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Alec Warhust
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Alec Warhust
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we all need someone to stay.
rédigé Lun 4 Jan - 12:01

you were alone, left out in the cold, clinging to the ruin of your broken home, too lost and hurting to carry your load. we all need someone to hold. — @ree tragger


Ô ils avaient bien tenté de l’en dissuader, mais aucun n’était parvenu à lui faire entendre raison. Seren n’était pas encore ce genre de dieu à pouvoir prétendre tenir compte des avis d’autrui lorsqu’il était question de ses protégés et de sa famille. Voilà quelques jours à peine qu’il avait délaissé les terres arides de Kozakura pour retrouver les neiges éternelles de Neverwinter, et pourtant il avait à peine eu l’occasion de pouvoir échanger avec Aureen. Le joyau d’Erendieren était à ce point précieusement défendu que rares étaient ceux qui réussissaient à obtenir une bénédiction de la part de ses gardiens pour aller lui rendre visite. Et à plus forte raison depuis que le prince de Nighon avait décidé d’imposer sa présence auprès d’elle. Nul n’aurait pu décrire exactement dans quel état se trouvait l’héritière du royaume déchu depuis cette malheureuse rencontre, mais Jack lui avait au moins apporter de quoi s’en soucier davantage en affirmant qu’elle ne mangeait rien ou presque. Rien d’étonnant compte tenu de la scène à laquelle ils avaient été contraint d’assister. Seren était d’une grande patience et d’une dévotion sans égale lorsqu’il s’agissait de défendre des causes qui lui tenaient à coeur. Aureen, sans surprise, se plaçait comme étant l’une d’entres-elles et la plus importante de ses priorités dorénavant. Ses escapades à travers le monde l’avaient empêché d’être présent au moment de la triste et effroyable attaque qui avait fait tomber leur foyer. Pour ça, et pour toutes les conséquences engendrées, il avait porté ses regrets au même titre qu’Hercule jusqu’à ce qu’on lui apprenne que la fille de Selwyn et Dreena avait bel et bien survécu. L’on aurait pourtant cru que l’archer se serait délaissé de ses responsabilités à Harmondale pour s’empresser de venir à la rencontre de sa nièce, occuper la place qu’il aurait dû avoir auprès d’elle depuis toujours. Mais curieusement, ce grand et fort guerrier à l’existence toute immortelle manqua cruellement de courage. La honte avait pesé sur ses épaules de telle sorte qu’il lui avait fallu plus d’une année et un prétexte parfaitement idiot pour se rendre au sein du palais glacé. Là où elle résidait à l’abris dans sa chambre, prisonnière d’un chagrin qu’aucun ne pourrait jamais imaginer, il s’en doutait. Ainsi donc, il était venu, le coeur lourd de son départ précipité de Deyja, mais l’esprit cherchant à en oublier la raison. En vain bien sûr. Luna occupait ses songes en permanence, si pas la journée, au moins les nuits. Le spectacle du couple qui se déchira sous son regard impuissant la veille ne pu que l’enfoncer un peu plus dans les remords qu’il éprouvait à avoir abandonné ainsi sa toute belle et dévorante obsession. Sous les rayons pâles d’une lune qui entamait seulement son ascension, Seren frappa à la porte d’une chambre avant d’y pénétrer d’un pas feutré. Non, il n’attendrait pas un silence ou un refus de sa part. C’est ainsi qu’il la découvrit, sans d’autres protections que les maigres lueurs des flammes qui dansaient sur les bougies meublant la pièce. Ses sombres prunelles cherchèrent un instant le bleu de ses yeux avant de finir par le trouver, Aureen au bord du lit sur lequel elle était assise. — Il faut bien reconnaître que Jack, Elsa et Penny font d’excellents gardiens. Difficile de les convaincre quand il s’agit d’approcher le précieux trésor qu’ils protègent en leurs murs. Qu’il souffla d’une voix douce pour annoncer son arrivée. Plongé dans la contemplation d’une femme plus que de l’enfant auquel il avait été habitué, Seren laissa un doux sourire venir courber la commissure de ses lèvres. — Où est donc passée la minuscule petite fille blonde à qui je racontais des histoires ? Fit-il, glissant d’un pas serein jusqu’à elle pour venir s’asseoir à ses côtés. Le réflexe d’autrefois le poussa encore à venir poser une main sur ces cheveux devenus bien trop longs pour être ébouriffés. Elle l’avait tellement maudit pour ça étant plus jeune, et la pensée toute innocente de cette habitude lui arracha un discret soupire amusé. Aureen avait toujours été d’une beauté époustouflante, et si bien des hommes voyaient en elle la plus belle femme d’Erathia, Seren continuait naïvement à la percevoir comme une enfant. Bien plus grande, certes, et bien plus triste aussi. Mais ce trésor-là, il l’espérait, saurait un jour retrouver sa gaieté d’antan. Cette foi qu’il avait de croire en ce que la plupart des gens avaient la fâcheuse tendance à délaisser : l’espoir. — Je peux partir si tu préfères rester seule. Le regard scrutant attentivement ses traits, il chercha à y déceler quelque chose. Un refus qu’elle n’aurait peut-être pas la prétention de verbaliser par politesse. Ou à l’inverse le soulagement de le savoir à ses côtés. Quoiqu’il en soit, il respecterait sa volonté sans lui imposer à aucun moment sa présence si elle n’était pas désirée. La bouche pincée, il glissa un doigt sous son menton pour la forcer à le regarder. — Je ne dis pas que je te prendrais encore sur mes épaules pour que tu puisses essayer d’attraper la lune, tu es presque aussi grande que moi maintenant… Mais je pourrais toujours te raconter une ou deux histoires si ça peut te permettre de te reposer un peu. Fit-il, le timbre se voulant aussi réconfortant que le regard qu’il lui adressait à cet instant. Ces deux êtres étaient littéralement la douceur incarnée. Trait de famille ou simple point commun, Aureen et Seren avaient au moins cette qualité de pouvoir s’envelopper mutuellement d’un drap de quiétude pour s’abriter du monde chaque fois qu’ils se retrouvaient ensemble. A grand renfort d’histoires, de sourires et de belles intentions, ils incarnaient une petite bulle de protection loin de toute la guerre autour d’eux qui se régalait de les faire souffrir. Et parce qu’il s’inquiétait plus que tout de la découvrir aussi vulnérable, ses lèvres formulèrent finalement la question redoutée : — Comment tu te sens ? Là pesait toute la différence avec ce que d’ordinaire on aurait pu traduire par « comment ça va ? ». La réponse ne serait jamais positive, il le savait. C’est pourquoi, plutôt que de lui demander de s’efforcer à répondre que oui, effectivement, elle allait mal, il préféra se soucier de comment elle vivait la situation. Et, pourquoi pas, lui proposer son soutien pour au moins se débarrasser ne serait-ce que quelques minutes de ses démons. Une épaule pour accueillir des larmes, ou une oreille pour entendre ce qu’elle portait sur son coeur.
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Ree Tragger
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Re: we all need someone to stay.
rédigé Lun 4 Jan - 17:16

Elle avait atteint ce moment crucial et retentissant où elle n'était plus capable de produire la moindre larme. Où respirer devenait mécanique plus que vital, et où le fil de ses propres songes s'était brouillé à ce point qu'elle ne s'entendait plus penser clairement. À moins qu'elle ne soit trop épuisée et que plus que d'être brouillées, ses pensées s'étaient temporairement endormies. Au moins pour la laisser jouir de cet ersatz de paix là, et peut-être aussi parce que son coeur tambourinait si fort qu'elle n'était désormais plus que ça : un coeur brisé agonisant bien trop bruyamment, obligeant l'esprit à se taire le temps que la douleur ne passe et finisse par se lasser de hanter sa carcasse bientôt vide.  Recroquevillée sur le large coffre au pied de son lit, les genoux contre son buste, ses lourdes mèches blondes en rideau devant ses traits tirés et emballée dans un plaid, Aureen laissait les affres d'une terrible rencontre tourmenter tout ce qui restait d'elle après trop de guerres, trop de désillusions et de pertes.Elle allait du coffre à son lit, une fois le matin et en sens inverse le soir, pour signifier qu'elle s'était déplacée au moins un peu. Sa mère lui avait appris, et mis un point d'honneur, à ce qu'on ne reste pas au lit toute la journée et à ce qu'on se couche dans un lit fait. Ce pourquoi ses draps étaient toujours passablement remis en place lorsqu'on lui rendait visite ; s'il se trouvait des courageux pour affronter l'oeuvre de tout ce qui se fait de plus cruel en ce monde sur ce qu'il est possible de trouver de meilleur. Elle avait délaissé ses livres et ses maigres tentatives de peindre mourir sur un large bureau que Jack s'entêtait à ranger dix fois par jours, incapable qu'il était de trouver les mots mais borné à rester malgré tout. Les fleurs fanées à sa fenêtre, la nourriture qu'elle n'avait pas touché, pour témoin de son incapacité à paraitre aussi forte qu'on ne le croyait. Derrière sa porte, Penny avait hurlé qu'ils avaient eu tort, Jack avait exprimé son accord et Elsa n'avait ni cherché, ni ressentit le besoin de se justifier, quand bien même avait elle, le plus simplement du monde, dit à Aureen qu'elle était profondément navrée et que ça ne se reproduirait plus. Elle n'aurait jamais pu savoir. Se douter, peut-être, mais qui aurait pu deviner que la rencontre de l'ombre et la lumière produirait un tel chaos. Qui aurait pu se douter qu'ils s'aimaient tant, ou au moins que Flynn répondrait à sa présence par une telle effusion de douleur. Qui aurait pu croire qu'il avait un coeur ? Elle n'en voudrait jamais à personne d'avoir été surpris, et pris dans le tourbillon de leur amour, aujourd'hui plus impossible que jamais. Aussi perdue qu'on puisse l'être, sa poitrine se souleva à peine lorsque Seren pénétra timidement par la seule porte. Fou, comme son parfum embauma immédiatement la pièce. Les éternels avaient chacun une odeur toute particulière, caractéristique à ce point qu'un attentif pouvait les sentir avant qu'ils n'arrivent vraiment. Seren sentait un mélange suave et intense de vanille corsée, poivrée et brûlée, et la renvoya à ces soirées d'automnes à errer dans les jardins de Dreena sous le claire de lune. De sa main, incapable de tenir ne serait-ce qu'un de ses doigts sans glisser. De combien il était colossal, et pourtant bien en peine de tenir la cadence derrière une Aureen énergique, d'une incomparable joie, déterminée à brûler la vie par les deux bouts et à ingurgiter toutes les belles histoires qu'il avait à raconter. “ Et pourtant,  ” souffla-t-elle, laissant flotter entre eux le poids de sa rencontre avec l'amour brisé, dont elle savait qu'il avait été le témoin hasardeux. La remarque ne s'adressait naturellement pas à son irruption, et elle se douta qu'il la connaissait assez pour le deviner. “ Elle a grandi. ”  Faute de volonté, elle ne s'était pas tournée vers lui, ni n'avait quitté l'incroyable inconfort de sa position. La petite fille avait grandi. Trop vite, trop fort, mal. Elle avait hérité de son père sa formidable clémence, sa bonté. Ce qui avait coûté à Erendieren d'être incapable de se défendre à l'heure venue, et ce qui lui coûtait aujourd'hui d'être incapable de ne pas souffrir de la venue de Flynn, qui méritait à son tour de souffrir de son absence jusqu'à la fin de ses jours et pas de jouir de l'espoir qu'elle soit bien en vie.  Elle sursauta vaguement à une main dans ses cheveux, et resserra sa propre étreinte autour de ses genoux, les pieds croisés sous son plaid. Des jours qu'on n'avait pas osé la toucher, à par Penny qui se sentait obligée de l'étreindre, parfois plus pour elle que pour Reen.   “ Je ne te serais pas de très bonne compagnie, alors j'imagine que ça ne tient qu'à toi, ” marmonna-t-elle. Si, comme d'autres, il cherchait le confort d'une discussion avec l'Aureen d'antan, il se prendrait une bien cruelle désillusions à la figure ; celle-ci était morte. Gorge tranchée, sang dispersé sur les pavés nacrés de Whitehaven, toussant sa lumière hors de son corps abimée. Aureen lui avait fait ses adieux, et doutait d'un jour pouvoir être cette femme de nouveau ; ou de le vouloir. Et elle ne voulait pas, au fond, que Seren fasse la rencontre de qui se tenait aujourd'hui à ses côtés. Qu'il éprouve pour elle une pitié pourtant inévitable, que son visage se pare d'un voile de sympathie qui lui était intolérable, ou se sente obligé de quoi que ce soit envers elle là où elle n'attendait plus rien de cette semi-existence contrainte. “ Je ne crois pas que les histoires me permettront de me reposer, vois-tu, ” confia-t-elle, sa poitrine se soulevant derrière ses genoux dans un long et douloureux soupir.  Les histoires fonctionnaient peut-être lorsqu'elle était enfant, naïve et innocente, obnubilée par la beauté du monde et loin de se douter qu'il s'y trouvait la moindre forme de laideur, alors qu'elle ne voyait désormais plus que ça. Elle avait oublié sa passion pour les histoires, et pour tout le reste. Surtout, elle ne croyait plus tant en l'amour et en ses propriétés.Elle avait espéré un homme qui saurait, surtout voudrait, l'aimer autant que Seren avait aimé sa Selene, et elle était tombée dans le piège d'un Flynn. L'exemple donné par Seren et la déesse sur la lune avait été brutalement balayé par l'expérience cruelle. “ Et tu es bien plus grand que moi, ” ajouta-t-elle, plutôt certaine. À côté d'elle, enfant ou non, il serait toujours un titan. Ou bien elle le considérait encore avec un regard d'enfant, et un coup d'oeil dans sa direction saurait la convaincre qu'ils n'étaient plus si différent, elle et lui. Hercule était, en apparence au moins, aussi normal qu'un homme puisse l'être, une effarante beauté en plus. Estë, Peter, l'était au moins autant. Mais Seren était, et serait toujours, plus grand et plus fort. Va savoir. Sa question eut un impact, et elle hésita sur des mots qu'elle n'avait pas envie de prononcer, des sujets qu'elle refusait d'aborder. Elle montra signe de vie en repoussant sur son épaule quelques mèches de cheveux de ses doigts fins et frémissants, puis répondit simplement : “ Et toi ? ” La tentative de détourner l'attention serait vaine, elle le savait parfaitement, mais Seren ne lui en voudrait probablement pas de remettre l'inévitable pour plus tard. Elle était après tout bien plus à l'aise dans le rôle de l'oreille que dans celui de la bouche, et peut-être qu'effectivement, écouter d'autres histoires lui ferait plus de bien que de devoir raconter les siennes. En un sens, ils savaient tous qu'elle n'allait pas bien et elle n'avait pas envie que le monde tourne autour d'elle, marche à son rythme, alors qu'il y avait mieux à observer du côté d'autres ; dont le toujours passionnant Seren. “ Raconte-moi quelque chose de fou, ” souffla-t-elle, déposant sa joue sur ses genoux toujours plus pressés contre elle, et offrant enfin un regard à son oncle. Un regard criant de peine, mais d'une lueur nouvelle appelée volonté.
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Re: we all need someone to stay.
rédigé Mer 6 Jan - 11:05

Sans surprise, la petite princesse Aureen toute souriante qu’il avait quitté il y a des années à Erendieren semblait avoir perdu l’habituel halo lumineux qui l’habillait depuis sa naissance. Ici, après ce qui paraissait être une éternité sans avoir eu l’opportunité de la revoir, elle offrait un portrait bien plus triste que ce à quoi Seren s’était préparé. Il avait largement sous-estimé ce que les épreuves endurées avaient pu avoir comme conséquences sur sa protégée, et se mordit l’intérieur de la joue pour contenir toute la peine éprouvée face à ce désolant tableau. Devenu maître dans l’art de masquer ses émotions, il se contenta de taire la moindre pensée qui serait susceptible d’éveiller un sujet sensible pour se concentrer sur le sourire qui étirait sa commissure. Le regard n’était pas celui d’un homme pris par la pitié, mais demeurait malgré tout bienveillant et attentif au trésor qui se tenait devant lui. La pièce regorgeait d’une certaine mélancolie et transpirait du chaos que la rencontre de la veille avait pu avoir comme impact sur le coeur de son occupante. Devant pareil spectacle, d’aucuns se seraient probablement (et judicieusement) éclipsés pour accorder à la belle Raiponce la solitude qu’elle réclamait tant. Mais il en faudrait davantage pour intimider un dieu, et bien plus encore pour faire reculer un oncle devant sa nièce. Sauf si elle en formulait clairement la demande, il n’avait aucunement l’intention de quitter cette chambre sous prétexte qu’il y régnait une aura toute particulière et étouffante. Et parce qu’il la connaissait suffisamment pour savoir à quel point Aureen était sensible, il n’y avait aucun doute que la rencontre imposée de la veille avait su sévèrement entamer un coeur déjà en proie à bien des démons. Il regretta qu’elle ne puisse avoir le courage de lever les yeux dans sa direction, mais lui concéda tout de même un soupire faussement désolé à la remarque faite.  — Beaucoup trop vite, et c’est regrettable. Faute de pouvoir lui arracher l’esquisse d’un sourire, il se contenterait de des quelques réponses qu’elle lui accorderait et de l’effort que cela devait déjà lui couter. Si lui n’avait que peu évolué physiquement au cours de ces dernières décennies, la jeune princesse s’était en revanche parée d’une beauté similaire à celle de ses parents. Elle avait grandi, s’était embellie si c’était encore possible, et rayonnait même à ce jour d’un charme absolument divin.  — Ne dis pas de bêtises. Tu es de bien meilleure compagnie qu’Estë, et c’est déjà suffisant. Qu’il avait soupiré pour toute réponse à la remarque soulevée. Il n’avait jamais été autre chose que douceur incarnée en sa compagnie, mais devait bien reconnaître que la voir hantée à ce point ne le laissait pas indifférent. Jamais elle n’aurait fait preuve d’autant de cynisme autrefois, et voilà qu’elle essayait même de se convaincre que sa compagnie puisse être pénible pour son entourage.  — Tu as parfaitement le droit d’aller mal, personne ne saurait te le reprocher. Je ne suis pas là pour effacer ton chagrin, je n’ai malheureusement pas ce don. Mais je peux au moins essayer de t'accompagner et ne pas te laisser seule dans le noir. Qu’il souffla dans une confession à peine murmurée, attentif à la moindre de ses réactions.  — Tu m’as manquée. Sa main avait quitté ses cheveux dorés et il dû faire preuve de toute sa force de conviction pour ne pas céder à l’appel d’une étreinte qu’il lui aurait ordinairement portée si elle n’avait pas été aussi à fleur de peau. De peur de la briser  peut-être encore un peu plus, ou de faire tomber le voile de courage qu’elle essayait désespérément de garder en rempart devant elle et ce monde devenu bien trop cruel. — Il est vrai que tu n’as pas l’air si immense en fin de compte, mais c’est difficile à voir avec ces jambes recroquevillées. Première tentative pour au moins lui faire noter qu’il avait remarquer la bulle dans laquelle elle s’était volontairement enfermée. Un sourcil arqué, Seren ponctua sa phrase d’un soupire faussement déçu avant d’hausser les épaules en gage d’abandon. Aussi, il ne s’attarda pas sur sa question qui, d’évidence, avait pour objectif de détourner celle posée précédemment, et l’imita même en se contentant du mutisme pour toute réponse. Après quelques minutes vint une nouvelle requête de sa part, et une qui l’aurait enchanté si seulement il avait eu quelque chose à raconter.  — De fou ? Tu sais, j’ai vieilli… Je ne suis pas sûr que ma vie actuelle soit aussi exaltante qu’à l’époque… Les lèvres pincées, les yeux toujours fermement accrochés à elle, il secoua le visage de gauche à droite avant de s’avouer vaincu. Existait-il une seule chose en ce monde qu’il puisse lui refuser ?  — Mais il y a peut-être tout de même une petite anecdote que je peux te partager et qui saura te plaire je pense. Enfin, elle eu la force de lui offrir un regard pour répondre au sien. Triste, bien sûr, mais où un rien de lueur semblait malgré tout débattre, et ce maigre détail faisait toute la différence. Un tendre sourire sur les lèvres, il hésita quelques secondes avant d’entamer son récit.  — Dans cette légende que tu adorais étant petite, je persistais à dire que Selene continuait à veiller sur son bien aimé depuis sa lune, tu te souviens ? Que les années ne sauraient jamais ternir leur amour malgré la distance qui les séparaient, et qu’un beau jour peut-être, ils trouveraient le moyen de se trouver et s’aimer à nouveau. A la mention de cette histoire qui était la leur, son coeur se serra doucement sous sa poitrine. L’émotion restait la même à chaque fois qu’il avait l’opportunité d’évoquer celle qui était devenue la déesse lunaire par le biais de ses récits. Là où reposait néanmoins un contraste non négligeable en rapport à ses habitudes, c’est que l’archer ne visualisait non pas Selene ce soir, mais bel et bien une autre femme. Identique en tout point, et pourtant si différente. Et comme un réflexe évident de la part de son inconscient, il pu sentir sa gorge se nouer et son souffle se couper. Le poids des remords qui revenait au triple galop.  — Je l’ai retrouvée. Acheva-t-il dans un mince sourire qui n’avait pour intention que de masquer son malaise. Il pressa sur Aureen un regard songeur, presque absent, avant de quitter sa proximité pour se relever et s’accouder à l’une des fenêtres. — Enfin… ce n’est pas Selene, mais c’est comme si elle était tombée du ciel pour moi. Elle a le même visage et est aussi belle, si pas davantage. Elle n’a rien de son caractère, mais elle a un sourire éblouissant, et tu devrais l’entendre rire… Elle a tout de la déesse, mais est en même temps si différente. Ses prunelles rivées vers sa toute précieuse lune, il observait sans n’y voir autre chose que le visage mentionné et le souvenir aussi délicieux qu’amer de leur dernière rencontre. Un frisson lui parcouru l’échine à cet instant, et son soupire témoigna du combat intérieur qui se jouait au creux de sa poitrine.  — Lorsque nous nous sommes trouvés la première fois, elle connaissait mon nom sans que je n’ai à le lui dire, mon passé, et tout ce que Selene et moi avions pu vivre ensemble. Elle prétend avoir ses souvenirs, mais ce n’est pas elle.  Elle n’a rien de son caractère, ou même de sa vie. C’est comme si tout avait été façonné de manière à ce que nous ne puissions pas être ensemble. Drôle d’histoire n’est-ce pas ? Je ne suis pas certain que celle-ci se termine bien… Difficile à croire après avoir passé plusieurs siècles à conter une légende qui semble étrangement avoir pris vie. Souffla-t-il, plus pour lui-même que pour celle qui se tenait derrière lui. Ses yeux quittèrent les cieux pour retrouver le visage angélique de sa nièce, scrutant d’un air toujours aussi songeur ce qu’elle penserait de tout ceci.  — Elle s’appelle Luna. Confia-t-il pour terminer, comme si le simple fait de poser un prénom sur une identité suffirait à lui apporter de quelconques réponses. N’y avait personne d’autre à qui il avait été capable de confier pareil secret. Ni Estë, ni Hercule, ni les rares connaissances qu’il pouvait prétendre fréquenter de temps à autre. Le dieu s’était habitué à la solitude durant ces derniers siècles, renonçant aux confidences auprès d’un être aimé pour ne les partager qu’auprès de son éternelle Selene une fois la nuit venue. Et comment lui faire part d’une telle chose sans éprouver une lourde et dévorante culpabilité ? Peut-être aurait-il mieux fait de taire cette anecdote, mais il espérait, ou se plaisait à croire qu’Aureen avait peut-être autant besoin de l’écouter que lui d’être entendu.
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Re: we all need someone to stay.
rédigé Sam 9 Jan - 13:34

“ Qu'importe où Estë se trouve en ce moment, tu viens de le vexer. ” Et ils en entendraient parler pendant des semaines. Elle se douta que malgré sa magie invasive, Estë n'écoutait pas aux portes, moins encore de celle des consciences, et respectait plus que tout sa propre règle de laisser à chacun son intimité, mais il avait un instinct aiguisé au-delà de toute norme pour ces choses-là ; davantage lorsqu'il s'agissait de ses proches. Quant à qui était de meilleure compagnie, Aureen douta être plus prompt que Estë à ne serait-ce que vivre dans le monde extérieur et à au moins essayer d'être aussi délicieuse dans les conversations qu'autrefois. Parfois elle parvenait à donner le change et montrer une façade courageuse à ceux qui lui étaient le plus proche et qui avaient autant souffert qu'elle de la chute d'Erendieren. Mais dans le secret de sa chambre, elle n'était qu'elle. Tout le moins ce qui restait d'elle. Elle avait certes le droit d'aller mal, mais après tout ce temps, n'avait-elle plutôt pas le devoir d'aller mieux plutôt que subsister dans ce droit d'aller mal ?   “ Le noir n'est pas nécessairement une mauvaise chose, ” confia-t-elle, énigmatique. Il n'y avait qu'à regarder Flynn. Tout de noir vêtu, trainant dans son sillage tous les excès de Nighon, et pourtant il ne se trouvait rien ni personne de plus séduisant et effroyablement rassurant à ses yeux. Un comble. Dans les ténèbres, elle était libre de se laisser consumer par ses pensées, son amour grotesque et ses névroses. Le manque, aussi et surtout. Elle voulut lui dire que celle qui connaissait continuerait de lui manquer pendant un temps, puisqu'elle ne se sentait plus capable d'être ne serait-ce qu'elle-même. Pendant une trop longue réflexion, elle s'entendit lui reprocher de n'avoir pas visité plus souvent. S'imagina brièvement ce que sa présence aurait changé à Erendieren, ou même après. Refusant cependant de tomber dans ce cercle vicieux de possibles, elle se passa une main frémissante sur les yeux pour chasser toutes les suppositions grotesques et s'en tenir à ce qui s'était réellement passé ; et s'accrocher à la vérité qui dictait que ce n'était ni sa faute, ni celle de son oncle. Chercher des raisons, et des solutions trop tardives ne changerait malheureusement pas le passé. “ Tu manques à tout le monde, ” répondit-elle simplement, la bouche dans son coude. À elle, particulièrement. Il avait manqué à ses parents et à Erendieren, à l'époque. À son frère, qui était aussi et surtout son frère, périodiquement. S'il s'était détaché d'Erendieren depuis fort longtemps, il avait manqué à ces soirées tiède où elle contemplait les étoiles, marmonnait les mots d'une comptine que le tout Erathia connaissait parfaitement, et retournait à sa chambre le coeur lourd d'ennui. “ Tu vas rester un petit peu ? ” fit-elle par demander tout bas, les yeux rivés sur lui. Elle se contenterait du temps qu'il voudrait bien lui allouer, certes, mais espéra malgré tout qu'il donnerait plus que l'habituel passage furtif, à raison d'un toutes les décennies.  L'idée qu'il reparte avec la même aisance qui l'emportait à chaque fois lui fit resserrer son étreinte autour d'elle-même ; un réflexe idiot. Et qu'il prenne son manque d'ouverture, tant physique que moral, pour une impolitesse, aurait dû lui inspirer à se détacher d'elle-même pour justement profiter de ce moment privilégié, mais elle ne bougea pourtant pas. Trop usée pour même s'en vouloir de l'accueil qu'elle réservait à son oncle. Elle espéra seulement qu'il aurait à coeur de lui confier une nouvelle histoire ; pas une ancienne qu'elle avait entendu, usée et déformée mille fois. Rien qui concerne Erendieren, dieu merci, ou qui ait un rapport même lointain avec sa situation actuelle. La douleur venait avec son lot de règles, et elle n'avait pas les nerfs assez accroché pour s'en détacher maintenant. Trop tôt. Les yeux tournés vers lui, elle scruta le moindre de ses traits qui resplendissait à la faible lueur des quelques bougies que Jack avait allumé pour elle. Contrairement à ce qu'il prétendait, cet homme ne vieillissait pas. Là se trouvait tout l'intérêt d'être immortel, encore qu'elle ne voudrait jamais de sa vie. Il n'avait pas l'excuse de la maladie, pas tant de la fatigue, à moins que celle-ci ne soit morale. Elle ne pouvait pas croire, à l'avoir longtemps côtoyé, qu'il s'était résigné à cette existence et n'en appréciait pas même les petites choses, les rencontres même éphémères, au point de n'avoir rien à raconter. Mais elle l'avait vu sous le filtre de l'enfance et soupçonnait que, comme tout adulte, il avait arrondi les angles pour donner à croire à la petite chérie d'Erendieren que tout allait bien dans le meilleur des mondes.   “ Bobards, ” marmonna-t-elle dans son coude en lui jetant un regard de biais, absolument convaincue qu'il ne se trouvait personne à Erathia dont l'existence était plus palpitante que celle de Seren. Il pourrait librement y voir une étincelle de candeur, et peut-être en était-ce une.  Elle écouta plutôt distraitement les détails d'une histoire qu'elle connaissait par coeur, gravée en elle en une myriade des souvenirs joyeux. Elle opina vaguement à l'anecdote, ne voyant pas bien où il venait en venir, jusqu'à ce que le poids d'une courte révélation ne vienne cueillir sa curiosité et donne naissance à un prodige. Son coeur se souleva, à tel point qu'elle échappa une bouffée de stupeur, et se redressa immédiatement, comme grisée par ce qu'elle considérait comme la naissance d'un miracle. La déesse lune, parmi eux. La bouche toujours ouverte, mais incapable de trouver les mots, Aureen le contempla se lever et marcher vers la fenêtre. Sa description, saturée d'un amour tout innocent, eut au moins le mérite de l'attendrir et lui arracher un sourire tendre. Sans s'attarder sur les détails, elle comprit immédiatement qu'un fantôme du passé venait de s'inviter dans la pièce, alourdissant l'atmosphère d'une aura pourtant toute délicate. “ Ma préférée, ” souffla-t-elle, la pointe de son menton posée dans sa paume. Selene, même si elle s'en faisait un portrait grossièrement idéalisé, était son conte favori depuis toujours et la seule idée qu'elle puisse la rencontrer réveilla les papillons qui dormaient dans son estomac.   “ Merlin théorisait sur la rencontre entre magie blanche pure et magie noire pure. Que là se trouvait la clef vers la vie éternelle.  ” Il n'en parlait pas souvent, mais ils savaient tous qu'il s'agissait là d'un des sujets de recherche phare du maitre magicien. Que la magie blanche, et noire, distillées puis mélangées avec quelques ingrédients pour les lier, pourrait éventuellement un jour conférer aux mortels le privilège des immortels. Faire des hommes, des dieux, entre autres. Si on se doutait que ses tentatives de les synthétiser s'étaient révélées être des échecs retentissants, en revanche personne n'avait jamais réellement questionné sa progression. “Peut-être qu'il n'avait pas tout à fait tort, finalement.  ” Ce n'était pas ce à quoi le maitre magicien s'attendait, s'il était réellement à l'origine de quoi que ce soit, mais s'agissait malgré tout d'une sorte de vie éternelle. “ Tu crois qu'elle aurait été... réincarnée ? ” demanda-t-elle, si peu certaine du terme. Elle eut l'impression de mentionner un tabou, et se sermonna de n'avoir pas utilisé plus de pincettes, en voyant combien le sujet avait l'air de travailler son oncle, habituellement inébranlable ; à moins d'évoquer ce sujet si particulier. Ils avaient tous des points de pression douloureux, des aiguilles plantées sous la peau qu'un mouvement brusque rendrait douloureuses. Elle, mieux que quiconque, comprenait. Malgré tout, elle se laissa emporter par la curiosité, pour toujours maladive. Pour la première fois depuis plusieurs jours, elle trouva une raison de sortir de son lit, quitte à laisser son plaid trainer derrière elle. Elle fit glisser une partie de son plaid sur les larges épaules de Seren, puis sur leurs deux têtes, et déposa à son tour ses deux coudes sur le rebord de la fenêtre. Le prénom lui fit l'effet d'un bonbon pour l'âme, et elle parvint à concéder un sourire à la déesse lune. “ C'est fou.  ”  Et c'était peur dire. Quelques minutes s'écoulèrent, où elle reprit son souffle pour la première fois depuis plusieurs jours, se gonflant les poumons de l'air le plus frais entre tous les royaumes. “ Tu l'aimes ? ” osa-t-elle finalement, sans s'attendre à ce qu'il le lui dise simplement, sans faire de détours. Elle connaissait la réponse pour lui, et une négation n'arriverait qu'à la convaincre de la véracité de ses certitudes. Tous les détails qu'il avait donné à propos de cette Luna ne pouvait être que le fruit d'au moins une once d'amour ; la malheureuse en amour ne pouvait que voir transparent dans le jeu d'autres. “ Elle est différente, et ? Toi aussi, tu es différent maintenant, et peut-être que ... Je ne sais pas. Ce n'est pas un moindre mal. ” Après des siècles, il avait peut-être besoin d'autre chose. Et peut-être que cette différence serait justement tout ce dont il avait besoin pour se détacher de trois siècles à se raccrocher à un souvenir. “ Tu as le droit, tu sais. De passer à autre chos. Ce n'est pas interdit. Le monde a besoin de gens qui s'aiment vraiment. ”  Elle avait besoin de gens qui s'aiment vraiment. Sans concession, sans hésitation, sans craintes. De savoir que l'amour continuait de prospérer, malgré qu'il se refuse catégoriquement à elle.
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Alec Warhust
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Re: we all need someone to stay.
rédigé Dim 10 Jan - 12:58

La remarque à propos de son cousin arracha à Seren un léger sourire au bord de la commissure. Nul doute qu’Estë finirait par lui tomber dessus un de ces jours, et oui, effectivement, il risquait d’en entendre parler pendant un long moment.  — Il s’en remettra, ne t’en fais pas pour lui. Le clin d’oeil espiègle qu’il adressa à Aureen ponctua sa maxime et referma par la même occasion la petite parenthèse de légèreté qu’il avait glissée entre eux un peu plus tôt. Ce soir, n’y avait aucune autre compagnie qu’il puisse espérer en dehors de celle qui se tenait à ses côtés. Peu importait finalement qu’elle soit un peu plus renfermée qu’autrefois et moins enjouée à l’idée de converser avec son oncle. Le simple fait qu’elle ait accepté sa présence était déjà amplement suffisant et un gage de la toute la confiance qu’elle pouvait lui accorder.  — C’est vrai, mais je crois que tu en sais bien plus que moi à ce sujet. Confia-t-il à son tour pour toute réponse à ce qu’elle venait d’évoquer concernant le noir. Une jolie métaphore pour qualifier bien des choses, qu’il puisse s’agir des ténèbres ou de son propre prince des ombres. Ou comment la toute innocente princesse lumière parvenait constamment à distinguer le bon au milieu du mauvais. Ce don-là était effroyablement touchant et s’il était bien une chose qui ne changerait jamais chez elle, c’était à ne pas en douter cette qualité unique qui faisait de cette héritière une véritable souveraine de paix. Il aurait voulu profiter de cette minuscule petite fissure pour s’y engouffrer et aborder un sujet qu’il savait plus délicat qu’aucun autre. Mais parce qu’il sentait que le moment n’était pas le bon, et parce qu’il n’avait pas à lui imposer une telle épreuve, Seren garda ses lèvres scellées et s’accrocha uniquement aux mots qu’elle souhaitait lui accorder. Les yeux rivés vers elle, il inclina tristement le visage sur le côté face aux aveux qu’elle venait de formuler. Il savait, ou si pas, se doutait fortement que son absence au cours de ces dernières années avait été plus que remarqué. Si Erendieren demeurerait pour toujours son seul et unique foyer, il n’avait pas eu le courage ni la force d’y fouler ses terres depuis ce qui semblait être une éternité. D’aucuns connaissaient ce fils de Zeus pour ne jamais rester plus de quelques jours au même endroit. Une habitude terriblement égoïste et qu’il prenait soin de respecter depuis la mort de Selene, ceci dans l’unique but de ne pas s’attacher plus que de raison à ce qui pourrait être amené à disparaître du jour au lendemain. Le leçon avait été rude, et s’il croyait pouvoir échapper à la peine et aux remords en prenant la fuite, Seren ne s’était jamais autant fourvoyé que lorsqu’il avait appris la chute de son propre royaume. La douleur fût terrible, si pas pire puisque mélangée à une culpabilité évidente d’avoir perdu les siens sans même avoir eu l’opportunité de les défendre. A la question qu’Aureen formula à son égard, il laissa échapper un long soupire sans jamais cesser de fixer les deux grandes billes bleues qui le regardaient.  — Bien sûr que je vais rester. Fit-il le plus simplement du monde, comme une délicieuse évidence. Il finirait un beau jour par reprendre sa route là où il l’avait laissée, nul ne saurait dire quand et où, mais Seren avait la ferme intention de profiter de ces moments à Frostväll pour se satisfaire de la présence toute miraculeuse d’un trésor sur lequel il aurait dû veiller depuis des années. Et comme toute bonne tradition qui devrait se respecter, leur conversation prit inévitablement le chemin d’une anecdote et d’une nouvelle histoire qu’il se mit à lui conter. Il esquissa un léger sourire à l’expression fascinée qui pu se lire presque aussitôt sur les traits de son visage. Voilà au moins un sujet qui saurait peut-être apaiser même furtivement le coeur fissuré de sa nièce.  — Je n’ai jamais vraiment songer à trouver d’explications à tout ça. Ils étaient nombreux à me parler de réincarnation à l’époque mais je n’ai rien voulu entendre parce que je n’y croyais pas un seul instant… Comme quoi, la vie est faite de surprises. Il avait haussé les épaules en détachant ses yeux des siens pour venir machinalement regarder par le paysage qui se dressait devant eux par la fenêtre. La question posée aurait pu le choquer si elle ne provenait pas de la petite blonde qui se tenait désormais à ses côtés. Il opina machinalement à ses dires, les lèvres pincées et songeur quant à la réponse à lui apporter.  — Je ne sais pas trop quoi penser pour être franc… J’y ai cru au début, mais elle n’a rien à voir avec Selene. Rien qu’à sa façon de parler, de bouger, de se comporter… Luna est une personnalité à part entière, simplement avec des souvenirs qui ne sont pas les siens. Et en même temps comment ne pas y croire… ça fait beaucoup de coïncidences pour que tout ceci ne soit qu’un heureux hasard. Il poussa un soupire à s’en fendre l’âme devant l’absurdité de sa propre réponse. La vérité, c’est qu’il s’était complètement égaré sur tous les points possibles et imaginables. Appréhender une telle situation n’était pas simple, et cela remettait en question absolument toutes les certitudes qu’il avait pu avoir jusque ici.  — Oh oui, ça l’est. Fou. Toute cette histoire l’était. Emmitouflé dans le plaid qu’elle venait de poser le long de leurs épaules, Seren porta son attention sur la silhouette à ses côtés et découvrit la même petite fille curieuse qu’il avait finalement quitté à Erendieren. Quoiqu’elle puisse prétendre et malgré tout le mal enduré, dans le fond, au moins rien ne changerait jamais entre eux. C’est pourquoi sa nouvelle interrogation fût accueillie d’un rire bien trop amusé compte tenu de la situation.  — Non… Oui… Je ne sais pas ?  Si le sujet précédent n’avait rien de tabou à ses oreilles, celui-ci en revanche savait étrangement le mettre bien mal à l’aise. S’il l’avait pu, le dieu aurait volontiers emprunté l’intégralité de la couverture pour y cacher son visage.  — Ça c’est une bien jolie question mais je regrette, je n’ai pas encore de réponse à te donner.  Ou peut-être n’était-il juste pas prêt à la formuler à voix haute et en assumer toutes les conséquences ? Car après tout, il était bel et bien là ce manque. Cette femme qu’il ne connaissait que depuis quelques semaines à peine mais qui était parvenue à le bousculer bien plus qu’aucune autre ne l’avait fait jusque là. La tête baissée sur le rebord de la fenêtre, Seren gonfla ses poumons d’une bouffée d’air avant de lâcher la suite de ses mots.  — J’aimerais que ce soit aussi simple, mais ça ne l’est jamais. Tu en sais quelque chose n’est-ce pas ? Il est difficile de pouvoir aimer quelqu’un d’autre, même après avoir passé trois siècles à tenter de s’en convaincre.  Là encore, un petit clin d’oeil qui saurait sans doute trouver une oreille attentive, il s’en doutait. Ou comment piétiner des évidences pour se trouver des excuses stupides et, pire encore, dévier vicieusement le sujet.  — Et même si c’était le cas, je ne suis pas sûr qu’il soit encore temps de faire machine arrière. C’est au moins une chose que tu peux concéder à ton prince. J’ignore tout le mal qu’il a pu te faire, et pour son bien je préfère ne pas savoir, mais il a au moins eu le mérite de venir te trouver pour admettre qu’il avait fait une erreur et qu’il tenait à toi. Et ça, je t’assure que ça demande beaucoup plus de courage qu’il n’y parait. Un que je n’ai pas vraisemblablement. Qui aurait pu croire qu’un éternel pourrait se montrer aussi faible devant une chose pourtant aussi répandue que l’amour. Il ne provoquerait pas davantage la conversation autour du prince Flynn de Nighon, mais appréciait pouvoir s’en servir pour tenter de mettre à son tour en lumière certains points qu’elle peinait à voir. Le fait est que malgré les nombreux défauts qu’il semblait posséder, lui était présent pour tenter de se faire pardonner, quand Seren avait préféré prendre la fuite pour essayer d’oublier. Il se sermonna intérieurement d’être incapable d’en faire autant à l’heure actuelle. Luna avait eut raison de le mettre en garde quant au fait qu’il se mordrait les doigts d’avoir pris une telle décision. Et, effectivement, elle ne s’était pas trompée.  — Et si je l’aimais, qu’est-ce que tu crois qu’il se passerait ensuite ?  Questionna-t-il, l’incertitude perlant dans ce timbre d’ordinaire si sûr de lui. Une grimace songeuse sur les traits de son visage, il avait glissé ses prunelles vers elle et attendait, comme toujours, les paroles bien avisées de la plus petite mais la plus pure des conseillère.
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Re: we all need someone to stay.
rédigé Mar 12 Jan - 13:30

Pour une question d'âge, elle douta en savoir davantage sur l'ombre que lui. Certes, elle avait fréquenté un prince et maitre en la matière, mais Seren s'était confronté à des âmes bien plus noires que celle de Flynn, qui n'était finalement qu'un gamin mal élevé en comparaison à un certain Hadès, par exemple. Un sourcil froncé en témoin de toute son incrédulité, elle ne fit rien de la remarque et préféra détourner de nouveau le message, pour faire comprendre qu'elle n'aborderait pas le sujet si facilement. Incrédulité vite succédée par un intérêt trépidant ; le moment était une rareté, un miracle presque. Il était parvenu à faire surgir la petite fille emprisonnée dans son corps d'adulte, qui avait toujours été là, mais s'était laisser consumer par l'amertume et le chagrin. Si elle n'extasiait pas comme elle aurait dû le faire, Aureen n'en demeurait pas moins particulièrement intéressée par la mention de celle qui avait, de loin, alimenté toute son enfance et fait d'elle une rêveuse. On se serait douté qu'au cours des siècles, il y aurait des ressemblances. Si pas dans une même génération, au moins dans les suivantes, et qu'un dieu pourvu de bonne mémoire et d'un oeil aiguisé finirait par croiser un air familier, si pas un portrait craché. Elle, mieux que quiconque, pouvait aisément croire, et voir à quel point des individus pouvaient se ressembler et en était la preuve vivante : quelle glorieuse paire formaient-elles, Aurore et elle. Toutefois, son régal se heurta à cette histoires de souvenirs, et davantage à l'attitude précautionneuse de Seren. À la fois sceptique et curieuse, elle repensa à ce qui s'était murmuré à Erendieren au sujet de la réincarnation, soit trois fois rien, mais aussi à tout ce qu'impliquerait d'avoir en ce monde une Selene qui n'en était pas tout à fait, voir pas du tout celle qu'elle avait été. Alors au fil des détails et des suppositions, elle hocha la tête pour montrer qu'elle écoutait encore, malgré qu'elle s'occupait à décortiquer les moindres détails de cette histoire de fou. Se faisant, sa joue tiède trouva son épaule, étirant la commissure de sa lèvre pour former sur ses traits une espèce de seconde joue à la fois adorable et hilarante, si on s'y attardait. Elle aurait voulu trouver le mot juste, la bonne solution, ou une explication brillante à offrir, mais une révélation d'une telle ampleur suscitait bien plus de questions qu'elle n'aurait le temps ou le coeur de poser. Alors sur un soupir vaincu, elle se laissa convaincre que la meilleure alternative était encore l'authenticité de ses croyances et de suivre tant son instinct que son bon coeur. “ J'aime à croire que la magie a décidé de te faire ce cadeau sous prétexte d'un si grand coeur,  ” souffla-t-elle, appuyant davantage sa joue contre l'angle de son épaule et glissant son bras autour du sien. Comme toujours, Seren se trouvait sur un piédestal, et elle douta qu'il en descendrait un jour. On ne pourrait jamais la convaincre, ou ne serait-ce que la contredire, sur le fait que Seren faisait parti des bons de ce monde, malgré qu'il ait, comme tous, ses défauts et ses mauvais choix en bagage. “ Peut-être qu'elle te conviendra mieux, qui sait. ” La différence n'était pas un mal, loin de là, et peut-être qu'elle serait une bénédiction dans ce cas. Elle n'avait pas à dessein de le froisser, jamais, ni à questionner sa relation avec Selene.  Elle regretta immédiatement d'avoir choisi le mot ' mieux ' qui n'était pas tout à fait juste, mais elle n'avait pas beaucoup mieux pour exprimer sa pensée.  Aussi, elle avait l'intuition qu'après trois longs siècles à placer Selene dans la plus haute estime, à ce point que son nom traversait les âges ( immortalité, d'une façon ou d'une autre ), il avait peut-être oublié, là aussi, ses défauts et ses mauvais choix. Dans le deuil, nous avons toujours tendance à ne retenir que le bon, et peut-être que cette Luna viendrait avec quantité plus à offrir sur Selene à leur époque. Ce pourquoi Aureen osa la question qu'elle considérait importante, même si hautement impolie. Devant son hésitation, elle se pinça les lèvres, certaines d'y voir une réponse dont il n'avait pas encore tout à fait conscience. “ Je te taquine, ” reprit-elle pour l'apaiser. Elle laissa quelques secondes s'écouler, afin de le laisser un rien respirer, avant de reprendre : “ Mais lorsqu'on ne sait pas, au fond, c'est qu'on sait. ” Elle était certaine qu'un non aurait surgi immédiatement, ferme et précis, aussi tranchant que la lame d'un guerrier fendant l'air. Je ne sais pas, c'est au moins se questionner, et ce n'est pas un non, et c'était là tout ce qu'elle avait besoin de savoir. Le reste viendrait plus tard. “ Ou bien tu veux garder la véritable réponse pour toi et c'est un jardin secret que je veux bien te concéder, ” finit-elle, en appuyant ses deux coudes sur la rambarde, et la pointe de son menton sur ses deux poings clos en support. Qu'il était compliqué d'être seulement vivant à leur époque. De devoir marcher, avancer, affronter. Elle savait effectivement que rien n'était simple ; l'avait appris de la pire manière. Sans lui concéder la moindre réaction, elle sentit son coeur s'emballer à la remarque et tendit d'avantage l'oreille. “ Je ne dis pas comme toi.  ”  Elle aurait voulu lui dire que le plus difficile restait encore de s'aimer sois-même, pas d'aimer quelqu'un d'autre ; mais elle se savait douée pour ça. Aimer les autres lui était naturel, inévitable. Elle voyait les qualités au-delà des défauts, et parvenait malgré tout à aimer ce qui aurait dû rebuter. Elle voyait le bon en tous et toutes, passer outre le reste là où d'autres, voire personne, n'avait assez de courage pour s'y risquer.   “ Le plus difficile, c'est de se libérer du passé qui s'est enfui et de l'espoir qu'il ne reviendra plus.  ”  Aimer quelqu'un d'autre était une chose plutôt aisée. Elle aimait tant, de bien des manières et n'avait aucun problème à le revendiquer. En revanche, elle, comme Seren, avaient un problème avec le désamour. Sans les admirer, elle enviait ceux qui parvenaient à se défaire d'un premier amour,  par exemple, là où elle se sentait incapable de relâcher sa prise autour de son histoire avec Flynn. Aureen était la femme d'un homme, et même si elle avait effroyablement mal choisi son élu, il n'en restait pas moins un choix conscient de son coeur. On ne pouvait pas s'accrocher à quelqu'un, tant qu'on s'accrochait à un autre. Seren était encore attaché à son ange, Aureen à son démon ; et elle comprenait qu'il ne puisse pas entrevoir un autre futur, là où elle s'en sentait incapable aussi. Mais au moins, elle savait. Le jour viendrait peut-être, ou non, mais elle était pleinement consciente de là où elle se trouvait ; et elle était certaine que ce jour était venu pour l'homme qui se trouvait à ses côtés.   “ Et de se laisser tenter par la possibilité que le futur sera peut-être... mieux... ou différent, si le terme te dérange. ” Elle n'y était pas encore, mais un jour, peut-être.  S'il n'avait pas mentionné Flynn, elle aurait immédiatement répondu qu'il était toujours temps de faire marcher arrière, mais puisque ça semblait impossible de son côté, alors elle ravala un conseil qui serait malvenu de sa part. “ Si Flynn a ce courage, tu l'as aussi, ” répliqua-t-elle, douce, mais moins. Elle n'était pas convaincue du courage de Flynn, ou de quoi que ce soit qui le concerne en bien ; et elle en avait tous les droits. Ce que Flynn désirait, ce dont il était capable et ce qui l'animait demeurait un véritable mystère. Il était un cas à part, et selon elle, pas un modèle ; d'autres  lui donneraient inévitablement tort, tenant compte des attitudes du prince et de l'évidence  toute relative de ce qui le poussait à vouloir l'avoir, ne serait-ce que pour un moment. Mais Reen ne voyait rien, comme lorsque le coeur d'une femme est touché. “ Je ne connais personne de plus courageux que toi,  ” fit-elle, une piètre tentative de sourire sur le coin de la bouche.  Au nom de 300 ans à ruminer ce monde, à persister malgré la balafre à son coeur et les souvenirs heureux d'une époque révolue dans la tête. Des papillons d'amour mort dans l'estomac, devant ce monde qui sombrait, et sombrait, et sombrait encore... Et pourtant, il était toujours plein de grâce, de bonté et de bon sens. Il ne lésinait jamais sur les sourires et les bons sentiments, au moins lorsqu'il se trouvait devant elle. Même. Elle le voyait toujours au travers du filtre de l'enfance. Ce hero, grand, beau, fort, romantique juste ce qu'il le faut, plein d'espoir et de panache et de tout ce qu'il faut. Le portrait la fit vaguement sourire, avant qu'elle ne se retourne de nouveau vers lui, dos au paysage cette fois. “ Le bonheur ? ” fit-elle doucement, après s'être gonflé les poumons d'air frais. “ Ephémère, oui, mais c'est à toi de faire en sorte qu'une poignée d'années à aimer pleinement puisse valoir des siècles de deuil.  ” Tout serait à jamais éphémère pour lui, mais comme dans tout bon roman, il fallait quelques bons chapitres pour se convaincre de continuer la lecture, et espérer qu'il s'en trouve bien d'autres.   “ Bien sûr, je ne parle qu'en tant qu'humaine. Je ne peux qu'imaginer ton fardeau, mais ... Même si Flynn et moi avons fait des erreurs, je ne rendrais pas nos meilleurs moments pour toute la paix du monde. Ces moments m'appartiennent, et souvent, je les utilise comme un baume, afin de me convaincre que tout n'a pas toujours été que souffrance. ” Elle se mordit la lèvre à l'évoquer, mais pour une fois, ne ressentit par la maigre amertume ou le besoin de pleurer en prononçant son prénom à voix hautes, ou en donnant quelques éléments de ce eux presque enterré en pâture.   “ Tu as aussi le droit à ce baume, pour te rappeler qu'il y a malgré tout des moments qui valent toutes les peines.  ”
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Re: we all need someone to stay.
rédigé Lun 18 Jan - 17:58

La relation que l’un et l’autre pouvaient partager était inqualifiable. Au fil des siècles, aucune compagnie n’avait jamais été plus douce que celle de la princesse aux cheveux blonds. Aureen était une perle, un trésor de douceur sur lequel il veillait depuis qu’elle avait ouvert ses deux grands yeux bleus à un monde qui ne méritait pas tant sa pureté. N’y avait rien qui ne saurait un jour venir atténuer la lueur de ce petit soleil. Si cette affirmation ne faisait pas l’unanimité auprès de ceux qui la connaissaient bien compte tenu des tragiques et récents évènements, c’est en tout cas ce dont Seren se persuadait à mesure que s’écoulaient les minutes et les mots échangés. L’âme était peut-être en proie à une terrible peine, mais y persistait malgré tout une lumière chaleureuse qui savait venir réchauffer le coeur des siens dans sa grande bonté. Aureen et la magie de bienveillance qu’elle était capable de répandre autour d’elle de par sa simple présence. — Si je peux bénéficier d’une telle faveur, il n’y a pas de raison que tu en sois privée. Glissa-t-il à sa suite, un mince sourire sur les lèvres et les yeux rivés vers le plafond étoilé qui leur faisait face. Il se laissa aller à un soupir devant la remarque dont elle lui fit part. Pas vexé le moins du monde, mais plutôt sceptique. — Qui sait. Qu’il répéta presque machinalement, songeur devant un tableau qu’il n’avait jamais pris le temps d’envisager. Ce que Selene et lui avaient pu vivre à l’époque n’étaient malheureusement plus que de beaux souvenirs. Les légendes à son sujet et les rumeurs concernant sa divinité n’avaient été établis que parce qu’il avait pris soin de la faire devenir éternelle par le biais de mots et de récits. Dans le fond, tout cela était et ne resterait jamais plus qu’une jolie histoire. Une, facile à raconter à des enfants émerveillés, et qui avait à ce point bercé Erathia que chaque année tous les royaumes se plaisaient à célébrer le festival de ladite déesse. Dans le deuil, Seren avait trouvé le confort de se reposer sur cet agréable mensonge plutôt que de vouloir affronter la triste et inconcevable réalité. Elle était morte il y a plus de trois siècles, et ne lui reviendrait jamais. Quand, parallèlement à tout cela, se trouvait Luna et tout ce qu’elle avait été capable d’éveiller chez lui. Son bras enroulé autour du sien l’arracha à ses pensées tandis qu’il coulait sur Aureen un oeil avisé. Encore une fois, celle qu’il avait la fâcheuse habitude de considérer encore comme une enfant était devenue bien trop futée pour lui. Il arqua un sourcil devant sa réflexion avant de baisser le visage pour l’observer plus attentivement. — Ou qu’on est pas encore tout à fait prêt à vouloir en assumer les conséquences ? Tu sais bien que pour toi je n’aurai jamais aucun secret. Et quand bien même, je te soupçonne d’être suffisamment maline pour être capable de distinguer si je suis entrain de te mentir ou pas. Mmh ? L’esquisse de sourire qui ponctua sa maxime trahissait son amusement. Pour une espèce de principe ridicule, il ne lui donnerait pas raison. Pas tout de suite. Pas encore. Mais le reste de ses propos trouvèrent pourtant une oreille attentive et il hocha brièvement la tête en s’emmitouflant un peu plus dans le plaid qu’ils partageaient. Pas qu’il ait froid, Seren était un monstre de chaleur quel que soit les temps et les régions, mais se sente plutôt à découvert et étrangement vulnérable. — Tu vas trouver ça idiot, mais je crois que c’est peut-être justement ça le fond du problème… Le futur. Il fit une courte pause, cherchant des mots à mettre sur les raisons qui l’avaient poussées à quitter Deyja en y abandonnant son nouveau joyau. — Quand tu as l’éternité devant toi, tu sais que quoiqu’il arrive tu finiras inévitablement par être confronté à la perte de tous ceux auxquels tu tiens. Je sais que je peux l’aimer, si ce n’est pas déjà le cas. J’ai simplement peur de le faire. L’appréhension de se retrouver seul, encore une fois. La crainte de souffrir plus qu’il n’avait aimé. Seren avait beau être un guerrier, et un particulièrement âgé, il n’en restait pas moins un homme avec des sentiments et un coeur presque aussi imposant que celui de sa nièce. A trop aimer, on finit par en souffrir. Dans une piètre tentative de lui accorder une grimace de désaccord devant son affirmation, il posa le bout de son index pile sur le nez rond qui se trouvait à ses côtés. — Détrompe-toi, je connais une petite blonde bien plus courageuse que n’importe lequel des immortels. De toutes les histoires qui peuvent se raconter, c’est toi mon héroïne préférée. Il en avait toujours été ainsi, et comme il était bon de la savoir vivante et auprès de lui en cet instant. Ses perles noires accrochées aux siennes, il souleva son menton du bout des doigts en soupirant devant ce visage absolument adorable. — Grand dieu, j’aurais vraiment dû t’épouser lorsque tu étais petite. Fit-il doucement, amusé devant le souvenir d’une Aureen miniature qui se perdait à l’ensevelir de « je t’aime » chaque fois qu’il avait le plaisir de se trouver dans ses parages. Certes, elle était peut-être devenue trop grande pour qu’il puisse la porter sur ses épaules (encore que), les étreintes étaient sans doute devenues trop douloureuses pour être offertes présentement, mais si un regard avait le pouvoir d’enlacer une âme, celui qu’il lui adressait en cet instant valait tous les « je t’aime » du monde. D’un dieu à sa protégée, ou d’un oncle à sa nièce, Aureen était bien des choses à ses yeux si pas essentielle à son existence vouée à l’éternité. Ses paroles sonnaient terriblement justes, et il n’eut pas le coeur à contredire toutes les vérités qu’elle venait d’établir minutieusement devant lui. Les lèvres pincées, il méditait sur la question en apportant néanmoins une attention toute particulière à l’exemple cité pour toute illustration de ses propos. Il la laissa respirer quelques minutes, songeant à des confessions qui n’auraient peut-être pas leur place ici. Et pourtant.  — Il avait vraiment l’air d’être sincère tu sais. Reprit-il doucement, en réponse aux souvenirs évoqués en compagnie de son prince. — Je n’ai peut-être pas le don de déceler les mensonges aussi facilement qu’Estë, mais je sais reconnaître un homme amoureux et un coeur en peine. Flynn semble être d’être bien des choses, mais au moins sur ce point-là, même ses talents d’illusionnistes ne pourraient pas simuler une émotion aussi forte. La parenthèse était ouverte, et il s’y était naturellement engouffré dans le but, peut-être, d’apaiser à son tour ce qui pouvait la tourmenter. Seren n’était pas homme à juger, loin de là, mais il était au moins doté d’un sens de l’observation hors du commun et surtout d’un passé qui n’était pas sans rappeler ce que ce ténébreux petit seigneur de Nighon semblait avoir vécu. — Le jour où j’ai compris que Selene ne me reviendrait pas, c’est lorsque j’ai commencé à raconter sa légende. Je me souviens encore de ces enfants et des étoiles qui brillaient dans leurs yeux à chaque fois que j’évoquais la déesse de la lune. Rapidement, ce qui devait n’être qu’une histoire devint beaucoup plus pour moi. L’idée même qu’elle puisse m’avoir été arrachée était insupportable, alors j’ai choisi de faire de cette légende ma propre réalité. Qu’il commença à réciter en se pinçant les lèvres. — Ça, jusqu’à ce que je rencontre Luna et qu’elle remette absolument tout en question. Un coup d’oeil dans sa direction pour appuyer sur l’importance de l’information, et il reprit, plus bas : — La première fois que je l’ai aperçue, j’ai cru qu’il s’agissait de Selene. Et tu vois, aussi étrange que cela puisse te paraître, le regard que j’ai pu avoir en posant les yeux sur elle est exactement celui que Flynn a eut en s’avançant vers toi. Et il l’avait vu cette étincelle se dessiner sur son visage, et l’émotion envelopper le timbre de sa voix. Chaque geste de sa part, aussi maladroit avait-il pu être, n’avait finalement été que la traduction de tout ce qu’un coeur endeuillé était capable de faire surgir devant un être aimé. Pas qu’il puisse un seul instant considéré Flynn comme un prétendant à la hauteur de cette femme jugée parfaite pour lui, mais Aureen devait au moins entendre certaines choses qui lui auraient éventuellement échappé. Tout n’était pas que souffrance, effectivement. — Crois-moi, la flèche que j’ai tirée ne l’aurait pas loupé s’il en avait été autrement. Tu as le droit de ne pas vouloir lui pardonner, mais ne t’empêche pas de vivre pour lui. Ne fais pas la même erreur que moi. Son bras s’était glissé le long de ses épaules en une accolade affectueuse pour tout réconfort si tant est qu’elle puisse en avoir besoin. Il avait pris un risque en abordant ce qui, de toute évidence, était un sujet tabou au sein de ces murs. Mais puisqu’entre eux les filtres n’étaient pas nécessaires, Seren avait délibérément choisi de prendre ce risque non sans lui concéder un regard à la fois désolé et confiant. Sous la lueur pâle d’un clair de lune qui saurait abriter leurs confidences, chacun leur tour ils se tendaient la main pour ne plus avoir à marcher seul.
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Ree Tragger
shattered dreams into rhapsodies
Ree Tragger
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Re: we all need someone to stay.
rédigé Sam 23 Jan - 19:21

“ Malheureusement, toute la bonté du monde ne parviendra jamais à réincarner tous ceux que j'ai perdu,  ” rétorqua-t-elle sans y penser. Son regard se voila inévitablement d'une émotion indescriptible. Sans ressentir l'envie de pleurer les morts de nouveau, une tristesse insoutenable l'éprouvait à chaque fois qu'ils étaient mentionné, et davantage par elle. Seren ne pensait évidemment pas à mal, pas si loin, mais la comparaison était trop facile pour elle qui ne vivrait pas éternellement ; pas même assez pour être le témoin de ce que la magie peut accorder de plus précieux : une seconde chance. Il y avait au moins ce bon côté à l'immortalité, et elle espéra qu'il saurait l'entrevoir après cette conversation, à défaut d'en embrasser tous les aspects complètement. On relativise toujours face au malheur d'autres. Il avait ici son opportunité de passer à autre chose, d'aucuns diraient enfin, et elle cherchait à le convaincre que le temps qu'il perdait à craindre était du temps qu'il ne passait pas à enlacer son petit miracle.   “ Les conséquences ?  ”  Elle trouva le terme effroyablement choisi, et ne se fit pas prier pour le lui faire savoir en lui jetant un regard de biais. Comment pouvait-il parler de conséquences, alors même qu'il ne s'était pas encore lancé et qu'il avait toute les chances d'obtenir une série de bénédiction ?   “ Je n'ai jamais dit que tu mentais, mais plutôt que tu n'assumais pas et c'est tout à fait différent. ”  Elle le jugea brièvement d'un regard, ne comprenant pas comment ils en étaient arrivé là, ou plutôt quel chemin avait-il emprunté pour contourner le sujet à ce point. Son sourire la fit froncer les sourcils davantage, mais au prix d'un long soupir, elle fit l'impasse. Elle était trop maligne et tristement expérimentée, pour se laisser mener en bateau par des névroses sans fonds ni formes d'immortels ; et bien trop accrochée au concept de l'amour pour le laisser l'emporter sur ce terrain-ci, quand bien même pouvait-elle comprendre ses craintes. Ils n'avaient pas la même vie ; elle ne bénéficiait que d'une chance ; pas à l'amour, mais à la vie. Lui pouvait se transformer à volonté. Être un homme durant des décennies et décider d'en être un autre à la faveur d'un évènement, d'une rencontre ou d'une envie. Mais il endurait aussi ce même temps, souvent long et clairsemés d'embûches. Qu'aurait-elle fait de cette immortalité si elle avait tout perdu dans ses premières années, dans ce contexte si particulier ? “ C'est légitime, ” commença-t-elle dans un soupir de concession, “ Nous ne sommes que de petits chapitres dans ta très longue vie. Cela dit, je trouverais regrettable de te priver d'une histoire qui te ferait du bien, j'en suis certaine, sous prétexte de crainte.  ” À son stade, il ne pouvait que choisir de vivre dans le présent, plutôt que d'imaginer le futur ; sinon il finirait fou à lier. Sans vouloir lui forcer la main, elle espéra qu'il finirait par entendre raison et se consacrer à la joie plutôt qu'à calculer son malheur futur ; mais devait se résoudre malgré tout à ce qu'il ne voit pas tout cela du même oeil qu'elle. Quant au courage qu'il croyait voir en elle, Auren se rebiffa et refusa d'entendre ce qui avait à dessein d'être un compliment. Si elle avait été si courageuse qu'on le disait, elle serait dehors, à embrasser sa deuxième chance pour faire honneur à ceux qui n'avaient pas survécu. Elle aurait dit à Flynn qu'elle l'aimait, ou ne l'aimait plus assez pour le tolérer ; elle aurait été honnête plutôt que de mentir à tout le monde et endosser le rôle de la princesse énigmatique dans sa tour. Perdu dans ses pensées, elle fronça un sourcil à ce qui était une plaisanterie ; celle-ci se heurta à un premier degré retentissant. L'inconfort se trouvait dans la formulation.   “ Je ne crois pas que ... ” commença-t-elle, moitié bête, moitié amusée. “ Cette union aurait été vue d'un bon oeil. ” Encore une fois, elle fit glisser sur lui un regard perplexe. Pourtant consciente que l'idée derrière les mots n'était pas la même que celle exprimée, elle reprit immédiatement :   “ En revanche, tu aurais pu promettre de m'épouser une fois adulte. Ce n'est pas faute de l'avoir suggéré au moins un milliard de fois, si c'est pas plus. Tant pis pour toi. ” Plus candide sur la fin, elle échappa un faible rire, avant de reprendre son sérieux de glace. Bien sûr, elle se souvenait parfaitement que son attachement l'avait conduite à décréter, royalement, que Seren serait un jour son époux. Il n'aurait pas à l'aimer comme il aimait son trésor sur la lune, mais elle se contenterait avec joie de l'avoir dans son quotidien, et de fondre, tant dans ses bras que sous son regard. L'idée ne lui avait jamais semblé plus délicieuse que maintenant qu'elle avait tout perdu aux griffes de démon, même son coeur. Durant une poignée de secondes, elle fut de nouveau la petite fille naïvement éprise de l' inatteignable. “ Maintenant que j'y pense... Je suis certaine que mon père craignait, je ne sais pas, que je reste accrochée à toi de cette façon et que c'est pour ça qu'il a lourdement insisté sur le terme ' oncle '. ” Elle échappa un faible rire ; une rareté dans ce contexte, et une inspirée par la seule mention de son père et du souvenir tout doux qu'il avait laissé. Elle se souvenait qu'il la prenait par la main en premier, puis par la taille, et à chaque fois qu'elle mentionnait Seren, il insistait sur ' Oncle Seren ' alors qu'elle s'entêtait, et moquait ses efforts. À terme, il avait fini par gagner ; comme toujours. “ Cela dit, on en revient à ton éternelle problématique. Regarde le temps qu'il t'a fallu pour ne serait-ce qu'envisager ce qui aurait été le mariage le plus glorieux de tous les temps. ”  Oh, c'était tout à fait différent - et une plaisanterie, du reste - mais il ne lui tiendrait pas rigueur de se servir du contexte de leur conversation pour le retourner contre lui, ou selon, en la faveur de Luna.   “ Ne loupe pas ton opportunité avec cette fille à trop la réfléchir. Qui sait ce que demain apportera. ”  Elle était tristement bien placée pour le savoir, et l'homme dont il était maintenant question aussi. Flynn avait mal choisi son ordre de priorités, ses ambitions et surtout, son moment.  Maintenant ils ne se trouvaient plus, et Flynn la cherchait son coeur à tâtons, dans le noir, comme elle avait cherché le sien durant des années. Elle écouta vaguement l'analyse, intéressée par l'avis, mais incapable d'en comprendre le sens. Elle refusait de s'ouvrir à ce sujet, avec n'importe qui, et surtout par crainte de retomber dans une relation vicieuse qu'elle n'avait plus la force d'affronter. “ Dans ce cas, il faut croire qu'il est bon à ce point qu'il a même réussi à te duper,  ” concéda-t-elle, les traits immédiatement plus durs. “ Souhaitons à Flynn de rencontrer quelqu'un qui remettra tout en question.  ” Pas elle, sinon ils n'en seraient pas là aujourd'hui. Elle était cloitrée dans des croyances erronées et s'en était fait un palais dont elle ne voulait plus quitter les murs. Elle s'était convaincue que Flynn n'avait pas besoin d'elle comme elle avait besoin de lui, d'abord parce qu'il ne le voulait pas et ensuite parce que ce n'était pas dans les cartes. Elle s'était résignée, et qui pourrait l'en blâmer ? Elle n'était, après tout, que l'oeuvre du Prince de coeur ; une autre.   “ Je ne m'empêche pas de vivre, et certainement pas pour lui. C'est seulement que je ne trouve plus ma place dans ce monde. ” Plus maintenant. Son foyer lui manquait plus que tout. Ce monde était si cruel, davantage à chaque minute où on s'obstinait à vouloir la noyer sous l'affection toute miséricordieuse de ses bienfaiteurs, et elle ne voyait que le noir, la discorde, le froid et la solitude. Elle s'en était fait un cocon, et refusait d'en sortir par instinct.   “ Et je ne vois pas comment je pourrais de nouveau accorder ma confiance, ou pire : confier mon coeur, après tout ça. Crois-moi qu'il ne se trouve aucune bonne parole qui puisse m'aider à me surpasser de ce coté-là,  ” décréta-t-elle, certainement dans le même ton qu'il avait utilisé voilà 300 ans, près le décès de sa belle. “ Un jour, peut-être.” finit-elle, dans un long soupir, les yeux rivés vers la cime enneigée. Un jour, peut-être. Lorsqu'il sera trop tard, sinon jamais.
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