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Hayden Beckwith
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Hayden Beckwith
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your very existence gives me a headache
go stand over there
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@JACKSON CAVERLY · Captain James Flint.
#jollywalrus



John avait donc survécu. À quoi ? Dieu seul sait, mais il était encore vivant et c’était peut-être là le seul miracle qu’ils parviendraient à tirer de cette existence. Les détails de l’affaire lui parviendraient plus tard, puisque l’heure était inévitablement à la grogne guttural entre les attaques de fureur. Ça lorsque le Roi tentait de rassembler le peu de contenance dont il était capable, soit trois fois rien. Cette nuit noire aurait dû être silencieuse, s’il ne s’était pas agi de l’enfant-roi, ou du roi-enfant, qui hurlait à s’en vider les poumons. Elle ne sut pas depuis combien de temps précisément, mais elle n’eut aucun mal à déterminer, aux grésillements de son timbre d’ordinaire rauque, que Pan s’était épuisé les cordes vocales durant au moins des heures. Et si cela ne suffisait pas, le personnel était proprement terrifié, sa femme en avait eu assez de sa fureur assourdissante et l’avait quitté pour rejoindre la tour est ; et il ne resta qu’elle, arrivée bien plus tard et uniquement parce que son magicien-voyageur de frère s’était armé de toute l’audace dont il était fait pour l’invoquer, alors qu’elle était affairée autour de la seule affaire qui aurait dû compter : terminer son verre.  Elle se tenait devant lui et ses accusations qu’elle trouva idiotes à ce point qu’elle ne lui fit ni l’honneur de baisser les yeux, ni de prendre ses menaces au sérieux, moins encore de le craindre. Pan était bien des choses, et elle était d’accord pour concéder qu’il faisait un roi absolument terrifiant, mais elle ne voyait en lui que le gamin. Jadis turbulent, aujourd’hui irascible, mais un gamin malgré tout. Son calme marmoréen teinté d’une once de nonchalance et son sourcil froncé donnèrent à son frère un énième motif d’aliénation et il disparut du coin de la pièce pour venir la trouver. Show off. Sans tressaillir, puisqu’il s’agissait là d’une des rares habitudes qui ne l’avait pas quittée depuis, Viola s’adossa contre un mur, les bras noués au-dessus de sa veste et ne concéda à Pan qu’un regard d’insolence.    “ TU SAVAIS ! TU SAVAIS !  ”  On n’avait pas idée d’être si brutal, et non, elle ne savait pas. Si elle avait su pour John, ils n’en seraient pas là aujourd’hui.   “ Ne me hurle pas dessus, ”  rétorqua-t-elle sans lever le ton, mais impérieuse. Elle planta un regard de totale autorité dans le sien.    “ JE SUIS ROI ! ”  -   “ Tu es un enfant. ”  Elle manqua de peu de l’appeler Peter, puisqu’il n’y avait rien qui le fasse plus régresser que d’être appelé par son véritable prénom et qu’elle avait hérité du ton condescendant de leur mère. celui-là même qui saurait lui rappeler à qui il avait l'audace de s'adresser sur ce ton ingrat.   “ TU ME DOIS LE RESPECT ! ”  Un ricanement audacieux de sa part fit une incursion.    “ Je ne te dois rien du tout. ”  Ni à lui, ni à personne. Ils étaient deux faces drastiquement différentes d’une même pièce. Elle était d’une impassibilité grondante, menaçante ; lui était une éternelle colère émotive. Il leva une main en sa direction et par réflexe, elle dégaina son pistolet et le pointa à sa gorge.    “ Je ne te conseille pas.  ”  Il échappa un rire grotesque, ouvertement moqueur, puisqu’il savait pertinemment qu’elle ne perdrait pas une balle aussi bêtement. Il était absolument capable de lui glisser entre les doigts et de retourner son propre flingue contre elle. Viola envisageait de périr de bien des manières, mais pas de son propre pistolet, et certainement pas de la main de son ainé.   “ Tu vas aller trouver ton fiancé, et tu vas lui ordonner de livrer notre petit frère.  ”  Il avait délibérément appuyé sur le mot. Le bât blesse, toujours, et un frère sait.    “  Sinon quoi ? ”  Pour toute menace, Pan laissa filtrer entre eux un ricanement qui vint s’écraser sur sa joue. S’il était abominable dans ses colères, il était bien pire dans ses silences.  Elle comprit sans mal que Flint était en danger imminent de mort, tout le moins plus que d’habitude ; et qu’elle était donc le seul rempart entre le roi-despote qui avait désormais une attention particulière pour le Walrus, et son ex fiancé.

Elle jeta un coup d’oeil au Walrus, et son coeur fit une embardée. Fuckin' goddamn raft.  Elle n’aurait aucun problème à laisser Pan le couler, et assisterait même au feu de joie, un sourire de délectation sur les lèvres ; mais pour une raison qu’elle refusait d’admettre, malgré qu’elle soit évidente, il fallait au moins que l’équipage ait une opportunité de se défendre avant que le Roi ne scelle personnellement leur destin. À sa droite, elle reconnut Nyus à son pas léger.    “ Alors ? ”  demanda-t-elle simplement, adressant à son espionne et quartier maitre un regard par-dessus l’épaule.    “ Pas certaine. ”  La mauvaise réponse s'attira les foudres de ses yeux furieux.   “ Flint a l'air de bonne humeur.”  Because this wanker is drunk, most likely. Elle avait au moins une certitude ici : son humeur s'apprêtait à changer.   “ Mmh. ”  Elle renvoya Nyus à bord du Roger d’une vague de la main, non sans laisser trainer sur elle un regard lourd d’irritation. Elle avait envisagé de faire ça dans le feutré. Envoyer Tibby et Skyler chercher John, le ramener, planquer sa présence dans les geôles bien gardées du Roger et prendre le temps de déterminer l’angle le meilleur entre Pan qui désirait ardemment avoir leur frère sous sa coupe, et Flint qui s’était attaché à l’homme au point d’en faire son second et mettrait tout en oeuvre pour le récupérer. Pas qu’elle ait de comptes à rendre ni à l’un, ni l’autre ; elle était ici surtout par pure curiosité. John avait disparu il y a bien des lunes, enlevé par ce qu’ils avaient soupçonné être des pirates, ou des elfes, et si elle avait à peine prêté attention au gamin dans l’ombre du Capitaine Flint la dernière fois, trop occupée qu’elle était à se déchirer avec le dernier, Long John Silver était aujourd’hui au centre de l’attention des esprits les plus vils de Nemeree, et elle tenait à être la première à s'y confronter. Avant ça, lui fallait passer le contrôle de son homme, dressé en protecteur.  L’option de l’enlever venait de lui filer sous les doigts , pour ce que Nyus n’était pas certaine d’avoir vu la prétendue tâche de naissance à la nuque du frère et le grain de beauté sur sa joue, les deux seuls signes capables des lancer sur eux l’annihilation. Pan était pourtant certain de son espion-elfe, et pour que lui-même ne se pose aucune question quant à la véracité de la rumeur colportée, une partie d’elle sut que leur frère longtemps perdu défiait les probabilités en se trouvant aux côtés d’un autre fantôme du passé. Elle trouva Flint dans son état naturel, accoudé au comptoir du Crimson Cutlass, un verre à la main.   “ Bonsoir, ”  lança-t-elle de son habituel timbre velouté. Il ne lui fit pas la grâce d’un surnom, puisqu’il avait fait une croix dessus depuis fort longtemps, mais elle ponctua malgré tout d’un rictus mesquin, pour ce qu’il sentirait lui-aussi qu’il manquait une marque d’affection à cette entrée. Sans qu’elle ait à demander, on déposa un verre plein de rhum brun devant elle, et elle déposa à son tour les coudes sur le comptoir, annonçant ainsi son intention d’avoir une discussion.   “ Je me demande, vois-tu,  ”  commença-t-elle, après sa première gorgée.   “ Si tu me l’as caché toutes ces années, ou bien si la fatalité continue de se moquer de nous.  ”  Sa langue claqua dans sa bouche, donnant ainsi en évidence tacite qu’il valait mieux qu’il s’agisse de la seconde alternative que la première. Il avait assez d'une trahison à son actif, et elle n’acceptait déjà pas la première, alors une autre…   “ Répond simplement à une question et tâche de le faire sans être, he bien… toi. Qu’est-ce que tu sais de ton second ?  ”  demanda-t-elle simplement. Il y avait certes un agacement perceptible dans sa voix, mais il fallait au moins lui laisser qu’elle tentait ici d’avoir une conversation plus qu’une véritable confrontation ; ça viendrait, à n’en pas douter. Pour toutes ces tentatives de faire les choses clairement et ne laisser aucunes fioritures, elle comptait sur le naturel peu avenant de Jim et surtout sur son égocentrisme inconscient pour l’irriter et la faire sortir de son propre cadre.   “ Je te parle de son passé, pas de ses goûts, ni de combien il flatte ta misérable existence. Je veux savoir d’où tu le sors.  ”  Elle espéra secrètement que ce ne soit que ça : un coup du sort. Qu’il n’ait pas détenu son propre petit frère durant les dernières années en sachant pertinemment que John ferait un argument idéal envers ou contre elle. Qu’il ne savait pas, et qu’elle n’aurait pas à lui apprendre aujourd’hui, quand bien même il s’agissait là certainement du seul motif qui pourrait le pousser à au moins exhiber le second du Walrus. S’il savait, Jim devinerait aisément où elle voulait en venir. Si pas, elle devait au moins obtenir de lui une rencontre afin d’en avoir le coeur net.   “ Ton prix sera le mien,  ”  concéda-t-elle, s'engageant ainsi sur une pente qu'elle savait incroyablement glissante.
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Jackson Caverly
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On aura rarement vu le Walrus resté à quai aussi longtemps. Voilà des semaines que les membres de l’équipage se plaisaient à partager leur temps libre au milieu du rhum et des filles de joie payées par leur capitaine. Ravenshore coulait, noyée par les cris et les coups de feu de ces pirates sanguinaires dont la réputation les précédait. Les chants marins s’élevaient chaque soir un peu plus fort, acclamant l’océan, leurs richesses et leur liberté. Il n’était rien qui puisse entamer leur allégresse en ces beaux jours. Même John s’était laissé convaincre par l’euphorie qu’était l’alcool, embarqué contre son gré par ses compagnons de forbans en direction des tavernes. Flint, quand à lui, restait soigneusement à l’écart. Personne n’avait plus vu le capitaine depuis des jours maintenant, si ce n’est des semaines. Il se murmurait qu’on l’apercevait de temps à autre traîner à bord du Walrus ou auprès de Mary, la gérante du Lanisran. Il avait une chambre là-bas, un lieu bien spécial où personne n’était amené à entré sauf lui. Les rumeurs à ce sujet étaient nombreuses, et c’est ce qui entretenait le mythe de cet hôtel sordide. Ce soir, il avait choisi d’en occuper les lieux. Les draps de son lit étaient à peine défaits malgré qu’il y séjournait depuis une paire de jours désormais. La tapisserie était crasseuse, tâchée de sang et d’où émanait un mélange de fer, d’alcool et d’épices. La pièce était plongée dans l’obscurité, uniquement éclairée par un chandelier posé sur un meuble en chêne. Lorsqu’il est rentré cette nuit-là, Jim était couvert de sang. Pas le sien, mais celui de ses victimes. Il avait dans le regard une animosité indomptable, que rien ne pourrait soulagé si ce n’est une bonne nuit de sommeil. Mais il était ambitieux de croire qu’il pourrait fermer les yeux ne serait-ce que quelques minutes. Son visage ne trahissait aucun sentiment, et il n’avait pas besoin de mots ni d’ordres pour qu’on lui envoi la fille de Mary, Lyana. La seule femme peut-être qui était autorisée à le toucher, jamais avec une autre intention que de l’aider à ôter ses vêtements souillés. James Flint était devenu cette bête sauvage que l’on ne pouvait aimer sans y laisser la vie. Il traînait la réputation de choisir ses filles, de les payer généreusement. Mais la vérité, c’est qu’aucune n’avait jamais eu le privilège de le rencontrer. Il s’enfermait dans sa chambre, Lyana avec lui pour panser ses plaies, laver sa chemise, ôter ses armes devenues trop lourdes. Et lorsqu’il l’ordonnait, elle s’en allait sans un mot pour le laisser. Dans le creux de sa main fébrile, Jim tenait le seul objet qui comptait réellement à ce jour. Un flacon rempli d’un liquide bleu clair que lui avait ramené Pew. Un délicieux péché interdit, vendu par l’une des sorcières que l’on pouvait difficilement trouvé dans le Bayou. Elle lui promettait de pouvoir rêver et de lui accorder quelques heures de répit. Une minuscule goutte versée dans chaque oeil, et l’effet était presque immédiat. Jim s’éteignait au milieu de ses draps pourpres, le coeur dansant un tempo oublié depuis longtemps. La chambre crasseuse du Lanisran disparaissait soudainement, laissant place à une élégante plage au couché du soleil. Une femme se tenait là, les pans de sa robe volant au rythme du vent, et son regard rivé vers l’horizon. Viola.

Le Crimson Cutlass était la seconde étape de la nuit. Puisque l’effet de la décoction était de courte durée, son repos l’était tout autant. Il se réveillait chaque fois en sueurs, paniqué, arraché à son bonheur par le retour à la réalité et à ses insomnies. Plus encore depuis que son fantôme avait refait surface. Un verre de rhum à la main, Jim demeurait toujours aussi silencieux. Quelques pirates se trouvaient là pour meubler la taverne, certains de ses hommes, d’autres pas. Peu importait. On lui avait demandé quand est-ce qu’ils lèveraient l’ancre, ce auquel le capitaine n’avait apporté aucune réponse sauf un grognement furibond. Il n’était de toute évidence pas décidé à quitter Ravenshore, et pour causer : sa défunte fiancée hantait encore les lieux et lui faisait l’honneur de sa présence ce soir encore. Il n’eut pas besoin de lever les yeux de son verre lorsqu’elle s’installa à ses côtés. Une aura bien connue, un parfum différent certes, mais inoubliable. Un frisson lui parcouru l’échine lorsqu’il posa son regard sur elle, et s’en mordit les lèvres. Son timbre velouté n’avait rien à voir avec les intonations délicates de la princesse qu’il avait aimé, mais était tout aussi plaisant à son oreille. Il étudiait ses mots, sceptique face aux pions qu’elle avançait mystérieusement. Un sourcil arqué, il ne répondit pas, mais vida les dernières gorgées de son alcool sans jamais la quitter des yeux. La question le fit tiquer plus qu’il ne l’aurait souhaité. Encore sous l’emprise de son cocktail magique, il posa une main sur celle qui commençait doucement à trembler. — Mon second hm ? Souffla-t-il nonchalamment à son égard. Que pouvait-elle donc bien vouloir à John ? Et pourquoi s’en intéresser ? Il éludait l’interrogation, pour étudier les expressions de son visage. — Qu’est-ce que le gosse a bien pu te faire pour que tu puisses te préoccuper de lui. Il avait poussé un grognement agacé avant de s’en remettre au nouveau verre qu’on venait de lui servir. La tension était palpable entre ces deux-là, et ce malgré les efforts surhumains qu’ils mettaient en oeuvre pour avoir une conversation décente. Dans le fond, il n’avait rien digéré de leur dernière altercation, et faisait encore douloureusement le deuil de celle qu’il avait aimé. Elle avait son visage, sa voix, ses yeux, mais rien de son âme. La femme qui dirigeait le Jolly Roger n’était pas réputée pour enrôler des hommes, mais préférait au contraire les étriper plutôt que de converser avec eux. Alors quoi ? Son intérêt soudain pour John réussi finalement à toucher sa curiosité, et il marmonna quelques mots imperceptibles avait de lâcher sa réponse. — C’est lui qui m’a trouvé. Il se pinça les lèvres pour ne pas poursuivre sur le contexte de leur rencontre. John Silver était cet homme imprévisible qu’on lui avait imposé sans qu’il n’ait d’autre choix que de l’intégrer à sa vie. L’étranger était devenu un membre de l’équipage, puis un second, et un ami. Un gamin de cinq ans son cadet et qu’il avait pris soin de protéger jusqu’à présent. Et voilà qu’on relevait étrangement l’existence du pirate qui n’en avait jamais vraiment été un. — C’était qu’un gamin quand il s’est enrôlé dans l’équipage. J’en connais pas beaucoup plus. Faux. L’orphelin avait été élevé par des pirates, ici et là, avant de prendre la fuite pour trouver un semblant de liberté. Se disait qu’on voulait le vendre pour une modique somme d’argent, sans qu’il n’en connaisse la raison. A l’époque où il avait sauvé Jim d’une mort certaine, il travaillait justement pour Mary et se chargeait de lui ramener la clientèle qu’on lui connait actuellement. Un ange parmi les crapauds dira-t-on. Silver était à ce point l’unique espoir auquel le capitaine du Walrus avait gouté ces dernières années. — Je ne négocie pas mes hommes, va falloir trouver de quoi me convaincre. Aucun sourire sur ce visage qui avait oublié comment faire. Il espérait secrètement qu’elle en reste là, n’en réclame pas davantage, et reparte aussi soudainement qu’elle était venue. Mais il savait la confrontation inévitable, et plongeait un oeil avisé dans sa direction. Ô évidemment, son regard glissa le long de sa silhouette avec avidité. Même corps. Même désir. Il s’interdisait d’en trahir le moindre signe, mais ne pouvait ignorer plus longtemps la boule qui se formait au creux de sa gorge, et son estomac noué. Là où Viola était  douce et éblouissante, Hook était terriblement séduisante. — On sait tous les deux que tu peux être très persuasive quand tu le veux. Concéda-t-il sans détourner le regard, mais en laissant traîner une pointe de provocation. Et parce qu’il sentait de nouveau ses doigts s’agiter sous le manque, il bu une nouvelle gorgée en refermant les yeux. — Argumente. Un ordre froid, glacial même avec l’espoir de découvrir ce qui l’amenait réellement à ses côtés ce soir. Machinalement, il déposa son pistolet sur le comptoir, canon dirigé vers elle, et marqua un temps de pause avant de poursuivre. — Va droit au but : qu’est-ce que tu veux de lui ? Elle savait qu’il n’avait aucune patience pour ce genre de chose, et bien que son timbre demeurait étonnement calme, Flint bouillonnait déjà de l’intérieur. Le feu qu'elle avait ravivé en faisant son retour fracassant dans sa vie déjà désastreuse.
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Hayden Beckwith
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Oui, son second. Pourquoi fallait-il toujours répéter avec ces hommes ? D’emblée irritée par ne serait-ce que le son de sa voix, Viola se frustra derrière le comptoir, raffermissant son emprise autour de son verre tout en le scrutant d’un air avide. Elle était de toute façon profondément biaisée, pour tout ce qu’il l’avait déçue, blessée, contrariée par le passé. Tout ce qu’il pouvait faire, jusqu’à la moindre inflexion dans un ton qui à une autre oreille aurait été badin, était immédiatement pris en grippe. Elle le sentit se tourner vers elle, et ne lui fit pas le même honneur, mais resta de marbre devant son comptoir, examinant les résidus flotter dans le liquide ambré. Elle n’était rien, si pas profondément observatrice. Alors elle releva le premier détour qu’il prenait, l’absence de réponse à une question pourtant on ne peut plus simple, et l’affection mal dissimulée derrière un surnom pourtant banal. Jim n’était pas homme à distribuer ses inclinations, moins encore dans des sobriquets, pourtant il y avait ici le gosse.   “ Quel âge il a ? ”   demanda-t-elle immédiatement, sans laisser aucune place à quelconque hésitation. John était né trois ans après elle. Selon ce que Flint répondrait, sous couvert qu’il le veuille ce qui n’était pas franchement gagné, elle obtiendrait peut-être déjà un indice ; quand bien même il lui fallait se confronter au gosse d’elle-même pour statuer. Las de contempler un comptoir crade, elle se retourna, son verre perché sur le bout de ses doigts, et déposa sur le bois ses coudes. Encore dans l’observation, quand bien même ne s’agissait-il plus que de Flint, elle fit trainer un regard d’inquisition impérieuse sur leur maigre audience, une parterre vénérable fait de pirates en totale déroute et de contrebandiers dont on soupçonnait les affaires obscures.   “ Quand ? ”  poursuivit-elle, pas si distraite que ça par l’entour. Que John ai trouvé Jim ne lui apporterait rien, si ce n’est de satisfaire une petite curiosité, mais outre ça, elle n’était pas franchement plus intéressée. Là débuta surtout le jeu des questions franches, incisives. Le tac au tac virulent, bon pour l’embrouille totale ou seulement dérouter, selon les cas, et donc obtenir des réponses. Sans rien en dire, elle trouva tout de même formidablement risible que son propre sang se soit retrouvé à bord du Walrus, alors qu’elle n’avait désiré que ça durant de nombreuses années. Si l’envie l’avait quittée il y a bien des lunes et bien des  traumas, il y avait au moins un membre de sa caste qui s’était attiré les grâces du Capitaine James Flint. Pas le bon, mais tout de même.   “ Encore, quand ? ”  Peu importe qu’il n’en sache pas beaucoup plus, il pouvait au moins donner ce qu’il savait. Elle n’était pas assez dupe pour croire un seul instant à ce mensonge éhonté ; avait-il oublié qu’ils avaient un jour été amants ? attaché l’un à l’autre à ce point que ses mensonges avaient un visage t une odeur qu’elle seule était capable de déceler. Il fallait un avantage à toute cette histoire, et elle accepta de s’en satisfaire maintenant qu’il n’y avait plus que ça pour les lier et qu’elle avait besoin de tirer plus de lui qu’un combat pitoyable à l’épée et quelques remontrances justifiées.   “ Je ne négocie pas ton homme.  ”  Elle échappa un ricanement grotesque.   “ Je négocie son passé. Tes réponses peuvent changer sa vie, certes, mais mon but n’est pas de te le prendre, dieu merci. Les rats sont biens logés sur ton rafiot, et je compte bien laisser celui-ci à bord. ”  Elle avait sur les lèvres un rictus aussi chargé qu’un flingue. Évidemment, elle se garda bien de préciser que ses réponses n’influenceraient pas que la vie de son second, mais celles du peuple de Nemeree tout entier, et de sa famille royale plus que tout. Si John venait à être découvert, sa légitimité au trône de Nemeree entacherait le règne de leur frère qui, s’il n’avait jamais eu à coeur d’être roi, s’était fort bien incommodé du poids et du port de la couronne. Personne ne voulait offrir à Pan un énième motif d’aliénation, il était déjà bien assez désaxé. Surtout, Pan avait déjà tué dans la famille, nul doute qu’il le ferait encore si nécessaire, et maintenant qu’il l’avait invitée à prendre part à ce conflit qui n’en était pas encore un et pourrait mourrir avant d’être né, Viola se devait de faire le choix judicieux. Judicieux étant son domaine plus que celui du Capitaine qui se tenait devant elle, Viola se mordit la lèvre afin d’étouffer un autre ricanement.    “ Je crains que mes arguments et ma manière de procéder ne soient plus les mêmes qu’à l’époque, vois-tu. ”  Énigmatique, elle croisa les bras au-dessus de sa poitrine après une dernière gorgée de son verre. Si Viola avait tout obtenu, à commencer par l’émoi certain d’un marin aujourd’hui réformé et gangréné jusqu’à la moelle et dont on disait que le coeur ne battait plus, grâce à sa verve et sa bonne nature, Hook arrachait à ses opposants toutes ses volontés, ça avec toute la violence dont elle était faite, et toujours le port admirablement altier. Si pas, lui arrivait de jouer de ses charmes, dont elle avait jadis douté et dont elle était incroyablement consciente désormais, mais les occasions étaient bien rares et les élus aujourd’hui éteints.   “ Et nous savons tous deux que ta carcasse ne survivrait de toute façon pas aux arguments de Viola. ”  Pour les évoquer, elle fit glisser une main habile dans sa longue chevelure, en ramenant toutes les lourdes mèches bouclées le long de sa colonne, dévoilant ainsi le galbe délicieux de sa nuque à découvert, ainsi que l’échancré vertigineux de sa poitrine dans un corset. Elle le laissa se régaler de la vue qu’elle offrait durant une poignée de secondes, avant de remettre en place le flot noir de ses cheveux sur ses épaules, un fin rictus sur la commissure.   “ Son passé,  ”  siffla-t-elle,   “  Simple, sans détour. ”  Mais il n’y avait de toute façon jamais rien de simple avec Jim, et elle ne le savait que trop. Il illustra à son tour d’un flingue sur le comptoir, et elle étouffa un ricanement hautement moqueur.    “ Range ce pistolet, trésor, si tu ne veux pas que mon second se charge d’aller arracher les réponses que je veux directement à la source. ”   Son regard lorgna par-dessus son épaule et trouva une silhouette familière qui venait de s’engouffrer dans l’établissement, une maigre partie de l’équipage sur les talons et comme toujours, parfait dans son timing.   “ Je ne te présente pas Tibby.  ”   Sur ses lèvres, un rictus évocateur. Elle rendit à Tibby un regard de respect alors qu’il trainait autour de la porte, attendant un ordre de rester ou de partir. Jim comprendrait que ses menaces étaient tout sauf creuses, et qu’il y avait peu de chances, si pas aucune, pour que John fasse le poids face à Tiberius dans l’alternative.   “ Je viens avec les meilleures intentions dont je suis capable, et je ne lui veux aucun mal,  ”  promit-elle, elle-même surprise par la bizarrerie de la chose. Il aurait été plus juste de sa part de préciser qu’elle n’était pas celle qui lui voulait le plus de mal, mais ah, qu’importe les détails.    “ Mais je peux très vite changer d’avis. ”   Selon s’il lui donnait une raison valable, mais une esclandre ce soir serait le résultat de son pitoyable ego et de son mauvais caractère, certainement pas d’elle. John aurait de toute façon un rendez-vous à l’aube avec son destin, et elle déciderait s’il serait funeste ou si le gamin pourrait vivre. La perspective n’était pas sujette à négociation, mais on ne pouvait au moins pas lui enlever de faire les choses proprement plutôt que de doubler Flint, ce qu’elle aurait fait dans le moindre remord. À défaut de détenir encore son affection, il avait au moins le droit au traitement d’un capitaine, à savoir le marchandage avant l’accostage. Un honneur qu’elle n’aurait fait à personne d’autre.
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Jackson Caverly
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La délicieuse tension qui s’était installée entre eux était palpable. L’atmosphère empestait de ces deux auras réunies une nouvelle fois dans la même pièce. Son regard continuait de lorgner le fantôme qui se dressait à ses côtés, tandis que ses doigts pianotaient une mélodie irritée contre le bois du comptoir. L’alcool avait pour avantage d’apaiser cette âme torturée qu’était la sienne, et ainsi faire taire ces années de privation et de deuil. Il observait en silence, touchait avec les yeux, et s’accordait sur une évidence qui n’était plus à discuter : toute capitaine qu’elle était devenue, Hook demeurait à la fois majestueuse et mordante. A coup de murmures enjôleurs, elle esquivait ses réponses pour formuler de nouvelles questions. Il n’esquissa pas le moindre sourire, mais se détourna nonchalamment d’elle pour revenir se blottir dans le réconfort de son verre, les coudes posés contre le bar.  — Tu poses beaucoup trop de questions. Comme à son habitude, Flint se montrait frontal et ne prenait pas la peine de passer par mille chemins pour exprimer ce qu’il pensait. Son soupire agacé ponctua sa phrase, et il ne répliqua rien à ses ricanements effrontés.  Le soudain intérêt porté à l’égard de John l’intriguait bien plus qu’il ne le laissait paraître. Qu’est-ce que ce cafard insignifiant pouvait donc bien posséder qui puisse amener l’ancienne Lady à se préoccuper de lui. De toute évidence, elle ne lui en apprendrait pas davantage et il en imiterait la décision, bien décidé à ne pas lui en offrir la réciproque. Jim écoutait avec une irritation assez prononcée le manège que lui offrait Viola qui, vraisemblablement aussi impatiente que sa réputation le disait, se permettait des sarcasmes ici et là. Ah ces femmes. Il aurait pu aisément laisser un sourire mutin se dessiner le long de sa commissure, si seulement il avait été capable de sourire. Il étudia la remarque bien malgré lui, reportant une nouvelle fois ses opales sur elle, la mâchoire serrée. Absolument pas intimidé par les mots, ce fût son ultime provocation qui eut raison de son impassibilité. Ses yeux critiques et acérés coulèrent lentement sur la silhouette de Viola avec une intensité telle qu’il aurait pu la déshabiller du regard. Et c’est exactement ce qu’elle cherchait, rendant parfaitement lisibles et intouchables les formes d’un corps qu’il avait longuement désiré. Sa bouche s’entrouvrit dans l’espoir d’y prononcer des mots, mais aucun son ne s’en échappa. Il frissonna en redécouvrant la naissance d’une nuque jusqu’au décolleté qu’elle lui offrait. — Probablement pas, en effet… cela dit, je veux bien encore courir le risque. La réplique aiguisée s’acharna à le faire déglutir tandis qu’il détourna subitement les yeux pour les river vers le sol miteux de la taverne. Il déposa une main fébrile le long de sa tempe, faisant ainsi accélérer les battements désordonnés de ce coeur qui peinait grandement à vivre ces derniers temps. Cette femme possédait toutes les clés en main pour le rendre confus, un diable déguisé en ange. Sans ciller mais les lèvres figées en une moue lasse, il la fusilla de ses yeux électriques et déposa son attention sur l’homme qu’elle venait de designer du regard. Tiberius. — Je pensais que ton père l’aurais tué. Un miracle que l’esclave soit toujours des nôtres. L’information lui était parfaitement transparente, mais il lui concéda tout de même un geste désinvolte de la main. Viola était joueuse et cruelle, mais par dessus tout bien plus rusée que la plupart des ennemis-capitaines qu’il avait pu côtoyer jusqu’ici. Pour la première fois depuis le début de leur semblant de conversation, Jim hésita. Qu’elle puisse insister avec une telle ardeur à obtenir si peu d’informations de sa par était surprenant, si pas inhabituel. Il ne savait que trop bien à quel point Hook obtenait ce qu’elle désirait. Cette fois-ci n’en ferait pas exception. — Il a pas la trentaine, c’est tout ce que je peux te dire. Se contenta-t-il d’affirmer d’une voix exaspérée. Il lui laissa l’illusion qu’elle pouvait dominer la situation, ne cherchait pas précisément à lui en ôter l’espoir, mais peut-être simplement à en découvrir davantage quant à ses motivations. — Dis-moi ce que tu veux du garçon et je te conduirai à lui. Il la défiait, nullement impressionné par cet échantillon d’équipage qui se pressait autour d’eux. Ici, Viola avait misé sur une approche autoritaire et suggestive, le laissant bien indifférent maintenant que le masque avait été replacé. Ô il continuait bien sûr à la désirer, laissant traîner ses yeux sur un visage bien différent de celui qu’il aimait admirer dans ses rêves. — Une réponse pour une autre. Siffla-t-il, glacial, son verre vidé d’une seule et unique traite. Les mains tremblaient toujours, mais le coeur frappait bien plus fort encore. Pourtant, Flint parvenait à retrouver peu à peu une respiration moins aléatoire. Ce capitaine là était avide de contrôle et de domination, à l’instar de celle qui se tenait devant lui. Et si elle n’avait pas autant compté à ses yeux il y a de cela quelques années, sans doute l’échange aurait-il été bien moins courtois et bien plus violent. Mais là encore, il ne s’agissait que de ce qu’il prétendait. — Je crains, à mon tour, que ma manière de procéder ne soit, elle aussi, plus la même qu’à l’époque. Il avait proclamer ses paroles avec une intonation étrangement douce, si pas chaleureuse. On pu l’apercevoir se relever nonchalamment de son assise, quitter le comptoir pour venir s’approcher d’elle et se poster en un face à face redoutablement attendu. Ses bras puissants se positionnèrent de part et d’autre de sa silhouette, et ses mains se posèrent contre le comptoir derrière elle. — Garde tes menaces. Sois patiente. Ce serait regrettable que les choses dégénèrent une nouvelle fois. Glissa-t-il avec une douceur insoupçonnée, comme s’il s’adressait à un enfant. Evidemment il faisait écho à leur précédente rencontre. Le corps penché en avant, il se serait volontiers satisfait de cette nouvelle proximité s’il avait s’agit de la femme qu’il avait un jour aimé. Mais le parfum était sensiblement différent, malgré qu’il parvienne tout autant à lui en couper le souffle. Ici, au moins sur ce point, il la dominait physiquement. Il ne la toucha pas, à aucun moment, mais se contenta de plonger ses iris dans les siennes. Ce regard-là, bien plus pénétrant que n’importe quel autre. Il poussa un grognement. Sa main s’était levée, ordonnant à l’un de ses hommes de partir en quête du forban recherché. Rien de plus pour le moment, c’est tout qu’elle obtiendrait. — Tout vient à point à qui sait attendre. Qu’il chuchota dans un murmure cérémonieux avant de s’écarter pour récupérer son pistolet abandonné sur le bar. Flint ne tuait pas avec les armes à feu. Il blessait, et achevait le travail par les lames et les trop nombreux poignards accrochés à sa ceinture. Et c’est exactement ce qu’il mettrait en oeuvre si elle décidait de n’en faire qu’à sa tête ce soir-là. Lui avait John Silver en gage de faiblesse. Elle, venait de faire entrer un pion non négligeable au sein de la pièce. Ce qu’il ne manqua pas de soulever sans un mot en jetant un coup d’oeil intéressé à l’ancien esclave et actuel second du Jolly Roger. — Fais  donc en sorte que mes intentions soient aussi clémentes que les tiennes et peut-être que pour une fois, nous n’aurons pas besoin de nous affronter.
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Hayden Beckwith
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Certes. Différente réponse l’aurait amenée à se poser des questions, mais comme tout homme qui tombait dans les filets d’une conversation intéressée avec le Capitaine Crochet, Flint naviguait dans les limites du prévisible.   “  Je n’aurais pas besoin de le faire si tu étais plus bavard. ”  Après un maigre soupir de dédain, elle se pencha sur le verre qu’elle avait peu touché, uniquement par souci de garder l’esprit aiguisé à l’abord d’une soirée chargée de la promesse de bien des rebondissements ; et pas que des bons. Si l’équipage était amené, voire poussé à la consommation avide de toutes les sortes de saloperie qu’un tavernier pouvait planquer derrière son bar, puisqu’il fallait après tout que l’équipage s’amuse,  Hook mettait toujours un point d’honneur à ne jamais franchir la fine palissade entre une lucidité pourtant vitale et le delirium bariolé de ces âmes qui boivent trop. Si elle avait toujours un verre à la main, il en fallait toujours un qui devait resté éveillé ; le diable ne saisissant son heure qu’au premier soupçon d’une faiblesse qu’elle refusait de montrer. Ça ne l’empêcha évidemment pas de s’arroser la gorge d’une bonne lampée, ignorant superbement toute l’irritation dont Jim, alors tourné vers elle, faisait l’objet ; mais méditant malgré tout sur combien il pouvait être difficile, cet homme-là. Combien ça lui avait plu à l’époque qu’il ne cherche pas se conformer, ait ses propres idées, un caractère ; et combien ces qualités tenaient mieux dans la liste des défauts que dans celle des qualités. On aurait cru qu’un abruti pareil, qui enchainait les erreurs et les choix pauvres de sens, ferait au moins l’honneur à ses paires et à son propre ego de jouer tous les jeux qu’on daignait lui tendre dans le seul but de ne pas s’enfoncer plus, et pourtant. Il était là, devant son fantôme, à tirer la gueule plus fermement que quiconque, là où ils avaient tous au moins cent motifs de lui trancher la gorge. Elle raconterait à Ric combien elle s’était sentie grande et mature à côté du Capitaine du Walrus, le véritable gosse, sous le seul motif d’avoir voulu faire les choses proprement plutôt que par la manière habituelle, alors que Jim s’enfonçait toujours un peu plus dans le propre drame de sa vie ; ce à quoi Ric rétorquerait d’un rire gras, puis de la seule vérité qui avait tous les droits ici : ils étaient épuisants dans leurs prétentions et perdraient tous deux s’ils continuaient à s’érafler plus ou moins passivement plutôt qu’à tenter de recoller des morceaux qu’elle s’obstinait à croire trop érodé par le sel, la mer, le temps, la rancoeur, la bêtise. La grande et mature tricha cependant un rien en dévoilant les prémices de ces armes que seules les femmes possèdent ; et à bien des fins, les plus létales. Beauté synonyme de pouvoir. Si elle était de ces femmes qui ne se rendaient pas tout à fait compte de leurs arguments physiques, et pas conséquent de leur influence considérable quand bien même elle avait été courtisée toute sa vie, Vee fut cependant pleinement satisfaite de constater que cette influence fonctionnait toujours sur cet homme en particulier ; le reste de la gente masculine n’avait aucune sorte d’importance et n’aurait jamais le doux honneur de s’abreuver de cette vue.   “ Et ne serait-ce pas une formidable façon de partir ?   ”  fit-elle, le ton doucereux, dangereuse jusque dans le timbre. Elle remballa la marchandise, lui ayant soutiré un semblant de mal à l’aise absolument délicieux, et s’en retourna vers Tibby, qui gagna d’elle un regard et un bon commentaire auprès du Capitaine Flint, dont la réponse lui inspira de lever les yeux au ciel.   “ Comme toujours, tu penses mal. Tu devrais arrêter. Regarde où ça te mène.”  À la taverne, à se la jouer devant la femme de sa vie, ce qu’elle est, alors même que ses doigts tremblaient d’un alcoolisme déplorable, mais inévitable, et tout le poids de ses mauvaises combines. sur les épaules. Elle aurait défendu Tibby au prix de tout ; et encore. Tout comme elle l’aurait fait pour Jim, cela même s’il ne lui avait pas, et ne lui rendrait jamais, cet honneur. Ils étaient fort peu à jouir de ce privilège et elle réalisa, alors que Nyus revenait, qu’ils se trouvaient tous dans la pièce, lui offrant de quoi méditer davantage. Détaillant Ilhsara du regard, elle ignora de nouveaux les questions de Jim à propos de son chien, préoccupée qu’elle était par le regard qui la sorcière laissa trainer un rien trop longtemps sur elle à son tour ; signe d’un message à faire passer. Elle fronça un sourcil, Nyus leva une main, et avant qu’elle ait pu se joindre à elle pour plus de détails, Jim se glissait entre la conversation muette avec toujours plus d’une audace qu’elle trouva parfaitement risible ;  elle n’en cacha rien.    “ Mon histoire vaut bien plus que ton semblant de charité, et je te connais assez pour savoir que tu tenteras au moins une fois ou deux de glisser une entourloupe idiote, alors j’ai envie de dire : toi d’abord.  ”  Son regard ne s’était pas détaché du point désormais invisible sur la largue carrure de Flint, derrière lequel elle soupçonnait que Nyus se tiennent toujours.   “ Regrettable pour toi,  ”  reprit-elle, en levant tant un regard de lassitude et de nonchalance mêlées. Et ses yeux trouvèrent leurs écrins, droit dans les siens, et s’y installèrent confortablement. D’abord pour le sentiment de confort et familiarité qu’elle refusait d’admettre, mais aussi pour lui assurer qu’elle ne serait pas celle qui baisserait les yeux en premier ; devant personne, et certainement pas lui. Ses termes provoquèrent un faible éclat chargé d’un mépris moqueur.   “ Tu es adorable quand tu essayes.  ”  De se donner une importance qu’il n’avait pas, ou plus. Dans ses tentatives d’intimidations risibles et ses menaces caverneuses dont elle n’avait cure. Dans ces moments où il tentait de faire croire qu’il était plus que ce qu’il était vraiment, quand bien même elle sentait son souffle chancelant s’écraser sur ses pommettes et ses doigts vibrer sur le comptoir. Par pure provocation, puisqu’ils en étaient là, elle fit glisser un index avenant de la base de sa nuque au détour saillant de ses pectoraux, où elle déposa sa paume pour le repousser.   “ Tu serais fou de vouloir m’affronter à ce sujet. ”   Mais il était roi au pays des mauvais décisionnaires, alors était-ce bien surprenant qu’il décide de jouer à l’imbécile, préfère suivre son mauvais instinct plutôt que de lui faire confiance ? à elle, qui n’avait jamais donné le moindre motif de ne pas la croire ? Tout du moins pas à lui. Pas le temps. Ça viendrait. Il aurait dû la connaitre assez pour savoir, lire, mais décevait encore une partie d’elle qui ne croyait pourtant pas pouvoir l’exécrer plus.    “ Le temps que tu me fasses attendre, ton cabot sera mort, et c’est encore une erreur que tu auras sur la conscience et qui sera entièrement ta responsabilité. Mais je t’en prie, prends ton temps. Tout le temps du monde., ”  glissa-t-elle, en terminant son verre, puis en s’éloignant du comptoir, vers Nyus et Tibby.   “ Quant aux menaces fades que tu n’oses pas formuler à voix hautes, je te conseille de justement les exprimer de vive voix, et de le faire à la figure de Tiberius. Lui aussi a innové dans ses méthodes, figure-toi. Peut-être même plus drastiquement que nous deux réunis.  ”  Elle fit glisser une main sur l’épaule de Tibby, une autre sur Nyus qui croisa les bras.    “ Personnellement, c’est sur lui que je pose mon billet.  ”   Autrement aurait été un outrage, et elle n’aurait pas pu affirmer plus directement sa préférence qu’en exprimant ouvertement sa potentielle mise. Tibby lui jeta un regard par-dessus l’épaule, et elle y répondit d’une vague de la main bonne à le congédier. L’heure était venue à la relève pour M. Mouche, et Tibby s’en alla prendre son quart. Nyus se pencha vers elle et lui confia que la garde du Roi s’était assemblée à Arynmeren, présageant une possible sortie. Pas que Pan en ait véritablement besoin, mais elle savait qu’il se plaisait à appeler les gardes au rassemblement pour donner à croire qu’il préparait une sortie. Il faisait passer un message qu’elle comprit immédiatement. Elles se regardèrent longuement, toutes deux très au courant du caractère urgent de leur situation. Un sifflement s’échappa d’entre ses lèvres, et elle leva un regard vers la porte, qui devint une cible pour un de ses poignards maintenant qu’elle s’impatientait réellement.   “ Le gosse, Jimbo,  ”  relança-t-elle, plus pressée dans le ton, cela en guise de dernier avertissement avant que les choses ne prennent une tournure beaucoup moins cordiale.   “ Je pense que c’est vrai, ”  intervint Nyus, l’air grave.   “ J’ai aucune preuve pour le moment, juste l’instinct et le fait de l’avoir déjà vu, rien de tangible, mais… Vous devriez le voir, Capitaine. La ressemblan—  ”  Avant qu’elle ne se lance dans un commentaire regrettable, on ouvrit la porte derrière elles, et Viola se tourna, une main sur son fourreau des fois qu'il s’agirait de son frère.
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Jackson Caverly
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Les regards avaient autrefois été bienveillants, doux et épris d’un amour qu’ils pensaient indéfectible. Viola et Jim avaient été si beaux durant leur jeunesse, ignorants subtilement les règlements qui les poussaient à ne pas se fréquenter pour faire naître une union que la loi leur interdisait. Déjà à l’époque, on pouvait les voir boycotter les ordres d’un roi peu apprécié mais davantage craint par ses sujets. Nemeree était à ce point un royaume qui serait éternellement gouverné par un seigneur tyrannique. Fort heureusement, les pirates n’avaient que peu de préoccupations vis-à-vis du souverain actuel, et bien loin de s’en soucier, le Capitaine du Walrus avait en face de lui un tout autre démon à traiter. Une muse revenue du passé et qui ne ravivait ici pas l’amour un jour éprouvé, mais un désir resté parfaitement intacte malgré les années qui s’étaient écoulées. Le pouls s’accélérait à mesure qu’elle enchaînait les mots de ses intonations doucereuses et un rien enjôleuses. Le confort qu’auraient dues être leurs retrouvailles fût un spectaculaire désenchantement. Le carnage était total, à l’instar de son échec. Viola s’était éteinte pour laisser naître une âme bien différente de celle qu’elle avait autrefois été. Celle qui se dressait devant lui ce soir possédait toutes les armes en mains pour l’anéantir d’un simple geste. A l’image d’un félin, la Capitaine du Jolly Roger était un prédateur redouté, indomptable et vraisemblablement hermétique à toute émotion. Jim jouait avec le feu, et s’il en était pleinement conscient, l’idée même qu’il puisse se brûler semblait lui paraître plaisante. Il défendait fermement sa position, ses yeux rivés vers le visage ennuyé dont elle se parait. Un parfum aux notes familières flottait autour de lui, à la fois plaisant et ravageur. Ils livraient une bataille silencieuse, à coup de mots murmurés à l’oreille ou de regards braqués l’un vers l’autre. Un délicieux frisson lui parcouru l’échine en même temps qu’il trouvait son réconfort dans l’attention qu’elle lui accordait. Un rire caustique s’échappa des lèvres qu’il fixa un temps, immobile et parfaitement impassible quand son coeur de pierre continuait de marteler sa poitrine. Ses réponses jusque là se traduisaient par de vagues grognements, mais il fronça un sourcil à sa réplique.  — Et tu serais folle de croire que je ne le ferais pas.  Cracha-t-il en levant un regard furieux vers elle. Voilà donc à quoi se limiterait leur relation désormais ? Un éternel combat de provocations mêlées à des menaces insidieuses. Elle s’éloigna en terminant son verre sous le regard acide d’un Flint toujours un peu plus obsédé par sa présence. Ses termes étaient pourtant clairement formulés. Sa requête, dictée à plusieurs reprises. Et ses dernières paroles eurent cependant le mérite d’entamer soigneusement une fissure sur ce Capitaine ébréché. Il fit voler le verre posé sur le comptoir en direction du tavernier, sans un bruit si ce n’est celui de sa respiration, et la paume de sa main s’écrasa contre le bois dur qui se tenait à ses côtés.  — T’as le culot  de te ramener ici avec tes clebards, de vouloir me soutirer des informations à propos de mon second, et maintenant tu oses me menacer ?  Son timbre était grave mais à la fermeté indiscutable, quand bien même il savait qu’elle se réjouirait d’avoir réussi son coup. Son torse se soulevait au rythme de ses inspirations devenues virulentes, un regard de braise braqué en direction de l’échantillon du Roger qu’on lui offrait.  — T’as de la chance que j’te foute pas dehors avec toute ta putain de troupe. Et crois-moi, c’est pas ta bonniche qui m’en empêcherait. Il fût un temps où, tout bon militaire qu’il avait été, Jim recevait et exécutait des ordres formulés sans jamais contester. A ce jour, il était impensable qu’on puisse lui commander quoique ce soit. De par la réputation qu’il s’était forgé durant toutes ces années, le Capitaine Flint était suffisamment craint du reste du monde pour s’être octroyé lui-même sa propre indépendance. Personne pour lui dicter quoi faire, comment le faire, ou pour lui soumettre une toute autre volonté que la sienne. En cela résidait après tout le crédo des pirates : une liberté infaillible, et peu ébranlée par l’arrivée d’une nouvelle souveraine-capitaine.  — Patience, je t’ai dis.  Qu’il souffla finalement en s’étant rapproché d’elle, un regard par dessus l’épaule en arrivant à sa hauteur. Ses yeux dévièrent un bref instant, accaparés par les propos que Nyus soufflait à sa Capitaine avant qu’on lui coupe la parole. Tous eurent le même réflexe : main posée sur le fourreau, prêts à dégainer leurs armes à celui qui aurait l’audace de venir se joindre à leur cocktail explosif. Mais la fatalité, encore une fois, se joua d’eux en leur faisant découvrir un John Silver partiellement ivre, accompagné et soutenu par deux hommes du Walrus. — Capitaine…  Le sourire goguenard et la bonne humeur du marin s’envolèrent aussitôt qu’il eut franchi la porte du Crimson Cutlass. Tous les regards étaient rivés vers lui, et un silence de mort s’installa presque dans la foulée. On ne lui reprocha pas d’avoir tenté un pas en arrière sous l’intimidation d’une pareille scène, mais la poigne ferme de son Capitaine ne lui laissa pas l’occasion de prendre la fuite.  — Excellent timing John. Vraiment excellent. Qu’il grogna, bestial comme à son habitude, et déterminé à mettre un terme à cette comédie nocturne. Un bras par dessus l’épaule de son second, Jim l’entraîna avec lui jusqu’au duo qui ne les avait pas quitté des yeux. — Capitaine, on vient de m’informer que la garde du Roi serait en route pour Ravenshore. Nous devrions…   — Ferme-là.  Sec dans ses propos, Flint avait balayé l’information sans en entendre le moindre mot. John, lui, se pinçait les lèvres, regard rivé au sol et bras croisés dans le dos à la manière d’un jeune mousse que l’on condamnait pour faute. Il avait été poussé, négligemment et avec l’élan qu’il fallait pour enfin faire face à celle dont il avait maintes fois entendu parlé. Jim se posta à leurs côtés, les bras croisés contre son torse, et les yeux traitants avec soin les réactions offertes par chacun. Mais il ne lui fallu plus plus d’une poignée de minutes pour réaliser l’évidence même. Sa bouche s’entrouvrit en même temps qu’un mince sourire étira sa commissure. Le premier de la soirée, et ceux qui le connaissaient savaient que cela ne présageait rien de bon.  — Je vois…  Son ricanement se perdit dans un soupire fou tandis qu’il serrait doucement la mâchoire. Pourquoi n’y avait-il pas songer avant. La couleur des yeux, des cheveux, l’expression du visage et ce satané sourire. Depuis le premier jour, Silver s’était fait sa place auprès d’un homme que l’on disait incapable d’aimer. Il avait tissé une amitié particulière quand bien même il était tout sauf un homme destiné à la piraterie. On ne pourra pas reprocher à un Capitaine en deuil d’y avoir trouvé une étrange familiarité dans ce regard, dans ce sourire, et dans toute sa façon d’être. Aucun n’aurait pu contredire les nombreuses similitudes que possédaient John et Viola, ou en tout cas, celle qu’elle avait été.  — Et donc c’est pour cette raison que tu insistais tellement pour le voir. Le sourire s’était envolé, et planait dorénavant dans son timbre une amertume palpable. Le garçon était resté immobile, un regard à peine volé à celle qui se tenait face à lui. Quelle drôle de coïncidence. Et quelle naïveté de la part du concerné pour ne pas que l’idée puisse lui effleurer l’esprit. Néanmoins, John avait finalement relevé le visage vers une Hook qui se chargeait de le soutenir depuis quelques temps déjà. Le gamin ne s’était jamais réellement intéressé à sa vie d’avant, comme s’il craignait un jour de découvrir une vérité qui ne lui plairait pas. Jim, quant à lui, se posta sagement aux côtés de son ex fiancée en penchant un visage par dessus son épaule.  — D’où tu sors cette information ? Et depuis quand tu le sais ?  A lui de poser les questions, et celles-ci, pour le coup, demeuraient un véritable mystère. Encore fallait-il qu’elle soit décidée à lui répondre, ce qui, de toute évidence, était loin d’être engagé compte tenu de leur précédente conversation. Ah cette maudite rivalité entre anciens amants.
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Hayden Beckwith
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Aux menaces fades, un cortège de rires éclata dans l’auberge, et si elle fit le choix très pragmatique de ne faire que vaguement sourire, ses entrailles se tordaient de toute l’hilarité que lui causait la scène. Charismatique, il l’était peut-être pour d’autres, mais il n’avait jamais été que Jim à ses yeux, et la donne ne changerait certainement pas aujourd’hui, alors qu’il tentait de se donner en fausse autorité et distribuait des ordres comme un vieux chien fatigué sur une portée de molosses plein d’énergie.  Flint avait tendance à oublier qu’il était certes capitaine de son propre rafiot, mais qu’il n’était pas roi en ce domaine. Qu’elle, et son équipage, ainsi que tous les autres, n’avaient aucun ordre à recevoir de qui que ce soit et certainement pas d’une épave dans son genre.  Il n’existait personne en ces terres qui puisse l’intimider, à part peut-être son propre frère, encore qu’elle mourrait avant d’en montrer le moindre signe.   “ Capitaine Flint, mesdames et messieurs. Le Capitaine aux menaces creuses et risibles du Walrus.”   Elle fit claquer ses deux mains entre elles pour lancer l’ovation caustique, et forcément, Tiberius et les autres ne se firent pas prier pour se joindre à elle, quand bien même ils s'en allèrent tous après une longue. Passé le ridicule de l’instant, elle se concentra sur le rapport soucieux de Nyus, un sourcil froncé en témoin de toute sa perplexité. Le jugement de Nyus était ordinairement au plus juste, et pas uniquement parce qu’elle était douée de magie, mais aussi parce qu’elle était incroyablement perspicace. Hook admettait volontiers que sa sorcière ne s’était jamais trompée, pourtant une partie d’elle refusa de croire que le destin avait amené John auprès de Flint. Pourtant il ne fit aucun doute que la ressemblance était là, alors qu’il poussait à son tour la porte du Crimson Cutlass. Sans être son portrait craché, elle concéda pour elle-même qu’il y avait quelque chose de similaire, mais de tout à fait différent à la fois. Nyus et elle restèrent un long moment à le détailler en silence, incapables de démêler le pressentiment de la cohérence. Elle entendit Jim tenter de se glisser dans un aparté qui ne le regardait plus, et fit le choix délibéré de l’ignorer, puisque l’essentiel se trouvait devant elle.    “ Fais ton truc,  ”  ordonna-t-elle à Nyus, le ton impérieux. Son regard, montrant brutalement toute l’intensité de son mépris à l’égard de ce qui avait l’air de n’être qu’un marin à demi ivre, même pas un pirate, ne quitta pas John des yeux. Pas même lorsqu’elle tendit sa main ouverte à Nyus. De même manière, elle retira son gant et ne cligna pas non plus des yeux lorsqu’une lame traça une entaille sous le pouce et butina une larme de son sang.   “ Tu as l’air d’en savoir beaucoup sur un sujet auquel je n’ai donné que de moindres détails, ”  ne put-elle s’empêcher de relever, s’adressant à Flint, mais ses prunelles toujours vissées sur le visage naïf de celui que l’on soupçonnait être son cadet.   “ Juste une goutte devrait être suffisante.  ”  Nyus montra patte blanche à un John interdit et à son capitaine, et alors qu’elle exécutait le même rituel, Viola se jura qu’elle mettrait immédiatement fin à cette entrevue si l’un d’eux osait ne serait-ce que l’esquisse d’un geste déplacé sur sa sorcière, mais poursuivit malgré tout.   “ Nous savons tous deux que tu es loin d’être omniscient ou plus doué que le commun des mortels d’un point de vue intellectuel, alors je me demande… Si tu savais.  ”  Son coeur se mit à battre sans qu’elle puisse en contrecarrer le moindre battement. Le résultat d’une trahison, une énième, alors qu’elle s’était préparée à ce qu’il n’y en ait plus et à ce qu’il ne puisse pas tomber plus bas dans son estime qu’il n’était déjà. Il ne pouvait décemment pas faire le rapprochement, puisqu’on ne parlait plus du prince perdu de Nemeree. Tout du moins on en avait pas parlé depuis des décennies, jusqu'à en oublier son nom.  Jusqu’à ce soir, où un pirate avait vendu l’information à Lomelindi contre la promesse de se trouver dans les grâces de sa majesté ; le bougre était déjà mort à cette heure, pour sa seule possible implication dans l’enlèvement du cadet. Et on ne pouvait décemment pas baser un jugement aussi précis sur une histoire de ressemblance. Surtout pas lorsqu’il se trouvait un tas de grands bruns aux yeux sombres à travers tout Erathia. Les battements de son palpitant s’accéléraient sous sa poitrine, sous le poids de la colère, et tout de suite, un problème qui devait concerner John devint un problème entre eux ; un énième.   “ C’est vrai. ”  Ilhsara agita devant ses yeux une fiole de sang devenu mordoré, signe incontestable d’une même appartenance familiale, et immédiatement, Hook fit glisser un regard vers le concerné. Bien sur que c’était vrai. Il arborait le même sourire abruti que leur mère. Pan et elle avaient hérité du même sourire mesquin, tandis que John affichait sur ses lèvres qu’il était seulement heureux d’être là. La forme de sa mâchoire, forte, mais élégante, n’était pas sans rappeler celle de Pan et il avait hérité des mêmes yeux que sa soeur, qui le disséquait avec toute l’appréhension et le dédain que lui inspira cette bien triste vérité.   “ Donc, tu savais, ”  trancha-t-elle, sans se hasarder plus sur John et sur combien la nouvelle devait l’ébranler. Ses yeux retournèrent vers Jim, son coeur accéléra la cadence ; cette fois pas pour l’émoi que son seul visage lui inspirait, mais pour toute la colère qui grandissait en son sein et rendait pénible sa moindre tentative de respirer.   “ Tu savais que tu avais mon frère sous ton commandement, et tu as fait le choix délibéré de ne rien dire. ”  Elle aurait dû trouver ridicule de mentionner ce frère dont elle avait omis jusqu’à l’existence depuis aujourd’hui, mais elle n’en fit pourtant rien. Personne ne pouvait réellement prendre la mesure de ce qu’avait impliqué la disparition du dernier. Combien Pan et elle avaient subi un père tyrannique, violent, pour toujours créatif lorsqu’il s’agissait de battre, d’abord pour être seulement né magicien pour l’un et une fille pour l’autre, ensuite pour la disparition de l’héritier qui se trouvait ici, devant elle, bête et innocent. Odysseus avait cherché des coupables, et ils s’étaient trouvé sur son chemin, Pan et elle. Pour autant elle avait appris à vivre avec le poids de son enfance, pouvait l’éluder, cela même si elle était visiblement marquée. Mais elle ne supporta pas que Jim, en plus de l’avoir délaissée pour une vengeance loupée, s’était octroyé la présence de son jeune frère durant tout ce temps et qu’il fallait Pan pour apprendre le pot aux roses.    “ MON FRERE ! ESPECE DE CONNARD. TU SAVAIS ! ”  Dans ces instants, rares, de colère brute, Viola avait tout de commun avec son ainé. Combien il était aisé de reconnaitre la marque laissée par Odysseus sur sa progéniture malmenée, de voir les fêlures d’où émanait une fureur qu’elle s’obstinait à contenir plus que tout, et que Pan laissait couler sans se soucier le moins du monde des répercutions et de la réputation qu'il s'octroyait ; celle d'un roi colérique, irascible.   “ Et ne t’avises pas de nier. J'ai depuis longtemps passé le stade de croire à ton baratin. Ne me dis pas que tu bases tes présomptions sur une ressemblance physique. Que tu as simplement deviné, espèce de sale rat. On ne peut pas deviner ce genre de chose. Tu ne peux pas me dire que tu as jugé d’un seul coup d’oeil, alors que tu l’avais sous tes yeux durant toutes ces années et que nous avons partagé un passé, que nous étions de la même famille. Tu n’as ni l’oeil, ni l’esprit assez aiguisé pour avoir ce genre d’intuition. ”  On lui avait souvent prêté une ressemblance physique à Raisa de Nighon, et il en allait de même pour Pan et Flynn, mais ça ne faisait pas d’eux des membres d’une même famille, loin de là. Le ton descendait d’un octave à chaque mot, mais cela ne changeait rien au tourbillon qui balayait tout en elle. Elle aurait pu accepter que John soit là, accepter qu’il vive, lui offrir un chance de se soustraire à l’implacable jugement de Pan, mais l’implication de Jim lui était un motif suffisant de totale aliénation. Le coeur d’une jeune Viola hurlait de savoir qu’il avait de nouveau oeuvré en sa défaveur, l'avait privée d'un pilier, et dans toute sa véhémence, passée et présente, elle refusa de lâcher l’affaire.    “ Combien de couteaux tu vas me foutre dans le dos avant de te lasser ? Combien de motifs pour te pulvériser tu comptes me donner ? Est-ce qu’un jour tu vas arrêter de t’enfoncer ? Est-ce que t’en as eu quelque chose à foutre, à un moment dans ta misérable vie ?  ”   Elle touchait au point sensible, après des mois à l’éviter. À ce qu'ils en parlent à peine, ou pas du tout, et peu importe qu’ils aient des spectateurs, elle en avait assez de souffrir de cette histoire qui n’en terminait plus et de ces rebondissements dont elle ne voulait pas.   “ Si j’avais capturé ton frère, tu aurais été le premier à le savoir, ”   fit-elle, faussement calme, et d’une sincérité désarmante ; contrastant avec ses doigts qui tremblaient et qu’elle rangea dans les poches de sa longue veste. Elle avait fait le choix de s'interdire de l'aimer ouvertement, sous prétexte d'avoir été abandonnée, mais au moins au sujet de Charles, seul à pouvoir les réunir, elle était restée loyale.   “ Bien. Très bien. Faisons les choses différemment. Je n’ai pas menti lorsque j’ai dis qu’il ne lui arriverait rien. Mon intention était uniquement d’en avoir le coeur net. Il aurait continué de vivre à tes côtés et j’aurais prétendu qu’il n’existait pas pour son propre bien. Mais sache une chose, trésor, qu’il vive ou qu’il meurt n’a aucune espèce d’importance à mes yeux, et parce que tu m’as trahie, encore — ”  Elle marqua un arrêt. Une seconde de silence qui voulait tout dire, où ils se regardèrent les yeux dans les yeux.   “ Je ne vais même pas me salir les mains. Pour toi, et rien que pour toi, je vais m’écarter et laisser Pan l’avoir. ”  Par-dessus son épaule, mais sans quitter son regard, elle lança à Nyus l’ordre qu’elle n’imaginait pas donner en arrivant ici. Comme quoi, blessée dans son amour-propre par sa moitié, elle était capable de tout.    “ Dis à Sky de transmettre au roi que l’information qu’il a reçu est la bonne. John est bien vivant, et à bord du Walrus.  ”  Puis elle se tourna vers John, se parant du masque sinistre du Capitaine Crochet.   “ Bienvenue dans la famille, John Silver. Tout ce que tu as pu entendre à propos de nous n’est en réalité qu’une version romancée et allégée de la vérité. Oui, Pan est aussi terrible qu'on le dit et non, il n'est rien que ton fier capitaine puisse faire pour ne serait-ce que se soustraire au jugement du roi, malgré qu'il aura probablement l'audace de prétendre le contraire. Mon unique conseil sera le suivant : ne cligne pas des paupières trop longtemps, tu louperais la main du roi qui transperce ta poitrine pour t’arracher le pauvre petit coeur fragile qui y bat. ”  Et s'il se demandait si Pan serait capable de prendre la vie de son propre sang, il n’y avait qu’à se souvenir de comment Pan avait acquis le trône de Nemeree.   “ Et moi qui ne fait rien pour l’en empêcher faute de motivation. ”  Il se disait que Pan était une terreur absolue, mais Viola était un tout autre genre. Si elle avait une maitrise d’elle de tous les instants, il existait quelques rares motifs qui pouvaient encore l’entrainer dans des travers similaires à ceux de son ainé, si pas pire. Après tout, on ne devient pas Capitaine en étant diplomate et en jouant systématiquement dans les règles de l’art. Dans cette rencontre au sommet, il n’y avait pourtant que Ric pour arriver à la volée, un sourire idiot sur les lèvres  et visiblement pressé par les nouvelles.   “ Oh! Vous êtes là. Parait que Pan descend à Ravenshore ce soir. C’est quoi ces gueules ? On dirait que quelqu’un est mort. ”  Presque. Ric était assez intelligent, et surtout très au fait de leur relation pour sentir l’électricité dans l’air et ainsi rétorquer vers Flint :   “ Qu’est-ce que t’as fait encore ? ”  L’automatisme était prodigieux. À tel point qu’elle glissa d’un pas de velours vers lui et la sortie qu'il bloquait. Ric lui accorda un air appuyé, pressentant la réflexion bien sentie.   “ Il est incroyablement lui, comme toujours, et il vient de perdre, comme toujours.”  Et elle était redevenue elle, maitresse de ce tempérament qu’elle avait d’irascible, de nouveau confortable derrière le masque délicat de la Lady de Ravenshore. Ric échappa un ricanement incertain, incapable de déterminer s'il devait rire, ou frissonner.
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