souls always know their way back home · w/serensouls always know their way back home · w/seren



 
-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

Sora Warhust
always & forever, in this heart of mine
Sora Warhust
name : beckwith · julia
inscription : 11/11/2020
posts : 37 faceclaim © : catriona gray

souls always know their way back home · w/seren Empty

· My darling, ' all I want is to be your moon, and show you all the little stars of my heart. ·
· · · · · · · · · · · · · · · ·
@ALEC WARHUST · seren of erendieren // KHIFUSEL'S INN.

Épuisée et plus souillée que jamais, Luna se présenta malgré tout au Gold'n touch  à l'heure convenue par Aika. Son corset trop étroit lui rentrait dans les hanches et laissait des brûlures à chaque mouvement trop brusque, et on avait délibérément fendue sa longue jupe pour laisser entrevoir sa cuisse. Un témoin de qualité, selon la matrone qui regarda son petit personnel arriver d'un air délecté. Elle souffrait de ses vêtements trop serrés, de tout ce qu'ils révélaient et que, malgré qu'elle n'ait jamais été bien farouche de ce côté-là, elle aurait voulu cacher. Pour autant, les vêtements n'offraient aucune comparaison valable aux traces immondes qu'elle avait sur les côtes, dans les dos et sur le galbe de ses cuisses.  Un homme avait laissé sa marque dans sa nuque, comme si elle avait été la proie chanceuse d'un prédateur affamé, et si Aika avait juré qu'on ne remarquerait rien tant qu'elle se déshabillait, Luna ne voyait que ce témoignage ingrat de ce qu'elle avait dû faire pour se remettre dans les bonnes grâces de tous, et ainsi survivre.  Ne s'agissait que d'un mauvais moment à passer. Comme à chaque fois, excepté qu'elle avait désormais a dessein de prétendre à mieux que ce à quoi elle était prétendument destinée. Au moins quelque chose qu'elle avait gagné de son moment avec Seren. La bourse qu'elle emporterait avec elle ce soir lui permettrait de se payer un semblant de liberté. Qu'importe le moyen, qu'importe la destination, tant qu'elle trouvait un passage vers un autre monde, impérativement meilleur ; elle douta de toute façon que pire soit même possible.  Aika avait pardonné malgré tout la maladresse, mais mettait un point d'honneur à ne plus la ménager. Si auparavant Luna jouissait de certaines libertés et savait qu'elle échapperait systématiquement aux clients de la maison qui n'était pas bourgeois, propres et prêt à payer tant la beauté que la discrétion, aujourd'hui elle se pliait aux mêmes obligations de toutes les filles. On s'amusait de constater qu'elle était tombée en disgrâce à ce point que la mère maquerelle confiait sa précieuse petite Luna aux barbares et aux crèves-la-faim, et elle tolérait les mains de ces hommes sur elle contre la certitude que leur argent finirait par lui garantir qu'elle n'aurait plus à se pencher devant eux, les laisser la prendre, l'agripper comme si elle n'était qu'une viande bien ferme, et un moyen comme un autre de se soulager. Face à la perspective de cette nuit, qu'elle jura être la dernière, Luna frémissait malgré tout de devoir, encore, subir ces assauts. Aika l'avait insultée la veille, critiquant le fait que la prison ait fait d'elle une petite chose fragile, cela parce qu'elle avait l'air de trembler du matin au soir et n'osait plus regarder personne dans les yeux. Cela sans savoir que la prison n'avait été qu'un prélude, et qu'il n'avait fallu qu'un homme indécis pour briser son orgueil, son amour-propre, et ce coeur minable qui luttait sous sa poitrine uniquement à des fins vitales. Les dents serrées et une fausse détermination dans le regard, Luna se présenta cette fois à elle en jurant que peu importe où il se trouvait, Seren n'aurait pas raison d'elle ce soir. Qu'il n'existait plus, était chassé même de ses pensées, et qu'elle ne s'enliserait pas encore dans un détresse mal contenue à le penser avec le coeur, avant qu'on l'oblige à donner son corps. On l'informa ainsi que Jacen, l'homme à dents, était en chemin et avait demandé à lui mettre son compte de nouveau. La perspective lui inspira le plus grand mépris, mais en cherchant un gain à devoir lui appartenir, elle repensa au fait qu'il aimait prendre son temps et perdre son argent bêtement, alors qu'elle n'aurait peut-être pas à prendre un autre client pour ce soir. Aika lui rappela les règles avant qu'elle n'aille le retrouver au Khifusel's Inn, une auberge réputée pour être un point de rencontre plus discret que la maison close en elle-même. Qu'elle devrait se plier à toutes ses demandes farfelues si elle ne voulait pas terminer le couteau sous la gorge, ou pire, dans l'estomac. Qu'il ne serait peut-être pas son dernier client de la journée. Elle jura que Aika voulait lui faire payer cette histoire de rubis en la tuant au travail, et c'était peut-être le cas, pourtant elle buta sur le peut-être évocateur. La rumeur courrait que le Walrus avait accosté dans la matinée, et même si Aika n'avait eu aucune demande, on s'attendait à ce que Flint  débarque comme le Roi en ses lieux et exige plutôt que de demander. Si pas lui, les membres de l'équipage se ferait un malin plaisir. Si c'était vrai, elle aurait enfin son billet de sortie. Flint lui devait bien ça et si pas, elle trouverait un autre à embobiner pour s'assurer une place à fond de cale ; tant qu'elle quittait ce trou. Alors elle se rendit au Khifusel, l'estomac prit dans l'espoir bête que quelqu'un surgirait et l'empêcherait de passer sa soirée avec Jacen. Il était après tout marié. À une femme qui avait trois fois son âge, mais dormait littéralement sur son argent. Luna était un moyen pour Jacen d'avoir entre ses bras un joli petit lot pour quelques heures et d'oublier qu'il devrait aller se coucher auprès d'une relique. De goûter à l'attirance, la vraie, quand bien même cette attirance ne fonctionnait que dans son sens. Encore qu'on ne pouvait pas dire qu'elle tombait mal, il était plutôt bel homme et les filles auraient volontiers troqués leurs clients pour le plaisir d'avoir Jacen. En arrivant, Luna avait espéré que John fournisse un motif valable de se défiler, malheureusement elle n'avait croisé personne, et Jacen, qui attendait le coude contre le comptoir, se redressa en la voyant, un sourire régalé sur les lèvres. Le dernier pour la route, Luna, le dernier. Elle s'apprêta à le rejoindre, la bouche fardée d'un sourire de façade effroyable de réalisme, mais dans la ruelle, ses yeux s'arrêtèrent sur une silhouette. Une ombre plutôt, qui disparut immédiatement sous la devanture voisine. Depuis toujours et ici , et aujourd'hui, plus que jamais, elle se méfiait de ces ombres, souvent armées des pires desseins. Elle fronça un sourcil, perturbée, mais le moment ne dura point, et elle fit son entrée dans ce qui se rapprochait le plus à une taverne de luxe à Deyja. Zuna fricotait déjà avec un autre client sur un tabouret, mais Siell attendait patiemment dans l'entrée que le sien en ait assez de sa liqueur pour se consacrer à elle. Pourtant les deux se retournèrent sur la personne qui se tenait dans l'entrée, arrivée presque en même temps qu'elle. On retint immédiatement sa respiration, comme si l'odeur dans la pièce s'était muée en quelque chose de tout à fait différent et de sensationnel à ce point qu'on ne regardait plus que cet homme. “ Quoi ? ” demanda Luna, perplexe. Idiote. Elle se retourna pour apprécier à son tour qui diable pouvait troubler les plaisirs salaces de cette assemblée, elle ses prunelles trouvèrent l'amour. Sa tête bascula doucement à arrière et elle échappa un soupir d'irritation et de soulagement mêlées. Pourquoi ? Elle-même n'aurait su dire. Les lèvres pincées, elle préféra l'ignorer immédiatement et superbement plutôt que de donner à croire qu'elle en avait quelque chose à faire, quand bien même son coeur hurlait son désaccord.  Lorsqu'on lui demanda si elle le connaissait , toute Luna se contenta d'hausser les épaules et de rétorquer un “ Non, ”  ferme et incisif avant de s'en détourner. Jacen la pointait du doigt, un sourire bâtard sur la bouche, et l'obligea, plus qu'à l'inviter, à venir le rejoindre.
Revenir en haut Aller en bas
Alec Warhust
goin' down the bayou, takin' you all the way
Alec Warhust
name : sasha
inscription : 12/11/2020
posts : 42 faceclaim © : c. yaman

souls always know their way back home · w/seren Empty

Là où personne ne l’aurait attendu avant plusieurs mois, Seren réussissait encore à balayer toute logique en foulant pour au moins une nuit encore les terres arides de Kozakura. Comme à chacune de ses visites, le dieu des archers se glissait à travers les rues, les tavernes et les bordels à la recherche d’un seul et unique visage. Le seul qui puisse importer au milieu de cet univers de débauche et de brigands. S’agissait de la seconde fois qu’il était amené à arpenter les moindres recoins de Deyja en quête du nom qui, sans surprise, n’avait à aucun moment cessé de le hanter depuis son départ. Lui qui pensait jouir d’un court instant d’accalmie en se réfugiant dans le pays des neiges éternelles s’était tristement fourvoyé. Luna était devenue une obsession dévorante. Qu’importait l’heure, le paysage où quelle compagnie partageait son temps, il se trouvait toujours un détail pour lui rappeler l’absence de sa muse. Cette femme-là avait laissé sa marque aussi bien dans sa chair que dans son esprit, balayant toutes les certitudes qu’il pouvait avoir à propos d’un amour dont il ne voulait pas entendre parler. Cela sans savoir que quoiqu’il puisse faire dorénavant, elle était celle dont il désirerait continuellement et ardemment la présence. Sa liberté et son libre-arbitre lui avaient été arrachés ce jour-là, rendant parfaitement vulnérable un coeur que l’archer s’était acharné à protéger durant des siècles. Dès l’instant où leurs âmes s’étaient liées, avec pour seul témoin un soleil qui n’aurait cure d’aller conter ces faits à la lune, il aurait dû comprendre. Seren, tout puissant immortel qu’il était, n’était finalement rien de plus qu’un homme au milieu des autres. On aurait pu croire qu’un fils de Zeus aurait préféré fréquenter la haute bourgeoisies plutôt que de sillonner les dédales d’une région connue pour ses bordels et ses mauvaises fréquentations. Et pourtant, son choix se porta bien malgré lui sur une file de joie et une voleuse appartenant à la lie de ce peuple impropre aux yeux de biens des souverains. Mais ce n’était pas cette image qui hantait ses jours et ses nuits, mais bien celle de son sourire, et tant d’autres. Le souvenir de ses mains brûlantes contre sa peau, le goût sucré de ses lèvres contre les siennes, les saveurs de son souffle dans sa bouche, et surtout, bien au delà de ces détails, il y avait celui de ses yeux et du regard gorgé d’affection et de désir qu’elle lui avait offert. Certains affirmeraient qu’il n’éprouvait tout cela que parce qu’il s’agissait du reflet quasi parfait de sa défunte déesse, et ils auraient effroyablement tort. S’il l’avait également cru durant un court instant, Seren ne s’était jamais plus fourvoyé que le soir où il avait décidé de prendre la fuite plutôt que d’assumer. Il avait chassé leur bonheur en prétendant croire à un mensonge, et un qui aurait, il le savait, de lourdes conséquences sur leur relation. Pouvait-il seulement avoir la prétention de dire qu’ils partageaient encore quelque chose ? Des regrets pour seuls bagages et sous les conseils d’une nièce bien trop avisée, Seren avait quitté les glaces de Frostväll pour rejoindre le chemin de la rédemption avec l’espoir qu’il puisse exister. Il ne lui fallu que quelques heures, un peu d’argent et beaucoup de patience pour réussir enfin à obtenir le nom de l’auberge qu’elle occuperait ce soir. Une ombre volatile à l’abris de toute lumière, l’archer avait appris à se tapir dans l’obscurité pour ne pas attirer les regards et taire les soupçons. C’est ainsi qu’il regagna sans mal la façade du lieu indiqué par celle qui se vantait de posséder les plus belles filles de la région. A l’abris sous une devanture voisine, ses yeux sombres ne s’arrêtèrent que lorsqu’elle pénétra enfin son champ de vision. Sa poitrine se souleva un instant mais le moment ne dura pas. Il aurait aimé la rejoindre, stopper sa course en se manifestant pour lui révéler sa présence. Puis il y eut cette espèce d’appréhension idiote, et sa bouche qui, malgré qu’elle soit entrouverte, n’échappa aucun son, pas même son prénom qui demeura coincé au creux de sa gorge. Lui qui se serait jadis vanter de ne pas connaître la peur se trouvait soudainement occuper la place d’un petit garçon intimidé. Pour de trop rares fois, on l’entendit pousser un juron lorsqu’elle entra dans l’auberge et que, machinalement, ses pas se mirent à la suivre. L’entrée fût aussi brusque et soudaine qu’on aurait pu le soupçonner. Cet homme, bien plus grand que tous les autres et bien plus robuste que la plupart, immobile sur le pallier d’une porte qu’il avait délibérément laissée ouverte. Le visage à découvert, il n’avait pas eu à chercher bien longtemps avant de reposer ses yeux sur celle qui occupait ses songes. Il s’apprêtait à la rejoindre, mais cette vision qui aurait dû charmer son coeur le stoppa brutalement. Ses lèvres se pincèrent doucement en même temps que ses poings trouvèrent la force de se refermer. Ses iris avaient une nouvelle fois trouvé une ébauche encore différente de la femme qu’il avait appris à aimer. Des vêtements qu’il aurait été plaisants de la voir porter s’ils n’avaient pas été aussi vulgairement choisis pour mettre en valeur des formes qui sauraient trouver des regards lubriques. Il aurait voulu détourner le visage, fusiller ceux qui avaient l’audace de commenter sa présence en ces murs, mais n’en trouva pas la force. Il retint sa respiration à son refus de vouloir admettre qu’elle le connaissait, et ne résista pas à la pulsion de venir lui barrer la route en se postant entre elle et l’homme qu’il avait deviné être son bourreau pour la nuit. Ou peut-être était-ce lui à bien réfléchir. — Viens avec moi. Je dois te parler. Qu’il glissa d’une voix bien trop ferme pour un homme réputé doux. Sa main s’était machinalement glissée jusqu’à son poignet lorsque son regard chercha à scruter le sien en s’imposant tel un rempart devant elle. Et un qui ne saurait céder aussi facilement. — Je ne compte pas partir d’ici si c’est ce que tu espères. La mâchoire était serrée, et si tout son visage portait les marques d’une contrariété mal contenue, ses deux prunelles gardaient cependant le même éclat chaque fois qu’elles venaient à se poser sur elle. Les mêmes émotions, encore et toujours, refaisaient surface. Les battements désordonnés d’un coeur dans sa poitrine, la respiration saccadée, et les frémissements de ses doigts contre sa peau. Juste assez pour terminer le convaincre qu’il était bel et bien devenu dépendant de cette femme. Il n’aurait su dire ce qui se passait autour d’eux tant son attention demeurait suspendue à celle qui se tenait devant lui. Ô l’homme derrière eux pouvait bien rugir de la présence de cet illustre inconnu, il ne récolterait de la part du dieu qu’une profonde ignorance. — Ne me pousse pas à bout Luna. Je veux simplement te parler, s’il te plait. Qu’il répéta, plus calme dans sa menace et étonnamment suppliant. Lorsqu’on lui demanda de quitter les lieux une première fois ou de consommer, il n’écouta pas, et n’écouterait pas davantage les mots qu’on essayerait de lui adresser s’ils ne venaient de pas de la bouche de sa muse. Pas que sa présence et sa requête soient des motifs suffisants pour qu’elle accepte aussi facilement de le suivre, mais une petite voix appelée Naïveté tentait de lui insuffler cet espoir. Quel idiot. Mais pouvait-on le rapprocher à cet amoureux ?
Revenir en haut Aller en bas
Sora Warhust
always & forever, in this heart of mine
Sora Warhust
name : beckwith · julia
inscription : 11/11/2020
posts : 37 faceclaim © : catriona gray

souls always know their way back home · w/seren Empty

Pour beaucoup, Seren était exceptionnel dans son physique et son indéniable charisme, mais pour elle, il était arrivée ce soir dans un tourbillon d'émotions parfumées. Entêtantes, mais jamais écoeurantes. Son odeur inspirait à son coeur blessé un désir immédiat, et elle poussa un soupir d'avance vaincu à le sentir dans son dos, alors même que ses yeux ne se régalaient pas encore du superbe tableau qu'il donnait à contempler. Elle se mordit la lèvre, les yeux rivés sur Jacen qui se régalait déjà de son arrivée et l'informait d'un sourire gourmand tout ce qu'il s'apprêtait à lui faire. Son coeur battait à rompre les cordes qui l'emprisonnait, et elle se dégouta de constater qu'il lui fallait se concentrer sur un client quelconque, et un qui ne lui faisait pas même l'honneur de la ménager, afin de ne pas s'abandonner à une contemplation de Seren. Elle voulut mettre un pied devant l'autre, et persévérer avec panache dans la mascarade impliquant qu'elle ne savait rien de lui, mais comme souvent, Seren décida pour elle. Il tenta, au moins, parce que devant ce qui résonnait dangereusement comme un ordre, Luna ne créa pas la surprise en jouant les fortes têtes.   “ Non, merci, ” trancha-t-elle, en voulant se donner un air détaché sans y parvenir. Pas même un peu. Elle lui arracha son bras d'un mouvement brusque, mais perdit son piètre combat contre lui dans sa tentative vaine de le contourner. Un grondement dans la gorge, elle osa enfin dans sa direction un regard noir, témoin de son irritation grandissante, mais aussi de tout ce qu'elle tentait de déguiser : regret, aigreur, colère, douleur. S'il la connaissait, au moins un peu, il verrait là toutes les plaies encore à vif qu'il avait laissé sa peau en se refusant à elle de la pire des manières. Si pas, il verrait la même Luna caractérielle, fougueuse et pénible que tous les autres, clients ou non, voyaient. Celle-là même qu'elle tentait désespérément d'être ; celle-ci parvenait toujours à avoir le port altier malgré les écueils et il était tellement plus simple d'être la Luna des grands jours que celle qui avait voulu se faire aimer d'un homme et n'y était pas parvenue.   “ Alors prend un siège, un verre, et profite du spectacle, ” rétorqua-t-elle immédiatement, mais très simplement.  Elle ouvrit un bras vers la taverne, désignant un public affamé et quelques camarades d'infortunes déjà à l'oeuvre. Le spectacle ne dépendait pas totalement d'elle, et elle était loin d'être une tête d'affiche, mais une partie d'elle espéra qu'il ne verrait qu'elle dans les bras d'un autre. Que la scène susciterait une jalousie, et une qui prouverait qu'il éprouvait au moins une once d'affection pour elle malgré qu'il ait sa satanée lune sur son piédestal de coeur. Elle aurait voulu être de ces femmes fières qui n'avaient cure de ces stratagèmes de femmes bafouées. Être plus forte, plus grande que sa déception. Être capable de se relever, les morceaux de son coeur dans les mains, et être capable de les recoller pour jouir du privilège d'avoir survécu à l'un des plus grands mal de ce monde, et tous les autres : une peine de coeur. Mais Seren ne lui avait pas accordé assez de temps pour rassembler les débris. Même. Elle ne se sentirait jamais complète, à moins qu'il ne tienne dans ses bras toutes ses pièces. Dans sa consigne et demande, elle entendit un semblant de menace qui ne s'y trouvait peut-être pas, mais elle lui en voulait à un point tel que tout ce qu'il aurait l'audace de lui dire serait inévitablement et immédiatement pris dans le sens qui lui convenait, à elle, soit complètement de travers.   “ Sinon quoi ? ” riposta-t-elle, aussi brusque, ouvertement provocante et irritée qu'on puisse l'être. Ça, en dépit d'une fragilité évidente, presque palpable.   “ J'ai rien à t'dire, et j'en ai rien à foutre de ce que tu me veux. ” D'aucunes diraient qu'elle était injuste, et ne perdrait pas beaucoup plus à l'entendre, mais Luna eut le sentiment parfaitement amer et injuste que si elle lui ouvrait de nouveau sa porte, Seren lui causerait davantage de dégât que ce qu'elle était capable d'encaisser. Elle qui tenait déjà sur un équilibre précaire seulement maintenu par la perspective de s'en aller. Ce soir, ou demain à l'aube, selon quel accord elle parviendrait à passer avec le Walrus. Plus que ce soir, plus que cette commission, et elle pourrait ensuite partir avec son maigre salaire, sans jamais se retourner vers Deyja.   “ J'ai du boulot devant moi, et j'ai déjà assez perdu de temps avec toi,  ” acheva-t-elle, toujours armée de la même détermination et du ton de défi. Et quel boulot ingrat... D'ordinaire, elle aurait foutu le camp et laissé son client en plan. Elle aurait demandé à Aika son pardon, aurait fabriqué une belle fable pour justifier qu'elle ait foiré sa commission du soir, et aurait ainsi épargné à Seren de la voir dans l'habit le plus dégradant qu'elle ait à porter. Tout pour qu'il ne subisse pas autant qu'elle sa situation peu enviable, et surtout, qu'il ne puisse pas juger qu'elle doive se laisser malmener, souiller pour quelques maigres pièces et la garantie bancale de survivre un jour de plus. Mais d'abord par orgueil mal placé, et ensuite parce que Jacen était en quelque sorte la pièce qui achèverait de payer son passage vers la sortie, elle décida de tenir son rôle. Elle retournait à son rôle infâme de pute, et ferait croire à Seren qu'il en était responsable sans le dire ; et peut-être, sur le fond, que ce n'était pas tout à fait faux. Il l'avait abandonnée au caniveau dont il avait voulu la tirer, malgré qu'elle ait refusé son assistance et qu'il avait insisté à grand renfort de charme et de belles promesses, et de cet espoir ridicule qu'elle aurait voulu vomir à ses pieds si ça signifiait en être débarrassée pour de bon. Elle lui en voulait au-delà de toute entendement de l'avoir laissée, mais surtout de lui avoir donné à croire en la vie, et en eux, alors qu'elle s'était résignée à l'enfance. Tout ça pour s'assurer une bonne conscience et la clémence d'une défunte idéalisée devant l'éternel.  Elle trinquait pour la déesse Selene, et se douta que ce n'était pas la première fois, mais jura pour elle-même que ça ne se reproduirait plus.  Jacen avait payé en avance, comme toujours, et il n'avait donc aucun doute à avoir sur le fait qu'il finirait sa soirée penchée au-dessus d'elle, ses dents plantées dans sa gorge, ses mains dégueulasses sur ses hanches et ses reins dans le confort de ses cuisses. Alors puisque sa marchandise tardait à lui parvenir, il fit l'effort de se lever, de délester sa main de sa lourde pinte encore pleine afin qu'elle puisse trouver Luna à la hanche, puis la serrer à la taille. Il étouffa un ricanement et un large sourire régalé dans sa nuque, pile à l'endroit où il avait laissé une trace douloureuse la verte. Ses bras emprisonnèrent sa taille, et elle suffoqua malgré elle à l'étreinte trop soudaine. Jacen aimait prendre son temps, jouer avec ses cheveux, sa peau, la moindre courbe qu'il trouvait à ce point jolie qu'il se sentait obliger d'y laisser trainer ses lèvres. À son oreille, il laissa glisser l'ordre qu'elle se ramène au comptoir, et si elle ne parvint pas à réprimer le frisson de dégout qui se manifesta sur sa peau en une chair de poule disgracieuse, elle acquiesça doucement à l'ordre.   “ J'arrive. ” Elle accompagna la promesse du plus prodigieux sourire hypocrite jamais produit, et répondit à un baiser sur la commissure d'un autre, parfaitement consciente qu'ils avaient un public exceptionnel ce soir. Seren ne méritait pas de se prendre une telle scène dans la figure, mais il l'avait profondément blessée et il n'y avait alors plus aucune place pour la décence. Oui, Luna était garce à ce point lorsque son orgueil était touché, et elle espéra que Seren était aussi détaché et serein qu'il prétendait l'être, sinon ce soir promettait encore bien des rebondissements.   “ J'arrive qui ?  ” Insupportable. Son air enchanté, autant que sa sale manie de chercher l'affection.  Mon coeur, répondit-elle mécaniquement, les lèvres toujours maquillées de ce ravissant sourire de façade, aussitôt perdu alors qu'il rejoignait des amis, et son siège, non sans laisser une main s'attarder en une claque bruyante sur ses fesses. Paradoxalement, Luna cherchait ouvertement Seren, mais elle refusait de lire dans ses yeux ce qui le traversait maintenant. La mine basse, mais les épaules droites, elle échappa un soupir avant de ponctuer ; qu'elle croit.   “ Si t'es encore venu pour me dire que tu veux m'aider, tu peux aller bien te faire voir. Je sais que tu fais ce que tu veux, où tu veux, parce que tonton est l'patron en ville et que tu te crois investi d'une mission, mais te sens pas obligé de systématiquement venir m'emmerder. Je me débrouille comme une grande, et comme tu le sais, j'ai besoin de l'aide de personne. La tienne, en particulier.  ”  Pour ce que ça lui a apporté, il était bien la dernière personne qu'elle avait envie de voir. Les lèvres serrées, elle souffla un bon coup, reprenant son courage à deux mains et son sourire de façade, et s'en détourna pour aller sauter dans les bras d'un Jacen ravi, et formidablement entouré.
Revenir en haut Aller en bas
Alec Warhust
goin' down the bayou, takin' you all the way
Alec Warhust
name : sasha
inscription : 12/11/2020
posts : 42 faceclaim © : c. yaman

souls always know their way back home · w/seren Empty

Sans surprise, la requête qu’il avait formulée un peu plus tôt se heurta à un mur d’aigreur. Parce qu’il la connaissait, au moins un peu, Seren resta de marbre devant le refus qu’elle lui concéda pour toute réponse. Elle ne lui ferait pas l’honneur de le ménager, il le savait, et c’est armé d’une profonde patience et de beaucoup d’appréhension qu’il s’était présenté à elle ce soir. Luna était à ce point indomptable qu’il la savait suffisamment déterminée pour s’acharner à évincer soigneusement sa compagnie. Et c’est précisément ce qu’elle entreprit de faire ici et là, sous son nez et son regard impuissant. N’y avait aucune raison qui puisse le pousser à la blâmer pour réagir de la sorte, mais son coeur se serra de constater les tristes conséquences qu’une malheureuse décision de sa part avaient pu engendrer. Elle s’était dérobée à sa main posée contre son poignet, et la laissa bien malgré lui se détacher de toute la proximité qu’il tentait inconsciemment d’imposer entre eux. Ce satané besoin viscéral de la sentir auprès de lui et qui lui avait tant manqué. Lorsque enfin elle se décida à lever les yeux dans sa direction, Seren sentit sa gorge se nouer sous le poids d’une honte qu’il portait désormais sur les traits désolés de son visage. Il s’était refusé à elle de la pire des manières, avait osé caressé un bonheur éphémère du bout des doigts en lui promettant bien des merveilles avant de se volatiliser. Une désillusion soudaine, horriblement cruelle pour celle qu’il laissait derrière lui, et qu’il assumait ce soir en supportant le regard acéré de sa toute mortelle obsession. Parmi tout ce panel d’émotions qu’elle semblait éprouver pourtant, l’une d’entre-elles termina de lui lacérer les entrailles. Si la colère et la rancune étaient évidentes, la douleur, elle, lui explosait littéralement en plein visage. Une qu’elle pouvait essayer de lui masquer, éventuellement, mais qui se lisait sans peine le long de ses traits. Sans baisser le visage, il affrontait les moqueries, les ripostes et les éclairs lancés par ses yeux sans même sourciller. La scène suscitait peut-être un quelconque intérêt pour les curieux qui les entouraient, mais le dieu ne se soucia guère de leurs spectateurs. Fort en apparence, mais brisé à l’intérieur, il se forçait à garder la tête haute et une patience qui commençait à s’amenuiser à mesure que ses paroles tombaient les unes après les autres. A son tour, Luna s’armait de remparts pour protéger un organe dont elle pensait sans doute qu’il n’en avait cure. A tort. — Ce n’était pas une menace. Qu’il rétorqua sans attendre la suite de ses dires. Seren n’était pas homme à imposer sa volonté aux autres, quand bien même sa carrure et son statut lui accordaient parfois tous les droits. Cependant, ici et devant elle, sa patience toute divine qu’on lui connaissait se trouvait mise à l’épreuve. Il serra la mâchoire sans rien trouver à redire, mais ses jambes ne bougèrent pas pour autant. Des attaques, encore et toujours, façonnant une bulle défensive dans laquelle elle essayerait de se réfugier. Il aurait été question de n’importe quelle autre femme, Seren aurait respecté ses voeux, tourné les talons, et regagné Harmondale sans plus d’insistance. Sauf qu’il n’était pas question ici d’une femme, mais de Luna. Celle qui avait su voir l’homme avant le dieu, l’amant avant l’ami, le coeur avant l’immortalité. Il s’était laissé enveloppé par un curieux et étrange sentiment lorsqu’elle s’était pressée contre lui pour partager tout ce que leurs regards ne suffisaient plus à traduire. Plus que jamais en l’espace de trois siècles, il avait laissé tombé le voile du guerrier solitaire pour se plaire et s’enticher de l’affection toute sincère qu’elle lui avait promis et apporté. Il aurait été si simple de s’en satisfaire, de rester lover dans ses bras chauds, son visage dans sa nuque, sa peau régalée de ses baisers… Tout ça aurait été si simple, si beau. Mais il était parti. La peur au ventre et le goût infâme de la trahison dans la gorge. Il l’avait aimée. Durant ces quelques heures où ils avaient échangés les plus beaux des moments, il l’avait aimée au point d’en oublier Selene. Son nom, les quatre lettres qui le formaient, gravées sur son coeur qui avaient ce jour-là battu au rythme du sien. — Appelle ça comme tu veux, ça ne durera pas. Au mot qu’elle utilisa volontairement pour qualifier son occupation du soir, son visage se referma et il fronça les sourcils. Un boulot. Evidemment qu’elle jouait sur les termes employés, puisqu’elle savait à quel point il était malade de la savoir exécuter un tel labeur pour gagner sa vie… ou plutôt sa survie. Tout pour le faire enrager, et cela fonctionnait bien plus qu’il ne saurait lui montrer. Et comme un heureux hasard, ledit travail en question ne se fit pas attendre plus longtemps pour se manifester auprès de son gain. L’homme qui avait quitté le comptoir se pressa auprès d’elle, répugnant et armé de tout ce qu’un bon pervers se devait de posséder comme arme. Un sourire à vomir, des mains baladeuses, et un regard beaucoup trop lubrique pour que cela puisse laisser impassible celui qui le fusillait du regard. Les ongles plantés dans la paume de ses mains, Seren observait sans un mot, fou à l’intérieur, calme à l’extérieur, mais une flamme absolument ivre de rage vacillant au creux de ses iris. Là où son coeur fit une embardée, ce fût lorsque ses yeux se posèrent sur la marque qu’elle portait à la nuque. Une parmi tant d’autres, témoignant de toute la brutalité de celui qui se régalerait de sa chaleur d’ici une poignée de minutes. Un numéro disgracieux, horrible, et devant lequel Seren demeura bien trop calme pour que cela puisse paraître rassurant. N’importe quel amant se serait empressé de réagir, briser une mâchoire ou proférer des menaces. Pas lui. Il se tenait là, debout, les lèvres pincées et ses deux perles sombres rivées sur un visage qu’il scrutait avidement. L’ultime geste de vulgarité qu’il adressa à Luna en s’éloignant d’eux termina de le convaincre que cet homme ne sortirait pas indemne de cette auberge. Paradoxalement, ses yeux n’avaient pas quitté le bourreau, et même les paroles adressées à son égard ne furent suffisantes pour lui faire décrocher son attention. — Je me passerai de ta permission pour le faire dans ce cas.  Qu’il lâcha fermement à mi-voix. Ses mains tremblaient, à l’instar de ses jambes et du reste de son corps. Pour ce que ses rares excès de violence étaient capables de commettre, il était pleinement conscient que céder à ces pulsions ici et devant elle ne serait probablement pas ce dont elle aurait besoin. Pourtant, lorsqu’il trouva enfin la force de détourner le visage pour reporter son attention sur Luna, ce n’est plus tant sa colère qui lui explosa en pleine figure mais bel et bien le masque de façade dont elle venait de se parer pour affronter sa bête. Un sourire pour cacher des larmes, sans doute. Un air ravi pour couvrir les hématomes et la douleur engendrée par ses coups. Atroce. Immonde. Impensable. — Cette fois, c’est toi qui es entrain de commettre une grave erreur si tu penses que je vais en rester là. Qu’il lui souffla à l’oreille lorsqu’elle le contourna pour regagner le roi de la soirée. Une minute. C’est ce qu’il leur accorda pour laisser le temps à ce formidable pervers de gouter à sa marchandise. Soixante longues secondes où ses prunelles, rivées sur eux, se dégoutaient de devoir assister à pareille représentation. Puis il y eut la pulsion de trop, l’instant de faiblesse où son coeur domina l’esprit pour le faire regagner le comptoir de sa démarche ferme et assurée. Son bras fendit l’air entre elle et son client, plantant ainsi la pointe aiguisée d’une flèche dans une main qui s’apprêtait à venir s’emparer un peu trop fermement d’une nuque qui portait suffisamment de cicatrices. — On lâche. Qu’il gronda, calme malgré les grondements et insultes de l’homme qu’il venait de trouer. La flèche fût retirée, une main empoigna son col pendant que l’autre se chargea se pointer sa minuscule lame devant l’oeil du pauvre mutilé. — La prochaine saura venir trouver l’un de tes jouets préférés au besoin. Mon coeur. Et s’il fallait une explication supplémentaire pour illustrer ses propos, Seren arqua un sourcil en désignant d’un signe de tête ce que ce cher garçon devait probablement se vanter de posséder entre les jambes. Autour d’eux, les langues se délièrent doucement, certains ayant reconnus l’identité de l’archer quand d’autres se contentaient encore de la soupçonner. Qui pourrait avoir l’audace de menacer la famille du souverain de Kozakura, quand bien même ledit oncle ne saurait trouver plus qu’un titre aux yeux du fils de Zeus. Abandonnant l’homme aux menaces qu’il proférait à son égard, Seren se retourna vers celle qui était parvenue à susciter un tel comportement de sa part. Sa main dans la sienne, il les attira plus loin, à l’écart des curieux et de son malheureux client. — Je ne le répéterai pas. Tu viens avec moi maintenant. Je suis persuadé que ces hommes seront capables de se passer de tes charmes pour cette nuit. Ou si pas, je devrai les en convaincre mais ce serait vraiment regrettable d’en arriver là. Qu’il clama tant bien que mal, la voix éreintée par tout ce qu’il se tuait à contenir. Son coeur battait à rompre n’importe quel rempart sous sa cage thoracique, et ce n’est que lorsqu’ils s’arrêtèrent de marcher dans un coin reculé de l’auberge qu’il prit enfin la peine de relever les yeux vers elle. — Luna, je ne suis pas venu te proposer mon aide. Il accompagna les mots d’un soupire en posant une main encore frémissante de colère contre son front, enveloppant son visage pour tenter de se défaire d’une rage qui, il le savait, ne lui ressemblait pas. Inspirant une bouffée d’air pour rassembler au moins un semblant de contenance, il réalisa seulement que ses doigts n’avaient pas relâchés leur prise autour des siens et se surpris même à en renforce l’étreinte de peur qu’elle ne lui échappe à nouveau. — Tu peux m’en vouloir, t’as toutes les raisons pour et j’essayerai même pas de débattre à ce sujet. Mais écoute au moins ce que j’ai à te dire.  A mesure qu’il parlait, on pouvait voir son visage s’apaiser, son expression s’adoucir et retrouver son habituelle tendresse chaque fois qu’il devait la confronter. — T’as besoin de personne, j’ai compris, mais moi j’ai besoin de toi. Et dans un réflexe stupide et audacieux, mais surtout parce qu’il était incapable d’agir autrement, sa main quitta ses doigts pour venir se loger contre sa joue. Dans une caresse aérienne et bien plus délicate que d’ordinaire, comme s’il craignait qu’elle puisse se briser sous son touché. — Il n’est pas question de Selene, ou de ce que j’ai cru ressentir l’autre jour. Il est question de toi et de ce que nous étions ensemble. Je pensais que tout ce que j’éprouvais n’était dû qu’à des souvenirs. Je ne me suis jamais autant trompé. Alors déteste-moi aussi longtemps que tu le voudras ; j’ai l’éternité pour te prouver que c’est toi que je veux.
Revenir en haut Aller en bas
Sora Warhust
always & forever, in this heart of mine
Sora Warhust
name : beckwith · julia
inscription : 11/11/2020
posts : 37 faceclaim © : catriona gray

souls always know their way back home · w/seren Empty

L'audace. Elle ne l'empêcherait jamais d'aller et venir, surtout pas en tenant compte qu'il ne se trouvait personne de plus libre et indépendant en ce monde que lui, et la pléiade de fils de dont il était la reluisante vitrine. En revanche, elle n'avait pas à tolérer son effroyable indécision. D'être cette femme-objet dont il se servait pour se faire du bien au lit, il y en avait déjà bien trop en ces terres, ou pour satisfaire un besoin morbide de se confronter à sa défunte femme de temps en temps, des fois qu'il oublierait à quoi Selene avait ressemblé. Luna voulait exister pour elle-même, en dehors du carcan tissé par des souvenirs immémoriaux, aujourd'hui devenu trop étroit et trop intense. Et au-delà de tout, Seren l'avait blessée. À tel point qu'elle aurait peut-être préféré qu'il lui plante une de ses flèches en pleine poitrine plutôt que d'y faire naitre un amour hurlant qu'elle tentait de faire taire par tous les moyens et dont elle ne savait aujourd'hui plus quoi faire. Il avait tous les droits de se trouver à Kozakura, en revanche il s'était privé d'elle en jetant à la rue ce qui aurait pu être leur histoire, et il n'avait selon elle pas le droit de ressurgir dans sa vie comme si une conversation suffirait à arranger les choses ; si c'était même ça qu'il cherchait ce soir, ce dont elle douta fermement. Pour elle, s'agissait d'une volonté idiote d'aider, poussée par une ressemblance malheureuse, au plus, et elle ne voulait d'aucune aide. Ni maintenant, ni jamais. Ce soir, elle était si proche d'accomplir ce qui avait été parfaitement impensable depuis si longtemps qu'elle refusait que Seren puisse lui faire obstacle. Une dernière course, quelques pièces pour compléter sa bourse et ainsi offrir à des pirates de quoi lui faire une maigre place vers un ailleurs devenu presque vital.   “ Ce qui se passe ici te regarde pas le moins du monde, alors tu ferais mieux de persévérer dans ta première volonté, à savoir de me tourner le dos, parce que j'ai pas l'intention de te suivre ou que ce soit, et tu nous fais perdre un temps précieux à tous les deux. ” Plus que jamais, son temps valait littéralement de l'argent. Jacen aimait prendre son temps lorsqu'elle se tenait dans ses bras, en revanche il n'aimait rien de moins que les retards et les faux prétextes. Il avait payé, et si elle ne craindrait bientôt plus les représailles d'Aika, elle tenait à cette dernière commission pour l'argent, et les perspectives nouvelles dont Seren ne saurait rien. Poupée Luna se laissa caresser sous les yeux de celui qui était roi en son coeur, et si elle aurait été capable de vomir de s'infliger ça, et lui infliger ça, en elle tournoyait le motif de l'argent et du nouveau départ. Et dieu, que Seren était bon au jeu des apparences. Bien meilleur qu'elle, qui n'était capable que de feindre l'attrait, le charme, et de répandre la fausse sensualité autour d'elle. Il se tenait là, droit dans ses bottes, l'incarnation sereine et placide de l'indifférence. Et pour leur faire plus de mal sans le vouloir, elle ne s'attarda pas à son regard, qu'elle jurait aussi impassible que tout le reste, alors même qu'il n'aurait suffit que d'un coup d'oeil pour trouver de quoi flatter son coeur et lui donner l'impulsion de cracher sur les pompes et le pognon de Jacen. Tant pis pour eux. La faute à ce faux calme et briseur de coeur ; la faute à sa fierté maladive, qui la poussa à retrouver immédiatement Jacen au comptoir. Le rôle revint habiller ses traits habitués presque immédiatement. Le sourire puant d'hypocrisie, celui qui plaisait et augurait de bien des délices. Pressée contre son torse, une main glissant de sa main à son bras, Luna s'apprêta à lancer un semblant de conversation avant d'être violemment reprise. Elle aurait dû se douter qu'ils n'en resteraient effectivement pas là, et une partie d'elle, vicieuse, célébra le simple fait que Seren ne tolère pas la scène à ce point. Pourtant elle se laissa gagner d'abord par la stupeur et sursauta, à la fois fascinée et épouvantée par la flèche plantée dans la main, et certainement sur le comptoir.   “ Seren, arrête, lâche-le ! ” tenta-t-elle, certaine qu'il ne le ferait pas et qu'elle aurait tout aussi bien fait de frapper un mur. Ses cris rejoignirent d'autres, créant une cacophonie stridente et un mouvement de foule grotesque. Personne ne quitta pourtant la pièce, et comme souvent à Deyja, le moment retomba presque immédiatement et chacun retourna à ses occupations salaces comme si de rien n'était. Jacen faisait les frais d'un amour obsessionnel à ses débuts, quand bien même refuserait-elle d'employer, ou ne serait-ce que reconnaitre le terme. Elle eut presque pitié du pauvre homme qui se lamentait sur sa main et accueillait la menace avec un semblant de fierté immédiatement balayé par les douleurs et la crainte de froisser un dieu évident dans son ego et sa volonté. Oscillant entre fierté et peur évidente, Jacen resta à son comptoir, à se lamenter sur le sort de sa paume, qu'il devrait justifier auprès de sa femme et sur sa soirée perdue.   “ Mais t'es un grand malade,  ” gronda-t-elle, alors même qu'il achevait un laïus inflexible.   “ C'est quoi ton problème, au juste ?  ” Elle hurlait presque, et tenta vainement de lui arracher sa main, mais un dieu avait décidé de la garder sous sa coupe et il n'y avait rien que la pauvre pathétique mortelle qu'elle était puisse faire pour se soustraire à sa volonté. Elle avait cru le connaitre sous bien des coutures, mais celle-ci était nouvelle, et elle en était entièrement responsable. On disait de lui qu'il était d'une sérénité stupéfiante, toujours à doser ses interventions. Un dieu en retrait, tout l'inverse d'un père qui, même s'il était absent depuis bien des lunes, s'était fait la réputation d'être un monstre d'exubérance. Et le rôle lui allait à ravir, mais pas autant que celui de l'amant passionné, ou de la façade qu'il arborait sur ses traits à présent. Quel homme. Malgré elle, elle l'aimait davantage pour s'entêter, pour son coup de colère mal maitrisée simplement parce qu'on avait eu l'audace de la vouloir ; même si pour un moment.  Elle combattit bravement cette nouvelle vague d'amour, les lèvres pincées et sa seule arme valable braquée en direction de cette discussion contraire : l'agressivité gratuite.   “ Peu importe ce que tu viens foutre ici, ça m'intéresse pas, ”  riposta-t-elle, refusant catégoriquement de lui laisser l'opportunité de l'embobiner de nouveau avec son charme et ses belles paroles. Ce type était aussi fourbe qu'on puisse l'être, et si elle lui cédait, demain elle se retrouverait de nouveau dans le caniveau, avec cette fois des comptes à rendre à tous le monde et certainement une peine de mort au bout du chemin.   “ T'as pas idée de ce que tu viens de faire, bon sang !  ” grogna-t-elle, en le repoussant de toutes ses forces, encore une fois inutilement. Elle venait de perdre sa paye du soir, et devrait supplier Flint si elle ne trouvait pas Silver pour le faire à sa place ; dieu qu'elle était lassée de ramper dans ces rues, et de mendier pour obtenir ce qui devrait toujours être gracieux : sa liberté.   “ Non.  ” Elle n'écouterait rien, et s'il ne s'était pas obstiné sur sa main, elle se serait bouché les oreilles. Alors elle détourna le regard, s'obstina à son tour à regarder partout ailleurs et à feindre un total désintérêt pour ce qu'il s'apprêtait à dire, alors même que son oreille n'avait jamais été plus attentive que maintenant. Seren retombait peut-être dans ses travers habituels, mais Luna grimpait de plus en plus haut sur l'échelle de sa propre tension. Ça parce qu'elle se sentait perdre pied face à cet homme dont elle était terriblement amoureuse et à qui elle ne voulait rien céder. Elle suffoqua à sa confession, le coeur rugissant sous sa poitrine et menaçant d'exploser, tandis que sa moral lui dictait qu'il mentait uniquement pour la déshabiller ; comme la fois précédente.   “ Pourquoi faire ? Prendre ton pied et filer ? T'as les poches pleines, tu peux t'en trouver mille ici des comme moi, mais moi je tomberais pas dans le piège une deuxième fois.   ” Gratuit, petit, mais terriblement vrai. Elle sursauta à sa main sur sa joue, et davantage à son audace, puis retint son souffle alors qu'une simple caresse l'obligeait à se confronter à lui. Chaque mot, chaque intonation, lui fit l'effet d'une dague. Dans l'estomac, au coeur, dans les côtes, à la gorge, dans le dos. Elle aurait voulu y croire, au moins un peu, mais un rien de conscience biaisée conjugué à un coeur brisé l'obligea à se renfrogner davantage.  Ce que nous étions ensemble ? répéta-t-elle, outrée.   “ On est rien, toi et moi. Rien, tu m'entends ? Me touche pas. ” Ses deux mains repoussèrent la sienne, logée dans sa joue, et elle osa planter son regard dans le sien. La provocation était ouverte, et sans rien dire, elle lui offrit probablement sa seule opportunité de lui donner à croire qu'elle avait tort. Pourtant à le scruter, droit dans les siens, elle se calma à son tour. Comme si naturel paisible retrouvé se répandait aussi en elle, quand bien même ça ne suffirait qu'à faire baisser le ton, mais pas la violence de sa conviction.   “ Me touche pas,  ” répéta-t-elle, cette fois frémissante. Leur proximité était ce qu'ils avaient de plus précieux, de plus vibrant. Chaque caresse, même légère, transpirait d'une passion peu commune, d'une envie de l'autre inexplicable et ici intolérable. Qu'ils ne se touchent pas relevait du sacrilège, puisqu'à leurs débuts, ils n'avaient que ça pour exister ensemble.   “ T'as l'éternité, mais moi j'ai que cette vie. Je voulais pas te détester, et je veux pas perdre le peu de temps que j'ai à ça,   pas alors qu'elle avait gâché déjà toute son enfance et une partie de sa jeune vie d'adulte.   – mais tu m'as pas laissé le choix. ” Et elle ne voyait pas comment elle pourrait revenir en arrière. Elle pourrait, avec du temps. Le pardon était difficile, mais l'épreuve n'était pas insurmontable. Tout paraissait incroyablement grave parce que la plaie n'avait pas laissé place à une cicatrice. Elle ne serait jamais qu'un claquement de doigt dans sa vie et qu'il lance l'éternité comme argument lui rappela combien elle était insignifiante devant lui, et combien tout ça, au bout du compte, n'aurait aucune importance.   “ C'est pas moi que tu veux. J'ai compris. Ça sert à rien de se voiler la face, et je refuse de subir tes changements d'avis tous les matins. J'ai pas le temps pour ça.  ” Elle n'était, après tout, pas éternelle. L'emphase était délibérée. Il jouait sur un terrain éternel, mais elle ne serait qu'une partie minable dans sa trop longue vie. Sur ces mots, elle détourna le regard et trouva le sol poisseux de la bâtisse. Elle cessa aussi de respirer, refusant de laisser son parfum la convaincre de le prendre de ses bras et de s'abandonner à lui de nouveau alors que la moindre fibre d'elle ne demandait que ça. Si elle avait pu s'enfoncer davantage dans le mur sur lequel elle se tenait, elle y aurait percé un trou de la forme de ses courbes, ça pour se soustraire à leur proximité toute envoutante.
Revenir en haut Aller en bas
Alec Warhust
goin' down the bayou, takin' you all the way
Alec Warhust
name : sasha
inscription : 12/11/2020
posts : 42 faceclaim © : c. yaman

souls always know their way back home · w/seren Empty

Le coeur grondait d’une rage presque inédite sous la peau d’un torse gonflé par une respiration saccadée. Les prunelles scrutant un point invisible au sol dans le but de reprendre un minimum de contenance, Seren n’écoutait que d’une oreille les cris et les reproches d’une Luna visiblement surprise d’une telle réaction de sa part. A juste titre. Ses tentatives pour se soustraire à sa poigne de fer se soldèrent évidemment par de multiples échecs, d’autant plus qu’il en renforça inconsciemment la prise à chaque impulsion qu’elle donnait pour s’enfuir. Pour celui que l’on disait d’un calme à en faire pâlir n’importe quel homme, ce fils de Zeus venait de prouver aux clients de la petite auberge qu’il ne faisait pas bon de contrarier un dieu. Encore que le pauvre garçon ici s’en tirait relativement bien avec un joli trou dans une main et une fierté partiellement ensevelie par la honte d’avoir été détrôné devant pareil public. Une véritablement faveur venant d’un archer qui, il y a quelques décennies encore, ôtait sans remord des vies qu’il jugeait punissables. Il aurait pu hurler pour tenter d’évacuer toutes ces émotions qui l’assaillaient présentement. Et parce qu’il savait pertinemment qu’elle découvrait ici une nouvelle et détestée façade de sa personnalité toute divine puisse-t-elle être, Seren se contenta de se mordre les lèvres presque à sang pour contenir ce que ses pulsions réclamaient.  — Et qu’est-ce que je viens de faire d’après-toi ? Tu as vu la façon dont il te regardait ? Tu sais ce qu’il comptait faire, et tu me reproches d’être intervenu ? Sois plutôt soulagée qu’il puisse encore respirer. Riposta-t-il, la voix éreintée sous les efforts qu’il faisait pour ne pas hausser le ton à son égard. Puis vint le moment où ses yeux trouvèrent les siens, et la gifle invisible qu’il se prit en pleine figure termina de planter dans sa poitrine la dague émotionnelle qui entaillait sa chair. A tour de rôle, ils se cherchaient, se perdaient, se retrouvaient brièvement pour s’abandonner de nouveau. Mais ces quelques secondes où elle le regarda, ce tout petit instant, ridicule devant l’éternel, suffit pourtant à l’ébranlé bien plus qu’il ne l’aurait cru. Il y eut ses paroles, incisives et cruelles en un sens, mais terriblement vraies. Il aurait pu chercher à détourner son attention, par une espèce de politesse et de pudeur mal placée, mais ne le fit pas un seul instant. Une fissure au creux de son palpitant. Ça parce qu’il se désolait qu’elle puisse croire qu’il ait de telles intentions à son égard.  — Non. Qu’il débuta, plus calme, désolé et déchiré.  — Il n’y en a aucune comme toi. Un rien de confidence plutôt évidente et qui n’aurait jamais dû avoir sa place au sein d’une telle conversation. Il n’avait rien à lui blâmer, et c’est pour cette raison qu’il garda sous silence des excuses qu’elle ne saurait accepter. L’hypnose avait reprit de plus belle, s’éternisant entre eux chaque fois qu’il avait le malheur de devoir s’attarder trop longtemps sur les courbes de son corps ou de son visage. A ses dires, et à ses iris plantées dans les siennes, il blêmit doucement. Chaque flèche tirée savait parfaitement atteindre sa cible là où elle était le plus vulnérable, et le maître archer devait fournir tous les efforts du monde pour ne pas fléchir sous ces multiples salves. Certes, la quiétude avait retrouvé sa place entre eux, mais le coeur s’acharnait pourtant à battre à un rythme effréné. Et parce qu’une provocation en entraînait irrévocablement une autre, Seren avança d’un pas vers elle à sa requête de ne pas la toucher.  — Sinon quoi ? Lança-t-il d’une voix bien trop douce pour paraître menaçante. Il avait repris ses mots, volontairement, et jouait avec. Le timbre ne serait jamais agressif envers elle, mais ses opales parlaient pour ce qu’il n’aurait pas la politesse de lui dire. Il ne cesserait jamais. Leur proximité était une bouffée d’oxygène dont il était devenu dépendant. Chez eux, contrairement à tout ce qu’il avait eu le déplaisir de connaître auparavant, chaque geste transpirait la passion et la force des sentiments qu’ils éprouvaient l’un envers l’autre. Les déclarations n’avaient pas encore leur place au sein de leur début de relation, mais leurs corps suffisaient à faire comprendre que quoiqu’il puisse arriver désormais, ils étaient liés. L’envie de l’autre ne saurait perdre de son ardeur, en tout cas pas pour lui. Pour cette raison, il ne recula pas mais continuait à avancer vers elle en réduisant considérablement la distance insupportable qu’elle venait d’essayer d’appliquer entre eux.  — Tu peux douter de mes mots et de mes promesses, je comprends. Tu peux m’ignorer, me gifler autant que tu le veux, m’insulter, me repousser ou tout ce que t’auras envie pour me faire payer. Je supporterai tout ça. Il ne serait jamais à court de temps pour satisfaire sa rancune, obsédé par l’idée qu’elle puisse un jour lui pardonner et qu’ils puissent ainsi s’aimer délibérément.  — J’ai regretté ma décision dès que je t’ai vue partir l’autre soir. Là encore, ce ne sont que des paroles, mais regarde-moi et ose me dire que je suis entrain de te mentir. Le ton s’était mué pour laisser deviner cette fois-ci une pointe de provocation armée d’une lueur ardente dans les yeux. Et s’il fallait le préciser, son inconscient balaya sans surprise l’ordre précédemment mentionné pour qu’il vienne poser ses mains le long de ses épaules. Un soupire accompagna le geste tandis qu’il luttait cette fois-ci pour ne pas chasser tout le reste en la prenant dans ses bras. Encore une fois, il retombait dans ses travers en étant incapable de lui résister.  — J’ai eu peur. C’est probablement la pire excuse que t’entendras au cours de ta vie, mais c’est la vérité. Je serais incapable de l’expliquer, mais tu as réveillé quelque chose en moi ce jour-là. Et non, il ne s’agit pas seulement de tes baisers ou de tes étreintes. S’il le faut, je saurai m’en passer pour pouvoir profiter de ce que tu voudras bien m’offrir. C’est toi que je veux, toute entière. Et s’il ne voyait clairement pas comment pouvoir se passer de sa proximité, il tenta au moins d’illustrer ses propos en inspirant un coup pour lui reprendre ses mains qu’il laissa retomber le long de son corps. Là où il se fourvoyait en revanche, c’est sur ses prunelles qui devinrent soudainement obsédée par les lèvres qui lui faisaient face. Une tentation qui lui brûlait littéralement les entrailles, mais à laquelle il se détacha à contre-coeur en détournant le regard dans un grognement.  — C’est plus facile de prendre la fuite que d’affronter la réalité, tu n’iras pas me contredire sur ce point. Je suis désolé pour ça, mais je ne serais pas revenu si j’avais encore des doutes. Siffla-t-il, amer de s’infliger autant de mal pour satisfaire la punition qu’elle semblait vouloir lui imposer. Elle aussi, préférait visiblement l'éviter plutôt que de bien vouloir lui parler. Pour ne pas succomber une fois encore, il se mit à faire les cents pas devant elle, les mains jointes et posées contre sa bouche. Dieu, que c’était dur de se contenir à ce point. Il était fort, même très fort d’ordinaire pour réussir à tromper les autres au jeu des apparences. Mais pas avec elle. L’exception. Elle aurait dû se douter qu’il ne serait pas évident de demander à son dieu de se plier à de nouvelles règles. Oscillant entre désir et impatience, Seren se rendait presque fou à lutter pour ne pas fondre sur elle lorsque, par moment, son regard accrochait le sien.  — On est rien si on est pas ensemble toi et moi. Qu’il articula dans une remarque acide mais tellement vraie. Sur ces aveux, il avait stoppé sa course agacée en se postant juste devant elle. Bien trop près dirons certains. Bien trop loin pour lui. Trop tard pour songer au mal qu’il s’apprêtait à faire. Son souffle promenait sur ses lèvres tout ce désir qu’il essayait tant bien que mal de lui cacher. En vain. Au diable les résolutions.  — J’arriverai pas à te laisser. Autant que tu t’y fasses, je compte pas partir cette fois. Il cessa de respirer à la fin de sa phrase pour se rapprocher un peu plus encore, son torse contre sa poitrine, comme ils se plaisaient si souvent à le faire. Une main accrochée à l’une de ses mèches de cheveux dans une caresse tout sauf innocente. Ces jeux-là, les pires d’entre tous et qu’elle s’était plu à employer à son égard lors de leur première rencontre. Ô oui, tout cela était volontaire, et il n’irait pas mentir à prétendre qu’il ne s’agissait pas ici d’une minuscule et vicieuse vengeance personnelle. Et comme il pouvait aimer ça.  — T’as que cette vie, justement, et je ne veux pas perdre une minute de plus à essayer de me convaincre que je peux me passer de toi. Une toute petite éternité à tes côtés vaudra bien plus que des centaines d’années à t’attendre. Cette question-là, aussi déplaisante soit-elle, avait bien le temps d’être abordée plus tard. Il fuyait ce sujet, avait toujours fait en sorte de le faire depuis la mort de Selene. Mais voilà bien la première fois que cette question refaisait surface et réussissait à empoigner aussi fermement ses craintes. Heureusement, Luna était là. Bien vivante, jeune, et avec encore de belles années à partager auprès de lui. Pas de baiser, ni même de caresse aérienne puisqu’il se savait suffisamment faible pour y céder. N’y avait qu’elle pour éveiller un tel envoutement chez lui. Mais à la place, un regard fasciné, une bouche entrouverte pour offrande à la sienne, et un coeur qu’il lui présentait sur un plateau d’argent.
Revenir en haut Aller en bas
Sora Warhust
always & forever, in this heart of mine
Sora Warhust
name : beckwith · julia
inscription : 11/11/2020
posts : 37 faceclaim © : catriona gray

souls always know their way back home · w/seren Empty

Hier et aujourd'hui, tous dardaient sur elle un regard puant de perversité. Pas parce qu'elle était particulièrement belle ou gâtée d'un charme, même si on s'accordait généralement sur le fait qu'elle était effectivement belle et charmante, mais plutôt pour ce qu'elle représentait : un plaisir facile, un rien flatteur, éphémère. Ce que Jacen comptait lui faire s'avérait être un droit, certes abject, mais un droit malgré tout puisque octroyé par une somme d'argent. Le contrat était tacite, pervers, mais il n'en demeurait pas moins plutôt légitime. Le fait que Seren la regardait différemment, parce qu'il voyait l'héritage qu'elle transportait sur son visage, aurait dû changer la donne, mais Luna ne voyait que le souffle serein qu'elle pousserait une fois à bord du Walrus, acquittée d'une vie de servitude. “ Bien sûr que j'ai vu, bien sûr que je sais, et j'en ai marre de me répéter alors va falloir que t'intègres que tout ça c'est pas tes affaires,  ” gronda-t-elle, effectivement lassée de ressasser, mais parfaitement consciente qu'ils n'en étaient qu'au début d'un débat sans fin. Il répéterait que ses affaires étaient désormais aussi les siennes, sans aucun motif valable, et n'aurait cure d'aucun argument puisqu'ils étaient tous deux bornés à l'indécence. Elle soupçonna une jalousie mal placée, et une dont elle n'aurait aucun mal, ni aucune honte à se repaitre sous prétexte qu'il l'avait profondément blessée. Si le moment n'était pas si grave, elle aurait eu le culot d'en sourire. De le lui mettre dans la figure pour achever de le convaincre, au besoin, qu'ils s'appartenaient malgré qu'elle ne soit pas la femme qu'il avait aimé par le passé. Pourtant elle était d'un effroyable sérieux, et garda pour elle son envie gourmande de souligner qu'il était purement et simplement jaloux qu'on puisse la désirer, et le faire sous son nez ; qui ne le serait pas ? À moins d'être un monstre d'indifférence. Sa vigilance tournée vers les minutes qui s'égrenaient et qu'elle perdait à débattre alors qu'elle devrait chercher Jacen si elle voulait gagner ses quelques dernières pièces ou se trouver une autre affaire urgente, Luna chercha par tous les moyens à échapper à l'emprise de Seren. À son charisme magnétique, renforcé par tout ce qu'il avait décidé de livrer, tout ce qu'il avait cessé de combattre, et combien il refusait de la laisser se dérober à lui ; le contraste parfait et saisissant de leur première rencontre. Les lèvres jusque-là pincée pour retenir une pulsion qu'elle regretterait, ou non, elle éructa d'un rire railleur absolument scandaleux, et reprit tout de sa sérieuse irritation la seconde suivante :   “ Je suis déjà une copie médiocre d'une autre. T'auras peut-être le droit à un troisième exemplaire dans trois siècles. ” Et ainsi de suite. Elle était injuste, mais on ne lui enlèvera pas qu'elle n'avait pas tort. Seren s'était enlisé dans une affirmation maladroite, et toute vicieuse qu'elle était, Luna s'était engouffrée dans l'occasion de riposter salement. Elle déballait en perdant elle-même son propre fil de pensées, débitait ses motifs pour le repousser les uns après les autres, chacun balayé par l'assurance de granit d'un homme qui avait vécu 300 ans et brandissait toute la patience du monde comme s'il découpait du beurre au sabre. Et lorsqu'elle n'eut plus que des raisons piétinées, certes fondées, mais dont l'effet se résumait à rien puisqu'il avait systématiquement de quoi la contrecarrer, Luna se braqua davantage sur la distance. Le coeur dans la gorge, elle recula jusqu'à trouver un mur, et se mordit la lèvre à sang de n'avoir rien à lui redire. De se sentir incapable de répondre à sa provocation ouverte, presque moqueuse, et de vouloir lui céder. Presser son corps contre le sien, ses lèvres sur les siennes, glisser sa langue dans sa bouche et lui apprendre, s'il ne le savait pas déjà, qu'il n'y avait qu'elle qui saurait combler toutes ses attentes. “ Joue pas avec moi, Seren,   ” souffla-t-elle, ses lèvres contre les siennes, ses doigts cherchant les contours de saillants de son torse, s'arrêtant sur le galbe de ses pectoraux, dont l'un abritait un coeur. Elle entendait d'avance le Sinon quoi ? de provocation qui achèverait de la rendre dingue de lui. “ Tu peux pas gagner face à moi.  ” Et elle non plus. Ils gagneraient ensemble ou perdraient ensemble. Il savait mieux que quiconque qu'elle était aussi capable de jouer, peut-être même mieux. À ce jeu de séduction enflammé, ils étaient experts, puisqu'ils ne se laissaient aucun répit, aucune marge de manoeuvre, et surtout, surtout, ils étaient capables de tout. Pour preuve de toutes les contradictions qu'il provoquait en elle, elle déposa un baiser sur ses lèvres. Bref, aussi léger qu'une plume sur le sable tiède. Évocateur de ce qu'elle pourrait faire, à l'instant, sans craindre le poids des regards et les circonstances, si seulement elle n'avait pas été si fière et surtout profondément blessée. Elle les laissa trainer quelques secondes sur sa bouche sans l'embrasser de nouveau et se détourna brutalement de lui. Elle voulait cet homme mais, au moins le temps de ce soir, désirait davantage sa liberté ; et n'était-ce pas la plus impérieuses des raisons ?  Elle aurait abandonné sa chance à cette fameuse liberté tout autre soir, pour jouir du privilège de s'abandonner dans les bras de Seren, mais il lui avait donné une raison décisive de ne pas le faire. De faire, armée de toute sa force de conviction et toute sa vaillance, un pas en arrière, et se dérober à lui et à ce qui aurait pu être s'il n'avait pas hésité. Il n'aurait rien de plus que ce baiser, au nom de son amour-propre et de sa liberté. Elle buvait ses paroles et ce qu'elle voyait comme de fausses déclarations, et se braquait davantage à chaque mot. Résistait à leur proximité, mais la regrettait dès qu'il s'éloignait d'elle, la moindre parcelle de son corps douloureuse de le savoir si proche, mais jamais assez. Les lèvres pincées, elle refusa de lui rendre ne serait-ce qu'un regard et scruta un point invisible sur le comptoir derrière lui, plutôt que de céder à son appel. Qu'il mente ou non ne changeait pas qu'il était parti de la pire manière. Il l'avait laissée à poil dans la rue, presque littéralement, coeur brisé dans les mains et espoir massif sur ses épaules frêles. Sa déception et son malheur en étendard, elle refusait de lui céder le droit à l'erreur si facilement, puisqu'il était seul à avoir gagné son coeur et l'avait immédiatement jeté aux ordures. “ Ça te regarde,  ” gronda-t-elle, bête à ce point qu'elle refusait d'entendre raison et de lui céder davantage de terrain. Odieuse face à ses regrets et des craintes qu'elle n'avait pas eu et dont elle ne voulait rien savoir par bêtise, Luna se détourna davantage de lui si c'était même possible. Hermétique aux explications, elle n'en écouta que la moitié, mais une succession de mots parmi d'autres trouvèrent son oreille et elle suffoqua.   “ Moi ? ” s'entendit-elle demander, captivée, de nouveau pleinement et ouvertement amoureuse de la confession. Il ne voulait personne d'autre qu'elle, et elle se mordit la lèvre, attendrie comme jamais, le coeur battant à déchirer sa peau et briser les os qui auraient l'audace de se trouver sur son chemin vers Seren. Et pour moquer ce même coeur, elle retint sa respiration, les lèvres pincées en une fine ligne et les yeux imbibé de tout ce qu'elle aurait voulu lui céder, mais refusait catégoriquement de le faire. “ Non, non. Non. Tu m'auras pas comme ça. C'est hors de question, ” reprit-elle, troublée. Plus pour elle-même, que pour lui. Une fois, elle avait cédé, mais elle serait idiote de le faire de nouveau sous prétexte qu'il était si beau et si cher à son coeur. La suite aurait dû la bouleverser, si pas la renverser complètement. Son coeur tressauta de nouveau. D'abord à son souffle sur sa bouche, puis à son ton rauque. À sa détermination, égale à la sienne, si pas plus forte. À sa beauté, sous ses yeux. Son charme, dans sa peau. Sa volonté de, non pas le toucher, mais l'égratigner sous toutes ses coutures pour lui apprendre, lui faire comprendre, sans s'épargner le plaisir de l'avoir dans ses bras, sous ses doigts. Le souffle haletant, elle le priva d'un regard et de son attention au prix d'un effort colossale.   “ T'as tort, ”  commença-t-elle, plus irritée que jamais.  Justement, elle en avait assez de n'être rien. Avant de lui appartenir, elle aurait dû être elle. Se détacher complètement de Selene, gagner sa liberté, son pouvoir de décision, user et abuser de son instinct, et tenir fermement entre ses mains le fil de sa destinée. Plus que tout, elle voulait être quelqu'un. Pas d'important, mais quelqu'un. S'appartenir, au moins un peu, avant de s'abandonner à un homme ; cet homme. “ Seren, ” commença-t-elle, dans une volonté complètement absurde de prendre le dessus, et aussi parce qu'elle était aussi incapable de faire une croix sur la possibilité de se refaire que sur lui ; et pourtant. “ Je te veux pas, ” osa-t-elle, les dents serrées, les bras ballants, et les mains frémissantes. Grand dieu, avait-on déjà vu pire menteuse qu'elle dans tout Erathia ? Elle le voulait comme au premier jour. Celui où il lui était tombée dessus en pleine ruelle, comme un coup d'éclair ; ironie pour le fils du dieu éclair. Elle n'était pas médisante au point de vouloir le battre dans son ego, mais plutôt blessée et résolue à cesser d'être la poupée de chiffon des hommes.  L'angoisse de lui mentir transpirait sur sa peau, trouvait un reflet dans la moindre attitude. Elle hallucina d'y être parvenue, quand bien même le mensonge se lisait sur son visage comme s'il avait été rédigé à l'encre noir sur un parchemin blanc. “ Ça te va ça ? ” provoqua-t-elle, revêche, avant de se défaire de leur proximité d'une série de pas sur le côté.   “ T'aurais pas dû revenir. ”  Pour ce que son incursion valait, il aurait dû faire comme avec toutes les autres. S'en aller, et ne jamais se retourner. Maquiller ses regrets en indifférence, continuer de subir son immortalité loin des affres de l'amour ; s'il en est.   “ Fais ce que tu veux, c'est moi qui te laisse. J'm'en vais. Ne me suis pas, ” acheva-t-elle. Elle n'avait toujours pas compris que ses tentatives d'ordres tombaient dans l'oreille d'un dieu sourd à tout ce qui ne répondait pas favorablement à sa volonté. Ainsi elle ouvrit la porte de l'auberge, et descendit dans une rue bondée. Les commerçants du soir, les visiteurs éphémères, se pressaient dans les entrailles de Deyja à la recherche d'une affaire. Elle espéra trouver un pirate, n'importe lequel, avant qu'un autre ne la trouve. Aika. Jacen. Seren. La course était lancée, et elle était si simple à reconnaitre, une grande brune, délicieuse sous toutes ces coutures, si peu vêtue, seule dans les rues de la citée. Aucun doute qu'un d'eux saurait la débusquer.
Revenir en haut Aller en bas
Alec Warhust
goin' down the bayou, takin' you all the way
Alec Warhust
name : sasha
inscription : 12/11/2020
posts : 42 faceclaim © : c. yaman

souls always know their way back home · w/seren Empty

L’atmosphère irradiait de toute la tension qui se dégageait des deux protagonistes. Leurs regards se cherchaient, se trouvaient presque à chaque fois et se gorgeaient toujours un peu plus de cette passion dévorante qui les liait depuis le premier jour. Seren dardait sur elle un oeil aussi affuté qu’une lame de rasoir, scrutant la moindre de ses réactions en quête d’un signe qu’elle s’accorderait à lui concéder pour toute faiblesse. En vain. Luna était aussi ferme dans ses paroles que dans les émotions qui imbibaient les traits de son visage. Il soupçonna même qu’elle puisse prendre plaisir à défier ainsi l’homme qui se tenait devant elle à la lueur de la flamme qui dansait au coeur de ses prunelles. La provocation à son apogée et qui, de toute évidence, saurait obtenir sans peine l’effet escompté. La mise en scène était purement et simplement perverse, et elle savait exactement sur quelle corde tirée pour terminer de le rendre fou d’elle si ce n’était pas déjà le cas. Experte dans l’art de la manipulation, cette femme était faite pour régner sur sa vie. Il avait largement sous-estimé ce dont elle pouvait être capable pour affirmer sa position en tant que femme de caractère et, paradoxalement, cela ne faisait qu’amplifier le désir éprouvé à son égard. — Ça l’est. Qu’il gronda à son tour, réprimant un soupire agacé devant des mots qu’il n’avait plus la patience d’écouter. Contrariée qu’elle était de devoir lui rappeler la place qu’il devrait occuper selon elle, Seren ne partageait pas son avis à ce sujet. Certes, il était peut-être ambitieux de sa part de lui imposer son point de vue et ses ordres concernant la vie qu’elle avait choisi de mener, mais le contraire était devenu impensable. Le contraste avec leur première rencontre était saisissant et étrangement symétrique. Ce soir, c’était elle qui cherchait à se dérober à l’homme, et lui qui s’acharnait à provoquer la femme de leur proximité pour lui arracher sa bénédiction. La remarque qu’elle eut à son encontre le laissa de marbre, tant il était obsédé par le reste. Les attaques étaient faciles, simples, et il lui faudrait trouver d’autres arguments pour tenter de briser le flot de patience qui continuait de couler le long de ses veines. L’espace d’un instant, il se surpris à se régaler de sa vulnérabilité. La voir reculer devant lui, accueillir le regard impuissant dont elle le gratifia, et sentir ses doigts se presser contre son torse. — Si je devais jouer, je ferais bien d’autres choses. Souffla-t-il, ses yeux sur sa bouche, ses lèvres pincées pour ne pas avoir à succomber à une pulsion idiote. Il plaçait le sous-entendu là, lui laissant comprendre ce qu'elle voudrait bien entendre. Ce jeu de séduction était désormais hors de leur contrôle et dépassait de loin les limites que n’importe quel couple aurait eu la décence de se fixer. N’y avait aucun interdit ici, tous les coups étaient permis. Et sur ce détail tout particulier, effectivement, il était incapable de gagner face à elle. — Non, sur ce point on est d’accord. Qu’il admit volontiers en échappant une plainte silencieuse à sentir sa bouche se poser sur la sienne. Dans un baiser léger, furtif et bien trop sage pour étouffer la foule de désirs qui comprimaient sa cage thoracique. Trop peu pour subvenir à ses besoins, mais juste assez pour l’embarquer dans un nouveau torrent d’une attraction qu’elle était la seule à être capable d’éveiller chez lui. Luna venait d’avancer un pion, et un particulièrement attrayant. Voilà tout ce dont il devrait se contenter pour l’heure. Ce baiser, Seren l’aurait approfondi sans permission si une ultime vague de conscience n’était pas venue l’en empêcher afin de respecter sa volonté. Bien que tout chez elle semblait témoigner qu’elle en mourait d’envie au moins autant que lui, les efforts qu’elle fournissait à le repousser freinèrent ses ambitions. Chercher ouvertement la provocation, oui. La pousser dans ses retranchements afin de faire naître ce qu’elle s’interdisait d’éprouver, oui. Mais piétiner ses refus et balayer ses volontés, jamais. Aussi malsain et délicieux le jeu pouvait-il être, le dieu s’imposait ici une limite à ne pas franchir, et qui reposait sur le libre arbitre qu’elle venait de dresser en rempart entre eux. Les lèvres pincées, il l’imita en baissant les yeux au sol pour ne pas s’aventurer dans une nouvelle attaque. — Je sais que je n’ai fait qu’employer des mots l’autre jour et que ça ne m’a pas empêché de partir ensuite. Je ne suis pas idiot Luna, je sais que ça va demander du temps pour que tu puisses me croire. J’attendrai s’il le faut, mais je n’ai pas l’intention de te piéger, et encore moins de te faire plus de mal que ce qui a déjà été commis. Confia-t-il plus calmement, désolé que la situation ait pu prendre une telle tournure par son unique faute. Il ne la blâmerait pas pour continuer de vouloir lutter, mais il espérait qu’au moins elle entendrait ses mots. Et parce qu’avec Luna, jamais rien ne serait simple, elle persista dans sa volonté de se dérober à lui continuant à planter ses griffes là où elle espérait sans doute le blesser. L’affirmation qu’elle entama en prétendant ne pas vouloir de lui fût accueillie par une mâchoire serrée et un regard qui parlait pour ce qu’il ne prononcerait pas. — Non. Comment cela pourrait-il lui aller ? Le mensonge était aller trop loin, bien que cela n’ait finalement eut que peu d’impact sur ce monstre d’indifférence qu’il était. Calme, sans doute un peu trop pour une situation qui demanderait à ce qu’il explose, Seren la regarda lui échapper sans même une tentative pour l’arrêter. Ses yeux la suivirent en accueillant ses dernières paroles d’un mince rictus sur la commissure. — Tu mens bien trop mal pour que je puisse être convaincu. Glissa-t-il juste avant qu’elle  ne disparaisse. Il savait, ou si pas, se doutait fortement de tout ce qu’elle avait été contrainte de maquiller pour se convaincre de ses propres boniments. Le coeur parlait au même titre que le corps, les yeux et le toucher. Rien ne coïncidait entre ce qu’elle avait l’audace d’affirmer et le portrait qu’elle lui présentait chaque fois qu’il se tenait auprès d’elle. Pour cette raison, et parce qu’il nourrissait à son égard une irrévocable obsession, se joignirent aux siens pour emprunter l’artère principale de Deyja. Au milieu de la pénombre, les étales demeuraient toujours aussi bondées et ainsi démarra pour le chasseur une traque toute particulière. Ses sens aiguisés et notamment sa vue d’archer lui permettaient au moins d’avoir un avantage non négligeable, quand elle, née ici, connaissait parfaitement les moindres recoins de ce bourg. Sa course ne dura pas plus d’une dizaine de minutes. Tel un géant au milieu de la foule, Seren ne se gênait pas pour avancer d’un pas ferme et décidé, attentif au moindre détail. Pressé parmi la pire des crapules que le monde connaissait, il voguait sans hésitation ici et là, quitte à bousculer même involontairement ce qui ressemblait à un jeune pirate doté d’une jambe de bois et qui, fort heureusement, ne trouva rien à redire. A peine plus loin, son regard trouva enfin celle qu’il recherchait et il n’eut aucune difficulté à la rejoindre en l’attrapant par le bras. Un geste dur, bien trop ferme, et puisque la raison semblait temporairement lui avoir été amputée, Seren ne s’en excusa pas. L’attirant contre lui, il emprisonna ses hanches dans l’étau brûlant de ses mains et reprit la place qu’il n’avait d’autre choix que d’occuper : bien trop proche pour qu’elle puisse le laisser de marbre. — Arrête ça. Qu’il grogna cette fois-ci, le coeur frappant un rythme soutenu sous la peau de son torse. Luna le rendait fou, irrémédiablement. Elle faisait ressortir chez lui ce qu’il y avait de plus beau, certes, mais était tout aussi capable de faire surgir des émotions inédites et qu’il avait grand peine à mesurer. Ses opales, balayés par un mélange d’inquiétude et de colère ne cessaient de la fixer à la recherche d’une réponse qui puisse lui convenir. Comme si elle la lui accorderait aussi simplement. — Tu peux me repousser autant que tu veux, mais te promener seule dans cette tenue alors que tu viens très clairement de laisser ton client sur le carreau, c’est pas très judicieux. Laisse-moi au moins m’assurer que tu n’es pas suivie. Au prix d’un effort colossal, il tenta par tous les moyens de regagner un brin de contenance qu’il était bien difficile de conserver devant elle. Pire encore lorsque son parfum se plaisait à embaumer son oxygène et satisfaire son odorat. L’envoutement reprenait de plus belle, encore une fois, et il y succombait sans réticence. — Tu sais que j’ai raison, et un jour, comme je l’ai fait, tu l’accepteras. Mais arrête d’essayer de me fuir. Qu’il prononça dans une tentative bien vaine d’occuper ses songes pour ne pas lui céder aussi facilement. Quelle utopie. Son esprit hurlait d’être aussi faible, mais le coeur, pour toujours, posséderait indéniablement le dernier mot. Se sentir aussi impuissant lui fit peut-être regretter de l’avoir suivi, mais cette poignée de remords ne dura qu’une seconde ou deux. Le temps que ses mains ne retrouvent le chemin de ses hanches pour presser sa taille contre la sienne dans une étreinte plus ardente qu’elle n’aurait dû l’être. Ce panel de sentiments était terrible de contradictions, mais grand dieu qu’il était exquis. Ses yeux sur ses lèvres, son front contre le sien, et sa chair qui se plaisait à s’envelopper des frissons qui le parcouraient. S’il fallait lui apprendre qu’il était prêt à tout pour elle, le monde devrait savoir à quel point un dieu pouvait s’être entiché d’une mortelle. La seule qui saurait combler la moindre de ses attentes. Pour preuve que le regard des autres lui importait peu, ses lèvres embrassèrent la naissance de son cou dans un premier temps. Dans un second, elles se mirent à longer son menton, sa joue, et terminèrent immanquablement leur course sur cette bouche qui se régalait à le hanter en permanence. Pas seulement une caresse légère et furtive comme elle avait apprécié lui faire gouter, mais un baiser brûlant, impulsif, presque brutal s’il n’avait pas été aussi délicieux. — Tu ne comprends pas ? Je te retrouverai toujours. C’est trop tard pour reculer. Acheva-t-il à bout de souffle, ses deux mains le long de ses joues, son regard accroché au sien. Aucune échappatoire n’était possible pour l’erreur qu’elle avait osé commettre en se frayant un chemin jusqu’à son palpitant.
Revenir en haut Aller en bas
Sora Warhust
always & forever, in this heart of mine
Sora Warhust
name : beckwith · julia
inscription : 11/11/2020
posts : 37 faceclaim © : catriona gray

souls always know their way back home · w/seren Empty

“ Garde ton laïus, fils de Zeus. J'en ai rien à faire.  ” Insupportable. Et elle le répétait davantage pour se convaincre elle-même, que pour combattre tous les efforts que Seren envoyait dans sa direction. La répétition ne donnait aucun poids à son mensonge, et pire, il perdait de son panache à chaque fois qu'elle insistait lourdement dessus. Elle aurait dû au moins écouter ce qu'il avait à dire, à défaut d'y croire, mais craignant de se laisser charmer par ce poison qu'était l'espoir et dont il se servait copieusement pour s'attirer toutes les bonnes grâces du monde, Luna se buta. Quitte à aller trop loin. Quitte à dégobiller un mensonge éhonté, et le faire mal par-dessus le marché. Elle se mordit la lèvre, époustouflée d'avoir ne serait-ce qu'osé, mais aussi dérangée d'être si mauvaise menteuse. De lui donner toutes les raisons de lui rire à la figure, parce qu'elle était elle-même incapable de croire en ses propres mots et de se comporter de façon à leur donner un sens. Pour autant, elle se régala même de la maigre hésitation qu'elle cru voir passer dans son regard. Une miette, vraiment, mais juste assez pour se flatter brièvement l'ego. “ Ouais, tu crois que ce que t'as envie de croire, ” rétorqua-t-elle, bien moins assurée.  Elle lui aurait bien renvoyé une couche de privilège dans la figure, et de tout ce que son statut lui accordait d'indécent, notamment de lire ce qu'il souhaitait lire avant la vérité, mais elle ne voulait pas retomber dans ce débat stérile et savait parfaitement qu'il prendrait l'effort comme une énième manière idiote de se défendre ; et il aurait raison. Elle aurait mieux fait de lui céder. Pour lui, pour elle, pour eux. Elle était désormais au bord de l'idiotie, incapable d'argumenter plus loin, si peu capable de lui résister davantage, mais têtue à l'indécence. Encore une qui s'étouffait dans son égo, et se sentait incapable de céder aux sirènes d'un amour pourtant évident, ou du moins une volonté de créer un amour. Elle aussi en avait été animée, jusqu'à ce qu'elle ne ramasse ses vêtements et sa dignité sous le lit qu'ils avaient partagé, et ne reparte hanter les rues de Deyja.

En s'échappant, elle crut enfin à la liberté. Pas celle dont elle aurait dû jouir si elle avait accompli sa besogne selon le plan concocté, mais elle avait au moins retrouvé son souffle, à défaut d'avoir gagné quelques pièces. Les lèvres pincées et le pas pressé, elle se demanda ce qu'elle pourrait bien faire pour atteindre la somme qu'elle s'était fixé, et se demanda si elle ne devait pas au moins tenter de retrouver Jacen avant que ce soit lui qui trouve Aika, et demande des comptes que Luna ne pourrait plus rendre si on l'égorgeait. Demander une faveur à Flint lui sembla inenvisageable, et même, elle voulait tout faire dans les règles ; même si elle avait fixé elle-même ces règles. Déambulant entre les échoppes, le coeur battant une intolérable chamade, elle jeta occasionnellement un regard par-dessus son épaule, de crainte d'être poursuivie. Plutôt par ses détracteurs, et dieu seul sait combien elle en a, puis par Seren, quand bien même se demanda-t-elle si elle n'était pas enfin arrivée à rompre toute la patience dont il était pourtant fait. Il finirait par se lasser de son mauvais tempérament et de ses petites comédies. Incapable de déterminer si elle se réjouissait de l'idée, probablement pas, ou si elle regrettait déjà de le rejeter avec tant de véhémence, elle se pinça les lèvres et serra les poings en avançant plus vite. Elle se frustra d'avoir été si bête avec lui, mais il allait et venait dans sa vie comme s'il pouvait acheter ou rendre son amour au gré de l'humeur. Elle regretta surtout de ne pas être à présent noyée dans son regard, dans le confort tiède de son étreinte, rassurée par son souffle sur sa peau, et charmée par ses lèvres sur les siennes. Son coeur hurlant, elle s'arrêta en pleine rue, et marmonna un “ Merde, ” de profonde irritation, avant de jeter un coup d'oeil par-dessus son épaule. Le Walrus se trouvait là, presque à portée, mais elle hésita à faire demi tour pour Seren, et s'excuser. Lui sauter dans les bras, oublier tout, l'embrasser, lui faire l'amour, mourir dans ses bras. Elle se mordit la lèvre à sang, le souffle haletant, incapable de décider entre rebrousser chemin ou rompre la maigre distance qui la séparait du Walrus. Et on décida pour elle. Elle échappa un cri alors qu'on l'arrachait à ses réflexions, plus par réflexe que par véritable crainte, et sans surprise, le festival de reproches vint troubler ce qu'elle avait envisagé voilà une poignée de secondes.   “ Mais c'est pas vrai ! Tu sais pas laisser tomber ? T'en as pas marre ?! ” Visiblement pas. Elle avait hésité à lui revenir, et maintenant elle se débattait pour lui échapper. Sous bien des aspects, ils n'étaient qu'indécision et contradictions, et elle était épuisée.   “ Je me suis promenée dans cette tenue toute ma vie, et qu'est-ce que tu crois que Jacen peut faire de pire ? Hein ? ” hurla-t-elle, en tirant sur son bras pour le lui reprendre, comme si ça suffirait. La violer ? Le concept n'existait pas à Kozakura. La frapper ? Il l'avait déjà mordue à sang, à des endroits innommables qu'elle ferait mieux de garder pour elle seule. Pas par pudeur, mais pour s'éviter le même regard de complète fureur qu'il avait envoyé à Jacen, et qui aurait pu foudroyer. La tuer ? Selon les croyances, elle devrait déjà s'estimer heureuse d'avoir vécu aussi longtemps dans un milieu pareil.   “ Je suis suivie. Par toi,  ” gronda-t-elle, furieuse. Il avait tout l'air de vouloir reprendre de sa contenance là elle était une boule d'énergie intarissable, un vrai spectacle à elle seule. “ C'est ce que tu t'es répété tout ce temps avant de t'endormir pour te donner bonne conscience ? Grand malade. ” rétorqua-t-elle, alors qu'elle s'apprêtait à tout mettre en oeuvre pour se défaire de leur proximité. Mais que pouvait-elle, maigre humaine, tas d'os et de chair devant une montagne ? Ce Mont Olympe. Quand bien même, en avait-elle réellement la volonté. Il était si doux, même dans ses emportements. Plus que n'importe qui ne l'avait été avec elle. Il coulait sur elle un regard de tendresse romantique dont elle était incapable de se défaire, et il était si beau, si grand, si tout, qu'elle perdit ses points cardinaux à ses mains sur ses hanches. Son torse contre sa poitrine provoqua un gémissement de surprise, et elle se mordit les lèvres, réduite au silence par la proximité ; et bien plus. Un autre lui échappa, mais fut étouffé dans ses cheveux, alors qu'il trouvait sa nuque de sa bouche, et n'en pouvant déjà plus, elle embrassa ses lèvres avec autant d'ardeur que lui. Ses mains glissèrent jusqu'à sa nuque, entre quelques mèches, pressant davantage si c'était même possible une succession de baisers brûlants. Obnubilée par ses lèvres, ses joues, le contour saillant de sa mâchoire et par les muscles qu'elle tenait fermement entre ses doigts, Luna n'écouta rien. “ Mmmmh ... ? ” marmonna-t-elle, obnubilée par une envie presque vitale de l'embrasser de nouveau. Ce qu'elle aurait pu faire, si la providence ne s'était pas occupé d'eux. On arracha sa prise à Seren, dans un mouvement brutal, mais surtout inattendu. De l'écrin brulant de ses bras, elle retrouva le froid glacé, et l'emprise abjecte de Jacen sur son poignet. Elle s'entendit dire qu'il lui faisait mal et essaya de se débattre en ayant l'impression d'assister à la scène plus que d'en être.   “ T'es là toi. Tu vas m'suivre, parce que j'ai payé cher et j'en ai pas terminé avec toi. J't'aimais bien, Luna, mais tu croyais aller où comme ça ? Hein ? Hein ? Tu croyais que t'allais t'en sortir à si bon compte ? Qu'Aika allait toucher son pognon et que t'allais pas m'subir ? J'vais t'briser en deux. ” Il hurla à deux amis de l'embarquer, mais ce qui était un tumulte se transforma immédiatement en querelle, puis inévitablement en bagarre générale ; fallait-il s'attendre à mieux de la part de la pègre de Kozakura et de pirates en escale ? Perdue dans un attroupement d'hommes, Luna se recroquevilla sur elle-même, terrifiée, puis trouva sa chance dans une main tendue, un air un peu pressé quoiqu'un rien curieux, et quelques mèches hirsutes pour couvrir des traits d'ordinaire espiègles. John lui fit l'effet d'une victoire, et en prenant sa main, elle sentit ses poumons se vider d'une inquiétude, mais son coeur se gâter de remords.

À bord du Walrus, elle rédigea ce qui aurait dû être une lettre, mais ne se résuma qu'à quelques pauvres mots. Le coeur lourd, elle se mordit la lèvre et y échappa une maigre larme avant de signer et de donner à John la mission de remettre la missive à un homme, qui ferait suivre par un autre, puis un autre, jusqu'à ce qu'elle ne trouve son destinataire.


Peut-être dans une autre vie,

Luna.
Revenir en haut Aller en bas
Alec Warhust
goin' down the bayou, takin' you all the way
Alec Warhust
name : sasha
inscription : 12/11/2020
posts : 42 faceclaim © : c. yaman

souls always know their way back home · w/seren Empty

Seren avait beau être l’un de ces dieux que l’on disait inébranlable, Luna parvenait avec la plus grande facilité du monde à le rendre complètement fou. Chaque décision qu’il était contraint de prendre désormais semblait à la fois parfaitement logique et dénuée de sens. Un paradoxe omniprésent depuis quelques semaines et qui n’était finalement rien d’autre que le fruit d’une bataille qui faisait rage entre son coeur et son esprit. Cette femme avait su faire naître en lui un festival de contradictions à la fois bouleversantes et redoutables. Tout était aussi désirable qu’appréhendé. Il n’y avait qu’à voir la façon dont elle le dévorait des yeux en faisant tomber un déluge de cris et de reproches à son égard. Des détails peut-être pour beaucoup, mais pas pour lui. Les lèvres pincées, il avait relevé le visage pour accueillir cet amalgame d’accusations dont il était accusé et se trouvait effectivement être coupable. — Non, et je suis au regret de te prévenir que ça ne fait que commencer. Qu’il siffla, un brin de provocation perceptible dans la voix et aucun sourire pour venir mettre en doute la sincérité de ses mots. Il n’était pourtant pas dans ses habitudes de bousculer les convenances et imposer sa présence auprès d’une femme, mais ici encore, Luna faisait exception. Ses tentatives d’attaques étaient appréhendées comme des caresses, tandis que les hurlements qu’elle parvenait encore à pousser ne faisaient que rebondir sur cette montagne d’indifférence qu’il était. Il arqua tout de même un sourcil à sa remarque, jugée bien trop naïve selon lui. Si lui, fils de Zeus, était incapable de résister à ce qu’elle renvoyait, inutile de méditer quant au nombre de regards lubriques et vicieux qui avaient sûrement eu l’opportunité de se poser sur elle dès l’instant où elle avait quitté l’auberge. Les hommes de Deyja, pour la plupart, ne promenaient pas une réputation qui puisse laisser à présager qu’elle s’en sortirait indemne sans sa présence. Pas ainsi, pas dans ces accoutrements qui laissaient voir bien trop de cette peau qu’il rêverait d’embrasser. La réflexion, si elle eut le mérite de lui faire baisser brièvement les yeux sur le reste de sa silhouette, ne trouva aucune réponse verbale de sa part mais simplement un regard qui en disait long sur ce qu’il pensait. Et s’il s’agissait encore de la seule barrière qu’il n’avait pas encore franchi, elle ne tarda pas à céder sous le poids de sa volonté. Quand bien même il aspirait à vouloir respecter ses choix et ses décisions, Seren était incapable de luter contre ce qu’elle-seule parvenait à éveiller chaque fois qu’ils avaient le malheur de se toucher. Un simple contact physique ne devrait pas avoir autant de portée, mais l’envoutement reprenait toujours de plus bel dès lors que ses doigts avaient l’audace d’effleurer la douceur de sa peau de pêche. Et à lire ce que les deux prunelles devant lui renvoyaient, l’exquise torture dont il était victime était réciproque. Le baiser fût consommé avec une telle intensité qu’il pu sentir son coeur faire un bond dans sa poitrine. L’invitation était pleine de promesses et les gestes délibérément suggestifs laissaient entrevoir tout ce qu’aucun des deux n’étaient disposés à admettre. Il échappa son prénom entre deux soupires, embrassa la moindre parcelle de chair qu’elle s’autorisait à lui abandonner, et senti les lèvres qu’il avait nichées dans sa nuque se courber sous le murmure qu’elle lui souffla à l’oreille. Amusé devant sa faiblesse évidente, et comblé qu’elle ait cédé aussi aisément à ses bras. Alors qu’il avait à peine reculé le visage pour échapper quelques mots à son égard, deux mains fermes se chargèrent d’interrompre leur étreinte de façon brutale et inattendue. La minuscule petite bulle de quiétude qu’ils avaient façonnée ensemble explosa sous l’attroupement d’hommes qui se chargèrent de les séparer. La voix et les menaces répugnantes de Jacen s’élevèrent au milieu de la foule tandis que le dieu se délaissait de son rôle d’amant pour revêtir celui de l’archer. La tendresse et le romantisme furent écrasés, balayés par un regard gorgé de sérieux et amputé de toute parole. Seren privilégiait d’ordinaire les règlements de compte par les mots avant d’employer la force, mais ce soir, sans surprise, ferait exception. D’aucuns diraient que le dieu s’était muté en une personnalité drastiquement opposée alors qu’il ne s’agissait finalement que du guerrier qui reposait en lui depuis quelques décennies déjà. Tout était différent. Du regard plein d’agressivité au sourire mutin qui animait ses lèvres, Seren déchaîna sur ces hommes un enfer qu’ils n’auraient probablement jamais soupçonné. Il ne tuait pas, pas encore, mais laissait les pointes de ses flèches transpercer des repaires précis rendant ses agresseurs aussi doux que des agneaux. Des épaules, des genoux, des pieds ou des mains. Jacen gouta inévitablement à l’une d’elles qui fût tirée pile dans l’entrejambe. Et pas le temps pour ce pauvre garçon d’hurler pour manifester sa douleur, puisqu’une main ferme se chargea de l’attraper par le col pour le bloquer contre un mur et l’empêcher de bouger. — C’est moi que tu vas devoir subir, mon coeur. Tu pourras pas dire que je ne t’avais pas prévenu. A le voir dévisager ainsi un ennemi, il n’aurait pas été surprenant qu’il lui hurle ses menaces. Pourtant, son timbre demeura étrangement calme et placide. L’homme qui se débattait sous sa poigne évidemment ne prononça rien d’autres que des insultes pour toute réponse, et maudissait la flèche qui venait de le priver pour quelques mois de son jouet favori. Seren darda son oeuvre d’un dernier coup d’oeil indigné avant de se mettre en quête de celle qu’on venait de lui arracher. — Luna ? Il appela son nom, une fois, puis deux, puis trois, jusqu’à ce qu’il arrête finalement de compter. Si quelqu’un s’était attardé sur ses traits à partir de cet instant, il aurait sans peine pu y lire toute la panique que cet habituel monstre d’indifférence ne parvenait plus à cacher. Jacen ne lui apporta aucune réponse, ni ces dizaines d’autres personnes qu’il harcela afin de leur faire cracher le morceau. Rien. Personne ne l’avait vue disparaître et aucune rançon ne fût réclamée. La seule miette d’information qu’on lui apporta au petit matin fût délivrée par un jeune garçon muet qui lui remis une lettre avant de s’éclipser. Quelques mots à peine, signés d’une main et d’un nom qui le fit frémir. Sur le balcon de sa chambre où ils s’étaient quittés quelques semaines plus tôt, Seren broya dans la paume de sa main le morceau de papier qu’il tenait. Bien plus qu’une flèche dans le coeur, Luna s’était chargée personnellement d’écraser le palpitant qu’il comptait lui offrir. La mâchoire serrée, les yeux rivés vers le soleil qui se levait seulement, il poussa pour de trop rares fois un juron avant de quitter les lieux d’un pas lourd de détermination. Si pas dans cette vie, dans aucune autre.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

souls always know their way back home · w/seren Empty

Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-
Sauter vers: