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Dryden Faulkner
will be rough in so many sweet ways
Dryden Faulkner
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· These wounds won't seem to heal, this pain is just too real
' There's just too much that time cannot erase ' ·
· · · · · · · · · · · · · · · ·
@JACKSON CAVERLY · captain james 'jim' flint // @HAYDEN BECKWITH · captain hook
· [ lieutenant eric wenscombe ] ·

There are good ships, and wood ships, Ships that sail the sea.
But the best ships, are friendships, may they always be.

Fifteen men on a dead man's chest, yo ho ho and a bottle of rhum. Il exulte d'un rire grave, enroué, les lèvres vissées au goulot d'une bouteille qu'on trouve effroyablement pleine malgré qu'il ait une descente à faire tomber un âne par-terre. Il se frotte un oeil de sa paume libre, puis le nez, la bouche, avant d'échapper un grognement à s'en fendre les cordes. Il reprend une gorgée qui équivaut à quatre, et tangue de droite à gauche jusqu'à trouver un siège. L'illustre Tiberius tente un pas dans sa direction, mais il crache ce qu'il a dans la bouche droit sur ses pompes, et lui annonce que ce soir, c'est l'soir. De quoi ? Dieu seul sait. Tibby a cessé d'essayer depuis un moment maintenant ; faut dire qu'ils sont là depuis des heures. Il n'est après tout que le gardien obligé et malheureux de ce grand enfant ; La Capitaine est occupée au palais. Le discours incohérent de Ric alerte, néanmoins bien moins que son saccage dans la salle du conseil. Le bougre s'est installé sur le siège qui préside, seul élément du mobilier qui resplendit au milieu des décombres ; ça puisqu'en vertu de l'amitié et du deuil, on lui pardonnera d'avoir perdu l'esprit. On lui pardonnera de se sentir effroyablement seul, au point de perdre son nord, son sud, et ivre à ce point qu'il confond ce qui est réel de ce qui ne l'est pas ; au moins la douleur s'est muée en quelque chose d'autre. De la tristesse à la colère, et ça ne fait peut-être pas les affaires d'autres, mais c'est toujours un mieux pour lui, qui n'a pas toujours été le sentimental entre eux, mais n'a pas la capacité à se blinder comme d'autres le font.  Ric n'a d'ordinaire pas l'alcool mauvais, et il est de plutôt bonne composition même lorsque le foie est touché. Pourtant il a le coeur dans la liqueur, l'esprit ailleurs, le moral dans les fleurs. Celles qu'on a dispersé avec les cendres d'Ariel pas plus tard que ce matin. Il en a gardé dans la poche de sa veste pour rappel malsain de tout ce qu'il a perdu, sacrifié même ; la fleur est tombée de sa poche quand la gnôle l'a inspiré à faire de Tibby un sac dans lequel frapper de toutes ses forces. Perdue dans les décombres, Tibby la piétine en sortant, décidé à faire intervenir la haute autorité et seule encore capable d'avoir un poids.  Viola est occupé, mais elle sait encore prendre le temps pour les motifs impérieux, et il a confiance qu'elle se délestera d'autres occupations, qu'il juge triviales, pour la cause d'un ami qui a trop donné. “ Mais c'est ça ! J'en ai rien à foutre ! Va chialer dans le froc de ta connasse, et ramène, tu veux. J'ai quinze mots à lui dire.  ” C'est tant de termes malheureux, d'ordres et de menaces qui n'atteignent Tibby que dans son petit ego, et encore. Il se fait la promesse de ne rien dire puisque Ric est sourd, mais ça ne l'empêche pas de grogner en sortant. “ Fais une chaleur à crever dans c'taudis ! ” Vrai qu'il fait une chaleur à mourir. L'idée lui plait. D'autant qu'il a tant bu qu'on pourrait le faire flamber comme un dessert. Les jambes sur l'accoudoir de son siège, le dos sur l'autre et la tête dans le vide, il bascule aussi vite qu'il n'inspire et expire, marmonne de temps en temps quelques comptines, quelques menaces. Sa bouteille lui échappe de la main à une vague trop téméraire, et s'éclate contre un mur. Aussi parce qu'une présence se charge d'interrompre son delirium, et qu'il ne s'agit pas de Tiberius qui revient pour un autre douloureux round de garde. Les lèvres et les poings serrés, les muscles contractés, coeur compris, Ric le toise d'un regard furieux, quoi qu'absent.   “ Mais qui c'est qui s'en vient là, dis donc. Le Capitaine James Flint. ”  Il s'essuie la bouche d'un revers de main, pour ce que le nom laisse d'amertume immonde sur sa langue. Si l'effort ne lui coûtait pas et qu'il ne risquait pas tant de s'effondrer, Ric se lèverait pour lui faire face et cracher dans sa jolie petite gueule de Capitaine Pirate. Mais il s'enfonce davantage dans son siège ; l'alcool est plus fort. “ Flint. ” Il crache ouvertement son dégoût. Mal placé, certes, mais il n'a plus les idées claires, et un Flint reste un Flint, quand bien même celui-ci n'a, de loin, rien à voir avec son malheur. Peut-être que si, mais ils ont tous fait des choix hasardeux, et c'est pour ces choix qu'ils se trouvent là où ils se tiennent. “ Tu m'donnes envie d'vomir. ” On dira que c'est aussi à cause de tout ce qu'il a ingurgité, mais le nom lui brûle les lèvres et il voudrait se les arracher, comme le coeur qui bat péniblement sous sa poitrine. “ Vous les Flint vous prenez les femmes, et – ” Il ne trouve pas les mots adéquats, mais le regard qu'il jette à son ami, ou ce qu'il en reste, en dit long sur le fond de sa pensée. La mention de femmes le fait trembler, puisqu'il pense inévitablement au cadavre de la sienne, et ses yeux trouvent immédiatement sa main, qu'il ferme en un poing frémissant, témoin de toutes les émotions qui sont en train de valser en lui comme une mer déchainée. Il envisage de lui faire faire connaissance avec la figure de Flint, mais le tremblement ne cesse pas, et il a surtout envie - besoin - d'un autre verre. “ Coûte trop cher d'être ton pote, mec. Trop cher payé. Non, merci. Pis pourquoi faire, en plus ? Hein ? Hein ? R'garde moi.  ” Il ouvrit grand les bras, afin que Jim puisse se régaler de ce que le poids des années, et surtout celui de trop nombreux secrets, pactes et alliances grotesques avaient fait du plus brave des hommes.   “ Tout ça, c'est d'faute Jimbo. C'est parti de toi. Et c'est – Mec, c'est toi, le problème, putain, c'est toi. C'est vous. Vous tous. Je vous hais, putain ! J'ai tout perdu. Tout, tu m'entends ?! Mais alors, attention, j'suis l'meilleur pote de tout l'continent moi. Oui, oui. Le meilleur, c'est moi. Et toi – t'en es même pas digne, si c'est pas triste. T'es là, avec tes grands airs et ton pognons, comme si rien t'atteignait et que t'étais l'roi du monde, mpf.  ” Le ton est allé d'un registre à un autre, toujours plus rauque dans les menaces hurlées, effroyablement aiguë dans les sarcasmes, dont il n'était habituellement pas un fervent usager. “  Elle a raison, putain.  ” Oh ! Il est de notoriété qu'elle a toujours raison. Pour plus d'un millier de raisons, l'une plus valable que la précédente.  Jim ne comprendrait pas la référence, faute d'éléments, et Ric comprendrait que plus tard son erreur. En se levant, il trébucha sur les débris de bouteille, jusqu'à trouver le goulot scellé, encore plein d'une dose de rhum bienvenue. Le verre brisé lui entama la lèvre, mais il était au moins anesthésié par l'alcool pour s'appesantir de la douleur ; légère, comparée à tout le reste. “ À l'amitié,  ” gronda-t-il, dans un ricanement révulsé.
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Jackson Caverly
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Ses prunelles noires rivées sur les pétales d’une fleur écrasée au sol, le Capitaine Flint arqua un sourcil perplexe avant de faire son entrée dans la salle du conseil. Les lieux n’étaient plus que de vulgaires ruines, et le carnage qu’il avait pu entendre et qui l’avait conduit jusqu’ici était bien réel. Malgré les apparences, n’y avait aucun cadavre qui puisse manifester d’un quelconque règlement de comptes. Le mobilier avait été retourné, des morceaux de verre jonchaient le sol, mais - pour l’heure - aucune trace de sang ne venait encore maculer la boiserie des murs. Un miracle incompréhensible. N’y avait que ce bougre confortablement installé sur le siège qui présidait l’assemblée. Le plus con des rois au milieu du chaos. Le visage marqué par toutes ces années à parcourir les océans, Jim gratifia son vieux camarade d’un regard furieux. Il était bien des choses qui pouvaient agacer cet homme, et on ne le connaissait que trop bien de par sa macabre réputation pour savoir qu’il n’était jamais bon de se risquer à le contrarier. Ceux qui avaient eu le malheur de vouloir tenter leur chance là-dessus n’étaient plus en vie pour en témoigner. Les bras croisés dans le dos et la mâchoire serrée, le pirate détailla sans un mot le pitoyable portrait d’un ami visiblement rongé par beaucoup trop d’alcool. Il essuya son chaleureux accueil d’une effroyable impassibilité, jugeant de toute sa hauteur celui qui s’enfonçait davantage dans son fauteuil à mesure qu’il approchait. Depuis son retour à Ravenshore la semaine dernière, Flint avait à peine eut le temps de se confronter à son ami, ou du moins à l’épave qu’il en restait. Vrai que les années avait fait leur oeuvre sur leur deux vies respectives. L’un était devenu l’une des figures les plus imposantes de la piraterie, les mains pleines de sang, le coeur enrobé d’aventures et les poches remplies d’or. Pendant que l’autre, en revanche, paraissait avoir dégusté de bien tragiques épreuves au cours de cette dernière décennie. Des malheurs dont Jim n’avait pas encore connaissance, et dont il expliquait l’amertume sur une simple et banale rancoeur portée à l’égard de son départ précipité.  — Qu’est-ce que tu fous ici Ric ? Qu’il gronda de sa voix rauque tout en s’avançant vers lui d’un pas assuré, ses bottes écrasant les débris qui les séparaient. Le portrait était malheureux à voir et si la situation ne l’avait pas tant agacée, sans doute se serait-il laissé aller à un vague rictus pour toute moquerie. Aussi, parce qu’il le foudroyait du regard et sentait ses nerfs lâcher les uns après les autres, Jim déposa les deux paumes de ses mains contre le bois de la table devant laquelle il s’arrêta. — Arrête, tu vas m’faire rougir. Qu’il souffla, d’ores-et-déjà épuisé par une rencontre qui de toute évidence ne mènerait à rien. Flint avait pour habitude de considérer qu’un homme qui ne savait pas boire ne devrait jamais avoir le privilège de toucher une bouteille. En l’occurence ici, Ric semblait avoir descendu suffisamment de gorgées ambrées pour remplir tout un tonneau. La raison viendrait plus tard, ou pas, peu lui importait finalement à cette heure-ci. A sa remarque visant incluant son frère, lui, et des femmes, le Capitaine du Walrus leva les hauts au ciel, exaspéré.  — Et quoi au juste ? Une de tes prostituées a voulu jouer avec moi et tu t’es soudainement découvert un coeur ? Pauvre idiot. Ô il était de notoriété que le pirate le plus riche de Nemeree traînait une chambre tout particulière au Lanisran, auprès de filles choisies par ses soins. Une bien belle réputation qu’il entretenait à l’aide de bien trop de pièces d’or pour acheter le silence et la collaboration de la gente féminine qui s’y trouvait et envers laquelle il n’avait jamais éprouvé la moindre tentation. Une main fébrile posée sur le bas de son visage, Jim avait craché ses sarcasmes sur un ton glacial, preuve s’il en fallait une que cet homme n’avait plus la même patience qu’à l’époque. D’aucuns diraient même qu’il n’avait plus rien à voir avec le James Flint qui s’en était allé en quête d’une vengeance restée inassouvie. On lui avait donné de quoi s’abandonner et se perdre, et il avait choisi de le faire sur les flots en laissant derrière lui des souvenirs heureux et un ami. Le plus brave des hommes était ici devenu le pire des camarades, peu enclin à se laisser attendrir par un ancien compagnon d’armes qui s’adonnait à de ridicules doléances.  — Regarde-toi crétin, t’es un véritable sac à gnôle à cette heure-ci. Même pas foutu d’aligner deux mots cohérents. Il avait haussé le ton, les yeux criants d’aigreur quand le peu de contenance qu’il lui restait lui hurlait de ne rien faire de stupide. Incapable d’empathie, Flint n’était cependant pas aveugle à toutes les émotions qui allaient et venaient sur le visage épuisé d’un Eric peu enclin à partager ses peines. Le reste de ses propos eut cependant raison de sa patience, et dans grognement sourd, Jim s’en alla le rejoindre en plaquant ses deux mains contre le col d’une chemise qu’il empoigna de manière virulente.   — Ok ça suffit, tu vas me dire qu’est-ce qui te prend Wenscombe. Parce qu'à part ta dignité qu’est clairement entrain de foutre le camp, t’as pas grand chose à perdre de c’que je sache. Rauque et cinglant dans ses paroles, il braqua sur lui un regard aussi glacial que préoccupé. La démarche était déplorable, et s’il ne l’avait pas soutenu de toutes ses forces, sans doute l’homme se serait-il laissé tomber au sol.   — Et qui a raison ? Putain mais qu’est-ce que tu racontes. Evidemment qu’il avait relevé la référence sans pour autant en saisir la signification. S’il savait. Poussant un soupire tout en secouant celui qu’il tenait fermement de ses mains, Flint l’obligea à lâcher le goulot sur lequel s’attardaient encore ses lèvres.  — T’as suffisamment bu, mon pote. Maintenant tu vas aller faire une bonne grosse sieste et on reparlera pu jamais de cette crise existentielle que t’es entrain de me taper. Il avait ordonné plus que demandé, réflexe de Capitaine, et espérait que l’abruti ne tenterait rien de stupide pour essayer de lui échapper. Les yeux plantés dans les siens, il cherchait des réponses sans les trouver, mais sentit néanmoins sa poitrine se soulever sous tout le poids de la détresse que Ric lui exposa en pleine figure. Pour la première fois depuis qu’il avait pénétré dans la pièce, il prenait enfin le temps de détailler de près la carcasse de son ami. Et ce qu’il y trouva le poussa presque aussitôt à relâcher sa prise sur ses vêtements et à reculer d’un pas. Le visage impassible mais le souffle coupé, Jim n’était pas encore devenu un monstre au point de ne pas s’inquiéter devant le portrait déplorable que cet homme lui présentait.  — Qu’est-ce qu’il t’es arrivé ? Plus calme sans pour autant se défaire de son registre d’aigreur, Flint poussa un long soupire en se redressant face à lui. Au souvenir de ce duo explosif qu’ils avaient été il y a bien des années, et dont il ne restait plus que des décombres et des tessons de bouteilles à l’image de leurs vies.
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Loin de la puissante amitié qui l'avait lié à l'homme qui se tenait devant lui, les yeux bourrés d'un jugement dont il se serait bien passé, Ric se laissa submerger par un déferlement d'émotions nouvelles. Le deuil lui était à ce point insurmontable qu'il voyait un ennemi partout, en permanence, dans les moindres coutures ingrates de cette vie dont il ne voulait désormais plus. Il crachait sur un futur, vomissait sur des habitudes, des rituels, une carrière, et des amis. Mais pas sur la boisson. Son seul regret sur l'instant : avoir préféré le siège du conseil plutôt que la taverne, puis et d'avoir le plus minable des prétendus amis comme public à régaler. Il ne cherchait aucune compassion, ni réconfort, mais il détestait davantage Jim à la minute sous le seul prétexte d'un regard. De ce jugement, de cette suffisance ingrate, de cette façon parfaitement révoltante qu'il avait de prétendre, le prendre de haut comme s'il n'était qu'un gosse et que lui était la godasse qui faisait marcher le monde. Ric manqua de presque rien de dégobiller son aigreur et le contenu de son estomac sur ses pompes bien cirées. Il se sentait désormais malade, presque mourant de cette trop violente cuite, et surtout, de n'avoir aucune âme assez décente à qui professer correctement son deuil. Jim aurait pu comprendre. N'était-il pas le mieux placé, finalement ? N'avait-il pas essuyé un drame en tout point semblable ? Ils avaient tous deux tant de secrets, et Ric, même dans son malheur et son ivresse, ne confesserait rien à cet exécrable malade, capitaine-traitre, ami de pacotille. À une réplique douteuse, il explosa d'un rire maniaque, à cracher tout le contenu de sa bouche par terre, et tant pis pour les dernières gorgées qu'il avait en réserve. Lui fallut une minute au moins pour s'en remettre, trouver un équilibre précaire pour lui faire face et rassembler les mots assez forts pour exprimer le fin fond de sa pensée : “ Ouais, ouais, ouais. T' connais bien ça toi, les putes. T'aimes ça toi, les putes, hein ? T'en connais un paquet, hein ? Pour ça qu't'en parles si bien ! Lanisran, c'est ça ? Pourtant c'est pas les plus jojo du quartier, vais t'dire. C'con de passer du saint grâaaaaaaal de la femme à la putain locale.  ” De la bile, voilà ce que c'était. Sobre, ou ivre, on ne pouvait enlever à Ric qu'il n'avait pas peur de chier verbalement sur Jim ; jamais.  Ni par le passé, ni aujourd'hui, et surtout pas demain. Et surtout, d'utiliser le sujet qui fâche comme une arme braquée et d'avoir l'audace de tirer à bout portant. Pour ponctuer et provoquer davantage, si c'était même possible, il repoussa Jim contre le mur de ses deux bras ; et manqua de chuter mémorablement, tête la première dans les débris qu'il avait lui-même dispersé ça et là. “ Et ça, c'était assez coréhent - cohé- re, - merde hein, t'as compris, pour toi ? Oh! Bah ... quoi ? Pas vrai p't'être ? Les rumeurs, elles sont de toi, pas vrai ? C'est ça qu'tu veux nous faire croire, hein ? Que tu t'essuies sur les bonbonnes de Lanisran pour oublier c'te légende de bonne femme que t'as eu l'audace de quitter ? Alors ? T'as envie d'm'en coller deux ? Parce que j'ai ooooosé ? Bah ouais, j'ai osé.  ”  Bouche grande ouverte, gorge déployée, il échappa un rire guttural. Pour moquer la chute avant qu'on ne le fasse pour lui, mais aussi pour l'affront d'évoquer de vive voix ce qui n'aurait jamais dû franchir la barrière de ses lèvres. D'appuyer là où le bât ne blesserait pas, mais tuerait, ce volontairement. Pourquoi serait-il le seul à souffrir, après tout ? Pourquoi ne pas emporter tout le monde dans son sillage et faire payer, à ses détracteurs et ses proches, de se sentir si seul et de n'avoir aucun moyen pour alléger cette solitude ? Incapable de penser avec sa conscience, noyée dans l'eau-de-vie, il moquait ouvertement un sujet qu'il savait inévitablement sensible ; simplement parce qu'il en connaissait toutes les coutures, et que ce savoir allégeait nettement mieux son quotidien. Au moins pour les dernières années, et seulement de façon volatile. Jim mourrait dans sa nébuleuse, mais à terme, il aurait une surprise pour laquelle Ric donnerait absolument tout s'il s'agissait d'en bénéficier à son tour. Peut-être aussi qu'il provoquait. Qu'il avait besoin d'un poing dans la figure, et un qui ouvrirait la marche à d'autre. D'une lame dans le gosier. D'un poignard dans la gorge. Quelque chose qui le fasse se sentir plus proche d'Ariel, et moins proche de la réalité. Et parce qu'il savait se mettre là où on voulait le trouver, Jim ne tarda pas à répliquer. “ Oooh, ” souffla-t-il, des restes de rire idiots dans la bouche. Les mains au col, premier chapitre. Il voulait sa bagarre, et la voilà. “ Ma dignité ? Ma dignité ? ” demanda-t-il, caustique, incapable de se défaire de cette attitude grotesque, ouvertement caustique ; celle de l'homme qui se sait menacé, mais n'a rien ni pour se défendre, ni à perdre. “ Y a qu'à toi qu'ça importe, ça. La di-gni-té. ” poursuivit-il, ivre d'hilarité. Sa main trouva la joue de Jim, en ce qui aurait dû être une formidable claque, mais il tapota à peine, engourdi par son état.   “ Pauv' connard. Avec ta dignité. ” Cette fois, la liesse laissa brutalement place à l'animosité. Il échappa un soupir à s'en fendre le buste de haut en bas, se frotta les yeux à se les enfoncer dans le crâne, et se mit à trembler comme un accroc en manque de sa dose. “ T'veux savoir c'que j'en fais moi d'la dignité ?” Son flingue quitta sa ceinture pour trouver sa gorge. Le canon appuya à un point tel qu'il y laissa une marque et quelques traces de poudre humide. C'aurait été si simple d'appuyer sur la gâchette. Arrêter les frais à l'instant, taire toute douleur, se soustraire à tous ses engagements et les promesses idiotes qu'il avait faite. Bien sûr, il serait enterré comme un chien. Un trou sur les odeurs, avec le reste des traites et des faibles, dans le cimetière de la honte. Pas comme un pirate, au large ; il n'en était de toute façon pas un, mais même eux bénéficiaient d'un meilleur traitement que les suicidars. Il serait privé de ce que son rang, son service, sa carrière, exigeait en terme de funérailles ; et pouvait-il réellement se permettre de faire une croix dessus, alors même que c'était là tout ce qui lui restait ? Le prestige d'être lui, et d'avoir été un si bon soldat. Ce qui avait causé sa perte demeurait encore ce qui lui restait de plus glorieux. “ Pew-Pew, ” souffla-t-il, les lèvres pincées et les yeux rivés sur Jim. Peut-être cherchait-il une émotion. N'importe quoi qui puisse donner à croire que Jim en aurait quelque chose à faire, et n'était pas seulement que jugement et moqueries douteuses. Sinon il donnerait raison à Viola, là où lui l'avait longuement et ardemment défendu. Son retour avait donné raison à la Lady, au moins en partie. Une attitude infecte signerait la certitude. Ce qui lui était arrivé lui appartenait, et il n'avait ni l'esprit, ni le coeur de raconter ; et certainement pas à lui. “ J'ai promis, ” finit-il par concéder, de bien mauvaise grâce. Et ce serait tout. Il avait promis. Bien trop de choses, à bien trop de personnes, et le poids de ces promesses lui semblait aujourd'hui insoutenable. Le prix à payer pour être un si bon ami, un confident, et un bon soldat : trop cher.  Il avait jadis prêté serment auprès de son roi aliéné, donné sa parole à Jim, puis à Viola, et en retour, il était aujourd'hui sans rien. Un officier-chien ivrogne, voué à subsister grâce aux battements d'une miette de coeur qui tournoyait dans la liqueur.   “ Si t'es pas content du trait'ment, mais casse-toi ! Fais c'que tu fais de mieux : prend la fuite, abandonne tout, va t'planquer. T'veux que j't'ouvre la porte ou bin t'es un grand garçon ? ” ricana-t-il, montrant la porte d'une main tremblante.
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Jackson Caverly
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La patience était une vertu dont le Capitaine Flint avait malheureusement été amputé au cours de ces dernières années. Il subissait en silence le spectacle que lui offrait son ami. Un ballet maladroit de mots incohérents qui attestait de la déchéance pathétique d’un homme face à ses démons. Les dents fermement serrées à l’image des poings qu’il menaçait de lui asséner en pleine figure, Jim se serait volontiers arraché les yeux à force de les lever au plafond. Insupportable. Il n’avait jamais été une oreille attentive face aux doléances des autres, mais l’était encore bien moins depuis son retour chaotique à Ravenshore. Le moindre motif de contrariété suffisait à lui faire perdre son sang froid et les quelques fous qui s’étaient risqué à l’offenser n’étaient plus en vie pour en témoigner. Aussi, Ric était incapable de voir la fleur que lui faisait son compagnon en lui concédant tant bien que mal un comportement tout sauf tolérable. Bien peu à l’aise avec les sarcasmes et les rictus ridicules que lui adressait l’officier, Flint avait croisé les bras contre son torse et se mordait les lèvres à sang pour ne pas échapper de regrettables gestes à son égard. Il était loin le temps où ces deux camarades militaires se comprenaient d’un seul coup d’oeil. Le temps n’avait visiblement pas joué en leur faveur, et les épreuves de la vie s’étaient chargées de les réduire à ce qu’il restait aujourd’hui de leurs carcasses. Jim, le coeur noyé quelque part dans l’océan. Ric, une vulgaire marionnette sans vie qui tenait encore miraculeusement debout sur ses jambes. Les paroles qu’il venait tout juste de cracher à son intention eurent le mérite de faire au moins décrocher à son interlocuteur un regard noir. La provocation était facile, gratuite et terriblement efficace. N’y avait que peu de choses qui parvenaient à faire vriller à ce point le Capitaine du Walrus, et l’une d’entre-elles venait d’être évoquée de la pire façon par Eric Wenscombe. Au rire carnassier et à la bile de paroles volontairement projetée à ses pieds, Jim inclina dangereusement le visage en avançant d’un pas vers lui. Ses yeux étaient devenus aussi acérés que les dagues qu’il portait à sa ceinture, et ses traits venaient subitement de s’assombrir.  — Pour ton bien Ric, je te conseille de faire très attention aux prochains mots qui sortiront de ta bouche. Le ton était mesuré malgré qu’il puisse demeurer glacial, et ce n’est qu’au prix d’un effort colossal que le pirate parvint à formuler sa menace sans avoir à hurler sur l’ivrogne qui lui faisait pitoyablement face. A sa tentative de le repousser contre le mur, il éructa d’un grognement avant de s’y dérober brutalement en attrapant le col de sa chemise d’une main ferme.  — T’avises plus de parler d’elle de cette façon. Une balle tirée à bout portant, pile dans le palpitant. A parler aussi ouvertement de sa femme, Ric savait pertinemment qu’il avait appuyé sur une cicatrice qui ne se refermerait jamais. La moquerie ne passerait pas. Pas cette fois. Pas après avoir évoqué un sujet aussi sensible, et le seul qui à ce jour soit en capacité de faire émerger l’homme derrière le monstre, ou plus justement le fiancé derrière le pirate. Ivre d’animosité, Flint continuait à darder le militaire d’un oeil fou de rage,  prêt à cogner si un mot de plus se risquait à le contrarier davantage. Et parce qu’il était tout sauf en état de réaliser la gravité de la situation, Ric poursuivit sa descente aux enfers.  — Putain Ric mais c’est pas vrai ! Qu’il vociféra à son adresse en le relâchant brutalement, épuisé d’avoir à entendre ses crises hilares et ses insultes injustifiées. Même le semblant de claque qu’il tenta de lui asséner fût accueillie par un effroyable soupire de la part du Capitaine. Il s’était dérobé en le laissant planté contre son mur, l’arête du nez pincée entre son pouce et son index pendant que son autre main reposait contre sa hanche. Jim était tout si pas connu pour être un monstre d’impatience, et ce jour-ci ne ferait pas exception. Il envisagea un instant de laisser l’idiot sur place et de quitter les lieux, mais frémit cependant en relevant le visage vers lui et en découvrant le pistolet qu’il braquait désormais contre sa gorge. — Arrête de faire le con, pose ce flingue et parle-moi.  Les lèvres pincées, il l’observait d’un oeil prudent. Si la colère était encore nettement perceptible dans son timbre de voix, elle s’était aussi teintée en ce qui se rapprochait peut-être le plus à de l’appréhension pour Jim. Qui savait de quoi cet ivrogne était capable dans son état ? Un seul petit geste malheureux, et c’est sa cervelle qu’il serait contraint de devoir ramasser au sol. Alors oui, il en avait quelque chose à faire. Peu démonstratif et probablement l’un des pires amis qui puisse exister en ce monde, mais préoccupé malgré tout. Pour ça, et pour tout le reste, ce n’est pas qu’une paire de claques qu’il récolterait une fois son flingue hors de portée. Ses deux grands yeux noirs rivés sur Ric, Jim avait simplement levé les paumes des mains en se rapprochant d’un pas avisé. Lent et sur la défensive, prêt à dégainer au besoin et lui trancher une main s’il le fallait.  — Tu pourras pas dire que je t’avais pas prévenu.  Qu’il siffla doucement entre ses dents, la mâchoire serrée et le coeur grondant sous sa poitrine. Le poing fila à toute allure pour aller se perdre contre son nez. Un coup vif et brutal, histoire de remettre en place cette cervelle noyée sous l’alcool ingéré pendant que son bras se plaquait contre sa gorge jusqu’à lui faire percuter son dos contre le mur et lui faire lâcher son flingue. Depuis son retour sur les quais de Ravenshore, ils n’avaient finalement entretenu que bien brèves conversations - encore fallait-il pouvoir qualifier de conversations la poignée de mots qu’ils s’étaient adressés. Quoiqu’il en soit, ce n’est qu’à partir de cet instant que le pirate se questionna sur les motivations qui pouvaient animer son camarade à agir de la sorte. Sans le ménager, il relâcha brièvement sa prise contre son cou en réalisant qu’il lui faudrait éventuellement de l’air pour pouvoir continuer à vivre.  — Parle pas de ce que t’ignores abruti ! J’me tirerai pas cette fois, alors sois tu craches le morceau sois t’essayes de m’en foutre une mais j’te souhaite bien du courage pour y parvenir vu ton état.  La moquerie aurait été la bienvenue s’il n’avait pas hurlé ses mots sous le coup de la colère.  — Qu’est-ce que t’as promis, et à qui bordel ? Finit-il par lâcher, excédé de ses insinuations. L’atmosphère n’avait jamais été aussi tendue entre eux, et s’agissait bien de la première fois depuis leur rencontre qu’ils se toisaient de la sorte. Les disputes avaient toujours été récurrentes et faisaient même partie intégrante de leur amitié, Ric étant de loin le seul qui se permettait de balancer à Jim ses quatre vérités. Des coups, ils en avaient échangés. Mais de là à frôler la mort et jouer avec des armes à feu, jamais. Leur glorieux binôme, sans surprise, n’avait pas été épargné par son départ.  — J’vais pas jouer à ça pendant des heures Rico. Le grand garçon commence à perdre patience, alors sois tu m’balances ce qui va pas, sois tu la ferme et j’te traîne jusque dans ta piaule pour cuver toute ta merde. Un sourcil arqué, les yeux aussi aiguisés que des lames de rasoir, il étouffa un soupir en levant les yeux au ciel avant de le relâcher.  — Ce genre de connerie, une fois, pas deux.
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Hayden Beckwith
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Les menaces, Ric prend, bois et digère chacune d'elle. Il les considère lorsqu'elles flottent en lui sur un lit d'alcool, qu'il n'a plus l'esprit pour,  et qu'il est donc trop tard. “ Qu'est-ce tu vas faire ? M'tuer ?  ” L'éclat de rire déchire le dernier voile de décence qui le protège de Flint et des aigreurs qu'il a volontairement provoquées,  et il ne parvient qu'à glisser un “ Va t'faire mettre, ” stupéfiant d'insolence avant de prendre la branlée qu'il mérite. Tous deux s'emportent dans un tourbillon de violence gratuite, de grognements douloureux, de poings encaissés et contrés au hasard de leurs capacités et de leur volonté commune de gagner ; mais gagner quoi, au juste ? Si ce n'est le droit de recommencer, le privilège amer d'une solitude qu'ils avaient déjà de trop, et le préjudice d'un ami en moins. Ce qu'ils sont loin de pouvoir se permettre. Ric ne tient évidemment pas la distance, et en plus d'encaisser pitoyablement, il trébuche sur ses propres pieds, s'encastre les poings dans les murs faute d'être capable de viser. Flint, plus large, avait déjà l'avantage du physique, quand bien même il était un rien plus petit que Ric. Ce rien qui ne faisait aucun poids dans un combat gagné d'avance. Ric n'avait aucun argument, si ce n'est celui de vouloir se sentir plus près de sa fiancée, qu'importe qu'elle se trouve hors de portée, qu'importe les moyens, qu'importe que ça lui coûte la vie. Toutes les coutures en sang, ou presque, il cracha un rire plutôt qu'un grognement, un ricanement afin dissimuler la douleur, qu'elle fut physique ou morale. Si Jim s'entêtait, lui avait arrêté d'essayer de répliquer. La gueule dans le sang et le goût des pavés dans la bouche, il échappa un grognement de douleur au coup de trop et à l'épée menaçante.

Elle avait décrété une absence de quelques heures à peine et laissé l'équipage sur l'ordre de surveiller d'abord le navire, qui serait toujours une priorité absolue, puis l'épave qui s'y trainait. Dans le feu de l'urgence, on n'avait pas attendu son retour pour lui apporter une nouvelle. Jusqu'au palais, Sky avait trouvé une entrée dérobée, déjoué tous les risques et s'était précipitée auprès d'elle, en pleine réflexion avec son frère, pour lui glisser le mot que Ric avait encore une fois trouvé le moyen de tomber plus bas. La salle du conseil, pillée. Les gardes, morts. L'alcool, en abondance. Le public, large. Le rapport du soir aurait dû être un motif suffisant pour laisser le lieutenant ivre se noyer une bonne fois pour toute, dans le port ou dans sa gnôle, mais elle convint qu'au nom du Roger, de la décence, des circonstances et de l'amitié, une intervention était effectivement nécessaire. Pan, si peu intéressé fut-il, laissa sa soeur à ses occupations jugées triviales, et elle descendit les marches vers Ravenshore une à une, laissant délibérément le temps à Ric de rassembler les quelques pièces de son bon sens avant qu'elle ne le fasse pour lui. “ Je te trouve bien silencieuse,  ” siffla-t-elle en chemin, les yeux rivés fermement rivés sur leur chemin, et le pas déterminé. Sky n'était pas bavarde, mais elle dégageait une énergie différente ce soir. D'ordinaire, elle passait par les toits et mettait entre elle et le commun des mortels une distance d'observation. Là, elle marchait dans les traces de sa capitaine et Viola sentait son regard courir sur son épaule, et entendait son souffle tenter de lui murmurer ce que Sky ne voulait pas dire. Elle hésita quelques secondes et manqua de prendre une réflexion en pleine figure avant de se décider. “ C'est qu'il est pas seul, et Tibby a dit qu'ça vous plairait pas. ” Elle s'arrêta tout net, les talons plantés dans l'asphalte comme deux couteaux dans du beurre. Son regard, impérieux, sombre, profond, trouva celui de son espionne ; qui saurait y lire les questions qu'elle ne voulait pas poser. Il y avait trop de choses qui tendaient à lui déplaire dans ce monde, et avant de s'engager dans la rue qui menait droit vers le conseil, elle ordonna plus de précision de la part de Sky. Elle bafouilla pitoyablement, incapable de se recentrer ou de trouver les mots justes, puis sursauta à des hurlements, des grognements, et le capharnaüm provoqué par une bagarre. Ric, sans aucun doute, prenait sa trempe méritée ; et même Viola ne lui trouverait aucun prétexte. Son jugement était peut-être même plus résolu que n'importe lequel, quand bien même avait-elle assisté à tout ce qui avait conduit le plus formidable des alliés à se livrer, corps et âme, à ses propres démons plutôt qu'à les combattre. Il se battait, et alors ? Rien de fou, rien de surprenant, rien d'inattendu. Bien sûr qu'il irait se battre, bien sûr qu'il irait se souler pour oublier. Viola regretta uniquement que son équipage l'ait laissé filer plutôt que de l'enfermer. Après avoir assassiné Skyler du regard, elle jeta un coup d'oeil sur Castaway Cay, où on se débattait encore, cette fois à l'air libre. Planquée à l'angle, elle constata une ombre se charger de sceller le sort de Ric. Avant qu'elle ne comprenne, réalise réellement, son coeur fit une embardée, la laissant sans souffle, sans mots, incapable de remettre son nord et son sud aux bonnes places. De tous les hommes, tous les pirates, tous les capitaines qu'il aurait pu provoquer, Ric avait jeté son dévolu sur le seul à qui elle refusait de faire face. Le seul à qui elle ne pourrait pas régler son compte à moins de perdre définitivement le maigre et pitoyable fil de couture qui reliait encore son âme à, quoi ? Un rien de décence ? La fille qu'elle avait un jour été et à laquelle elle refusait de ne serait-ce que penser ? Elle échappa un grognement furieux, les poings serrés, curieusement désarmée. Sky avait filé en se sachant la victime toute désignée de sa capitaine, et elle se retrouva seule, comme Ric, avec ses démons. Le coeur dans la gorge, cherchant son souffle et toute conscience qui l'empêcherait de foutre le camp et de laisser Ric à son destin, elle laissa quelques minutes filer, quelques grognements et éclats d'épées la convaincre qu'elle ne pouvait pas laisser Ric se saboter de cette manière. Elle éructa un juron enragé, manqua de perdre son poing dans un combat perdu d'avance contre un mur, et parce qu'il s'agissait de Ric, qui avait trop donné pour elle, eux, elle décida de lui concéder un effort en son sens, quand bien même celui-ci lui coutait son anonymat. Au nom de l'amitié, même si la leur s'était muée en quelque chose de tout à fait différent ; d'injuste. Après avoir passablement planquée son identité sous une lourde capuche et sur un grognement rageur, elle se précipita enfin sur le quai, et dégaina son flingue. Elle glissa jusqu'à eux d'un pas félin, Jim de dos, et Ric de face.   “ Lâche l'épée, ” ordonna-t-elle, rude dans le ton et dans le geste, son canon rivé sur l'arrière du crâne de celui qu'elle avait un jour aimé et qui lui inspirait aujourd'hui le plus grand mépris. Elle se demanda vaguement s'il reconnaitrait immédiatement la voix, si ça lui prendrait un temps, court ou non, ou s'il resterait idiot jusqu'au bout en ayant besoin de voir des traits pour percuter l'évidence de plein fouet. Sa main se mit à trembler sur la gachette, quelques brèves secondes, trois fois rien, avant qu'elle ne parvienne à rassembler toutes les pièces d'elle-même qui s'était éparpillées à l'avoir à sa portée pour la première fois depuis ce qui lui sembla être une autre vie. Pour s'en détacher complètement, elle jaugea sa victime. Ric vidé, planqué sous un épais masque de son propre sang. Ric qui ne se ressemblait plus, et pas seulement parce qu'on lui avait refait le portrait, mais parce qu'il avait perdu, lui aussi, sa raison de vivre. Il était eux, à une époque. Il tenta de se redresser et se faisant, parvint au moins à se détacher de l'emprise du Capitaine du Walrus, mais glissa de côté pour retomber minablement sur ses genoux. “ Salut M'man,  ” darda-t-il, un sourire sur les lèvres bientôt couronné du même rire maniaque qu'il avait servi à Jim toute la soirée. Viola n'en aurait cure. Le geste fut brutal, automatique, involontaire. Son flingue quitta la tête d'un et trouva l'autre à l'épaule, à la différence que cette fois elle n'hésita pas une seule seconde sur la gâchette.   “ Si tu rigoles, encore une seule fois, ” siffla-t-elle entre ses dents, aussi menaçante dans le timbre que dans le regard, chaque mot minutieusement détaché du précédent. Ric avait ses grands défauts de dépressions, mais il riait du matin au soir. Il riait la mort, le sérieux de sa condition, les aides, les conseils et tous les prétextes qu'il trouvait pour se faire passer pour plus désaxé qu'il n'était. Viola ne supportait plus ce rire de dément. Elle venait peut-être de lui épargner le coup de trop de la part de Jim, mais elle en avait assez de ses jérémiades.   “ Tu m'as tiré d'ssus ? Moi et pas lui ?! T'es sérieuse ?! ”  hurla-t-il sur le ton de la trahison, main à l'épaule, sang sur les doigts. Il se redressa, dos au mur, tonitruant, assassinant Flint du regard comme si tout était, encore, de son entière faute. Alors qu'il n'y avait aux yeux de Viola qu'un seul coupable ici : lui.   “ Regarde ce que tu me forces à faire,  ”  gronda-t-elle. Elle refusa de ne serait-ce qu'adresser la situation, de regarder Jim dans les yeux, ou au moins dans sa direction. Ses apparences toutes hautaines, impérieuses, n'y survivraient pas, et elle ne lui ferait pas l'honneur de laisser tomber le masque du Capitaine Crochet. Pas ce soir, ni jamais. Mais Ric savait. Ric gardait un secret, un énième, et il avait magistralement foiré ici, et pourquoi ? Rien ne saurait jamais justifier ce soir à ses yeux. Réaliser le poids de son comportement causa à Ric de souffler, paniquer. À son alcool de virer de bord, de la colère véhémente à la désolation. Un cafouillage émotionnel visible, palpable. “ Vee... ” tenta-t-il, dans un soupir, la lèvre tremblante. “  N'y pense pas. T'as perdu le droit de chialer,  ” trancha-t-elle, intraitable. “ Mais je... ” - “ Dégage. ” “ J'te laisserais pas avec lui ” Et que croyait-il faire dans son état, au juste. Vee le considéra du regard, faisant encore passer un message qu'il aurait pu déchiffrer, s'il n'était pas si soul. Encore qu'il avait l'air d'avoir cuvé une partie de sa cargaison.   “  Tu te prends pour qui ? C'est un ordre. ” Sa langue claqua dans sa bouche, et ils se regardèrent droit dans les yeux, durant quelques trop longues secondes, avant, qu'il ne s'écarte, bouscule Jim et finisse par se conformer, en tout bon soldat dévoué : “ Oui, mon Capitaine. Chaque mot s'était écrasé sur le visage de son ancien ami, avant qu'il ne baisse finalement la tête devant son véritable Capitaine, sans pour autant trouver la force ou la stabilité nécessaire pour s'en aller vraiment. Deux pas, au plus, emboité par sa Capitaine, avant de se retourner de nouveau pour une ultime provocation. “ Oh ! Jim ! Y a un truc que j'ai oublié d'te dire ...  ” Elle est en vie. Il étouffa un ricanement grotesque, un autre, et elle aurait armé son poing, si elle n'avait pas aperçu Tibby derrière, prêt à prendre la relève.
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Jackson Caverly
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Les rires goguenards, les provocations, les menaces, tout ça ne dura qu’un temps avant que Ric ne se décide à mettre le feu aux poudres. Les premiers coups étaient partis sans prévenir, annonçant toute la vague de violence qui allait déferler sur l’ivrogne durant les prochaines minutes. Flint et les aigreurs qu’il accumulait un peu plus chaque jour l’emportèrent dans un torrent d’agressivité inédite envers son ami. Puisque visiblement l’homme tendait le bâton pour se faire battre, alors ainsi soit-il. La scène prit soudainement une tournure bien différente. Les premiers coups partirent sans prévenir pour venir s’écraser contre ce rictus suffisant dont Ric ne semblait pas vouloir se défaire. Un nez brisé, des lèvres fendues et de jolis hématomes plus tard, les deux hommes ne laissèrent aucune place à une quelconque accalmie. Flint, les mains plaquées contre le col d’une chemise tâchée de sang, accueillait le combat avec toute l’amertume dont il était fait. Il n’avait plus la patience, ne l’avait probablement jamais eue, et n’était de toute façon plus disposé à entendre la souffrance des autres depuis quelques années. Il était devenu un monstre d’indifférence, peu enclin à éprouver la moindre empathie envers qui que ce soit, pas même envers son propre équipage. L’âme vendue au diable disait-on. Ric n’avait aucun argument à lui exposer et ne comptait plus sur le dialogue mais sur les actes pour se défaire des afflictions qui le rongeaient. Et quelles étaient-elles au juste ? Il ne semblait pas enclin à vouloir lui livrer une réponse ce jour, quand bien même serait-il encore en capacité de verbaliser quoique ce soit après leur petite querelle. Lorsque l’une des fenêtres de la salle du conseil explosa sous le poids du pauvre malheureux, ce sont les pavés crasseux des quais qui se chargèrent d’accueillir le ballet sanglant mené par ces deux ombres. La pointe de son épée alla à la rencontre de la joue de son camarade. Jim, la lèvre inférieur à peine fendue sous un coup de poing qui avait miraculeusement atteint sa cible, dardait l’homme d’un air sinistre.  — Ça y est t’as fini ? Le timbre était aussi froid que l’était son regard. Il aurait pu le tuer, là, d’un coup sec et précis au niveau de la gorge ou en pleine poitrine. Et si l’idée lui traversa l’esprit, un ordre par dessus son épaule le força à ne rien en faire. Cette voix… Une qui eut le mérite de faire trembler la main qui tenait l’épée un court instant pendant que son palpitant se figea dans sa poitrine. Impossible. Ric perdit soudainement le peu d’intérêt qu’il avait à son égard, et Jim inclina son visage dans l’espoir d’identifier la femme qui se tenait derrière lui et le menaçait désormais du canon de son arme. Puisqu’il s’agissait bien d’une femme. Peu impressionné par le pistolet mais davantage par le timbre de voix qui s’était employé à lui ordonner de lâcher prise, Flint s’exécuta en abandonnant sa lame sur les pavés dans un claquement métallique. A lui jeter un regard de biais, il ne pu entrevoir que des mèches de cheveux brunes encadrant le contour d’une mâchoire aux traits familiers. Encore ici, impossible. Le reste du dialogue qu’ils échangèrent avec Ric persista pourtant à appuyer les doutes qui martelaient désormais son esprit et son coeur. Mais un nom força l’évidence à se frayer un chemin jusqu’à venir l’empoigner d’une main invisible à la gorge. — Vee ? La voix étranglée, il se retourna jusqu’à faire face à la silhouette qui se tenait derrière lui. Le coup tiré à l’épaule de l’ivrogne qui se traînait à terre le laissa parfaitement indifférent. Le capuchon porté sur ses épaules et son visage serait parvenu à tromper bien des gens, mais pas lui. Il resta immobile, bête et complètement idiot devant ce qui avait tout l’air d’être un fantôme du passé. La bouche était entrouverte sans qu’aucun son ne daigne en sortir. Les yeux, eux, luttaient pour tenter de déchiffrer s’il s’agissait d’un rêve ou de la réalité. Capitaine ? La scène paraissait irréelle quand bien même une petite voix lui soufflait qu’il était bel et bien éveillé et que, par conséquent, tout ceci était vrai. Flint demeura figé encore plusieurs secondes lorsqu’ils entreprirent de s’éloigner, mais une pulsion le poussa évidemment à ne pas en rester là. Ses doigts reprirent possession de l’épée abandonnée un peu plus tôt, et à grandes enjambées il se posta devant elle, un coup de pied en plein ventre pour éjecter Ric de la scène et le faire s’effondrer plusieurs mètres plus loin. La pointe de l’arme dirigée vers l’ombre devant lui, Jim prit l’initiative d’abaisser le voile qui couvrait son visage pour démasquer ses traits et l’identité qu’elle semblait vouloir préserver. — Viola ? Souffla-t-il en reculant d’un pas, brutalement pris à la gorge pendant que son bras retombait le long de son corps. Une balle invisible tirée en pleine poitrine et qui se chargeait de déchirer la moindre parcelle de son myocarde affolé. Ses deux prunelles accrochées aux siennes, il manqua de s’étouffer en sentant l’air qui commençait cruellement à manquer à ses organes. Comment ? Une myriade de questions assaillirent son esprit sans qu’il ne puisse avoir le courage d’en prononcer une seule. Les muscles tremblaient tous, de la tête aux pieds sans qu’il ne puisse rien faire pour le contrôler. Durant quelques trop longues secondes, Flint devint le plus vulnérable des hommes devant le plus beau des miracles. Elle était donc en vie, tout ce temps. Traversé d’émotions diverses et variées, Jim continua de reculer de plusieurs pas en hochant la tête de gauche à droite. Il manqua de s’énerver en sentant la colère s’insinuer le long de ses veines, de rire pour toute l’ironie dramatique de la situation, et de pleurer pour tout ce que cette simple vision suffisait à inculquer à son être tout entier. — C’est bien toi ? De toute les interrogations qui hantaient son esprit, il n’était parvenu qu’à formuler pitoyablement celle-ci. Un sourire idiot sur la commissure, bien vite dissipé lorsqu’il serra la mâchoire en s’avançant de pas pressés vers elle. L’épée avait une nouvelle fois été abandonnée sur les pavés, et ses deux mains trouvèrent de quoi venir se loger sur ses joues. Une sorte d’étreinte imposée et qui termina de lui déchirer l’âme quand son visage, au plus près du sien, se régala du trésor qu’il venait tout juste de retrouver. Il sentit ses muscles se relâcher soudainement, ses poumons se gonfler d’air et des frissons parcourir sa nuque quand son parfum se mit à irradier ses narines. Des effluves différentes, certes, mais qu’il aurait été capable de reconnaître entre mille et n’importe où. Il était bien trop aveuglé pour discerner immédiatement toute la différence qui émanait de celle qui se tenait entre ses mains. L’image de sa belle et jeune Viola encore très clairement inscrite dans ses souvenirs. — Ils disaient que tu étais morte. Il était tellement loin du compte, mais suffisamment naïf pour croire qu’il ne s’agissait que d’un mensonge supplémentaire. Sans se questionner sur tout le reste, Jim faisait ici preuve d’un bien piètre jugement quand tout devrait le pousser justement à se méfier et s’interroger. Il hésita à la prendre dans ses bras, noyer son visage dans son cou ou l’embrasser sous une impulsion maladroite. Ses lèvres s’étaient courbées en un semblant de sourire bête qu’il était incapable de contenir. Des années entières à noyer son deuil dans les vices et l’alcool, se soustraire partiellement à cette vie devenue fade et sans aucune perspective d’avenir… Pour finalement découvrir qu’elle était encore de ce monde, entière et intacte - croyait-il, ce bougre. Ric avait été embarqué sans qu’il ne s’en rende compte, et n’avait de toute façon plus la force de s’intéresser à autre chose que celle qui se tenait devant lui. L’univers tout entier pouvait bien s’effondrer, il n’en aurait cure. Maintenant qu’elle se trouvait à sa portée, c’est son existence toute entière qui se voyait être bouleversée. Il n’y avait jamais eu d’autres femmes qu’elle, ni d’attirance, ni de baisers, ni quoique ce soit d’autre. Viola avait marqué son empreinte au fer rouge sur son coeur il y a de cela des années. Reine, si pas à Nemeree au moins dans son âme. Et c’est le regard-là qu’il lui offrait ce jour sur un plateau d’or : celui de l’homme irrévocablement amoureux, bien loin du pirate sanguinaire qui avait marqué les esprits ces dernières années. — Comment c'est possible ?
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Le pouvoir d'une voix. Elle se serait attendue à ce qu'il refuse, ou au moins tente de se défaire de la force d'un ordre impérieux en raffermissant sa poigne autour de la fusée de son épée. À ce qu'il tente quelque chose de typiquement inconsidéré et d'inévitablement vain pour se soustraire à son canon. Tout comme on présumait qu'il subissait les dommages d'une voix, elle fronça à son tour les sourcils à un surnom désuet dans cette bouche. Elle n'avait plus entendu le son de sa voix depuis bien des lunes, moins encore son prénom, libéré et déposé-là sur les lèvres de Flint comme une entaille. Vee, oui. Il n'y avait plus que Ric pour l'appeler ainsi. Même Tibby s'était accommodé du nouveau prénom. Plutôt de mauvais gré, mais il fallait toujours un récalcitrant à tout innovation, et on ne pourrait pas blâmer son second d'avoir éprouvé de la difficulté. Pour tout le temps qu'ils avaient passé ensemble, de l'enfance à la débâcle, elle considérait qu'il avait au moins droit à plus de dix ans d'adaptation. Ric n'essayait pas, et elle comprit que Jim ne lui ferait pas cet honneur non plus. Avait-elle seulement envisagé quoi que ce soit que le concerne, cela dit ? Pas un regard pour l'homme qu'elle tenait en joue, afin de ne pas lui donner plus que ce qu'il avait droit de sa part. Ric se démenait dans sa vinasse et ses reproches, et elle s'obligea à se rappeler qu'ils avaient dispersé les cendres de sa sirène au petit matin de ce jour sans fin, ça pour ne pas égarer une seconde balle dans sa carcasse. Sans qu'elle offre plus d'assistance ou de détails, ils s'en allèrent, sans toutefois s'imaginer qu'ils en resteraient là avec Flint. Il n'avait, après tout, jamais offert quelconque facilité et elle douta qu'il commence maintenant. Elle aurait même été particulièrement vexée qu'il le fasse aujourd'hui, mais misait tout sur le fait que Jim était le plus prévisible entre tous, et certainement celui à qui son apparition causerait le plus de mal. Elle savait mieux que quiconque qu'il réagissait mieux, et plus ardemment, à la douleur que n'importe quel homme. Elle était, dans l'irréalisme de sa survie, un motif formidable d'aliénation. Le sort de ce pauvre ami qui n'avait rien demandé de plus et souffrait déjà d'une blessure coriace  ne fit pas plus tressaillir son Capitaine que l'intervention. Pas plus que l'épée dans sa main, ni sa pointe déshabillant ses traits de leur anonymat relatif. Une fois débarrassée de sa capuche, elle releva vers lui un regard, témoin de tout l'orgueil et toute la dignité dont elle était ainsi faite. “ James, ” reprit-elle, aussi sobre et solennelle que s'il avait été un autre homme, n'importe lequel, un parmi tant d'autres. Par le passé, elle ne l'avait jamais nommé par son véritable prénom, et marquait ainsi volontairement le caractère très ( trop ) formel d'un instant qui ne l'était pas le moins du monde, entre deux personnes qui ne le seraient jamais. Elle aurait dû se régaler ou souffrir de toute l'émotion qui semblait noyer cet ancien amour. Lui tendre une main, afin qu'il ne se succombe pas aux remous, aux torrents qui l'avaient éprouvée jadis, ça si seulement elle était capable d'encore un peu de compassion ; mais elle resta de marbre. Elle braqua sur lui un regard aussi affuté qu'une lame fraichement sortie de la forge, un sourcil froncé pour seul témoin de ce que ces retrouvailles lui inspiraient : mépris, hostilité, et un rien de morosité. Rien de ce qu'elle aurait dû montrer, si seulement elle n'avait pas été quittée, méprisée, puis torturée. Elle était devenue une femme arrogante, détachée, si pas insensible. La main armée et impitoyable d'un roi-tyran, le coeur glacé de Nemeree, si tant est qu'elle en ait encore un. Bien des rumeurs à son sujet disaient que non, mais on confondait aussi tous les rôles qu'elle incarnait tour à tour, afin de percuter le peuple plus qu'il ne l'était déjà, alors elle laissait parler pour elle les langues viles de Silver Cove et forger sa réputation pour elle. “ Pas vraiment, non,  ” rétorqua-t-elle simplement, toujours sur le même ton. Viola, sa Viola, hantait désormais Arynmeren. Dans les portraits d'elle, les pièces qu'elle avait visité, les objets qu'elle avait touché et ceux qui lui avaient appartenu. Son spectre flânait sur la plage où elle était tombée amoureuse, dans les couloirs où elle avait joué avec Peter, et sur le balcon où on lui avait arraché innocence et vie. Une collection de souvenirs qui vivaient au travers d'autres, et sur lesquels la femme qui se tenait devant lui ne se retournaient jamais. Elle avait oublié. Scellé ces moments, tendres ou cruels, jeté la clef à la mer. Elle ne partageait désormais que des traits avec la Viola qu'il semblait être le seul à voir encore en elle. Au premier coup d'oeil, peut-être, mais il finirait par s'y faire comme tant d'autres avant lui, à défaut de pouvoir oublier le visage qui s'était révélé à lui ce soir. Elle aurait dû reculer à son tour, effectuer une ballet coriace avec lui afin de se soustraire entièrement à ce qu'il tentait : un rapprochement. Pourtant elle resta droite dans ses bottes, les deux talons plantés sur les pavés, les bras ballants. Ça, dans une volonté idiote et mal négociée d'asseoir sa position et de faire comprendre, s'il le fallait, qu'il pouvait certes tout tenter, elle n'était qu'un mur de marbre. Inébranlable, infranchissable. Elle exprima son profond dégoût à ses mains sur sa peau d'un grognement ouvertement répugné. Ça, en lui reprenant son menton d'un mouvement brusque.   “ Je te conseille de garder tes sales griffes dans tes poches. ”  Ou à défaut, ne pas les poser sur elle. Elle détestait par-dessus tout qu'on l'effleure, et punissait la moindre tentative de la toucher à pleine main d'un coup de sabre net. La même potence infligée aux voleurs sur le marché. Sa langue claqua dans sa bouche, alors qu'elle reprenait son chemin d'un pas ferme, ignorant superbement toute l'émotion qui semblait étreindre Flint, et celle qui s'obstinait à se répandre en elle, une déferlante grotesque après une autre. Elle avait été prononcé morte, certes, et parfois elle regrettait amèrement que ça ne soit pas le cas. Qu'il le dise lui-même lui causa une amertume supplémentaire ; tout prenait une envergure sans précédent lorsqu'il le prononçait. Pour seule réponse, elle leva les yeux au ciel et poussa un soupir. De toute évidence, elle ne l'était pas, et ne prendrait pas la peine de discuter le pourquoi du comment. Elle n'en avait parlé avec personne, et ne commencerait certainement pas par lui, jugeant qu'il était celui qui méritait le moins d'explications, et surtout de subir un deuil injuste, plus infâme que tous les châtiments du monde. Au nom de l'amour bafoué, de l'aide qu'il n'avait pas daigné apporter et des obsèques auxquelles il n'avait pas pris la peine d'assister. Qu'importe qu'il ait l'air de traversés de mille sentiments, et que son visage n'affiche que ce dont il s'était privé lui-même au cours des dernières années : amour. Elle était  devenu un monstre de ressentiment, de colère froide. Elle s'était blindée au plus près de l'os et de la chair, et refusait de voir ses défenses céder devant le sourire bête de l'auteur d'un des plus grands maux de toute son existence. “ Tout est possible dans ce monde, ”  fit-elle, étouffant un léger ricanement moqueur dans le pli de sa commissure. Ils vivaient, après tout, dans un monde de magiciens où les miracles étaient, certes rares, des éventualités. Dans son cas, quelqu'un s'y était mal pris. On avait mal visé ou pas assez appuyé sur la lame au moment opportun. On avait fait l'erreur de la laisser pour morte sous prétexte qu'elle avait cessé d'hurler, mais elle avait survécu malgré tout et ne le devait qu'à sa volonté de fer, et peut-être au peuple de la mer envers lequel elle serait pour toujours redevable. Au prix de sa vie, à n'en pas douter. “ Mais je ne crois pas être tenue de te donner quelconque explication.  ”  Elle n'était, de toute façon, tenue de rien auprès de qui que ce soit. S'il n'avait pas été question de sauver les fesses de Ric, Flint n'aurait pas été touché par cette belle providence. Pas ce soir, en tout cas. Elle s'était préparée à devoir sortir de l'ombre tôt ou tard, ce pourquoi elle prenait si bien la chose, mais en revanche il n'entrait pas dans ses plans qu'il sache. Elle le connaissait assez pour savoir qu'il ne lâcherait pas l'affaire facilement. Peut-être même pas ce soir. “ Et je recommande de ne pas insister, ni d'interférer, ” fit-elle, le ton ferme, mais dans le fond bien peu convaincue. “ Après tout, ça ne change rien. ” Qu'elle soit vivante ou non ne changerait pas qu'elle ne voulait pas de lui dans ses pattes. La donne était la même, les plans aussi, et leur relation toujours aussi inexistante. Ils n'étaient plus liés par aucun engagement, grâce au ciel, et surtout grâce à lui et sa faculté scandaleuse à faire les mauvais choix.  Elle serra les dents, remit sa capuche en place et ses mains dans ses poches, et fit suite au cortège qui marchait devant elle. À la traine, Ric jeta un coup d'oeil derrière son épaule, et elle lui ordonna d'un regard et d'un hochement de tête de continuer sans se retourner. Qu'il pouvait, et devait, avoir confiance en sa capacité pour gérer l'ingérable qui trainait derrière eux et n'accepterait jamais qu'ils ne soient désormais qu'un visage familier parmi bien d'autres.
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Jackson Caverly
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Les yeux qu’elle releva pour les poser sur les siens lui arracha un douloureux frisson le long de l’échine. Il ne s’était jamais préparé à de telles retrouvailles, ne les avaient même jamais envisagées en dehors des rêves engendrés par la consommation de divers breuvages. Viola n’avait plus été qu’un souvenir durant toutes ces années, une brèche au milieu d’un coeur qui ne saurait jamais se colmater. Elle occupait ses songes en permanence, hantait ses nuits pour apaiser sa douleur et déchirait chaque jour un peu plus les miettes qu’il restait de son âme. L’annonce de sa disparition avait été appréhendée de la plus horrible des manières pour celui qui avait la ferme intention d’enfin épouser sa promise. Jim était parti bien trop loin et bien trop longtemps en quête d’une vengeance qui, en fin de compte, ne lui aura rien apporter de plus qu’une souffrance supplémentaire et bien plus pénible à endurer. Le deuil était impossible à faire. Aussi, et pour cette raison, on disait de Capitaine qu’il ne possédait qu’un trou béant au creux de sa poitrine. Le jeune et prodigieux soldat au service de la marine royale s’était mué en une bête que personne - ou presque - ne serait jamais en capacité de dompter. Comment être encore capable d’aimer qui que ce soit après avoir perdu l’amour de sa vie ? Depuis ce jour, Jim avait arrêté de compter les semaines, les mois et même les années. Il survivait, la chair et les os fonctionnant mécaniquement pendant que l’esprit tentait tant bien que mal de trouver un repos qu’il ne méritait pas. Personne ne l’avait jamais vu pleurer sa fiancée, ni même plier le genou sous le poids de ses émotions. Contre toute attente, il avait gardé le contrôle en présence de son équipage. Capitaine avant d’être amoureux. Exception faite néanmoins pour ce soir où la providence semblait vouloir le confronter à la plus dure des épreuves. James. Lorsque son nom fût prononcé, il sentit immanquablement sa cage thoracique venir piéger son coeur dans un étau. Le coup était fin, étonnamment cruel quand bien même ne s’agissait-il que de son véritable prénom. Un qu’elle n’avait jamais pris la peine d’employer par le passé. Jamais. Malgré les maigres barrières qu’il tentait de dresser pour se donner une certaine contenance, l’émotion était bel et bien palpable et réduisait à néant le moindre de ses efforts. Le grand Capitaine Flint, pitoyablement exposé et vulnérable devant le fantôme d’un passé qui continuait de greffer son quotidien d’une souffrance intolérable. Il braquait sur elle un regard d’incompréhension, mille questions au bord des lèvres mais la gorge sèche et nouée. L’indifférence qu’elle coulait sur lui le laissa aussi songeur qu’inquiet. Le corps était le même. La couleur des yeux, des cheveux, les traits qui animaient son visage. Physiquement, elle était exactement comme dans ses souvenirs, si pas plus belle encore. Le portrait était effroyablement semblable à celui de sa fiancée disparue, mais pas tant. Quelque chose était différent, sans qu’il ne parvienne à mettre le doigt dessus. Ne s’agissait pas tellement de la tenue, quand bien même glissa-t-il un regard avisé sur ce qu’elle portrait, mais de la curieuse aura qui flottait tout autour d’elle. Au premier coup d’oeil, il était aisé de se méprendre et la confondre avec sa défunte lady. Et en s’attardant sur les détails, sur le timbre de sa voix, sur la lueur toute différente qui animait dorénavant ses prunelles, Jim fût pris à la gorge par la poigne invisible du spectre qui se tenait face à lui. Elle s’était dérobée à ses mains, véritable mur de marbre, et clamait ses ordres comme jamais il n’avait pu l’entendre. A défaut de pouvoir prononcer quoique ce soit, Jim sentit une perle de sueur froide dévaler sa nuque tandis qu’elle le contournait le plus simplement du monde pour reprendre sa route. Ses lèvres se mirent à trembler avant qu’il ne se retourne brutalement pour attraper son poignet. Ils n’en resteraient pas. Pas après toutes ces années à croire à ce qui n’était finalement qu’un cruel et horrible mensonge.  — Attends. Fit-il, la voix certes éreintée mais à la fermeté implacable. Sous sa poitrine, son coeur hurlait déjà des conséquences que ces retrouvailles engendreraient inévitablement.  — Je comprends pas… Que t'est-il arrivé ? Il ignora le ricanement sarcastique ; fit impasse sur les yeux abreuvés de mépris et de colère qui le toisaient ; et resta indifférent sous les menaces proférées et les mises en garde dont il n’avait que faire. Seules les réponses comptaient. Ça, et le fait qu’elle soit effectivement en vie face à lui. Jim s’était défait de son sourire et la toisait désormais d’un air grave, plus préoccupé par ce qui semblait lui être arrivé que par le comportement aigri qu’elle lui octroyait.  — Non, non, pas si vite. Tu me dois des explications. Oui, il insistait, sèchement et la mâchoire serrée au même titre que ses doigts autour de son poignet. Aussi étrange que cela puisse paraître, il n’avait pas peur d’elle ou de sa réaction, mais appréhendait difficilement ses réponses. Quels secrets pouvait-elle cacher derrière un visage devenu si rude ? Il aurait pu prétendre la connaître, deviner ses états d’âme et taire ses exigences. Pourtant, il avait le sentiment que la Viola qui se tenait devant lui ce soir n’était pas celle qu’il avait quitté en abandonnant Silver Cove il y a une décennie.  — Ce pauvre crétin savait que t’étais en vie, et moi pas… Et t’espères vraiment que je vais te laisser partir comme ça ? Lâcha-t-il fermement, un brin de colère dans la voix en désignant d’un coup de tête Ric qui leur offrait un dernier regard. Il serrait les dents sous le poids d’une surprenante jalousie, comprenant soudainement de quelle manière son propre ami avait également tenu à le garder dans l’ignorance. Un complot infâme et qui lui arracha un grognement furibond tandis qu’il relâchait sa prise en levant les yeux au ciel. Il devinait mériter une rancune certaine compte tenu de la manière dont ils s’étaient quittés, mais en aucun cas il n’estimait devoir payé de la sorte le prix de son départ. La main en proie à de légers tremblements, il la posa contre son menton avant de la glisser derrière sa nuque. Des comportements nerveux pour une boule de nerfs qui peinait à contenir l’amalgame d’émotions qui venaient l’étouffer depuis déjà plusieurs minutes. Son regard trouva une nouvelle le courage de se poser sur elle, et sous une pulsion ses jambes entreprirent de le faire se rapprocher. Les bottes plantés juste devant elle pour lui barrer une nouvelle fois la route, les paumes de ses mains forçant le contact de ses joues en ayant abandonnant la délicatesse.  — Hey, regarde-moi. Souffla-t-il à voix basse, haletant comme s’il venait de courir une distance folle. La faute à ce coeur et aux battements désordonnés qui dansaient sous sa poitrine.  — Tu peux pas réapparaître devant moi après toutes ces années et me demander de faire comme si de rien n’était. Le timbre employé était grave, mais effroyablement sincère. Il l’épiait à la recherche d’une quelconque émotion, n’importe quoi. De la rancoeur à son égard, de la souffrance, ou même un peu d’amour. Juste de quoi lui prouver qu’il n’était pas étranger à des yeux qui autrefois le dévoraient d’affection. L’épreuve fût toutefois bien plus difficile qu’il ne l’avait imaginée. Avoir à affronter le spectre de son épouse était peut-être finalement bien plus difficile que d’essayer de faire un deuil qu’il savait pertinemment insurmontable. Pourtant, une graine d’espoir dans le regard, il continuait à chercher en quête de réponses.  — Je pensais pas te revoir un jour. Confia-t-il finalement, plus doux, trop sans doute. Ses lèvres s’étaient mises à trembler quand ses deux billes noires, elles, ne savaient plus quitter les siennes. Ses doigts avaient glissés de ses joues pour terminer le long de ses épaules, et ce n’est qu’au prix d’un effort colossal qu’il s’empêcha de la serrer dans ses bras. L’envie coulant ses traits pendant qu’une armée de soupirs mal contenus s’échappaient de sa bouche.  — Qu’est-ce qui s’est passé Viola ? Où étais-tu ? Parle-moi. Une conversation, voilà tout ce qu’il réclamait. Il aurait dû reculer, la laisser respirer et éventuellement lui accorder une poignée de réponses aux questions posées précédemment. Mais le fait est que ses jambes ne répondaient plus. Son esprit, encore moins. Jim agissait par réflexes, contemplait un tableau avec des yeux toujours foncièrement amoureux, respirait un parfum qu’il n’avait fait qu’imaginer durant de trop nombreuses années, et jouait maintenant du bout des doigts avec une des mèches de cheveux sombre qui traînait le long de son épaule. Elle était réelle, et vivante. Là, sous son regard impuissant et à juste distance quand tout son corps hurlait de la soulever dans l’étau ferme de ses bras et l’embrasser sans quémander la moindre autorisation. Ce qu’il aurait sans doute fait si elle lui avait laissé entrevoir qu’il représentait encore quelque chose pour elle.
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Hayden Beckwith
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Elle n'attendrait pas une seconde de plus. Elle avait attendu durant de longues journées et soirées, ne s'était lassée d'aucun crépuscule, ni d'aucune aurore à se languir d'apercevoir son ombre à l'horizon ; avant que le destin ne l'a force à détourner le regard. Qu'il puisse formuler telle requête n'avait jamais semblé aussi absurde, voire irrespectueux. La demande fut ignorée, méprisée par un silence de plomb uniquement trompé par le claquement mat de ses pas lourds sur les pavés. Elle se douta que Jim n'en resterait pas là et ne saurait se contenter de si peu. Qu'il était aussi têtu qu'à l'époque, si pas plus, et qu'elle ne l'aurait pas si facile. La tentative, cependant, ne coutait rien. La main sur la crosse de son pistolet raffermit sa prise, tandis que l'autre était faite prisonnière de l'audace d'un homme incapable de laisser tomber. Autrement aurait été remarquable. “ Ne me touche pas, je vais pas te le répéter,  ” gronda-t-elle entre ses dents, aussi farouche qu'un animal prêt à bondir. Un telle culot prêtait à rire ouvertement, mais elle n'était pas de ces gens-là et n'éprouva qu'un mépris glacial à son égard. “ Je ne te dois rien du tout.  ” Qu'il puisse croire le contraire lui sembla plus fou encore que lorsqu'il avait quémandé qu'elle attende. Elle ne devait rien, ni à lui, ni à personne, et son ego de capitaine manqua de lui envoyer un poing mérité dans la figure appuyer davantage son propre. Pourtant elle était imperturbable, inébranlable dans le ton et dans l'image qu'elle renvoyait. Ses yeux sombres, rivés sur la main sale qui tenait sa manche remontaient parfois pour se confronter au regard d'un homme qu'elle prendrait malin plaisir à torturer davantage s'il lui venait l'envie de persister auprès d'elle. “ Je dirais même que c'est toi qui m'est redevable, ” Les années de sa vie qu'il lui avait volé. Tout ce que sa vengeance lui avait coûté, à elle, et tout ça pourquoi ? Revenir la queue entre les jambes, des années après la bataille, en croyant naïvement qu'une femme comme elle serait encore gentiment assise à l'endroit où il l'avait laissée. Il avait forcé d'abord l'espoir, puis l'absence dans sa gorge jusque dans ce coeur nécrosé qui ne battait plus qu'à des fins vitales. Toutes ces choses que des excuses ne parviendraient jamais à reprendre et à rafistoler correctement. Elle n'avait cependant pas besoin d'excuses, ou de prétextes. Pas besoin de sa présence, ni de ses regrets. Elle avait besoin d'une paix méritée et de continuer à placer ses pions dans l'ombre, sans qu'il ne soit là pour gâcher les manigances de son tempérament à défier l'Olympe, ou pour polluer son espace vital avec ses aigreurs, son intolérable capacité à la négliger, son ego et sa bêtise. Auquel cas, il aurait droit à une torture douloureuse au-delà de tout entendement. Elle était épouvantable avec tous, de l'inconnu à la connaissance, de l'innocent au barbare, ça sans donner dans le traitement de faveur à quiconque. Lui, avait le malheur de l'avoir froissée au-delà de tout entendement. Elle tolérait à peine sa vue, au nom d'un ego, et plus que de moquer ce qu'il avait l'air de souffrir, elle l'aurait volontiers enchainé à fond de cale et torturé jusqu'à ce que sa chair ne puisse plus faire tenir ses os ensemble. Jusqu'à ce qu'il implore son pardon, s'effondre sur le bois souillé et pourri à l'eau de mer, et que sa peau ne dégage une odeur de rance absolument infâme. Avec lui, elle prendrait son temps et mettrait en oeuvre des trésors d'ingéniosité en matière de calvaire. Faute de temps et de perspective, et parce qu'elle préférait très largement se soustraire à sa compagnie, réduire à minima leurs rencontres, il resterait dans son coin et elle dans le sien. Leurs chemins resteraient des parallèles, et jamais ne se croiseraient. “ Ce crétin en vaut dix comme toi, ” darda-t-elle, sur le ton de l'évidence. “ Peut-être cinq ce soir. ” La concession lui couta bien peu, et la comparaison tenait encore assez pour exprimer avec justesse sa piètre opinion. Ric jouissait d'une position privilégiée, certes, mais on conviendrait aisément que celle-ci était trop chère payée, un minimum requis de la part de Viola, et surtout, que s'il avait eu un choix à faire, Ric ne se serait pas pollué l'existence avec ce cadeau empoisonné. Alors certes, il savait l'histoire et Flint, non, mais Ric avait de son côté qu'il était resté. Ce qui était beaucoup plus que Flint, qui avait démérité au moment où il l'avait quittée et à l'opportunité loupée d'assister à ses fausses funérailles. Il méritait en revanche tout le mal qui semblait l'étreindre ; et elle ne pouvait que comprendre le sentiment, quand bien même elle avait éprouvé ces émotions il y a maintenant bien des lunes. Tout le regret, toute la douleur qui avait l'air de le traverser et de le rendre plus avide de l'avoir pour lui, dans l'écrin de ses mains jointes, dans l'étau de ses bras, ça afin de s'assurer qu'elle se trouvait bien là. Viola l'avait éprouvé durant de longs mois, qui s'étaient transformé en années. À rêver un retour, imaginer des retrouvailles, le serrer dans ses bras dans son esprit, mais jamais plus. Tout ce qui ne s'étaient finalement jamais produit, puisque que c'était le démon qui avait frappé à sa porte un soir, et pas lui. Elle avait balayé tout ça uniquement grâce à l'oeuvre du temps et aux leçons inculquées par les épreuves, mais elle se voyait à présent en lui, des années plus tôt. Elle échappa un grognement entre ses lèvres à ses mains contre ses joues et ses pieds qui s'entêtaient à le rapprocher d'elle jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucune place pour reprendre son souffle. Lassée des questions auxquelles elle ne répondrait pas et de son insistance, et d'avoir son satané parfum dans le nez, Viola l'agrippa d'abord en tordant ses doigts vissés autour de son poignet dans la paume tiède de sa main. Elle ne relâcha sa prise qu'après être certaine d'avoir entendu quelques craquements effroyables, et sa seconde main, fermée en un poing ferme, trouva sa mâchoire, puis son nez. Genou au ventre, talon au genou, poing dans la figure. Lui, les genoux sur les pavés, elle, pistolet à la main, balle prête à bondir du canon. “ Tu vois, je n'aime pas beaucoup me répéter.  ” Pas plus qu'elle n'appréciait qu'on empiète sur son espace. Elle aimait la distance entre elle, élégante, propre et composée, et tout autre qu'elle considérait comme moins, et donc indigne. Et parce qu'elle le savait assez buté et se laissait volontiers consumer par la haine qu'elle éprouvait à l'égard de Flint, elle fit glisser un pouce sur la gâchette, assurant à son ancien amour toute sa détermination à faire respecter son immuable volonté. “ Arrête. ” Le sauveur inattendu. Bras ouverts et torse bombé, Ric s'était pointé de nouveau, à mi-chemin entre l'ébriété passive et la gueule de bois phénoménale. Il était traversé par le manque, l'envie de consommer davantage, mais aussi par sa sobriété retrouvée, qui amenait la douleur qu'il avait cherché à anesthésier en picolant comme une écluse ouverte. Il tremblait comme une feuillage en plein ouragan, mais forçait au moins l'admiration en s'interposant entre le Capitaine Flint et la balle vouée à sceller sa destinée. “ Y a cinq minutes, tu voulais le tuer,  ”  ronronna-t-elle, impassible.   “ Tu le tuerais ? Lui ?  Vraiment ? ” Si oui, où se trouve la limite ?   “ Sans la moindre hésitation. ”  Ric comprit dans son air qu'elle n'attendrait pas indéfiniment qu'il s'écarte pour tirer et dormirait tranquillement sur ses deux oreilles ce soir, même après avoir abandonné leurs deux cadavres dans une fosse à bétail. “ Regarde-le, Vee. Sérieusement ? ” C'est lui. D'un regard, elle comprit le message qu'il ne voulait pas faire passer à voix haute. Tout ce que ses yeux d'amoureux brisé voulait dire : qu'elle tenait son grand amour en joue, mais qu'il avait au moins pour lui d'être capable de respirer, d'avoir une âme, et visiblement un coeur qui battait - pour elle. Que son privilège était là, et qu'il en était un dont elle devait impérativement jouir, sous prétexte que Ric était amputé de son âme soeur. Qu'elle n'avait pas le droit, au nom de tout, mais surtout au nom de lui, pour toujours privé de son amour. Elle ne pouvait pas faire cette erreur, s'infliger cette cicatrice, quand bien même son ego lui hurlait d'appuyer sur la gâchette et d'en finir avec ce fantôme. Ses yeux sombres voguèrent entre eux deux durant de trop longues secondes, non pas d'hésitation, mais d'évaluation. “ Vee, non, ” souffla-t-il, à peine suppliant, mais juste assez pour s'accorder une faveur. C'était désormais tout ce qu'ils étaient : une collection de faveurs, amenées par autant d'horreurs et d'erreurs regrettables.   “ Ce que vous êtes sensibles, tous les deux. On est trois sur ce quai, et y en a deux qui sont sur le point de chialer. Un d'entre vous a passé sa soirée à ça, ” siffla-t-elle, en rangeant son pistolet. Droite, les mains le long des hanches, elle se pencha vers Ric, sans sourire ni chaleur, ni satisfaction. Une commissure caustique, tout à plus, pour celui qui avait effectivement vidé son poids en larmes de crocodile ce soir.   “ Tu veux qu'il vive ? Il est ta responsabilité, maintenant. Trouve-lui une utilité, où je vous donne à tous les deux une vraie bonne raison de pleurnicher.  ” Elle aurait dû prendre son silence comme un accord, mais un regard et une oreille tendue insistèrent auprès du Lieutenant, qui exulta de rage avant de lui céder de mauvaise grâce. “ Oui, mon Capitaine. ” Elle répondit d'un mmhmmh distrait, mais satisfait, et le contourna d'un pas félin à ce point qu'on entendit à peine le bruit de son talon sur le granit. Elle se stoppa devant Flint, à peine décalée sur sa droite et prête à partir, les mains dans le dos et l'oeil inquisiteur.   “ Reste en dehors de mon chemin, où je te prends tout ce qu'il te reste, je le brûle, et je te force à regarder. ”  Elle lança un regard évocateur vers les quais où le Walrus était amarré, son équipage à bord, ses lèvres tracées de l'esquisse d'un rictus vicieux et cruel. Après tout, ce rafiot de l'enfer appartenant encore à la couronne, et un feu peut très vite partir. Elle posa un genou à terre pour se mettre à son niveau, et agrippa brusquement son menton dans le crochet formé par son pouce et son index. “ Tu veux une conversation ta copine, Flint ? ”  La question s'échappa dans un murmure, ronronnement velouté. “ Elle est enterrée là-haut. ”  Sa langue claqua dans sa bouche avant qu'elle ne le repousse sur les pavés en appuyant sa main contre sa mâchoire. Gentlemen, ” fit-elle, pompeusement, redressée et les mains dans le dos. Bonne soirée.
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Comment expliquer sa présence de manière rationnelle ? Serait-il possible qu’il puisse être encore entrain de rêver ? Imaginer une réalité alternative était après-tout devenue l’un de ses pêchés mignons au cour de ces dernières années. Plongé dans un sommeil uniquement induit par diverses drogues, Jim avait pris l’habitude de s’accorder un certain bonheur fictif par le biais du seul univers où il était certain de connaître un dénouement heureux : les songes, là où reposerait éternellement celle qu’il avait juré de prendre pour épouse. Pourtant elle se tenait bel et bien là, devant lui, réelle et vivante sans qu’il n’ait eu besoin de prendre le moindre breuvage pour la faire apparaître. Le contexte n’était pas exactement ce à quoi il s’était habitué, mais au moins elle était présente. Le coeur ne voyait que la Viola qu’il avait abandonnée des années auparavant, mais les yeux, eux, percevaient tout autre chose. Ses opales détaillèrent un instant les courbes de son visage pendant qu’elle parlait et que sa langue claquait dans sa bouche pour déverser des flots de menaces devant lesquelles il demeurait sourd. Flint ne saurait se contenter d’une poignée de secondes pour marquer ces retrouvailles et préférait encore s’égarer au moins une fois de plus dans sa contemplation plutôt que de gaspiller sa salive à répondre à de pareilles attaques. Le fait est qu’il était tout simplement incapable de garder un cap à suivre devant l’absurdité de la scène qui se jouait devant lui. Le ton employé, l’expression qui se dégageait de ses traits et même les quelques regards qu’elle s’accordait à lui adresser n’avaient strictement rien à voir avec ce qu’il avait autrefois connu auprès de sa bien aimée. Les années semblaient avoir fait leur oeuvre sur elle, ne laissant visiblement que le pire en l’ayant amputée de tout ce qu’elle avait un jour eu de bon. L’ange pour lequel il était tombé amoureux, remplacé par un démon absolument séduisant, et c’est peut-être justement ce détail-ci qui la rendait encore plus dangereuse. A l’image du capitaine - pirate que Jim était devenu, Viola avait abandonné la lady pour endosser une toute autre personnalité. Et une qui avait apparemment choisi de rayer de sa vie le nom de son ex fiancé. Elle avait cessé d’espérer son retour et il avait arrêté de croire qu’elle pouvait être encore en vie. En fin de compte, le destin avait tenté de tout faire pour que ces deux âmes ne puissent jamais être amenées à se croiser de nouveau… C’était sans compter le coeur écorché de cet amoureux transi, incapable de lâcher prise et qui continuait inlassablement d’hurler un seul et même nom au creux de sa cage thoracique. Le temps n’aurait aucune emprise sur cette évidence, jamais. — Fais pas ça. Lui échapper une nouvelle fois. Le ton était ferme mais la demande se voulait suppliante. Viola ne laissait entrevoir aucune forme de nostalgie, aucun sentiment, rien. Elle semblait avoir été amputée de tout ressenti, ou jouait sinon avec lui d’une superbe et brillante ignorance. Lui, en revanche, n’avait ni la force ni l’audace de vouloir prétendre que tout ceci le laissait parfaitement indifférent. Ce capitaine que l’on disait inébranlable et qui pourtant parvenait difficilement à tenir debout devant la main armée d’un passé dont il pensait avoir été définitivement privé. Il insistait, lourdement, avec les risques évidents que son acharnement pouvait provoquer. Son impatience trouvait pourtant de quoi accueillir les insultes et les sarcasmes qu’elle ne cessait de lui cracher en plein visage. Des mots surprenants sortis de la bouche de celle qui s’acharnait autrefois à tenir un langage plus que correct compte tenu de son statut royal. N’y avait visiblement pas que l’accoutrement qui avait changé. Tout chez elle respirait le parfait opposé de ce que la lady de Ravenshore avait été. N’y avait peut-être qu’une chose qui demeurerait éternellement intacte : quelle que soit la tenue, elle resterait à jamais la plus belle des femmes sans qu’aucune comparaison ne soit envisageable. Personne, jamais, n’aurait l’honneur de lui arriver à la cheville. C’est au moins sur cette triste certitude qu’il s’accorda avant de laisser ses yeux poursuivre leur contemplation. — Ça je m’en fout, ça changera pas le fait que t’es ma fiancée et que par conséquent tu me dois ces putains d’explications. Il n'avait pas haussé le ton, miraculeusement, mais sa voix ronronnait d’impatience. Sans surprise, son entêtement fût récompensé par une réponse nettement plus violente. Les coups furent lancés sans qu’il n’en prenne véritablement conscience sur le moment. Ce n’est qu’en écrasant ses genoux endoloris contre les pavés crasseux du quai qu’il compris à quel point il s’était trompé. Le souffle court, il recracha machinalement le sang qu’il pouvait déjà sentir couler dans sa bouche. Il aurait pu sourire tant la scène paraissait absurde. Lui, mit à terre par nulle autre que sa fiancée disparue. D’un revers de la main, il s’essuya les lèvres qu’il avait de fendues avant de se redresser pour cette fois-ci venir à la rencontre du canon qu'elle dirigeait sur lui. Pour la première fois depuis leur rencontre, Jim laissa ses traits se décomposer. La douleur n'était pas tant physique, et il n’avait jamais vraiment appréhendé la mort au point de la craindre. Mais le regard qu’elle braquait sur lui, consumé par la haine et sans aucun autre sentiment lisible, cette balle-là en revanche trouva de quoi saigner à blanc ce qu'il restait de son palpitant. S’il avait été suffisamment idiot pour douter de ses intentions jusqu’ici, elles étaient à présent claires comme de l’eau de roche. — C’est vraiment ce que tu veux ? Il ne chercherait pas à l’en empêcher et n’avait de toute façon plus la force pour la défier du regard. Il n'était qu’un vulgaire chien, un moins que rien à l’image de celui qu’il avait été les jours suivants la nouvelle de sa prétendue mort. Les traits étaient tirés et les yeux baignaient dans les douloureux souvenirs d'un passé révolu qu’il ne retrouverait que dans ses rêves ou dans l’au-delà. Si John n'avait pas été présent à l’époque pour ramasser les morceaux de sa pauvre carcasse, probable que le capitaine Flint aurait terminé noyé, englouti par l’océan. Mais voilà : elle avait survécu. Elle, qui l'avait aimé au point de lui dire ‘oui’ un jour, et qui ce soir tenait à mettre un point final à leur histoire en la scellant par la seule fin capable de les séparer : la mort. Il entendit à peine Ric s’interposer entre eux pour sauver sa peau, ses opales figées sur un visage qu'il ne lâchait plus. Jim resta parfaitement sourd à la scène qui se jouait devant lui, l’esprit absent quand le corps ne tenait plus qu’à un fil et péniblement agenouillé au sol. Il n'était plus qu’une coquille vidée de ses entrailles, et ce, même lorsqu’elle entreprit de s’agenouiller pour formuler de nouvelles menaces à son intention. Ses mots étaient durs, comme tous les précédents, mais Flint perdit néanmoins le fil de la réalité lorsqu’elle mentionna l’unique sujet qui parvenait encore à le toucher de plein fouet. Ô combien de fois s’était-il rendu anonymement sur cette tombe pour y déverser peine et souffrance. Trop pour être comptées sans doute. Ses lèvres se pincèrent tandis qu’elle, de nouveau, reprenait son chemin. Ils auraient dû en rester là. Mais il était terriblement lui, et il s’agissait superbement d’elle. — T’arriveras pas à me fuir toute ta vie Viola, alors je te conseille de te faire à l’idée que nous nous reverrons très bientôt, et que cette fois tu seras bien obligée de me confronter. Sa main s’était agrippée à la sienne, encore une fois. Il ne lâcherait pas. — Ou me tuer. L’option qui à cette heure-ci semblait la plus évidente malheureusement. Ses yeux sombres plantés une dernière fois dans les siens, il relâcha sa prise en se relevant péniblement jusqu’à parvenir enfin à sa hauteur. — On en restera pas là. Qu’il siffla d’une voix grave à son adresse. Il devrait se contenter de la nouvelle comme elle lui avait été présentée ce soir : crue, brutale et enveloppée de bien des mystères. Viola ne lui accorderait rien de plus, et peut-être était-ce pour le mieux finalement. Seuls restèrent à quai les deux compères, dont l'un braqua un oeil fou de rage sur son inattendu sauveur. Ric était là, droit comme un piquet malgré les litres ingérés, et plutôt que de le remercier, Jim le contourna en lui décrochant un coup d’épaule volontaire accompagné un flot d’insultes. — T’aurais dû la laisser faire. Si c’est pas aujourd’hui, ce sera demain. Si c’est pas de sa main, ce sera de la tienne. J’en ai rien à foutre de crever, y a bien longtemps que je devrais l’être. Encore une fois, il ponctua sa phrase en crachant le sang qui s’était accumulé dans sa bouche, et continua de s’enliser dans les ruelles sombres de Ravenshore avec un seul objectif : boire jusqu’à en perdre connaissance. — Tu comptes m’accompagner ou rester planter là jusqu'au petit matin ?
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