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tales down the river :: deyja
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Sora Warhust
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Sora Warhust
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tonight,
the stars have my lips,
and the moon has my heart
·  ·  ·  ·  ·  ·  ·  ·  ·  ·  ·

@alec warhust


Trois jours d’enfermement au régime pain-sec et eau non-potable. À cracher du sable fin, bon à lui poncer les poumons et la gorge. Pieds et poings liés dans un noir si intense qu’elle aurait juré qu’on lui avait fourré la tête dans un sac de velours. Trois jours seulement sur une sentence de perpétuité. Ça pour un malheureux rubis taillé et pour avoir froissé la confiance de l’épouse du souverain. Celle qui, mieux que quiconque, aurait pu comprendre que parfois la survie était aussi simple qu’une pierre minuscule dans une très grande poche. Pour tout ce qu’elle avait dérobé à Shéhérazade et pour qui connaissait la véritable identité du régent de Kozakura, d’aucuns diraient qu’elle s’en sortait diablement bien, mais les geôles de Ravenrock donnèrent raison aux légendes qui courraient à son sujet : mieux valait être un cadavre en liberté qu’un détenu de Ravenrock. Qui aurait cru pouvoir un jour greloter dans l’étreinte pourtant bouillante de Kozakura ? On pouvait aisément convenir que la nuit ne faisait aucun cadeau, comme toujours, mais Luna tremblait de la tête aux pieds, recroquevillées dans un coin de sa cellule, les pieds nus dans la saleté et accoutrée d’une simple chemise de lin ; pas pour le semblant de froid qui s’entêtait sur la peau nue de ses bras, mais plutôt face à l’éventualité de terminer ses jours aussi minablement qu’elle avait mené sa vie. Ça, pour un honorer les termes d’un marché qui concernait ses détracteurs d’aujourd’hui et la matrone qui clamait posséder jusqu’à ses fesses sous prétexte qu’elle l’avait échangée sur le marché contre la plus maigre des bourses. Ceux-là même qui l’avaient conduit ici, elle qui faisait une superbe coupable ; et si elle ne nierait pas sa culpabilité, elle bouillonnait d’être la seule à hanter la prison de Deyja, alors qu’elle n’était finalement qu’un pion parmi bien d’autres. Son voisin de cellule ne prenait plus la peine de dissimuler tout le désir que ses courbes suscitaient en lui. Le type pourrissait ici depuis si longtemps qu’il s’était précipité à leurs barreaux communs comme un chien affamé, les bras tendus, grattant la terre à s’en briser les phalanges dans l’espoir de l’attraper juste assez pour l’attirer dans sa propre cellule et faire une autre victime de ce que l’emprisonnement à Ravenrock provoque. Un joli petit lot comme elle, dans cet endroit lugubre réputé pour contenir la lie de Kozakura, déjà nation de ce qui se faisait de pire. Forcément, on s’intéressait à elle comme à du gibier. Pour éviter ses assauts, puisqu’il n’y avait visiblement rien qui puisse calmer les ardeurs de ce fieffé pervers, Luna s’était donc réfugiée dans le coin opposé de sa cellule, quand bien même ses menottes n’allaient pas si loin et qu’elle devait sacrifier un rien de sa chair à la rouille. Depuis trois jours, elle n’avait ni mangé, ni bu, ni bougé. Elle en était à crever la dalle à un point où on soupçonna que sa peau ne supporterait bientôt plus le poids de ses os, mais la rue avait au moins été une bénédiction en ce sens : elle l’avait habituée à la faim et la soif. Et sans qu’elle l’attende ou l’espère, son éternel sauveur. Elle entendit un grabuge, quelques paroles, et se laissa embarquer comme un chiffon entre des mains de brutes qui lui parurent pourtant bien tendre. Amorphe, ailleurs, Luna resta les yeux fermés et aussi recroquevillée qu’elle le pouvait, cela même dans une étreinte, et pendant ce qui lui sembla une éternité. Elle trouva uniquement la force de s’extirper de cet état second terrible en sentant de nouveau la caresse de l’air sur sa peau, l’éclat furieux d’une lumière pourtant faible à travers ses paupières closes, et le parfum épicé de l’homme qui trouverait toujours un moyen de se rendre important, si pas vital à son existence. Reconnaissant Seren, elle céda immédiatement à une pulsion et resserra son étreinte autour de lui avant d’éclater en sanglots. D’épuisement, pour beaucoup. De la frustration d’avoir terminé si mal, d’avoir aussi mal commencé dans la vie, de n’être qu’elle, et d’en avoir assez de n’être, he bien, pas assez. D’avoir été pigeonnée, de ne pas avoir été attentive et de ne pouvoir compter sur personne ; donc par définition, d’être effroyablement seule. Aussi de constater qu’il surgissait encore de nul part, sans aucun motif, sans aucune obligation. Et surtout… surtout… D’être la plus grande idiote de la création. Après ce qui lui sembla de trop longues minutes à pleurer à chaudes larmes, elle parvint enfin à retrouver un semblant de souffle et de dignité, et quitta son étreinte pour lui rendre cette distance qu’il chérissait tant.   “ Merci, ”  marmonna-t-elle, sans oser un regard dans sa direction. D’être là, et d’avoir pris les les risques qu’il avait pris pour venir la sortir de sa tour ; si risques il y avait, puisqu’après tout, il fallait bien un avantage à être ‘ le neveu ‘. Aussi et surtout, de tolérer sa vue alors qu’elle se doutait qu’il savait à peu près qu’il avait en face de lui, enfin. Pas quelqu’un dont elle était fière, pas quelqu’un dont Selene serait fière, pas quelqu’un qu’il aurait envie de fréquenter.   “ Essaye de pas trop m’juger. ”  Elle faisait comme elle pouvait, avec les maigres ficelles dont la vie l’avait gâtée à la naissance, soit trois fois rien. Elle était tombée bien bas cette fois, certes, mais était déjà déterminée à se refaire et vite.   “ Si c’est pas trop te demander, je préfèrerais qu’on remette toute discussion à plus tard, ”  voire à jamais. Avec le délai d’une nuit, elle aurait amplement le temps de cogiter un semblant de fuite. D’abord parce qu’elle ne se trouverait jamais plus en odeur de sainteté à Deyja, aussi parce qu’elle se sentait incapable de tolérer le jugement de Seren, tout fils de Zeus qu’il était. Elle n’aurait pas le coeur assez accroché pour lui expliquer l’évidence : qu’elle était mal née, qu’ils ne vivaient pas tous enveloppés dans un halo doré, et qu’elle avait survécu au prix d’une vie de petite prostitution et de larcins, mais survécu malgré tout. Elle se douta qu’il n’en resterait pas là, qu’elle se fourvoyait complètement et passait pour une idiote rien qu’à quémander, mais au moins elle avait tenté. Désormais enveloppée par la chaleur habituelle des ruelles de Deyja, et perdue dans son effervescence, Luna retrouva imméditament l’usage de ses jambes. Elle poussa un soupir à s’en fendre l’âme, et pour moquer davantage la leçon qu’elle aurait dû apprendre en prison, déroba une pomme rouge vif si vite entamée sur une étale, un morceau de pain sur une autre et une cape-cache-misère sur un portant. On peut enlever la fille de la rue, mais pas la rue de la fille.
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Alec Warhust
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Alec Warhust
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Après une nuit entière à parcourir vainement les ruelles de Deyja à sa recherche, Seren vit sa quête prendre une tournure inattendue. Il avait interrogé tous ceux qui s’étaient présentés sur son chemin, taverniers, brigands, prostituées, jusque’à ce que son nom n’évoque enfin quelque chose chez l’une de ces dernières. L’imposante femme qu’on lui présenta comme étant la propriétaire du bordel en question le renseigna sans artifices sur ce dont l’une de ses filles avait été accusée récemment. L’échange d’une poignée non négligeable de pièces d’or et son entêtement lui valu de parvenir à retrouver enfin sa trace au petit matin. Shéhérazade ne trouva rien à redire au fils de Zeus lorsque celui-ci s’était présenté à elle dans le but de négocier la libération de la voleuse de rubis. Un crime finalement bien cher payé pour ce que cette pierre représentait aux yeux de ladite reine. Les tristement célèbres geôles de Ravenrock savaient justifier sans peine la réputation qu’on s’employait à leur donner. L’homme détaché par la souveraine de Kozakura pour accompagner son invité jusqu’aux cellules de la prison prenait visiblement un malin plaisir à exposer ses détenus aussi soigneusement que l’aurait fait un collectionneur. Durant le peu de temps où il avait escorté l’archer à travers les sombres couloirs de ce qui s’apparentait à un mouroir, le gardien se plaisait à vanter les crimes de ses condamnés. Une compagnie peu appréciable que le dieu se chargea bien vite de congédier dès qu’on fit sauter les barreaux et les chaînes qui le séparaient de celle qu’il était venu chercher. Luna. Perdu dans une bien triste contemplation, Seren s’avança lentement jusqu’à regagner celle qui se tenait recroquevillée dans un coin de la cellule. Son coeur se serra, tout comme ses lèvres. Sans un mot, il étudia le malheureux portrait qu’elle avait à lui offrir en s’agenouillant à ses côtés, une main tiède posée contre son épaule. A la regarder, il douta qu’elle ait eu la force de remarquer ne serait-ce que sa présence. Ses poignets étaient entaillés portaient encore la mutilation de menottes trop serrées, et son corps  frémissant témoignait de ce que ces quelques jours étaient parvenus à lui faire subir.    Il tendit une main en direction de sa joue mais se ravisa à presque rien de sa peau, jugeant le geste déplacé compte tenu du lieu où ils ne devraient déjà plus se trouver. Ses bras la soulevèrent sans effort et son regard s’attarda avec une tendresse peu commune sur l’image qu’elle renvoyait au creux de son étreinte. Aussi doux et attentionné qu’on puisse l’être dans chacun de ses gestes, l’archer quitta l’enfer de ces geôles pour regagner la lumière de l’extérieur. Le soleil se levait à peine et déchargeait pourtant déjà toute sa chaleur à travers les ruelles de la cité. Sous des mains qui se mirent à resserrer leur étreinte contre lui, Seren senti une nouvelle fois son coeur se soulever. Percuté de plein fouet par ses sanglots, il continua à marcher en se mordant la lèvre pour réprimer péniblement ce que de simples mots ne suffiraient pas à apaiser. Au bout de plusieurs minutes à écouter et endurer ses pleurs, il la laissa finalement se dérober à ses bras sans dire un mot. Le remerciement qu’elle lui adressa le laissa de marbre, mais son entêtement à éviter soigneusement son regard lui fît l’effet d’une flèche en pleine poitrine. Sans surprise, le frêle petit animal qu’elle était aujourd’hui cherchait coûte que coûte à fuir son sauveur. Et pouvait-il l’en blâmer ? Rongée par une honte bien trop évidente pour être cachée, Luna se tenait sur la défensive quand lui se contentait de la détailler en silence. Le regard n’avait rien de froid ou d’hautain. Il dardait sur elle un oeil bien loin de tout jugement mais qui trahissait une méditation qu’il ne tenterait pas de lui masquer. — Je ne te juge pas. Qu’il répondit aussi calmement que d’ordinaire. Les questions viendraient plus tard, ou ne viendraient pas selon. Du peu d’informations qu’il avait été capable de collecter en une poignée d’heures, la vie qu’elle avait mené jusque là était bien loin de tout ce qu’il avait pu imaginer lors de ses visites annuelles. Une telle volonté à survivre forçait l’admiration dans un sens, mais à quel prix. On aurait pu s’attendre à ce qu’un homme tel que lui puisse concéder à ces horribles vérités une pointe de dégout, mais elle ne saurait en trouver aucune. A la place, Seren se positionnait comme un monstre de calme et de compassion. Il lui emboita le pas en ignorant sa requête, attentif aux alentours à la manière d’un garde qui veillerait sur sa reine. Les sens aux aguets mais davantage préoccupé par ses faits et gestes, il échappa deux pièces au marchand qui s’offusqua du crime commis par la voleuse. Une pour la pomme empoignée par Luna, l’autre pour le faire taire en lui concédant un regard lourd de sens. Un soupire lui échappa tandis qu’il cherchait à la rejoindre en se faufilant d’un pas souple à travers la foule. Il se douta qu’elle ferait tout pour lui échapper. Elle essayerait. Un peu trop fermement sans doute, Seren se retrouva à prendre sa main dans la sienne pour l’entraîner à sa suite. Elle avait tort si elle avait caressé l’espoir qu’ils en resteraient là. Ses pas les amenèrent jusque dans l’une des ruelles à l’écart de l’artère principale de Deyja, aux côtés d’une petite fontaine devant laquelle il arrêta sa course pour se retourner vers elle et enfin la confronter. — Luna, regarde-moi. Souffla-t-il plus sèchement qu’il ne l’aurait souhaité. Ses doigts volèrent une caresse innocente à son menton qu’il souleva jusqu’à parvenir à planter ses opales dans les siennes. — Qu’est-ce que tu y vois ? Reprit-il, plus doucement. Son visage pouvait bien être marqué par la fatigue, cela n’enlèverait jamais toute la fascination qu’il éprouvait chaque fois que son regard se posait sur ses traits. — Du dégout ? De la déception ? Du mépris ? Evidement, rien de tout cela. Que la pensée ait pu la traversé ne l’étonnerait pas, mais il tenait au moins à rétablir une première vérité. Un effort pitoyable de sa part de démontrer que l’intérêt à son égard dépassait largement les dires qu’il avait pu entendre à son sujet. — Je ne suis pas venu pour la compagnie de mon oncle ou les marchés de Deyja, tu le sais. Termina-t-il sereinement tout en lui rendant à son tour la distance qu’elle semblait aujourd’hui préférée à sa compagnie. Une de ses mains détacha le foulard qu’il portait au cou pour venir le plonger dans l’eau du bassin avant qu’il ne retourne vers elle. Ses doigts enroulés autour de l’un de ses poignets, il entreprit de nettoyer les blessures infligées à sa peau endolorie. Des gestes bien tendre pour un militaire tel que lui, mais d’une étonnante dextérité. Et puisqu’aucun contact envers elle ne le laissait indifférent, son coeur se chargea de lui rappeler à quel point cette femme-là était loin de l’épargner. La gorge nouée, il se pinça les lèvres sans relever les yeux, un frisson parcourant sa nuque tandis qu’il terminait de panser sa plaie. Des marques qu’elle n’aurait jamais dû porter s’il avait été là. — Tu ne retourneras pas dans ce bordel. L’ordre fût prononcé sans qu’il n’en prenne véritablement conscience. Dur et intransigeant dans le timbre, mais qui contrastait étrangement avec la légèreté de ses gestes. Ces choses-là ne restaient jamais silencieuses bien longtemps, il aurait dû s’en douter. — C’est la seule discussion que nous aurons à ce sujet si tu ne préfères pas en parler.
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Sora Warhust
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“ Vous le faites tous, ” souffla-t-elle, sur le ton du constat. Cela sans trouver la force de le lui reprocher avec davantage de véhémence ; ou de  le lui reprocher tout court. Eux, les hommes. Eux, les riches. Eux, les dieux. Elle était un cafard de la plèbe bonne à être méprisée pour ces gens de la haute, ces divinités qui avaient tout et ne partageaient rien. C'est au moins comme ça qu'elle les percevait après des jours enfermées dans sa cage. Pendant qu'elle crevait de faim dans les cendres, Hades baignait dans le faste d'une vie dorée, alors même qu'il était aussi coupable qu'elle, et de bien pires crimes. Elle avait tort de mettre Seren dans le même sac, et elle se serait giflée si elle avait prêté une once d'attention à la voix qui hurlait en elle ; mais tout bon sens était passé par la fenêtre depuis plusieurs jours.  La honte. Voilà tout ce que ses propre larmoiements lui inspirait. Ça, et le simple fait d'avoir été découverte et secourue par la dernière personne qu'elle aurait voulu avoir pour témoin de ce qu'elle considérait comme son plus bas. Tentant de rassembler les quelques pièces de dignité qu'elle parvenait à trouver dans le sable, Luna se racla la gorge et tenta de faire croire qu'elle allait bien en levant la tête malgré les marques visibles sur ses joues. En braquant les épaules sous l'étoffe minable qui l'habillait et en décrétant pour elle-même que Deyja ne l'avait pas mise à terre. Pas à cette fois,  pas comme ça. Elle donna à croire, à Seren et aux autres, qu'elle était toujours la même, revendiquait cette même place de pauvre prestige des rues qu'elle avait occupée contre son gré toute sa vie durant et dont personne ne voudrait, simplement parce qu'elle ne connaissait que ça et craignait qu'on puisse lui offrir pire. Mieux, n'était jamais une option à Kozakura. Surtout pas pour la vermine de son genre. Naïve, elle ne l'était pourtant pas. Elle savait parfaitement qu'on ne l'accueillerait plus à bras ouverts de crainte de froisser la reine. Elle était finie, sans foyer. Le réseau s'apprêtait à la recracher, si ce n'était pas déjà fait. Mais parce que Seren s'obstinait dans ses traces et qu'elle ne désirait rien de plus que de lui jeter une illusion d'amour-propre à la figure, elle fit semblant de reprendre le fil de sa vie comme si de rien n'était. Une pomme qui n'aura jamais aussi délicieuse dans une main, une capuche sur la tête, et ses pieds nus dans le sable, elle envisagea une tentative folle de le semer dans le semblant de foule qui se pressait sur le marché des épices. Comme s'il lisait dans ses pensées, sa poigne l'emporta dans une impasse inhabitée avant qu'elle ne trouve un subterfuge valable et parvienne à déguerpir, et elle échappa un grognement de frustration pour lui répondre. Elle refusa obstinément de lever le regard vers lui, et même s'il abusait de ses caresses pour lui arracher une partie, si pas toute son attention, elle se pinça les lèvres avant de fermer les paupières. De la fascination tout sauf innocente pour la pauvre conne qui se trimballe la figure de ta défunte femme. Elle s'imagina au moins le dire, mais dieu merci, les mots ne trouvèrent pas le chemin vers la sortie. Alors elle se contenta d'ouvrir les yeux et de le défier d'y lire tout ce qu'elle ne lui faisait pas l'honneur de dire. Le coeur aussi serré que les lèvres, elle le regarda aussi s'éloigner, comme la girouette qu'il était. Un pas en avant, trois en arrière. Elle éructa d'un grognement, pour manifester sa frustration de tout. L'irritation qu'elle ressentait de lui être entièrement soumise, de n'être qu'un objet de pacotille, tant dans son regard que dans ceux du monde. De devoir subir de nouveau les désirs brûlants qui accompagnaient des souvenirs qui ne lui appartenaient pas, qu'il lui manque alors qu'il se trouvait juste-là et par-dessus tout, qu'elle ait honte de son propre reflet dans son regard. “ Tu veux quoi, au juste ? ”  répliqua-t-elle, plus véhémente qu'elle n'aurait dû. Luna ne savait rien cacher. Ni son adoration, ni sa frustration, rien. Elle était un livre ouvert dont on ignorait les mots par manque d'intérêt, mais sur lequel on s'attardait éventuellement pour les dessins. Un livre pour les enfants et les incultes, dont on ne voyait que l'aspect, mais pas le fond. Et parce qu'on ne voulait rien savoir d'elle, elle avait appris à tout dire d'elle-même, quand bien même cette vilaine habitude tendait à perdre de son panache devant Seren. Il avait été plutôt clair dans ses intentions, et pourtant si nébuleux. Elle n'était pas celle qu'il voulait, mais l'hésitation l'avait visiblement poussé à revenir, sans peut-être se rendre compte qu'elle n'était pas dépourvue de sentiments et que ceux-ci étaient au moins aussi légitime que ceux de sa vie antérieur. Et s'il voulait un tour de piste avec l'esclave, parce qu'à terme c'est ce qu'ils voulaient tous, Luna n'était pas décidée. Pas lorsqu'il se tenait au loin, avec une émotion dans les yeux qu'elle se butait à croire qu'il s'agissait d'un rien de dégout. Elle voyait ce qu'elle avait envie de voir, et paradoxalement ce qu'elle ne voulait pas voir. Fatiguée d'avoir été emprisonnée, peut-être ? Elle s'étouffa à la mention du fameux bordel, brisée de trouver ce mot dans sa bouche. Perdue dans son marasme incompréhensible, entre épuisement et humiliation, Luna se laissa gagner à la gorge par des sanglots qu'elle parvint cette fois-ci à garder pour elle. C'est seulement en lui jetant enfin un coup d'oeil bouleversé qu'elle remarqua qu'il s'occupait d'elle. Si c'aurait dû être un motif suffisant pour céder et profiter du peu d'attention qu'il concédait à la moins que rien qu'elle était, elle lui refusa cependant des soins pourtant nécessaires en lui reprenant ses poignets. Lunatique, Luna, et était-ce bien surprenant ? “ Ça te regarde ?  ” Elle finirait par y retourner, dans son bordel. Si pas, pour aller où ? Avec qui ? Lui ? Elle douta même qu'il l'envisageait dans sa vie. Dans son paysage, quelques fois toutes les trois lunes, peut-être, mais tous les jours ? Elle n'était pas  naïve et rêveuse à ce point.   “ Je fais ce que je veux.  ”  Ce qu'elle pouvait, avec ce qu'elle avait, surtout. Comme toujours, elle ferait avec les moyens du bord, soit trois fois rien. Encore moins que ce qu'elle avait eu jusque-là, ce qui l'enverrait à faire la manche dans la rue, peut-être. Et elle ne voulait pas d'un bienfaiteur pour l'en sortir et à moins que Seren ne l'achète à Aika, ce qu'elle refusait catégoriquement d'envisager, le bienfaiteur n'irait jamais bien loin avec elle, tout dieu qu'il était. Encore que... ne jamais sous-estimer la crainte que suscite un fils de dieu dans le coeur du petit peuple. “ Crois pas, j'suis quand même reconnaissante pour ce que t'as fait, mais je veux pas de ta pitié.  ” Le ton était plus doux, mais pas totalement serein non plus. Elle se frotta un poignet avec la main opposée afin d'y chasser les quelques gouttes de sang sec et d'eau qui y trainaient encore.   “ C'est pas si pire.  ” Sauf que ça l'était. Ça n'irait qu'en empirant, mais c'était tout ce qu'elle avait toujours connu, et elle était incapable d'envisager une autre alternative. L'imagination, c'est le droit des enfants, l''ambition appartient aux riches, et elle n'était ni l'un, ni l'autre.   “ Merci, encore. T'en fais pas, j'vais m'débrouiller. Je m'en suis sortie jusque-là.  ” Pour preuve, la prison. Se rendait-elle au moins compte du ridicule de ses déclarations ? De combien sa pseudo-fierté était mal placée, mal venue ? Surtout lorsqu'on savait qu'elle s'était littéralement jetée à ses pieds et à son cou la première fois qu'ils s'étaient retrouvé. Elle fit un pas en arrière, prête à rejoindre la grande artère, mais pas avant de lui laisser de quoi apaiser une inquiétude.   “ Puis j'ai une bonne étoile qui saura me guider.  ” Enfin, elle tenta de lui offrir un sourire, triste, décharné, mais peint d'une faible lueur de tendresse amenée par la référence toute lunaire. Selene prendrait soin d'elle, comme elle prenait soin de ses souvenirs, et des émotions qui l'habitaient. Parfois elle s'armait de courage et osait les contempler, les laissait l'envahir, et y retrouvait ainsi un amour brûlant, qui ne lui appartenait pas ; mais quand même un peu. À le regarder essayer de lui venir en aide, elle réalisa combien il se trompait. Voyait en elle sa femme, alors qu'elle était, et serait toujours, Luna l'esclave, la fille de joie, la voleuse, et désormais, la prisonnière.
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Alec Warhust
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Sans grande surprise, l’oiseau sauvage qui se tenait devant lui se chargea de repousser soigneusement la main qu’il lui tendait. Contrairement à leurs précédentes rencontres, Luna s’appliquait à fuir son regard quand aujourd’hui il ne demandait qu’à s’y réfugier. Une bien triste constatation qui l’ébranla bien plus qu’il ne l’aurait cru. Elle lui avait offert le portrait d’une femme mystérieuse sans jamais s’attarder sur les détails qui composaient sa vie, seulement ceux qu’elle jugeait dignes d’être entendus. Et voilà que le simple fait d’avoir été secourue bouleversait les fondations de ce que l’on pouvait encore difficilement qualifier de relation entre un dieu et une mortelle. Ils n’étaient rien, si pas un couple, chacun portant en son sein un coeur prédestiné à appartenir à l’autre. En cela reposait au moins une certitude que les deux partageaient sans l’avoir pleinement acceptée. Rien ne serait simple, jamais. Là encore, une nouvelle barrière venait de se dresser entre eux tel un rempart. Il pouvait lire sans peine toute l’irritation mêlée à la honte qu’elle éprouvait mais qu’elle ne formulerait pas. A l’opposé de Selene, Luna était un livre d’émotions ouvert dont il se régalait de la lecture malgré la douleur d’assister à ce panel d’émotions qui paraissait l’étreindre. Devoir subir le jugement d’un autre la hantait visiblement au point de ne pas vouloir l’affronter, ce qui eu au moins le mérite de ne pas laisser le concerné indifférent. Il aurait voulu lui dire une nouvelle fois qu’elle se trompait, qu’il ne portait aucun jugement, mais se mordit la langue pour s’en empêcher. Ce n’était pas ce qu’elle souhaitait entendre, et elle saurait lui reprocher son insistance à ce sujet. La question qu’elle lui posa su toutefois lui arracher un léger soupire. Si elle ne lui cachait aucunement son amertume, Seren au contraire s’acharnait à demeurer d’un calme olympien. — Toi. Qu’il siffla comme s’il s’agissait d’une évidence. Kozakura ne voyait presque jamais ce fils de Zeus fouler ses dunes de sable sauf étrangement depuis quelques semaines. La faute à cette obsession toute vivante et faite de chair qui se tenait devant lui. Il aurait voulu s’emparer d’elle, la prendre dans l’étau ferme de ses bras pour lui faire comprendre qu’elle était bien plus importante à ses yeux que ce qu’elle s’évertuait à vouloir lui cacher. Mais il n’en fit rien, la laissa reprendre la parole avec toute la véhémence dont elle était capable. Sans se défaire de sa constance, l’archer observa sans sourciller, sans bouger, mais en essayant de distinguer tout ce qu’elle parvenait à lui renvoyer comme image. — Pas exactement. Il manqua de lui couper la parole en répondant à une affirmation qu’il ne soutenait pas entièrement. Non, elle ne ferait pas tout ce qu’elle voulait. — Pas depuis que tu m’as demandé de rester. Ça me regarde désormais, que tu le veuilles ou non. Le ton pouvait paraître rude mais ne l’était pas tant. La fermeté de ses mots ne laissait cependant aucune place à une réponse de sa part qui n’irait pas dans ce sens. Seren était réputé pour être un homme bon et juste, mais il était aussi et surtout guidé par l’expérience que la vie avait pu lui offrir. Non, il n’était pas fâché de cette moitié de mensonge qu’elle avait désespérément tenté de lui cacher. De là à pouvoir dire qu’il n’était pas impacté par les révélations qu’il avait pu apprendre à son sujet, s’agissait ici d’un autre débat. Perdu dans ses songes sans pour autant la quitter des yeux, il écouta ce qu’elle avait à dire en baissant légèrement le visage. — Et toi, tu peux me dire ce que tu veux exactement ? Il rumina intérieurement de la voir reprendre sa main lorsqu’il s’appliquait à en panser la blessure. Ce caractère l’aurait probablement amusé si le contexte avait été différent. Cette fois-ci, c’est elle qui se protégeait de sa présence quand il n’y avait absolument rien à craindre. — Tu veux qu’on apprenne à se connaître, et pourtant tu t’obstines à ne pas vouloir me montrer qui tu es vraiment. Pourquoi ? Il était conscient d’aborder le point sensible d’une conversation qu’elle se tuerait à vouloir fuir. C’est pour cette raison qu’il insista en reprenant doucement son poignet pour l’empêcher de partir. Ses opales cherchèrent les siennes un instant jusqu’à les trouver. — Je ne suis pas un de ces hommes Luna, et tu le sais très bien. Il évoquait ici ouvertement les clients qui avaient pu être les siens par le passé, ou toute personne qui aurait abusé d’elle de n’importe quelle autre manière. Pour qu’elle ne soit pas tentée à lui fausser une nouvelle fois compagnie, Seren se glissa entre elle et la rue qui regagnait l’artère principale de Deyja. Incapable de se tenir dans son sillage sans la toucher, il laissa ses doigts quitter son poignet pour longer son bras, puis son épaule, et terminer sa course contre sa joue. Il resta un moment silencieux, méditant sur ce qu’elle était en la déshabillant d’un oeil tout sauf dégoûté. Une fille de joie. Une voleuse. Une esclave. Bien loin de la réincarnation de la déesse qu’il avait vu en elle la première fois. Sauf qu’il n’y avait pas que ces éléments qui entraient en considération. La vérité lui explosait encore une fois en plein visage : elle n’était pas Selene, ne le serait jamais, et avait pris soin de l’avertir lors de leur rencontre. Peut-être aurait-ce dû être suffisant pour le repousser, mais ça ne l’était pas. Elle était beaucoup plus. — Tu es rusée, et tu es forte. Tu peux être douce, mais aussi ferme. Drôle. Indisciplinée. Belle. Spontanée. Têtue. Il s’était approché, énonçant ses qualités en avançant chaque fois d’un pas supplémentaire vers elle. Son buste collé à sa poitrine, il la fit reculer jusqu’à la fontaine sans se défaire de son regard qui la provoquait ouvertement. — Fascinante. Fût le dernier adjectif qu’il prononça dans un soupire résigné, sa main abandonnant une ultime caresse contre sa joue avant de retomber le long de son corps. Cette proximité-là lui était devenue nécessaire, si pas vitale. — C’est cette femme-là que tu m’as présentée et qui m’obsède depuis. Ça n’a rien à voir avec elle. Selene. Pour preuve, le voici devant elle quand tout aurait pu le pousser à partir une fois sa mission terminée. Il se mordit les lèvres pour ne pas répondre d’une réplique amère à ses ambitions de pouvoir s’en sortir seule. Lui avouer qu’elle était absolument ridicule à vouloir se satisfaire d’une telle vie sans même essayer d’en obtenir une autre. Rien n’était pire que de pouvoir imaginer les regards lubriques d’hommes et de femmes affamés entrain de se régaler de son corps. Un brin de jalousie ? Etonnant de la part de celui qui en avait oublié la torture depuis des années si pas des siècles. Pour la première fois, son visage se para d’un voile d’amertume et ses yeux prirent la sombre teinte d’une pointe de colère. — Tu vaux beaucoup plus que cette vie. Je refuse que quelqu’un puisse à nouveau t’ordonner ce que tu as à faire, devant qui tu dois te déshabiller, qui tu dois voler. Ce fût à son tour de prononcer ses mots avec véhémence, le visage penché vers elle. Trop proche pour quelqu’un qui aurait dû la sermonner. Encore une fois, ce qu’il éprouvait à son égard était d’une consternante complexité. Le regard en proie à une profonde fureur qu’il avait appris à contenir, et le coeur savourant une proximité qu’il avait lui-même imposée et à laquelle il aurait dû se dérober. C’est elle qui avait initié leur approche le premier jour, lui qui avait tout fait pour la combattre. Aujourd’hui, les rôles avaient été tristement inversés. La différence, c’est qu’il était bien plus faible qu’elle. — Laisse-moi t’aider. Remplaça le " laisse-moi t’aimer " qu’il aurait dû prononcer. Ce n’était pas une question. Sur une note plus douce mais qu’elle saurait appréhender comme imposée, Seren se recula légèrement sans pour autant faire un pas en arrière. Elle lui échapperait, et il en était hors-de-question. Luna avait eu la délicatesse l’autre soir de respecter ses doutes et son libre arbitre, mais à voir le comportement qu’il abordait aujourd’hui, le dieu n’aurait pas tout à fait la même clémence qu'elle à son égard.
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Sora Warhust
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Se trouvait bien un trou creusé et son nom sur une croix grotesque plantée quelque part, où elle pourrait établir son domicile éternel et s'épargner la honte d'être une prostituée sous les yeux de l'illustre Seren. Son coeur aurait voulu pleurer davantage, mais elle avait trop de cette fierté presque maladive pour ne serait-ce que baisser les armes. Elle l'avait pourtant voulu dans son périmètre, autant qu'il l'aurait permis, mais aujourd'hui elle se refusait à la moindre tentative de capter un regard, frôler à la peau, et se serait tirée par toutes petites impasses qu'elle était seule à connaitre, s'il n'était pas parvenu à l'agripper au coeur. Le mot était simple, mais le sens qui l'accompagnait provoqua une déferlante. Le palpitant dans sa poigne, elle se retourna sur lui, interdite, stupéfaite, un rien scandalisée, complètement et irrévocablement séduite. Les bras ballants le long de ses hanches, elle haussa les épaules, faute de trouver les mots appropriés, puis se mordit la lèvre. Dire qu'elle était ébranlée aurait été sous-estimer son état. Tout ça allait bien au-delà de ce qui était décent d'envisager, et elle se demanda s'il réalisait la portée de ce qu'il venait de dire. Car s'il en voulait, il n'avait qu'à la prendre. Là, comme ça, tout de suite. Arrêter de tergiverser, de tourner autour comme un lion. Ce n'était pas si simple, mais pendant au moins les quelques secondes où elle se laissa envouter par la perspective d'être sienne, tout devint possible. “ Là, comme ça. Aussi simplement, sans détour, ni pression, ni —  ” Elle échappa un long soupir, sans le quitter du regard. “ Tu –” T'es fatiguant. Tout ça, tes désirs lunatiques, tes intentions au compte-gouttes, tes interventions à l'envie. Les souvenirs qui m'obnubilent, les envies et besoins qui vont avec, mais ne m'appartiennent pas tant que ça, mais quand même un peu. Tout ce foutu bordel. C'est fatiguant. Plutôt que de le dire, elle plissa les lèvres. Un air vaguement furieux sur un visage qu'elle avait de charmant. Elle était intimement convaincue qu'il désirait Selene et ne parvenait pas à se défaire de l'attachement à un simple visage. Elle regrettait seulement de le comprendre, d'être incapable de le lui reprocher . “ C'est pas moi que tu veux, et tu le sais très bien. T'as pas le droit de jouer comme ça. ” Elle aurait voulu s'arracher la langue et les lèvres de le dire, mais même si ce n'était pas tout à fait vrai, elle n'avait pas totalement tort non plus.  Au moins elle était honnête avec elle-même, et avec lui, et ne jouait pas de son changement de coeur soudain pour se l'approprier injustement. L'effort ne durerait pas, surtout pas s'il insistait, mais au moins elle dormirait avec une moitié de conscience tranquille, et ce serait bien suffisant pour le moment.   “ Non, non. Je t'ai demandé de rester, et t' es parti. J'suis pas à ton service, que tu le veuilles ou non. ”  rétorqua-t-elle, ignorant librement et superbement l'espèce de fermeté qu'il mettait dans ses mots. Il n'y avait bien qu'elle pour détourner la volonté d'un dieu, et surtout celui qu'on prétendait être le plus imperturbable entre tous. Quel caractère. En gros elle s'affirmait en étant une trainée, certes, mais pas la sienne. Celle de bien d'autres, peut-être, pour une somme d'argent considérable et une partie de son amour-propre, mais pas la sienne. Ah! Le privilège de cette intimité toute sentimentale et d'avoir gagné son coeur sans le vouloir. Elle se donnait à surface à d'autres, mais il n'avait droit qu'à ses névroses, ses humeurs changeantes, et ses je t'aime, moi non plus. Quant à ce qu'elle voulait, ça n'avait aucune espèce d'importance ; et elle n'était de toute façon pas certaine elle-même. “ Parce que tu serais inévitablement déçu, ” pour ne pas dire complètement révulsé. Parfois, elle aurait préféré ne pas savoir, et continuer à n'être que la fille du bordel plutôt que d'être hantée et happée de la sorte par une histoire vieille de plusieurs centaine d'années. Demeurer naïve de toute la poésie qui se tramait dans son dos, dans ses courbes, et l'étouffer dans une ignorance regrettable. “ J'ai dis que je voulais apprendre à te connaitre, j'ai jamais dis que tu devrais me connaitre en retour. ” N'importe quoi. Voilà les paroles idiotes de quelqu'un qui ne sait ni quoi dire, ni où aller, et qui n'a plus aucun argument valable, mais seulement la volonté de se protéger. Mais se protéger de quoi ? De sa beauté toute celeste ? Du regard intéressé qui laisse à présumer qu'il n'aimerait que la dévorer, de ses doigts qui glissent sur elle comme du satin sur sa peau,  et des compliments qu'il donne sans se forcer ? “ Arrête,” souffle-t-elle, ses deux billes sombres rivées sur les lèvres qui échappent de bien flatteuses vérités. Ses lèvres s'avancèrent d'un rien vers les siennes, puis elle se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas lui céder si facilement, et comprit qu'il se livrait le même combat lorsque sa main quitta sa joue.  Encore un élan d'affection donnant naissance à un baiser mort-né, sacrifié sur l'autel d'une retenue dont ils n'étaient pourtant pas adepte. “ Peut-être que je vaux pas mieux que cette vie, ” souffla-t-elle, résignée. Encore une fois, elle n'était pas Selene, et sa voie était pavée d'épreuves qu'elle avait enduré, et qui avait fait d'elle une femme de pêchés. Par la force des choses, peut-être, mais malgré tout. Regrettable qu'elle soit si mal née, mais elle n'aurait de toute façon nulle part où aller,  aucun avenir, puisque c'est ainsi que ça fonctionne à Kozakura. Et avec qui, de toute façon ? Lui qui changeait d'avis tous les matins et finirait tôt ou tard par utiliser contre elle l'argument qu'elle n'était pas celle pour qui son coeur battait férocement ? Même elle ne s'affligerait pas ça. Tout le moins, elle n'aurait pas dû ne serait-ce que le vouloir. Pourtant elle ne demandait rien plus, la faute à une proximité qu'elle subissait à moitié et dont elle se délectait en même temps. “ Tout ce que j'entends c'est que tu voudrais à ton tour décider de ce que je devrais faire, ou de devant qui je devrais me déshabiller. ” À la naissance de ses lèvres, pile à la commissure, un rictus. De ceux qui augurent une envie de débauchée. Elle ne lui fit pas l'honneur de quitter ses lèvres du regard, et provoqua même davantage en glissant une main sur son bras en une caresse aérienne. Il s'y déroba et provoqua son regret. Sa main retomba à son tour contre sa hanche, et son dos quitta le mur pour preuve qu'elle s'en allait, mais ses yeux se plantèrent dans les siens pour une énième et dernière provocation ouverte. “ Avoue que tu as plus besoin de m'aider que moi de ton aide, ”  L'art de se de voiler la face, selon Luna. Peut-être étaient-ils finalement là pour s'aider l'un l'autre. Il n'y avait après tout pas que les problèmes d'argents et de fréquentations dans la vie, et elle se douta que Seren en avait un, de problème, qui battait péniblement, voire pas du tout, depuis 300 longues années dans l'écrin de sa poitrine.
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Ses lèvres auraient voulu prononcer ce que son coeur lui hurlait au creux de la poitrine, mais son visage demeurait pourtant impassible et lui terriblement muet. Les années lui avaient appris à taire ses émotions, ou si pas à les ignorer au moins à ne pas se laisser dépasser par ce dont ils étaient capables. Certains pourraient considérer cela comme une fierté parfaitement apprivoisée, alors qu’il ne s’agissait en réalité que d’un moyen de défense comme un autre. Il portait encore à ce jour les séquelles du deuil de Selene mais avait désormais fait de son amour une force bien plus qu’une faiblesse. Il avait souffert pour pouvoir être capable d’aimer à nouveau, et voilà que la providence venait déposer sur son chemin le portrait craché de sa déesse. S’il avait été ébranlé bien plus qu’il ne l’aurait cru de cette rencontre, Seren sous-estimait encore grandement le rôle que Luna aurait à jouer dans sa vie. Tout cela allait bien au-delà de ce qu’il était capable d’imaginer. Faute de pouvoir faire semblant, il ne la quittait pas des yeux mais observait avec une fascination mal contenue la moindre de ses réactions. N’importe quoi que ses mots pourraient éveiller chez elle. Cette femme l’obsédait. Pas pour son physique, seulement, mais pour tout le reste. Ce caractère qu’elle lui présentait sans filtre. Cette provocation dans le regard qu’elle ne cessait de lui adresser. Ces détails d’une vie qu’elle s’employait à lui cacher. Luna rayonnait d’une aura mystérieuse dont elle-seule avait le secret. Rien n’était simple, rien ne le serait jamais, et tous leurs désirs semblaient irrévocablement vouloir trouver le même chemin sans pour autant parvenir à se rejoindre. Il aurait voulu s’arracher les yeux ou au moins qu’on le prive de son acuité visuelle de l’observer comme il le faisait en cet instant. Sa maxime lui fit pencher la tête sur un côté, peiné qu’elle puisse encore penser ça de lui. — Je ne joue pas.  Qu’il s’entendit répondre dans un soupire, las de devoir se justifier pour ce qu’elle avait autrefois attendu de sa part. Seren fût bien des choses au cours sa longue existence, mais jamais un immortel à profiter aussi sournoisement de la gente féminine. Durant des siècles bien sûr, il avait tenté de se soustraire de sa solitude en partageant ses draps aux côtés d’autres femmes. Certains trouveraient même révulsant qu’un homme puisse avoir obtenu autant de conquêtes sans jamais pouvoir affirmer être de nouveau tombé amoureux. Il en avait apprécié chaque compagnie bien sûr, mais aucune ne fût l’égale de la sulfureuse déesse qui empoignait encore fermement son palpitant… Ça, jusque’à ce que la fille de joie ne pose un jour son regard sur lui. — Je sais, mais je suis là aujourd’hui. Tu aurais préféré que je disparaisse pour de bon ? Oui, il était parti après avoir passé quelques jours seulement en sa compagnie. La vérité, c’est que pour cet éternel que d’ordinaire rien ne saurait effrayer, Seren s’était retrouvé confronté à une étrange appréhension. Un sentiment de crainte inédit qui l’avait poussé à préférer la fuite plutôt que le combat. Il regrettait qu’elle ne puisse le comprendre, mais réalisa soudainement qu’en plus d’en ignorer la cause, il était incapable de lui en avouer l’existence. Ses réponses étaient partielles, bien loin sans doute de réussir à convaincre celle qui ne demandait qu’à l’être. Pour toute soumission, l’archer poussa un soupire en se mordant l’intérieur de la joue. Il s’était toujours appliqué à ne rien dévoiler de ce qu’il pouvait ressentir à qui que ce soit, mais cette barrière tendait à se fragiliser sous la proximité brûlante infligée par sa muse. Ce fils de Zeus, terrassé par les beaux yeux d’une curieuse étrangère. Son coeur se serra à l’entendre affirmer qu’il serait déçu d’en apprendre davantage sur elle, mais il n’en montra rien. Une lueur de défi dans le regard, il prit soin de relever une nouvelle fois son menton du bout des doigts afin qu’elle puisse profiter de sa détermination. — Prends le risque alors. Tu ne me connaissais pas il y a encore quelques semaines, qu’est-ce que tu peux avoir à perdre en te confrontant à moi ?  Souffla-t-il calmement sur sa commissure. Il n’était pas naïf au point de croire qu’elle lui céderait aussi simplement, mais il espérait au moins qu’à son tour, elle prendrait le risque. — C’est un problème qu’il va falloir résoudre bien rapidement, parce que je n’ai pas l’intention de partir avant d’avoir obtenu certaines réponses. Encore une fois, ses propos ne laissaient place à aucune négociation. Etrange comme il parvenait à paraître à la fois doux et ferme dans sa façon de prononcer ses mots. Cela étant, elle continuait à le repousser, faisant naître en lui une étonnante et à la fois délicieuse frustration. — Toi arrête, et écoute. Qu’il rétorqua d’emblée en lui soufflant son ordre au visage. — Tu es libre de faire ce que tu veux, je ne déciderai pas pour toi. Je n’ai pas payé pour être ton client et je ne compte pas t’acheter pour faire de toi ma propriété. Mais ne vas pas me faire croire que tu t’épanouis en servant d’esclave ou de prostituée pour des hommes qui ne prendront même pas la peine de te demander ton nom ou de te regarder. Ses dires furent ponctués par un soupire résigné avant qu’il ne se pince furieusement les lèvres en baissant le visage. Le simple fait d’y songer suffisait à provoquer en lui une espèce de rage qu’il peinait à ne pas lui livrer. De quel droit pourrait-il se permettre de le faire après-tout. Pourtant, il ne demandait qu’à l’arracher à cet enfer de débauche. — Tu n’es pas qu’un visage familier pour moi Luna, tu es beaucoup plus que ça. Regarde-toi. Chaque  mot que j’ai pu prononcer est vrai, tu n’as rien à voir avec elle. Et ça ne veut pas dire que je suis déçu de ce qui se trouve sous mes yeux. Au contraire.  Lorsqu’il retrouva le courage de lever les yeux vers elle, ce fût d’abord pour les poser sur la main qu’elle avait guidé jusqu’à son bras avant de retrouver le chemin de son visage. Un frisson lui parcouru l’échine par automatisme. Ses efforts pour ignorer le fait qu’elle fixait ses propres lèvres avec avidité furent bien vains. La faute à cette proximité maladive dont il se régalait chaque fois qu’elle lui en offrait l’opportunité. L’hypnose était totale, et encore une fois, le charme faisait son oeuvre sur ce coeur qui martelait furieusement sa poitrine. Et lorsqu’elle décida de sa dérober à lui, sa main eut le réflexe qu’il ne se serait jamais permis d’avoir. Ses doigts enroulés autour de son bras, il ne l’empêcha pas seulement de s’éloigner, mais la priva de son libre arbitre en l’attirant une nouvelle fois près de lui. — Reste. Qu’il glissa entre deux souffles, fixant ce même regard avide qu’elle avait eu à son égard lors de leur rencontre. Son buste avait retrouvé sa poitrine dans une étreinte involontaire, ou au moins le prétendrait-il. — Tu dois te reposer. Laisse-moi prendre soin de toi, au moins jusqu’à ce que tu sois remise. Et si tu décides de partir après, je ne chercherai pas à t’en empêcher.  Le ton était plus doux, sans pour autant paraître plus serein. Son regard refusait de quitter le sien, et il regretta d’être devenu aussi faible et impuissant devant elle. Il aurait pu lui concéder la paix qu’elle semblait désirer, mais était cruellement incapable de desserrer son emprise sur elle. L’effort était vain, tout comme celui d’échapper au pouvoir envoutant qu’avaient ses lippes sur ses yeux qui ne fixaient plus qu’elles désormais. Luna avait cette capacité déroutante de savoir attirer son attention autant qu’elle savait attiser son désir. — Je n’ai rien promis en revanche sur le fait d’arrêter de désirer ta présence.  Reprit-il dans une confession, sa bouche effleurant la sienne et ses mains glissant de ses bras à ses épaules pour gagner son visage. Le plaisir de savourer cette douce torture qu’il leur infligeait le fit frémir. La caresse de leurs lèvres pourtant ne lui permis pas de le contenter cette fois-ci, et c’est bien en scellant enfin leur baiser qu’il essaya d’y trouver cette satisfaction tant espérée. Une embrassade bien trop pure et bien trop courte pour tout ce que son corps réclamait après avoir gouté à un tel contact. Avec la promesse d’y revenir, il s’éloigna à peine après quelques secondes à s’en délecter. La faim dans le regard et le coeur frappant une série de battements désordonnés dans sa poitrine, Seren étouffa un soupire en se mordant la joue. Ce ne serait jamais assez. Mais la lucidité n’avait plus ici sa place. Des yeux lubriques, un sang devenu lave au creux de ses veines, et le souffle court, le dieu laissa à sa muse le plaisir de voir ses remparts s’effondrer les uns après les autres. Ça, jusqu’à ce que dans une plainte étouffée il ne vienne s’emparer une nouvelle fois de sa bouche dans un baiser bien plus fiévreux que le précédent. Un qui saurait lui donner une vague idée de ce qu’il était incapable de dire à voix haute. Un qui savait parfaitement retranscrire la soif, le désir et l’envie qu’il éprouvait à son égard. Un qui, comme tout le reste, viendrait avec son lot de complications avant d’être balayés par d’autres.
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Ah! Il ne jouait pas. Alors quoi ? Elle réalisa combien, au-delà d'être incapables de se choisir une voie à emprunter, ils étaient vibrant de sincérité. Si elle aurait pu douter de celle de Seren ou s'en confectionner une qui irait dans le sens du prince à son coeur, un instinct qu'elle avait d'aiguisé lui murmurait qu'il jouait sur un terrain de pure authenticité. Incapable de déterminer de ce qu'il fallait ou de ce qu'elle voulait faire de cette sincérité, elle hésita sur une réponse ou une autre, et décida pour elle-même de ne rien répondre à part d'un regard armé d'un tas d'émotions, souvent contradictoire, pour la plupart palpables aussi dans le reste de son corps et dans le moindre de ses gestes. De l'hostilité au désir, de la défiance à la convoitise, de l'insolence à l'intrigue. Dans sa contemplation, elle contourna passablement une pulsion qui l'aurait conduite dans ses bras, pendue à ses lèvres. Elle envisagea de se soustraire à cette discussion en le distrayant de la pire, et à la fois la meilleure, façon possible. En se délestant de la seule pièce qui dissimulait encore ses courbes de son regard, ses lèvres contre les siennes, ses mains couvrant sa peau comme une couverture. Puis elle revient à la décence et perdit le fil de ses désir en prenant une claque de réalité dans la figure. Il se trouvait certes à ses côtés, mais l'avoir à sa portée ne suffisait plus et ne suffirait jamais ; et pour combien de temps serait-il encore là ? Avant que l'humanité ne l'appelle de nouveau et qu'elle se retrouve seule dans ces rues ingrates ? Elle darda sur lui un regard de précaution, d'envie et de déception mêlées. “ Tu fais bien ce que tu veux, t'es un grand garçon, ” fit-elle, le ton bas et toute en désinvolture. Un grand et beau garçon de plus de trois cent ans, capable de faire des choix cohérents pour lui-même et de le faire aux dépends d'autres ; d'elle. La provocation cherchait lui faire dire le contraire. Tout comme elle ne faisait pas ce qu'elle voulait maintenant qu'ils se connaissaient, Seren devait avouer qu'il dépendait aussi d'elle. Le besoin égoïste de l'entendre le dire lui assurerait qu'il n'était plus à Selene, mais au moins en partie à elle. Pour donner plus de solidité à son envie d'égotiste, elle se détourna de lui et tenta vaguement de s'en aller. Une vraie femme qui a besoin d'être voulue, cherchée, chassée. Le coeur n'était pourtant pas la fuite, quand bien même il ne se tournait pas le moins du monde vers une conversation qu'elle ne voulait pas avoir. “ Le peu que j'ai, à savoir un semblant de dignité, ” rétorqua-t-elle doucement, puis en haussant les épaules. Même si ça n'avait pas la moindre importance, et qu'elle se fourvoyait violemment après ce qu'elle venait de traverser et les conséquences que ça engendrerait, il lui restait encore son port vaguement altier et l'idée qu'elle puisse être toujours capable. Si pas de beaucoup, au moins d'un rien. Peut-être était-ce là tout ce qui la séparait de lui. Un rien, mais déjà trop de dignité. Sinon elle lui aurait succombé. Aurait confessé tous ses travers, donné tous ses défauts et ses regrets, montré une facette fragilisée d'elle que l'adversité des rues l'avait obligée à déguiser. Par habitude cependant, elle fit de sa pseudo-fierté son seul trésor, sa possession la plus précieuse, et tant pis pour le reste. Luna n'était rien si une succession de mauvais choix et d'erreurs grossières. Les lèves pincées, elle avala le moindre de ses mots, certains les accueillants avec une délectation un rien malsaine, d'autres le coeur chargée d'un semblant d'aigreur. Tout un paradoxe, mais était-ce bien surprenant de sa part ? Elle se foutait bien de ces gars qui payaient pour avoir droit à ses courbes. Elle refusait de mourir sous leurs regards ou qu'ils aient en leur possession une information aussi dérisoire, et pourtant hautement capitale, que son prénom. Seren ne comprenait pas. Il ne voyait décemment pas voir la situation sous son angle parce qu'ils venaient d'une partie du monde qu'elle ne pouvait qu'imaginer et envier ; là où tout est donné, pas simple certes, mais où les problèmes n'étaient pas les mêmes. Elle se pinça les lèvres pour ne pas le repousser et hurler qu'il ne comprendrait jamais ; personne ne pourrait, à moins d'avoir fréquenté les rues hostiles de Deyja. “ T'es drôle, fils de Zeus. Drôle et impertinent. Naïf, aussi, si tu crois en ce que tu professes, ” finit-elle par lâcher, accompagnant ses mots d'un léger ricanement ouvertement mauvais. Plus de trois cent ans, et incapable de voir au-delà du discours bien lustré et brillant de ceux qui vivent en haut. “ S'épanouir, s'épanouir. Vraiment ? Tu manques de pas cran. S'épanouir dans ce monde c'est un privilège. Mais toi t'es que ça : des privilèges. Tu crois que ça tombe du ciel, parce que c'est ce qui s'est passé pour toi et qu'on continue à tout te servir sur un plateau d'argent avec des couverts en or, mais pour nous c'est pas pareil. Regarde autour de toi, Seren. ” D'une vague de la main, elle pointa un coin au hasard ; et dieu que le hasard faisait bien les choses. Dans un coin trois enfants jouaient avec des os de poulet, cherchaient un angle où ils auraient oublié de la viande, et rêvaient à un peu d'eau pour étancher une soif devenue habituelle et éternelle. La réalité de Deyja se trouvait là, et elle ? Elle était chanceuse à ce point qu'elle était devenue une esclave, et certes, une prostituée occasionnelle. Tristement, elle s'était faite à l'étiquette qu'elle portait malgré elle. Un tribu de son enfance volée, mais qui l'avait au moins sortie de la rue, placé un toit au-dessus de sa tête. Même dans le pire, il y avait des nuances. “ Tu crois qu'on peut changer et devenir qui on veut à condition de le vouloir, de prier la bonne étoile, mais ça fonctionne pas comme ça. ” Quant aux mains tendues, elle avait appris qu'il y avait un prix trop onéreux à payer pour elle et que les actes désintéressés n'existent pas. Elle se déroba brièvement à lui, et offrit à la petite tribu la pomme qu'elle avait entamée en maigre offrande. Les trois gamins lui adressèrent un sourire triste, incitant le sien à apparaitre sur ses lèvres, avant de filer avec leur trésor du jour. “ Je vais bien. Je te remercie de te préoccuper de l'esclave, mais c'est ma vie. C'est comme ça. Les salopards dorment dans des palais, et moi dans un bordel. Je l'ai accepté, et je veux de la clémence de personne. ” Elle ne voulait surtout dépendre de personne, n'avoir aucune dette qu'elle ne pourrait jamais payer. Le ton était étonnamment calme, parce qu'elle ne se battrait pas à ce sujet avec lui, et aussi parce qu'elle se doutait d'avoir lâché ses derniers arguments valables pour aujourd'hui. Aussi qu'il n'en aurait cure, et que sa détermination avait l'air d'être de fer. L'idée qu'il puisse éprouver une certaine aversion plutôt orientée vers les hommes qui payaient pour elle plutôt qu'un dégoût pour ce qu'elle faisait de ses nuits parvint à la flatter de la façon la plus malsaine possible, mais quand même. Attentive à ses mots et le coeur habité d'une volonté ferme de le croire, ses lèvres s'ourlèrent d'une moue tendre, et la main qui trainait sur son épaule glissa puis resserra immédiatement, mais doucement, son emprise sur sa joue. “ Je suis heureuse de le savoir, ” s'entendit-elle confier, sans se rendre vraiment compte de ses mots. Comme si elle avait assisté à ce moment plutôt que d'en être l'actrice. Elle tiqua elle aussi et sa main sur sa joue se mit à trembler brièvement avant qu'elle ne l'a lui reprenne. Elle échappa un hoquet, les yeux peint d'une incompréhension, avant de comprendre qu'il s'agissait d'une confession d'un autre temps. Quand bien même elle croyait en chaque mot, Luna ne se serait jamais permise de les lui dire, par fierté mais la lune s'était chargée pour elle d'ôter le filtre. “ Tu n'es plus tout à fait comme dans ses souvenirs, non plus, ” Et elle lui fit la remarque le plus simplement du monde, sur le ton du compliment plutôt que celui du reproche. Au moins elle aurait droit à sa propre version de Seren, et lui à une seconde chance. Peut-être avec elle, qui n'était rien, à part peut-être habitée d'un miroir d'amour qu'elle croyait suffisan ; jusqu'aux prochains doutes. Prise dans un ordre, mais surtout dans toutes l'affection et la soif qu'elle éprouvait pour lui, elle acquiesça à un ordre qui aurait dû provoquer l'insurrection. Mais Luna aimait plus que tout ces démonstrations de force. Le désir n'en était que plus délicieux, et elle se laissa charmer, maitriser par l'homme qui montrait ouvertement ce qu'il désirait. Ses mains glissèrent sur ses hanches, son coeur battait contre son torse et si elle avait pu les rapprocher plus, on aurait confondu le moment où ce n'était plus lui, mais elle. “ Et comment tu comptes prendre soin de moi ? ” demanda-t-elle, le souffle court et les lèvres tendues vers les siennes. Une invitation pleine de promesses, délibérément suggestive, dont elle douta qu'il en accepterait les termes. Elle étouffa un soupir évocateur à leurs lèvres scellées, à la fois comblée et stupéfaite qu'il ait osé ; enfin. Il avait une saveur incomparable, plus délicieuse que le exquis des desserts ; et une crève la faim sait de quoi elle parle. Une saveur dont elle avait qu'elle ne pourrait jamais plus se passer. Le baiser dura si peu qu'elle eut l'impression qu'il était allé et venu sur ses lèvres à toute hâte, dans un battement de coeur. Refusant de se contenter de ce trop peu, elle resserra sa poigne autour de ses hanches, froissant les pans de ses vêtements qui s'y trouvaient, et tira dessus pour l'attirer davantage contre elle si c'était même possible. Trop tard. Il lui avait cédé ça, la barrière était tombée, et elle refusait ce baiser soit le dernier. Le retour en arrière était inenvisageable, et elle sut, alors que leurs lèvres s'entrechoquaient de nouveau, qu'elle ne serait jamais plus la même. Ses mains glissèrent jusque dans ses cheveux, laissant la marque de ses ongles sur ses hanches, les contours saillants de son dos, puis sur ses épaules. Elle trouva ses cheveux et s'y agrippa de toutes ses forces, craignant qu'ils ne disparaissent dans un nuage de fumée ou qu'il parvienne à se dérober à son étreinte ; jamais de la vie. Entre quelques étreintes, elle échappa tour à tour son prénom, des soupirs en légion, et l'aurait déshabillé dans la rue si on ne s'était pas attardé vaguement sur eux. Elle sentit un regard glisser dans sa nuque et détourna, au prix d'un effort colossale, détourna son visage du sien pour trouver se confronter à une paire d'yeux lubriques. Elle fronça les deux sourcils et ravala sa salive. Le souffle haletant, elle tenta de reprendre de sa composition pour adresser le plus sombre des regards au voyeur du jour, qui s'en alla immédiatement en comprenant le message. Les ébats de rues étaient monnaie courante à Deyja, à condition de ne croiser personne ou d'avoir assez de poids pour insuffler une forme rutilante de crainte. Mais elle-même ne voulait pas être de ceux-là, et oui, évidemment qu'ils n'en resteraient pas à un baiser. Elle le savait, et s'il se fourvoyait encore à le croire, elle avait bien des arguments qui pourraient jouer en sa faveur. “ Pas ici, ” décida-t-elle, pourtant incapable de se résoudre à se détacher de lui. Elle se mordit la joue, son coeur déjà broyé de forcer ses paumes à quitter sa peau. Sur un soupir rageur, elle se déroba à son étreinte, et fit un pas, puis deux dans la rue. Une maigre balade dans les rues, pour trouver un refuge, reprendre son souffle, et proprement souffrir d'avoir été interrompue.

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Alec Warhust
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Il lui avait cédé, entièrement et irrévocablement séduit par tout ce qu’elle se plaisait à étaler devant lui. Luna n’était pas seulement qu’un physique attrayant, elle était tellement plus. Les baisers, puisqu’un seul n’aurait jamais été suffisant, regorgeaient de ce que son coeur n’était pas encore prêt à assumer. Il en savourait la moindre saveur, se délectait du parfum unique qu’elle portait, et se régalait de découvrir les contours d’une bouche qu’il était incapable de quitter. Ses mains avaient glissé de ses joues pour venir se loger au creux de ses hanches, son buste invité à se presser encore davantage contre sa poitrine. Des souffles courts, des prénoms prononcés entre deux embrassades, et des gestes plus pressants à mesure qu’ils se livraient à ce ballet infernal. Chacun s’agrippait à l’autre comme si leur vie en dépendait, refusant de laisser même l’air s’engouffrer dans leurs poumons sous l’intensité de cette étreinte qui voulait éternelle. Ses lèvres ne prirent le temps de se détacher des siennes que pour étouffer un soupir comblé à ses efforts bien trop audacieux. Pour un dieu qui d’ordinaire ne livrait que trop peu d’affection à celles qu’il convoitait, son libre arbitre avait été ici tout bonnement balayé par un nuage de désir qu’il n’avait pas été capable d’anticiper. Au milieu de cette rue, dans l’ombre d’un bâtiment ou n’importe où ailleurs, il se serait livré sans même prendre conscience des ébats qu’ils auraient pu partager aux yeux de tous. Il n’y avait qu’elle, ses mains dans ses cheveux, ses lippes contre les siennes, son coeur contre le sien. Toute la volonté du monde ne suffirait jamais à lui faire reprendre de sa contenance, habité qu’il était par un désir condamnable de la garder auprès de lui. Et pourtant. La providence s’en chargea pour eux lorsque, dans un ordre murmuré à son adresse, Luna se chargea d’interrompre leur étreinte pour chasser l’homme qui se régalait au moins de leurs échanges. Le souffle haletant, Seren étouffa un bruit sourd pour tout ce que son corps regretta de la sentir se dérober à lui. Le retour à la réalité était brutal, et d’aucun pourrait affirmer que le dieu paraissait étrangement sonné et étourdi de ce que cette femme venait de lui faire vivre. Il ravala difficilement sa salive en tentant, au prix d’un effort considérable, de retrouver toute la contenance dont il était habituellement teint. Si son visage retrouva rapidement son calme, ses yeux en revanche restèrent irrévocablement fixés sur elle, et sa langue pincée entre ses dents pour vider une frustration qu’il ne témoignerait pas. Quelque peu honteux de la tournure qu’avaient pris les choses, et de ce qu’il aurait été en mesure d’accomplir si le voyeur ne les avait pas interrompu, l’archer serra doucement la mâchoire en lui emboîtant le pas. Il n’était pas dans ses habitudes de se laisser happer aussi soudainement et violemment par ses émotions. N’y avait rien de plus déplorable que de se livrer à des ébats publics quand bien même nourrissait-il à son égard un appétit tout sauf innocent. Maître de la patience qu’il était, il fallait bien admettre que Luna savait parfaitement écraser si pas terrasser intégralement ses intentions pour en faire naître de nouvelles. Encore ici, ce n’était pas elle l’esclave mais bel et bien lui. — Suis-moi. Sa main s’était enlacée brièvement à la sienne pour qu’il puisse lui souffler ses mots à l’oreille avant de la fixer d’un oeil avisé. L’espace d’une seconde ou deux, il se perdit dans sa contemplation, mais se força à contre-coeur de s’en détacher pour poursuivre leur avancée dans la rue. Au milieu de la foule, des étales et des marchands, il avait gardé sa main au creux de la sienne afin de guider ses pas. Leur balade les amena à regagner l’endroit où le dieu avait choisi d’être hébergé lors de ses  maigres mais récemment réguliers voyages à Kozakura. Une chambre à l’écart de la liesse qui régnait dans les tavernes et les maisons de joie, bordée par un imposant balcon et meublée aussi luxueusement que les lieux pouvaient se le permettre. Rien en comparaison des palais auxquels il était habitué, mais probablement mieux orné que bien des demeures. Le soleil se levait à peine et emplissait déjà la pièce d’une vive lueur blanche à travers les fins rideaux de lins qui ornaient l’imposante arche menant à la balustrade. Toujours armé de cette même bienveillance à son encontre, il intima d’un regard à son invitée qu’elle était la bienvenue en la débarrassant de la cape qu’elle portait sur ses épaules. Le seul ordre qu’il osa encore lui donner - si tant est qu’il en s’agissait réellement d’un - fût celui de s’asseoir sur l’un des sièges aux côtés du lit. Lorsqu’il revint à ses côtés, un linge humide dans une main, il entreprit de tenir la promesse faite un peu plus tôt. Prendre soin d’elle, laver l’horreur de ces derniers jours, apaiser une peau qui ne demandait qu’à être aimée. — Laisse-moi faire. Armé de gestes aussi tendres que doucereux, Seren laissa ses doigts se charger de dénuder ses épaules, repousser ses mèches de cheveux, et passer le tissu imbibé d’eau chaude le long de son dos et de sa nuque. Se faisant, et sans trouver la force de ne pas glisser sur elle un regard lubrique, il échappa ici et là quelques caresses si pas de furtifs baisers le long de sa colonne à la naissance de son cou. — Ce que tu as dit tout à l’heure, à propos des privilèges et de tout le reste, c’est vraiment ce que tu penses de moi ? Qu’il lui souffla à l’oreille, appréhendant plus qu’il ne l’aurait dû sa réponse avant de la contourner pour venir la confronter. Le ton employé n’était pas celui du reproche, mais il ne pu s’empêcher de se pincer les lèvres en mentionnant sa question. Peut-être n’était-il pas nécessaire de ramener sur le tapis un sujet aussi épineux que celui-ci, mais ce qu’elle pouvait penser de lui importait finalement bien de trop pour qu’il ne puisse pas s’en soucier. Peint d’une faible lueur de ce qui ressemblait au moins à de l’anxiété, Seren baissa les yeux en laissant cette fois ses mains longer ses jambes couvertes de sable ci et là. Des genoux brièvement écorchés, couverts par ses caresses et ses soins, et son visage qui n’osait étrangement plus affronter le sien. — Tu n’es pas qu’une esclave Luna, et je ne suis pas seulement le fils de Zeus. Heureusement, il y a beaucoup plus derrière tout ça, et c’est justement ce qui me plait chez toi. S’il n’y avait que ça. Il poussa un soupire, à la fois pour exprimer son désarroi, mais aussi pour tout ce qu’il ne souhaitait pas concéder à ce que cette proximité parvenait une nouvelle fois à éveiller chez lui. Des frissons le long de la nuque, un coeur battant la chamade au creux de sa poitrine, et une irrévocable envie d’en avoir toujours plus. Vrai qu’ils n’appartenaient pas au même monde, mais en quoi cela pouvait-il avoir une quelconque importance ? Il s’était fermé à elle lors de leur première rencontre, prétendant de faux prétexte pour fuir une relation qu’il savait pourtant évidente. Et voilà qu’elle se livrait le même combat sans pour autant le priver de cette attirance inexplicable qui s’établissait entre eux chaque fois que leurs regards étaient amenés à se croiser. La complexité du lien qui les unissait était irréaliste. Mais il le savait, quand bien même il avait lutté par s’en défaire : il avait ce besoin de l’avoir auprès de lui en permanence. Un besoin probablement égoïste, mais bien réel, vital presque. — Accepte que quelqu’un puisse se soucier de toi. Ce n’est pas de la clémence, c’est de l’affection. Fit-il dans une confession, ses deux billes sombres désormais rivées vers les siennes. Ses mains s’étaient arrêtées à la naissance de ses cuisses, et au prix de biens des efforts, Seren se retenait de ne pas fondre sur elle pour reprendre possession de ces lèvres dont la saveur hantait encore les siennes. — Je te l’ai déjà dit : je ne suis pas un de ces hommes. Qu’il termina en se redressant pour se pencher cette fois vers elle. Appuyé contre les accoudoirs, gourmand autant que retenu par une pudeur malvenue, il ravala bien difficilement sa salive en laissant couler sur elle un regard assoiffé. — Aucun ne serait capable de te désirer aussi ardemment que moi. Et aucun ne prendrait la peine de vouloir respecter sa volonté en lui laissant le choix de le repousser ou de l’inviter dans l’étau de ses bras. Son front et son nez trouvèrent les siens, et sa main épousa doucement les contours sa nuque. — Et si, pour aujourd’hui, nous laissions nos vies de côté ? Je ne suis qu’un homme, et toi une femme, nous pourrons nous inquiéter du reste demain. Je peux te laisser te reposer ici, t’apporter de nouveaux vêtements, de la nourriture, ce que tu veux... Qu’il commença à voix basse en reculant à peine son visage du sien. — Ou je peux t’embrasser. Son souffle laissa son désir se perdre contre sa bouche, son coeur frappant un tempo effréné au creux de sa poitrine, et un semblant de sourire sembla venir ourler un pan de sa commissure. Tout un paradoxe se jouait ici, mais il n’en existait vraisemblablement pas de plus délicieux.
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Sora Warhust
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Ce qui n'était peut-être qu'une piaule étriquée pour lui s'avéra être le plus grand faste auquel elle avait jamais eu droit. Au-delà de ses services auprès de Shéhérazade, Luna n'avait été que trop rarement amenée à fréquenter les bâtisses plus respectables de la ville, si rares furent-elles. Il n'y avait pourtant rien de plus grandiose qu'un lit fait, un sol passablement balayé et habillé d'une large carpette, quelques babioles et une fenêtre vue sur cours, mais la beauté toute relative de l'endroit dormait dans les détails dont seul un oeil pauvre pouvait se repaitre. Incapable de trouver sa place dans une si grande pièce qui, encore, ne l'était pas tant, Luna poussa un faible soupir de crainte, souffrant de chacun de ses muscles contractés sous le poids de l'inconnu. Une petite fille dans une boutique interdite, voilà de quoi avait l'air l'esclave née. Le laisser faire ne fut pas d'une grande difficulté, tant elle était obnubilée par la pièce, puis par un si grand homme qui rendit immédiatement tout ce qui s'y trouvait dérisoire. Les battements désordonnés de son coeur dans sa poitrine reprirent de plus belle, et Luna se laissa délicatement déshabiller sans opposer la moindre résistance. Elle s'imagina rejoindre son ballet de caresses, et glisser une main frémissante sur son genou alors qu'il s'affairait, mais trop curieuse de scruter la moindre de ses réactions alors qu'il découvrait les courbes de son corps, elle garda pour elle ses mains et les caresses qui allaient avec. Les légers baisers laissèrent une marque douce sur la peau de sa nuque, mais une maigre amertume dans sa bouche, puisqu'après leurs étreintes brûlantes dans la rue, rien ne semblait pouvoir contenter son appétit insatiable de lui. Peu troublée par sa question, elle se laissa malgré tout quelques secondes de considération et pour lui le temps d'approfondir avant d'y répondre. Ses yeux, malgré une lueur absente, s'obstina à suivre le moindre de ses gestes, ce jusqu'à ce qu'il ne trouve ses cuisses de ses paumes et que le rouge lui monte aux joues. Jamais timide, elle était pourtant ici troublée à ce point qu'elle se mordit la lèvre à l'idée qu'on puisse la toucher. Pas pour le geste en lui-même, mais plutôt pour les intentions toutes différentes qui animaient Seren, et étaient drastiquement différentes de tout ce qu'elle avait connu à ce jour. “ Je ne mens jamais, ” fit-elle, paisible. Sauf peut-être ici, bien qu'elle ne pense pas à mal. Lui arrivait de mentir parfois, peut-être, mais jamais trop sérieusement et pas beaucoup plus que le commun des mortels. Pour les badineries un rien innocente, pas lorsque les enjeux étaient importants comme c'était ici le cas. Elle jouait parfois avec la vérité, l'habillait et la déshabillait au besoin, mais on ne pourrait jamais lui enlever qu'elle était d'une honnêteté désarmante, et de ce fait, un véritable paradoxe en lui-même, en cela qu'elle jouait en permanence un rôle. Jamais le même en fonction du public qu'elle avait à charmer. Et devant lui, elle était effroyablement Luna. Lui n'aurait cure d'un rôle, et assistait à l'apparition toute timide et exceptionnelle d'une jeune femme pour qui personne n'avait jamais eu d'intérêt. “ Mais comme tu le dis si bien, nous ne sommes pas qu'une seule chose à la fois,  ” ajouta-t-elle, désireuse de lui faire comprendre que, comme lui, elle ne voyait pas que le rôle phare qu'il portait sur lui comme une armure dorée. Sans l'anticiper, elle fit glisser une main tendre dans sa nuque, puis sur sa joue, cherchant ainsi à capter son regard et à attirer l'attention sur son visage plutôt que sur ses courbes. Ses doigts s'attardèrent quelques secondes sur sa joue, puis trouvèrent une longue mèche avec laquelle jouer. Cet homme était d'une beauté sans égale, et elle jura que les siècles n'altérait pas son charme, mais le décuplait largement ; si elle si fiait à une comparaison hasardeuse avec quelques profonds souvenirs. Elle resta longuement subjuguée par ce qu'il dégageait, inqualifiable selon elle, ses doigts jouant méticuleusement avec les quelques mèches qui refusaient de se conformer à une tentative de domptage. Ses mots trouvèrent une oreille attentive, quand bien même elle resta absolument fascinée par son visage. Elle échappa un soupir de soulagement et de crainte mêlées, et sa main qui jouait avec ses cheveux retomba sur son épaule, puis dans le vide.   “ De l'affection, ” répéta-t-elle, charmée, mais moitié convaincue de sa sincérité. Il y aurait toujours une ombre pour gâcher son tableau. Un doute vicelard, bien planqué entre les plis de son coeur et de son estomac, qui se manifesterait à chaque fois qu'elle se mordrait la lèvre en le regardant, lui donnant l'air de se régaler de lui et de la gourmandise qu'il représentait, mais qui cachait ce fameux doute. Luna ne connaissait pas l'affection. Elle aurait toute l'aisance du monde à la confondre avec du désir, et en raison du monde dans lequel elle vivait, on ne lui en voudrait pas. Accepter qu'on puisse se soucier d'elle lui sembla insurmontable, mais elle parvint à se nourrir de la conviction qui brillait dans les yeux de Seren pour au moins lui concéder un peu de terrain plutôt que de se braquer d'emblée.   “ Et quel genre d'homme tu es, alors ? ” demanda-t-elle, plus que jamais intéressée.  Plutôt à quel genre d'homme avait-elle le droit ? Si pas ceux qui se régalaient d'abord de son corps, et jamais de son esprit. Il s'était penché vers elle, et par réflexe, et peut-être un rien de provocation ouverte, elle avança son visage vers lui, son nez frôlant le sien en une caresse aérienne et ses deux yeux plantés dans les siens.  Elle ne voulait pas qu'il la désire uniquement. Son souhait allait au-delà de draps et d'étreintes. Elle voulait qu'il l'aime autant qu'il avait aimé Selene, si pas plus, et elle ne parvenait pas à combattre ce besoin viscéral de l'avoir, pour elle, et de n'avoir pas à le partager. Pas même avec Selene, dont l'emprise persistait malgré tout. Elle ne voulait pas vivre dans l'ombre de son autre, mais douta qu'il serait un jour possible à Seren de la détacher de sa défunte femme, ou mieux, de la préférer à elle. Au moins ses fantaisies alimentaient ses désirs, et s'agissait bien de la raison qui faisait qu'envers et contre tout, surtout elle-même, elle ne cesserait jamais de le vouloir. Elle aurait tout donné pour avoir l'audace de le lui dire, mais à défaut, elle se leva à son tour et l'obligea à s'asseoir à la place qu'elle occupait à avant. S'il lui restait la moindre étoffe sur le dos, elle s'en délesta en s'asseyant à califourchon sur ses genoux, ses bras noués autour de ses épaules. “ J'ai pas besoin d'être entretenue, ”  souffla-t-elle, sa bouche survolant la sienne.   “ Je suis pas ce genre de femme, ” glissa-t-elle à son tour, reprenant ses mots pour en détourner la portée, mais pas tant. Elle n'était pas de ces femmes qui avaient besoin de nouveaux vêtements, ou de quoi que ce soit d'aussi dérisoire. Selene l'avait été, d'abord parce qu'elle était formidablement née d'Erendieren, que ses désirs appelaient parfois des luxes qui étaient interdits à Luna aujourd'hui,et aussi parce qu'elle avait gagné le coeur et la main de l'homme qui se trouvait face à elle, et qui l'avait couvée tant qu'il le pouvait. Mais par opposition totale, Luna ne laisserait personne croire qu'il lui fallait un homme pour résister et prospérer dans ce monde ingrat. Elle n'avait pas besoin d'étoffes précieuses, de bijoux et autres richesses, mais uniquement de le savoir à elle ; n'était-ce pas le seul trésor essentiel et valable dont une femme, ou un homme, devrait se satisfaire dans cette vie ?   “ C'est toi que je veux, ” souffla-t-elle sur ses lèvres, avant d'y déposer un baiser aérien, aussi délicat que la plus précieuse des soies sur une peau de pèche. “ Aujourd'hui.  ” Cette fois elle embrassa ses lèvres, et son coeur se souleva. Ses doigts glissèrent sur ses épaules, et ne pas y laisser l'emprunte de ses griffes lui demanda tous les efforts du monde, avant de trouver sa nuque, puis de nouveau ses cheveux. Le baiser dura amplement trop longtemps, mais jamais assez pour elle. La passion n'était pas la même que celle de la rue, mais elle n'en était pas moins loin. Luna jouait sur la douceur, la tendresse cette fois plus que sur la précipitation, quand bien même se douta-t-elle (espéra-t-elle) que ça ne durerait pas bien longtemps. “ Demain,  Et...” Toujours. Chaque matin qu'il consentirait à lui céder. Chaque soirée où il aurait à coeur de s'endormir auprès d'elle et de jouir du peu qu'elle avait à offrir, entre ses éclats de rire, les courbes de son corps et les battements de son coeur. Elle l'attira davantage dans son étreinte, si c'était même possible, et ses lèvres, qui n'avaient jamais vraiment quittées les siennes, se pressèrent de nouveau contre sa bouche, ne laissant aucune place à ne serait-ce qu'un souffle. À partir de ce moment, elle considérerait la moindre marque d'affection de sa part comme une volonté de la posséder, et pas uniquement pour des affaires de couches.
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Seren tenait entre ses mains un trésor inespéré, un de ceux qu’il ne se lasserait jamais de contempler. Chaque geste était réalisé avec une infinie douceur, des caresses qui longeaient ses courbes aux baisers qui laissaient une marque invisible le long de sa chair. Son coeur se gorgea d’un étrange sentiment de satisfaction à la voir s’abandonner à lui aussi paisiblement. Au beau milieu des rayons pâles d’un soleil qui s’accordait à illuminer la pièce, l’étreinte qu’ils partageaient  secrètement se chargeait d’emporter les horreurs des jours précédents. Un baume envoutant qui, il l’espérait, saurait au moins couvrir partiellement tout ce que ses bourreaux lui avaient fait endurer au cours de son absence. A ses mots, il garda pour lui le sourire que son visage menaça d’afficher tant il était fasciné par la beauté toute divine qu’elle portait sur elle. N’y avait aucune timidité dans la pause qu’il accorda à son ballet d’affection, mais une forme toute particulière de respect. Ses yeux gagnèrent les siens pour appuyer silencieusement les dires qu’elle put avoir à son égard. A cette heure-ci, les rôles qu’ils portaient sur leurs épaules n’avaient plus la moindre importance. Dieu, mortelle, archer ou voleuse, ici ne reposaient pas leurs priorités. Et il dû faire preuve du peu de conviction qu’il lui restait pour ne pas le lui confier, taisant ses pensées en laissant un soupire franchir la barrière de ses lèvres. Un frisson lui parcouru l’échine en sentant ses doigts venir couvrir sa nuque puis sa joue. A son tour, Seren se laissa porter par sa tendresse sans grande difficulté, n’y opposant aucune résistance sauf peut-être son visage qui s’enfonça un peu plus encore dans la paume de la main qui s’attardait sur lui.  — Je suis impatient de découvrir le reste dans ce cas. Qu’il souffla contre son visage d’un timbre bien moins grandiose que d’ordinaire. Son regard scruta le sien un court instant avant qu’il ne referme les yeux pour profiter pleinement de ce qu’elle avait à lui offrir. Il était une bien trop grande marionnette entre les doigts fins et délicats de sa déesse mortelle.  — Tu es persuadée du contraire, mais c’est peut-être toi qui seras déçue en fin de compte. Il y a bien une raison si je n’ai pas été capable d’aimer et de l’être en retour pendant plus de trois siècles. Qu’il reprit plus tristement cette fois, mais pas assez cependant pour le défaire du mince sourire qu’abordait la commissure de ses lèvres. Ce qu’ils vivaient là, en cet instant, était bien plus précieux que tout ce que ses conquêtes avaient été capables de lui apporter au cours de ces dernières années. Il le savait, l’appréhendait aussi, mais parvenait étrangement à trouver tout le réconfort dont il avait besoin en scrutant les yeux qui ne cessaient de l’observer. Envers et contre tout, Luna lui avait prouvé qu’elle n’était pas qu’une femme parmi les autres, et le surprenait encore à appuyer cette certitude rien qu’en l’enveloppant d’attentions aussi simples qu’audacieuses.  — Oui, entre autre. Qu’il répéta, touché par ce que le simple terme employé suffisait à éveiller chez elle. L’idée qu’elle n’ait peut-être jamais gouté à une quelconque forme d’affection l’attrista plus qu’il ne l’aurait cru, et il dû se mordre la lèvre inférieure pour ne pas lui poser directement la question. De quel droit pouvait-il se le permettre ? Quoiqu’il en soit, cette confession silencieuse lui arracha une triste grimace dont il se délesta rapidement en déposant ses deux mains le long ses joues.  — Et si tu le découvrais par toi-même plutôt ? Je veux simplement être celui qu’il te faut, mais je n’ai pas encore la prétention de pouvoir l’affirmer. Je peux juste l’espérer. Sa réponse fût prononcée en même temps que leurs visages s’étaient rapprochés. La bouche entrouverte, d’aucuns pourraient affirmer qu’il se faisait violence pour ne pas s’emparer du baiser invisible qu’elle venait de lui souffler sur le bord de la commissure. Le désir à son apogée. Luna savait exactement quelle corde tirée pour faire de lui un parfait pantin, et s’employait encore ici à utiliser le moindre de ses atouts pour appuyer ses avantages. Sans opposer la moindre résistance, Seren se laissa faire lorsqu’elle décida pour eux d’inverser les rôles en abandonnant sa dernière étoffe. Son coeur se souleva lorsque ses mains enlacèrent la peau nue de son dos pour l’accueillir. Des battements désordonnés au sein de sa poitrine qui l’empêchèrent presqu’aussitôt de respirer convenablement. Mais même ceci semblait être devenu dérisoire en comparaison à la femme qui se tenait sur lui, dans ses bras, et sienne. Aussi formidablement qu’elle le faisait depuis leur rencontre, Luna écrasait méticuleusement les quelques remparts qui avaient encore l’audace de contenir tout ce que ce dieu s’empêchait d’éprouver. Il étouffa un soupire de soulagement à ses mots, et un second à sa bouche contre la sienne. Irrévocablement charmé, si pas (encore) pleinement amoureux de ses revendications. Le baiser dura, trop longtemps pour un mortel, pas suffisamment pour un dieu, jusqu’à ce que leurs poumons ne puissent plus se satisfaire du plaisir procuré. La précipitation des gestes fût remplacée par une tendresse d’une composition toute différente mais encore plus séduisante. Son regard était animé d’une intensité aussi exquise qu’émerveillée. Les paumes de ses mains découvraient et redécouvraient les formes et les contours d’un corps presque identique à celui qu’il avait aimé, mais pas tant. Celui-ci brûlait sa chair d’un désir encore bien différent, et un qu’il appréciait tout particulièrement. Ses doigts glissèrent le long de sa nuque, épousaient les formes de ses épaules pour redescendre le long de son dos puis s’attarder sur les contours de ses hanches. Un grain de peau d’une douceur qu’il n’avait jamais connu, pas même chez Selene, et qui le consumait d’un désir absolument envoutant. Chaque baiser possédait une saveur unique, sucrée et délicieuse, à tel point qu’il raffolait de s’en priver parfois pour descendre embrasser la naissance de sa gorge avant de retrouver sa bouche et lui souffler tout l’appétit qu’il avait à son égard. Chaque seconde un peu plus intense que la précédente.  — Je suis à toi. Glissa-t-il entre deux soupires pour toute réponse s’il en fallait une. Ses mains à la rencontre de ses cuisses, il la souleva sans effort pour l’embarquer dans l’étau ferme et infaillible de ses bras en se relevant du siège qu’ils occupaient. Un instant suspendu dans le temps où, son buste pressé contre sa poitrine, il pu sentir leurs coeurs battre à l’unisson. Une poignée de secondes pour une accalmie absolument divine, où Seren prit le temps de lire tout ce qu’elle était susceptible d’éprouver, de ressentir, et de lui offrir. Les yeux gorgés d’une profonde attirance, il la voulait elle, toute entière et sans filtre. Pas seulement pour ce corps, pour cette plastique aux charmes indiscutables, mais pour tout ce que cette femme représentait. Il n’y eut aucun mot, aucune parole, seulement un dialogue silencieux entre un coeur et un autre, sous le vacarme de leurs souffles qui s’entremêlaient avant de se réunir dans un nouveau baiser. Les draps du lit accueillirent le corps qu’il prit soin d'y déposer avant de se défaire à son tour de ses vêtements pour l’y rejoindre. L’éternité n’attendrait pas aujourd’hui, et s’ils pouvaient en consommer ensemble un infime morceau, ils ne s’en priveraient pas. Tout était éblouissant dans leur étreinte, et ce qui aurait dû n’être qu’un acte parmi un autre fût beaucoup plus. Ses mains se mirent à trembler alors même que débutait ce qu’il y avait de plus beau entre eux. Et il su, à cet instant tout particulier, qu’il ne serait plus jamais le même. Dépendant d'elle, de son affection, de ses caresses, de ses sourires. Les yeux plongés dans les siens, sa bouche suspendue à son menton ou à sa gorge, il n’y avait plus qu’un seul et unique nom qui revenait en pagaille lors des quelques soupires qui osaient encore franchir ses lippes. Luna. Sous les battements effrénés d’un coeur qu’il ne contrôlait plus, il l’attira davantage dans son étreinte en guidant chacun de leurs mouvements. Parfait, mais jamais assez pour eux qui s’affamaient d’en vouloir toujours plus. Elle était sienne, il était sien, et s’ils ne pouvaient l’être pour l’éternité, alors au moins pour les quelques heures à venir. Pas de lune pour les enlacer cette fois-ci. N’y avait qu’eux, et ce que leurs désirs enfin comblés pouvaient exprimer de la plus belle des façons.

*

Lorsque ses yeux s’étaient ouverts, les rayons du soleil avaient été remplacés par ceux du clair de lune depuis déjà bien des heures. Luna à ses côtés, ses doigts s’amusaient à tracer de petits cercles invisibles le long de son épaule et de son bras, mais son regard, aussi vide qu’absent, se torturait à essayer de contempler son visage. En vain. Difficile de décrire ce qui hantait ce soir le fils de Zeus. Pas de regrets ni de remords étrangement, mais un sentiment particulièrement poignant venait déchirer toute la douceur dont s’était pourtant imprégnés ses traits quelques instants plus tôt. Déposant un baiser le long de sa joue, Seren quitta à contre-coeur la chaleur de leurs draps pour regagner le balcon qui donnait sur la cour intérieure. Ses vêtements à leur place, il échappa un léger grognement tout en enfilant sa chemise. Sa gorge se nouait sous le regard implacable d’une lune qui l’enlaçait désormais à tel point qu'il fût incapable de l'affronter. Pour la première fois, l’homme qui prétendait savoir beaucoup de choses se retrouva démuni et impuissant, faible devant ce nouveau poids qui pesait le long de ses épaules. Sa peau brûlait encore sous les caresses de celle qui se tenait juste derrière lui, et il frissonna en sentant son souffle témoigner de sa présence.  — Je ne peux pas rester Luna. Furent les seuls mots que sa bouche fût en capacité de prononcer. Un aveu déchirant qui lui souleva la poitrine en même temps que se nouèrent ses entrailles. Par dessus son épaule, son regard chercha le sien sans pour autant avoir le courage de se tourner vers elle.  —  Ce que je t’ai dit ce matin était vrai, je pensais chaque mot, je te le jure. Ce n’est pas toi, tu n’as rien fait de mal. Classique, pensa-t-il. Le timbre était aussi distant que celui employé lors de leur rencontre, et il ne su exactement pourquoi, mais ses traits doucereux se voilèrent à ses mots. Le fait est qu’elle n’avait absolument rien à se reprocher, c'était vrai. S’il réalisait l’absurdité de ses paroles, il était cependant inconcevable d'agir autrement. Faire semblant n’était pas une option, et prétendre que tout irait bien non plus. Alors quel était-il, le problème ?  — Je crois que je ne suis juste pas prêt pour ça. Qu’il affirma sans aucune conviction. Son soupire termina de ponctuer sa maxime tandis que ses yeux regagnaient les cieux et la déesse qui devait y reposer.  — Elle est toujours là, quelque part. Je croyais que… Il se pinça les lèvres, hésitant à poursuivre sur un terrain qu’il savait particulièrement glissant. Et parce qu’il ne lui devait aucun mensonge, il essaya au moins d’apporter la seule explication plausible qui pourrait être entendue ici.  — Je pensais que je pourrais l’oublier, passer à autre chose et aimer à nouveau. T’aimer toi sans craindre de pouvoir penser à elle. Mais il ignorait en cet instant à quel point il pouvait avoir tort en affirmant cela. Il s’était retourné, ses deux billes sombres posées sur son visage, une boule au creux de la gorge. Le fait est qu’il n’avait jamais éprouvé autant de choses en si peu de temps. Selene avait eu des années pour apprendre à conquérir son coeur et y noter son nom au fer rouge. Mais Luna sans le savoir, avait complètement balayé le fantôme de cette déesse pour en prendre la place sans lui laisser la moindre parcelle d’un palpitant qu’elle avait empoigné de ses deux mains. Elle l’avait dévoré, consumé jusqu’aux entrailles pour écraser son libre arbitre et faire de lui un homme irrévocablement entiché sans qu’il ne puisse avoir le temps de le réaliser. Tristement. Trois siècles à chercher l’amour, et un seul baiser pour le convaincre qu’il existait bel et bien. Encore fallait-il qu’il puisse l’accepter… Et cela, malheureusement, prendrait du temps.
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