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Tina Callahan
goin' down the bayou, takin' you all the way
Tina Callahan
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“ you look so unapproachable ” — “ and yet, here you are. ”
· · @dryden faulkner


Elle avait beau avoir passé ces cinq dernières minutes à contempler son propre reflet dans le miroir de la salle de bain, n’y avait pas une seule seconde où Tina parvenait à se supporter. D’aucuns diraient pourtant qu’elle était jolie comme ça, à s’être débarrassée de sa blouse d’infirmière et de son tablier de serveuse pour revêtir une tenue plus confortable mais néanmoins élégante. Un chemisier échancré, un Jean noir et ses long cheveux bruns libérés de la natte qu’elle avait porté toute la journée à l’hôpital. Même les quelques traits de maquillage qu’elle s’était efforcé de dessiner autour de ses yeux ne parvenaient pas à la convaincre du contraire. Elle se répugnait quotidiennement, et ce depuis qu’elle avait mis les pieds dans ce maudit club. Tout ou presque lui donnait envie de vomir, à commencer par elle et la pitoyable soumission dont elle devait faire preuve pour plaire à sa nouvelle patronne. Lana était intransigeante et se régalait à rendre son calvaire bien plus difficile qu’il ne l’était déjà. Les journées se succédaient à l’hôpital, entre les perfusions, les prises de sang et les patients malades. Les nuits, quant à elles, ne parvenaient malheureusement plus à éponger la fatigue accumulée. A peine le temps de rentrer pour avaler un morceau que Tina avait troqué sa tenue de travail pour une autre. Et ces heures-là étaient à n’en pas douter les plus rudes, quand bien même n’y avait-il jamais eu aucun débordement notoire jusque là. Les sourires face aux regards lubriques étaient forcés, les rires devant les sous-entendus grossiers encore plus. L’estomac noué par la honte, elle avait pourtant tenu sans jamais céder aux provocations ni aux sarcasmes de son employeuse. Tête haute, mais le coeur au fond d’un abime. Aussi, en cet unique jour de repos, elle avait choisi de sortir. Profiter un peu, changer d’air, voir du monde. N’importe qui ou n’importe quoi qui puisse la faire se sentir autrement que comme cet automate qu’elle était devenue depuis quelques semaines. La première étape fût donc tout naturellement de se rendre à l’une de ses adresses favorites, si pas sa préférée : le restaurant de Natalie. Aucune responsabilité pour aujourd’hui : Michael saurait bien se débrouiller sans elle l’espace de vingt-quatre heures. L’accueil demeura comme toujours terriblement chaleureux. La nourriture : divine. Un déjeuner englouti en à peine quelques minutes, tant elle était affamée faute d’avoir le temps de cuisiner dernièrement. Ce repas serait inévitablement une entorse à son budget mensuel, mais tant pis. Elle estimait mériter ce plaisir, et en avait de toute évidence cruellement besoin si elle désirait être capable de tenir encore debout les jours suivants. Ce n’est qu’en commandant sa tasse de thé qu’elle prit enfin le temps d’observer les alentours, et que son regard se posa sur la silhouette qui se tenait près du comptoir. L’eau chaude au bord des lèvres, elle manqua de se brûler en reconnaissant Dryden avant de laisser un large sourire béat venir courber sa commissure. Le coeur loupa un battement, et un étrange voile guilleret se chargea de venir couvrir ses traits fatigués. La seconde suivante, la voilà qui embarquait sa tasse pour venir s’asseoir sur l’un des tabourets à ses côtés. — Hey ! Salut joli coeur. Fit-elle, bien trop enjouée pour un simple ‘’bonjour’’. Non, très clairement elle n’avait jamais été bonne pour lui trouver des sobriquets, et celui-ci n’en ferait pas exception. Oui, elle était déjà entrain le dévorer avec des yeux pétillants de joie pendant que sa main était venue accorder à son épaule une subtile caresse. Amicale dans les formes, jamais dans les intentions dès lors qu’il s’agissait de lui. — Je savais pas que t’étais déjà de retour à Nola… Ça a été Los Angeles ? Siffla-t-elle en lui rendant sa liberté et son espace, les lèvres plongées dans un thé encore bien trop chaud pour être bu. Pas qu’elle puisse se sentir vexée de ne pas avoir été prévenue de son retour : elle n’aurait de toute façon pas eut la moindre seconde à lui consacrer ses derniers jours. Toutefois, elle arqua un sourcil en basculant légèrement le visage, surprise mais bien trop allègre pour être contrariée par si peu. Ses deux billes brunes ne décrochaient déjà plus de leur contemplation. Une drogue, ce mec. Ô elle n’avait pas oublié ce qui avait été dit entre eux lors de leurs dernières rencontres. Ce qui avait été fait au cours de ces nuits était supposé n’avoir engendré aucune conséquence sur leur relation. Supposé, seulement. Difficile à dire quand les sentiments avaient décidé de s’en mêler. Elle avait apprécié ces instants, beaucoup trop pour ne pas y redevenir pleinement et inconsciemment accro. Et sans doute préférait-elle - pour le moment au moins - occulter les photos qu’elle avait pu voir défiler de lui et de la jeune blonde accrochée à sa main. Pas que les portraits ne l’avaient pas fait devenir rouge de jalousie, mais encore une fois, Dryden n’avait aucun compte à lui rendre à ce sujet. Elle était tristement elle, son ex, un coup d’un soir ou deux tout au plus. Il était libre de ses relations, ou en tout cas, voilà ce dont elle avait violemment tenter de se persuader en balançant son téléphone portable à l’autre bout de sa chambre l’autre soir. Maudit soit Instagram. Quoiqu’il en soit, à cette heure-ci, elle était juste heureuse de le retrouver et ne se cacherait certainement pas derrière des faux-semblants pour feindre l’indifférence quand tout chez cet homme parvenait à la faire frémir de bonheur. — T’as des dispos dans la semaine ? J’te dois toujours un repas, alors je me disais que tu pourrais peut-être passer manger un bout un midi si tu veux. Qu’elle lâcha d’un air aussi innocent qu’adorable. Midi, parce qu'elle n'était pas fichue de pouvoir programmer quoique ce soit en soirée dorénavant. — Je cuisine pas aussi bien que ta mère, mais je sais me débrouiller maintenant. Ponctuant ses mots par un léger rire, elle se souvenait d’une période où, effectivement, leurs repas se négociaient bien souvent entre un plat de pâtes et des livraisons à domicile. La belle époque, où tout était nettement plus simple et où leurs seules préoccupations traînaient autour du choix d'un film qu’ils (ne) regarderaient (pas) le soir. — Ça va toi ? La question était anodine, mais effroyablement sincère. Elle ne la posait jamais d’ordinaire mais sans savoir pourquoi, il avait fallu qu’elle le fasse aujourd’hui. Un regard entendu dans sa direction, elle le dardait attentivement sans se défaire de ce petit sourire accroché sur sa bouche. Le bout de ses doigts posés tout naturellement contre son avant-bras. Ah cette manie qu’elle avait toujours eu à l’avoir à portée de main, et qui revenait au triple galop.
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Dryden Faulkner
will be rough in so many sweet ways
Dryden Faulkner
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Un café, et c'est tout. Sur cette fausse promesse conclue d'un sourire hypocrite, parce qu'il sait parfaitement qu'ils vont trainer, Dryden se penche sur le comptoir et fait le beau pour que sa mère lui offre son café. Non, il n'a pas remarqué que Tina est là, tout comme il ne s'attarde pas plus sur Cameron qui voudrait désinfecter tout l'endroit avant d'envisager d'y poser un coude. Sa mère, sa reine, est là. Il n'y a donc qu'une seule vedette ici pour l'éblouir. Cameron est un habitué des étoilés, ce pourquoi il détonne complètement dans le paysage. Ça par le chic de ses vêtements et l'élégance outrancière de ses manières. Ils ne sont là que pour un café, et aussi parce que Dryden s'est précipité sur l'opportunité de rendre visite, même brièvement, à sa mère. Son manager tourne en rond comme un roi-lion dans une cage sordide. Natif de la côte ouest, il est ici comme un poisson hors de son bocal, et regrette à chaque visite que son protégé le plus lucratif ait décidé de troquer le cliquant californien pour l'authenticité néo-orléanaise. Il offre à sa chère maman un sourire satisfait lorsqu'elle dépose une lourde tasse devant lui et y ajoute, avec toute la tendresse dont elle est faite, une part de gâteau. Cameron s'empresse d'y planter sa cuillère, sous le prétexte tacite que Dryden doit faire attention. C'est la saison des awards. Bien peigné, barbe entretenue, muscles apparents sous chemise un rien trop serrée, c'est la devise. Pas de gâteau. Dryden s'apprête à en rire et à lâcher une inévitable réflexion moqueuse lorsqu'une voix familière s'élève et s'immisce. Il fronce immédiatement un sourire et penche la tête pour trouver Tina, son éternelle bonne humeur, et sa faculté saisissante à assembler des mots à vomir de niaiserie, et à les dire sans se démonter. Le sobriquet est largement de trop, et le fait tiquer à ce point qu'il ne retient pas un “ Pardon ? ” à la fois ouvertement interloqué, et quelque peu hautain. “ C'est qui elle ? ” Cameron ne fait pas beaucoup mieux. Il est de ces californiens qui ne savent pas mesurer le dégout dans les inflexions de leurs voix, et ce n'est pas comme s'il essayait non plus. Il jauge Tina de son impitoyable regard, et lorsqu'il s'attarde trop, Dryden se tourne et lui dit : “ Laisse tomber,  Cam. ” Vaut mieux. Ce n'est pas une fan, ils n'en trouveront pas ici, et c'est justement pour ça qu'ils sont là. Ce n'est pas quelqu'un devant qui ils sont tenus de bien se comporter, ce pourquoi Cameron ne prend plus la peine de mesurer le moindre mot et pointe son naturel désarmant comme une arme vers quiconque n'est pas, selon ses standards démesurés, digne. Du regard, Dryden lui suggère de prendre son gâteau et d'aller le terminer ailleurs. Il ne fera pas les présentations, cette histoire-ci lui appartient, quand bien même elle subit bien des tourments. Lorsque tous les détails lui reviennent, sa langue claque dans sa bouche, et il fait à Tina l'honneur de ravaler sa bile en prenant une longue gorgée de café.  Elle peut être mignonne autant qu'elle veut, ça ne fonctionnera pas ici. Il a des faiblesses dont elle peut largement profiter, mais il a les boules contre elle à un point tel qu'il n'y a plus aucune faille dans laquelle s'immiscer. Il s'est blindé à l'amertume, à l'inquiétude, et si on y regarde bien, peut-être une pointe d'aversion. Tina parle, mais il lui répond dans sa tête. Elle ne sait pas qu'il est revenu parce qu'il n'a pas à la tenir au courant. On conviendra qu'il est difficile de le suivre, aussi, mais il a en tête toutes les mauvaises réponses. Les plus amères, les plus méchantes, les moins aimables. “ New York, ” corrige-t-il, pour la forme. Ça n'a pas grande importance, mais c'est tout ce qu'il trouve à lui répondre qui ne soit pas violemment impoli. Il n'a pas levé le nez de son café, et son regard s'est une seule fois attardé sur sa mère qui pince les lèvres et fait semblant de nettoyer son évier. Probable qu'elle pense, maintenant qu'ils sont là, qu'elle a peut-être fait une erreur. Ou bien c'est une faveur qu'elle a fait à Tina, mais elle n'aime pas le conflit, les règlements de comptes ; c'est inévitable ici. Dryden est poli, bien élevé, mais compte tenu de l'ampleur de l'information qu'il détient, ça ne devrait pas durer bien longtemps, surtout si Tina insiste comme elle le fait. L'espèce d'invitation qu'elle lance le fait moitié-soupirer, moitié-ricaner, et il s'entend répondre : “ Non, ” le plus naturellement. Non, est à ses yeux une réponse complète. Pas besoin d'épiloguer, de tergiverser. Non, point-barre. C'est bien vrai qu'il n'en a aucune, de disponibilité. Darcy ne le voit plus beaucoup non plus, alors même qu'ils vivent ensemble, et il voit sa mère pour la première fois depuis quinze jours ; quelque chose comme ça. Ses moments de liberté sont rares, et il a besoin de son sommeil réparateur lorsqu'il n'est pas en train de courir entre un vol et un autre. “ J'ai beaucoup de travail, et il parait que toi aussi. ”  Et voilà. C'est parti. La réflexion a au moins le mérite d'être donnée sur un ton anodin, alors même que son sens ne l'est pas du tout. Sa mère lui jette un regard à faire s'abattre la foudre et lui décroche ce   “ Dryden ” de remontrance qu'il déteste, mais fait le choix d'ignorer copieusement pour répondre à la question badine de Tina.   “ Ça va on ne peut mieux, merci. ” Toujours ce naturel désarmant. Pas de sourire, pas de gentillesse, aucune chaleur. Les mots sortent de manière mécanique, pour la forme, s'il lui fait l'honneur de lui répondre, en revanche il ne prétend pas avoir envie de lui parler. Lui va bien. Sa dignité est intacte, son compte en banque est blindé, sa famille va bien et s'il se mettait un coup d'audace au cul, probable qu'il pourrait dormir avec Darcy plutôt que de lui dire bonne nuit tous les soirs. Lui va même très bien. Ses mains sont propres, il a de quoi garder la tête haute et le port altier, vraiment pas à se plaindre. “ Et toi ? J'imagine que ça ne doit pas être simple de jouer à la coyote girl chez Lana. ” Cette fois il clôture sa badinerie d'un vague sourire forcé qui ne prête pas du tout à confusion : l'irritation est là, encore bien maitrisée, lisible dans ses yeux si pas dans sa bouche. Le ton n'est pas monté, pas encore, et il garde pour lui tout ce qu'il pense uniquement parce qu'il veut lui laisser l'opportunité de s'expliquer. Il n'est rien qui puisse justifier qu'on montre ses fesses du côté du club de Lana, et même si elle prétendra qu'elle ne fait que serveuse, tout le monde sait que c'est comme ça que ça commence. Elle n'a, à ses yeux, aucune excuse, mais il est curieux de savoir pourquoi elle préfère encore trainer dans cette boite à putains plutôt que de demander de l'aide. Si pas à lui, à d'autres.   “ Ouais... ” siffle-t-il, sa langue claquant dans sa bouche. Oui, il sait. Clairement, ça l'énerve, mais il a encore quelques tours de chauffe et de lucidité avant de vraiment s'emporter ; heureusement. Il se tourne vers elle avant que son regard à elle ne glisse sur sa mère, encore là, mais curieusement silencieuse.   “ C'est pas de sa faute, elle s'inquiète pour toi, c'est tout. ” Comme tout le monde, lui le premier.
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Tina Callahan
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Tina Callahan
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On lui avait souvent fait part du fait qu’elle était parfois beaucoup trop naïve, à offrir aux autres  sans compter et sans jamais rien attendre en retour. Mais elle avait toujours été comme ça Tina, à pardonner trop vite et à toujours voir le bon au lieu de retenir le mauvais. Un trait de caractère hérité de sa mère d’après tous ceux qui avaient eu le privilège de la connaître. Un peu de naïveté dans un monde aussi fou que celui-ci ne ferait de mal à personne, du moins le pensait-elle autrefois. Et pourtant ici encore, elle se laissait emporter par la vague de joie que lui procurait la simple présence de Dryden. Il n’était pas particulièrement doué pour la consoler, ça jamais, mais se dressait inévitablement comme un maître dans l’art de distraire ses songes. Il lui suffisait de parler ou tout simplement de la regarder avec ses deux grands yeux bleus, et elle était à chaque fois arrachée à sa réalité pour se prendre les pieds dans le filet dressé par cet homme, souverain dans son monde imaginaire. Il n’avait pas encore eu le temps de lui répondre qu’elle était déjà entrain de lui sourire, pressée d’entendre ce qu’il avait à raconter de son voyage. Voilà au moins une existence qui méritait d’être écoutée. Mais les mots à son adresse et le regard dédaigneux qu’on lui offrit pour toute réaction eurent le mérite de la prendre immédiatement à la gorge. Un coup invisible et vicieux auquel elle ne s’était pas préparée de toute évidence. L’air guilleret inscrit sur son visage s’effaça violemment, remplacé par une moue aussi surprise qu’outrée. Visiblement, quelque chose lui échappait aujourd’hui. Dryden pouvait avoir un caractère difficile à cerner, et malgré qu’une minuscule partie d’elle continuait de lui en vouloir, elle était consciente du fait qu’il n’avait jamais eu l’intention de la blesser. S’agissait plutôt du contraire depuis son retour. L’acteur était tout si pas attentionné depuis qu’ils s’étaient retrouvés et ça, plus que tout le reste, comptait beaucoup trop pour qu’elle puisse l’ignorer. Elle s’était sentie à l’aise dans l’étau tiède de ses bras quelques semaines plus tôt, mais elle était aujourd’hui incapable de savoir où se mettre devant ces deux paires d’yeux aiguisés qui la dévisageaient comme si elle n’était qu’une vulgaire étrangère. Le contraste entre ces deux rencontres était saisissant. Aussi, Tina fronça un sourcil devant la question posée par l’homme qui se tenait aux côtés de Dryden. C’est qui elle ? Elle éructa d’un rire offensé avant de lever les yeux au ciel. Connard. Au prix d’un effort colossal, l’insulte resta heureusement silencieuse et ne pu franchir la barrière de ses lèvres pincées. Laisse tomber. Effectivement, mieux valait-il qu’elle ne se donne pas en spectacle au sein de cet endroit devenu sacré pour elle. Pour eux. Cet étrange malaise aurait pourtant dû se dissiper dès l’instant où ils se retrouvèrent seuls tous les deux… Mais non. — Ooook, j’ai dû mal comprendre. Il l’avait corrigée froidement, sans un regard, sans la moindre petite attention à son adresse. Et elle, encore une fois, se perdait violemment à chercher une explication à ce comportement qui était loin de lui ressembler. Les réflexions qu’il pouvait laisser couler en guise de réponses étaient mesurées, mais trouvèrent inévitablement la proie bien trop vulnérable qu’elle faisait à ses côtés. Devant les autres, elle était une battante. Devant lui, ne restait qu’une pitoyable larve qu’il pouvait bien broyer en une simple poignée de mots. La première flèche trouva sa cible au creux de son estomac. — Je vois… Qu’elle lâcha spontanément en baissant les yeux sur sa tasse de thé toujours brûlante. Son souffle, coincé quelque part dans sa trachée, se coupa soudainement tandis que son coeur se mit à battre plus vite. Le sous-entendu était bel et bien là. Il savait. Ses yeux bruns se posèrent machinalement sur Natalie qui venait de reprendre son fils, et elle serra doucement la mâchoire. Ses doigts, figés d’abord sur le comptoir, se mirent subitement à pianoter nerveusement contre le bois sur lequel reposaient leurs boissons. Elle ne prononça rien, garda le silence pour toute réponse, ça jusqu’à ce qu’il se décide enfin à lâcher une information qu’il n’avait aucun droit de connaître. — Ah c’est donc ça ? Ta mère a pas pu s’empêcher de vendre la mèche, et toi, plutôt que de me demander comment je vais, tu préfères direct me coller une étiquette sur la gueule ? Charmant Dryden. Elle avait répondu du tac-au-tac, sans réfléchir, le timbre de sa voix partant du grave pour finir dans les aigus en manquant de ponctuer ses dires d’un gémissement. Parce que cette vérité-là, personne n’aurait dû en être informé. Elle était suffisamment honteuse, suffisamment mal pour ne pas avoir à subir les remontrances des rares personnes qui comptaient pour elle. Son regard était resté figé quelque part sur le plafond du restaurant, amer et au bord des larmes, parce que vraiment, l’idée qu’il ait pu se faire sa propre opinion à ce sujet lui était parfaitement insupportable. — Bah elle devrait pas. Qu’elle cracha, irritée d’avoir à subir ce qu’elle considérait comme un coup de poignard dans le dos de la part de sa mère. Bien sûr qu’elle ne pensait pas à mal. Bien sûr qu’elle avait informé son fils avec l’espoir qu’il puisse sans doute l’aider. Mais elle n’aurait jamais dû le faire. Elle lui avait explicitement demandé de ne pas le faire. Le souffle court et ne sachant trop où poser ses yeux, Tina trouva finalement de quoi se retourner vers lui en l’accostant d’un air bien trop agressif pour paraître sereine. Avait-elle seulement une raison cette fois-ci de garder son calme ? — Tu crois vraiment que j’ai choisi de bosser pour elle dans son trou à putes ? Tant mieux pour toi si t’as de quoi sortir des liasses de billets pour régler tes soucis, moi je peux pas mais je crois que ça tu le sais déjà. Dans la vraie vie essaye de te souvenir que c’est pas aussi simple pour tout le monde. Son regard s’était assombri, pour tout ce que la scène parvenait à faire resurgir chez elle, à fleur de peau.  Non, elle ne perdrait pas son temps à lui donner de quoi justifier son nouveau boulot. Pour de trop rares fois sans doute, elle préfèrera garder le silence plutôt que de parler sans réfléchir. Son père, toujours son père le responsable de ses misères. Bien sûr qu’il trouverait encore de quoi lui répondre qu’il l’avait prévenu, que Michael devrait être en institution, pris en charge plutôt que d’être un poids pour sa fille. Sûrement qu’il avait raison à ce sujet. Encore fallait-il que le porte monnaie puisse suivre et qu’elle-même soit en accord avec cette idée. N’importe qui d’autre aurait pu avoir ce genre de discours envers elle que cela ne l’aurait pas tellement agacée. Mais Dryden, encore une fois, se plaçait comme une délicieuse et cruelle exception. Il le savait. Il en jouait. Et elle, comme toujours, fonçait tête baissée en écrasant les remparts plutôt qu’en les contournant. — Je m’attends pas à ce que tu comprennes de toute façon, mais c’est vraiment adorable de ta part de te préoccuper de ma vie. Vraiment ! Je vois que toi aussi t’as dû te faire énormément de souci pour moi, mais t’en fais donc pas, la coyote girl sait se démerder comme une grande… Ou en tout cas elle essaye. Les paroles furent crachées à son égard avec tout le mépris dont elle était encore capable. Néanmoins, ses soupires et sa voix éreintée donnait largement de quoi décrédibiliser son petit numéro de colérique. Le coeur au bord de l’implosion, un manteau de honte soigneusement posé sur ses frêles épaules, elle entreprit de boire ce qui lui restait de thé avant de sentir ses mains trembler et devoir y déposer son visage. — J'ai vraiment pas besoin de tes commentaires à ce sujet-là, alors si t'as envie de me faire comprendre à quel point je suis conne d'avoir fait ça, je te propose qu'on remette cette discussion à un autre jour. Je voulais juste prendre de tes nouvelles, c'est tout. Quelle fabuleuse journée en prévision. Son sauveur, devenu son bourreau.
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Dryden Faulkner
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Dryden Faulkner
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Y a pas grand chose à comprendre. C'est pourtant clair comme de l'eau de roche, et il ne voit vraiment pas à quoi elle s'attendait en l'appelant Joli coeur. Le sobriquet aurait déjà été de trop dans un contexte ordinaire, mais ici, Dryden ne le tolère pas et ne lui fait pas l'honneur de prétendre. Elle ne tombe pas au meilleur moment, il est plutôt occupé et surtout, l'humeur n'est pas aux effusions de joie entrecoupées de naïveté dont Tina est si friande. Quand bien même le moment est effroyablement mal choisi, elle tombe dans une embuscade qu'il médite depuis plusieurs jours. Pour garder de sa composition et prendre le temps de terminer son café, Dryden s'oblige à focaliser toute son attention sur sa mère qui fait péniblement semblant de rien derrière son comptoir. Il laisse a Tina le temps de digérer l'accueil si peu avenant et de repenser sa marche à suivre, puisqu'il est évident qu'ils ne donneront pas dans le registre un rien plus agréable dans lequel ils ont donné au cours de leurs dernières rencontres. De toutes les ripostes, il s'attend à beaucoup, mais certainement pas à ce qu'elle lui donne. Le ton est à la hauteur de ce qu'il s'imaginait, entre gêne et un rien d'amertume dont il sait qu'elle se transformera rapidement en colère. Il connait Tina par coeur, avec le coeur, et si elle suit le même schéma que lors de leur première rencontre à son retour, il lui donne trente secondes avant de perdre le fil et commencer à cracher tout et n'importe quoi sur un ton furieux. Ses premières attaques provoquent un haussement d'épaules à peine, mais ont au moins le mérite à ce qu'il se tourne vers elle. “ Et pourtant. ” Sa mère est un ange, et si le gêne n'a visiblement pas été transmis à son fils, on n'enlèvera pas à Natalie Wood qu'elle a bien voulu bien faire. C'est ce qu'elle veut toujours. Devant la véhémence de Tina, il voit sa mère tomber des nues et s'enfoncer dans un mutisme honteux, alors même qu'elle n'a fait que ce qu'elle jugeait juste. Et s'il n'était déjà pas dans ses dispositions les meilleures, voir sa mère se décomposer entame férocement sa réserve de sang-froid. “ Je te conseille vraiment de changer de ton quand tu parles de ma mère. ” Si un regard pouvait tuer. Dryden négocie beaucoup, et il encaisse autant. Qu'elle s'en prenne à lui, passons. Elle n'a aucune raison de le faire, et ça ne signifiera pas qu'il se laissera faire, loin de là, mais en revanche il n'accepte pas ce qu'elle est en train de croire à propos de sa mère. “ Tu peux te la jouer avec moi si ça te chante, mais ma mère te considère comme sa fille, et elle a été là pour toi, alors t'as aucun droit de te comporter comme ça.  ” Elle l'impressionne pas, et il n'en démordra pas quant au fait qu'elle a tort sur toute la ligne. Elle est dans le faux, fait n'importe quoi, et si c'est d'être remise à sa place dont elle a besoin, il est plus que disposé à lui donner la leçon dont elle a besoin. Le pire c'est qu'elle a l'air de croire qu'elle fait ce qu'elle peut, alors qu'à ses yeux, elle fait le minimum d'effort et pas dans le bon sens. Il n'a pas la prétention de croire qu'il sait comment vivre sa vie, mais il est devenu évident que Tina ne sait plus gérer la sienne. Le discours de la petite éploré ne prend pas. Pas qu'il soit dénué d'empathie, mais il ne supporte pas de l'imaginer dans un cadre aussi dégradant que celui offert pas Lana. Pour lui, il n'y a rien pour expliquer qu'on puisse tomber si pas, et si c'est de l'argent qu'elle veut, elle aurait dû en demander. C'est simple pour lui, et les montants sont rapidement dérisoires. D'accord, il y a la fierté, mais est-ce que la fierté vaut vraiment de se bosser pour Lana ? Certainement pas.   “Épargne-moi ton baratin. On a toujours le choix dans la vie, Tina. À un moment, on peut décider de mettre sa fierté de côté et demander de l'aide à des personnes décentes, ou de se mettre en petite culotte pour les délires dégueulasses du repère à gangsters que Lana gère.  ” Le ton n'est pas monté. Il est aussi sérieux qu'on puisse l'être, quoi que parfaitement conscient que l'arrogance latente aura raison de ses si bons arguments auprès de Tina. “ Y a rien qui puisse justifier que tu bosses pour elle. Rien. T'avais besoin d'argent ? Si tu voulais pas demander de but en blanc, t'aurais pu demander à ma mère si elle avait pas un boulot pour toi. Y a toujours besoin d'une serveuse ici, et vaut clairement mieux servir les clients ici que ceux du club en bas de la rue.  ” Pour lui ça tombe sous le sens. Du boulot, y en a à la Nouvelle Orléans, et elle n'avait qu'à se tourner vers ses connaissances.   “ Oui, ça se voit que tu sais te démerder comme une grande, effectivement. Bravo, belle progression. Tina les bons plans mérite des applaudissements. ” Il est caustique, certes, mais ne se trouve pas injuste. Il pense fermement que c'est parfaitement justifié de sa part, et si ce n'est pas là la preuve de son aigreur, mais surtout qu'il tient à elle, alors quoi ? D'accord, il pourrait arrondir les angles et au moins essayer de voir son choix au travers du même prisme qu'elle, mais il n'y a rien qui justifie de tomber si pas - et de s'enfoncer dans un abîme sous prétexte d'une une grande fille. “ Si y a bien un truc que t'es incapable de faire, c'est de te gérer. Sérieux, Tina. Regarde à quoi t'es réduite ? À faire le tapin pour quelques billets dans un trou de l'enfer que tu sais, mais tu sais parfaitement, que c'est un coin à prostitution. Tu le sais. C'est pas comme si tu t'étais pointée en pensant jouer à la serveuse dans un joli petit restaurant. Tu savais que c'était une planque à prostituées. Personne t'a forcé la main. ”  Il a débité tout avec une fermeté magistrale, sans pause, sans détour, sans accent. Ça en la trucidant du regard, parce que merde à la fin. Cette fille se gâche. Elle mérite le monde, mais sa propension phénoménales à prendre toutes les mauvaises décisions en devient lassante. Lui ne conçoit pas qu'on puisse stagner dans la galère comme ça. Qu'on préfère essuyer et étaler le désordre et le drame plutôt que de chercher, par tous les moyens, à s'en débarrasser. C'est comme avoir trouvé une position confortable dans les ronces, et ça lui semble fou. “ Et je te jure, si tu me dis que Lana t'a forcée ou menacée, d'accord ou pas, je lui balance tous les maestros du barreau à la figure et je lui prends tout. ” Son club, son toit, ses merdes, sa dignité, tout. Il raffle tout, fait en sorte qu'elle termine dans un trou à rat, ça uniquement parce que cette garce a eu l'audace de mettre celle qu'il considère comme le grand amour de sa vie au service des salopards de cette ville. Il devrait, et vraiment, voit pas ce qui l'en empêche. “ Non, non. À ce rythme-là, y a pas d'autre fois qui tienne, Tina. Je veux pas assister à tes galères. J'ai pas à tolérer ton besoin viscéral de nager dans la merde sous prétexte que t'es une grande fille qui sait pas se prendre un main. ”  Ils remettront pas à la prochaine fois, c'est trop facile tout ça.   “ Je crois surtout que puisque tu veux pas qu'on te prenne par la main, faut qu'on te mette un coup de pied au cul, ma grande. Tu peux pas continuer comme ça, à passer d'une galère à une autre en restant passive. On va arrêter de discuter tes mauvaises décisions et de négocier ta vie. ” On l'arrête plus, au moins il sait désormais ce à quoi le reste de sa journée va ressembler ; et combien elle va être difficile, mais nécessaire.  Ça devait arriver, de toute façon. S'il y a bien quelque chose qu'il déteste par-dessus, c'est de voir ses proches tenter péniblement de survivre plutôt que de vivre pleinement. C'est intolérable, autour pour lui que pour eux ; et ce n'est pas comme si Tina ne méritait pas le monde. “ Ramasse tes affaires, on s'en va. ” Le ton est résolument calme, mais l'ordre ne souffrira d'aucune forme de contestation. Il est capable de mettre en jeu leur semblant de relation retrouvée, si c'est ce qu'il faut pour la défaire du trop plein de problèmes qu'elle cumule.
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Tina Callahan
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Des quelques hommes qu’elle avait pu fréquenter au cour de sa vie, n’y avait que Dryden Faulkner pour être capable de la mettre dans un état pareil avec une telle facilité. Elle éructait des soupires agacés et se pinçait les lèvres presque à sang pour ne pas verbaliser de nouvelles injures à son égard. Fou de constater à quel point ce mec avait le don pour la faire vriller en un claquement de doigts. Elle, qui était plutôt de bonne composition jusqu’à présent, venait de voir sa jovialité foutre le camp en même temps que les quelques sourires qu’elle avait pu lui adresser en s’asseyant à ses côtés. Il la connaissait, savait à quel point le jeu auquel il se livrait était dangereux, mais cela ne semblait pas entraver sa volonté à faire entendre raison à une Tina soudainement fermée à la conversation. Elle avait horreur qu’on puisse lui faire la morale, considérant (à tort) qu’elle était adulte et pleinement consciente des choix qu’elle était amenée à faire dans sa vie. Parce qu’elle avait dû endosser à contre-coeur un rôle dont elle ne voulait pas en s’occupant de son père, elle estimait n’avoir de leçon à recevoir de personne. Que pourrait-on lui apprendre qu’elle ne savait pas  déjà ? Difficile de faire entendre raison à une acharnée aussi butée que la fille Callahan. Ses yeux bruns rivés sur la tasse qu’elle tenait encore péniblement entre ses doigts crispés, Tina leva les yeux au ciel devant les menaces et les regards qu’elle devinait glacials de son interlocuteur. — Et moi je te conseille de pas m’énerver davantage si tu tiens pas à ce que je tape un scandal. Elle avait sifflé ses mots en imitant sensiblement le timbre employé par l’acteur un peu plus tôt, cela armé d’un léger rictus au coin des lèvres. Parce qu’elle la sentait dangereux monter, cette petite boule de nerf coincée au creux de sa gorge et qui menaçait à chaque instant de lui faire déverser de regrettables flots de paroles en guise de remparts. La colère, ce bouclier de fortune qu’elle avait malheureusement pris l’habitude d’utiliser un peu trop souvent ces derniers temps. A fleur de peau et à bout de patience. — Arrête, tu sais très bien que je dirais jamais de mal de ta mère. Je voulais juste m’épargner ce genre de conversation avec toi parce que je te voyais déjà venir avec tes grandes phrases moralisatrices. Et tu sais très bien que j’ai ça en horreur. Son regard trouva instinctivement la silhouette de Natalie, un peu plus loin, et elle échappa cette fois-ci un long soupire en déposant une main fébrile contre son front. Les lèvres pincées, elle se fit violence pour ne pas répondre du tac-au-tac que si la restauratrice la considérait effectivement comme sa fille, elle, en revanche, n’était pas sa mère. Un sujet beaucoup trop sensible pour être abordé aujourd’hui, ce pourquoi Tina se contenta de détourner le visage en fixant une nouvelle fois le fond de sa tasse. Comme il était simple pour lui de l’ensevelir sous des conseils sans même connaître les détails de l’histoire. Ô elle devinait ses bonnes intentions derrière son discours, et si les circonstances n’avaient pas été si dramatiques pour elle, sans doute aurait-elle été touchée par une telle initiative. — Demander de l’aide ? T’es marrant toi. T’es venu l’autre jour quand je t’ai appelé, c’est vrai, et je t’en suis reconnaissante, mais ça te donne pas le droit de devoir intervenir dès qu’une nouvelle merde se pointe dans ma vie. Le ton était plus calme, mais le regard n’était pas plus doux pour autant. Elle serrait la mâchoire et les poings, et sentait même son estomac se nouer devant l’arrogance dont il faisait preuve pour lui faire entendre que oui, effectivement, son existence était devenue répugnante. Elle, était devenue répugnante. Aux yeux des autres, ça n’avait pas la moindre forme d’importance pour elle. Mais que lui puisse la voir de cette façon, l’idée lui était insupportable. — Tu me dois rien Dryden, pourquoi tu tiens à ce point à m’aider ? Je t’ai rien demandé cette fois-ci, t’as pas à te sentir obligé alors arrête. Qu’elle souffla doucement en haussant mécaniquement les épaules. Elle ne doutait pas qu’il puisse avoir raison sur bien des choses, mais trouvait injuste la façon avec laquelle il étalait ouvertement ses difficultés. Pire encore lorsqu’il se permettait de glisser des sarcasmes au milieu de propos qui n’en méritaient absolument pas. — Non mais t’es sérieux là ?! T’es qui aujourd’hui pour me dire ce que je dois faire ?! Je veux pas que tu t’en mêles, c’est clair ? Les intonations vrillaient dangereusement, allant du passif à l’agressif en l’espace de quelques secondes. Pour une fois, elle laissait tomber le masque de celle qui savait gérer. Pas le coeur ni l’envie de faire semblant. Il ne cherchait pas à arrondir les angles, et elle ne lui accorderait pas le privilège de réagir de manière réfléchie à ses vérités. — T’as aucune idée de ce qu’il s’est passé. Elle avait craché ses mots en se redressant brusquement, sac à la main et larmes au bord des yeux. Pas de tristesse, mais de colère. Elle estimait devoir encaisser suffisamment ces derniers jours pour ne pas en plus devoir supporter les remarques caustiques du seul homme qui aurait été capable de lui changer les idées. Aussi, et parce que sa déception était très clairement lisible sur ses traits, elle replaça nerveusement une de ses mèches de cheveux derrière son oreille avant de croiser ses bras sous sa poitrine et glisser un regard noir vers lui. Elle, pour le coup, avait bel et bien l’intention de s’en aller. — Ok, très bien, tu veux faire quelque chose pour moi ? Garde ton coup de pied au cul pour quelqu’un d’autre et profite de ta vie sans te soucier de la mienne, je m’en sortirai bien un jour ou l’autre. Elle peinait à articuler sans que sa voix ne déraille sous l’émotion. Parce qu'avant d’être cette espèce de dure à cuire qu’elle prétendait aux yeux de tous, Tina n’était en fin de compte qu’une femme. Et une terriblement - trop - sensible face à l’amour d’une vie qui lui était désormais révolue.  Elle avait déjà payé sa note par avance, attrapa sa veste et ses affaires puis tourna les talons pour quitter les lieux, suivie de près par son bourreau. Rancunière et touchée à ce point, elle franchit la porte sans même lui tenir, entreprit de s’échapper l’espace d’un instant avant de se soustraire à cette idée pour faire volteface et confronter une dernière fois Dryden. Ses deux mains se fermèrent pour former deux poings qu’elle fit s’écraser contre le torse de l’acteur. Dans une plainte sourde, elle se répandit dans des coups grotesques, gratuits, mais cette violence avait au moins le mérite de lui faire un bien fou. Probable qu’il ne devait rien sentir, ses minuscules mains allant à la rencontre d'un mur d'abdominaux, mais de cette manière elle évacuait ce trop-plein d’émotions qui menaçait de céder depuis déjà de longues minutes. Vider son sac et lui balancer le contenu en pleine figure. — Toi t’avais ta mère pour te guider et pour t’aiguiller dans tes choix et tes décisions. La mienne est morte, d’accord ? Et la seule figure parentale qu’il me reste aujourd’hui est tout juste capable de se faire à manger tout seul. Elle criait presque cette fois. Parce qu’ils étaient dans une ruelle vide, à l’abris des regards, elle avait abandonné le peu de contenance qu’il lui restait. A bout de force et de souffle, elle termina sa petite scène en posant ses deux paumes contre lui pour finalement le repousser dans un grognement éreinté. — Je sais que je fais pas toujours ce qu’il faudrait, mais je gère comme je peux ok ? Et crois-le ou non, j’suis plutôt fière de m’en être sortie jusqu’ici, là où d’autres auraient probablement baissé les bras. Ou plus vulgairement : se seraient foutus en l’air. Elle, était toujours là, à se battre seule, certes maladroitement, mais pouvait-on la blâmer pour essayer de faire de son mieux ? — Et si ça peut te rassurer, non j’ai pas l’intention de me foutre à poil pour quelques billets. Heureusement, j’suis pas encore désespérée à ce point contrairement à ce que t'as l'air de croire. Authentique jusqu’au bout, le ton demeurait pourtant légèrement plus calme malgré le sarcasme glissé. Elle avait reculé de quelques pas, les bras croisés et ses yeux évitant soigneusement les siens. Ils auraient dû en rester là. Elle aurait dû faire demi-tour, partir, et le laisser en espérant ne plus avoir à recroiser sa route. Et pourtant… Elle attendait, idiote et honteuse, que ce bel et grand abruti lui offre la main qu’elle prétendrait ne jamais vouloir prendre.
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Dryden Faulkner
will be rough in so many sweet ways
Dryden Faulkner
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Elle est mignonne avec ses menaces à deux balles. Comme s'il en avait quelque chose à foutre de ses insultes, de ses scènes. Comme si ça allait changer quelque chose à sa vie. À tout le mieux, elle serait parvenue à le bousculer, si seulement il n'était pas dramatiquement conscient que tout ce qui n'a pas trait à sa carrière n'aura toujours qu'une piètre importance. Il pèse plus que ces moments d'authenticité, il est au-delà de tout ça, et depuis longtemps. D'autant qu'il n'a aucun compte à rendre, rien à justifier auprès d'elle, et la réciproque est aussi valable qu'elle n'est remarquable. Ils ont peut-être un lien, mais il n'a pas, plus, à la subir et il n'en a jamais été aussi conscient. Et pourtant. “ Vas-y. ” Il hausse les épaules, renforçant ainsi un air détaché dont il sait qu'elle s'en fera un énième motif de discorde. “ Si tu gueules comme une idiote, c'est toi qui te tape la honte, pas moi. Allez, vas-y, fais ton sketch. Couvre toi de ridicule, enfonce toi un peu plus. Fais-toi plaisir. La scène est à toi, on te regarde. ” Il désigne le petit couloir entre les tables et les chaises hautes derrière le comptoir, là où ils se tiennent et où elle pourrait très librement se donner en spectacle, puisque c'est ça qu'elle veut. La menace de Tina tend plus à faire rire qu'à froisser, et vraiment, elle peut hurler, ça ne changera rien. À part peut-être qu'il l'estimera moins et aura envie d'en rire. Oui, il peut être effroyable à ce point. Natalie a élevé un très bon garçon, mais Hollywood a fait de lui un homme un rien cynique, blindé dans tous les sens du terme, à qui on ne fait aucun caprice. Toujours est-il que ses sentiments sont au bon endroit, toujours, mais il n'a pas à tolérer Tina dans toutes ses exubérances absurdes. Avant, peut-être. Dix ans après ? Certainement pas. “ Excuse-toi, alors.  ”  Pas à lui, non, il n'aurait pas l'audace. Par contre, elle peut s'excuser auprès de sa mère qui ne sait plus où se mettre et tremble derrière son comptoir. S'excuser d'être une insupportable peste, et en plus de faire fuir la clientèle dont le restaurant à tant besoin. Sa mère glisse que ça ne sera pas nécessaire et s'en va faire semblant de rien dans sa cuisine, et il pose sur Tina un regard à la fois troublé et écoeuré. “ Bravo. ”  Il a toujours su pourquoi il aimait cette fille, mais s'il fallait déterminer moment, suspendu dans le temps et perdu dans leur relation, où il s'est vraiment, profondément, questionné sur ce pourquoi, s'agit bien de celui-ci. Son regard traine sur ses traits, toujours ravissants malgré la palette d'émotions qui y est maquillée, mais vraiment, lorsqu'elle est comme ça, même lui n'en ferait rien. Pourtant il lui donnerait le monde, si seulement elle demandait. Mais quand elle est comme ça, elle lui est aussi intolérable qu'une autre ; si pas plus.   “ Ah ça... Quand t'as envie d'un plan cul, par contre là y a pas d'hésitation, tu téléphones.  ” Là, il sait qu'il y a de forte chances pour qu'il s'en prenne une, ce pourquoi il s'écarte vaguement. Juste assez pour la prendre de hauteur. Pas pour éviter une gifle, mais pour y être préparé malgré tout. Il sait qu'il aurait pu se la garder, et c'est pour ça qu'il va pas lui faire l'affront de lui choper les mains avant qu'elle se lance ; il mérite, et elle mérite de la lui mettre. Pour cette phrase acide, et pour tout le reste. Il en a besoin, peut-être même autant qu'elle, de s'en prendre une pour descendre de son podium et écarter ses privilèges. Elle a raison, il lui doit rien sur le fond, mais c'est plus compliqué que ça. La difficulté, dans tout ça, c'est qu'il n'a pas été là au bon moment, au bon endroit. Et même si maintenant, c'est bien trop tard et qu'il y a largement prescription, il se sent obligé de palier, combler un trou qu'il a laissé béant, poser un pansement là où la plaie est restée béante. “ Je tiens à rien du tout, je suis juste venu boire mon café. Si tu t'étais pas pointée, j'aurais rien dis.  ” Il aurait pas été la chercher. Il aurait attendu son occasion, certes, mais il aurait pas passé de coup de fil ou essayé de la voir pour lui parler parce que c'est, effectivement, pas ses affaires. Et voilà qu'elle braille encore. Lui échappe un soupir vaincu, auréolé d'un regard d'irritation tout sauf subtile. Elle comprend pas, Tina. Il va pas se battre contre elle. Il va pas s'énerver, le ton va pas montrer de son côté. Elle va se heurter à un mur.   “ J'ai jamais dis que j'allais m'en mêler. Je te donne uniquement le fond de ma pensée, mais tu vois, tout ce que tu dis, tout ton comportement dit clairement pour toi que t'attends juste qu'on t'aide, et tu veux pas demander. Tu crois que ça va tomber du ciel, que la roue va tourner, mais ça fonctionne pas comme ça. ” Et parce qu'il en a assez d'expliquer et analyser quelqu'un qui ne veut rien entendre, ni même prendre compte de la gravité de sa situation, Dryden décrète pour lui-même en avoir largement assez. Il a son compte de Tina pour la journée, et se sait à rien de laisser le masque se fissurer et brutalement lui dire d'aller se faire foutre. Elle se casse, et lui n'essaye pas de la retenir. Il balance une réponse par dessus son épaule, sans un regard en arrière, et tant pis pour le reste.   “ T'es bien partie pour, ouais.  ” S'en sortir, un jour ou l'autre. Le concept lui parait fou. Ce un jour au l'autre nébuleux, il se demande comment elle fait pour vivre avec, se laisser faire par ce peut-être délirant.  Il pousse un soupir, et s'en remet à son café pour un meilleur moment en tête-à-tête, et on croirait qu'ils en resteraient là. Lui, en tout cas, se fait brièvement à l'idée devant son café froid, mais puisque rien ne va dans son sens, il se prend de nouveau Tina dans la figure pour un autre round. “ C'est parti, ” souffle-t-il, en levant les yeux au ciel. Les coups, c'est une chose. Il se laisse docilement faire si ça la fait se sentir mieux. Si c'est ce dont elle a besoin, d'accord, et ça ne lui coûte pas grand chose non plus. Il recule d'un pas à peine, la laisse marteler de ses petits poings, mais c'est surtout le discours qu'elle tient qui blesse. Il la laisse hurler, vider son sac complètement, prend en compte le moindre mot et se laisse volontiers submerger par toute l'émotion qu'elle ne retient plus par fierté. À terme, lorsqu'il pense qu'elle a terminé, il prend ses deux poignets et les enferme dans l'étau tiède de ses mains. Ni tendrement, ni fermement, uniquement pour attirer son attention et rétablir un semblant d'accalmie. Une dont il sait qu'il n'y a que le geste, ou la proximité pour la créer. “ Je suis désolé pour ta mère, et pour ton père aussi. ” C'est vrai qu'il l'est, désolé. Il est surtout navré du rôle qu'il n'a pas joué auprès d'elle, et de savoir combien son absence a pesé, si pas laissé des séquelles regrettables dont elle se serait ouvertement passée. Mais... Tout ce qu'elle dit, tout ce qu'elle croit justifié, ce n'est pas une raison valable pour lui. Au début, ça l'était peut-être, mais ça fait dix ans. On le dira sans coeur, et c'est absolument faux, mais pour lui, Tina utilise des prétextes pour justifier qu'elle s'en sorte si mal plutôt que de s'en servir comme impulsion.  Il s'entend la contredire et souligner que sa propre mère n'a jamais décidé quoi que ce soit pour lui, et que s'il avait écouté son opinion à chaque fois, ils seraient probablement tous les deux en train de compter leurs petits sous à l'arrière d'une caravane. Quelque chose comme ça. Oui, il n'a pas une grosse opinion de ce qu'il serait devenu s'il était resté ici. Tous les scénarios qu'il se fait de sa vie ici sont catastrophiques, vibrant de consternation. Il exagère certainement, mais il ne l'aurait certainement pas eu aussi facile que maintenant. Il se retient de lui signifier, très clairement, que la mort de sa mère ne devrait pas être un motif pour se foutre en l'air, ou refuser à son père des soins dont il a rudement besoin. Qu'elle est en galère, oui, parce que son père l'a met dans la panade et parce qu'elle le laisse faire. Qu'elle pense à lui, avant de penser à elle, mais c'est sa vie qui se trouve devant elle. Parfois il faut être égoïste. Pas toujours, mais parfois. Qu'elle est folle de croire que Mike va se lever un matin et aller mieux, de croire que ça va s'arranger en laissant la vie lui rouler dessus sans rien faire. Parce qu'il ne veut rien dire, que ça ne servirait de toute façon à rien, et qu'un instinct le pousse à croire qu'elle a de toute façon compris où il voulait en venir, alors il garde. C'est mieux comme ça. Le jugement, ça va cinq minutes et il va pas se battre davantage avec elle. Surtout si elle est si butée. Il pousse un lourd et profond soupir, sans la quitter du regard, et ses mains finissent par défaire la poigne autour de ses poignets. L'une d'elle garde malgré tout une emprise, et l'autre hésite avant de glisser sur son épaule, dans sa nuque, puis sur sa joue. Le revers de son pouce passe sur sa peau,  les grains de beauté qui l'ont longtemps obsédé, et il s'y attarde avant de se résoudre à ranger sa main dans sa poche. L'autre l'oblige à le suivre jusque dans la rue, où il s'est garé.  C'est sa dernière tentative, la dernière main tendue. Si elle s'y refuse, il va monter dans la voiture et ce sera, d'abord tant pis pour elle, puis un point final acide à ses efforts pour aller dans sa direction. Il prendra ça comme prétexte pour tourner définitivement la page, sans même essayer d'avoir un semblant de relation positive avec elle ; si c'est même possible. De réparer leur rupture pour la mettre au propre, faire ça bien, dans les formes. “ Monte dans la voiture. ” C'est d'ordinaire à lui qu'on ouvre la portière, mais pour elle, il fait l'effort. “ Laisse-moi t'aider,  ” Laisse-moi m'occuper de toi, correctement. Pas au lit où ça ne devrait pas compter, pas sommairement autour d'un café, mais en faisant ça de la bonne manière, sainement, avec les bonnes ressources. Là où ça compte vraiment et où ça a un impact réel. “ C'est qu'une après-midi à mettre ta fierté de côté, après ça ira mieux, et tu pourras me détester jusqu'à la fin de temps si ça te chante. ”  Puis bon, elle a bien foutu sa fierté au panier à linge sale pour éponger une partie des dettes de son père, alors elle peut bien faire ça pour lui le temps de régler certains comptes. “ On a même pas besoin de se parler.  ” Et s'il peut s'épargner une nouvelle crise existentielle, franchement, il préfère encore qu'elle fasse la gueule sur le siège passager.
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