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Hayden Beckwith
· · · plots your death in spanish
Hayden Beckwith
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Onze mois, vingt-trois jours, treize heures, et une poignée de minutes.
C’est depuis tant de temps que Nemeree avait vu disparaitre dans son horizon l’un de ses plus illustres capitaines et la perle au trône. Si elle avait formulé auprès de son frère la promesse toute relative d’honorer quelques obligations royales au cours de son périple au bout du monde, Viola s’était trouvé un motif radical pour justifier qu’elle s’y dérobe. Pendant ce qui lui sembla des années et des années, on n’avait plus aperçue le Capitaine Crochet, ni son Jolly Roger. Ni sur les eaux, ni à aucun port. Cela alors même que le vaisseau-vitrine de la piraterie Nemereene ne pouvait se fondre dans aucun paysage et qu’on aurait juré qu’il fallait régulièrement le ravitailler, ne serait-ce qu’en nourriture si pas en armement. Le Roger s’était détourné du monde brutalement par le biais de routes dérobées, parfois hostiles, souvent désertes. Son équipage, réduit à une poignée de membres, tous dignes de confiance. Son propre fleuron pour une aventure exceptionnelle et une escale nécessitant la plus grande et la plus féroce loyauté. Durant de longs mois, pas un mot, ni un murmure sur les côtes. Uniquement des rumeurs, parfois fantaisistes, souvent funestes. Après tout, le Roi Pan lui-même avait disparu il y a peu, alimentant davantage le bruit autour des absences de sa soeur et la convoitise de tous les crèves-la-faim d’Erathia pour la couronne de Nemeree. Le seul témoin de sa survie était tombé dans les mains du Capitaine Flint.  Un mot secret, accordé au seul à qui elle ferait toujours l’honneur d’un motif. À ce qui aurait dû être un rendez-vous il y a de ça trois mois, Flint avait trouvé un mot signé de sa main, prétextant une mission à l’importance impérieuse ; y avait-il plus impérieux que de se voir ? Sans se défaire de l’assurance que cela ne suffirait jamais à apaiser d’évidentes inquiétudes, une grande frustration et une once d’indignation, Viola avait malgré tout, et malgré lui, décidé que c’était tout ce à quoi il aurait le droit. Quelques faux prétextes sur un morceau de parchemin. Elle paierait volontiers le prix de sa quiétude, de son manque de détail, et de son absence. Surtout, elle se délesterait du poids phénoménal de ses secrets, dont Jim finirait par se lasser un jour. Tant pis. Celui-ci lui était aussi précieux que sa propre vie, et s’il fallait qu’elle s’aliène de nouveau Jim, ainsi soit-il.

Erendieren continuait d’éblouir de par ses ruines, mais qui fréquentait davantage les ports que les capitales savaient que les chutes d’Iknimaya abritait quelques survivants de la civilisation aujourd’hui tombée, et d’autres réfugiés, de tous les horizons et de toutes les classes, qui en avaient assez d’endurer Erathia. Eyteliria se proposait être un refuge accessible, une terre de paix et un sanctuaire religieux dédié à la déesse tombée Hera. Sanctuaire protégé par l’ombre puissante de Zeus, son existence inspirait plus de légendes que de véritables histoires, et on ne pouvait s’y rendre qu’à condition d’y avoir été invité ou d’y avoir déjà été, et d’y venir le coeur pur d’intentions honorables. On y pratiquait la magie blanche à son niveau le plus brut, le plus pur, à tel point qu’elle était presque devenue une religion. Le climat y était tempéré, quoi qu’humide, et le paysage oscillait entre cascades et forêt verdoyantes. Une havre de paix idéal à ceux qui cherchaient un refuge hors du temps, loin du tumulte et des guerres. Heureusement pour elle, Viola s’y était rendue en marchant sur les traces d’un vieil ami, les bras et le coeur lourds des intentions les meilleurs. Ça, il y a plusieurs mois déjà. Tant et si bien qu’elle avait arrêté de compter, quand bien même on la pressait de retourner à Nemeree et affronter de nouveau le monde. Déterminée à prouver qu’elle ne trainait pas, ne se préoccupait plus, prenait la vie de front et s’apprêtait à reprendre sa route, Viola avait ordonné que l’on prépare le Roger. Elle attendit au petit matin un rapport de l’espionne, chargée de surveiller la route maritime, qui s’était présenté à elle le soir suivant, soit trop tard.  Skyler s’était justifiée d’un détour nécessaire et d’avoir en sa possession une nouvelle importante. Ils avaient un équipage à leur trousse, ou une poignée d’hommes assez nombreux pour être qualifiés d’équipage. Des visages familiers, pour la plupart même amicaux, quand bien même les liens restaient méfiants, délicats, à l’exception d’un. Leur capitaine lui était à ce point familier que sa mention imposa un silence autour d’eux et à Viola de perdre son coeur dans les broussailles. Le Walrus avait donc retrouvé la trace du Roger, dont l’ancre avait été jetée plus loin sur la berge. Évidemment, qu’il l’avait trouvée. Se trouvait-il un seul endroit où elle pourrait se cacher de lui, tout le moins si longtemps ? Trois heures avant qu’ils n’arrivent, selon Skyler. Trois heures pour élaborer un plan. Partir en catastrophe, se planquer dans les interstices et dans l’ombre des quelques habitants de Eyteliria, ou affronter un jugement dont elle ne voulait pas. Parce qu’elle n’était pas peureuse à ce point, pas du tout, partir lui sembla interdit. Elle manquait de toute façon cruellement de temps et d’envie. Pouvait-elle vraiment refuser à son coeur la présence de Jim, de toute façon ? Certainement pas.  Pourtant un coup d’oeil vers le trésor le plus précieux qu’elle possédait en ce monde lui inspira une appréhension nouvelle, inqualifiable. Dieu, qu’il était compliqué d’adopter un rôle dont elle n’avait pas voulu, de s’y conformer, ou au moins essayer.  Pour ce seul regard cependant, elle décida de prendre les devants et se dresser, seule, dans le sillage du Capitaine James Flint. Le Capitaine Crochet n’éprouvait aucune crainte, pour personne, pas même pour lui et pour la maigre distance que le séparait de l’imprévu le plus sérieux, le plus conséquent de toute sa vie. Le pas souple, l’oeil vif et un rictus mesquin un rien forcé sur sa commissure, elle attendit de le voir passer son coin de rue pour dégainer son épée et fendre l’air avant qu’il ne l’aspire.   “ Hello, love,  ”  fit-elle, régalée à la perspective de se dégourdir les jambes, affuter son épée contre la sienne, et de le retrouver  ; enfin et malgré tout.   “ T'as perdu ton chemin ? ”   La route de Nemeree à Iknimaya était longue, semée d’embûches, pourtant il était parvenu à mettre la main sur l’introuvable. Pour cela, il aurait droit à un duel dans les formes. Ceux dont ils raffolaient sans jamais se le dire. Épée pointée droit devant en invitation, elle laissa à Jim le plaisir de se régaler d’un sourire narquois.    “ Qu’est-ce que tu croyais trouver ? ”   Un amant ? Elle ne le lui reprocherait, ni ne s’en offusquerait, quand bien même la seule idée parvenait à inspirer sa plus profonde aversion. Jim avait l’imagination fertile à ce point et la jalousie, qu’il avait de franchement maladive, n’aurait en rien aidé à écarter l’idée qu’elle puisse avoir trouvé une étreinte plus confortable que la sienne au cours de son périple. Et peut-être était-ce le cas, finalement. Elle avait après tout serré dans ses bras la plus grande richesse qu’on puisse espérer dans cette vie, quand bien même c’aurait été tricher que de dire que l’étreinte des doigts de sa leur fille autour des siens valait davantage que celles des bras de Flint ; le sentiment était le même.   “ Moi ? ”   demanda-t-elle, régalée par le tintement de son épée contre la sienne.   “ Félicitations. ”   Au moins elle lui offrait l’opportunité d’évacuer la frustration de ne pas l’avoir croisée depuis presque une année ; et s’offrait un détour non négligeable avant qu’elle ait à se justifier. Elle aurait dû partir bien avant, mais comment avouer à son homme qu’elle l’avait privé d’étapes importantes sous prétexte de névroses ? De vouloir cacher à un monde barbare, où ils s’étaient tous deux trouvés de trop nombreux ennemis, l’innocence pure ? Et surtout, qu’elle ne parvenait pas à se résoudre à laisser sa fille derrière elle pour répondre à l’appel du peuple de Nemeree qui refusait de voir Larkin de Nighon s’emparer d’un trône dont elle ne voulait de toute façon pas ? Évacuer tout ça lui sembla par un combat à l’épée lui sembla être, si pas inévitable, primordial.

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Jackson Caverly
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Jackson Caverly
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On s’accordera à dire à bord du Walrus que jamais le capitaine Flint n’avait été d’aussi mauvaise humeur que les derniers mois qui s’étaient écoulés. Pour de trop rares fois, ses hommes s’étaient adonné à leurs labeurs sans broncher ou trouver à redire. Les quelques rares inconscients qui s’étaient risqués à le confronter sans raison valable s’en étaient miraculeusement sortis avec un membre amputé ou une balle plantée dans la chair pour les plus chanceux d’entre-eux. Ceux qui le connaissaient savaient tenir leur place, mais jetaient néanmoins la faute sur la seule personne qu’ils savaient capable de rendre cet homme aussi fou : la capitaine du Jolly Roger. Ce très cher John aura bien essayé de manoeuvrer pour apaiser cette boule de nerfs qu’était devenu son ami, en vain. Sa présence, pas plus qu’une autre n’était tolérée par ce lion qui avait pris soin de s’enfermer dans ses quartiers depuis que la disparition du roi Pan lui était parvenue. Viola n’avait pas été aperçue depuis près d’un an. Elle, son navire, son équipage, envolés. Le seul témoin qui lui était parvenu depuis leur dernière rencontre reposait en cette lettre qu’elle avait pris soin de lui laisser en guise d’excuse pour justifier son absence. De piètres mots signés de sa main sur un courrier que Jim s’était empressé de brûler sous une colère monstrueuse. Loin d’imaginer qu’elle serait femme facile à trouver, sa volonté de vouloir le fuir le mettait hors de lui. Durant des mois, pas un mot, pas un signe de vie, pas un signe. Rien. Et voilà qu’elle osait lui concéder un aveu à propos d’une importante mission à accomplir ? Une qui puisse empiéter sur leur réunion tant espérée ? Partant de ce jour-là, son désir à la retrouver devint une véritable obsession. Le poids de la rancoeur sur les épaules, Flint avait navigué durant des mois en quête d’un indice qui trahirait enfin sa position. Et contre toute attente, ce n’est qu’aux frontières d’un royaume en ruines qu’il pu satisfaire un espoir inattendu. Les voiles noires du Roger avaient été finalement aperçues sur les berges d’Iknimaya. Si le choix d’un tel lieu l’interpela brièvement, Jim ne prit pas la peine de s’interroger plus que nécessaire sur cette curieuse destination avant d’en fouler lui-même les terres. L’arrivée d’un tel équipage au sein du refuge pour les survivants de la guerre fût loin de passer inaperçu. Les hommes se pressèrent au milieu d’un paysage bien plus idyllique que ceux auxquels ils étaient habitués. Un havre de paix, où les pirates n’auraient jamais dû avoir leur place mais où, étonnement, ils parvenaient à se frayer un chemin sans encombre. Après plusieurs heures sans grande nouvelle, la plupart des hommes retournèrent à bord du Walrus pour y trouver un repos dont ils n’avaient plus gouté depuis des mois, profitant de l’absence de leur capitaine pour se l’accorder. Flint, quant à lui, longeait d’un pas souple et décidé les ruelles désertes d’une cité qu’il n’avait jamais pris le temps de visiter. L’inconnu lui était devenu rare, et pourtant. Les sens aux aguets, il échappa un grognement à celle qui trompa sa vigilance en braquant la pointe d’une épée vers lui. Le bruit caractéristique de leurs deux lames entrechoquées se fit entendre avant que ses yeux ne viennent enfin se poser sur une ombre qu’il aurait dû reconnaître rien que par la voix. Enfin. Pour cette seule présence, Jim senti sa poitrine se soulever sous un étrange sentiment de soulagement et de colère mêlés. Le visage resta aussi neutre et glacial que d’ordinaire, mais son regard ne trompait pas quant à la joie qu’il éprouvait d’avoir été trouvé. Un frisson lui parcouru l’échine avant qu’il ne pousse un juron pour toute réponse en se joignant à la danse qu’elle lui proposait. Le ballet infernal de leurs épées se croisant et de ces pas qu’eux seuls savaient jouer ensemble lui avait terriblement manqué. Sous les coups placés minutieusement, il profitait de chaque opportunité offerte pour se glisser vers elle en y abandonnant un souffle ou un regard de braise chaque fois que leur visage venaient à se rapprocher. Ses questions et les taquineries qui les accompagnaient furent accueillies par tout ce dont Jim était capable en cet instant : un soupire, une insulte et des gestes de plus en plus puissants. — Où est-ce que t’étais passée ? Cracha-t-il durant une brève et courte pause, sa lame accrochée à la sienne. Evidemment, les yeux de cette femme-là, le manque, et le coeur battant la chamade, Viola n’eut aucune difficulté à profiter de sa seconde d’inattention pour faire voler son épée et ainsi emporter la victoire. Une parmi tant d’autres. La seule qui serait jamais capable d’avoir systématiquement le dessus sur lui, quels que soient ses efforts. Et parce que cette défaite-là comptait tout particulièrement, Jim lui offrit un soupire agacé avant de repousser d’un coup sec son bras armé pour venir capturer sa nuque et ses lèvres dans un baiser affamé. Une étreinte un rien forcée, brutale lorsqu’il la força à reculer pour heurter le mur derrière eux, mais d’une rare intensité lorsque son buste se régala des battements de son coeur qui frappait contre le sien. C’était au moins ça qu’il avait à lui offrir après une année entière à avoir maudit son absence. L’accolade ne fût en rien innocente et s’éternisa durant ce qu’il lui sembla être de trop courtes minutes. Le souffle court, les lèvres nichées dans ses cheveux, Jim savoura entièrement la présence qu’était la sienne, blotti dans ses bras. — Ça fait des mois que t’aurais dû te pointer, et t’as cru qu’une simple lettre suffirait à me faire attendre encore longtemps ? Et putain qu’est-ce que t’es venue foutre ici ? Le timbre était plus doux, mais imbibé malgré cela de l’amertume qu’il tentait à peine de dissimuler. Se disant, il lui avait rendu sa liberté en reculant d’un pas pour ramasser l’épée au sol en essayant de rassembler les morceaux d’un coeur qui avait implosé sous ces retrouvailles. — T’essayais de me fuir ? Si pas, t’as intérêt à avoir une sacrée bonne excuse pour justifier ça. Le regard noir, il la défia un instant d’oser se moquer une nouvelle fois de son impatience. Évidemment, la situation aurait probablement été ironique s’il n’avait été aussi rabat-joie. James Flint et son éternel mauvais caractère. Il pestait, ruminant silencieusement en faisant les cent pas devant elle, lèvres pincées pour lui épargner d’autres malaises. Le reste des questions viendraient plus tard, quand il serait au moins suffisamment calme pour réussir à prononcer des mots sans grogner. — Tu m’as manqué. Il avait arrêté sa course devant elle, sans un regard, mais la mâchoire serrée en guettant l’horizon. A la manière d’un gosse qui avouerait une faute, il admettait enfin l’évidence qu’elle aurait largement été capable de deviner seule. Mais elle était là, et n’était-ce pas finalement le plus important désormais ?
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Enfin un adversaire à sa mesure. L'exercice lui ferait le plus grand bien. Elle s'était lassée des joutes en compagnie d'un Tibby toujours sur la retenue, et de n'avoir trouvé personne d'autre de valable au combat à l'épée pour l'aider à effacer le reliquat de grossesse qui trainait sur ses hanches. Encore que l'opinion générale se pressait à dire qu'elle avait fondu comme neige au soleil et que les changements demeuraient quotidiens plus que physiques. Le trouble était moral, et aucun duel ne saurait la détourner de toutes les questions, tous les instincts nouveaux et les inquiétudes inhérents à ce nouveau rôle un rien contraint. Un autre problème arrivait avec Jim, mais elle était curieusement et malgré tout soulagée de le savoir ici. À faire grincer sa lame contre la sienne, elle se demanda s'il voyait une différence, si pas dans le physique, dans son aura. Si son instinct réagissait à un changement qui était drastique pour elle, qui ne voyait que par ça dans les bons et les mauvais moments, mais ne le serait pas tant pour qui n'y avait pas assisté. Jim n'était pas devin, ni prophète, mais il fallait croire en l'amour sincère pour bâtir des miracles, ou au moins aiguiser un instinct ; le sien étant déjà particulièrement affuté. Résolue à ne pas s'y attarder, elle profita de ce premier moment à devoir dégainer son épée depuis plusieurs mois, pour autre chose que couper les branchages sur son chemin et apprendre à Tibby  une leçon hypocrite. Eyteliria était un havre de paix dans tous les sens du terme et ils étaient assurément les deux âmes les plus sombres à hanter le coin. C'était à ce point que toutes leurs armes se trouvaient sur le Roger, à l'exception de ses deux épées et d'un pistolet planqué sous un berceau en osier ; Viola n'était rien, si pas prudente. Elle s'amusait à le contourner, le trouver, le repousser, comme au temps où il tentait de lui apprendre ses petits pièges de soldat et que son intérêt se trouvait dans la perspective de le distraire et lui arracher un baiser.   “  Ici, ” rétorqua-t-elle sur le ton de l'évidence, les lèvres fardées d'une insolence mesquine. La réponse était trop simple, mais il devait s'en contenter puisqu'elle ne mentait pas. Pas vraiment. Eyteliria était le seul port, s'il en est, que le Roger avait fréquenté, mais au-delà d'ici, ils étaient resté sur les eaux pendant plus de temps qu'elle n'était capable de dire. Trop longtemps, selon l'équipage qui avait forcé le navire ici après la naissance de leur nouveau membre. Afin de combler le manque de vivres, s'assurer la bonne santé et la sécurité de tant leur capitaine que du trésor qu'elle avait engendré, et par envie viscéral de fouler la terre ferme. Terre qu'ils n'avaient plus quitté après avoir été frappés par les nouvelles du monde. La disparition de Pan levait la protection presque divine qui ouvrait son sillage et si on la craignait presque autant que son frère, elle savait aussi qu'on attendait d'elle un mot, un acte, quelque chose qui affirmerait son intention, ou manque de, quant au trône de Nemeree laissé vide de son occupant. Aussi, et surtout, parce que pour la première fois dans sa vie, tout n'était pas qu'à propos d'elle. Se gérer, elle pouvait faire. Mais elle n'assurait plus seulement ses arrières, mais aussi celles de sa fille. Sa fille dont le père trouva son égal dans un duel, ou au moins de quoi justifier qu'il était distrait. Elle retrouva volontiers la saveur de ses lèvres, la chaleur de ses bras. Entre chaque baiser, elle étouffa un ricanement caustique, pour toute la satisfaction que provoquait ce besoin, ce désir. Elle aurait dû se rappeler que cette attitude l'avait poussée à s'établir ici, et à accoucher de la preuve qu'ils s'aimaient en dépit du passé et que le souhait de la providence était d'en laisser une trace dans un futur qui s'annonçait lugubre. Pourtant elle ne fit rien du bon sens et de laissa volontiers guider dans une démonstration féroce de tout ce qu'il l'aimait. “ Non. Non, j'ai jamais été naïve à ce point, non,   ” souffla-t-elle, toujours aussi caustique, si pas davantage. Ce qu'elle était venue faire ici ? La seule idée de le lui dire comme ça, de but en blanc, lui souleva le coeur. Mpf. C'est beau, c'est propre,  ” marmonna-t-elle d'abord, peu certaine de sa propre méthode ou du but qu'elle cherchait à atteindre. “ L'équipage s'y plait.  ” Oh, si peu. Tibby s'y plaisait pour des raisons qui ne tarderaient pas à être mises en lumière, mais le reste de l'équipage attendait un retour prochain à Nemeree, si pas imminent. Nyus s'était trouvé un coin dans lequel méditer, mais elle était aussi à cran qu'on puisse l'être depuis plusieurs semaines, ce qui avait créé la surprise dans le groupe. Nyus n'avait jamais montré le moindre attachement à la mère patrie, ou à quoi que ce soit d'autres que sa Capitaine. Tibby soupçonnait une jalousie à l'égard de sa fille, mais Viola refusait d'obstinément de voir sa protégée comme une grande soeur jalouse, ou pire, qu'elle soit entichée d'elle à ce point qu'elle supportait à peine la vue de son miniature. “ C'est loin, ” conclut-elle, en haussant les épaules. Certes. Loin des cons, mais la précision ne saurait pas trouver son public alors elle lui fit l'honneur de la garder pour elle. Et voilà. Les raisons étaient bonnes, mais loin d'être suffisantes.Que de motifs dérisoires, compte tenu des circonstances qui tendaient à s'aggraver d'heure en heure. Elle se trouvait ici, loin de tout, incapable d'offrir une raison valable à sa trop longue absence ; sans compter la vérité, mais celle-ci lui devenait de moins en moins envisageable à mesure qu'elle se confrontait à lui. “ Parce que te fuir c'est la seule excuse valable à tes yeux ? ” Curieux. Logique ? Aucune. Ou pas grand chose. Elle fronça les sourcils, fermement convaincue que le fuir rendrait ne ferait que, justement, aggraver son absence d'une année. “ J'ai été occupée, que veux-tu. ” Très occupée. Plus occupée qu'elle ne l'avait jamais été. Trop occupée pour se consacrer aux états d'âmes du monde qui menaçait de s'écrouler d'un jour à l'autre. Trop concentrée sur son nombril et une méfiance de tous les instants pour envisager de faire connaitre son trésor au reste du monde ; incluant son père. Elle ne douta pas que cette réponse saurait l'agacer davantage, si c'était même possible, ce pourquoi elle envisagea de confier son unique aventure autour du seul antidote contre l'aigreur, l'incompréhension et une probable colère : un verre. Pourtant sa confession l'arrêta dans son impulsion et elle se retourna à son tour sur lui. Elle hésita un moment, le détailla du regard en silence, à la fois attendrie et sur la réserve. En glissant d'un pas léger dans sa direction, elle se hissa sur la pointe des pieds et fit trainer un baiser sur sa joue puis sur sa bouche, avant de lui échapper de nouveau et prendre le chemin de la taverne la plus proche. “ Ça va pas durer, ” rétorqua-t-elle, le ton léger, mais chargé en hypocrisie. Viola n'avait peur de rien. Même avant de devenir le Capitaine Crochet, elle avait élevée dans la croyance que rien ne pourrait inspirer en elle une frayeur. Son rôle de capitaine était venu exacerber ce principe, cela même si elle se tenait toujours sur ses gardes. Mais même si elle n'en montrait rien, le sentiment se baladait dans ses tripes maintenant que le face à face redouté arrivait. Le rôle d'épouse lui était acquis depuis le tout début, et à l'époque, les enfants étaient évident quand bien même ils n'avaient jamais mentionné d'en avoir. À l'époque... Aujourd'hui tout avait changé, et ce qui avait été évident jadis était devenu grotesque dans le présent. Irresponsable, d'avoir des enfants à leur époque, avec tant d'ennemis à déplorer, et autant de risques à être, he bien, eux. Mais le destin s'en était mêlé, et voilà. Pour une fois, elle avait été contrainte de s'occuper d'elle, et surtout de changer drastiquement l'ordre de ses priorités. “ Je vais t'dire un truc, Jimbo, ” commença-t-elle, en s'asseyant. En marchant, elle avait dérobé une pomme rouge, et s'amusa à croquer dedans pour se donner un sursis, même dérisoire.  Elle aurait pu s'y préparer. Elle aurait dû, même, mais aucune sorte de préparation n'aurait de toute façon été suffisante pour l'accoster avec ce qu'elle cachait. Non seulement de lui, mais de ce monde redoutable. “ T'es très fort. Franchement — ”  Et comme son estime de lui-même sous bien des aspects dépassait l'entendement, elle ne s'attarda pas plus sur le détail que sur sa pomme.   “ Tu voulais pas que j'men aille, et t'as fait en sorte que je m'en aille pas si facilement, ” poursuivit-elle, dardant cette fois un regard dans sa direction. Le tavernier se présenta avec l'habituel du Roger, et si elle ne fit rien du verre qui se tenait devant elle, elle repoussa l'autre, plein de rhum ambré parfumé, dans la direction de son amant. “ Assis-toi, bois un coup.” Cul sec, de préférence, pour le courage. “ Je veux que tu saches, ” en reprenant, elle fit déposa ses lourdes bottes sur la table, et continua à apprécier sa pomme ; pourquoi pas. “ Que c'est la moitié de ta faute, plus ou moins. ”  L'audace, ici. Plutôt plus.  Les détails, elle ne douta pas qu'ils y viendraient à un moment, et elle espérait seulement qu'ils ne feraient que les survoler pour se concentrer sur l'essentiel que voilà. “ Et que si t'as une seule parole malheureuse, rien qu'une seule, toi et moi on va repartir comme avant,   ”  trancha-t-elle, en balançant sa moitié de pomme par-dessus son épaule et en déposant son épée sur la table. Un commentaire trop facile sur sa taille, un mot de trop à propos du bébé, ou quelque chose de cette gamme qui la ferait inévitablement rentrer dans un état de colère brutal. Elle n'était déjà pas d'excellente composition dans son état naturel, mais depuis qu'elle avait donné naissance à leur fille, on parvenait sans peine à l'offenser au-delà de tout entendement. Jim était le roi des pulsions idiotes et de tous ces mots de connards qui tomberaient inévitablement dans l'oreille de la plus caractérielle entre toutes. “ Et on a pas vraiment envie que ça se passe si mal, pas vrai ? ”  Elle fit trainer sur ses lèvres un rictus canaille, évocateur, mais son regard affirma pour elle qu'elle serait implacable. À la recherche d'une affirmation, sa tête bascula d'un côté, puis de l'autre, avant qu'elle ne pose sa main sur la poignée de sa lame, et enlève les pieds de la large table en bois verni. Prête à toute éventualité, si jamais. Regrettable qu'elle s'en méfie à ce point, mais elle avait été amenée à se méfier de tout, et particulièrement des réactions disproportionnées de son homme à grand tempérament. “ J'étais planquée parce que j'étais enceinte, ” finit-elle par avouer, le plus simplement du monde.  Plutôt que de braquer, elle fit glisser vers lui une bouteille pleine, signe s'il en fallait un qu'elle ne se battrait pas si elle pouvait l'éviter.
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Jackson Caverly
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N’y avait qu’elle dans ce monde pour parvenir à lui arracher autant de sentiments contradictoires en si peu de temps. Le manque, mélangé à une pointe de colère, beaucoup de jalousie, et bien trop d’inquiétudes. En dépit du temps passé loin de l’autre, la flamme de désir et d’amour que ce grand et ténébreux capitaine pouvait nourrir à l’égard de sa femme n’avait pas ternit. Bien au contraire. Elle savait précisément comment dompter ce lion sauvage à grands renforts de baisers puisqu’ils étaient si avares en matière de mots doux. Et si cela ne suffisait pas, il la connaissait assez pour savoir qu’elle aurait bien d’autres armes en sa possession pour faire taire son discours de reproches si d’ordinaire il venait à céder à ses anciens démons. Les rires caustiques qu’elle lui glissa à l’oreille auraient autrefois été accueillis par de bien féroces insultes de sa part, mais le Jim qui se pressait contre elle dorénavant savait se satisfaire du seul souffle chaud qui parvenait contre son visage. Les règlements de comptes viendraient plus tard. Devant son air parfaitement détachée et la légèreté avec laquelle elle entreprenait de justifier son absence, Flint serra doucement la mâchoire pour ne pas répliquer aux sarcasmes qui n’avaient véritablement pas lieu d’être ici. Pour toute réaction, il leva les yeux au ciel en hochant le visage de gauche à droite. Exaspérante à chaque instant, et pourtant il parvenait encore à se réjouir de l’entendre se moquer ouvertement de lui. Il ne l’admettrait jamais par fierté, mais grand dieu qu’il aimait ses provocations.  — Et ça par contre ce doit être valable j’imagine ? Je t’en foutrais de l’occupation. Son grognement termina de ponctuer sa phrase tandis qu’il croisait ses bras contre son torse en détaillant d’un oeil amer sa pirate se détacher de lui. Ses réponses savaient l’agacer, et n’était-ce pas finalement ce qu’elle semblait rechercher ? Quelles que soient les raisons qui avaient pu la pousser à se terrer aussi loin et aussi soigneusement, n’y en auraient aucune qui suffirait à excuser un tel affront de sa part. Qu’il croyait, naïvement. Même le baiser qu’elle entreprit de lui glisser ne fût pas suffisant pour calmer ce coeur de boeuf qui grondait de rage au creux de sa poitrine. Son affirmation eut en revanche le mérite de lui faire arquer un sourcil, surpris, tandis qu’il lui emboitait le pas en quête d’un endroit où se poser. Viola et l’éternel voile de mystère qu’elle traînait en permanence dans son sillage. Leurs pas les amenèrent jusqu’à une taverne où ils prirent place avant qu’on ne s’empresse de leur service ce que tout bon pirate se plaisait à tenir dans la paume d’une main : un verre rempli de rhum. Attentif à la suite de ses paroles, Flint n’attendit pas son approbation pour contenter son palais du liquide ambré dont il raffolait. Pour au moins une fois de plus, elle était parvenue à éveiller en lui une avide curiosité. Chose étonnante chez cet homme que l’on disait peu impressionnable. Il dardait sur elle un regard acéré, prêt à en découdre autant qu’elle si le motif qu’elle lui accordait n’était pas jugé suffisant. Il aurait dû se préparer à quelque chose d’énorme et de grandiose, mais Jim avait la fâcheuse habitude de croire que plus rien en ce monde ne saurait le surprendre. L’esprit biaisé et forgé par des années à voguer à travers mille océans, à démonter des centaines de légendes pour en façonner de nouvelles à sa guise, rien ou peu de choses semblaient avoir encore le pouvoir de l’étonner. Pourtant, l’accusation dont il fit étrangement l’objet eut le mérite de retenir son entière attention.  — Ma faute ? Qu’est-ce que tu vas me sortir encore. Qu’il lâcha dans un soupire, d’ores-et-déjà épuisé de devoir attendre aussi longtemps pour une banale confession. Il s’impatientait, lourdement, et parvenait encore au prix d’un effort colossale à serrer les dents pour ne pas lui hurler de cracher le morceau une fois pour toute. A quoi bon le traîner ici si ce n’était que pour jouer avec ses nerfs, chose qu’évidemment elle savait faire à la perfection. Il était le roi des mauvaises décisions et des pulsions idiotes, mais elle était devenue reine en matière d’attaques indirectes. Les mots étaient maniés avec une telle précision, et le regard parlait de lui-même pour illustrer ses intentions s’il jamais d’ordinaire il venait à douter de ses menaces.  — Ça dépend. Je commence à être habitué à recevoir des coups en guise de ‘ bonjour ‘ désormais. Qu’il répondit en haussant vaguement les sourcils, peu intimidé par la lame qui reposait désormais sur la table entre elle et lui. Pour toute affirmation, il lui concéda un léger signe de tête en terminant d’une seule traite le verre qu’il avait encore en main. Lorsque ses mots furent prononcés et que ses lèvres trouvèrent enfin le courage de verbaliser un aveu tenu précieusement secret, Jim senti sa gorge se nouer à la seconde où il fût en capacité d’en comprendre le sens.  — Enceinte ? Qu’il répéta inconsciemment, ses deux prunelles braquées vers elle. Une gifle en pleine figure. A la recherche de quelconques détails, il épia sans un mot la moindre de ses réactions sans pour autant donner la liberté à ses émotions de flâner sur son propre visage. Impassible, trop pour ce qui venait d’être annoncé. N’y avait que ses yeux pour trahir un semblant de ce qu’il était en capacité d’éprouver. Le réflex du soldat voulu qu’il se lève d’un bond de la chaise sur laquelle il reposait pour attraper la bouteille de rhum et en siphonner le contenu. De bien trop larges gorgées plus tard, l’alcool termina sa course contre l’un des murs de la taverne tandis qu’il posait sur son front une main frémissante.  — Ça va faire un an. Finit-il par lâcher à voix basse, plus pour lui que pour elle.  — Onze putain de mois à t’attendre, et tout ce que tu me trouves comme excuse pour justifier ta planque c’est que t’étais enceinte ? Les mots étaient peut-être crus et agressifs, mais le ton employé n’avait absolument rien des habituelles menaces proférées par le capitaine Flint. Il fit trainer sur elle un regard aussi bouleversé que songeur. Sa main était retombée jusque sur sa bouche pour taire les remarques acides et se concentrer sur la nouvelle dont elle venait de lui faire part. Le fait est que non, il ne réalisait pas.  — Pourquoi tu me l’as caché aussi longtemps ? T’arrives encore à pas avoir confiance en moi ? En reprenant, il s’était avancé vers elle jusqu’à poser les deux paumes de ses mains le long des accoudoirs de sa chaise, et ainsi se pencher juste au dessus de son visage. Il traquait les réponses sans bien sûr parvenir à les obtenir. Viola était un océan de secrets, ce n’était plus un mystère pour personne, et malgré qu’il puisse être conscient de toute la valeur et le danger que représentait l’information, il ne pouvait pas concevoir d’avoir été aussi longtemps tenu à l’écart d’une pareille nouvelle.  — Qu’est-ce que tu penses que j’aurais fait en l’apprenant plus tôt ? Jim était bien des choses si pas le plus jaloux des maris, mais il était aussi et surtout un homme que rien ne saurait jamais arrêter lorsqu’il était question de la sécurité de sa femme. Il se pinça les lèvres presque à sang pour contenir toute l’amertume qu’il aurait volontiers déversé sur elle s’il n’y avait pas eu cette petite flamme de joie qui dansait curieusement le long de ses iris.  — T’étais enceinte, et t’as rien dit. Ça concernait pas que toi cette fois-ci. J’aurais pu te protéger. J’aurais pu vous protéger. Finit-il par admettre en se tenant désormais accroupi devant elle, les mains posées sur ses genoux. Il hésitait. Cherchait des mots que sa bouche refusait catégoriquement de prononcer. L’idée de pouvoir être père l’avait peut-être effleurée il y a fort longtemps, mais leurs vies chaotiques n’étaient vraisemblablement pas faites aujourd’hui pour accueillir un enfant. Pourtant, aller savoir pourquoi, le visage de ce maître râleur sembla s’éclaircir très brièvement lorsqu’il releva les yeux vers les siens. Un brin d’espoir au milieu des ténèbres.  — Où est-il ? J'aimerais le voir. Qu’il souffla à son adresse, retenant tant bien que mal cet inédit sentiment d’impatience qui se lisait le long de ses traits. Ses doigts avaient trouvés les siens pour lui faire lâcher la lame qu’elle s’évertuait à tenir, lui faisant comprendre sans un mot qu’il n’y aurait rien à craindre de sa part. Les questions lui brulaient la langue, et il dû se mordre l’intérieur de la joue pour ne pas céder à ce besoin oppressant de les lui formuler. Un acte qui au moins saurait témoigner des indiscutables efforts qu’il était prêt à fournir pour endosser dorénavant un rôle dont elle venait de le gratifier. Et un particulièrement inespéré.
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Hayden Beckwith
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La voilà, la confession inattendue. Lâchée à l'air libre, donnée en offrande aux risques et en pâture à toutes formes de riposte. Elle s'était imaginé le lui dire à plusieurs reprises, incapable de déterminer une meilleure manière, de deviner une réaction dans un vaste océan de possibles. Sans s'être fourvoyée au point de croire qu'elle n'aurait jamais à en parler, et garderait ce secret cachée dans son ombre, elle croyait avoir davantage de temps. Le retour à la civilisation avait été envisagé, mais pas tant, et qui aurait pu trouver sa planque, à moins de retourner le moindre lopin de terre à Erathia ? Sans créer la surprise, puisqu'il était buté à l'indécence, Jim trouvait encore de quoi étonner. Elle aurait dû se sentir lestée d'un poids, pourtant l'enclume tomba de son coeur au fond de son estomac, forçant un passage douloureux dans sa poitrine, et sa poigne autour du pistolet qui dormait dans son fourreau. Au cas où. Il n'aurait jamais l'audace de la violenter, pas pour ça, mais en revanche elle le connaissait bien assez pour connaitre ses réactions, souvent disproportionnée, et savoir qu'il était maitre incontesté des réactions et mots malheureux ; et par principe, après neuf mois à porter progéniture, elle ne supporterait pas ne serait-ce qu'une allusion.  Elle rétorqua un “ Mmmh.  Oui.  ” saturé de sarcasme, craché sur le ton impérieux de l'évidence. Presque une année, oui, mais sous prétexte de ce qui lui paraissait être, non seulement un formidable motif, mais surtout un qui ne saurait souffrir d'aucune forme de rejet ou de contestation. S'il désirait faire étalage du temps, elle aurait pu lui préciser qu'elle était déjà enceinte la dernière fois qu'il s'était vu, sans le savoir, et que leur fille était peut-être plus grande que ce qu'il envisageait, mais à quoi bon. Prise dans un tourbillon de questions, et toutes hautement justifiées, Viola s'enfonça dans son fauteuil et fronça davantage les sourcils à intervention. Elle s'entendit lui rétorquer qu'on ne savait jamais avec lui, et que sans craindre ses réactions, elle se savait à fleur de peau depuis la naissance, et offrait à leur fille les quelques bribes de patience dont elle était capable. Elle avait gardé pour elle puisque les circonstances ne convenaient pas. Parce qu'il se trouvait loin, hors de portée, et qu'elle avait catégoriquement refusé de faire une telle annonce via missive ; une qui aurait vite fait de tomber dans les mauvaises mains. Aussi parce qu'elle n'aurait de toute façon pas toléré Jim durant sa grossesse. Il aurait peut-être cherché à arrondir les angles et à ravaler son mauvais caractère, le temps de quelques moments perdus dans une journée jusqu'à ce que le naturel ne reprenne le dessus, mais Nyus était parvenue à l'irriter plus que tout en ne serait-ce que la regardant trop longuement, alors Jim...   “ C'est pas toi le problème, et tu le sais très bien,  ”  gronda-t-elle, mise à mal par la mention de confiance pourtant indiscutable, et d'une protection grotesque qui eut vite fait de la faire ricaner. Pour ça, elle n'avait besoin de personne. Si elle comprenait qu'il ressente le besoin viscéral de marcher dans son ombre, des fois que le monde la prenne dans le dos à la dague, elle n'était plus cette Viola et aujourd'hui plus que capable de surveiller ses arrières. Pour preuve, elle en était arrivée là sans trop attirer l'attention sur elle. On se questionnait sur son absence, et la possibilité de la voir revenir plus que sur ses aventures ; davantage depuis la disparition du roi. Le problème n'était pas lui, mais les autres, et il était certes tombé dans un amalgame regrettable, et la sérieuse habitude qu'elle avait “ T'aurais attiré l'attention, c'est tout,   ” marmonna-t-elle en croisant les bras au-dessus de sa poitrine, les yeux sur ses cuisses alors qu'il se penchait vers elle, plein d'accusations et de questions auxquelles elle ne voulait pas répondre. Ils attiraient inévitablement le regard lorsqu'ils étaient ensemble, mais ils étaient capable de faire fi, ou de parer aux intentions malhonnêtes, mais un enfant changeait radicalement la donne. “ Qu'est-ce que tu crois que la nouvelle provoquerait, mmh ? Tu crois que le monde viendrait pas pour ton enfant, en sachant que c'est un point de pression idéal pour te faire cracher ton fameux trésor ? ” finit-elle par lâcher, d'un effroyable sérieux. Pouvait-il seulement s'imaginer combien de tentatives d'enlèvement elle avait déjoué, sous prétexte qu'elle avait l'air d'importer au célèbre capitaine qui avait tant pillé que son magot nécessitait sa propre île ; c'est au moins ce que la légende dit. Elle était trop intelligente pour se laisser prendre dans les filets d'autres, parce qu'elle était concentrée en permanence et que ses sens étaient aussi aiguisés sur son sabre. Mais un enfant à charge détournerait forcément l'attention ; la sienne, celle de Jim. “ Peter a disparu et le peuple réclame un membre de notre famille sur le trône. Qu'est-ce que tu crois que Cora, qui n'a aucune légitimité, fera si elle découvre qu'il y a un autre héritier au trône de Nemeree ?  Je sais qu'elle m'attend, et elle finira par m'avoir, mais je te garanti que cette connasse posera jamais un oeil sur  – ” son bébé. Plutôt que de le dire ouvertement, elle échappa un grognement et détourna le visage du sien, à défaut de trouver la motivation de le repousser et se lever. Il en avait peut-être rien à foutre des histoires royales, mais elles n'en restaient pas moins un éternel obstacle en travers de leur chemin. Ils devraient composer avec, et à terme, il devrait en avoir quelque chose à foutre parce que le danger était réel, permanent et bien plus vicieux que n'importe quel autre ennemi. “  L'enfant du Capitaine Flint et du Capitaine Crochet, imagine ça, ” reprit-elle, dans un ricanement sans chaleur. “ On a trop d'ennemis, Jim. Je pouvais pas me le permettre, et peut-être que j'ai eu tort de te tenir à l'écart, mais en attendant, personne soupçonne quoi que ce soit, et t'es le seul à être arrivé ici.  ” Et s'il y en avait eu d'autres, elle aurait fait office de dernière barrière entre le monde et leur fille. Elle soupçonna que sa venue attirerait l'attention sur ce trou perdu. Deux navires imposants amarrés dans la même baie, et pour les connaisseurs, le Walrus et le Jolly Roger. De quoi attirer l'attention des curieux, des pillards et des chasseurs de primes. Elle avait une relation changée avec le danger, et son pressentiment venait de s'éveiller, maintenant qu'il se trouvait là et avait peut-être amené des poursuivants dans son sillage. Pour autant, elle ne trouva rien de plus à redire quant à sa présence ou au fait qu'il avait tous les droits de savoir, et de vouloir rencontrer son enfant. Puisqu'il se trouvait désormais à son niveau, elle lui accorda un regard de haut, et le considéra longuement avant de pousser un soupir vaincu. “ Elle,  ”  corrigea-t-elle dans un chuchotement rauque.   “ C'est une fille. ” Elle ne savait ce que l'information changerait à ses yeux, à part qu'il s'imaginerait plus facilement une version bébé d'elle, ce que leur fille était, qu'un bébé blondinet dont elle se serait aisément contentée. Une raison de plus pour protéger, coûte que coûte, et empêcher à ce monde cruel d'abimer la petite comme il s'était entêté sur ses illustres parents des années durant. “ C'est une longue marche, ” fit-elle, cherchant un moyen de se soustraire à cette rencontre, sans réellement le vouloir, ou même comprendre pourquoi elle agissait ainsi. Un sentiment égoïste, peut-être. Un besoin viscéral de la protéger de tout, y compris de son père qui, même s'ils étaient passé à autre chose, l'avait abandonnée à un moment et dont elle soupçonna qu'il pourrait le refaire avec leur fille ; et ça, elle n'accepterait jamais. Parce qu'elle l'avait portée, lui avait donné naissance, et la protégeait seule, Viola considérait égoïstement qu'elle lui appartenait. L'habitude c'était installée, mais elle n'avait pas le droit de la garde pour elle. Surtout pas dans ce monde dangereux ou deux gardiens seraient mieux qu'aucun, s'il lui arrivait quelque chose. Surtout parce qu'elle avait le père le plus buté et énervé entre tous, mais aussi le mieux capable de l'aimer entre ses deux parents. “ Ok. On va se mettre en route. Juste toi et moi. Tu pourras poser toutes les questions que tu veux, mais je veux que tout ton équipage retourne sur le Walrus. Même John.  ” Des fois qu'il y aurait des taupes. Jamais trop prudente avec sa fille, Viola. Elle se pencha vers lui, glissant son bras sur celui qu'il avait posé sur l'accoudoir, jusqu'à trouver sa nuque, puis sa joue, et glisser un baiser à sa commissure. “  J'en profite un peu, ” souffla-t-elle, déposant un autre baiser, cette fois sur ses lèvres, avant de tapoter légèrement sa joue et se lever. “ Tu vas l'aimer tellement plus que moi. ” Si c'était même possible. Ça l'était. Elle comptait bien dessus.
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Jackson Caverly
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— Le contraire ne m’aurait pas étonné pourtant. Siffla-t-il, songeur, à la mention du fait que ce n’était pas lui le problème. Incapable de demeurer attentif plus d’une dizaine de secondes, Flint continuait à appréhender avec une importance toute légitime le poids de la confession qu’elle venait de lui servir. Les mots employés étaient pourtant des plus simples, mais leur signification bouleversait incontestablement l’ordre de ses priorités. Endosser le rôle d’un père de famille était une idée utopique et une fantaisie à laquelle il n’avait plus songé depuis bien des années. Le chaos s’était immiscé entre eux depuis, balayant leur bonheur pour n’épargner que deux ombres. A ne pas en douter, la jeune Lady Viola et le tout nouveau promu Capitaine James Flint auraient été de merveilleux parents pour accueillir un nouveau né. D’ailleurs, ils n’avaient jamais été timides à ce sujet autrefois, baignés qu’ils étaient dans l’innocence et la pureté de leur amour. Personne n’aurait été en mesure de soupçonner la violence du désastre qu’ils allaient devoir endurer chacun de leur côté. Des routes différentes, mais des coeurs tout aussi sauvagement piétiné par les épreuves qu’ils avaient dû affronter. La vie de pirate l’avait à ce point allégé de toute responsabilité que Jim éprouvait dorénavant le plaisir de jouir d’une forme de liberté anodine. Une qu’il avait appris à chérir tout particulièrement. Dès lors, il n’avait jamais envisagé d’autre projet que de celui de voguer en quête d’un nouveau monde, sans but précis si ce n’est celui de se perdre sur les océans. Certes, depuis le sang avait été versé en compensation pour diverses vengeances pleinement assouvies, mais l’existence n’avait jamais été aussi douce pour ces deux âmes vagabondes. Ils s’étaient enfin retrouvées et que rien ne saurait jamais plus séparer. C’est en tout cas la promesse qu’il s’était faite. La seule raison qui le poussait encore à se battre en permanence se trouvait juste là, sous ses yeux, et elle venait tout juste de lui offrir un nouvel objectif à défendre. Alors face aux arguments que Viola venait de lui suggérer et aux potentiels dangers qui les entouraient, Flint arqua un sourcil, perplexe. — Je crois que tu sous-estimes beaucoup trop nos réputations. Qui serait assez fou justement pour tenter de s’en prendre à l’enfant de ces deux Capitaines. La réflexion était purement innocente, mais il l’appuya d’un regard entendu. De toutes les rumeurs et légendes que l’on pouvait entendre à propos des mers d’Erathia, celles concernant le Jolly Roger et le Walrus demeuraient les plus véridiques. Tous ces meurtres, ces boucheries, ces pillages et ces aventures, chaque récit était bel et bien réel et loin de toute exagération. Quelques libertés avaient été néanmoins prises sur les Capitaines qui commandaient justement ces bâtiments. Crochet et Flint formaient une paire infaillible avant d’être un couple marié, et cela suffisait généralement à éveiller la crainte plus que la curiosité. — Tes inquiétudes sont légitimes, je peux les comprendre. Et quand bien même quelqu’un tenterait de s’en prendre à ce bébé, il se condamnerait à une mort certaine, et ma foi… pas la plus douce. Il laissa courir le long de sa commissure un rictus malin sans jamais baisser les yeux. Sans doute trouverait-elle à redire qu’il était bien trop optimiste - pour une fois - ou complètement naïf. Le fait est qu’il n’avait tout simplement aucune envie de nourrir des angoisses infondées. Viola venait elle-même de prouver à quel point elle pouvait être une mère redoutable en ayant protégé son précieux secret des griffes du monde pendant presque une année entière. Il se garda volontairement de souligner toutefois que, bien entendu, elle n’avait pas tort. Le danger faisait immanquablement partie de leur quotidien, mais devaient-ils pour autant se priver d’un peu de bonheur ? Et surtout : y avait-il quoique ce soit qui puisse un jour convaincre un père de vouloir se tenir plus longtemps à distance de sa fille ? L’annonce lui fit l’effet d’une balle tirée en pleine poitrine. Il étouffa un hoquet de surprise avant de sentir malgré lui un sourire étirer cette bouche bien trop impassible. Sans savoir pourquoi, il avait songé à un garçon. Réflexe idiot sans doute lié au fait qu’on parlait d’un bébé au masculin. Et pourtant, la nouvelle rendit immédiatement la chose bien plus concrète. — Une fille… Il avait repris ses mots, rêveur et plus touché qu’il ne l’aurait cru. Il hocha la tête sans évoquer le moindre refus devant sa demande amplement justifiée. La prudence était de rigueur et ils avaient suffisamment côtoyé les lâches et les forbans pour savoir qu’aucun pirate n’était pleinement digne de confiance. Dans un soupire régalé tant par la confession que par ses baisers, Jim demeura immobile sous la brève étreinte qu’elle lui concéda. — Un peu de concurrence ne te fera pas de mal. Souffla-t-il, plus amusé cette fois-ci par sa remarque. Comme s’il était même possible que Viola puisse un jour pâtir d’une quelconque forme de rivalité. L’arrivée imprévue de ce petit trésor remettait peut-être la question sur le tapis, mais le fait est qu’aucune femme n’arriverait jamais à la cheville de celle qui avait harponnée son coeur. Belle depuis toujours, il ne se passait pas une seule seconde sans qu’il ne la regarde comme si elle était un joyau. Son île mystérieuse pouvait bien regorger de richesses et d’or, Jim ne trouverait jamais aucun trésor plus précieux que celui qui portait son alliance et qu’il tenait entre ses bras aujourd’hui. Ainsi donc, ils se mirent en route. Le Capitaine ordonna à son second que l’équipage attende son retour sur le navire, et bien que sceptique devant un tel ordre, John Silver se contenta d’obéir sans chercher à demander plus d’explications. Brave garçon. Seuls une nouvelle fois, Viola au devant et Flint à ses côtés, les deux pirates s’adonnèrent à une brève randonnée en direction du fameux cocon qui abritait leur fille. — La dernière fois que nous nous sommes vus, tu le savais déjà ? Un oeil avisé dans sa direction, la question lui avait échappé alors même qu’il y songeait à l’instant. Elle avait été capable de feindre bien des choses et de garder pour elle tant de secrets qu’il lui arrivait parfois de soupçonner certaines hypothèses plutôt que des vérités. Le ton se voulait plus doux que d’ordinaire, sans doute déjà attendri qu’il était par tout ce que cette journée venait de lui accorder. Jim n’était pas ce genre d’homme curieux à prétendre vouloir tout connaître de sa femme sous prétexte qu’elle était sienne. Il respectait ses mystères, accueillait parfois à contre coeur ses refus de se confier à lui, mais entendait sagement ses décisions. Elle avait ses raisons, dont certaines pouvaient le rendre fou de rage, mais que de toute manière il n’avait d’autre choix que d’accepter. Aussi, et parce qu’en fin de compte ils n’avaient jamais réellement pris le temps d’évoquer leur vie commune, Flint s’arrêta un bref instant en posant sur elle un regard songeur. — Nous n’avons jamais reparlé de ça jusqu’à aujourd’hui. L’habitude s’était installée qu’ils ne discutaient que trop rarement désormais. Les conversations tournaient davantage autour de leurs ennemis, des projets, de ce qu’ils avaient pu accomplir. A aucun moment le passé n’était évoqué, ni même leur avenir ensemble. — Tu regrettes ? Là encore, la question était risquée, il en avait conscience, mais elle le connaissait suffisamment pour savoir que ça ne l’arrêterait jamais. Sa main avait attrapé la sienne pour stopper sa progression et la faire se tourner vers lui, l’autre avait trouvé sans peine le chemin de sa nuque pour se réfugier et se perdre dans ses mèches de cheveux. — Avant qu’on aille plus loin, j’aimerais juste que tu saches une chose. Des fois qu’elle aurait le moindre doute concernant ses intentions. Il laissa courir un vague sourire le long de ses traits, ses yeux fixés au sien pendant qu’il prenait un certain plaisir à rapprocher leurs visages. — Du moment où je l’aurais vue, il n’y aura aucun moyen pour que tu puisses ensuite me demander de garder mes distances dans le but de la protéger. J’ai déjà fait l’erreur de partir une fois en te laissant derrière moi, regarde où ça nous a mené. Notre enfant ne sera jamais plus en sécurité qu’auprès de l’un de nous et tu le sais. Pour une fois, faisons ça ensemble. Souffla-t-il avant de ponctuer sa phrase d’un baiser sur ses lèvres. Pour tous ceux dont il avait été privé.
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Hayden Beckwith
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Si elle sous-estimait le poids de leurs réputations, lui sur-estimait copieusement la crainte que leurs noms suscitaient à Nemeree. Ils étaient certes respectés à bien des égards, peut-être admiré, mais lorsqu'il fallait avancer un pion sur l'échiquier, s'enrichir ou d'une vengeance, la réputation n'était plus qu'un détail insignifiant. Devant tant de vanité, Viola se rebiffa et sentit son instinct rugir sur ces quelques mots égocentriques. “ Ça c'est bien de la réponse de connard égocentrique, imbu et bien trop sûr de lui. T'es un pire crétin qu'on ne le croit si tu as l'audace de croire un seul instant que ta prétendue réputation sauvera tes fesses. Personne n'en a quoi que ce soit à foutre de ton nom ou de ta réputation lorsqu'il en vient à s'enrichir.  ” Puis s'il n'avait été que lui et qu'elle n'avait été qu'elle, il ne l'aurait pas même impressionnée dans un bras de fer. Peut-être que par la force des choses, il l'aurait emporté sur elle, mais il n'aurait gagné ni sa crainte, ni son respect, et certainement pas le privilège de s'épargner ses manigances.   “ Ne sous-estime jamais tes ennemis. Si pas pour toi, pour ta fille. Quand on fait le compte, toi et moi ne sommes que des humains dans un monde de magiciens. Tenir un gouvernail n'y change rien et ne te confrère aucun espèce de pouvoir. ” Le ton était véhément sans toutefois s'élever au gré des mots. Elle était, comme toujours, d'un remarquable calme, mais armée d'un ton qui ne souffrait d'aucune forme de contestation ; malheur sur lui s'il avait l'audace de la contredire, ou ne serait-ce que de la couper.   “ C'est aussi pour ce genre de certitudes grotesques que j'ai préféré te laisser dans l'ignorance. La crainte n'est pas un mal, Flint. La certitude, en revanche, est un fléau. Si t'as envie de finir dans le caniveau, les boyaux à l'air, ça te regarde, mais pas ma fille.  ”  Elle douta pouvoir mieux lui faire comprendre que l'ordre de ses priorités avait drastiquement et tragiquement évolué. Et non, elle ne reprendrait pas ce ma ouvertement et volontairement possessif ; elle avait porté et donné naissance, et lui ne voyait jamais plus loin que le bout de son pif. Maintenant sortie et en route, Viola avançait d'un pas ferme, déterminé, au milieu de ce qui était d'abord une route de mer, puis se transforma lentement en forêt tropicale. Elle n'était d'ordinaire pas de ceux qui montraient toute forme d'angoisse, mais ses doigts, plutôt que de trouver planque dans les poches de sa veste puisqu'elle n'en portait pas, valsaient ensemble contre son estomac. Elle soupira d'agacement à plusieurs reprises, les yeux rivés sur leur chemin et bien incapable d'extraire un vrai ressenti quant à ce moment. À sa question, elle continua d' avancer sa perdre sa cadence, ni se retourner sur lui, puis au terme d'une réflexion, finit par répondre simplement :   “  Non.  ” Elle avait bien d'autres préoccupations, toutes bien trop impérieuses pour s'imaginer même contrôler ce genre de choses. Elle s'était confrontée à la réalité après une réflexion idiote devant son miroir, à ruminer sur des pantalons de plus en plus étroits et des vestes de moins en moins amples. Aussi simple que ça. Le reste de ses symptômes s'était perdu dans le simple fait qu'ils étaient en mer et que le temps avait été capricieux à ce point qu'elle s'était sentie parfois vaseuse ; sans jamais rien en montrer. “ Nyus s'en doutait, mais elle n'a rien dit. ” Cette conne. Bien sûr, cela n'aurait rien changé à son cas, mais Nyus l'avait considérée du matin au soir avec plus de prudence qu'elle n'était capable de tolérer, et lorsque la réalité de la nouvelle l'avait frappée en pleine poitrine, Vee avait réalisé que Nyus gardait pour elle un secret bien trop personnel. Viola l'avait collée au régime pain sec pendant plusieurs semaines avant de céder au fait que Nyus était certainement la mieux capable de l'aider, et qu'elle avait craint une réaction de façon parfaitement légitime. Elle n'en avait que peu parlé avec Nyus, moins encore avec Tibby et tous les autres. Comme toujours, elle avait gardé ses émotions et ses sentiments pour elle, serré les dents et avancé la tête haute. Comme elle s'entêtait à le faire maintenant qu'il posait ses questions, et qu'elle ne ralentissait pas.   “ Pourquoi faire ? J'ai peut-être envisagé d'avoir des enfants un jour, mais hélas, mon ambition s'en est allé, comme tout le reste.   ” Le ton était badin, quoi qu'un rien venimeux. Elle ne mentait pas en disant qu'elle avait, il était une fois, rêvé à lui donner des enfants, mais tout ceci appartenait au passé. Devenue Capitaine, délestée du carcan trop étroit de la Lady, ses ambitions avaient connu un revirement à 360 °, du blanc au noir. Les enfants n'avaient aucune place sur le Jolly Roger, et elle portait sa veste de Capitaine bien mieux que n'importe quelle autre.  À y repenser, et à le mentionner si ouvertement, elle repensa à combien le fossé entre leur passé et leur présent était vertigineux. Elle aurait voulu être son épouse, lui donner des enfants, une vie confortable et heureuse. Aujourd'hui elle était incapable de seulement s'asseoir avec lui et le regarder dans les yeux, le coeur et les bras ouverts ; ou d'imaginer qu'elle pourrait éventuellement mettre en parenthèse le Roger, pour lui, et leur fille.   “ Disons que si j'avais eu le choix, nous aurions une toute autre conversation, dans un décor bien différent.  ”  Une discussion à propos d'un sujet trivial, autour d'un verre, les coudes sur le comptoir du Crimson, par exemple. Elle ne regrettait que lorsque la petite n'était pas sous ses yeux, mais une fois qu'elle était dans ses bras, le sentiment se muait en quelque chose de profondément différent. Elle ne pourrait rien changer et ne le ferait pas pour tout l'or du monde, mais si on lui avait offert un choix, elle aurait emprunté la porte de sortie plutôt que donner naissance à une petite fille dans un monde trop cruelle et en perpétuel combat pour faire régner le chaos. À sa main sur la sienne, elle sursauta et se retourna, prête à être furieuse, ou seulement irritée, puisque c'était là sa parade idéale pour contrer tous ces moments trop sérieux, trop profond pour elle. Les lèvres pincées, elle fit glisser un regard de dédain sur cette main qui tenait fermement la sienne, puis sur son bras, son épaule, sa nuque, jusqu'à trouver ses yeux et déglutir. Lui, et son besoin viscéral de la toucher, l'agripper, alors qu'elle détestait ça. Pas de lui, évidemment, mais elle frémissait au moindre contact ; jamais de la même manière pour Flint. À ses mots, elle échappa un sifflement, raflé par un baiser auquel elle se déroba en détournant le visage trop tard. Oh, il ne l'aurait pas si facilement. “ Dans ce cas tu regretteras ton omniprésence le jour où quelqu'un naviguera sur tes traces et trouvera ton autre trésor. Tu te mettras à dos, he bien, moi. Ce pour toujours, parce que crois bien qu'on ne revient jamais de ce genre d'épreuve. Et tu vivras seul avec ce fardeau. Celui de nous avoir perdues toutes les deux,  ” fit-elle, d'une calme lugubre, et d'une sincérité qui l'était autant. Ses grands yeux noirs plantés dans les siens comme deux dagues fraichement aiguisées, elle se mordit la lèvre avant d'avancer d'un pas vers lui, effleurant sa veste du bout des doigts, sa poitrine flirtant avec son torse.   “ Elle ne sera jamais en sécurité avec nous. Je n'ai jamais été sauve, parce que tout le monde connaissait le poids de mon existence et, si tu veux d'autres raisons, parce que ton frère cherchait un moyen dérobé de t'atteindre.”  Il y en aura toujours un.   “ Personne ne sait qu'elle existe, et c'est tout à son avantage. Elle peut grandir loin du poids d'être notre fille, parce que c'est ce que c'est : un poids. Tu crois que ta réputation te préserve, et c'est peut-être vrai. En revanche, elle ne préserve pas ta fille, c'est même tout l'inverse. Alors je ne te dis pas que tu ne peux pas la voir comme tu veux, ni qu'elle sache qui tu es pour elle. Bien sûr que non. Je te dis simplement qu'elle ne peut pas grandir avec nous. Pas dans notre monde.” Elle s'était détendue. Si pas dans le ton, au moins dans les traits. Ses doigts glissaient sur sa chemise, jusqu'à trouver la pointe de son menton, sur lequel elle s'attarda un moment, avant qu'elle ne se hisse sur la pointe des pieds et laisse trainer sur ses lèvres le baiser qu'elle avait rendu amer par principe. “ Je refuse qu'elle soit comme nous, et à ce sujet, tu t'alignes ou tu dégaines et on règle ça maintenant,  ” fit-elle, dans un souffle perdu de sa bouche à la sienne. La provocation était pleine, ouverte, sérieuse. Cependant elle lui fit l'honneur de ne pas dégainer, afin de s'assurer qu'il comprenne qu'ils n'avaient pas à en arriver là. Brusquement, elle se détourna et se déroba à leur proximité, et reprit sa marche. “ Ou vise correctement maintenant que j'ai le dos tourné. Peu importe ! Comme tu le sens !  ” héla-t-elle, caustique, un rien trop taquine. En vérité, il n'avait pas réellement d'autre choix que de subir ses décisions, ou de l'assassiner.
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Jackson Caverly
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Sans surprise, sa réaction ne se fit pas attendre bien longtemps. Devant l’agressivité de ses propos, Flint éructa d’au moins un grognement supplémentaire, les yeux levés au ciel. Il avait cru naïvement qu’avec le temps il finirait par s’accoutumer à ce caractère tout sauf évident à appréhender, mais il n’en était rien. Viola était cet animal sauvage qu’il ne serait jamais en mesure de complètement apprivoiser. La moindre contrariété suffisait à la faire se rebiffer, et puisque malheureusement le Capitaine Flint était loin d’être réputé pour savoir arrondir les angles et apaiser les tensions, les bras de fer qui se jouaient entre eux étaient loin d’être terminés. Et parce qu’il était de ces hommes noyé dans un océan de fierté, il ne donnerait jamais raison à des mots qui, évidemment, tombaient sous le sens. Ils n’étaient effectivement que deux corsaires armés de balles et d’épées, quand devant eux pouvaient se tenir des ennemis bien plus coriaces et possédant des dons qui sauraient les anéantir d’un claquement de doigts. Pour toute réponse, Jim siffla sa rancoeur de bien mauvaise foi, une grimace vexée étirant les traits de son visage renfrogné.  Notre fille.  Qu’il corrigea volontairement à la fin de sa réplique, froissé et ouvertement touché d’une telle audace de sa part. Jim était indiscutablement l’un des hommes les plus possessif et jaloux que ce monde ait pu engendrer. Malheureusement pour lui, il semblerait que l’instinct maternel d’une jeune mère envers sa fille puisse lui donner du fil à retordre. Là où on se serait pourtant attendu à ce qu’il renchérisse en crachant son venin, Jim se mordit la langue et se contenta de la suivre en silence, une armée de soupires pour tout l’agacement qu’elle provoquait en lui. Il avait tragiquement appris de ses erreurs, et l’une d’elles avaient été de ne pas l’avoir écoutée à l’époque. Aussi, et pour cette raison, il demeura silencieux et écouta d’une oreille distraite les réponses aux quelques questions posées précédemment. La réflexion à propos des enfants eut le mérite de lui faire lever les yeux vers elle. Hélas oui, les ambitions qu’avaient été les leurs autrefois avaient drastiquement changées au gré de la vie qu’ils menaient dorénavant. A bien y penser, la nouvelle d’avoir à accueillir un enfant dans des conditions aussi chaotiques avait de quoi le laisser songeur. Jim avait beau être entêté sur bon nombre de sujets, il ne pouvait nier l’appréhension que représentaient les nouvelles responsabilités qui étaient devenues siennes depuis qu’elle lui avait fait part de l’existence de cette petite.   — Je vois. Le sujet s’avérait être en fin de compte bien plus sensible que ce qu’il ne laissait paraître. A sa tentative de se dérober au baiser qu’il avait entreprit de lui offrir, il sentit son coeur se serrer devant une frustration évidente. Quant à ses mots, il se mit soudainement à fuir son regard en fixant un point invisible par dessus son épaule, amer. La réplique était incisive mais savait très justement où frapper pour savoir se faire entendre du plus inconscient des pères. Il avait ouvert la bouche, s’apprêtant à protester avant qu’elle ne lui coupe l’herbe sous le pied en reprenant de plus belle et se jouant se leur proximité pour le faire taire. Voilà au moins un point sur lequel il ne discuterait jamais : Viola savait très exactement comment lui parler. Des coups de couteau avec les mots pendant que ses mains se chargeaient d’attendrir le coeur qui frappait sous sa poitrine. Il écoutait, attentif et réduit au silence pendant que ses deux billes noires étaient forcées de retrouver celles qui lui faisaient dangereusement face. — Tu crois que je serais assez inconscient pour risquer sa sécurité ? Eh bien que je vois que t’as toujours autant d’estime pour moi. Charmant. Fit-il, certes calme mais amer et aussi vexé qu’un enfant le serait. Il accueillit pourtant son baiser en se maudissant d’être aussi faible dès lors qu’elle prenait l’initiative de le toucher. Bien sûr, il lui donnait raison sur certains points, mais ses inquiétudes n’étaient pas apaisées pour autant.  — Y a pas besoin d’aller chercher bien loin pour trouver de quoi remettre en questions tes certitudes à ce sujet. Regarde-toi. Qu’il lâcha dans un soupire âcre.  — Je t’ai laissée et qu’est-ce que j’y ai gagné, mmmh ? T’étais pas plus en sécurité pour autant. Ce que je regrette à l’heure actuelle c’est de ne pas avoir été avec toi quand t’en avais besoin. Va pas me faire la morale là-dessus, je crois que j’suis encore le mieux placé pour savoir que nos ennemis sont pas toujours situé face aux canons de nos flingues. T’as peut-être survécue, mais t’en as payé le prix et j’me pardonnerai jamais pour ça. Grand dieu non qu’il ne pourrait jamais se le pardonner. Pour assouvir une vengeance stupide, il avait choisi de parcourir les mers et pensait naïvement avoir laissé sa fiancée en toute sécurité à Nemeree. Qu’il avait été idiot de croire que son absence ne profiterait pas à d’autres menaces tapies dans l’ombre. Tout comme elle s’était détendue, Flint était redescendu d’un cran en substituant la colère par la résignation.  — J’aurais été là, tout aurait été différent et nous aurions peut-être effectivement une autre conversation, dans un autre décor sans être prêts à dégainer nos épées au moindre danger. Mais pour ça, il aurait fallu que je reste avec toi. J’ai fais un choix que je regretterai toute ma vie Viola, tu peux pas me demander de faire plus ou moins le même pour elle sans rien dire. Alors peut-être qu’en effet elle ne lui demandait pas d’être absent et qu’ils conviendraient ensemble de visites régulières auprès de leur enfant. Mais la simple idée de devoir lui tourner le dos, quand bien même ne l’avait-il toujours pas rencontrée, lui était déjà insupportable. Une phrase eut cependant le mérite de le faire taire dans son discours, et il se pinça les lèvres en baissant le visage. Là-dessus, il lui donnait entièrement raison, si pas davantage. Non, elle n’avait pas à être comme eux. Elle n’avait pas à vivre en se sachant en permanence dans le viseur d’un potentiel ennemi. Elle n’avait à voler, tuer et marchander pour avoir le privilège de simplement pouvoir respirer. Là où ils avaient cruellement échoué, leur fille avait au moins ce droit parfaitement légitime d’être heureuse et d’envisager un avenir bien plus radieux que celui de ses parents.  — Tu crois vraiment que personne ne saura jamais rien ? Tu viens de le dire toi-même : on a bien trop d’ennemis. Qu’il s’enquit finalement tandis qu’elle s’éloignait et reprenait sa marche. Pour de trop rares fois, il sentit une boule venir se bloquer au creux de sa gorge. L’angoisse. Chose étonnante de la part de celui que l’on disait sans crainte, ou presque. Viola n’avait jamais été que le seul motif qui animait ses appréhensions, et voilà désormais qu’un tout petit être suffisait à lui faire réviser l’ordre de ses priorités. Quelques minutes filèrent avant qu’il ne décide une fois encore de lui barrer la route en la faisant volontairement se percuter contre son torse. Un rien de provocation ouverte où il en profita pour poser ses mains le long de ses joues et ainsi l’obliger à lever les yeux vers lui. Son regard épia le sien un court instant sans qu’il prenne la peine de prononcer le moindre mot. Juste pour le plaisir de la regarder, de s’en régaler, et d’apprécier toute la proximité qu’elle-même prenait grand soin d’éviter.  — Je t’ai pas écoutée la première fois. Qu'il commença à voix basse en se pinçant les lèvres.  — Et je refuse de vous perdre toutes les deux pour ça. On a pas à régler quoique ce soit, c’est déjà fait. Et même si l’idée ne me plait pas, je te suivrai. Un aveu inédit pour ce Capitaine trop confiant d’ordinaire pour tolérer les décisions qui n’émanaient pas de lui. Là encore, Viola parvenait à être une exception et à lui faire entendre ses arguments sans avoir à dégainer la moindre épée… Sans compter bien sûr sur le reste des armes qu’elle avait en sa possession et qui atteignaient constamment leur cible.  — Et j’imagine que je n’ai pas vraiment le choix de toute façon. Qu’il termina dans un soupire las en faisant retomber ses mains pour lui offrir le luxe de s’échapper et reprendre leur marche.
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Hayden Beckwith
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Se mordre la langue, pour ne pas purement et simplement lui rétorquer que c'est sa fille. Lui n'a fait le travail que pour quelques pauvres minutes, et elle a enduré le reste seule. Alors sa possessivité défiante, il pouvait la ravaler et s'étouffer avec. Elle pouvait la comprendre, reconnaitre sa légitimité toute relative, mais n'était pas forcée l'accepter. Elle garda pour elle qu'il n'aurait rien su s'il ne s'était pas trouvé au bon endroit au bon moment, du moins pas tout de suite. Qu'il devrait se sentir honoré d'avoir même des enfants, là où tous les deux ne méritaient pas tel privilège et qu'elle se serait volontiers passé de ce coup du destin. Viola voyait cette naissance comme une épreuve de plus, là où beaucoup voyait une bénédiction et un moyen, le meilleur, de retrouver le droit chemin après des années et des années à ratisser les sentiers escarpés et dangereux. Comment aurait-elle pu y voir un miracle ? Après tout ce temps, et tout ce que le destin lui avait fait endurer ? Elle serait peut-être seule. Surement même. Au fond d'elle, elle espéra que Jim parviendrait à y voir une providence, un don, là où elle ne voyait que le mal. Sinon la petite se condamnait à une vie de questions, de faux espoirs et de distance. Enlacée par une humidité tiédasse et le souffle court de cette randonnée dans la mangrove, où l'air ne transperçait que peu l'épais toit de branchages et de bestioles, elle se laissa bercer par le chant de ses propres réflexions et des alentours. Aussi par sa volonté d'imposer ses règles, pour toujours inébranlable, mais à lui concéder quelques réponses dont il avait rudement besoin et qu'il était en droit d'exiger. Stoppée dans sa progression, sa langue claqua dans sa bouche, appuyant davantage sa lubie de le contredire et de lui prouver, comme toujours, à quel point il avait tort et combien il n'avait aucun contrôle. Sur bien des aspects de son rôle de Capitaine, certes, mais jamais sur elle. Aucun baiser, quelques caresses à peine et une proximité mesquine, voilà ce à quoi il avait le droit. La minute d'après offrirait peut-être une différence drastique, mais celle-ci venait avec son lot de vérités mordantes sur lit de sarcasme.   “  ... Oui. Absolument, ”  rétorqua-t-elle, dans un tac au tac cinglant. Il était le plus inconscient entre tous. Souvent bien malgré lui, mais quand même. Pour preuve, tout ce qu'ils avaient discuté depuis qu'il avait foulé ce sol. Qu'il pose la question répondit à la question en elle-même.   “ Si ça peut te rassurer, je n'estime pas grand monde,   ” Pour ne pas dire personne.  Elle ne s'estimait pas elle-même, ou si peu, alors quel respect pourrait-elle porter aux autres, tous aussi indignes les uns que les autres. Pour adoucir ce qui tenait d'une moitié de mensonge, moitié de confession, elle fit glisser ses lèvres sur les siennes, et elle jura que c'est ce qui déclencha un laïus auquel elle aurait dû s'attendre, mais parvint malgré tout à surprendre. Le voilà, le fameux discours. Celui qu'ils attendaient tous, et elle particulièrement. Elle s'était résignée à ne jamais être graciée de ses regrets les plus profonds, et il choisissait ce moment pour se livrer. “ Jim... ” commença-t-elle, dans une tentative rendue vaine de le couper. La première d'une longue série.   “ Ça n'a rien à voir. J'étais une adulte, on parle d'une enfant. ” Sans parler du fait qu'elle avait un allié de poids de son côté : son frère. La petite ne pouvait compter que sur eux et il pouvait croire en sa toute puissance, ils n'en restaient pas moins à l'effroyable merci de ce monde magique. “ Arrête, ” finit-elle par trancher. Bien sûr, une partie d'elle lui en voudrait à jamais de l'avoir quittée, si facilement et pour un motif aussi dérisoire que celui de courir après sa vengeance. En revanche, elle avait appris à vivre avec l'idée qu'il n'aurait jamais pu prévoir. Que ce qui s'était déroulé durant sa longue absence ne concernait qu'elle, et les quelques malchanceux qui avaient subi Drake, et son père. Pendant longtemps, ç'avait été trop simple d'accabler Jim de tout, mais elle avait appris à compartimenter ses aigreurs pour mieux les maitriser, plutôt que de les laisser l'engloutir toute entière. “ T'aurais rien pu faire pour moi. ”   Elle était née en danger. Une cuillère en argent dans la bouche, mais une épée de Damoclès au-dessus de son berceau.   “ Ça se trouve, tu serais mort. Contrairement à ce que t'as l'air de croire, t'es pas invincible. On sait pas ce qui serait arrivé. Tout ce qu'on sait, c'est qu'on est là, maintenant et qu'il faut arrêter de vivre dans le passé.  ” Voire s'avancer, un pas prudent après l'autre, vers un futur qui ne concernait plus qu'eux. Il n'était plus question de survivre et régner, mais d'offrir une chance à leur fille, et de le faire bien.   “ Je sais que tu regrettes, trésor. Je sais. Mais je suis là. J'ai survécu. J'ai donné naissance à ta fille. C'est tout ce qui doit dorénavant compter pour toi. ” Ils devaient prendre ce qu'ils avaient entre les mains maintenant et refuser au passé de les définir davantage. Une impulsion poussa sa main à trouver sa joue, glisser vers sa nuque, agripper vaguement les longues mèches derrière sa nuque et de l'autre, replacer celles qui tombaient devant ses yeux. “ Si on n'essaye pas, c'est certain qu'ils sauront, ” fit-elle dans un soupir, après avoir relâché sa prise et s'être remise en route.  Effectivement, il n'avait pas tant le choix, et le simple fait qu'il le sache et s'y conforme inspira à ses lèvres une moue satisfaite. Attaboy ! darda-t-elle, régalée. Elle continua d'avancer quelques pas et à s'enfoncer davantage dans une forêt de plus en plus dense. Tant et si bien que le cadre lui fit l'effet d'une nuit noire en plein jour. Par mesure de sécurité, et parce qu'elle était devenue un monstre de méfiance, elle dégaina son épée. Malgré qu'ils marchent encore en silence et qu'elle l'ait emporté dans un argument simple, Viola ne pouvait s'empêcher de deviner qu'au fond, il ne parviendrait pas tant à s'y faire. Une partie d'elle comprenait, puisqu'il avait avancé des arguments valables, ce pourquoi il résistait malgré tout. Au moins en fond, dans un silence de jugement, mais elle ne voulait pas essuyer des impulsions, parce qu'elle le connaissait assez pour savoir que ça arriverait, sous prétexte qu'elle s'était contenté de lui imposer sa volonté sans la lui faire complètement accepter.   “ Écoute. Mon raisonnement est simple. Je sais que tu vas de toute façon te faire au plan, mais je veux que tu le vois du même angle que moi. John a été élevé dans l'anonymat et oui, peut-être qu'aujourd'hui, il fait un pirate médiocre, mais regarde ce que cet anonymat à fait pour lui. Il a une vraie famille, des amis, un rôle. Si ça lui fait envie, il peut se construire un avenir qui lui ressemble.  Il n'a peut-être pas été là pour moi et réciproquement, mais il l'a été pour toi, et à mes yeux, ça n'a aucun prix. Il était exactement là où il aurait dû être. John est, aujourd'hui, la meilleure version de ce qu'il aurait pu être. Il est bon, comme moi avant. Il vise à protéger, préserver, comme Peter à l'époque. Parce qu'on lui a donné la chance d'être autre chose qu'un pion et de ne pas subir le poids de son héritage. ” Peter et elle étaient le résultat d'abus en cascades. Des abus que John n'avait pas subi et qui l'approchait, au plus près, de ce qu'ils avaient un jour été tous les deux. Une lueur sur une tâche sombre, et une que leur père n'avait jamais eu l'opportunité d'annihiler. Elle voulait une chance pour leur fille de faire ses propres choix, d'être qui elle désirait être. Et si elle en venait à être comme eux, ainsi soit-il, mais au moins elle aurait sa chance. “ On arrive bientôt, ” souffla-t-elle, apercevant une volute de fumée transpercer entre les arbres. Encore quelques minutes de marche avant le grand saut.
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L’étonnante balance qui parvenait à garder leur couple en équilibre était surprenante à bien des égards. Nombreux seraient ceux qui pourraient légitimement s’interroger sur la paire que formaient ces deux capitaines, et il ne se trouvait pourtant pas de lien plus inébranlable que le leur. Sur bien des aspects, ils ne s’entendraient jamais parfaitement et continueraient inlassablement à se livrer de multiples batailles que ce soit par les mots ou par l’épée. Mais il était au moins une vérité que l’on ne pourrait jamais leur enlever : ils s’aimaient, à leur façon, à la fois intensément et violemment. Quels que soient les dires employés et parce qu’elle trouverait toujours de quoi remettre en question ses propos, Flint continuerait de la regarder avec ces mêmes yeux, et l’instinct d’un époux préoccupé par les décisions de sa conjointe. Ici en l’occurence, Viola usait de son timbre implacable pour lui faire entendre raison, et comme toujours - ou presque -, elle parviendrait à ses fins. Il s’était depuis longtemps résigné à obéir plus qu’à contredire. Capitaine du Walrus, peut-être, mais un homme parmi les autres dès lors qu’il était confronté à l’autorité de sa femme-pirate. Cela n’engageait cependant en rien le fait qu’il puisse parfois ouvertement lui montrer son désaccord. Ici, à l’entente de ses réponses, Jim leva les yeux au ciel en échappant un soupir vaincu.  — Ça, on le saura jamais. Siffla-t-il, plus aigri qu’il n’aurait dû l’être. Peut-être serait-il mort. Probablement même. Mais au moins il aurait respecté son choix et se serait tenu à ses côtés en se battant pour sa vie plutôt qu’en quête d’une vengeance inutile. Pendant trop longtemps il avait nourri ses remords pour être capable de les chasser d’un revers de la main à l’aide de quelques paroles. Il n’avait qu’à poser les yeux sur elle, sur les cicatrices qu’elle portait et dont la plupart n’étaient même pas visibles, pour se rappeler à quel point il était coupable du chaos qu’étaient devenues leurs existences après son départ. Il avait appris à vivre avec mais ne serait jamais pleinement capable d’oublier ce qui avait été commis. Pas de là à se morfondre continuellement, certainement pas, mais suffisamment pour qu’il ne prenne jamais la peine de commettre une nouvelle fois l’erreur d’agir contre sa volonté. Il hochait la tête, peu convaincu mais entendait d’une oreille distraite ce qu’elle essayait de faire. Ses yeux ne trouvèrent le courage de se reposer sur les siens qu’en sentant sa main venir se poser contre sa joue. Ces instants-là étaient devenus rares, si pas quasi inexistants. Et c’est peut-être justement ce qui les rendaient si importants. Viola savait comment le toucher par les paroles, mais bien plus encore par les gestes quand bien même ceux-ci demeuraient exceptionnels. Il éructa d’un soupir devant sa confession en amenant sa main effleurer la sienne avant de s’y déposer, sa joue nichée docilement contre sa paume. — C’est tout ce qui a jamais compter pour moi, et tu le sais. Là, tu viens simplement de me donner une raison supplémentaire de continuer. Fit-il simplement, sincère et naturel. Elle était le seul motif qui l’avait poussé à poursuivre sa route jusqu’à présent. A cela, il était donc parfaitement logique que leur fille devienne au même titre sa nouvelle priorité. Il grimaça brièvement à son rictus, visiblement réjouie de l’entendre se soumettre à sa décision. Il en serait toujours ainsi, et ce malgré les pitoyables tentatives qu’il pourrait mettre en oeuvre pour défendre ses opinions. Depuis qu’ils s’étaient retrouvés, Jim s’inclinait à chaque fois, la moindre bataille menée envers elle étant de toute manière vouée à un cuisant échec. Et comme si cela ne suffisait pas, elle rajouta de quoi lui faire pincer les lèvres et stopper leur course alors qu’ils semblaient enfin s’approcher de leur destination. — Utiliser John en guise de comparaison, c’est très malin. Souffla-t-il dans un semblant de grimace, effroyablement calme malgré les sourcils froncés. — La différence, c’est qu’il n’a pas vraiment eut le choix de devenir ce qu’il est. On lui a imposé d’être élevé par quelqu’un d’autre, et il était déjà cet homme-là quand il a rejoint le Walrus. Oui, il trouverait éternellement à contredire. Oui, il esquissa un mince rictus le long de sa commissure avant de lever les paumes des mains pour les présenter à elle et d’ajouter : — Même si je partage ton opinion à ce sujet, ni toi ni moi ne pourrons empêcher notre fille de suivre nos pas dès qu’elle sera en âge de choisir qui elle veut être. Le fait est que dans le fond, il lui donnait entièrement raison. Laisser l’opportunité à leur fille de pouvoir choisir ce qu’elle voudrait être et devenir était de loin la plus difficile et la plus juste des choses à faire. Dieu seul savait ce qu’aurait pu devenir John s’il avait effectivement grandit auprès de son frère et de sa soeur. Serait-il toujours ce même gamin, bon et loyal envers l’un des plus effroyables pirates ? Sans doute pas. Il était la seule petite source de bien qui continuait à faire tenir à flot le Walrus, son équipage et surtout son capitaine. Leur enfant avait bien le droit de connaître la même opportunité. Jim hocha la tête d’un air sinistre, mais convaincu. A contre-coeur bien sûr, puisqu’il ne parviendrait jamais réellement à tolérer ce choix, mais il était de loin le plus logique. — Et je ne me risquerai pas à tenter de l’en dissuader, surtout si elle a ton caractère. Il arqua une nouvelle fois un sourcil en lui emboitant le pas, un rien sarcastique quand bien même ses traits ne laissèrent entrevoir aucune forme d’humour. Son regard se posa sur la fumée qu’ils purent bientôt distinguer devant eux, et c’est peut-être à cet instant qu’il réalisa soudainement à quel point ils étaient proches de la rencontre. Une qu’il n’avait jamais autant appréhendée pour tout ce qu’elle engendrerait par la suite.  S’agissait de leur fille. Une enfant inespérée qui lui ferait porter un rôle sur lequel il avait depuis longtemps tiré un trait. Anxieux, il l’était. Nerveux, plus encore. Et c’est pour cette raison qu’il laissa volontairement Viola prendre une avance considérable, restant prudemment en retrait et le souffle coupé jusqu’à ce qu’ils arrivent enfin à l’endroit en question. — Attends... Qu'il commença à voix basse, hésitant et se tenant quelques mètres plus loin. Le Capitaine Flint, paré à affronter n'importe quel tyran de ce monde mais intimidé par l'idée de rencontrer son propre enfant. Il échappa un soupir, puis un second sans jamais la lâcher des yeux, et prit une poignée de secondes avant de la rejoindre. Lèvres pincées, coeur battant la chamade sous cette façade qu'il tentait de faire paraître inébranlable. En vain.
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