus que tu ne peux l’imaginer… Mais je refuse de croire à nouveau à un mensonge. Le timbre était calme, mais il savait que ses mots laisseraient une marque indélébile sur ce qu’elle avait de plus précieux à lui offrir : son espoir. Il aurait dû disparaitre à la fin de sa maxime, reprendre sa route et se jurer de ne jamais plus mettre les pieds à Deyja. Par nécessité pourtant, il avait prononcé chaque parole en rompant petit à petit la distance qui les séparait jusqu’à se tenir une nouvelle fois devant elle. La triste vérité c’est que malgré tous ses efforts, il ne pourrait combattre cette envie viscérale, vitale même, de rester auprès d’elle. Aussi, sa main trouva la sienne pour la lever face à eux et combler les espaces entre ses doigts là où les siens s’adaptaient parfaitement. Une douce nostalgie dans les yeux. — J'ignore pourquoi, je suis incapable de te laisser.  
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Sora Warhust
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Elle était née d’une pleine lune, alors le prénom avait semblé évident. C’est au moins ce qu’on lui avait répété à bien des reprises, et à force de l’entendre, elle avait fini par y croire à son tour. Maintenant qu’elle y ajoutait l’aval de Seren, alors il n’y avait plus de doutes quant au fait que le prénom lui était effectivement destiné, quand bien même ne s’agissait-il, finalement, que d’un prénom. Par dieu seul sait quel miracle, elle se retint de lui demander ouvertement si tant le prénom que la ressemblance lui plaisait, ou si elle était née avec un énième fardeau. Si cela jouait en sa faveur, ou en sa défaveur. Impossible de déchiffrer une véritable émotion dans ses traits, pour celle qui se targuait pourtant d’être une excellente lectrice de la nature humaine. À part qu’il tentait de tout garder de ce qu’elle provoquait en lui, Luna n’aurait rien su dire. De si sa seule existence lui faisait l’effet d’un baume ou d’un poignard dans la poitrine. Au moins elle pouvait lire son tourment, non une indifférence qui l’aurait profondément abattue, et pour le moment, c’était là tout ce dont elle devrait s’en contenter. Il était après tout celui qui menait la danse. Ses intentions à elle étaient là, limpides. Elles flottaient autour d’eux de façon désordonnée dans l’air moite de Deyja, changeaient de direction à chaque battement de coeur. Raide, mais extraordinairement à l’aise sous son regard, aussi docile qu’une jolie poupée sous sa main timide, Luna échappa un soupir à sa joue qui s’enfonçait davantage dans sa paume tiède. Elle se laissa charmer davantage, si c’était même possible, et s’abandonna à l’espoir naïf qu’il puisse lui céder un moment de son temps, une once de son quotidien, une miette de son coeur. Elle aurait pourtant dû le savoir. Que ce ne serait pas si simple, et que l’espoir n’est que le prélude d’une déception. Sa main quitta sa joue et elle se pinça doucement les lèvres, tentant comme lui de garder pour elle le panachage d’émotions amères qui étaient en train de la traverser.   “ Tu ne me feras pas croire ça, ”  rétorqua-t-elle, si peu impressionnée que c’en était ridicule. Deyja regorgeait de mauvais garçons et de types peu, si pas fréquentables. Elle avait passé toute sa vie à les éviter, ou à s’en faire alliés, parfois même des amis. Une première impression de lui et une certitude reposant sur un socle de souvenirs heureux tendaient à faire croire qu’il n’était pas de ceux-là, cela même s’il ne pouvait être blanc de défauts. Personne n’est parfait. Elle n’avait pas cette prétention et n’attendait pas de lui de l’être. Il devrait trouver un autre argument pour la rembarrer, et surtout s’armer de patience, Luna était aussi butée qu’on puisse l’être.   “ C’est tout l’intérêt, justement,”  répondit-elle, dans un tac au tac aussi cinglant que pitoyable, contournant volontairement l’argument avancé que ce ne serait pas une bonne idée ( et ? Les siennes étaient généralement les pires ), et un jugement qui se voulait s’en appel, mais qui n’aurait pas raison de son obstination. Elle perdit néanmoins de son audacieuse superbe devant le fait qu’elle n’était pas Selene. Certes. Elle se mordit la lèvre, touchée tant dans son orgueil que dans son coeur. Elle détestait avoir tort, être à court d’argument, donner raison. Plus particulièrement lorsqu’elle laissait son coeur mener la danse, mais que son partenaire refusait de la lui accorder.    “ Je prétends rien, je sais juste que j’ai tout ces souvenirs, et je peux pas y rester insensible. ”  protesta-t-elle à la va-vite, pressée par l’idée qu’il puisse se dérober à elle,   “ Elle t’aimait plus que tout et c’est pour moi une raison valable… ”  souffla-t-elle, l’espoir vibrant dans ses tripes que cela suffirait à au moins le convaincre de s’asseoir avec elle, ne serait-ce qu’une petite heure. Trop tard. Elle tendit les deux mains devant elle lorsqu’il commença à s’éloigner, et chercher à le retenir, sans oser l’agripper. Seren appartenait peut-être à Selene, mais il ne lui appartenait pas. Pas à elle, et elle n’était pas audacieuse à ce point, ou entreprenante avec lui, pour tenter le moindre contact physique qui le brûlerait. Son coeur fit une embardée à sa question, mais davantage à ce qu’elle impliquait et à l’anecdote qu’il délivrait à son tour.   “ Tu savais, alors… ”   Il savait avant elle, pour elle, pour eux. Il l’avait vu grandir, avait vu dans quel milieu elle était née, où elle avait grandi ; il savait. Il savait, et avait perdu des années qu’ils auraient pu passer ensemble à l’examiner de loin par crainte de répéter les épreuves du passé, ou d’être déçu du présent qu’elle pourrait lui offrir. À moins qu’elle ne se trompe, ou aille bien trop loin dans son raisonnement. Qui pourrait lui en vouloir ? Elle n’était après tout qu’une femme.   “ Ça m’a toujours suivie. Elle a toujours été là, mais je crois que l’alignement de certaines étoiles et de la lune a coïncidé avec le soir où elle a bu la potion… ”  fit-elle, précautionneuse avec la mention de la fameuse potion ; dont elle savait saurait provoquer un je ne sais quoi en Seren. Les souvenirs tournoyaient dans ses rêves et ses absences depuis toujours, mais ils avaient pris sens tout à coup. Elle avait longtemps cherché ce qui avait causé cette prise de conscience, mais n’était certaine de rien   “ Toujours est-il qu’un jour, tout à fait sens. ”  Elle garda pour elle qu’elle avait aussi consulté la bibliothèque d’Hadès, s’y était faite surprendre, et que Seren n’était pas le seul à s’être arrêté sur une ressemblance. Hadès avait éprouvé un sentiment de familiarité, sur lequel il avait été bien incapable de poser un doigt, et heureusement pour elle. S’il n’avait pas cherché plus loin, faute de temps et d’intérêt, le grand seigneur avait toujours un regard soupçonneux pour elle.  Dans son incursion, elle avait effleuré le livre des morts, en avait côtoyé le seigneur, et effectivement, rien n’arrive au hasard ; à moins que… Elle l’observa de loin, ses yeux refusant de quitter le peu qu’il laissait encore entrevoir de lui dans la pénombre de la ruelle. Les lèvres se pincèrent davantage à ses mots, et elle regretta cet espoir fugace. Elle qui n’avait jamais espéré quoi que ce soit de cette vie, sinon de voir le soleil se lever sur un jour nouveau. Elle aurait pu lui concéder la paix qu’il espérait, la distance pour tolérer la douleur d’avoir perdu un être qui lui était si cher, le temps dont il ne manquait pas, mais dont il avait néanmoins besoin. Elle se trouva même idiote d’avoir cru, un seul instant, qu’il se laisserait convaincre par un ersatz de ce qu’il avait un jour aimé, sous prétexte qu’elle comprenait cet amour en le vivant au travers d’un filtre. Comme si elle s’était à son tour éprise de lui, comme on le fait entre les lignes et les pages d’un roman. Pour lui, ça ne serait jamais suffisant. Elle le comprenait, mais il ne suffit que d’une accusation passive dans son laïus pour la faire partir à contresens de ce qu’elle aurait dû, et pu faire.    “ C'est pas un mensonge. ”  protesta-t-elle, prête à en découdre s’il s’agissait de le prouver. Elle était bien des choses dans cette vie, dont beaucoup serait raillé ou renfrogné par la maitresse de la lune, mais elle n’était certainement pas une menteuse.   “ Pose moi une question, celle que tu veux,  ”  proposa-t-elle à la va-vite, sans avoir la moindre idée de où tout cela finirait par la mener ; sinon dans un abîme. À croire que ses tentatives désespérées avaient l’air de marcher, à moins qu’il ne s’agisse de plus, de lui. L’effort de rejet avait l’air aussi difficile que celui de les rapprocher. Assistant à toutes les contradictions qui avaient l’air de le guider, elle laissa ses doigts glisser dans les siens, les serrer davantage, et elle jura pour elle-même que rien dans cette vie ne saurait lui faire relâcher sa prise.   “ Alors reste,  ”  souffla-t-elle, fixant un regard avide sur ses traits, s’en rapprochant d’un pas tout sauf innocent, puis d’un second, jusqu’à ce que sa poitrine ne trouve son buste, son estomac le sien, et que ses lèvres fassent vaguement connaissance avec les siennes. Pas dans un baiser, mais une caresse audacieuse et aérienne, laissée par son souffle sur ses ses lèvres. Rien de plus, mais rien de moins.    “ Tu sais très bien pourquoi. ”  Parce que. Certaines choses sont évidentes, inévitables, immuables. Eux, par exemple. Le temps qu’il perdait à se battre contre elle était du temps qu’il ne passait pas dans ses bras.
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Alec Warhust
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Le coeur noyé dans un océan de doutes, Seren se refusait à une vérité qui aurait pourtant su alléger son âme de ses innombrables fardeaux. Il côtoyait avec intérêt tout ce qu’elle s’acharnait à lui apporter comme évidences, de son physique à son prénom, mais les remparts solidement dressés autour de son palpitant ne cédèrent pas pour autant. Aussi, il lui suffisait de la regarder pour voir des éclats d’espoir animer les traits angéliques de son visage, cela dans le but de faire céder celui qui s’obstinait à se refuser à elle. En vain. Il aurait pourtant dû savoir que cette confrontation deviendrait un jour inévitable. Tant d’années passées à contempler son reflet dans l’ombre sans jamais avoir le courage de l’affronter. Il n’était finalement peut-être pas aussi courageux que sa réputation se plaisait à le prétendre. Ce grand et puissant archer que l’on aimait couvrir de victoires et qui ne comptait à ce jour aucune défaite, lamentablement dompté par une simple mortelle. De par son innocente existence, Luna avait réussi à bousculer tout ce qu’il avait appris à croire durant ces trois derniers siècles. Toutes ses certitudes, envolées, pour ne laisser place qu’à une profonde confusion et un tourment auquel il n’avait plus gouté depuis des lustres. Sans la quitter des yeux, il appréciait ses mots d’une oreille attentive tout en se fardant d’une parfaite et immuable neutralité. Ça, jusqu’à ce qu’elle ne prenne la peine d’évoquer l’amour que lui portait sa déesse. Son coeur fit une douloureuse embardée en même temps que s’ouvrit sa bouche. Il aurait voulu protester, lui dire qu’elle n’en savait rien, mais encore une fois une force invisible se chargea de nouer cette gorge en le rendant muet. Il avait avancé d’un pas pour en reculer de deux, les poings et la mâchoire serrés. Et si l’on s’attendait à lire dans ses yeux une quelconque agressivité, ne s’y trouvait qu’une étrange mais douce tristesse. — Je l’ai aimée dès le premier jour alors qu’elle n’était qu’une enfant, et je l’aimerai jusqu’à mon dernier souffle. Admit-t-il aussi spontanément qu’il respirait, le timbre chargé de ce tout ce qu’il s’entêtait à ne pas dévoiler. Luna savait manier les mots avec autant de précisions que de délicatesse et parvenait sans surprise à toucher inévitablement le coeur. Telle une flèche en pleine poitrine, ses paroles trouvaient aisément la cible recherchée. Chaque seconde de plus passée à ses côtés était une barrière qui cédait sous ses arguments, quand bien même se donnait-il la peine de la combattre de toutes ses forces. — J’ai entendu une rumeur, je voulais en avoir le coeur net… Et puis je t’ai vue. Répondit-il lentement, le regard ailleurs. Il aurait été incapable d’affirmer à quand cela remontait, mais se souvenait sans difficulté de la première fois qu’il avait aperçu sa silhouette enfantine courir à travers les marchés de Deyja. Elle était apparue tel un mirage au beau milieu du désert, une vision floue puisque parfaitement impossible. Il aurait pu ne pas y croire s’il n’avait pas été la confronter ce même jour. Le visage brièvement voilé, Seren s’était approché pour tendre à cette jeune fille l’un des biens qu’elle avait fait tomber au sol devant lui. Il avait croisé son regard en manquant d’échapper un mot, touché son épaule pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un rêve, et s’était empressé de disparaître au travers de la foule en entendant le timbre familier de sa voix lorsqu’elle le remercia. Selene. — Je n’oublierai jamais son visage, ce visage. Alors oui, bien sûr que je savais. Je l’ai su dès que j’ai posé les yeux sur toi. J’étais simplement trop lâche pour oser l’admettre. Acide dans ses propos et non dans son comportement, il poussa un soupire las sans reprendre le risque de la regarder. La mention de la lune ainsi que de cette terrible potion lui fit fermer les yeux, incapable d’en entendre davantage si elle osait par hasard continuer. Un amalgame de souvenirs se dressaient désormais devant lui, les bons comme les mauvais, les plus beaux mais aussi les plus insupportables. Il n’y avait rien qui puisse un jour égaler la torture de cette nuit d’été, lorsque la vie avait choisi de quitter son corps qui reposait soigneusement dans les bras dévastés de son aimé. Tout cela pour la quête futile d’une éternité qui malheureusement était devenue sienne sous la forme d’une légende. — Ne crois-tu pas qu’il est plus facile de vivre en honorant sa mémoire chaque jour plutôt qu’en essayant de croire à l’impossible ? Questionna-t-il plus pour lui-même que pour elle. Et de nouveau, un soupire franchit ses lèvres lorsqu’elle lui intima de la questionner sur ce qu’il souhaitait. — Luna… Après plusieurs minutes à tenter de le fuir, son regard chercha enfin le sien et ce qu’il y distingua lui coupa le souffle. Leurs doigts entremêlés se cherchèrent davantage si c’était encore possible, et la protestation qu’il aurait souhaité prononcer à ses mots se consuma dans un gémissement silencieux lorsqu’elle se retrouva contre lui. Proches, bien trop proches cette fois pour qu’il ne prétende y rester indifférent.  Son coeur se mit à trembler sous sa poitrine devant la menace qu’elle représentait, à portée de ses mains, de ses bras et de ses lèvres. Les réflexes de ce qui ne pouvait s’oublier guidèrent sa main libre jusqu’au bas de son dos, forçant un contact déjà bien trop audacieux pour ce qu’ils n’étaient. Affamé par un parfum qu’il apprenait à découvrir, et bien plus encore par ce que ses yeux avides laissaient entrevoir chez elle. Ce désir familier qu’il aurait pu reconnaître entre mille. Son souffle faisait connaissance avec le sien, délicieux, tentant, et implacable à tel point qu’il en ferma les yeux pour en savourer la moindre seconde. Aucun baiser ne fût échangé, par pudeur ou par principe, mais il entreprit pourtant de dévier sa bouche de la sienne, effleurant la peau et les contours de sa mâchoire jusqu’à se perdre dans sa nuque. Des caresses qui auraient été innocentes s’il n’en pas éprouvé autant de plaisir. Ses doigts avait relâché les siens pour venir l’enlacer dans l’étau ferme et puissant de ses bras, soulevant son corps comme si elle n’était qu’une poupée de chiffon entre ses mains habiles. Le gémissement qu’il poussa fût étouffé par son visage qui s’était niché entre son épaule et sa gorge. Pour tout ce que cette étreinte représentait, elle dura de longues minutes. Pas assez pour combler un coeur qui commençait seulement à tiédir, mais suffisamment pour lui faire réaliser un détail qui saurait trouver son importance. — Je devrais partir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. Qu’il souffla après plusieurs minutes, se dérobant brièvement de leur accolade. Parce qu’il savait qu’il ne tiendrait pas éternellement. Que cette carapace qu’il avait tenté d’ériger pour se donner du courage commençait dangereusement à se fissurer sous les yeux avides d’une femme qui était tout ce qu’elle prétendait. Pour la première ce soir, c’est une pointe d’appréhension que l’on pu distinguer sur les traits doucereux de son visage. — Tu dis avoir ses souvenirs, qu’en est-il de tes sentiments ? Puisque les siens n’auraient aucun mystère à son égard s’il se laissait pleinement corrompre par cette étrange vérité. Malgré ses tentatives de reprendre le peu de contenance qu’il avait égaré, sa main demeurait toujours posée contre son visage, son pouce retraçant délicatement la courbe de ses lèvres avant de se perdre le long de sa nuque. Y avoir gouté, même brièvement, avait définitivement scellé le peu d’intentions qu’il s’était efforcé de chasser à son égard. Mais il y avait quelque chose de bien plus fort que l’attrait qu’il pouvait éprouver pour un physique qu’il connaissait à la perfection. Une chose, ou plutôt un sentiment qu’il pensait ne jamais plus avoir le privilège de ressentir. — Après sa mort, j’ai cru que je serais condamné à errer seul pour l’éternité. Et comme tu dois t’en douter, l’éternité pour un immortel est une notion particulièrement longue… Ça, jusqu’à ce que tu prononces mon nom. Avoua-t-il dans un soupir. Pourquoi ? Peut-être l’explication se trouvait-elle aussi simplement sous ses yeux, quand bien même son esprit peinait dorénavant à essayer de l’en dissuader. — Montre-moi qui tu es vraiment. Parle-moi de ta vie, de toi, de ce que tu aimes et ce que tu détestes. N'importe quoi. Apprends-moi à connaître Luna avant d’utiliser Selene pour me retenir.
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Étrange. L’idée qu’il soit tombé sous le charme d’une enfant la fit violemment tiquer, et elle ne fit rien pour dissimuler la grimace, même furtive, sur son visage. Son habituelle honnêteté désarmante hurla de lui faire la remarque, mais pour ne pas briser ce moment très solennel et frapper d’un poing sarcastique ce coeur à demi-ouvert, Luna se pinça les lèvres et balaya dans le caniveau le malaise qui venait de l’étreindre. Elle voulut lui dire que son dernier souffle ne viendrait peut-être jamais. Qu’il aurait encore bien des siècles à endurer s’il laissait son sort entre les mains d’autres qui lui étaient, par la force des choses, bien inférieurs. Qu’il perdait un temps fou à garder ses distances, et regretterait peut-être, bien qu’elle ne le lui souhaitait pas, de n’avoir pas saisi son opportunité avec elle qui était bien là, contrairement à Selene. Seren aimait sa lune avec total abandon, les lèvres armées d’une poésie sans égal, dont elle comprenait l’étendue, mais dont elle ne pourrait jamais totalement se satisfaire, puisqu’il ne s’agissait pas d’elle. Elle se rendit ainsi compte du rôle qu’elle occupait dans cette romance: elle était avant tout spectatrice envieuse, le public régalé d’une pièce de théâtre saisissante de réalisme. Comme tout bon public devant une romance de qualité, elle éprouvait une jalousie maladroite pour l’héroïne, et un intérêt curieux, ambigüe, et maladroit pour le héros qui se trouvait devant elle, et dont elle aurait voulu se faire aimer comme si c’était elle qui avait été son autre, sa moitié, son histoire. Et si elle se voilait complètement la face et était aussi dingue que la fable qu’elle tentait désespérément de lui faire avaler ? Troublée et torturée, Luna garda un silence morose, quand bien même aurait-elle voulu trouver les bonnes réponses et grappiller davantage d’attention de la part de Seren. Malgré qu’elle se trouvait absolument idiote, elle qui n’était rien devant un homme superbe qui avait aimé une femme qui l’était autant et dont elle n’était qu’un ersatz terne et né de misère, Luna resta droite dans ses bottines et dressée devant lui, quand bien même sa résolution tendait à faiblir. Elle fronça un sourcil à la mention d’une rumeur. Elle qui, encore une fois, n’était personne dans un monde de grands. Une fille de joie, une esclave dans un royaume qui n’était que ça, qui regorgeait d’un millier comme elle. Elle s’imagina alors que son existence avait finalement signifié quelque chose. Non seulement pour lui, mais aussi pour sa source, dont elle s’était attiré l’attention sans le vouloir, à un âge où rien de toutes ces histoires d’un autre temps ne l’avait encore effleurée. Submergée par trop d’émotions, malade d’émoi et frissonnante de sentiments qu’il avait tous les droits de remettre en question, Luna jeta à Seren un regard angoissé, incapable de trouver les mots, ou ne serait-ce que d’échapper à l’ouragan qui menaçait de balayer tout en elle.   “ Mon visage,  ”  reprit-elle, audacieuse peut-être. Selene avait certes existée et sur le papier, Luna n’en était qu’une copie, un à peu près pourtant flagrant, mais sa ressemblance ne rendait pas moins son existence légitime. Si elle mourrait d’envie de nouer un lien avec lui, en revanche elle refusait de se perdre dans des similitudes, dans une comparaison facile, de troquer son identité pour devenir une autre qu’elle ne serait, de toute façon, j’avais vraiment. À moins d’accepter de n’être que la curieuse vitrine de ce que la vie et la magie propose de plus incroyable. Jamais.    “ Pas si ce que tu croyais impossible s’avère possible,  ”  rétorqua-t-elle, du tac au tac, aussi certaine dans le ton que dans le regard. Sa présence ne le dispensait pas d’honorer la mémoire de feu sa femme, et elle avait encore un argument qui ne pouvait faire que mouche.   “ Il me semble aussi que tu avais promis de t’ouvrir à l’amour de nouveau, et je crois que si tu voulais l’honorer, tu ne devrais pas le faire à moitié.  ”  Oui, elle était désespérée à ce point. Elle regretta immédiatement d’avoir osé, et surtout de lui avoir donné à croire que l’amour était ce qu’elle cherchait. Oui, et non. Non. Peut-être un peu. Même elle ne savait plus bien, et elle convint avec lui qu’il valait mieux effectivement qu’il s’en aille, avant qu’elle ne dise autre chose qui lui causerait davantage de tort. L’angoisse lui faisait dire ce qu’elle ne devrait pas dire, oser au-delà des limites, et elle venait de toucher un sujet sensible qui causerait davantage son malheur que d’obtenir ce qu’elle voulait réellement de lui : un moment. Qu’il fasse couler sur sa peau un regard dont elle avait viscéralement besoin, quitte à provoquer le contact, aller au devant, outrepasser une autre limite et s’offrir à ses bras, son souffle dans sa nuque. Elle tendit les lèvres et manqua mourir sous son refus de récompenser son audace d’un baiser. Les lèvres pincées, elle se pressa davantage contre lui, fit glisser une main tiède et engageante sur la peau de sa hanche, sous sa chemise, puis sur ses reins ; cela alors qu’il l’emportait dans une étreinte aux effluves de trop peu, mais dont elle devrait se satisfaire. Ses mains glissèrent sur ses épaules, dans sa nuque, jusqu’à trouver ses longues mèches qu’elle s’amusa à enrouler autour de ses doigts fins. Avant qu’il ne se débarrasse d’elle, et la laisse sur l’impression d’avoir fait l’amour sans l’avoir fait, elle ne manqua pas de souffler un gémissement évocateur à son oreille. Selene était peut-être belle et coquette, mais Luna avait de son côté qu’elle était naturelle, diablement séduisante et n’avait pas froid aux yeux.   “ Trop tard pour quoi ? T’accorder un peu de répit ? Tout ce que je demande, c’est un peu de ton temps, ”  et de ton attention. Sa question la fit frémir. Ses sentiments, et quoi ? Elle désirait ardemment plus, surtout après une telle étreinte. Ce qu’elle voulait s’entrelaçait. L’avoir dans ses bras, l’avoir dans son lit, dans sa vie, à sa table, dans son paysage. Elle se contenterait de ce qu’il voudrait lui donner ; la Selene en elle avait pris le pas et elle n’arriverait plus à dénouer ce que Luna voulait de ce que Selene aurait voulu. Ce qu’il était prompt à offrir ne suffisait pas, mais Luna se força à donner à croire qu’elle voulait uniquement le connaitre, et rien de plus. Les lèvres pincées, elle chercha longuement ses mots. Première fois où elle perdait la parole et se retrouvait incapable de formuler une réponse valable ; il n’y en avait aucune. De la femme sensuelle, elle était redevenue la bouille d’enfant, perdue, prise la main dans le sac, presque timide. Luna était plusieurs facettes d’elle-même, et souvent soumise à chacune d’elle.  Les sentiments ne se fabriquaient pas comme ça, en un claquement de doigt, en une rencontre, quand bien même tout pointait à croire qu’elle avait l’air éperdument amoureuse de lui.    “ Je ne suis pas amoureuse de toi, Seren,   ”   confessa-t-elle, d’une petite voix. Pas encore, mais elle sentait qu’elle pourrait si aisément lui tomber dans les bras, coeur le premier et sans le connaitre plus que ça. Si facilement que c’en était absolument ridicule. Pour autant, elle s’était résignée depuis toujours à n’être qu’une poupée de plaisir dans les bras d’hommes déméritants. Qu’importe, s’ils étaient riches. C’était au moins ce que Aika lui avait enseigné, ce qu’elle avait inséré dans son esprit depuis toujours. Si elle avait toujours voulu croire au grand amour, on lui avait annoncé très tôt qu’elle n’y aurait pas le droit. L’amour, c’est la joie des riches, pas des esclaves. Si la seule présence de Seren lui prouvait le contraire, elle était assez consciente pour savoir qu’il était le grand amour de Selene, et que leur ressemblance ne lui garantissait pas qu’il soit le sien.   “ Mais je le suis de votre histoire. Que tu le veuilles ou non, j’ai un lien avec elle et par définition, avec toi, et j’ai besoin d’en parler, d'en faire quelque chose... Je ne sais pas.  J’ai cru que ce serait aussi le cas pour toi. ”  Elle baissa enfin les yeux, incapable de savoir où se mettre, ou de décider de si elle devait partir, rester, tout tenter, ou le laisser jouir du droit divin d’avoir la paix et de décider pour eux. Et oui, elle avait volontairement éludé ses questions, et sa volonté de la connaitre. Le paradoxe était total. Entre temps, entre les envies de Selene et les siennes, Luna s’était rendue compte de qui elle était réellement… et dont Seren ne voudrait jamais. Que ferait-il d’une esclave de Kozakura, lorsqu’il avait épousé une noble d’Erendieren ? Démunie de n’être rien, de n’avoir aucune valeur pour la première fois, après une vie passée à croire qu’elle se moquait éperdument d’être plus, Luna recula à son tour d’un pas, et s’appuya dos au mur, honteuse.   “ Mais je comprends, tu sais… Je comprends…”  Il serait déçue, tôt ou tard. Si elle avait un peu de bon sens, elle le laisserait partir.
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Son intérêt à l’égard de  cette femme était aussi fascinant que curieux. L’honnêteté et l’assurance qu’elle employait pour s’adresser à lui dévoilait un caractère nettement plus audacieux que celui de sa déesse. Il y avait quelque chose d’inexplicable dans ce qu’il ressentait chaque fois que son regard se trouvait confronté au sien. Ne pas admettre qu’il appréciait la façon dont elle le fixait aurait été mentir. Il aimait ça, et plus encore. Les moindres petits détails qu’il parvenait à lire sur les traits de son visage lui plaisaient, de son obstination au tourment qui venait la hanter dès qu’il s’en éloignait. Chaque seconde passée à ses côtés était un argument supplémentaire pour appuyer la théorie qu’elle tentait désespérément de lui faire croire. Et peut-être qu’après-tout, elle y parviendrait. Nul ne devrait sous-estimer l’ambition d’une femme. Seren fronça un sourcil, surpris devant la correction qu’elle se permis de lui faire remarquer. — Ton visage, en effet. Qu’il répéta, ponctuant sa maxime par un discret sourire qui se voulait désolé pour la maladresse employée. A juste titre, elle n’était pas Selene et ne manquerait jamais une occasion pour lui rappeler ce détail qui faisait toute la différence. Sans surprise, c’est aussi ce qui était parvenu à attiser la curiosité qu’il éprouvait à son égard et qu’il ne pouvait désormais plus nier. Luna était tel un brasier ardent et dangereux qui l’amenait à suffoquer un peu plus à mesure qu’elle l’enveloppait de son existence. Elle avait écrasé si facilement les certitudes qui avaient été les siennes durant des lustres, elle n’aurait donc aucun mal à balayer le peu de tentatives qu’il engagerait pour se défaire de sa présence. Et en avait-il envie finalement, de s’en priver ? — Tu as probablement raison sur ce point, je ne peux pas te l’enlever, mais ça ne dépend pas de moi. Reprit-il doucement dans un soupire abattu. Qu’elle puisse connaître l’existence de ladite promesse ne l’avait pas tant surpris, mais qu’elle s’emploie à l’évoquer cependant lui pinça brièvement le coeur. L’intention n’était pas de blesser, il le savait, mais la vérité maladroite qu’elle venait de lui rappeler était aussi brutale qu’une flèche qu’elle lui aurait décoché en pleine poitrine. — Tu as déjà aimé quelqu’un au point de vouloir passer l’éternité à ses côtés ? Ce n’est pas aussi évident que ça en a l’air, je t’assure. Lorsqu’on nous le retire… tout ce qui reste n’a plus la même saveur. Je lui ai fait cette promesse, c’est vrai, mais elle ne m’a pas laissé le choix. Le timbre était mélancolique mais sincère. Son amour pour Selene était inébranlable, et s’il aurait dû lui en vouloir pour avoir choisi de sceller le sort de leur histoire sans l’écouter, il n’en éprouvait plus aujourd’hui qu’un profond sentiment d’amertume et de regrets. Dans ses bras, elle lui avait fait promettre de continuer, d’aimer à nouveau, et il n’avait pas cherché à l’en dissuader tant à cet instant son coeur se mourait aux côtés du sien. Malgré la douleur de lui avoir survécu, Seren s’était engagé à honorer ses derniers voeux. Ce qu’il avait omis de prendre en compte en revanche, c’est que peu importait finalement les efforts qu’il pouvait fournir à tenter d’en aimer une autre. Sur ce point-là, seul le coeur était décisionnaire, et sa volonté ne saurait se laisser convaincre aussi facilement. Jusqu’à elle, et l’étreinte brûlante qu’ils échangèrent. Ses mains contre sa peau le firent frémir tout en y laissant une marque invisible qui saurait le hanter pour les semaines à venir. La chaleur de son souffle contre sa nuque lui empoigna les entrailles à tel point qu’il s’abandonna dans un gémissement similaire au sien. Trop peu, mais déjà suffisamment assez. Il la désirait à un point qu’il n’avait pas encore la force d’admettre, pris de court par tout ce que cette proximité audacieuse avait eu le pouvoir d’éveiller chez lui. A la recherche du souffle qui lui manquait cruellement, Seren s’était reculé d’un pas en tentant de reprendre le masque de contenance qu’elle n’avait eu aucune difficulté à lui arracher. Muet à ses mots, il avait baissé le visage en cherchant à fuir ce qu’il peinait pitoyablement à dissimuler : ses sentiments. Il n’aurait jamais la prétention de dire qu’il en était amoureux, bien sûr. Mais après des siècles entiers à essayer de ressentir quelque chose en vain, Luna venait de jeter une lourde pierre dans le profond abysse qu’était devenu son coeur d’immortel. Sa confession à ce sujet lui fit refermer les yeux en lui accordant simplement un hochement de tête pour toute réponse. Impossible de déterminer précisément ce que cet aveu venait d’évoquer chez lui. Du soulagement ? De la déception ? Peut-être un mélange des deux. Quoiqu’il en soit, ses yeux retrouvèrent le chemin de son visage lorsque, pour la première, elle venait de baisser le sien. — Si ce n’était pas le cas, ne crois-tu pas que je serais déjà parti ? Pourquoi penses-tu que je m’entête à revenir chaque année te voir ? Son soudain retrait à son égard ne lui avait pas échappé, et il nota aussi que sa question la concernant n’avait obtenu aucune réponse. Il se pinça les lèvres d’avoir peut-être touché un sujet trop délicat pour une première rencontre. — Ce lien dont tu parles, je ne sais pas ce que c’est, ni ce qu’il peut bien vouloir signifier, mais ne pense pas que ça me laisse indifférent. C’est faux. La voix se voulait bien plus douce et un brin rassurante. Le voile indomptable de l’archer tombait peu à peu devant l’expression qu’elle lui offrait et qu’il tentait de déchiffrer. Elle qui menait jusqu’ici la danse de leur conversation venait de violemment s’écarter de lui, comme si elle craignait quelque chose de sa part. Le contraste était soudain et inattendu, et la question de savoir pourquoi lui brûla les lèvres sans qu’il ne prenne le risque de la poser. Par pudeur et par respect, Seren se contenta de lui-même rompre la distance qu’elle avait imposé entre eux. Aussi ambitieux qu’elle l’avait été si pas davantage, il l’obligea à lever le visage vers lui en glissant ses doigts sous son menton. — Tu as quelque chose d’unique que je n’explique pas mais qui me fascine, et crois-moi, ce n’est pas seulement le visage que je suis entrain de regarder. Il ne mentait pas, ne mentait d’ailleurs jamais, et son regard parlait pour lui. Il détaillait les ombres qui s’étaient glissées le long de ses traits et soupira au tourment qui semblait désormais la hanter sans qu’il ne parvienne à en expliquer la raison. Sa main glissa tendrement de son menton pour venir se nicher contre sa joue pendant qu’il se pressait encore un peu contre elle, profitant du mur qui l’empêcherait de reculer si l’idée venait à la traverser. — Et si c’était moi qui tombais amoureux de toi, que ferais-tu ? Qu’il s’entendit prononcer dans un murmure soufflé à son oreille. Il n’y avait aucune femme qui savait autant se faire désirer que celle pour qui son coeur s’emballait en cet instant. L’histoire se répétait encore. L’étreinte était devenu un besoin viscéral, et sa proximité devenait essentielle. Incapable de savoir où regarder, ses yeux ne fixaient rien d’autre que les lèvres qui se tenaient à portée d’un baiser. Il aurait pu. Il aurait dû. Et il mourait d’envie d’y gouter à ce point que son souffle se mêla au sien jusqu’à ne déposer qu’une simple mais délicieuse caresse le long de sa bouche. Le paradoxe était à ce point infernal qu’on pu l’entendre pousser un grognement de frustration lorsqu’il recula son visage sans bouger d’un pas. Les mains frémissantes. — Laisse-moi un peu de temps. Je ne peux pas rester là, pas tout de suite, mais je reviendrai lors de la prochaine pleine lune avec une réponse à t’offrir. Tu as ma parole. Qu’il souffla en refermant une nouvelle fois les yeux, son nez posé contre le sien, contrarié d’être incapable de lui en offrir davantage. Tout aurait pourtant été si simple s’il avait eu le courage d’admettre l’évidence qui se trouvait juste là, devant lui et sous sa poitrine. Son coeur martelait son torse à un rythme effréné, mais il préféra en ignorer les appels désespérés. Au moins pour ce soir. — Tu n’as pas besoin de me dire où tu seras, je saurai te trouver. Après-tout, n’était-ce pas ce qu’il avait fait durant plus d’une décennie.
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Sora Warhust
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Sora Warhust
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Elle n’avait pas aimé à ce point, non. Son quotidien à Kozakura se résumait à n’être qu’un corps dont on disposait dans le cadre d’affaires sordides, et on lui avait enseigné qu’il ne se trouvait aucune place en ces terres pour le sentimentalisme, à moins de vouloir s’empêtrer d’une faiblesse dont se nourrirait tous les assassins et criminels. S’il lui arrivait d’envier les quelques fous qui osaient affronter cette vie, sous prétexte d’amour, Luna s’était aussi résigné à ce peu que la vie avait décidé de lui offrir, quand bien même l’apparition de Seren ce soir avait flatté son crépitant de ce que l’on appelle banalement l’espoir. Néanmoins elle se renfrogna à une réponse dont Selene ne se serait jamais satisfaite. Luna tenta de se séparer d’un jugement biaisé, contribution de la lune égoïste et bien moins raisonnable que son hôte. Les lèvres pincées, elle tenta de dénouer une opinion qui aurait dû lui appartenir plutôt que de laisser un spectre du passé l’influencer si drastiquement ; en vain.   “ Mais ça dépend de toi, ”  riposta-t-elle. Son bonheur dépendait de lui-même, de ses choix, de sa volonté, et uniquement de lui. Selene avait manoeuvré sa vie selon ce qu’elle désirait, en laissant certes une maigre place à la volonté de son aimé, mais elle était morte depuis bien des lunes et lui ne pouvait pas lui faire porter la croix de trois siècles de solitude lancinante ou de relations fadasses. Pas alors qu’elle avait exprimé le voeu qu’il la laisse partir.    “ Ça ne dépend plus de Selene depuis longtemps, et même … Tu savais. Son destin était écris à l’avance, le tien aussi. Tu savais qu’elle finirait par partir tôt ou tard. C’est injuste, je sais, mais … Les trois cent dernières années t’appartiennent et tu n’as pas le droit de les lui mettre sur le dos. Tu n’as aucune excuse. ”  Le flot de mots lui avait échappé en une fois, sans qu’elle ne reprenne sa respiration, ni ne réalise combien elle était à côté de son propre rôle. Seren y reconnaitrait l’obstination égotiste d’une Selene toujours déterminé à se dédouaner de toute responsabilité, quand bien même le sort auquel Seren s’était résigné lui appartenait aussi, au moins de moitié. Navrée de s’être donné l’air bien plus opiniâtre qu’elle n’était réellement, Luna ravala sa salive. Une partie d’elle comprenait, ou au moins essayait de comprendre combien l’épreuve qu’il avait traversé avait pu le marquer, et continuait d’entraver son quotidien. Elle voulut s’attendrir du simple fait qu’il soit resté à ce point dévoué à un amour plutôt que de se laisser consumer par les plaisirs éphémères (et dieu seul sait combien elle connaissait ces fameux plaisirs) d’un monde qu’il avait vu grandir, changer. Parfois en bien, souvent en mal. Vaguement honteuse, un rien angoissée, mais pour toujours captivée par ce qu’il consentait à lui céder, Luna échappa un soupir de contentement à la distance qui se réduisait drastiquement entre leurs deux coeurs. Si pas métaphoriquement, au moins physiquement, factuellement, sensuellement. Et s’il oscillait entre tous les désirs, celui de la posséder et s’abandonner l’un à l’autre, et celui de la garder à un distance raisonnable, Luna grappillait les miettes de ce qu’il voulait bien offrir et jouait devant lui toutes les cartes qu’elle avait dans son jeu pour l’emporter toujours plus. Tant qu’il avait des yeux pour voir, des narines pour sentir et un coeur qu’elle savait battre pour son joli minois, tous les coups étaient permis. Elle aussi oscillait violemment entre ce qui était raisonnable, et ce qui ne l’était pas. La jauge tanguait d’un côté ou d’un autre selon s’il se tenait dans son étreinte, ou dans son sillage. Occupée à le déshabiller du regard, son coeur fit une embardée à ses mots, et le fusilla du regard.    “ Chaque année ? Sérieusement… ”  Et il prétendait vouloir en apprendre davantage sur elle ? Alors même qu’il s’était régalé de son quotidien de loin ? Épouvantée par la seule possibilité qu’il sache de quoi elle était faite, à savoir d’argent sale, un rien de prostitution forcée, de pauvreté et de larcins, Luna baissa les yeux, dos au mur dans tous les sens du terme. À sa tentative de reprendre son attention, elle détourna le visage, lui refusant ainsi et un regard, et son menton.   “ Mais tu n’en veux pas. ”  De ce fameux lien inexplicable.   “ Dis-le que tu n’en veux pas,  ”  insista-t-elle. Au moins elle en aurait le coeur net, plutôt que de se noyer dans une attente insoutenable. Son regard retrouva le sien par automatisme, et l’hypnose reprit de plus belle. Ses efforts pour ignorer cette proximité intenable vains, Luna se laissa de nouveau charmer, et se mordit les lèvres presque à sang, espérant que cela suffirait à la convaincre de ne pas capturer les siennes sans permission.   “ C’est le visage que tu regardes. Tu ne me connais pas. ”  La faute à qui ? Elle avait délibérément contourné sa volonté d’en apprendre plus.  Ou s’il ne s’attardait pas sur ses traits, et uniquement sur ses traits, il était comme tous les autres : des yeux lubriques rivés sur ses courbes. Ses mains retrouvèrent ses bras dans une caresse tiède, et son coeur se régala à l’idée qu’il pourrait un jour l’aimer. Il se pressait davantage, son emprise autour de ses bras s’accentuait. Elle trouva son regard planté sur ses lèvres, et décida d’une invitation à les avancer davantage, quand bien même on ne pouvait pas parler d’un baiser. La caresse était aérienne, et elle se mordit l’intérieur de la joue afin de ne pas conclure elle-même cette affaire. Seren avait un libre arbitre, et elle devait le respecter, quand bien même il avait tout l’air d’en avoir autant envie qu’elle.   “ Et toi, qu’est-ce que tu ferais ? ”  questionna-t-elle, ses lèvres presque sur les siennes. Seren ne le savait pas encore, mais s’il jouait de ses charmes sur elle, Luna était elle aussi une joueuse et charmeuse née. Elle trouva ses lèvres du bout de la langue. Une caresse aérienne, à peine, mais assez pour leur donner une idée de saveur, la soif, et la faim de l’autre. Elle étouffa un bref ricanement alors qu’il s’éloignait vaguement, son coeur battant à rompre toutes les défenses du pays dans une série de battements désordonné.    “ On sait tous les deux que même si ça arrivait, tu résisterais coûte que coûte, ”  reprit-elle, ses mains glissant de ses bras à ses épaules, puis à sa nuque. Par fidélité morbide. Elle aurait voulu croire que le fait qu’elle ressemble tant à son amour perdu lui conférait un avantage sur les autres qu’elle imaginait qu’il avait fréquenté, mais peut-être pas, finalement. Encore une fois, elle n’était pas Selene, et le physique ne faisait pas tout, quand bien même il l’avait amené dans ses bras, dans cette ruelle. L’offre de revenir ne lui convint pas, mais un semblant de lucidité, après une proximité tout à fait charmante et maintenant que l’envoutement nommé Seren se dissipait peu à peu, l’inspira à reprendre son souffle plutôt qu’à rétorquer immédiatement. Il ne la voulait pas, sinon il l’aurait déjà prise. Le simple fait qu’il hésite à ne serait-ce qu’apprendre à la connaitre, au-delà de toute ambiguïté, le plus simplement du monde, prouvait qu’il était encore vigoureusement accroché à son passé ; et elle n’avait pas à coeur de se battre contre un fantôme, et certainement pas un qui lui ressemblait. Elle ne voulait pas vivre dans l’ombre de quelqu’un d’autre, cela même si elle voulait cet homme sans pouvoir se l’expliquer, ou sans restriction.   “ J’attends aucune réponse de toi, et je suis pas à ta disposition, ”  dit-elle, en le repoussant. Quel caractère. Et si elle le décidait, il pourrait chercher longtemps. Elle était capable de se cacher pour le seul plaisir de jouer à son tour à l’espionne. Après tout, elle connaissait les entrailles de Deyja comme personne. Mais y avait-il quelqu’un en ce monde qui puisse se cacher du regard acéré d’un fils de dieu ? Et un intrigué, par-dessus le marché.
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