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tales down the river :: french quarter
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Dryden Faulkner
will be rough in so many sweet ways
Dryden Faulkner
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@tina callahan

S'il avait su.
Alors quoi ? Il aurait attendu deux minutes de plus à la dernière intersection ? Passé son chemin, la mine basse et la capuche sur la tête ? Tapé un détour d'une inutilité prodigieuse par le carré ? Peu importe. Cette ville est grande, au moins selon ses souvenirs et ce qu'on raconte. Pourtant elle n'a jamais été plus modestement minuscule que ce soir, alors qu'il presse le pas sur Decatur. Il se faufile entre les curieux et les quelques chaises que les vieux ne veulent pas bouger sous prétexte qu'ils sont chez eux ; lui rappelant par la même occasion qu'ici, des fois qu'il aurait oublié, il n'est pas plus important qu'un autre. Le changement d'atmosphère est grandiose et il a, pour la première fois depuis des lustres, l'impression de respirer convenablement ; quand bien même on se moque complètement du fait qu'il soit Dryden Fuckin' Faulkner. Lui aussi s'en balance, et être au diapason avec la populace à ce sujet lui arrache un délicieux sourire. Home sweet home. Pourtant la fatalité se pointe alors qu'il traverse et percute ce qui lui fait l'effet d'un large sac de frappe en pleine poitrine. Un combo ' démarche chaloupée, haleine de tonneau, et discours décousus' lui rappelle qu'ils ne sont pas bien loin de Bourbon Street, un soir de week-end et qu'il aurait effectivement mieux joué son coup à faire un détour. Le type le percute en premier et manque de s'éclater la figure, d'abord contre la façade, ensuite contre le trottoir. Autour d'eux, il provoque une certaine hilarité que Dryden déplore et condamne d'un regard. “ Ça va aller ? ” Bien élevé, prévenant, inquiétude authentique, humain, il se penche pour ramasser le pauvre gars qui peine, et l'entraine presque dans sa galère. Lui a appris la leçon de la pire manière il y a bien des années : Bourbon Street n'est pas un monde de débauche, c'est la nation-mère en la matière. Ce n'est qu'un trou noir réservé aux étudiants au budget serré et aux touristes en quête de frissons et d'un ersatz d'authenticité. Ceux qui y vivent savent, ou ils devraient. Visiblement, ce n'est pas le cas ici, lorsqu'il prend l'identité de la victime du jour en pleine figure. Michael Callahan lui fait l'effet d'une bombe dans l'estomac, et il se crispe immédiatement. Fuck. Par réflexe, il recule. Juste assez pour observer mieux, pas assez pour le laisser tomber tête la première sur la chaussée. Il aimerait pouvoir dire quelque chose, mais les mots ne viennent pas, contrairement à l'angoisse qui le prend dans les tripes. D'autant que Mike sent l'alcool à ce point qu'il donne l'impression d'avoir pris son bain dans l'évier d'une taverne. L'odeur s'accentue lorsqu'il se met à parler, et provoque un haut le coeur immédiat. “ Oh! Tu m'dis qu'qu'chose, mon grand. ” Tu m'étonnes. “ On s'connait pas par hasard ? ” C'est une blague ? “ Me semble bien, oui, ” rétorque-t-il immédiatement, ouvertement irrité. Pas parce qu'il ramasse un soulard un vendredi soir alors qu'il devrait déjà être au restaurant, en train de se mettre la cuisine de maman plein la panse, mais plutôt parce le père Callahan peine à le remettre dans un contexte. Dryden le scrute longuement, cherchant dans son regard l'étincelle d'un souvenir, mais aussi à déterminer s'il ne serait pas un peu vexé face au fait qu'il n'a marqué Michael ni en tant qu'acteur, ni en tant que lui-même. Ça remonte à quelques années, le vieux à le droit au bénéfice du doute et même si Dryden lui cède qu'il n'est plus tout jeune, ni assez sobre, un nerf en lui est inévitablement froissé. Probablement que cette fibre se trouve dans son orgueil. Faut dire que sa relation avec sa fille, Tina, est de loin ce qu'il a de plus précieux à coeur ; et son putain de père est même pas foutu de re-situer sa gueule. Allez, admettons. À l'époque, il n'avait qu'un début de barbe absolument pathétique, les cheveux trop long jamais peignés, et rien à bouffer sur la carcasse. Il a changé. Il a aussi brisé leur relation pour se faire un nom de l'autre côté du continent. Rien ne joue en sa faveur, et c'est là qu'il décrète qu'un oubli ne peut que leur faire du bien. Qui sait ce qu'un père serait capable de faire pour l'honneur de sa fille. Toujours est-il que Mike empeste comme jamais. Dryden le soupçonne de trimbaler sa liqueur dans une poche, et vu l'état de son pantalon, celle-ci a surement une fuite. “ Vache! On est tombé dans la potion magique, Monsieur Callahan ?! Et si on allait boire un verre d'eau et manger un bout pour éponger. Je suis certain que Tali a – “ Des Tamales ? ” Là par contre, l'ex beau-père est fulgurant. “ Ouais. Va pour des Tamales. ” Ça, par contre, il s'en souvient. La cuisine de sa mère est fameuse, d'accord, mais il est tout de même longtemps sorti avec sa fille et ça devrait compter. Regrettable, quand même, que le surnom de sa mère inspire davantage que son prénom. Bienvenue à la maison, Dryden, où ta mère est plus populaire que toi. Sans se douter, ne serait-ce qu'un seul instant, que son ex ne se trouve pas bien loin du père qu'elle cherche, et refusant inconsciemment de s'imaginer que son chemin croisera celui de Tina ce soir, Dryden se résigne à aider. Par éducation et bon coeur, il n'aurait de toute façon laissé personne dans son état seul dans la rue ; mais sur 393 292 résidents permanent de la Nouvelle Orléans, il a quand même fallu que celui-ci lui tombe dessus comme la misère sur le pauvre monde.
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Tina Callahan
goin' down the bayou, takin' you all the way
Tina Callahan
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Elle lui avait pourtant dit de rester sur ce banc, de ne pas bouger le temps qu’elle aille soutirer quelques billets à ce distributeur sur le trottoir d’en face. La consigne était pourtant simple, même un enfant s’y serait tenu en échange d’un ou deux bonbons. Pourtant sur ce coup-là, Tina avait tristement surestimé les capacités de son alcoolique de père en matière de discipline. Evidemment qu’en se retournant, tout sourire aux lèvres, elle avait eu la mauvaise surprise de découvrir un banc vide et un Michael Callahan aux abonnés absents. — Merde, papa ?! Le reste de ses jurons se perdit dans la paume de la main qu’elle venait de porter à ses lèvres. Une légion de soupires plus tard, la voilà qui dévalait le bitume de ses talons à la recherche d’un grand brun parfumé au whisky. Elle l’appela une paire de fois sans même prêter attention aux regards amusés de certains badauds, un mélange d’inquiétude et de colère dans la voix. L’opinion et les jugements des autres à son sujet, elle s’en fichait royalement. Le monde était d’une cruauté sans égal, elle l’avait appris à ses dépends. Plutôt que de tendre la main, la grande majorité de l’espèce humaine aimait encore se satisfaire du malheur des plus faibles. Une conclusion pessimiste sans doute, mais qu’elle s’était jurée de combattre en côtoyant chaque jour ceux qui nécessitaient un peu de bonnes attentions. Et des fois que sa journée n’aurait pas été suffisamment épuisante, on lui offrait de quoi faire des heures supplémentaires aujourd’hui. Tina se sermonna intérieurement d’avoir eu l’audace de lui proposer une promenade en ce début de soirée. Il était pourtant clair que cet homme devait avoir bien plus d’alcool que de sang dans les veines lorsqu’elle l’avait trouvé rampant en direction de la porte de son appartement. Il avait voulu prendre l’air, c’est ce qu’il lui avait expliqué et ce qu’elle avait naïvement cru en l’aidant à se relever. Tandis qu’elle s’apprêtait à prendre la direction du bar le plus proche, une voix familière se chargea de la faire tourner à l’angle d’une rue et enfin retrouver le fugitif qu’elle recherchait. — Oh papa… Qu’est-ce que t’as encore fait… Elle s’était précipitée vers lui, un long soupir pour toute remarque déplaisante à son intention, et se planta pile sous son nez, ses mains contre ses joues mal rasées. La bienveillance d’une fille à l’égard d’un homme qui resterait éternellement son héros. — Boh, rien. J’ai rien fait d’mal. Et y a ce p’tit jeune là, un brave gars, l’a proposé d’aller manger un bout chez Tali ! — Non non non, on va rentrer et tu vas me suivre ! Le contraste entre l’ordre donné et la douceur avec lequel elle venait de le prononcer était surprenant. Mike était peut-être un déchet aux yeux du monde, mais avant l’alcool, les médicaments, la dépression et les maladresses, il demeurait son père. Après une longue minute passée à s’assurer qu’il ne s’était pas blessé en tombant, elle remarqua seulement l’ombre qui se tenait juste derrière elle et qu’elle avait tout simplement ignorée depuis. — Je suis désolée… Merci pour votre… Elle s’était retournée et le reste de ses mots resta coincé au fond de sa gorge sans qu’elle ne parvienne à en formuler davantage. Le coeur fit un écart et se serra sous sa poitrine lorsqu’elle reconnut sans peine des traits et des contours familiers d’un homme qu’elle ne pensait plus jamais revoir. — Dryden. Souffla-t-elle, brutalement prise à la gorge par la main d’un souvenir cruel et douloureux. Ses deux grands yeux bruns trouvèrent les siens presque instinctivement, et elle se mit à détailler ce visage tout droit venu du passé en se maudissant d’une telle faiblesse. Ô bien sûr, elle avait eu mille occasions de pouvoir le croiser brièvement sur les affiches de ses derniers films ou encore à la télévision, mais le fait est qu’en vrai, ce type était clairement à tomber à la renverse. Beau comme un dieu avec cette barbe impeccablement entretenue, et elle ne s’attarderait pas à complimenter sa coupe de ses cheveux ou le reste de son apparence qui, d’emblée, la rendait déjà folle à tel point qu’elle en perdit maladroitement l’équilibre en reculant d’un pas. Ce mec là, ici, devant elle. Les lèvres pincées, elle se fit violence pour s’arracher à cette contemplation en agrippant le bras de son père avant d’entreprendre de contourner ce chef d’oeuvre de la nature. — On t’embête pas plus longtemps, merci encore. Viens papa. Qu’elle souffla, plus incisive cette fois-ci et fermée comme une huître devant un fantôme qu’elle était bien loin d’être prête à affronter. Pas le coeur, pas les armes pour une discussion innocente et les formules de politesse. C’était sans compter le père Callahan qui se détacha doucement de sa fille pour emprunter le chemin engagé par Dryden. — Dis don’, j’ai pas encore mangé moi. Aller venez les jeunes ! Et le voilà qui partait de nouveau, sifflant un air léger et joyeusement ivre en direction du restaurant. La mâchoire serrée devant l’absurdité de la situation, Tina inspira une longue bouffée d’air avant de se pincer l’arête du nez pour retenir de nouveaux jurons. Formidable soirée en perspective. Elle s’était retournée vers Dryden, un index planté pile au milieu de son torse afin d’affirmer un peu plus l’espèce d’air menaçant qu’elle tentait de se donner. — Rien, je veux rien entendre d’accord ? Il est fatigué en ce moment. Le ton était sec et elle articula chaque mot avec toute l’amertume dont elle était faite devant lui. Difficile cependant de rester de marbre devant ce visage-là. Des années qu’elle ne l’avait pas revu, si pas une éternité, et Dryden était encore capable de rouvrir toutes ces cicatrices qu’elle pensait avoir soigneusement refermé depuis. Et pour ça, elle le détestait. Un agacement qu’elle n’essayait même pas de lui cacher tellement il la rendait folle sans même prononcer le moindre mot. A la place, elle rumina en silence, se mordit l’intérieur de la joue et tourna les talons avec la ferme intention de mettre fin à ce semblant de retrouvailles catastrophiques. — Te sens pas obligé de nous accompagner, ça ira maintenant. Pas d’au revoir, rien. Et puis ses yeux se posèrent sur la façade du restaurant dans lequel venait de pénétrer son père et elle se gifla mentalement de ne pas avoir fait le rapprochement avec sa proposition de gouter aux mets servi par Tali. Evidemment. Elle avait presque oublié que le restaurant en question accueillait la cuisine de son ex belle-mère. Et quelle cuisine… N’y existait à ses yeux aucune autre enseigne qui puisse se vanter de faire d’aussi bons plats. Prise au dépourvu, Tina stoppa sa marche au milieu de la rue, hésita une dizaine de secondes, puis se retourna dans un soupir vers celui qu’elle avait laissé derrière elle. — Tu vas rendre visite à ta mère ? La réponse était plutôt évidente, mais elle se senti obligée de lui demander. Le fait est que la véritable question était plutôt de savoir ce qu’elle redouterait le plus : l’avoir dans la même pièce qu’elle durant une courte soirée, ou le voir s’en aller une nouvelle fois et le priver de sa compagnie. Ses prunelles accrochées à sa silhouette, elle se mordit la lèvre en essayant de se convaincre de reprendre sa route. En vain. Comme si elle attendait patiemment qu’il se décide à bouger pour la rejoindre quand son coeur hurlait d’appréhension de l’avoir dans son sillage. — Toi et moi on va pas jouer à ça d’accord ? Aux bons potes qui se retrouvent après des années, à prétendre qu’on s’intéresse à ce qu’est devenu l’autre. Tu m’as bien fait comprendre que tu t’en foutais à l’époque, et j’ai fait pareil de mon côté. Faux, archi faux. Mais là encore, Tina surprenait devant sa spontanéité. Il la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle n’avait jamais été ce genre de femme à faire semblant, à jouer un rôle. Là où il brillait de par ses talents d’acteur, elle était entière et devait bien souvent se mordre la langue pour ne pas avoir à prononcer des vérités fracassantes. En l’occurence ici : sa présence le dérangeait autant qu’elle le fascinait. Parce qu’au lieu de perdre son temps à lui parler, là, au milieu de ce trottoir, elle aurait tout simplement pu rejoindre son père qui devait déjà avoir plongé son nez dans quelque plat. Bon retour à la maison Dryden.
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Dryden Faulkner
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Dryden Faulkner
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Évidemment. Mais évidemment qu'elle débarque à la suite du père. L'un ne va pas sans l'autre et il aurait dû le savoir. Il l'entend avant de la voir parce qu'il se préoccupe avant tout du sac à gnole qui n'est plus à grand chose de s'accrocher à sa jambe, mais les premiers mots, même s'ils ne lui sont pas destinés, lui font l'effet d'une bombe. Son coeur frémit et lui tombe dans les pompes lorsque ses yeux se posent sur Tina. Elle est en quelque sorte la même, mais pas tant. Il a laissé derrière lui une jeune femme, et même si elle n'est pas beaucoup plus vieille, elle a chopé un coup de je ne sais quoi remarquable, stupéfiant, comme on chope un bronzage qui donne tout de suite bonne mine. À ce stade, Tina n'a pas bronzé, elle s'est baignée dans une rivière d'or. Trop belle pour lui qui prend une claque ; faut dire qu'il était certain, y pas trois secondes, qu'elle pouvait pas s'embellir davantage qu'à l'époque. Il s'arrête inévitablement sur elle, fronce un sourcil au prénom qu'elle prononce : le sien, et on ne lui fera jamais l'affront d'argumenter le fait que son prénom n'est beau que dans la bouche de Tina. Immédiatement, le père est passé au second plan. Il pourrait se vautrer, se faire piétiner par une calèche et rouler jusqu'au Mississippi, que ça ne détournerait pas Dryden de cette fille qui lui saute à la figure, d'abord, puis au coeur. Mais tu l'embêtes pas, Tina, au contraire. Il se formalise à peine du ton, et ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais les mots ne viennent pas. Tina lui fait cet effet, mais c'est tout à fait nouveau. Lui ne manque jamais de mots, ou d'intentions ; souvent bonnes, rarement mauvaises. Ses initiatives sont momentanées et ne souffrent d'aucune sorte d'hésitation. Il vit par instinct, sous l'impulsion ; mais ici, c'est le trou noir. Elle le ramène au monde réel en pressant son index contre sa chemise, et là, en revanche, il prend toute l'amertume de Tina comme une claque dans la figure.   “ J'ai absolument rien dit,   ” rétorque-t-il froidement, ses yeux rivés sur un doigt accusateur qui l'irrite immédiatement. Elle s'emballe d'entrée, alors que lui n'a rien demandé à personne ; où va le monde. Plus que d'être traité avec respect, il est d'ordinaire traité avec les plus hauts égards. On ne l'accuse de rien, et on ne se permet pas de viser son coeur à l'arme-doigt intransigeant. On enrobe tout pour lui, et s'il n'a pas l'ego fragile, il se rend ici compte à quel point ils ont changé. Toutes ses habitudes, tout le protocole qui gravite autour de lui, Tina s'en moque éperdument. Comme sa mère, comme sa soeur, comme tous les autres. Le retour à la maison serait inévitablement étrange, certes, mais il a l'habitude que Tina le regarde avec les yeux de l'amour et ici, elle braque sur lui une rancoeur qu'il ne peut qu'essayer de comprendre.   “ C'était pas dans mes intentions. ” Faux. Natalia l'a élevé mieux que ça, et ils le savent tous les deux. S'il n'a aucun regard pour Mike qui s'en va joyeusement, il refuse de se confronter de nouveau à Tina, alors il décide qu'emboiter le pas à son père reste encore la meilleure parade.   “ De toute évidence, ” lâche-t-il, ni impérieux, ni tendre. En vérité, il est d'emblée vexé par le simple fait que Tina ne montre rien d'une affection, même microscopique, qu'elle pourrait encore ressentir. C'est idiot, il ne s'attend à rien de sa part, et surtout pas à recoller les morceaux ; ils n'ont plus la vie pour ça. Mais quand même ... Elle pourrait être neutre, voire plutôt heureuse de le revoir, mais non. Il a le droit à l'amertume. Pire riposte entre toutes. Et pour couronner le tout, elle ne lui laisse pas l'opportunité de se satisfaire de ce peu fort déplaisant en jetant une autre bombe dans son sillage.   “ Ah ouais... D'entrée, comme ça. Pas de préavis, pas de filtre. Tu vas même pas faire semblant. ” Même pas au nom de la dignité, ou de la décence. C'est comme ça que font les ex, non ? Ils font semblant pour donner le change.  Lui a l'habitude de prétendre, mais Tina ne sait pas faire ça. Comment lui en vouloir ? Lui n'est qu'un rôle, et un différent selon qui lui offre le meilleur salaire. Le seul moment où il a eu le sentiment d'être lui-même, il était avec elle - à elle. Tina ne sait pas faire ça, changer de veste à volonté. Elle est splendidement elle-même, dans ses qualités et ses défauts. Là où ils pourraient donner à croire que le temps a bien fait son travail sur eux et qu'ils sont assez mature pour pouvoir cohabiter avec un passé, Tina jette un pavé d'authenticité sur son jeu d'acteur rôdé.   “ Toi et moi, on a jamais été potes.  ” Déjà. Quitte à poser les vérités comme des parpaings sur leurs pieds, autant le faire avec panache. Ils ont été plus que bons potes, et il tient à ce plus , plus qu'à tout le reste. Elle prendra ça comme elle veut : bien, de biais, ou complètement de travers. N'empêche que c'est vrai.   “ Ce que t'es devenu m'intéressait un peu, mais la tendance est en train d'évoluer à ton profond désavantage – J'aime pas trop trop le ton que t'utilises là, surtout sachant que j'ai ramassé ton père saoul sur la chaussé y a même pas trois secondes. De rien. ” Si elle avait vraiment voulu lui faire comprendre que sa présence l'emmerdait, elle aurait pas pu faire mieux. À quoi il s'attendait, en même temps ? Pas à grand chose. En vérité, il ne s'est jamais autorisé à envisager des retrouvailles. Par lâcheté, à n'en pas douter, mais s'il s'y était hasardé, ça ne se serait jamais passé comme ça.   “ Je te demande pas de me remercier, mais au moins de pas le prendre comme ça. J'y peux rien si j'étais là à ce moment-là, mais je suis ravi de constater que ma présence te fait cet effet. ” Il parle d'un ton plutôt égal, et le masque d'intense sérieux couplé à un rien de sincérité bonne à arrondir les angles, à l'air de bien tenir sur ses traits. Un prodige. Faut dire qu'il a toutes les raisons d'hausser le ton, mais non. Plus jeune, il aurait eu tendance à s'emporter, mais jamais autant qu'elle. Maintenant, avec toute l'expérience dont il bénéficie, il est plus que capable de faire passer un message dur à déballer avec le même air détaché qu'il aurait s'il faisait un truc aussi banal que passer à la caisse du supermarché.   “ Et n'essaye même pas, Tina. Je te vois venir et que ça te plaise ou non, je te connais assez pour savoir que tu t'es fait ton petit scénario, avec un joli théâtre de marionnettes, pour donner à l'histoire le sens qui te convient le mieux. J'ai jamais dis que je m'en foutais. Jamais. Tu le sais très bien et je te permets pas.” Elle a pas le droit de minimiser l'impact de son départ sous prétexte qu'il s'agit de son choix. Elle a pas le droit de détourner ce qu'il a dit, ses intentions, et tout ce qu'il a éprouvé de devoir la laisser sous prétexte d'une opportunité en or. Rien dans ce qu'il lui a dit ce jour-là n'était aussi pathétique, méchant, et faux surtout, qu'un je m'en fous. Il sait qu'il a fait un choix difficile. Qu'il a cassé un truc. Il le tolère, parfois plus péniblement que d'autres. Il est prêt à l'admettre, et en accepte les conséquences, mais il n'a jamais été question de mépriser l'importance de Tina à ses yeux. Ce qu'elle vient clairement de faire, et qu'il ne peut que reprocher, contre tout bon sens. Elle, par contre, s'en tape. Bueno.   “ Mais si t'as fait pareil, ma foi, je t'en prie. ” Ouvertement irrité, caustique aussi, il lui ouvre la porte du restaurant, en gentleman passif-agressif. “  Ça devrait pas te poser de problème de trainer dans le même mètre carré que moi, puisque tu t'en fous. ”
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Tina Callahan
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Tina Callahan
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Aucun autre homme ne pourrait se vanter de lui faire cet effet là. Dryden explosait littéralement toutes les défenses qu’elle avait pris soin d’ériger autour d’un coeur qu’il avait délibérément choisi d’abandonner. Rongée par un amalgame d’émotions contradictoires, elle se mordait aussi bien l’intérieur des joues que la langue pour ne pas succomber à la bêtise d’une parole malheureuse. Avec lui, il n’y avait pas de juste milieu ou de comportement approprié à adopter. Elle le savait. Ce mec l’avait rendue complètement folle lors de son départ, il semblait donc logique que son retour puisse provoquer un tel chaos en son sein. Elle qui ne manquait jamais de mots était ce soir réduite à un silence lourd de signification devant son plus grand amour et son plus beau gâchis. Faut dire qu’il paraissait si calme, cet idiot. Dryden n’avait jamais le genre d’homme à s’emporter, et si cette qualité (parmi bien d’autres) était parvenue à la séduire autrefois, elle lui faisait aujourd’hui tourner la tête. Et c’est précisément ce qui avait le don de l’agacer puisqu’elle se savait parfaitement incapable de l’imiter. Sa remarque à l’égard de la sienne, visiblement touché et vexé, lui fit basculer le visage en arrière et elle éclata d’un rire sans joie. — Et ça t’étonne ? J’ai pas suivi de cours de théâtre, moi. Le ton employé était aussi incisif qu’accusateur, et elle ponctua sa phrase d’un soupire, d’ores-et-déjà épuisée par cette rencontre. Il devrait pourtant savoir qu’elle n’aurait jamais perdu une seule seconde à prétendre que tout allait bien entre eux. Peut-être était-il devenu expert en la matière grâce à sa prodigieuse carrière. Ou peut-être se fichait-il tout simplement d’elle. Sourire devant les photographes et les caméras était sans doute bien plus compliqué que d’endosser le rôle d’un ex heureux de revoir l’une de ses anciennes conquêtes. Le parfait gentleman en outre. Pourtant, la vérité qu’il échappa à son égard lui fit l’effet d’une flèche tirée en plein coeur. Pile au bon endroit. Effectivement, ils n’avaient jamais été amis, ni autre chose qu’amants. Dryden et elle, ce couple-là, c’était tout ou rien. Pas de place pour les doutes ou les hésitations (en tout cas pour elle). Il avait été tout ce qu’elle avait de plus cher au monde à cette époque, et malgré le chaos engendré par leur rupture, elle ne regrettait rien. Devant l’évidence, Tina se mordit la lèvre sans savoir quoi répondre… Jusqu’à ce qu’il fasse la bêtise d’ouvrir la bouche et de prononcer de nouveaux mots. L’accalmie ne dura qu’une poignée de minutes avant que ne se remette à grogner la lionne. — Je m’en fous que ça te plaise pas. Ça me plaisait pas non plus quand tu m’as dit que t’allais te pavaner à Hollywood, et tu l’as fait. Nous voilà à égalité Brad Pitt. Et t’avises pas de parler de mon père comme ça !  Elle était indignée, presque outrée qu’il puisse lui reprocher un tel accueil. Trop habitué sans doute à être apprécié et acclamé par la gente féminine, Dryden semblait avoir complètement occulté les conditions dramatiques de leur séparation. Pour ça, et pour tout le reste, elle s’était avancée vers lui de quelques pas furieux, l’index cette fois-ci dirigé vers lui en se rongeant la langue pour ne pas l’insulter. — T’es devenu insupportable ! Qu’elle cracha avant de poser une main fébrile contre ses cheveux en dégageant quelques mèches de son visage. Elle ne voulait rien entendre, pas ce soir, pas maintenant. Il était bien trop facile pour lui de venir pointer sa jolie petite frimousse et réclamer un respect qu’elle ne consentirait pas immédiatement à lui offrir. Pas du temps que cette boule de rancoeur demeurait logée au creux de sa gorge. — Venant du mec qui a préféré changer de numéro et snober mes appels téléphoniques, c’est clair que mon sort semblait vachement te préoccuper. T’es pas content ? Bah moi non plus je l’étais pas quand j’ai réalisé que t’avais vraiment décidé de tourner la page. Fais pas ton faux gentleman ou je sais pas quoi. Ça c’est dans tes films. T’as pas de fans ici Dryden, t’es dans la vraie vie. Telle une vipère, elle sifflait ses propos avec un rictus accroché au bord de ses lippes, les bras dorénavant croisés sous sa poitrine. Elle était furieuse, ouvertement irritée des propos qu’il essayait d’employer plutôt que de baisser le museau et s’excuser. Rien. Et aux yeux de la plus rancunière des femmes, c’est sans surprise qu’elle lui réservait toute l’amertume qu’elle s’était efforcée à contenir durant des années. — Ouais, ouais, ouais, c’est ça. Merci. Caractère de chienne. Elle ne lui accorda pas la moindre intention en pénétrant dans le restaurant, droite et fière telle une reine devant son - élégant - portier. On aurait pu croire que les effluves des délicieux petits plats de Natalia seraient venus charmer ses narines, mais c’est un tout autre parfum qui se chargea de venir embaumer son oxygène alors qu’elle venait de passer devant Dryden. Une senteur exquise et gourmande dont elle se régala un court instant en fermant les yeux, figée devant la porte d’entrée. Des souvenirs par légion vinrent assaillir ses pensées tandis qu’elle tâchait de reprendre une contenance maladroitement envoyée aux oubliettes sous l’émotion. Même le plus exquis des repas sur la carte ne saurait jamais flatter son coeur autant que le faisait ce parfum unique et désirable. Elle pouvait bien le mépriser en apparence, le naturel revenait superbement au galop dès qu’elle se trouvait visiblement trop près de lui. Puis, s’arrachant à ses songes en secouant la tête, Tina jeta un dernier regard en biais à celui qui la suivait, et sans lui accorder le moindre mot s’en alla rejoindre un père déjà attablé et apparemment très bien servi. Le repas ne dura pas très longtemps, et malgré l’excellente cuisine de son ex belle-mère, Tina n’en savoura que quelques cuillères faute d’appétit. Le fait est que ses grands yeux bruns ne cessaient de se poser sur la silhouette qu’elle apercevait à l’autre bout de l’établissement. La fourchette accrochée à ses lèvres, elle se perdait dans une contemplation maladive en oubliant presque la présence de son père. Les bouchées qu’elle prenait étaient rares, longues, et elle sursauta même à la remarque faite par Tali pour savoir si elle souhaitait un dessert. Comment lui expliquer que le plus délicieux des mets qu’elle puisse désirer se trouvait juste là, sous ses yeux, aussi beau qu’intouchable. Ce qu’elle souhaitait ? Son fils sur un plateau d’argent. Sans répondre autre chose qu’un charmant sourire, elle s’était levée en abandonnant sa table à un Mike qui ne faisait que vanter la cuisine servie ici. Le pas assuré, elle se planta devant Dryden en se retenant de respirer. La boule, cette foutue boule coincée entre sa gorge et sa cage thoracique dès qu’elle avait le malheur de croiser son regard. — Ok, donc non. Je peux pas rester là avec toi ici, et manger comme si de rien n’était. T’es trop… Intense. Beau. Mignon. A tomber. Et des milliards d’autres qualificatifs qu’elle n’aurait jamais la décence de prononcer à voix haute. — Je peux ? Je te coûterai qu’un verre de vin ou deux, t’en fais pas.  Le ton était redescendu, plus calme et peut-être même un rien taquin. Elle entreprit de s’asseoir sur la chaise qui lui faisait face sans attendre son consentement et se mit en quête de glisser ses yeux sur les siens. Le seul qui parvienne à l’envelopper de douceur tout en lui broyant le coeur. En une fraction de seconde, il était parvenu à lui faire perdre de son assurance. La lionne et son agressivité, littéralement écrasée sous le poids de tout ce que ce visage faisait remonter chez elle. Les bons, et les mauvais moments. Les bras qu’elle aurait tué pour avoir autour de sa taille lors de ses crises. Les mots réconfortants que lui seul aurait été capable de lui confier. Ses mains et ses caresses pour essuyer ses larmes. Et immanquablement la douleur. Ses traits se voilèrent légèrement malgré sa piètre tentative de ne pas céder à ce flot d’émotions. En vain. Elle sentit ses lèvres trembler et pour toute carapace déposa son visage dans les paumes de ses mains. — Parle-moi. N’importe quoi. Ce que tu veux. Ton prochain film, des anecdotes de tes tournages, je m’en fiche. Juste... parle-moi, et pose pas de questions, s’il te plaît.  Qu’elle souffla à mi-voix, concentrée sur sa respiration pour ne pas céder pitoyablement devant lui. Pourquoi l’avait-elle rejoint au juste ? Pourquoi ce besoin maladif de rester là quand elle aurait surtout mieux fait de déguerpir en embarquant son père par le bras ? — T’es nul d’avoir aussi facilement gobé que j’en avais rien à faire. Idiot. Qu’elle laissa échapper, faussement amusée tout en fuyant soigneusement les deux billes qui devaient probablement l’observer en cet instant. Ce regard-là, justement, qu’elle n’aurait pas le courage d’affronter.
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Dryden Faulkner
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Dryden Faulkner
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Une malade, cette nana. Sa préférée. “ Moi non plus. ” Lui n'est pas plus diplômé d'une école d'art qu'elle. Il jouit uniquement de ce qu'on appellera un talent, même si le mot lui semble fort et prétentieux juste assez. On parle plutôt d'expérience et de chance insolente, d'un visage expressif qu'il a toujours eu et d'un incroyable bagout. Au-delà de ça, Dryden n'est pas plus acteur qu'un autre ; et conviendra avec grande facilité que Tina est bien meilleure actrice qu'elle ne le prétend. Sinon comment pourrait-elle se donner, avec toute la diligence et la passion du monde, en spectacle comme c'était à présent le cas ? Ne peut-il s'empêcher de noter pour lui-même qu'elle crache d'emblée sur son gagne pain ; comment lui en vouloir ? Le sujet est bien plus sensible qu'il ne le croyait, et non, visiblement, l'eau n'a pas coulé sous ce pont-ci. Elle dégobille sur lui des reproches qu'il ne peut que comprendre, quand bien même trouve-t-il le moyen de lui en vouloir d'être si véhémente, aussi vite. De le prendre dans le mauvais angle, dans un moment tout sauf approprié, de la pire manière et pour un motif qui lui tient encore à coeur. Pour son propre bien, il ignore les références douteuses, le ton, et le scandale flagrant qu'elle à l'air de fomenter, toute seule, sur fond de rien. Il le sait, la connait et la pense avec le coeur et, encore une fois, l'expérience. Tina est comme ça. Sa rancoeur l'embrouille, elle balance tout ce qu'elle ressent en vrac, et dans deux minutes, lui fera l'impression d'une gamine capricieuse dans un supermarché. Le fait est que, sur le principe, il n'a plus à la tolérer. L'étiquette du petit ami compréhensif est tombée, et plus que de n'avoir aucune excuse pour la replacer de nouveau, Tina ne vend pas assez bien l'affaire pour qu'il ait envie de lui allouer cette patience qu'il avait lorsqu'ils étaient ensemble. “ Le rapport ? De parler de ton père comment ? J'ai absolument rien dit de mal. ” Lui n'a fait que statuer l'évidence : son père est ivre, et elle serait complètement conne de vouloir clamer le contraire, ou de le blâmer pour ce hasard formidable qui a décidé de les mettre en travers de son chemin ce soir. “ Toi par contre, t'as pas changée. ” Et il le dit avec tout le sérieux, tout le calme de jugement impérieux dont il est fait. Pourtant y a clairement matière. Pas à changer, mais au moins à évoluer. Ne serait-ce qu'à bouffer une bonne cuillère de maturité tous les matins au petit dej ; ça lui ferait plus de bien que ses céréales de gamine qu'il est certain qu'elle bouffe encore. Alors d'accord, il l'a aimée avec ses défauts, mais il ne voit désormais plus que ça et son affection pour elle, aujourd'hui en sommeil, ne donne clairement plus le change. Pas assez pour qu'il tolère ses accusations creuses et ses tentatives de conflits. Lui ne cherche qu'à pousser les portes du restaurant pour prendre son dîner tranquillement, mais il se trouve toujours une hystérique, ici d'une autre sorte, pour l'empêcher de tourner en rond. Bien sûr, le laïus qu'elle lui sert trouve une oreille attentive. À chaque mot, son coeur grimpe de ses pompes à sa gorge, ses muscles se contractent, sa langue claque dans sa bouche pour ne pas purement et simplement lui hurler à la figure des prétextes et des reproches en cascade. Elle sait rien. Elle croit tout savoir, mais elle sait rien, et parce qu'il est plus fier que ça, trop certainement, Dryden ne lui enverra pas ses propres vérités à la figure. Pas aujourd'hui, pas comme ça, surtout pas si elle se comporte de cette manière. “ Ça va mieux ? Tu te sens grande et forte ? ” finit-il par siffler d'une sérénité acide, en la jaugeant du regard arrogant dont Hollywood l'avait tristement doté. Elle ferait ce qu'elle voulait de son attitude. S'il était jadis de bien bonne composition, son parcours, ses erreurs et ses certitudes l'avaient rendu un rien cynique. S'il aurait été simple pour lui, maintenant qu'il était de retour chez lui, de renfiler le costume du bon Dryden, il décréta pour lui que ce ne serait pas pour ce soir. “ J'épilogue pas pour toi, je crois que tu sais. ” Que t'as l'air conne. Qu'il lui a fallu à peine trente secondes pour lui envoyer son marasme de femme bafouée dans la gueule, et que tout ce qu'elle a prouvé, c'est qu'elle est pas passée à autre chose. Lui non plus, même s'il le croyait ; au moins il est bon pour garder la face, et ce sera suffisant pour ce soir. Il aurait pu s'excuser sans problème et essayer au moins de l'apaiser, justifier, à défaut de pouvoir jamais recoller les morceaux, mais l'attitude ne donne pas envie et elle a de toute façon été on ne peut plus clair sur ce qu'elle ne veut pas : le voir. “ Démerde-toi, ma grande. J'ai voulu épargner à ton père qu'il s'éclate la gueule sur le trottoir et grand bien m'en fasse, tout ce que je récolte c'est de prendre tes vieilleries de prétextes et toute ton immaturité dans la figure. T'as trente ans, merde ! Grandis un peu. ” Psychopathe, va. Il ne le prononce pas, mais l'insulte flotte en évidente ponctuation.

La porte poussée, on donne absolument tort à Tina en l'accueillant comme un roi ; preuve s'il en faut qu'il a effectivement des fans, et les meilleurs : son entourage. Il est rentré aujourd'hui, et n'a pris le temps que de poser quelques affaires à la maison qu'il loue avant de venir. L'accueil a donc été mouvementé, et lorsqu'il trouve sa mère, elle lui jette un regard de biais. Forcément, elle fait le rapprochement entre Tina et lui, et lorsqu'il voit un début de sourire régalé apparaitre à sa commissure, il balaie tout espoir d'un souffle de dédain. C'est fou quand même, tu n'es là que depuis une heure. Oui, oui, oui. Lui ne veut pas en parler, mais sa mère insiste. Une fois, deux fois, et abandonne à la troisième. Durant son repas, aussi délicieux que dans ses souvenirs, son regard traverse parfois la salle pour trouver Tina qui s'obstine sur son père ; et c'est tant mieux. Lorsqu'elle met fin à son agonie et se pointe, il a posé ses couverts dans son assiette vide et sa mère les regarde comme si son feuilleton allait commencer. Il lève les yeux vers Tina, un sourcil froncé. Son esprit et son coeur partent en live à l'unisson. Comment ? Quoi ? De où ? Elle revient, plus sereine, lui coupe l'herbe sous le pied, comme si elle venait pas de le crucifier sur la façade. Normal. Rien à signaler. Elle est jolie, c'est à mourir d'envie. Le compliment effleure la prison de ses lèvres, mais elles gardent les mots sous scellé malgré tout. Il se frotte les yeux du bout des doigts avant de les poser sur elle seulement brièvement. Sa mère glousse à côté de lui, presque sur son épaule et il se sent obligé de la renvoyer à sa cuisine pour pas que ça ne devienne définitivement trop gênant. “ Si tu sens que tu vas te mettre à gueuler parce que je bats de mes cils hollywoodiens trop fort, je préfère encore qu'on s'en tienne à ce merveilleux moment que nous avons passé dehors. ” Au moins c'est dit. Elle va encore s'énerver, il ne le sait que trop ; et oui, il aurait dû arrondir les angles parce que oh my god, elle fait effort, un truc de dingue, et lui non, abusé, diront les mauvaises commères californiennes dont il s'insurge. C'est peut-être vrai, mais il a ses raisons aussi : crevé, plus la patience, ni l'énergie ; ni assez de face pour l'affronter. Sa demande le surprend et le fait hausser les épaules. Donc elle peut, effectivement, prétendre. Pour ça, il se verse un verre d'absinthe verte ; au moins ça qu'il lui faut pour digérer cette soirée. Le boulot, il raconte rarement. D'abord parce qu'il y est tenu par des closes de confidentialité, aussi parce qu'il ne ramène pas le boulot à la maison, mais surtout parce que ce n'est pas quelque chose dont il a envie de parler avec elle. Ce gouffre qu'il y a entre eux, dans lequel il prospère certes, mais uniquement lorsqu'il n'a pas Tina sous les yeux. “ Oh, je sais que t'en as quelque chose à faire. Sinon t'aurais pas pété une pile comme ça, ” rétorque-t-il après une première gorgée. Dryden ne se formalise pas de grand chose, et certainement pas de ces évidences. Il espère néanmoins qu'elle verra qu'il n'y est pas insensible non plus. Qu'elle verra au-delà du masque de sérieux un rien prétentieux qu'il ne lui veut que du bien. Qu'il regrette, en quelque sorte. D'abord qu'ils soient obligé d'en arriver ce niveau d'incompréhension mutuelle, mais surtout qu'ils ne parviennent pas à se trouver au moins un semblant de terrain d'entente. “ Mon agent a fait changer mon numéro parce que je me faisais harceler, ” finit-il par dire, après une trop longue minute de silence, et s'être brûlé la gorge à l'absinthe ingurgitée trop vite. Il fait évidemment référence à ses reproches de l'extérieur, et à son silence de plusieurs années. Bien sûr, il n'y a pas que ça. Il lui épargne les détails avec son assistante, qui gère son téléphone et par qui même sa mère et sa soeur doivent passer si elles veulent une conversation. Qu'il a un téléphone hollywoodiens, un numéro absolument privé que seul son entourage du métier a. Elle pèterait une crise ; si pas, là elle surprendrait. “ Je t'ai pas rappelée parce que je savais que si j'entendais ta voix, j'allais tout foutre en l'air et rentrer. ” L'aveu lui coûte, mais pas autant qu'il ne le pensait. Pour appuyer toute sa sincérité, il pose un regard dans le sien et ne le quitte plus. Son coeur loupe un battement sur eux, puis un sur trois, tandis qu'il s'obstine à se régaler du merveilleux tableau qu'elle offre. “ Et c'est tout ce que je dirais à ce propos. ” Un mec, un vrai.
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Tina Callahan
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Tina Callahan
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Ses ongles jouaient nerveusement avec le bois de la petite table qui les séparait. Pour de trop rares fois, Tina ne savait pas où regarder sans être inévitablement happée par les deux opales sombres qui s’acharnaient à la fixer. Grand dieu, qu’elle aurait voulu se perdre dans cette contemplation… Elle pouvait sentir ses yeux glisser sur elle avec une telle facilité que cela en devenait déconcertant. D’autant plus qu’elle-même semblait avoir perdu toute l’audace dont elle était faite depuis qu’elle s’était assise face à lui. A croire que ce mec avait un don pour la rendre plus vulnérable qu’elle ne l’était déjà. Dryden avait toujours eu cet effet détonnant sur elle, à la rendre à la fois complètement hystérique et furieuse un temps donné, puis irrévocablement amoureuse la minute suivante. Pour ce genre de faiblesse précisément, elle le détestait. Son sarcasme, elle se contenta de l’appréhender en poussant un soupire de résignation avant de se mordre la lèvre inférieure. Forcément, il profiterait de la moindre occasion pour se venger de l’accueil particulièrement peu chaleureux qu’elle lui avait réservé un peu plus tôt. Légitime, mais foutrement exaspérant. — Tu devrais pourtant avoir l’habitude des hystériques qui te crient dessus non ? Avec toutes ces pétasses qui doivent certainement te courir après dans la rue… Pas facile tous les jours la vie d’artiste mmh ? Elle avait arqué un sourcil pour appuyer l’humour de sa maxime sans toutefois oser un oeil dans sa direction. Dryden et sa légendaire popularité… Elle avait eu le déplaisir d’en être témoin à plus d’une reprise.  Dans la rue ou devant les arrêts de bus, où des adolescentes bavaient littéralement devant ses affiches de films. Au cinéma, où plus de la moitié des femmes se rendaient accompagnées de leur conjoint pour aller assister une séance de film qu’elles n’auraient jamais été voir si l’acteur principal n’avait pas été une bombe. Et inutile d’évoquer les commentaires grotesques sur les réseaux sociaux quand monsieur décidait de sortir prendre l’air au bras d’une blonde botoxée. Jalouse ? Elle ne l’admettrait pas de son vivant, mais il fallait être complètement idiot pour passer à côté de cette évidence. La réflexion au sujet de l’intérêt qu’elle pouvait lui porter lui fit lever les yeux au ciel. Non, elle ne répondrait pas à cette attaque et oui, elle se contenterait de secouer la tête de gauche à droite pour tout l’agacement que cela faisait naître en elle. Quant au reste de ses paroles, l’explication du changement de numéro lui arracha cette fois-ci un rire nerveux. — Oh je vois… Et donc là c’est le moment où je suis censée te plaindre c’est ça ?  Pas d’agressivité dans la voix, mais il saurait capter le cynisme de ses propos. Le problème c’est que sa confession ne s’arrêta pas là, et la suite eut le mérite de la prendre directement à la gorge sans qu’elle ne s’y attende. Son coeur loupa plusieurs battements et elle sentit sa poitrine se serrer sous la poigne d’un aveu qu’elle aurait tué pour entendre il y a plusieurs années. Ses mots restèrent coincés dans la bouche qu’elle venait d’entrouvrir, bête et muette devant lui. Elle marmonna quelques paroles incompréhensibles, incapable de formuler quoique ce soit de cohérent, et sentit malgré ses efforts ses yeux se remplir de larmes qu’elle ne s’autoriserait pas à déverser. Pas tout de suite. Pas devant lui. — T’aurais dû. Qu’elle s’entendit articuler au prix d’un acharnement colossal. Le ton mutin employé quelques minutes plus tôt avait laissé place à une petite voix à peine audible. Il avait toujours été ainsi Dryden, à la surprendre au moment le plus inattendu et à ravir ses oreilles et son palpitant de mots dont lui seul avait le secret. Et là encore, après une bonne décennie sans la côtoyer, il lui suffisait d’une poignée de minutes à peine pour lui rappeler qu’il était roi en son coeur. Les prunelles accrochées au siennes, elle suffoqua pendant ce qu’il lui sembla être une éternité avant de se racler la gorge et reprendre de sa contenance. En vain. — J’avais besoin de toi.  Faux. Elle a besoin de lui. Honteuse, peut-être un peu, mais surtout mélancolique devant tout ce que ces dires parvenaient à raviver chez elle. Là n’étaient sans doute pas ses intentions, mais le sujet  avait été abordé, et difficile pour elle d’échapper au désir de connaître des réponses et des explications qu’elle avait attendu durant toutes ces années. — Je t’ai jamais rien demandé Dryden, pas une seule fois quand on était ensemble. Même pas quand tu m’as annoncé que t’allais te barrer pour Hollywood sans même me demander mon avis. T’avais une opportunité, tu l’as prise, et on peut dire que ça t’a plutôt réussi. Je t’en veux pas pour ça…  Elle accompagna les mots d’un bref sourire dénué de joie. Comme si ce simple détail pouvait suffire à les convaincre tous les deux que le sujet n’était pas aussi sensible pour elle qu’il n’y paraissait. Faux. Piètre actrice qu’elle ferait en l’occurence ce soir. Mécaniquement, elle se frotta les yeux pour chasser toute trace humide qui aurait le malheur de venir gâcher son maquillage si d’ordinaire elle devait craquer. Et en le regardant, elle se sentit soudainement plus ridicule que jamais, à sangloter comme une enfant devant une pauvre phrase. Une seule phrase. Il lui avait suffit d’une seule pauvre phrase pour la mettre à nue. Et là encore, elle le maudissait pour ça. — Non, en fait tu sais quoi ? Si, putain… Bien sûr que si je t’en veux, abruti.  Attaque gratuite, petite, et terriblement fausse. Mais il fallait qu’elle se défende, ou au moins essaye de le faire, puisqu’elle se savait déjà vaincue sous le poids insupportable du regard qu’il lui concédait en cet instant. D’une main, elle le priva de son verre et de sa bouteille d’absinthe pour s’en servir à son tour et le vider d’une seule gorgée. Une qui, sans surprise, la fit tousser une paire de fois avant qu’elle ne croise les bras sous sa poitrine en basculant la tête en arrière, les yeux rivés vers le plafond.  — J’ai dû me contenter d’entendre en boucle ta saleté de messagerie à chaque fois que j’essayais de te joindre. Une cinquantaine de fois, peut-être plus, je m’en souviens même pas… J’ai arrêté de compter au bout d’un moment, et j’ai surtout cesser d’espérer voir ton nom apparaître sur mon téléphone. Elle se revoyait ce soir-là, en boule au pied de son lit, à pleurer sans être capable ne serait-ce que de respirer. Pour sa mère, enterrée la veille. Pour son père, abandonné dans un bar parce que trop soul pour qu’elle ait la force de le ramener. Pour le mot laissé par son lâche de frère qui s’était tiré le jour-même. Cette nuit-là, et toutes les autres qui suivirent et l’embarquèrent dans une descente aux enfers. Elle n’était peut-être jamais parvenue à l’avoir au téléphone, mais elle se souvenait encore très précisément de l’annonce de sa messagerie. Du bien fou qu’elle avait à simplement entendre le timbre de sa voix contre son oreille, quand bien même répétait-il inlassablement les mêmes mots. Emmitouflée dans un gilet qu’elle lui avait emprunté et avait ‘’ oublié ‘’ de lui rendre, Tina s’était endormie avec ce satané répondeur pour toute berceuse, son parfum dans ses narines et ses larmes humidifiant le tissu qu’elle aurait préféré qu’il porte à ses côtés. — Ça en valait la peine j’imagine. T’as l’air heureux… enfin si on en croit les médias. Qu’elle reprit en remportant son attention sur lui, un maigre sourire sur les lèvres. Le temps était parvenu à cautériser brièvement ses plaies, et il suffisait que ce mec croise sa route un soir pour les rouvrir avec la plus grande facilité du monde. Elle n’avait jamais été en mesure de l’oublier, et elle pourrait prétendre tout ce qu’elle voulait, ses réactions ne tromperaient personne. Et certainement pas lui. Triste qu’elle puisse encore l’aimer à ce point sans en avoir le droit. — T’es un idiot Dryden Faulkner. T’as la plus jolie gueule de la Nouvelle-Orléans, c’est pas un scoop, mais t’es un idiot si tu penses que c’est ton départ qui m’a fait péter une pile.  Elle avait soufflé ses mots en espérant chasser les précédents, imposant une pointe d’humour qui n’avait absolument pas sa place ici. Ça sans jamais fixer autre chose que ce visage qui lui faisait face, et dont elle se régalait des moindres courbes. — C’est que tu sois à nouveau là, après toutes ces années.  Regrettable qu’elle soit aussi rancunière. Autrement aurait été pourtant bien plus simple. Elle lui aurait sauté au cou en faisait un effort surhumain pour ne pas l’embrasser. Lui aurait offert le plus beau et le plus ravissant des sourires. Se serait satisfaite de son retour en lui posant mille questions plutôt que de l’assommer avec ses reproches et ses insultes. Et aurait enfin pu passer une soirée avec des étoiles dans les yeux plutôt que des larmes. Mais voilà, le problème, c’est qu’il s’agissait de Dryden. De ce garçon qui depuis toujours rendait parfaitement illogique le moindre de ses comportements, à commencer par les battements désordonnés de son coeur dans sa poitrine.
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Dryden Faulkner
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“ C'est pas faux. ” Non, il ne lui fera pas l'honneur de prétendre qu'il n'a pas l'habitude juste pour la ménager ; ni pour paraitre moins prétentieux. À quoi bon ? Il porte sur lui la marque du mal, et il n'est rien qu'il puisse, ou veuille faire, pour ne serait-ce que l'atténuer. En vérité, ce n'est pas si pire. On l'arrête dans la rue pour des photos et une signature, mais il n'est pas célèbre à ce point qu'on hurle dès qu'on l'aperçoit traverser la rue. Il lui arrive de pouvoir passer complètement inaperçu, comme c'est très souvent le cas à la Nouvelle Orléans, et il remercie le ciel de bénéficier d'un tel traitement. C'est au moins le cas lorsqu'il n'a aucun film prévu en sortie ou qu'il ne fréquente personne. Ne peut-il s'empêcher de relever qu'elle sait. Elle se doute, d'accord, mais elle crache ouvertement et sans retenue aucune sur l'idée seule et il prend ça comme un énième témoin d'affection, aussi insignifiant fut-il. Ça fait du bien à l'ego, ça rassure, et ça le ferait presque sourire, si seulement elle avait pas été si pénible et qu'il ne reniflait pas la possibilité qu'elle puisse exploser de nouveau. Pour autant, il se laisse convaincre à une première confession, dont la réponse lui cause de regretter immédiatement. Le rire l'irrite doucement, mais ne le surprend pas. La réponse en elle-même n'inspire pas beaucoup mieux. Un pas en avant, huit en arrière. “ C'est bien, belle mentalité, Tina, ” rétorque-t-il, aussi exaspéré qu'on puisse l'être. Il ponctue d'un long soupir d'irritation et son regard se perd vaguement sur le plafond, c'est dire. Elle n'a pas à le plaindre, non, mais personne ne l'oblige à être si conne à ce sujet. Elle devrait pourtant savoir que ce n'est pas leur faire une faveur de le prendre à contrepied sur un truc aussi sérieux ; Dryden est sympa, compatissant, tout ce qu'on veut, mais il se braque aussi très vite. Ses sentiments et ses raisons sont aussi valides que les aigreurs de Tina, mais il se rend compte qu'elle ne voit qu'elle, que ce qu'elle ressent, et qu'elle se fout complètement de ce que ça lui fait, à lui. Oui, il a été harcelé. Ça arrive aussi aux mecs, et plus souvent qu'on ne croit. Par des fans et par pure obsession, ce qui n'est pas le pire harcèlement en soi, mais légitime malgré tout. L'histoire dira même qu'elle, comme tant d'autres, a passé des soirées à saturer sa boite vocale, même si c'est regrettable et qu'il n'en sait rien pour le moment. Alors il plonge le nez et les yeux dans le fond de son verre encore plein, et y trempe les lèvres pour mieux savourer une cure ancestrale à toutes les prises de tête : alcool. Dieu que ce moment est complexe. Oui, il aurait dû décrocher. Oui, il aurait dû venir, mais c'est plus compliqué qu'elle ne le croit. Revenir pour quoi ? Flinguer son début de carrière pour une fille, certes pas n'importe laquelle, et terminer dans le même trou qu'elle, entre en vouloir au monde entier d'avoir gâché son opportunité et faire la plonge au restaurant de sa mère par manque de perspective. Son pire regret est de ne pas regretter. Pas autant qu'il le devrait. Tina ne peut pas comprendre, parce qu'elle n'a pas sa vie, ni son recul, et lui fait tout pour la comprendre, elle, tout en gardant sous le coude des raisons qu'il trouve valable. Ce n'est une erreur de l'avoir quittée pour poursuivre son rêve, mais plutôt de n'avoir pas eu le courage de revenir la voir lorsqu'elle allait mal, sous prétexte de savoir qu'il n'aurait jamais la force de la quitter une seconde fois après ça. “ Tina... ” commence-t-il, franchement navré. Il y a un comptoir qui les sépare, mais il fait malgré tout un pas en avant et s'arrête en réalisant que les vieux réflexes n'ont pas leur place. La main qu'il s'est imaginé poser sur son épaule tremble une demi-seconde et retourne dans son dos. Ses yeux virevoltent ailleurs, partout plutôt que sur elle, et finissent par trouver ses pompes à 400 balles la paire sur le sol poisseux derrière le bar. Tout dans son attitude prouve qu'il a profondément honte, et qu'il ne sait qu'en faire, de cette honte. Vrai qu'il n'a pas demandé son avis ; pourquoi faire ? Se donner l'occasion d'hésiter ? Non, il a pris la porte de sortie la plus rapide, la plus courte, et la moins douloureuse. Presque une décennie plus tard, le boomerang lui revient enfin dans la figure. Il s'entend lui dire purement et simplement que si, elle lui en veut. Bien sûr qu'elle lui en veut, pas besoin de faire semblant. Et il comprend, il accepte. Elle a toutes les raisons du monde de lui en vouloir ; c'est même la seule personne qui le peut. Elle est son seul regret dans tout ça, et il n'éprouve de nostalgie de son ancienne vie que lorsqu'il pense à elle, parce qu'elle aurait dû suffire, et être sa priorité ; mais il aurait été idiot de renfermer cette glorieuse porte sans même essayer. “ Je sais, ” souffle-t-il, en la regardant de nouveau droit dans les yeux. Elle lui en veut, elle a bien le droit et il n'est rien qu'il puisse dire pour contrer tous les arguments qu'elle a à coeur. Il se tend davantage à l'anecdote qu'elle délivre si naturellement, si soigneusement qu'il en perd toute volonté de prétendre que ça ne l'atteint pas. Il se passe une main nerveuse sur le bas du visage, du nez à la bouche, sur cette barbe idiote qu'il est obligé de garder par contrat, puis dans la nuque. L'image qu'elle projette couplée à celle qu'elle inspire lui fout les frissons, et si c'est même possible, il se méprise immédiatement plus de lui avoir infligé ça. Il peut la voir, avec justesse et détails, dans sa chambre, dans ses larmes, dans son deuil, attendre une réponse qu'il n'a jamais donné. L'image lui brise le coeur, peut-être plus que le jour où il l'a laissée pour ne pas louper son avion. Elle le hantera quand il ira se coucher ce soir, demain, après-demain, et encore ; jusqu'à ce que la providence ne lui apporte la paix, ou qu'il ne décide de la prendre de force à Tina. Dieu seul sait comment. La mâchoire serrée, les lèvres pincées, il retient un milliard de prétextes dont elle n'aura cure, mais aussi son coeur qui piétine sous sa poitrine et gronde de dire quelque chose avant qu'elle ne s'en aille, ou hurle, ou – “ Je sais pas quoi te dire, ” finit-il par lâcher, les dents toujours serrées, la voix rude, et visiblement affligé. “ J'ai jamais eu de message, ou d'alerte, ou ... ” Peu importe. C'est trop tard. C'est passé. Ce qu'il voit, c'est que tout est lié, d'une certaine manière. Il se faisait harceler, elle a aussi persisté sur sa ligne, et son équipe a pris la décision, à l'époque judicieuse, de faire changer son numéro afin qu'il s'octroie une paix méritée loin de la frénésie. C'est la faute de tout le monde, et de personne à la fois. “ Je suis désolé, vraiment. Je sais que c'est trop peu, que ça suffira jamais, que c'est trop facile, mais je le suis sincèrement. En partant, je pensais pas que ta vie prendrait cette tournure-là. Je dis pas que je serais resté malgré tout, mais ... Je sais pas. Ça aurait été différent, oui. ” Qui aurait pu deviner ? Elle a perdu sa mère dans la foulée, et lui n'a été au courant que bien plus tard. S'il avait su, il aurait décroché le téléphone, à n'en pas douter, mais il n'en est pas au point d'affirmer qu'il serait inévitablement revenu – même si les chances sont plus grandes qu'il ne croit. Il a un recul sur la situation qu'il n'aurait pas eu à l'époque. Elle mentionne un bonheur qu'il ne voit plus bien, ou peut-être en filigrane maintenant qu'elle se trouve devant lui et qu'il a d'autres éléments à prendre en compte. Heureux n'est peut-être pas le mot, tout le moins lorsqu'elle se tient devant lui, en revers abimé d'une pièce dorée qu'il s'obstine à regarder du bon côté pour se convaincre que sa décision n'a que des avantages. Il se croyait heureux, mais elle est arrivée, et il ne sait plus tout à fait. Ce qu'il croyait être du bonheur lui semble immédiatement surfait, surjoué, un leurre de ce qu'il devrait vraiment ressentir. L'insulte et le compliment couplés ont au moins le mérite de le sortir de sa réflexion-gangrène, et de lui arracher un maigre sourire, et il aurait aimé lui rendre la faveur, mais il voit encore en elle la fille d'il y a quelques années, perdue, seule, endeuillée, s'obstinant au téléphone sur le numéro d'un indigne. Il convient de son malheur et de ce que son retour provoque en hochant la tête, en croisant les bras dans son dos, et en baissant les yeux de nouveau. “ Je fais que passer, ” marmonne-t-il, en méditant toujours au moins à moitié. “ Si c'est tout ce que ma présence te fait, on est pas obligés de se voir. Je suis pas là pour foutre le bordel dans ta vie et si c'est pour que tu te mettes dans tes états pareils... J'ai pas envie de te blesser davantage. On a pas à s'infliger ça. ” Lui n'a ni le temps, ni les nerfs, ni n'est en capacité de se concentrer et sur son nouveau projet, et sur tout ce que Tina amène dans sa vie. Les plaies sont ouvertes de nouveau. Même s'il se battra bec et ongle pour n'en rien montrer, elles sont là malgré tout et il croit en ce qu'il dit. Ils n'ont pas à s'infliger ça, à remuer le couteau et à l'enfoncer davantage. Pourquoi faire, de toute façon ? Profiter d'un ersatz de réalité, d'une part de passé qui s'est fait la malle et ne reviendra jamais, ça sous prétexte que tout y était tellement délicieux, idyllique ? Ils sont adultes, leurs rêves sont différents, leur quotidien aussi. “ C'est une grande ville. Mettons ce soir sur le compte du hasard, et voilà. ” N'importe quoi. C'est une grande ville, effectivement, mais Nola a bien prouvé qu'elle se moque bien d'eux, sinon ils ne seraient pas là. Lui-même y croit à moitié. Pas en tenant compte du hasard, mais plutôt parce qu'il sait où elle traine. Il sait où elle bosse. Il sait où son père traine aussi. Il connait ses amis ; ils en ont toujours en commun et il compte renouer. Faire exprès de se louper, c'est une chose, mais à leur stade, c'est complexe. L'intention est là cependant, et si elle rentre dans son jeu, il est plus que prêt à lui laisser cet espace et à voir Nola sous un angle nouveau. Changer ses vieilles habitudes, ses fréquentations, ses repères ; si c'est pour qu'elle aille mieux et ne souffre pas davantage de lui. Cependant, il ne peut s'empêcher d'aller à contresens et de revenir sur quelque chose qui continue de le hanter. Il sort son portefeuille de sa poche, puis un carte en papier de son portefeuille, et le pose sur le comptoir. “ C'est mon numéro privé. T'es pas obligée de le prendre, ou t'es libre de le jeter en sortant, évidemment... Mais si t'as besoin, je te promets de décrocher cette fois. ” Le regard qu'il lui jette en on ne peut plus sérieux, sincère, solide. Le ton est celui de l'indéfectible promesse. Elle n'en fera probablement rien, mais il fait ce pas. Pour elle, il dira. Pour lui, surtout. En temps de honte, la mieux demeure encore dans le beau geste.
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Tina Callahan
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Tina Callahan
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Elle n’aurait jamais dû. Devant la mine visiblement navrée que lui présenta Dryden, elle se mordit la langue pour contenir de toutes ses forces le soupire désolé qui menaçait de s’échapper de ses lèvres. En un sens, le portrait de l’homme affligé qui se tenait devant elle sut ravir son coeur de la plus égoïste des manières. Ses mots, eux, trouvèrent une oreille attentive et l’emportèrent dans un tourbillon de réconfort auquel elle ne s’attendait pas. Des excuses suffisamment poignantes pour lui faire monter les larmes aux yeux et en lui faisant immédiatement baisser la tête. Bien sûr que ça ne suffirait pas. Rien ne parviendrait jamais à combler le trou béant qui s’était formé au creux de sa poitrine lorsque ce soir-là elle avait été contrainte de tolérer une vie devenue insupportable. Elle avait été suffisamment forte pour se relever, tenter de battre des ailes à nouveau dans l’unique but de s’accrocher à tout ce qu’il lui restait en ce bas monde : son père. Peut-être pas l’homme brave et charmant qui l’avait élevée, étouffé malheureusement par le chagrin et l’alcool, mais Michael Callahan demeurerait pour toujours son cher et tendre papa. Un peu brisé par la vie, certes, mais au moins il avait choisi de rester là… En quelque sorte. Aucune main ne lui avait été tendue durant cette cruelle période, pas même celle du garçon qu’elle avait jadis placé sur un piédestal. Elle s’était toujours imaginée qu’il avait délibérément fait une croix sur l’ex qu’il avait laissé derrière lui. Qu’elle n’avait été qu’une distraction de jeunesse, un premier amour sans grande importance et qu’il avait eut vite fait d’oublier une fois entouré des plaisirs hollywoodiens. Et le voilà qui se présentait ce soir devant elle, avec ses mots, ses excuses, et un regard qui parlait pour illustrer ses propos. Après de trop longues minutes sans rien dire, Tina porta ses deux mains le long de ses tempes en laissant un léger sourire prendre naissance sur sa commissure. Les yeux accrochés à lui, elle pouvait sentir sa poitrine se soulever sous la cadence infernale d’un coeur qui battait à tout rompre.  — Je te crois, et c’est déjà pas si mal après-tout. Personne aurait pu prédire ce genre de choses, pas même ces saletés de diseuses de bonne aventure. Finit-elle par lâcher dans une tentative médiocre d’ajouter une pointe d’humour là où il n’aurait dû y en avoir aucune. Elle n’était pas stupide au point de lui faire porter le chapeau pour tous ses malheurs. En dehors de leur séparation chaotique et de ce qu’elle avait cru être une facilité déconcertante pour couper les ponts avec elle, Dryden n’avait eu aucun rôle à jouer dans la tournure déplorable qu’avait pris son quotidien peu de temps après son départ. Et visiblement, l’éloignement n’avait pas été une mince affaire contrairement à ce dont elle s’était persuadée. Elle l’observa un moment, silencieuse et attentive devant sa méditation en délaissant la rancune pour se focaliser sur le tableau qui lui faisait face et qu’elle n’avait pas eu l’occasion de détailler convenablement depuis leur rencontre. Il avait changé. Pas en mal, grand dieu non. Les affiches et les films mettaient suffisamment en valeur la beauté extérieure de cet homme, mais ce qui la fascinait tellement en dehors de son physique reposait sur ce que de vulgaires fans ne seraient jamais capable de voir. Il avait murit bien sûr, sans surprise et tout comme elle, à ce détail près peut-être qu’il restait éblouissant d’authenticité envers elle. Tina était tombée raide dingue amoureux de ce mec il y a plus de dix ans, et encore aujourd’hui, dire qu’elle ne nourrissait aucun sentiment à son égard serait mentir. L’avoir là, devant elle, à portée de mains et de mots était sans aucun doute la plus belle chose qui lui soit arrivée au cours de ces dernières années. Le sourire mielleux qu’elle portait sur son visage s’éclipsa lorsqu’il reprit la parole.  — Oh… Tu ne restes pas ? Qu’elle reprit à voix basse, surprise et déçue. Elle avait baissé les bras en les posant le long du comptoir, pianotant nerveusement sur le bois tout en secouant le visage de gauche à droite. — Evidemment que tu ne restes pas. Idiote. Le retour à la réalité était finalement bien plus délicat qu’elle ne l’aurait songé. Il avait un métier, et pas des moindres, qui lui imposait bien entendu de voyager un peu partout. Logique donc que sa présence à la Nouvelle-Orléans ne soit qu’une étape parmi d’autres. Et puis il prononça le reste de ses mots, et sa gorge se noua immédiatement à l’entente de ceux-ci.  — Non ! S’entendit-elle répondre bien trop brusquement. Le pas qu’elle avait fait dans sa direction et la main posée sur son avant-bras ne furent que deux vieux réflexes tout droit sortis du passé. Elle posa brièvement les yeux sur ses doigts enroulés autour de son poignet et sentit ses jambes frémir sur ce que ce simple geste suffisait à procurer chez elle. Inoffensif aux yeux du monde, mais un contact énorme pour elle qui fuyait dorénavant toute forme de stimulation tactile en dehors des soins qu’elle procurait. La bouche entrouverte, Tina se déroba rapidement à cette proximité en retrouvant sa place d’origine et en récupérant sa main, stupide et bien trop gênée pour ne pas sentir ses joues rougir sous l’émotion.  — C’est pas ce que j’ai voulu dire. L’image qu’elle pouvait projeter en cet instant était à mille lieues de celle qu’elle avait pu lui offrir quelques minutes plus tôt, à l’extérieur du restaurant. Comme quoi, cet homme était vraiment doué pour la faire passer d’un état à un autre sans même avoir à hausser le ton.  — Ecoute, je sais que j’ai pas été très tendre tout à l’heure, mais que tu me sois tombé dessus ce soir c’est bien la seule petite chose positive qui me soit arrivée depuis un sacré bout de temps. J’ai pas besoin d’un autre fantôme dans ma vie, et je veux pas que tu cherches à me fuir. Elle ne le regardait plus, mais fixait ici et là des bibelots entreposés autour d’eux. Le fait est que oui, elle avait besoin de lui dans sa vie. Même si cela ne devait être que pour une courte durée, quelques heures même s’il n’avait que peu de temps à lui consacrer. N’importe quoi, mais elle s’en contenterait si cela signifiait pouvoir passer une toute petite partie de ses journées aux côtés du seul capable d’écraser ses démons. Et tant pis si cela devait être éphémère, ce serait toujours mieux que d’ingurgiter des quantités phénoménales d’alcool en soirée pour prétendre que tout va bien et se donner la force de sourire à ses amis.  — Sauf si c’est trop compliqué pour toi de fréquenter une vulgaire femme appartenant au petit peuple ? Qu’elle ajouta en remportant cette fois son attention sur lui. Un coude sur le comptoir et son menton reposant sur sa main, elle l’observait en le taquinant d’un sourire finement amusé. Elle qui pensait naïvement que ce type-là ne pourrait jamais être plus séduisant que lorsqu’ils étaient ensemble à l’époque… Et le revoilà devant elle ce soir, plus beau et plus détonnant que jamais. Un dieu au milieu des mortels. Un roi parmi ses sujets dont elle faisait partie. Et s’il n’avait pas encore compris qu’elle était littéralement entrain de le dévorer des yeux en cet instant, alors la célébrité l’avait clairement fait devenir aveugle.  — Regarde-toi. T’es bien trop riche, bien trop beau, et bien trop habillé aussi. Trop bien habillé, c'est ce qu'elle aurait voulu dire plutôt. Elle avait marmonné ses aveux sans réellement s’en rendre compte avant que les mots ne franchissent la barrière de ses lèvres. Des confessions maladroites qui la firent immédiatement se redresser, paniquer, et poser une main contre sa bouche.  — Enfin habillé… Genre classe et chic tu vois. Pas que je veuille que tu sois moins couvert… T’as compris ? Oh pis bref, passons. Qu’elle s’empressa d’ajouter en se jetant sans plus réfléchir sur la carte qu’il venait de lui déposer. Un numéro, parfait. Impeccable. Pile ce qu’il lui fallait pour détourner cette maladresse bien gênante.  — Le jeter ? Pour que ça tombe entre les mains d’une autre de tes pimbêches de fan ? Bah bien sûr, même pas en rêve Casanova. Elle esquissa un large sourire cette fois-ci, agitant ladite carte sous son nez avant de la ranger dans son sac. Ce numéro, elle en conviendrait sans mal, était un bien encore plus précieux que la maigre somme d’argent qu’elle possédait dans son porte monnaie.  — Merci. Qu’elle souffla le plus sincèrement du monde avant d’être interrompue par les rires de son père avachi sur sa table. Le repas était vraisemblablement terminé, et le voilà qui embarrassait tout le monde à réclamer une nouvelle bouteille de vin. Le soupire qui filtra de ses lèvres et la main fiévreuse qu’elle déposa contre son front témoignaient de sa fatigue. Son foulard et sa veste sur les épaules, Tina déposa de quoi payer leurs repas avant de gratifier un dernier coup d’oeil à Dryden. Elle aurait dû le laisser-là, lui dire au revoir et s’en aller. Elle aurait dû.  — Tu voudrais bien m’aider à le raccompagner jusque chez lui ? Je suis pas sûre de réussir à lui faire grimper les escaliers qui mènent à son appartement… Les escaliers ? Il y avait un ascenseur, mais ça, elle se garda bien de lui avouer. Au pire, elle prétendrait qu’il était en réparation la dernière fois et qu’elle l’ignorait. Se pinçant la lèvre inférieure, elle haussa les épaules en remettant ses cheveux en place pour tout ce que sa question suffisait à lui faire appréhender. Au mieux, il accepterait. Au pire, il trouverait une excuse pour mettre fin à cette rencontre et elle ne lui en tiendrait pas rigueur.  — Je te demande ça, mais t’as peut-être prévu de rester encore un peu avec ta mère ? Je me débrouillerai autrement sinon, te sens pas obligé. Mensonge. Bien sûr que si , elle espérait qu’il puisse se sentir obligé. Tina était suffisamment mesquine pour avoir besoin de se servir de sa culpabilité afin de prolonger ne serait-ce qu’un tout petit peu ce moment à deux. Elle sortait les griffes si pas les crocs, juste histoire de se satisfaire égoïstement d’une présence qui lui avait bien plus manqué qu’elle ne l’avait cru.
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Dryden Faulkner
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Dryden Faulkner
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Pour toutes les réflexions et émotions qui le traversent, la touche d'humour le fait à peine sourciller. Il échappe un soupir à la mention de diseuses de bonne aventure, parce que c'est là peut-être le seul aspect folklorique de sa ville natale qui ne l'emballe pas ; et Tina le sait très bien. Pourtant il prend sur lui pour ne pas céder à un moment de complète surprise. Elle le croit. Très bien, en même temps c'est tout ce qu'il est capable dans ce moment brouillon, et elle serait ambitieuse de vouloir plus. Il s'étonne pourtant de ne pas essuyer davantage de reproches, de critiques, et d'inculpations qui auraient été on ne peut plus légitimes de sa part. Elle fait l'impasse. Là, comme ça, aussi facilement ? Il fronce un sourcil, conscient qu'à sa place, 'il lui aurait envoyé tous les chiens de l'enfer aux trousses. Pas qu'il s'apprête à bouder ce semblant de victoire, c'est même tout l'inverse, mais vraiment, Tina n'a aucun juste milieu. Elle brode d'un côté ou d'un autre, trop ceci ou trop cela,. Elle va d'un extrême à l'autre dans un sprint phénoménale et lui la regarde courir, tenter de le piétiner même, sur le côté, les bras croisés, l'air con. Conscient de sa chance, et du fait qu'elle finira immanquablement par remonter à bord du ' reproches express ' à la première occasion, Dryden acquiesce vaguement et trempe de nouveau les lèvres dans son verre. Il évite soigneusement de jeter un regard dans la direction de Tina, des fois qu'il y verrait le fantôme de la fille qu'il a laissé derrière-lui plutôt que la femme qu'il a retrouvé ce soir. “ Je suis en tournage pour quelques mois, ” souffle-t-il, la poitrine soulevée par la perspective de plusieurs mois dans la ville qui l'a élevé, certes, mais où il ne se sent désormais plus tout à fait comme à la maison. Si pas ici, alors où ? Le problème soulève davantage de questions auxquelles il n'est, au jour d'aujourd'hui, pas capable de répondre. Peut-être simplement que le sentiment de familiarité ne se trouve pas dans un endroit, mais auprès d'une personne ; notamment celle devant lui, dont les doigts frappent nerveusement le comptoir. Voilà une légende, un racontar auquel il peine à croire, quand bien même un regard vers Tina lui murmurerait le contraire. Evidemment qu'il ne reste pas. Pourquoi faire ? Au nom de quoi ? Qu'est-ce qui le retient ici ? Sa famille ? Elles ont l'habitude. Les autres ? Allons. Elle ? Si seulement. Quelques mois ici, il considère que c'est un semblant de break bienvenue et que ce n'est déjà pas si mal. Il envisage de s'installer à New York après ça, mais personne n'est au courant, et il ne compte pas faire d'elle le premier récipient de ce scoop. D'autant plus lorsque sa spontanéité ne lui saute plus au visage, mais l'attrape par le poignet. Le simulacre de solution qu'il offre ne trouve évidemment aucun aficionado ; il faut dire que lui n'y croyait pas beaucoup non plus. Il se crispe à ses doigts qui l'agrippent, à cette spontanéité foudroyante qui lui ressemble, mais à laquelle il n'est plus habitué. Son regard trouve le sien dans un réflexe prodigieux, et c'est tout ce qui lui faut pour se détendre. Sa paume tiède répand une chaleur inqualifiable et bienvenue sous sa peau, l'apaise sous toutes ses coutures les plus tirées, et l'allège à ce point qu'il respire immédiatement mieux. Va savoir. Un commentaire de sa part serait le bienvenue, mais faute de savoir quoi dire de judicieux, Dryden la suit du regard lorsqu'elle retourne s'asseoir, aussi perplexe qu'on puisse l'être. Il s'étonne d'entendre qu'il est la seule bonne chose dans sa vie, et ne se fait pas prier de le lui faire savoir : “ Sérieux ? La seule ? ” Il ne peut empêcher un jugement malheureux de teinter la question. Faut dire qu'il ne se considère pas comme un cadeau en soi, d'autant plus pour elle qui a tous les droits de s'enorgueillir de sa présence, de ses pauvres excuses et de ses prétextes. Des années qu'ils ne se fréquentent plus, et il veut bien croire qu'elle exagère dans ses propos, ou s'inquiéter de leur véracité le cas échéant. “ Faut sortir de ton trou, une fois de temps en temps, ” lance-t-il, moitié railleur, moitié sérieux. Il trouve fou d'être un point positif, le seul même, alors que sa présence a tout de compliqué et ramène des drames dont elle devrait de toute évidence se passer. Toujours est-il qu'elle délivre un énième motif, s'il en faut, pour le mettre à l'aise avec l'idée qu'ils puissent se côtoyer. Dans quelles mesures ils en seront capable, dieu seul le sait, mais c'est déjà ça de moins qu'il a à craindre. Se relance le fait légèrement tiquer, mais il connait la démarche ; celle-ci n'a pas changé. Tina test, comme elle l'a toujours fait, comme elle le fera toujours. Elle glane les références douteuses, les petites réflexions, et les assomptions pour obtenir des réponses sans à avoir à poser la bonne question ; et il le sait, il n'en entendra pas le bout, de ces histoires de plèbes et de femmes. “ Et toujours cette même façon d'aller à la pêche aux compliments ou aux infos, ” souffle-t-il, l'ombre d'un sourire sur la commissure. Il ne répond pas à sa remarque puisqu'elle sait. On ne peut pas changer à ce point-là. Dryden a fait bien des erreurs, mais pas celle de se laisser entièrement consumer par la célébrité. Il sait d'où il vient, connait ses inflexions et ses plaisirs, et s'il avait oublié, être de retour à Nola devrait être un rappel idéal pour lui ramener les pieds sur terre. Il n'y pas de petit peuple, ni de vulgaire femme ; surtout pas celle-ci. Elle minimise son importance, lui voit clairement la manoeuvre ; et la trouve attendrissante. La flopée de compliments lui cause un premier rire qu'il tente d'étouffer dans une paume, et pour ne rien arranger, il entend sa mère rire à son tour dans la cuisine, la porte derrière lui étant restée ouverte. “ Ça se peut ça, d'être trop riche et trop beau ? ” On peut être trop de bien des choses, mais trop beau et trop riche, c'est une autre histoire. Quant à être trop habillé, il ne peut s'empêcher de baisser les yeux et de se jauger lui-même. Chemise noir à peine ouverte, neuve, d'un label dont il ne saurait dire le nom tellement il s'en moque. Pantalon noir complétée par des pompes elles aussi noires. Le total look est celui du fainéant soigné. La célébrité qui sait qu'il doit faire un effort sait on jamais, mais réduit cet effort au minimum syndical. Il devrait planquer l'élastique de son caleçon dans son pantalon, mais Calvin estime que c'est comme ça qu'on le porte, et Dryden n'est pas assez fou pou aller à l'encontre de l'artiste dont il porte humblement la création. On conviendrait aisément que Tina a toutes les raisons du monde de bafouiller ; lui se demande de quoi elle aurait l'air si elle était, elle aussi, dans les bonnes grâces des créateurs. En bombe. “ J'avais compris du premier coup, mais j'avoue que de te voir t'enfoncer comme tu sais si bien faire n'a pas perdu de son attrait, ” raille-t-il, pas le moins du monde ébranlé par ce qui est clairement un cafouillage. “ Merci ... ? J'imagine. ” Quand même. Il a été bien élevé. Si le moment s'y était prêté, il aurait commenté à son tour, mais le fait est qu'il ne sait ni par où commencer, ni sur quel ton. Le contexte ne s'y prête pas, mais une autre fois peut-être. Lorsque la gêne n'y sera plus, ou moins. Maintenant qu'elle a son numéro et ne l'a pas encore balancé aux ordures, ils auront peut-être l'occasion de balayer le malaise sur leur pas de leur porte ; faut au moins espérer. “ Tu te fais pas du bien à tartiner comme ça sur des pimbêches imaginaires, ” relève-t-il de nouveau, refusant que les commentaires trop simples, trop aigres et bien trop pathétiques pour une si jolie bouche, reviennent périodiquement. Cette musique tourne déjà bien assez en boucle en Californie. Skye n'a jamais cessé de le bassiner à propos de ça, Darcy lui en parle dès sent le moment propice, et il ne veut pas laisser à Tina l'opportunité de lui rabattre les oreilles aussi avec cette ritournelle à la con. Oui, il y a des femmes. Il en profite juste ce qu'il faut, et non, ils n'en parleront pas. Son verre terminé, il s'occupe de le mettre dans l'évier, puis repousse les billets qu'elle a posé sur le comptoir. “ C'est pour moi, t'inquiète. ” Grand seigneur. Pas pour le plaisir de faire comprendre qu'il a du fric, même si elle a précisé elle-même qu'il est effectivement riche, mais plutôt pour le geste et marquer le coup. Il glissera un gros billet dans la caisse pour les comptes de sa mère, et ça ne fera que du bien à tout le monde. Notamment à Mike, qu'il a eu le malheur d'oublier le temps d'une conversation. Il ne se souvenait pas du sacré numéro que le beau–père pouvait -être ; jusqu'à maintenant. Peut-être aussi parce qu'à l'époque, Mike n'était pas comme ça. Dryden ne fera pas le rapprochement tout de suite, et c'est fort regrettable, mais ne peut-il s'empêcher de noter qu'il y a quelque chose de totalement différent en lui ; et pas de la bonne manière. Perplexe, il acquiesce à la requête de Tina, puis soupire sans quitter Michael des yeux. “ Tu m'étonnes. ” Son père lui passe devant sans même le regarder, ressuscitant un pointe de rancoeur en son sein ; toujours pas de retour mémoire. “ Non, non, c'est bon. Je vous ramène. Ça me pose pas de problème. ” Tant qu'il vomit pas dans sa bagnole de location, qui coûte certainement plus cher que toutes les possessions du père Callahan ; sa fille à part. Avant de se redresser, il se frotte les yeux et la nuque, sentant le poids d'une longue journée lui tomber sur les épaules. Heureusement, il avait averti sa mère qu'il ne resterait pas tard. Un repas, un verre, et au lit. Ce qu'il compte faire après son crochet par la casa Callahan. Natalia écope d'un baiser sur la joue, et lui d'une main tendre sur les fesses - ah, les mères, lorsqu'ils s'en vont. Il attend de ne plus être dans les phares de sa mère pour sortir une cigarette et un briquet de sa poche. “ Ouais, je sais, je sais, ” marmonne-t-il, se rappelant qu'à l'époque, il ne fumait pas. Ce n'est pas si grave. Une seule, tous les soirs, et surtout ceux où la journée a été compliquée. Il arrête généralement au premier jour de tournage, reprend durant le dernier. C'est mauvais pour sa santé, c'est pas beau, et non, ça le rend pas plus désirable qu'il n'est déjà ; bien sûr que si. Mais tant pis. Il faut des vices, dans ce métier et c'est celui-ci que Dryden a chopé. Pas la drogue, ni le sexe à outrance - ou étrange. Pas les médocs, ni l'alcoolisme. Pendant qu'il termine sa cigarette, Mike tente une avancée fulgurante devant eux. Ça tangue à droite, à gauche, ça cherche le comptoir qui voudra bien le recevoir et ça se heurte au refus catégorique des vigiles ; et le leur. Ça n'abandonne pas pour autant. L'embarquement est fastidieux, si pas carrément problématique. Faut dire que le père Callahan, si Dryden lui met au moins une tête sur la hauteur, est un sacré morceau et surtout, un sacré numéro. La nourriture a certes calmé, mais il n'en reste pas moins profondément ivre, et surtout prêt à partir en croisade dans tous les troquets de la ville. “ Je crois pas l'avoir déjà vu aussi mal, ” ose-t-il, fraichement installé derrière le volant. Il n'a évidemment pas conscience de la portée de sa réflexion ; faut pas lui en vouloir. “ Toi, en revanche...” Il darde sur elle, assise sur le côté passager, un regard de biais à moitié amusé. L'alcool, la jeunesse, ses ravages. Il étouffe un ricanement, alors que le moteur démarre et qu'ils s'insèrent dans la circulation. Dans les embouteillages, plutôt. Il n'y a aucune heure à Nola où la circulation n'est pas un calvaire – Faut dire qu'ils sont dans le vieux carré, tout prêt de Bourbon, et que ça grouille de piétons aussi frais que Michael, et de flics pour les arrêter. Au feu rouge, et dans les bouchons, il ose davantage : “ Vous allez bien, tous les deux ? ” La questionne se veut anodine, et il est assez bon comédien pour la faire passer sur le ton qu'il faut.
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Tina Callahan
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— J’ai quelques mois pour te pourrir la vie donc… Boh, c’est toujours ça de pris écoute. Qu’elle souffla, une pointe de taquinerie dans la voix pendant que son visage s’habillait d’un doux sourire. Sans qu’elle ne puisse se l’expliquer, la confession de le savoir ici pour quelques temps lui procura un soulagement inespéré. C’est qu’elle s’était finalement habituée à voir les gens autour d’elle disparaître les uns après les autres, et bien que le retour de Dryden soit d’ores-et-déjà annoncé comme éphémère, la nouvelle était malgré tout parvenue à contenter son coeur. Les lèvres pincées, elle l’observait distraitement, toujours un peu plus fascinée par ce qu’il était devenu. On pouvait souvent entendre dire que la célébrité rendait beau. Ce mec-là avait toujours été éblouissant à ses yeux, mais elle mentirait de ne pas admettre que dorénavant le terme sous-estimait grandement la bombe qu’il était devenu. Et bien sûr, n’y avait pas seulement le physique qui entrait en jeu, mais absolument tout ce qui se dégageait de lui. Ce timbre de voix, plus grave qu’à l’époque et pourtant toujours aussi doux, qui savait faire vibrer sa poitrine à chaque mot prononcé. Cette façon qu’il avait de rester parfaitement droit et impassible devant elle, véritable boule de nerfs. Et ce regard, le même qu’auparavant certes, à la différence près qu’il ne la regardait plus avec des yeux de jeune adulte mais avec ceux d’un homme. Tina était sensible à ce genre de détails. Peut-être trop compte tenu du fait qu’il ne s’agissait que d’un ex et non pas d’un potentiel prétendant. Si seulement elle pouvait réussir à le voir ainsi. Sa remarque eut le mérite de la faire brutalement revenir à la réalité et, se secouant le visage, elle fronça les sourcils avant de plaquer sa réponse sous son nez. — Hé ho ! Je sors monsieur joli coeur ! C’est juste que… Elle hésita, se mordit l’intérieur de la joue et sentit ses mains se crisper sous sa phrase inachevée. D’une certaine manière elle ne mentait pas. Elle sortait effectivement, plusieurs soirs par semaine même, avec une poignée d’amis ou seule, selon. Le truc, c’est que chaque escapade s’avérait être d’une monotonie assommante. La musique sur laquelle elle avait à coeur de danser parvenait pour quelques heures au moins à l’arracher à son quotidien. Les verres consommés pouvaient aider. Parfois aussi, il arrivait qu’un homme puisse venir la trouver pour tenter de la séduire. Il y parvenait, sortait avec elle pour un semblant de relation dont elle espérait pouvoir se satisfaire, et inévitablement cela débouchait toujours sur une dispute clairement orchestrée par ses soins avant d’être suivi d’une rupture. — Pour faire court, il ne s’est pas passé grand chose d’attrayant dans ma vie depuis une paire d’années. Alors t’emballes pas de trop, mais oui, j’suis contente de revoir dans le coin. Qu’elle finit par soupirer en haussant les épaules. — Même si tu mérites une paire de claques que je suis beaucoup trop polie pour te refiler. La petite touche d’humour pour recouvrir un aveu amer. Puis il y eut le malaise, le rouge qui lui monta aux joues et sa tête plongée dans les paumes de ses mains. Tina et sa spontanéité. Ô elle avait entendu Natalia échapper un rire dans sa cuisine, l’obligeant à se cacher un peu plus derrière les longues mèches de cheveux qui couvraient son visage. — Ouais, ça se peut… T’étais mignon à l’époque, et t’avais autant de mal que moi à t’acheter une paire de chaussures de marque. Pis pouf, dix ans plus tard, poussière d’étoile et tout, le mec revient en bombe en ayant remplacé son vélo par une Porsche et sa montre par une Rolex. Sérieusement Dryden ?! T’es chiant. Elle râlait à voix haute, illustrant ses propos par de grands gestes de la main quand ses soupires par légion trahissaient très clairement à quel point elle était ébranlée. Et pour toute réponse à ses sarcasmes, elle se contenta de lui tirer la langue d’un air faussement vexé. Gamine lorsqu’elle était pour de trop rares fois prise au dépourvu. C’était ça ou une insulte… Quant à son intention toute adorable de vouloir payer à sa place, elle s’offusqua bien évidemment en se redressant comme une furie pour contester. Trop tard. — Non ! T’as pas à… Les jurons qui illustrèrent son mécontentement furent étouffer par la main qu’elle se força à porter contre ses lèvres. — Merci. Finit-elle par lâcher, un regard froissé et braqué dans sa direction pendant qu’il s’occupait déjà à saluer sa mère en ignorant superbement celle qu’il avait invitée. Quel homme. Dehors, Michael déambulant à leurs côtés, elle tiqua à ses mots et à la dépendance faite de tabac que Dryden extirpa de sa poche. — Oh je vais pas te juger pour ça, t’en fais pas. Plus calme, son visage se farda d’un léger sourire lorsqu’elle entreprit d’attraper la cigarette qu’il tenait pour en tirer elle-même une bouffée avant de lui replacer le filtre entre les lèvres. Le fait est que Tina avait elle-même sombré dans ces mauvaises habitudes à force de fréquenter les bars et les fumeurs. On pourrait croire d’une infirmière qu’elle ferait tout pour préserver sa santé, d’autant plus d’une infirmière ayant perdu sa maman d’un cancer. Et non. Le vice était bel et bien là, et elle fumait. Pas énormément, mais régulièrement, et c’était déjà bien de trop. Lorsqu’ils regagnèrent sa voiture, encore une fois, elle s’immobilisa devant ce qui ressemblait plus à un bijou qu’à un véhicule, soupira, et garda pour elle toute remarque à propos des petits plaisirs qui faisaient désormais partie intégrante de la vie de son ex. Clairement, l’engin valait mille fois plus que tout ce qu’elle et son père pouvaient posséder. Même les fauteuils étaient plus confortable que le matelas sur lequel elle dormait. Magnifique. — Ça va encore ce soir, il a été raisonnable. Qu’elle osa à voix basse, un coup d’oeil par dessus son épaule pour trouver un Mike à moitié endormi sur les sièges à l’arrière. Attendrie comme toujours par la vision de cet homme, elle se laissa aller à un soupire las avant d’entendre les moqueries du conducteur et se retourner vers elle. — Me regarde pas comme ça ! T’étais pas mieux que moi quand t’avais bu j’te ferais remarquer ! J’ai grandi maintenant, je tiens encore debout après deux bières… Enfin je crois ? Pour changer, elle avait haussé le ton en martelant son épaule de quelques coups (heureusement, ils étaient arrêtés) avant de s’enfoncer dans son fauteuil et éclater de rire. Ok, sur ce point-là, Dryden n’avait pas tort. Et le souvenir des temps passés lui arracha un sourire à la fois régalé et nostalgique. C’est qu’ils étaient heureux avant, ou en tout cas, elle l’était pleinement. Alors à une question qui aurait dû l’offusquer, elle se contenta de répondre du tac au tac, comme elle en avait si souvent l’habitude depuis quelques années. — Oui, ça va. Pourtant, le sourire s’était évaporé et elle ne le regardait plus mais avait délibérément tourné le visage vers la vitre en fixant distraitement le décor des rues qui les entouraient. Incroyable le pouvoir que pouvait posséder une seule et innocente question sur un coeur brièvement rafistolé. Elle la sentit, cette main invisible la prendre à la gorge et lui couper la respiration de telle sorte à lui faire cracher la vérité. — Non… Qu’elle s’entendit souffler d’une petite voix brisée, le front appuyé contre la vitre de la voiture pendant que ses yeux se refermaient pour essayer de lui faire reprendre le dessus. — Y a pire. Peu convaincue de sa propre réponse, elle esquissa malgré tout une jolie mine pour illustrer ses dires en s’essayant à un jeu d’actrice bien peu crédible devant le talent incarné. Elle n’ajouta aucun mot à ce sujet, pria intérieurement pour qu’il en fasse de même, et se contenta de le guider jusqu’à ce qu’ils regagnèrent l’artère menant à l’appartement de Michael. Tina ne fit aucun commentaire concernant l’ascenseur qui, effectivement, marchait. A la place, elle leva les yeux au ciel en se mordant la lèvre pour retenir un « bah quoi ? » qui menaçait d’être prononcé. Arrivés à destination, Mike n’eut pas besoin qu’elle lui dise quoique ce soit pour se précipiter nonchalamment sur sa banquette et s’y effondrer en marmonnant quelques mots incompréhensibles. Un « Bonne nuit les jeunes » sans doute, ou quelque chose qui s’en rapprochait jura-t-elle. — Au moins, j’ai pas besoin de le bercer pour qu’il dorme. Au pied de la porte, elle secoua la tête de gauche à droite, amusée mais pas tant, avant de rejoindre son père en attrapant le plaid laissé au sol. Elle l’emmitoufla soigneusement, comme une mère l’aurait fait avec son propre enfant et déposa un baiser contre sa joue avant de s’en aller. Une situation regrettable pour une fille, mais à laquelle Tina s’était tristement habituée. — C’est pas un mauvais père tu sais… Tout le monde le juge et le regarde comme si c’était une pauvre merde, mais ça reste mon papa. Tu l’as connu, tu sais qu’il a pas toujours été comme ça. Qu’elle se sentit obligée de justifier  auprès de Dryden en refermant la porte. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il n’était pas le genre de mec à juger aussi facilement, mais le fait est qu’elle se trouvait honteuse  à devoir lui présenter un tableau aussi ridicule pendant qu’il explosait littéralement sous la réussite. Elle regretta presque de lui avoir forcé la main pour qu’il l’accompagne, et se sermonna silencieusement d’en avoir eu audace. — Pour répondre à ta question de tout à l’heure, lui ne va pas très bien depuis que maman n’est plus là… Je crois qu’il tient le coup comme il peut, plus pour moi que pour lui d’ailleurs. Y a que quand il est comme ça que j’arrive à le voir sourire. Le reste du temps… C’est plus compliqué.  Bien sûr, l’idée qu’il puisse avoir envie d’en finir lui avait plus d’une fois traversé l’esprit. Qui pourrait l’en blâmer ? Michael avait perdu son boulot pour choisir de demeurer auprès de sa femme lors de ses derniers instants, il avait vu son fils se barrer du jour au lendemain après une énième dispute, et avait entraîné sa propre fille dans sa descente aux enfers. Contrairement aux apparences et à ce qu’il offrait aux yeux du monde, il était pleinement conscient d’être un boulet pour la seule personne qui avait choisi de rester à ses côtés, et c’est peut-être également l’unique raison qui le poussait à rester encore en vie à ce jour. Une fois dehors, ce fût au tour de Tina de sortir une cigarette de son sac pour noyer ses angoisses sous une fumée nocive. Rien de bien méchant, mais au moins de quoi mettre une espèce de barrière au noeud qu’elle sentait se former vicieusement au creux de son estomac. — Désolée, la situation est déjà suffisamment embarrassante sans que j’te bombarde en plus avec nos histoires de famille. J’habite pas très loin, je peux rentrer à pied maintenant. Merci. Elle darda sur lui un oeil attentif, souriante sans en avoir le coeur. Elle réfréna pourtant l’envie de lui proposer un verre chez elle, quand bien même mourrait-elle d’envie de rester encore un peu auprès de lui. Pas pour d’autres intentions que de parler, elle n’était pas encore suffisamment folle pour espérer autre chose. Et puis, il n’y avait aucune ambiguïté dans cette espèce de relation qu’ils partageaient finalement, si ? — Tout à l’heure, t’as dit qu’on avait jamais été potes toi et moi. Ce serait peut-être l’occasion de tenter le coup non ? Ça va faire quand même dix ans… On est devenus adultes en théorie, on peut faire ce genre de truc sans se bouffer le nez mmmh ? J’te promet d’essayer de pas sauter à la gueule de ta blonde si jamais je dois en trouver une accrochée à ton bras. Qu’elle railla en le défiant du regard. Elle resterait à jamais authentique devant lui sans contredire le fait qu’évidemment, oui, il lui plaisait toujours. Si elle croyait à ce qu'elle venait de lui proposer ? Absolument pas. Mais puisqu'il lui avait confié ne pas rester très longtemps en ville, elle n'aurait pas le temps de regretter son idée désastreuse. — Sauf si elle est plus belle que moi, là, je garantie rien. Tête d’ange, épaules haussées et un air amusé flottant sur ses traits, Tina resta plantée là devant lui, pour toujours séduite par cette gueule et son charisme.
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