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tales down the river :: carrollton
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Tina Callahan
goin' down the bayou, takin' you all the way
Tina Callahan
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all through the night · (dryden)
rédigé Mer 7 Avr - 21:28

“ you make me crazy and I kinda like it "
· · @dryden faulkner


— Ok, ça suffit. Comme si la journée n’avait pas été suffisamment éreintante, le dernier de patient de son interminable tournée lui donnait encore et toujours un peu plus de fil à retordre. Le soupire qui filtra de ses lèvres tandis qu’elle pénétrait dans l’appartement parlait pour ce qu’elle ne prononçait pas à voix haute. Michael Callahan se trouvait encore une fois allongé au sol, des cadavres de bouteilles tapissants le parquet pendant qu’il essayait tant bien que mal d’ouvrir cette fois-ci une canette de bière. A court de vin et de whisky dans le placard de la cuisine sans doute. Malgré le côté dramatique de la scène à laquelle elle était contrainte d’assister, Tina trouva pourtant de quoi esquisser un maigre sourire en s’agenouillant à ses côtés. Son sac rempli de courses fût abandonné à l’entrée, elle s’occuperait de ranger ses repas de la semaine une fois l’homme allongé sur son divan. Encore fallait-il espérer qu’elle parvienne à relever ce poids quasi mort. D’aucuns diraient qu’elle en faisait bien de trop pour ce pauvre type, qu’il n’était pas de la responsabilité d’une fille de prendre soin de la sorte de son père. Et elle persistait toutefois dans ses efforts, incapable de se résigner à le laisser. Il n’avait qu’elle, et dans un certain sens, elle n’avait plus que lui également. Ce pourquoi sa main trouva d’abord son épaule d’un geste tendre avant qu’elle ne vienne la poser sur la bière qu’il tenait dans sa main. — Tu as assez bu pour aujourd’hui. Je vais te faire à manger et… — Lâche-moi. Le ton était agressif et le geste qui l’accompagna le fût tout autant. Mike se dégagea en poussant un grognement, visiblement pas prêt à lui céder sa dernière dose d’alcool. Un premier signe d’alerte qu’elle aurait dû prendre plus au sérieux avant d’insister et de lui ôter de force la canette. Les représailles bien évidemment ne se firent pas attendre. D’un revers brutal d’une main qu’il dirigea contre son visage, le père se déroba à la proximité imposée par son enfant en ne manquant pas de la bousculer dans un râle furieux. Sous la surprise du coup, Tina se sentit s’effondrer au sol, une marque rouge le long de sa joue et la lèvre inférieure légèrement fendue. Jamais elle n’avait eu à rencontrer ce regard chez lui. Un frisson d’horreur la parcouru lorsque ses yeux se posèrent sur le poing levé dans sa direction, et le visage d’un parfait inconnu face à elle entrain de la dévisager. — Lâche-moi je t’ai dis bordel ! Pas toi qui va m’dire ce que j’peux faire, nom d’un chien ! Il soufflait comme un ours enragé, péniblement debout tandis que ses jambes menaçaient de s’effondrer à tout moment. Elle, ne bougeait plus. Tétanisée au sol pendant que son coeur continuait de s’effriter douloureusement sous sa poitrine. L’instant dura une dizaine de secondes peut-être, mais ce court laps de temps paru être des heures pour celle qui se tenait désormais apeurée, comme un frêle petit oiseau aux ailes écorchées. — Tina… Enfin, il venait de réaliser la portée de son geste. Trop tard, malheureusement. Elle éructa d’un sanglot en se relevant d’un bond, terrifiée devant son père qui tentait un pas dans sa direction, apparemment affligé par l’erreur commise. Et parce que la fuite était bien plus facile et la seule échappatoire possible pour elle, Tina se précipita vers la porte sans avoir le coeur à adresser un dernier regard à Mike. — Laisse, je rangerai tout ça plus tard. Je vais juste prendre l’air deux minutes. Des mots précipités, lancés à la va-vite tandis qu’elle s’engouffrait à l’extérieur pendant que ses yeux se remplissaient de larmes chaudes. Elle ne céda qu’une fois arrivée dans la rue, assise sur le premier banc qui croisa sa route pendant que ses mains s’acharnaient péniblement à retrouver les clés de sa voiture dans son sac. Ça, jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elle avait abandonné son trousseau dans le sac de courses déposé un peu plus tôt chez son père. Un motif juste assez suffisant pour lui arracher une plainte qu’elle noya dans la paume de ses mains, le souffle court et désemparée. Elle aurait pu rentrer en bus ou appeler un taxi, mais comme un étrange et doux hasard, ses yeux se posèrent sur la petite carte qui venait tout juste de tomber de son sac pendant qu’elle s’emparait de son téléphone. Un numéro, un nom, et elle qui le composa sans véritablement réfléchir à ce qu’elle faisait. Un dimanche soir, qui serait assez fou pour lui répondre ? Sa main libre balaya les larmes pendant qu’elle était tristement suspendue aux tonalités de son portable. Et parce qu’elle ne s’attendait pas à ce qu'il décroche, son coeur loupa un battement à la voix qui se fit entendre à son oreille. Un réconfort inattendu, à peine soufflé par les quelques mots qu'il avait prononcé. Juste assez pour qu'elle puisse craquer. — Dryden… ? Un semblant de sourire idiot sur la figure vite embarqué par de nouveaux sanglots, elle échappa un soupire en se pinçant l’arête du nez. Le temps de parvenir à formuler une phrase cohérente sembla lui prendre une éternité. — C’est moi. Je savais pas trop qui appeler, pis j’ai retrouvé ta carte… Je t’embête pas j’espère ? Oh si, je suis sûre que si… Ecoute, j’ai juste laissé mes clés de voiture chez mon père, et je peux pas y retourner tout de suite. Il a… Les mots furent débités à une cadence folle avant qu’elle ne sente sa gorge se nouer. La fin de sa maxime se perdit dans un souffle avant qu’elle ne se morde la joue en refermant les yeux. — Si t’as deux minutes, tu pourrais venir me chercher s’il te plait ? Je suis pas très loin de chez lui… D’ordinaire, s’agissait plutôt d’elle qu’on appelait lorsqu’il fallait réclamer une aide. Aussi, la requête lui coûta bien plus qu’elle ne l’aurait cru, et dans un sens, elle espérait que l’acteur était peut-être trop occupé et ne pourrait pas venir la ramasser dans cet état. Quelle honte. Et pourtant, paradoxalement, elle décréta que parmi toutes ses connaissances, ce serait lui ou personne.
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Dryden Faulkner
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Dryden Faulkner
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Re: all through the night · (dryden)
rédigé Mer 7 Avr - 21:31

Pour une fois que la soirée s'annonce tranquille. Pas de plans, pas de potes, pas d'obligations. Juste lui, son canapé, son abonnement Netflix, un pack de six et un bol de cochonneries qu'il éliminera demain à la salle de sport. Un luxe qui lui a depuis longtemps été refusé et dont il se repait par avance, le pas pimpant, l'air régalé dans son tee-shirt trop serré et son short trop grand. Tout naturellement, il pressent un appel, un engagement de dernière minute, une urgence qui n'en est pas tout à fait une selon ses standards, ou une invitation qu'il ne peut pas se permettre de refuser. Les prétextes sont légions, souvent vicieux, et laissent toujours un sentiment d'amertume, que la soirée s'avère étonnement bonne ou aussi mauvaise que prévu. Cependant, l'intuition d'être bientôt dérobé à une solitude méritée tend à s'évanouir au gré des minutes, tandis qu'il se rapproche dangereusement de son sofa et promet de ne plus en sortir si le téléphone ne sonne pas dans la seconde. L'espoir d'une soirée simple, incognito, méritée, l'étreint davantage lorsque le jingle de Netflix retentit, et il échappe un ricanement réjoui lorsqu'il s'effondre enfin entre les coussins, bière à la bouche. Une gorgée, et c'est tout. Son téléphone s'allume sur la table basse avant de vibrer, et il ne souffle même pas, pour toute l'évidence que dégage l'image. Évidemment. Le numéro inconnu lui inspire à la fois une maigre inquiétude et réconfort relatif. Les emmerdeurs jouissent de la chance d'être enregistrés dans son téléphone, ce qui signifie que l'anonymat élimine un tas de possibilités, toutes fort déplaisantes. Parce qu'il aime vivre dangereusement, et qu'il sait qu'à terme il pourra se débarrasser rapido d'un mauvais numéro ou d'un traquenard, il décroche dans un soupir vaincu. “ M'allo ? ” Dryden, oui. C'est Tina. Il le sait, pas besoin de tergiverser, ni de chercher, ou de préciser ; même si elle ne le fait pas. C'est une voix sur laquelle il s'est endormi plus de fois qu'il ne daignera compter, et ces habitudes ne se perdent visiblement jamais. Son coeur loupe un battement, et force un sourcil à se braquer. Il l'écoute débiter sans rien dire, parce que c'est ce qu'il faut toujours faire avec Tina. La couper, c'est une perte de temps, d'énergie et de salive. Elle s'explique alors qu'elle n'a pas à le faire, puisqu'il a promis et il ne le sait que trop, mais lui n'entend pas les mots. La cadence ne le surprend pas tant, mais en revanche il s'arrête sur le ton, ses inflexions et ses quelques dérapages. Une intuition d'un autre temps, un vieux réflexe, l'agrippe à l'estomac, et dans une pulsion, il s'entend demander : “ T'es en train de pleurer là ... ? ” Ce n'est pas tant une question puisqu'il sait pertinemment. Encore une fois, il connait cette fille avec le coeur, et tout ce qui va avec. Ces instincts ne se perdent jamais, pas plus que les émotions qu'ils provoquent. “ Si tu m'attends un petit peu, j'arrive. ” Et le voilà, le tournant de sa soirée tranquille. Il en fallait forcément un, et il était de toute façon résigné d'emblée. Heureusement, Tina offre un motif valable, si pas impérieux. Alors après s'être frotté les yeux et avoir troqué le combo tee-shirt/short du pauvre mec qui ne sort pas pour le pantalon à pinces / polo du mec qui n'est pas là pour niaiser, Dryden file.
Effectivement, elle a pleuré. Y a intérêt à ce que ce soit pour une raison idiote, parce qu'il n'est pas certain de pouvoir gérer un motif grave. Dryden est un monstre de sérieux, de calme et de diplomatie, mais il y a des sujets sensibles qui font valser ses principes très vite et très fort. S'il croyait que Tina n'en était plus, il se rend compte qu'il s'est profondément fourvoyé en l'apercevant toute seule sur son bout de trottoir. Sorti de la voiture, il offre un profond soupir contre une once de courage, et se dirige vers elle d'un pas pressé. Tout en s'approchant, il la considère longuement du regard et se frustre davantage. Dryden ne déteste pas grand chose dans cette vie, mais ça... La voir si triste, visiblement et ouvertement affligée, putain, il déteste ça. Et cette fois il n'a aucun rôle à jouer là-dedans, mais la pensée ingrate et malheureuse qu'il a été responsable de cette tête-là, voire pire, dans un moment de sa vie, le prend à la gorge et lui colle un poing violent partout là où il est susceptible d'avoir mal. Pour chasser l'image, son regard dévie et fixe un point sur l'épaule de Tina lorsqu'il arrive à sa hauteur. “ Ça va pas ? ” Quelle question, imbécile. Clairement, ça ne va pas. Incapable de déterminer une marche à suivre, il fourre ses mains dans ses poches, quand bien même une habitude hurle de la prendre dans ses bras, ou au moins de poser une main sur son épaule ; quoi que celle-ci ne ferait jamais vraiment l'affaire. Tina c'est tout ou rien. Une inspection minutieuse le fait vagabonder sur son visage, alors même que c'est tout ce qu'il voulait éviter. Il s'arrête inévitablement sur ses lèvres, se mord les siennes parce que ce n'est vraiment, vraiment pas le moment, mais ne peut empêcher une question : “ T'as quoi à la lèvre ? ” demande-t-il, peut-être un rien trop brutal. Il espère que ce n'est rien. Une gerçure, encore qu'il ne fait pas froid à ce point à la Nouvelle Orléans. Une connerie, il sait combien elle peut parfois être maladroite. L'idée qu'un connard ait essayé de la bouffer l'effleure, et il la rejette férocement. Si elle s'est battue, il espère seulement pour elle que la personne d'en face est aussi amochée qu'elle, sinon il se sentira obligé de rendre justice. Elle a l'air si fragile ; probablement plus que ce à quoi elle l'a confronté par le passé. Encore que... Il tente de donner le change en forçant un fin sourire sur ses commissures, mais sait que ça ne marchera pas lorsque ses yeux trouvent les siennes, rougies. “ Oh, allez. ” Un mécanisme prodigieux fait sortir ses mains de ses poches, et force ses bras autour de ses épaules. Des fois qu'elle aurait envie d'y pleurer davantage, ou qu'elle ait simplement besoin d'un câlin ; ça arrive. Il frictionne énergiquement ses épaules et ses bras de ses paumes tièdes, et pose sa joue contre ses cheveux ; impossible de déterminer à qui cette étreinte profite le plus. “ Raconte, ” demande-t-il, en se rappelant de la mention du père Callahan. Les clefs de voiture, les affaires, tout ça. Tout de suite, une idée germe, mais puisqu'il refuse de succomber à ses propres préjugés, et veut surtout donner le même bénéfice du doute à Mike comme sa fille s'entête à le faire, alors il repousse férocement. Ça ne peut pas être lui qui mette Tina dans cette état. Surtout la lèvre, et la trace qu'il croit voir sur sa joue, mais qu'il refuse d'admettre. Il refuse de tomber dans ce piège, mais une partie de lui sait déjà, alors il pose une question simple : “ Tu veux que j'aille chercher tes affaires ? ” Pas sûr que ce soit une bonne idée. Encore une fois, Dryden n'est pas de ces gens véhéments, bagarreurs, mais tout homme change si on lui donne un motif valable.
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Tina Callahan
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Re: all through the night · (dryden)
rédigé Mer 7 Avr - 21:37

Au timbre de la voix qui lui répondit au téléphone, elle sentit ses mains trembler et son coeur louper un battement. Dryden avait cet effet-là sur elle. Un qu’elle pensait révolu depuis le temps mais il lui donnait encore de quoi se fourvoyer en balayant toutes ses certitudes. Le soulagement de l’entendre repoussa brutalement la rancune qu’elle avait pu éprouver à son égard. Le soupire qu’elle aurait voulu pousser resta coincé au creux de sa gorge, comme si une main invisible venait de se glisser le long de sa nuque pour l’étrangler. La fierté sauvage dont elle était habituellement faite aurait voulu répondre que non, elle ne pleurait pas. Sauf qu’il s’agissait de Dryden, et qu’elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il avait deviné son état et ne posait la question que pour entendre le silence qu’elle lui offrit et qu’il interpréterait très justement comme étant une affirmation. Si pas, le sanglot qu’elle venait de pousser terminerait de le convaincre. Une main fébrile posée contre son front, elle hocha bêtement la tête en se pinçant les lèvres. Bien sûr qu’elle l’attendrait, tout comme elle l’avait fait durant de nombreuses années. A l’exception peut-être que cette fois-ci, il avait enfin répondu à son appel. — Merci. Qu’elle souffla d’une voix éreintée avant qu’ils ne raccrochent et qu’elle vienne poser machinalement son téléphone à l’endroit où son palpitant frappait d’une cadence infernale. Les regrets, s’ils devaient y en avoir, viendraient plus tard.

Lorsque ses yeux bruns trouvèrent son visage, Tina sauta presque du banc sur lequel elle était assise. Il était là, aussi beau que lorsqu’ils s’étaient quittés la dernière fois. Si elle en avait eu la force, sans doute lui aurait-elle accordé un sourire. A la place, c’est son coeur qu’elle sentit battre de façon désordonnée. Devant ces crises d’angoisse, même la plus habile des soignantes était incapable de se raisonner. Elle sentit ses épaules s’affaisser violemment sous le poids de la honte, et se mordit l’intérieur de la joue devant les regrets d’avoir si bêtement agit. Trop tard pour reculer. Dryden s’avançait d’un pas pressé, visiblement inquiet, et étrangement c’est cette image-là qui lui offrit la pulsion de venir le trouver à mi-chemin. Chacun de ses faits et gestes étaient empreints d’une effroyable contradiction. Elle était heureuse et soulagée de le voir, mais tout son corps frémissait devant le tableau déplorable qu’elle devait très certainement offrir. Même un idiot saurait avoir pitié de la scène qui se jouait entre eux. Lui était là, impeccable et éblouissant comme un prince quand elle n’avait absolument rien de bien à lui présenter et ce, jusqu’à sa tenue. Un Jean, un chemisier, des baskets et les cheveux brièvement coiffés.  Pour un dimanche passé à faire ses soins à domicile rien de plus normal. Mais devant lui, elle se sentait ridicule. Pire encore lorsqu’il eut la maladresse de lui poser la question. Ne sachant pas où regarder, elle leva les yeux au ciel en poussant un rire à peine audible. Rire qui devint bien rapidement un nouveau sanglot étouffé par une vague de larmes. Celles qu’elle n’était pas en mesure de combattre malgré tous ses efforts et qui l’empêchaient de formuler le moindre mot. La remarque sur sa lèvre lui fit seulement réaliser l’égratignure que son père lui avait offert un peu plus tôt. D’un geste précipité et presque furieux, Tina s’essuya la bouche d’un revers de la main en y retirant les quelques gouttes de sang qui y reposaient. De sa paume, elle tenta désespérément d'ôter les perles salées qui continuaient de parcourir son visage. En vain. — Rien, c’est juste… Non, elle n’y arriverait pas. Sa voix s’était perdue dans un hoquet de douleur sans qu’elle ne parvienne à aller au bout du mensonge qu’elle espérait formuler. Les yeux accrochés à ceux de Dryden, elle ravala tant bien que mal sa salive avant d’inspirer une bouffée d’air à ses bras autour de ses épaules et sa joue contre ses cheveux. L’étreinte lui coupa le souffle et sans vraiment l’anticiper, son corps répondit pour elle dans un réflexe qui aurait dû appartenir au passé. Ses mains agrippèrent fermement son dos, trop sans doute, et son visage trouva de quoi se cacher en s’appuyant contre son épaule. Tant pis pour le superbe polo qu’il portait, elle s’excuserait plus tard d’y avoir essuyé ses larmes. Les yeux clos, pour la première fois depuis bien longtemps elle lâchait absolument tout et venait de projeter toute fierté au placard. Pas la force ni le coeur de combattre la peine accumulée au cours de ces dix dernières années. D’ordinaire c’est elle qui essuyait les pleurs, amassait sur son dos la douleur des autres et soignait au mieux la torture que pouvait parfois être la vie pour certains de ses patients. Ce soir, elle avait fait tomber le masque de l’infirmière pour se laisser pleinement et ouvertement envelopper par le chagrin. Mike n’avait été finalement que l’élément déclencheur, rien de plus. Sa joue et sa lèvre fendue n’étaient en fin de compte pas si douloureuses que cela. Son moral en revanche était en pleine décomposition. Les doigts agrippés aux pans de son haut, elle jura que rien au monde ne lui ferait relâcher sa prise à moins que ce ne soit Dryden qui le lui demande. — Je sais qu’il l’a pas fait exprès, mais je peux pas me résoudre à y retourner ce soir. Qu’elle souffla d’une voix éteinte après de longues minutes sans rien dire. Les sanglots avaient cessés, et elle fixait désormais un point invisible à leur côté, le visage toujours appuyé contre son épaule. La voilà enfin, cette dose de tendresse dont elle manquait cruellement ces dernières semaines. Un antalgique efficace, le plus fort et le plus puissant d'entre tous, mais qu'elle se garderait bien d'admettre à voix haute. — Je l’ai jamais vu comme ça. Songeuse et hantée par l’image d’un père qu’elle n’aurait jamais pensé capable d’un tel acte. L’alcool et ses ravages. Elle aurait pourtant dû savoir qu’un jour serait forcément différent d’un autre. Ses cours au sujet des addictions auraient dû l’y préparer. Mais non. S’il n’y avait aucun doute qu’elle aurait fait un médecin formidable, Tina demeurait avant-tout une fille incapable de voir son géniteur autrement que comme son héros. — Non, surtout pas ! La proposition de Dryden eut le mérite de la faire se détacher un peu trop brutalement du cocon formé par ses bras chaleureux. Le ton n’était pas au reproche, et elle savait pertinemment qu’en formulant sa proposition il était animé des meilleures intentions du monde. Mais il était absolument hors de question qu’il soit confronté à plus que ce qu’elle était en mesure de lui livrer ce soir. La situation était déjà suffisamment gênante sans qu’il ne soit contraint de devoir encore une fois rencontrer le père Callahan étalé au sol et plus ivre que jamais. — Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Ce ne sont que des clés de voiture, je les récupèrerai demain, c’est pas… — Tina ! Coupée au beau milieu de sa phrase, elle jeta un regard anxieux par dessus son épaule. Comme toujours, Michael n’avait pas fière allure et se tenait misérablement à la poignée de porte de son immeuble pour ne pas chanceler. Un miracle qu'il soit parvenu jusque là tout seul. — J’suis désolé ma fille, oh mince c’est pas vrai, j’sais pas ce qu’il m’a pris. Pardon pardon pardon… Visiblement affligé par ce qu’il avait commis quelques minutes plus tôt, Mike réclamait une chose que sa gamine était loin d'être en mesure de lui offrir ce soir. Elle était incapable de voir autre chose que le regard fou qu’il lui adressé juste après avoir levé la main dans sa direction. Aussi, et parce qu’elle ne le contrôla pas, Tina recula d’un pas en venant se positionner derrière Dryden comme s’il s’agissait d’un rempart. Une de ses mains était venue trouver son poignet, comme pour l'inciter à ne pas la laisser seule. Comme si. Là encore, les angoisses refirent doucement surface pour lui empoigner sauvagement la gorge. Elle secouait la tête de gauche à droite, les lèvres pincées et les yeux une fois encore noyés par un rideau humide. Comme une enfant aurait pu le faire auprès d’un adulte, elle tira doucement sur la manche qu’elle tenait pour inciter Dryden à bouger. — Allons-nous-en, s’il te plait.  Elle refusait de rester là et encore moins de confronter son père. Trop tôt, trop douloureux, trop dur. — Dryden… Souffla-t-elle à son adresse, un rien suppliante tandis que ses opales cherchaient à trouver les siennes et que ses doigts jouaient nerveusement avec les pans de sa manche.
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Dryden Faulkner
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Re: all through the night · (dryden)
rédigé Mer 7 Avr - 21:40

Parce qu'il sait pertinemment que c'est plus grave qu'elle ne le laisse entendre, Dryden refuse de lui céder un peu de terrain. “ Juste quoi ? ” insiste-t-il, trop peu tendre et il le regrette aussitôt. “ Excuse-moi. ” Il se reprend immédiatement pour se donner bonne conscience et arrondir les angles, mais ses excuses sont bâclées et trop peu sincères. Ça, parce qu'il scrute un visage qui montre tout ce qu'elle refuse de dire. Aussi parce qu'il connait cette fille par coeur et sait, dans ses tripes, que ce n'est pas rien. Alors il se pince les lèvres, souffle un bon coup et se soustrait ainsi à toute frustration mal maitrisée. C'est pas elle, c'est pas de sa faute. C'est jamais de sa faute ; ça à souvent été de la sienne, ça l'est autant de celle des autres, mais on n'enlèvera pas à Tina que c'est rarement de sa faute. Elle est de ces filles qui encaissent, et ne veulent pas se plaindre, alors qu'elles ont l'oreille gonflée d'avoir écouté tous les malheurs du monde. Elles sont rares, il reconnait ouvertement sa chance de l'avoir considérée comme sienne un jour. C'est aussi et surtout pour ça que son estomac lui grimpe dans la gorge à la mention, même contournée, d'un coupable tout de suite évident. “ Ton père t'a frappée ? ” Lui ne fait pas dans la dentelle. Il ne contourne pas, mais coupe au travers comme une train lancée à toute vitesse ; les freins cassés. Le ton est amer à ce point qu'on le croirait à rien de se mettre en colère sur la mauvaise personne ; il est pourtant d'ordinaire si sage, si sérieux, si diplomate. Et il ne donne pas mieux la seconde d'après, alors qu'elle cherche ses mots et lui, à remettre en ordre le peu de contenance qui lui reste. “ Il a pas fait ex – ??? – Putain, mais heureusement qu'il a pas fait exprès ! Manquerait plus que ça ! ” Le ton est monté, mais il s'est détourné pour ne pas lui donner à croire qu'il aurait l'audace de lui en vouloir ; elle serait folle de le croire.  Evidemment qu'il n'a pas fait exprès. Mike est peut-être un alcoolique, mais ils savent tous les deux que l'homme derrière la boisson est fondamentalement bon. Le problème n'est pas là, et elle ne balayera pas l'évidence sur le bas côté comme ça, en prétextant qu'une nuit loin effacera tout. Dryden n'est pas du genre à lâcher l'affaire quand ça lui importe, et peut-être que ça lui importe trop pour que ça ne devienne pas suspicieux. “ Tu les récupèreras pas demain, non. ”  Et ce n'est pas ouvert à négociation. Elle a déjà trop trinqué pour un homme qui n'a pas l'air de vouloir s'en sortir. Il est injuste avec Mike, mais il ne voit que Tina qui pleure dans ses bras. Qui aurait l'audace de lui en vouloir d'avoir les nerfs ? De ne pas voir la peine d'un père et veuf. Dix ans et une gifle après, y a largement prescription. C'est au moins ce qu'il pense à resserrant davantage son étreinte autour d'elle et en osant une main tendre dans ses cheveux. Le geste est fébrile, brouillon, mais sincère. Il est trompé par l'arrivée inattendue d'un père visiblement navré, et toujours aussi ivre, que Dryden considère avec le plus grand mépris. Comment un si grand homme, qu'il avait un jour considéré comme un modèle, peut-être même comme un père par procuration, pouvait-être tombé si bas ? “ Non, non.  ”  Pour témoigner de toute sa détermination, il appuie son duo de ' non ' d'un index levé dans sa direction ; sérieux, ferme, droite-gauche, non-non. Et si ça ne suffit pas,  c'est sa main qui frappe et repousse les deux qu'il tend dans la direction de Tina. “ Non, ” répète-t-il, plus ferme. Des fois qu'il n'aurait pas compris les deux premiers, ou qu'il aurait l'audace de croire être capable de quoi que ce soit devant lui. Dryden n'est pas bagarreur, mais il y a des exceptions à tout et son seuil de tolérance est ici en train de s'effondrer.   “ Ce qui s'est passé, c'est l'alcool. Faut se faire soigner, Monsieur Callahan. Serait temps. Y a pas d'excuse valable pour cogner sa fille et lui ouvrir la lèvre.” Le ton a monté le plus naturellement du monde. D'abord parce qu'on ne frappe pas une femme, mais on ne frappe certainement pas Tina. Y a aucune excuse, pas même le deuil. Surtout pas le deuil. Qu'est-ce que dirait mère et épouse de ce qu'il considère comme un véritable attentat ? Mike le considère, l'oeil vitreux, et Dryden est à moitié convaincu qu'encore une fois, le type est incapable de le remettre dans un contexte. Il marmonne des paroles incompréhensibles, va de ses pompes, à son alentour et eux d'un regard complètement bête, aussi paumé que paumé.   “ Je vais m'occuper d'elle. Elle a pas besoin de vous dans cet état. Soignez-vous, et on verra. ” Il parle pour elle sans réfléchir, et évidemment, elle sera libre d'aller et faire comme elle veut. C'est sa vie, pas la sienne. Mais il succombe ici sous le poids d'une impulsion toute naturelle, droit venue d'un passé où elle était sa responsabilité avant d'être celle de quiconque. Et par la force des choses, contre toute logique, elle sera toujours en quelque sorte sa responsabilité. La faute à ce premier amour, celui qui reste, celui qui marque, la seule constante et le seul paramètre inaltérable. “ Ouais, on s'en va, ouais. Je crois que ça vaut mieux,  ”  concède-t-il en hochant la tête, les yeux pourtant fixé sur Mike des fois qu'il lui viendrait l'envie folle de répliquer. Il se laisse doucement emporter par Tina, noue un bras autour de ses épaules, et laisse trainer un regard derrière eux jusqu'à ce qu'ils arrivent à la voiture et qu'il  lui ouvre la porte. Le début du voyage se fait en silence. Il  ne sait pas où ils vont, mais ils y vont. Il apaise sa propre colère en respirant, trop fort pour paraitre plus détendu qu'il n'est réellement. Les mots lui brûlent les lèvres. Comme ce ' Je te l'avais dit'  profondément injuste et arrogant qu'il regrette de ne serait-ce que penser. Voudrait lui dire que si c'est qu'une question d'argent, lui n'est pas au dollars près ; mais il garde l'offre pour un moment plus judicieux que celui-ci.   “ Si t'as besoin d'une voiture demain pour aller bosser, tu peux prendre celle-ci, ” propose-t-il finalement, le ton badin, mais aussi sérieux qu'on puisse l'être. Tout ça n'a aucune espèce d'importance pour lui. La bagnole, le pognon, tout ça est dérisoire et manque cruellement d'importance à ses yeux. Elle pourrait planter ce bijou dans un arbre que, tant qu'elle va bien, il ne regarderait pas deux fois à la facture. Il hausse les épaules pour prouver que, vraiment, il se moque de la bagnole et que l'offre est sincère. “ Si tu veux pas aller bosser, je peux te faire un mot, ” ose-t-il, l'ombre d'un rictus sur la bouche. Détendre l'atmosphère, c'est plus son truc que réellement rassurer, conforter. Au premier feu rouge, il penche la tête en arrière et se tourne vers elle, une moue sur les lèvres. “ Pleure pas. J'aime pas.  ” Il pince sa joue du bout des doigts, et tente de lui réchauffer le coeur d'un sourire d gamin. Le gamin a grandi, mais l'énergie est la même. L'intention, meilleure que jamais.   “ Ok. Je te propose deux trucs. Soit, on va manger un cheeseburger, boire un verre et après je te ramène chez toi, ou on prend à emporter, et on va manger chez moi.  ” Quoi qu'il advienne, il mangera un cheeseburger. Et c'est peut-être - incontestablement - un meilleur programme que ce qu'il envisageait au début de sa soirée.
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Tina Callahan
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Re: all through the night · (dryden)
rédigé Mer 7 Avr - 21:45

Elle était figée, tenue complètement immobile par des attaches invisibles qui l’empêchaient presque de respirer. La peur très clairement lisible dans l’éclat sombre de ses yeux rougies par les larmes, Tina se contentait de tenir debout tant bien que mal, aidée par la main qu’elle agrippait toujours plus fermement. Elle aurait voulu parler, répondre à son père quelques mots ou au moins lui expliquer qu’il n’avait pas à se tenir ici devant elle. Pourtant aucun son ne s’échappa de ses lèvres encore marquées par la violence de leur tête-à-tête. Les paroles restèrent coincées au milieu de sa gorge sans qu’elle ne puisse les prononcer. Aussi, Dryden se chargea de le faire à sa place. Elle n’écouta que d’une oreille leur conversation, embarquée par un étrange et curieux sentiment qu’elle n’avait plus éprouvé depuis ce qui lui semblait être une éternité. Si sa première intention fût de lever un visage craintif dans la direction de celui qui se tenait à ses côtés, elle se laissa emportée par tout le confort que pouvait lui procurer cette sensation délicieuse de se sentir à l’abris, protégée. Elle osa même un discret sourire à son égard, juste parce qu’elle était touchée qu’on puisse vouloir se soucier d’elle, mais surtout s’occuper d’elle. N’y avait que cet homme pour la faire se sentir à ce point en sécurité. Trop habituée à prendre soin des autres, elle en avait oublié à quel point cela pouvait être agréable de se sentir soutenue et de laisser faire. Et c’est très exactement ce qu’elle faisait en cet instant. Muette, véritable poupée de chiffon sous son bras qui ne lâchait plus ses épaules. Elle aurait pu rester coller à lui pendant des heures s’ils n’avaient pas décidé de rejoindre sa voiture. Pas même un regard en arrière pour Michael qui resta comme un idiot, seul, sur son bout de trottoir. Le lendemain, peut-être. Le sentiment de culpabilité à l’égard du père qu’elle laissait en retrait pointerait probablement le bout de son nez au lever du jour. Pour l’heure, elle se contentait de suivre son protecteur et se regretta durant quelques secondes qu’il puisse se détacher aussi rapidement d’elle pour la rejoindre côté conducteur. A la manière d’un épais manteau qu’on lui aurait retiré, elle frissonna un court instant avant de remettre ses idées en place. Sa main frotta une nouvelle fois ses joues rendues humides par les larmes salées qui semblaient enfin avoir cessé de couler. Le début du trajet se passa dans le silence. Pas un bruit si ce n’est celui du ronronnement du moteur et de ses sanglots qui peu à peu s’espaçaient. Et parce qu’il n’y avait définitivement que lui pour réussir à la faire rire dans un tel moment, elle étouffa un mince sourire en haussant les épaules. — C’est gentil, mais je suis pas sûre de réussir à te la ramener sans une rayure ou deux… C’est un paquebot à garer ta voiture. Mais t’en fais pas, je suis une grande fille, je devrais pouvoir prendre le bus sans me perdre. Elle avait prononcé ses mots en les accompagnant d’une note amusée malgré le mal de chien qu’elle avait eu à parler. La voix était enrouée, la respiration bien trop maladroite et aléatoire pour lui permettre de ne pas faire de pause toutes les deux secondes. Malgré ça, elle secoua le visage devant ses piètres tentatives pour essayer de détendre l’atmosphère. — Tu crois vraiment qu’un autographe de ta part suffira à justifier mon absence auprès de mon chef de service ? Merci de la proposition, j’imagine ? Ça aurait pas été de refus, mais je peux pas me permettre de louper une journée de travail. L’argent, toujours. Une journée d’arrêt, ce n’était peut-être rien au vu des maigres revenus qu’étaient les siens de toute façon, mais cela suffirait encore à amputer son salaire de quelques chiffres. A son tour, elle lui offrit ce qui ressemblerait le plus à un sourire compte tenu de son état. A sa main qui pinça affectueusement sa joue, elle se laissa cette fois aller à un rire plus sincère et plus authentique. Un accompagné d’une toute dernière larme avant qu’elle ne prenne le temps d’inspirer une bouffée d’air. — C’est plus drôle quand je te crie dessus, admets-le. En souvenir de leurs retrouvailles qui avaient effectivement été un peu plus animées, elle pencha la tête en arrière en souriant, les yeux clos l’espace d’un instant pour reprendre de sa contenance et une main posée contre son front. Fou comme il était capable de faire naître en elle des sentiments à la fois arbitraires et contradictoires. Ce soir pourtant, il y avait quelque chose de différent. Elle se sentait bien là, tout de suite. C’est que contrairement à ce qu’elle avait cru durant de longues années, il en avait quelque chose à faire d’elle. Elle importait, si pas comme à l’époque, au moins juste assez pour envelopper son coeur d’un sentiment de confort inédit. Un qu’elle regretterait probablement, mais auquel elle refusait de se dérober au moins pour le peu de temps qu’il avait à lui accorder ce soir. — Ok donc toi tu sais encore comment me prendre par les sentiments, mmmh ? Qu’elle éructa à sa proposition, irrémédiablement charmée et sauvagement extirpée de sa méditation. Les deux propositions étaient à tomber, mais en jetant un oeil à la vitre de la voiture qui renvoyait son misérable reflet, elle s’enfonça soudainement dans le siège bien trop confortable qu’elle occupait. — J’aurais pas été contre l’idée de manger et boire un verre quelque part mais… Je dois t’avouer que j’ai pas trop envie qu’on puisse me voir comme ça en public. Comme ça. Dans cette tenue, avec sa lèvre fendue et sa joue portant les marques d’un regrettable coup. A bien des égards, Tina pouvait être mignonne dans n’importe quel accoutrement. Pourtant elle mettait un point d’honneur à s’habiller de manière soignée, tromper le monde sur sa détresse évidente à l’aide de maquillage, de bijoux, de hauts talons et de robes impeccablement taillées pour elle. Ici, elle n’était que l’infirmière. La soignante pauvre qui, en plus de ça, se faisait désormais cogner par son alcoolique de père. Quel portrait renverrait-elle si on l’apercevait ainsi ? Quant à manger chez lui… — Et j’ai pas envie que ce soit bizarre pour toi non plus de faire venir ton ex à la maison.  Elle évitait soigneusement de le regarder désormais, les yeux braqués sur le feu rouge qui leur faisait face. C'est que le sujet n'avait jamais été vraiment abordé depuis qu'il était revenu. Un reflex idiot la poussa à vouloir se mordre la lèvre inférieure avant de le regretter sous la douleur et porter une main maladroite à sa bouche en soupirant. Rabat-joie, ne put-elle s’empêcher de songer. Il lui proposait tout, et elle parvenait encore à trouver des excuses pour s’enliser dans sa solitude et ses malheurs. — Mais j’peux vraiment pas dire non à un cheeseburger alors… Va pour prendre à emporter.  Qu’elle souffla finalement en reposant un oeil avisé sur lui. Ce qu’il pouvait être adorable avec elle. Pas sûr qu’elle puisse prétendre le mériter, mais elle était ravie de l’offre qu’on venait de lui soumettre. Au moins pour ce soir, elle n’aurait pas à manger seule en compagnie de son lapin. — Merci pour tout ce que tu fais. Je veux dire… T’étais pas obligé de venir.  Sa main se posa instinctivement le long de son épaule qu’elle pressa doucement. Juste pour lui faire comprendre à quel point elle était effectivement reconnaissante qu’il soit venu la chercher. Incroyable cette manie qu’elle avait conservé de devoir le toucher pour appuyer ses dires, elle qui était tout sauf une personne tactile d’ordinaire. Ou peut-être avait-elle toujours réservé ce privilège à celui qui se tenait à ses côtés. — Je suis contente que tu sois là.  Le ton était doux et elle se laissa aller à un nouveau sourire, le premier véritablement sincère de la journée. Cet homme était fait d’or, quand elle n’était fait que miettes et de poussière. Et il était là, devant elle, à lui proposer un repas tout sauf diététique qu’elle s’empresserait de savourer à grandes bouchées. La véritable question maintenant était de savoir finalement de quoi elle se régalerait le plus : son repas, ou la compagnie qui allait avec.
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Dryden Faulkner
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Re: all through the night · (dryden)
rédigé Mer 7 Avr - 21:52

Tant pis pour la voiture. Il ne s'attendait de toute façon pas à ce qu'elle accepte, mais il a au moins proposé. Son assurance remerciera Tina de privilégier les transports en commun. Lui, en revanche, note que ça n'a pas l'air d'aller beaucoup mieux, et la route n'a pas l'air de vouloir gracier leur chemin d'un feu rouge où il pourrait s'arrêter et essayer de nouveau de faire cesser ce chagrin dont elle ne parvint pas bien à se dépêtrer. Il y en a un, il s'y arrête, mais ça ne suffit pas ; ou à peine. Elle a l'air de vouloir donner le change en souriant, en osant quelques bribes d'humour, et peut-être que ça marche au moins une fois sur deux, mais ça n'est pas suffisant pour lui qui sait l'écouter vraiment. “ Pas vraiment, non, ” répond-t-il simplement, les yeux maintenant rivés sur la route. Pour bien trop de raisons. D'abord parce qu'il a les embrouilles en horreur, et celle de l'autre soir lui a laissé un gout d'amertume dans la bouche dont il se serait volontiers passé. Aussi parce qu'il préfère encore la voir heureuse, ou au moins dans un état stationnaire, plutôt que de la voir tanguer brutalement d'un point à un autre de l'échelle émotionnelle. Cette fille est dans un ascenseur qui file du rez-de-chaussée au toit-terrasse d'un gratte ciel, à toute vitesse, en permanence, et ne s'arrête jamais à aucun autre étage. C'est fou, quand même, ces humeurs. Dryden stagne en permanence dans un juste milieu presque nonchalant, indifférent, un rien dédaigneux. Parce que rien ne l'impressionne, et parce qu'il a assez visité le monde au cours des dix dernières années, affronté l'impossible et le fantastique, qu'il faut désormais un prodige pour l'éblouir. Aussi parce qu'il a, lui aussi, affronté leur peine de coeur commune, et bien d'autres écueils et déceptions dans son parcours. Il a appris, et se croit - croyait - prêt pour tout percuter de plein fouet sans frémir. Le temps lui apprendra qu'il ne sera jamais prêt pour rien. Pas plus que Tina n'était prête à n'être finalement pas la seule exception, la limite, pour son père. Ses propositions pour rattraper un début de soirée catastrophique flottent entre eux, et il espère, en apercevant l'angle de Decatur, qu'elle se décidera rapidement entre l'une ou l'autre. Qu'elle rejette les deux est inenvisageable ; on ne refuse rien à Dryden Faulkner. “ Je vais pas te mentir, ça fait trois jours que je pense à un cheeseburger, et je me dis que ce soir c'est le soir. C'est un signe, un cri de l'univers. ” Rien de trop dramatique. Sa main trouve sa manche et il lève le bras, le sien avec, et fait valser le combo presque contre le pare-brise. Ça pour exprimer davantage toute la joie que suscite un steak haché entre deux tranches de pain. C'est dire que la perspective d'un burger est importante, la tentation : absolue. Tous les jours qui sont pas son cheat day, Dryden pense à ce qu'il va engloutir lors de ce fameux cheat day. Normalement, c'est demain, mais tant pis. Demain il ne fera aucune entorse. Régime poulet - haricots vapeur, pour punir le cheeseburger qui fait envie à son estomac, et fera le plus grand bien à l'humeur de sa passagère. Putain, mais c'est qu'elle hésite en plus. Ses prétextes le font doucement ricaner, et à la fois lever les yeux au ciel. Ces filles qui se font désirer, alors qu'elles savent très bien, qu'elles veulent minauder, se tortiller pour le seul plaisir de le faire, argh, vraiment, c'est épuisant. “ Comme quoi ? ” Bon, elle n'a pas totalement tort. Vrai qu'elle n'est pas dans son assiette, et que ça se voit. Cela dit, il retient de préciser qu'elle prend le risque de passer inaperçue parce qu'il est là. C'est d'autant plus effroyable que c'est absolument vrai, mais comme il veut s'éviter une remarque mi-railleuse, mi-outrée, et surtout trop facile, alors non. “ T'es très bien comme ça. ” Il a choisi la formulation standard, enrobée, mais en vérité il pense qu'elle est très belle quoi qu'il arrive. Et personne n'osera dire le contraire. Cela dit, on pensera peut-être que c'est lui qui l'a cognée, et rien que pour ça, elle a peut-être raison. Lui ne peut pas risquer de provoquer ce genre de situation, les médias n'en feraient qu'une bouchée. “ C'est moi qui propose, ” précise-t-il, soutenant que non, pour cette raison, ça ne sera pas bizarre. C'aurait pu l'être pour bien des raisons, mais ce n'est qu'un repas entre adultes consentants, et il connait très bien ses limites ; ce fou, ce naïf. Ton ex à la maison, ” raille-t-il, l'ombre d'un rictus moqueur sur la commissure. “ Y a personne chez moi, et tout le monde s'en fout de toute façon. C'est bon, on est des adultes dans la réalité, pas des gamins dans un soap opera. Pas de drame. ” Il est sur de ce qu'il avance, en plus. Il n'a pas tort cela dit, et sur le coup, il y croit ferme. Il connait deux-trois personnes qui ne s'en foutraient pas, mais elles ne sont pas là pour regarder, et lui n'a rien à prouver à qui que ce soit. D'autant qu'elle voulait être amis. C'est peut-être là que ça commence. “ Victoire. Cheeseburger, j'arrive. ” Il lève un poing victorieux lorsqu'elle accepte enfin, et le voilà qui ignore le stop - de toute façon y a personne - et fonce à vive allure dans sa grande et belle bagnole, porté par le moteur et l'appel du cheddar. Ils s'arrêtent à l'incontournable Five guys, la commande n'a pas changée depuis dix ans. Un coup de visa caviar, trois coups de volants, et ils sont sur Garden District. Il tourne la tête vers elle en même temps qu'il tourne à l'intersection qui conduit chez lui, et ses mots le font vaguement sourire. “ Pas de problème, ” commence-t-il simplement. Et ç'aurait pu être tout, être suffisant, mais il y a une chose qui doit être dite, qui doit être claire, et ancrée entre eux, alors il se sent obligé d'élaborer. “ C'est pas parce qu'on est plus ensemble depuis ... dix ans... ? ” Il hésite. D'abord parce qu'il n'est pas tout à fait certain, et aussi parce qu'il prend une claque. Si longtemps ? Vraiment ? “ Bref, c'est pas pour ça que je vais te laisser en larmes sur le trottoir. Je veux que tu sois bien, en bonne santé, protégée, heureuse, et tout ce que tu veux. Ensemble ou non, dix ans après, ça change pas ça. ” Puis il avait promis de décrocher. Ses lèvres s'ourlent d'un sourire simple, mais doux et sincère. Il lui a déjà fait l'affront d'être absent. Ce regret-ci est ancré, comme une plaie ouverte, brûlante, infectée. Il nourrit l'espoir qu'elle finira par se résorber, ou qu'il parvienne à la tolérer au moins le cas échéant. “ Si t'étais une poufiasse, je dis pas, mais là... Non.” Plaisante, plaisante pas, qui sait. En tout cas il échappe un rire franc, et pince le bout de son menton de ses doigts, avant de prendre le sac en papier plein de bouffe, et de sortir de la voiture. Devant la façade de ce qu'il a le plus grand mal à considérer comme ' chez lui ', il prend la pleine mesure du ridicule de ce que sa vie est devenue. Le merdeux du fin fond de la Louisiane, avec sa mère en galère, maintenant tout seul dans un manoir trop grand près du centre. Tina, si petite, devant une si grande bâtisse, alors qu'ils dormaient ensemble dans un lit simple, dans une chambre qui ferait facilement office de débarras ici. Il n'a pas honte, non, mais il n'est pas tout à fait fier non plus de ce gouffre entre eux qui prend toujours d'ampleur. ¡Bienvenido! Comme dirait sa mère. Il lui ouvre la porte vers la décadence ; ou son ersatz, puisqu'il faut savoir que cette maison fait la moitié de celle qu'il a acheté à Los Angeles.

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Re: all through the night · (dryden)
rédigé Mer 7 Avr - 22:15

S’il n’avait pas été là, sans doute aurait-elle passé sa nuit à pleurer accroupie au pied de son lit, la tête sur les genoux. Elle n’aurait rien mangé, l’estomac noué après un tel événement et à deux doigts de vomir le peu de repas qu’elle avait pu grignoter la journée. Elle aurait peut-être bu à son tour, probablement du vin parce qu’elle sait pertinemment que sa tolérance à l’alcool est proche du néant. Un moyen comme un autre pour essayer de s’extirper de ce quotidien rendu trop difficile par toutes les responsabilités qui lui tombaient dessus. Tina était peut-être une femme mature en apparence, une infirmière dévouée à son travail et une amie en or pour ceux qui avaient la chance de la compter parmi ses proches. Pourtant, elle n’était qu’une enfant dont la mère lui avait été arrachée trop jeune. Bientôt trente ans et aucune perspective d’avenir si ce n’est celui de passer le reste de ses jours aux côtés d’un père pour qui elle ne pourrait rien de plus. Plus les années passaient, et plus Michael s’enterrait dans ce qu’il considérait comme une source de bonheur par procuration, quitte à en oublier l’existence de sa propre fille. Le choix était purement et simplement égoïste, mais elle ne lui en tiendrait jamais rigueur. Après tout, il avait le droit de vouloir rejoindre son épouse en s’enivrant suffisamment pour s’imaginer sa présence à ses côtés. Elle aussi s’était livrée à ce jeu dangereux suite au départ précipité d’un certain garçon devenu acteur. Les peines du coeur était des plaies qui demeuraient continuellement ouvertes, quels que soient les soins prodigués. Et pourtant malgré ça, elle se sentait terriblement bien ce soir à ses côtés, dans cette voiture qui faisait office d’un luxueux cocon la protégeant du reste du monde. Face à sa réflexion et tout l’engouement qu’il présentait devant l’idée d’un repas presque diététique, elle n’eut d’autres choix que d’éclater d’un rire discret. Le premier depuis longtemps. — Je crois ne jamais t’avoir vu aussi emballé par l’idée de manger un cheeseburger. C’est qu’ils doivent te coller au régime pain sec et bouteilles d’eau pour le tournage de tes films… Dure la vie de star. Ne put-elle s’empêcher de commenter, un rien sarcastique quand ses yeux trouvèrent à se reposer sur lui. Dryden avait le don de la faire sourire quand son coeur ne demandait qu’à pleurer un peu plus. Ou peut-être était-elle tout simplement heureuse de l’avoir enfin à sa portée, juste pour elle. Sa réponse néanmoins eut le mérite de la faire hésiter avant de lui faire baisser le visage, le rouge lui étant monté aux joues quand d’ordinaire ce genre de compliment était accueilli d’une ravissante mimique. Très bien comme ça, avec une lèvre entaillée et un visage très légèrement tuméfié ? Bien sûr qu’il ne songeait pas à mal avec sa formulation, mais elle ne pu réprimer un discret soupire en ayant le réflexe de poser une main fébrile contre son front. A l’aise sous le regard des autres, bien peu devant le sien. — Merci ? Souffla-t-elle doucement, ne sachant trop s’il s’agissait d’un compliment ou d’une façon maladroite de vouloir la rassurer. Quoiqu’il en soit, elle acquiesça au reste de ses propos, et sentit sa bouche se courber quelques secondes plus tard. — T’as les médias qui te collent aux fesses en permanence. Je voudrais pas qu’on t’accuse d’avoir séquestrée une pauvre infirmière après l’avoir battue. Elle avait haussé les épaules, adressant à son égard un air faussement attristé. Quelle piètre actrice en comparaison à cet apollon du cinéma qui se tenait auprès d’elle. Elle était là toute la difficulté de fréquenter une célébrité : les paparazzis, les rumeurs, et le regard des éventuels fans qu’ils pourraient être amenés à rencontrer. — Ou ça se trouve tu passerais pour un super-héros après avoir secouru la demoiselle en détresse, qui sait ? A cette pensée, elle éructa d’un léger rire en imaginant la scène qui, finalement, se rapprochait le plus de la réalité. Il était, pour ce soir au moins, son super-héros. Celui qui écrasait les larmes pour laisser un peu de place à toute la bienveillance qu’il portait à son intention. Là, dans ce genre de moments si précieux, elle s’estimait enfin heureuse. — Je préfère le scénario du sauvetage. Plus classe, plus propre, et ce rôle t’irait à la perfection. Elle ricanait doucement en piochant une frite dans l’énorme sac de nourriture qu’ils venaient de récupérer. Voilà que la voiture de luxe sentait le burger à plein nez et la faisait d’ores-et-déjà saliver. Dix ans. Elle déglutit difficilement à la réflexion et manqua même de s’étrangler. Touchée. Dans quel sens cependant ? Cela restait encore à déterminer. Adorable dans ses propos, Dryden avait malheureusement la manie de soulever des évidences auxquelles elle ne s’était jamais vraiment faite. Ils n’étaient plus ensemble depuis près d’une décennie… Et elle réalisa soudainement à quel point le temps avait filé depuis qu’il était parti. Si longtemps, déjà… — Heureusement que je ne suis qu’une connasse de temps en temps alors. Qu’elle commenta, pensive. Un rien amusée, elle arqua un sourcil, la langue tirée dans sa direction avant de le narguer d’une nouvelle frite entre ses dents. Le ton était à la plaisanterie, et ça lui faisait un bien fou. Et parce qu’elle le savait assez obsédé par son cheeseburger pour être capable de taper une crise de jalousie devant ses provocations, elle se chargea de lui offrir quelques amuses-bouche en gage de paix. Juste de quoi ouvrir leur ouvrir l’appétit lorsqu’ils arrivèrent enfin à destination. — Ça, c’est ta maison ? Elle avait ses deux grands yeux bruns ouverts, comblés devant ce qui ressemblait davantage à un hôtel de luxe qu’à un domicile. Si elle avait soupçonné évidemment qu’il ne manquait pas de moyens, elle était loin d’avoir imaginé qu’il puisse vivre à ce point noyé dans de telles richesses. Un autre monde, tellement différent du sien et de celui qu’ils avaient autrefois partagé.  — Non… Non je t’épargnerai mes commentaires bien relous à ce sujet, c’est promis. Juste, si je bave, dis-le moi parce que c’est franchement pas très glamour. Mais… putain, Dryden ! C’est un palace ton truc. Elle était entrée, d’un pas hésitant tout d’abord avant de se laisser complètement charmée par les lieux. Voilà bien la première fois qu’elle mettait les pieds dans une résidence aussi belle et aussi grande, la rendant elle-même encore plus petite que ce qu’elle n’était déjà. Sa main avait pris la peine de voler le sachet de nourriture à son propriétaire pendant qu’elle visitait l’endroit sans trop savoir où poser les yeux ni où aller. Tina était une femme que l’on connaissait sans gêne, jamais timide ou en de rares occasions. Ici faisait exception. Emerveillée, elle éprouvait néanmoins le sentiment de faire complètement tâche au milieu de ce décor luxueux. Elle, la pauvre fille ramassée sur un trottoir, lui le beau gosse plein aux as. — J’ai le souvenir d’une époque où toi et moi on avait à peine de quoi se payer des places pour aller voir un film au cinéma. C’est fou. Qu’elle murmura à voix basse, rêveuse et projetée une dizaine d’années en arrière. Elle trouva son chemin jusqu’à s’arrêter à ce qui avait l’air d’être une cuisine - qui avait le mérite de faire la taille de son propre appartement, bon sang - et déposer le précieux sachet sur la table en y sortant son contenu. — Ça te fait pas bizarre d’être de retour ici ? ‘Fin je veux dire… c’est que tout doit te sembler si différent maintenant. T’as dû visiter pas mal de régions et de pays avec ton boulot j’imagine. Le rêve… Enfin, ses yeux retrouvèrent les siens pour s’y accrocher un instant. Le ton était peut-être un peu trop sérieux, et elle se pinça brièvement les lèvres en réalisant qu’il n’avait peut-être pas forcément envie d’évoquer le sujet. Il en avait déjà assez fait pour ce soir, mais elle était curieuse et avide d’entendre tout ce qu’il pourrait éventuellement lui confier. Elle qui avait un beau jour rêver de parcourir le monde en tant que médecin, tristement coincée à la Nouvelle-Orléans en tant que banale infirmière. Drôle de retournement de situation. — Je donnerais n’importe quoi pour avoir un jour la chance de quitter cette ville et voyager un peu. Assise sur l’un des tabourets, les coudes contre la table et le menton appuyé contre ses mains, elle laissa traîner sur lui un regard rêveur, presque envieux. La mine qu’elle lui adressait était adorable, mais le regard lui, brillait littéralement en songeant à ce qui ne serait jamais que des rêves pour elle.
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Dryden Faulkner
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Re: all through the night · (dryden)
rédigé Mer 7 Avr - 22:42

Le ton de la conversation a inévitablement changé, pourtant les évènements de ce soir lui restent en tête. Comment pourrait-il en être autrement ? À chaque fois qu'il dévie de la route, il trouve Tina sur le siège passager, la lèvre en sang, et son estomac se soulève. C'est inadmissible d'être confronté à être choses pareilles, et il ne comprend pas comment elle y arrive. À prétendre si bien ; lui est acteur, mais c'est tout à fait différent à son sens. Dryden endosse des rôles pour le cinéma, mais Tina endosse son propre rôle dans sa propre vie. Lui ne subit pas les problèmes des personnages qu'il incarne et quitte le rôle à la fin de la journée. Tina continue même après avoir pointé. Dieu, que ce doit être épuisant. Et elle parvient à continuer, persévérer avec une mélancolie toute gracieuse, un rien fragile, mais élégante malgré tout. À trouver le bon côté dans tout, tirer vers elle ce bout d'humour pitoyable qu'il a tenté, pour le faire croitre et leur donner la chance de profiter d'un semblant de normalité qui n'a pas lieu d'être. “ C'est volontaire, ” confesse-t-il à voix basse, les lèvres ourlées en une petite moue triste, l'air faussement affligé. Il ne peut qu'être emballé par l'idée d'un cheeseburger, à se priver tout le reste de la semaine. Un esprit sain dans un corps saint. Adieu Dryden, l'aile de poulet. Il faisait un enfant plutôt maigrelet, puis un adolescent tout en hauteur avec rien que des os pour soutenir sa peau. Tina peut-être sarcastique si elle veut, mais au moins, il est en forme olympique et on ne trouvera jamais rien à redire là-dessus. Le type est passé de l'adolescent adorable au mâle alpha grâce à beaucoup trop de sport et bien moins de cochonneries. Les débuts ont été difficiles, mais il a pris le pli, et à le regarder, ça vaut carrément le coup. Alors oui, l'idée d'un cheeseburger est devenue un équivalent pitoyable du Saint Graal pour un curé. Concentré sur la route, et probablement sur le glorieux casse-dalle qui l'attend, Dryden se fait davantage oreille attentive à un delirium qu'il ne connait que trop. Tina est tombée dans ces idées reçues qui vont de paire avec sa renommée. Il a entendu ces hypothèses mille fois, souvent sur un ton rêveur, parce que qui ne voudrait pas se faire photographier dans la rue et créer assez de sensation pour faire la une demain ? Si ça ne l'atteint pas tant, ça ne l'amuse pas beaucoup non plus. Heureusement, il est plus rôdé que rôdé. “ Mais bien sûr, ” rétorque-t-il simplement, pas le moins du monde interpellé par les scénarios qu'elle lui fout sous le nez, bon comme mauvais. “ Je peux t'assurer, avec la plus grande certitude, que c'est pas ce soir que tu vas vivre ton moment de gloire. ” Clairement pas. Déjà parce que ce soir à plutôt mal démarré, mais au-delà de ça, il n'y a pas ce genre de choses ici. Les photographes sont monnaie courante de l'autre côté du pays, mais la Nouvelle Orléans est encore plutôt préservée de leurs assauts grotesques. Si pas, c'est uniquement parce que c'est organisé, et on le met généralement au courant en amont. Promotion, calcul, toujours. Il ne veut pas lui dire que le monde ne s'intéresse pas à elle, mais il est certain que si vraiment ils tombaient dans une embuscade, on ne s'arrêtera pas sur elle. Pas lorsque c'est Darcy ou Skye qu'on cherche inexorablement dans son sillage. Il a au moins ça de son côté qu'on le scrute beaucoup moins ici. Qu'il est seul par-dessus le marché, et que le champ des possibles est de fait bien moins attrayant pour d'éventuels photographes. Au mieux, il se fera choper par les réseaux sociaux, mais il doute qu'un type qui promène son chien dans le quartier lancera la polémique avec à propos de lui, et elle, qui remontent l'allée en vitesse. Si c'était le cas, il a une équipe derrière lui pour acheter les photos à bon prix. Faudrait pas qu'on croit qu'il s'amuse pendant que Darcy a le dos tourné. L'idée le fait soupirer et lever les yeux au ciel, et heureusement, Tina à au moins le mérite de le faire sourire de nouveau. Faut dire que connasse n'est pas qu'un qualificatif qu'il aurait utilisé pour la décrire. “ Comme si, ” moque-t-il ouvertement. Il en connait, des connasses, et la comparaison est impossible. Tina a bien des défauts, mais certainement pas celui-ci. Alors qu'ils arrivent presque, il plisse les lèvres lorsqu'elle entame les frites parce qu'il déteste, plus que tout, qu'on touche à sa nourriture. Alors d'accord, le sac est pour deux, mais Dryden n'aime pas qu'on touche sa nourriture, qu'on prenne dans son assiette, donc part du principe que tant qu'on ne sait pas, on ne touche pas. Elle sait. C'est un vice qu'il a depuis toujours, la faute à sa soeur qui bouffe tout sur son passage et ne laisse pas même les miettes. Mais parce que ce soir n'est clairement pas sa soirée, alors il ronge son frein et se contente de la remercier, mais non, à une tentative de lui donner la bectée. Oui, c'est étrange. Oui, tout de suite, une gêne s'installe. Il fronce un sourcil, parce que la tentative lui parait vraiment, vraiment, vraiment bizarre et qu'il bute sur un wtf qu'il voudrait lâcher. Elle le prend pour un enfant ? Un patient invalide ? Il pourrait rentrer dans son jeu pour lui faire plaisir, mais non, absolument pas. Heureusement qu'ils arrivent, et que l'embarras, qu'il a l'air d'être seul à ressentir, s'évapore presque immédiatement. “ Pour quelques temps, ” précise-t-il, bien moins emballé qu'elle par la bâtisse. Lui ne se sent pas comme lui chez dans cette maison bien trop grande pour lui seul. Parce qu'il ne veut habituer personne, il préfère rendre visite plutôt qu'inviter ; comme toujours, Tina fait une formidable exception. Le mot palace prête à vaguement sourire, parce qu'en comparaison à maison sur les hauteurs de Los Angeles, celle-ci aurait l'air d'une cabane abandonnée. “ Mouais. ” Il hausse les épaules, parce que ce n'est qu'une maison. Il n'a pas le même recul qu'elle, parce qu'il a tout et est malheureusement l'entier soumis à sa fortune colossale qui lui permet d'avoir tant de belles choses que ce glorieux minimum dans lequel ils pénètrent lui semble un rien fade. Pour lui, la maison manque de quelqu'un chose, et il ne saurait expliquer quoi. D'une présence autre que la sienne, à n'en pas douter, mais aussi du fourmillement hollywoodien auquel il s'est tristement habitué. Ce baraque est vide, triste, fade, et pour le temps qu'il y passe, il n'a pas nécessairement envie de faire changer les choses. Au moins Tina fait honneur à la location, et devant son extase, lui se sent immédiatement bête de n'être plus capable d'apprécier les belles choses, les moments, voire les personnes. Il lui concède un sourire, alors qu'ils s'avancent dans le living room, puis un ricanement, puisqu'il est absolument vrai qu'à l'époque, tous deux n'avaient que ce qu'ils portaient sur le dos ; et leur couple. S'il ne regrette pas cette époque sous bien des aspects, en revanche il regrettait cette insouciance, et cette faculté qu'ils avaient à se contenter d'un rien ou, encore une fois, d'eux. Un peu grandiose, qui lui semble désormais être une autre vie. “ Si, ” Bien sûr que c'est étrange. Il savait que ce serait le cas en venant, mais ne se doutait pas d'à quel point. “ Y a du bon, comme du mauvais d'être de nouveau ici. ” Il le dit le plus simplement du monde. Sans ressentiment, ni aise. Pour lui, c'est évident et il faudrait être naïf pour penser l'inverse. Dix années après, et le natif ne trouve plus tant sa place. Il connait sans connaitre, la ville, les coutumes, et surtout, les gens. Fou, d'être un outsider dans cette ville qui l'a mis au monde, et de n'être plus capable de l'apprécier à sa juste valeur. Parce qu'il ne veut pas s'attarder plus à ce sujet, il reprend la fin de sa phrase prestement. “ Effectivement, ” convient-il, parce qu'il a voyagé. Souvent pour le travail, rarement pour le plaisir ; mais le travail a toujours été un plaisir à ses yeux donc les deux ne peuvent être que liés. “ C'est bien de voyager, mais c'est encore mieux d'avoir un véritable foyer. Profite de ta chance, Nola est une ville fabuleuse et ne connait aussi égal dans le monde. ” Vrai. Il n'y a qu'une seule Nouvelle Orléans, et lui a adoré cette ville. Il l'adore toujours, mais son charme s'est atténué. Peut-être parce qu'ils ne sont plus ensemble et que leur rupture à non seulement rompu quelque chose en lui, mais aussi emporté avec elle les souvenirs qui rendaient la ville, et la vie ici, si belle. L'amalgame est trop facile, mais il est inévitable. Il a quitté la fille et la ville, l'une ne va pas sans l'autre. “ Je ne doute pas que tu auras l'occasion de voyager à ton tour, ” professe-t-il sagement. Pourquoi pas, après tout ? “ Ne me dis pas que tu n'as jamais franchi les frontières de la Lousiane, quand même ... ? ” demande-t-il, en fronçant un sourcil. Même pour passer dans l'état voisin, ou aller à Disneyland en Floride, qui n'est pas si loin. Si lui n'est pas un adepte de la cause Mickey, Tina en revanche... Il ne conçoit pas qu'on puisse rester dix ans au même endroit, sans envisager de ne serait-ce qu'aller sur les routes américaines, réputées les plus belles, ou explorer ce qui est à sa portée. Mais il a eu son opportunité, lui, et les fonds qui vont avec, donc c'est atrocement facile pour lui de s'offusquer ; et il s'en rend compte. Il pince les lèvres, parce qu'il se doute que ce n'est pas simple pour Tina, sinon il ne l'aurait pas récupérée ce soir. Pas comme ça, pas dans ces conditions. Il se mord la lèvre parce qu'il veut immédiatement s'excuser, mais ce n'est pas la première bourde de célébrité gâtée-pourrie qu'il fera, c'est certain, alors il se laisse une marge et prétend. “ Attends deux minutes, ” souffle-t-il, en allant vers la cuisine. Il revient plus tard dans le salon, et encore, le fossé se creuse. “ Alexa, allume les lumières du salon et la télévision. ” C'est propre, c'est gadget, et il devrait être fier, ou au moins ne pas trouver ça normal. Immédiatement, Versailles s'illumine et il échappe un rire parce que, vraiment, c'en est gênant au point de l'hilarité. Il tend une serviette humide et tiède, pour la débarrasser du sang sur sa bouche, et va pour la lui enlever, mais hésite, et s'arrêter. “ Tiens, j'ai pas envie de te faire mal, et tu feras ça largement mieux que moi. ” Carrière oblige.
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Tina Callahan
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Re: all through the night · (dryden)
rédigé Jeu 8 Avr - 11:16

Evidemment, qu’il puisse être bien moins enthousiaste à l’idée d’habiter un pareil logement ne l’étonna pas. Après tout, les luxes et privilèges étaient probablement devenus monnaie courante pour un acteur de renom tel que lui. Elle n’avait qu’à regarder autour d’eux pour réaliser que oui, effectivement, tout ou presque était bel et bien devenu différent. La maison, la voiture, et même les vêtements qu’il portait et qui devaient probablement n’être à ses yeux que de vulgaires pièces de tissu sans valeur. Dryden avait toujours été le plus beau des hommes pour elle, aucun ne lui serait jamais arrivé à la cheville. Mais il irradiait dorénavant d’une élégance prestigieuse, presque divine à tel point qu’elle réalisait soudainement la chance qu’elle avait de pouvoir encore le côtoyer. Si elle était heureuse de sa réussite et de l’envolée prodigieuse de sa carrière, Tina se sentit bête des remarques faites précédemment. Elle savait qu’il n’était pas de ces hommes arrogants et prétentieux et qu’à aucun moment il ne la jugerait ou ne la ferait se sentir mal à l’aise. Pourtant, elle trouva de quoi s’enliser dans un sentiment de ridicule et de honte. Si petite et si pitoyable au milieu d’un tel univers. Son extase se dissipa bien trop vite pour laisser place à un maigre sentiment d’inconfort, et elle se racla doucement la gorge pour calmer ses ardeurs. Etrange de pouvoir éprouver de tels sentiments contradictoires : se sentir bien à ses côtés, mais terriblement pas à sa place au sein de cet endroit. — Plus de bon que de mauvais, j’espère ? Elle s’était défaite de sa contemplation pour se tourner vers lui et poser ses deux billes brunes le long de son visage. La question se voulait innocente, mais elle regretta malgré tout de l’avoir posée. Ce n’était peut-être pas le sujet le plus évident à aborder pour lui, et elle se mordit l’intérieur de la joue en grimaçant, gênée mais cependant curieuse. Dix années s’étaient écoulées depuis qu’il était parti. La Nouvelle Orléans avait changé, les gens également, les coutumes, les magasins, et tellement d’autres choses. L’existence de Tina s’était peut-être brutalement mise en pause peu de temps après son départ et le décès de sa mère, mais dans l’ensemble, la vie avait suivi son cours pour le reste de la ville. N’y avait qu’elle qui s’était raccrochée à un passé dont elle ne voulait visiblement pas se soustraire. Ce soir en était la preuve : il fallait juste voir la façon dont elle le regardait, la nostalgie dans les yeux et bien trop heureuse pour quelqu’un qui aurait dû au contraire se montrer amer d’avoir été si lâchement abandonnée à l’époque. Il n’en était rien. Elle avait appris bien malgré elle à se contenter des bonnes choses plutôt qu’à voir le mal partout. Ici, elle avait un sac rempli de nourriture dont ils raffolaient tous les deux. Il y avait Dryden. Et ils étaient seuls. Les événements tragiques qui s’étaient déroulés un peu plus tôt ne gâcheraient pas cet instant de répit. — Je ne me plains pas de ma vie ici, et tu connais tout l’amour que j’ai pour cette ville. C’est juste que… je n’ai pas tellement de quoi la comparer à une autre. A son tour, elle se mit à hausser les épaules en glissant ses mots le simplement du monde. Le regard avait été ramené au sol, et elle laissa un maigre sourire fendre son visage. L’affirmation partait d’une belle intention de sa part. Celle sans doute de la faire se raccrocher à un espoir qu’elle avait perdu depuis longtemps à ce sujet. — Un jour peut-être, qui sait. Sa main replaça distraitement l’une de ses mèches de cheveux derrière son oreille, un tic malheureux qui se déclenchait chaque fois qu’elle avait le malheur de mentir. Bien sûr qu’elle ne croyait pas à ce qu’elle venait de dire. Pour elle, la Nouvelle Orléans serait et resterait son seul foyer. Les vacances et les weekends hors de la Louisiane n’étaient pas envisageables compte tenu de la situation dans laquelle se trouvait son père. Il était un gosse à surveiller en permanence, serait incapable de rester plus d’une journée seul dans son appartement. Et quand bien même, elle n’aurait de toute façon jamais les moyens de partir. Aussi, elle hocha doucement la tête de gauche à droite face à sa question. — Pas depuis une bonne dizaine d’années en tout cas. La réponse se voulu simple, mais elle sentit sa voix dérailler et s’en pinça les lèvres en éructant d’un léger ricanement pour la forme. Elle n’en avait jamais eu l’opportunité depuis que sa mère était décédée. Matthew, le grand frère, lui avait pourtant juré qu’il l’emmènerait un jour voyager quelque part. Sans doute avait-il oublié sa promesse en faisant ses valises pour quitter la prison qu’étaient devenus leurs vies. Dans le même genre de désillusion, son père, à l’époque plus que confiant lorsque son épouse avait entamé la chimiothérapie, leur avait confié avoir épargné suffisamment d’argent pour qu’ils puissent tous les quatre partir trois jours en Floride. Satané cancer. Sans le réaliser, ils avaient migré de la cuisine au salon, et Tina s’était arrêtée de défaire les paquets de nourriture qu’elle venait de déposer sur l’énorme table-basse devant eux.  Elle ne fût extirpée de ses songes que lorsque les luminaires les arrachèrent à la pénombre. — Ah oui, d’accord, ici c’est comme ça. Les interrupteurs et les télécommandes ? Très peu pour monsieur Faulkner. Qu’elle venait de lâcher dans un rire aussi franc et hilare que le sien. Parce que oui, vraiment, c’en devenait ridicule, mais ça avait au moins le mérite de l’amuser. Ses yeux se posèrent un instant sur lui, puis sur le linge humide qu’il venait d’aller lui chercher. Bienveillant dans ses intentions, comme toujours. Elle en avait presque oublié le sang qui traînait toujours le long de sa lèvre. Dommage qu’il ait préféré s’arrêter et qu’elle fût contrainte d’attraper elle-même le tissu. Evidemment qu’elle laissa ses doigts effleurer volontairement les siens. Et évidemment qu’elle sentit son souffle se bloquer sans pour autant s’empêcher d’apprécier le contact qui ne dura pas plus d’une ou deux secondes. Pour le remercier silencieusement du geste, qu’elle prétendra. — T’as toujours été très doux et je suis sûre que tu ne m’aurais jamais fait de mal. Elle souriait, tendrement, avant de venir poser le linge contre sa minuscule plaie. Une éraflure, rien de plus, rien de bien méchant. — Merci. Je suis plus costaud qu’il n’y parait tu vois. Souffla-t-elle en prenant place sur le canapé derrière elle. Le sang retiré, elle désigna d’un signe de tête le saint Graal qui les attendait sagement depuis plusieurs minutes. — Ton burger va refroidir. Qu’elle lança presque joyeusement en attrapant une nouvelle frite. — Ça va, t’en fais pas, je ne les ai pas toutes mangées… Je te laisse même ma part si tu veux. J’arriverai jamais à tout engloutir de toute façon. Parce qu’elle savait pertinemment que son petit manège un peu plus tôt dans la voiture l’avait contrarié. Dryden et sa nourriture… Elle le connaissait assez pour savoir quel le sujet ne saurait jamais l’amuser, pourtant, elle éclata de rire et se pinça les lèvres pour ne pas s’enliser davantage dans ce qui pourrait très vite l’énerver. Juste, elle adorait le contrarier à l’époque, et de toute évidence, succombait toujours un peu à ce défaut qui savait pourtant la séduire de la plus étrange façon. Adorable, même en étant agacé. — Certaines choses ne changeront décidément jamais. Désolée pour tes frites. Promis, je te ferai un dessert un jour pour me faire pardonner, ce que tu veux. Qu’elle souffla plus calmement, souriante, en attrapant son poignet pour l’inviter - le forcer - à venir la rejoindre. —  Ne le prends pas mal, mais je suis vraiment contente de te revoir ici. Tu penses rester combien de temps avant que ton boulot ne te fasse à nouveau quitter cette ‘’ ville fabuleuse’’ ? Encore une fois, la question aurait dû être innocente mais ne l’était pas tant. Il finirait par repartir, sa vie n’était plus ici mais ailleurs. Si la pensée lui déchira le coeur un bref instant, elle n’en montra rien mais s’enfonça un peu plus dans son fauteuil. Sans cesser de le regarder, son cheeseburger dans les mains et une première bouchée dans l’estomac, elle se planqua comme une gosse derrière sa nourriture en attendant impatiemment une réponse qu’elle appréhendait. Encore un peu, juste quelques semaines. Suffisamment pour lui offrir un peu d’air avant qu’elle ne retourne à son horrible quotidien sans lui pour l’embellir. — Juste histoire que je ne m’y habitue pas de trop, et que je puisse profiter un peu de toi… La confidence aurait pu être sans arrière-pensée, d’une amie à un autre, mais pour eux ne l’était pas. Elle le savait, il s’en doutait probablement. Profiter de lui, de sa présence, de tout ce qu’il serait en mesure de lui apporter durant ce court laps de temps où il trainerait dans les parages. Et parce qu’elle réalisa bien trop tard sa bêtise, Tina sentit ses joues prendre une teinte probablement aussi rouge que le ketchup qui se trouvait dans son burger. — Et de cet écran géant qui trône au milieu de ton salon ! Qu’elle s’empressa d’ajouter en avalant de travers sa dernière bouchée, un index planté pile en direction de l’écran de télévision. Belle tentative cela dit… Bien qu’effectivement, la dalle devant eux était d’une taille impressionnante. Dans le genre cinéma à la maison. Plus besoin de se ruiner en tickets, elle n’aura qu’à demander la permission pour venir regarder de temps en temps quelques films chez lui - comme si. — Hey Alexa, t’aurais pas du pop corn par hasard ? Demanda-t-elle on ne peut plus sérieuse avant d’observer l’acteur du coin de l’oeil, échapper un rire et tenter pitoyablement de reprendre son sérieux en se raclant la gorge. Oui, bon, passons sur ce malaise. Excellents ces burgers soit dit en passant.
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Dryden Faulkner
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Re: all through the night · (dryden)
rédigé Jeu 8 Avr - 15:11

“ Moitié, moitié, ” statue-t-il. Peut-être la réponse la plus sensée, sage et qui ne nécessite pas qu'il dise ouvertement que son retour le laisse plutôt perplexe, bien qu'il y ait évidemment de bons points. Il y en aura toujours. Rentrer dans sa ville natale, c'est aussi et surtout retrouver une certaine forme de confort introuvable ailleurs. Une facilité dont on se méfie inévitablement, par la force des choses et parce qu'il faut être rationnel à tout prix. Il aimerait lui dire ouvertement que son retour est mitigé, mais qu'il ne s'attendait de toute façon à rien de particulier, si ce n'est à croiser d'ancienne tête et renouer avec certaines d'entre elles. Qu'il avait évidemment pensé à elle, et angoissé plus que de raison à l'idée d'y être confronté ; puisqu'elle est certainement sa seule erreur et sa plus grande débâcle dans toute cette histoire. Pourtant, elle a tout l'air de vouloir lui donner cette facilité dont il se méfie. Avec ses grands yeux rivés sur lui, ses sourires qu'elle ne cache pas, ses manières et ses trop longues phrases enjouées. Il sait qu'il finira par payer cette facilité, celle-ci plus que n'importe quelle autre, pourtant il se laisse séduire par l'idée d'en profiter parce que, tout étant encore étroitement lié, elle est une forme de confort qu'il n'est pas parvenu à trouver ailleurs. Si tant est qu'il ait même cherché, ou voulu. Il n'y avait qu'une seule Tina et elle se trouvait à Nola. “ Oui, je vois ce que tu veux dire. ” Le ton est sage, plutôt égal, quoi qu'un rien compatissant puisqu'il ne peut qu'essayer de comprendre et compatir du fait qu'on peut évidemment se lasser de Nola, après trente ans à regarder le reste du monde derrière sa fenêtre. Lui a conscience de sa chance, et heureusement. Il n'a peut-être plus la pleine mesure de ses grands privilèges et du train de vie qu'il mène, mais il sait qu'il est arrivé là où il se trouve grâce à une main fabuleuse dans la partie de poker qu'est sa vie. Tina attend encore son tour, son moment, et il a autant espoir qu'elle que ça arrivera pour elle, tôt ou tard. À ce stade, c'est une question de justice, de karma. Il note la mèche derrière l'oreille, et sait ce que ça signifie. Il lui adresse un sourire fin pour lui faire comprendre qu'il a vu, compris et penche la tête pour qu'elle sache qu'il croit en sa bonne étoile pour elle, si elle a cessé d'espérer un jour franchir les limites de la Louisiane. Ses intentions, comme toujours, sont bonnes et il trouve de quoi apaiser sa lèvre, sans toutefois appuyer le geste noble. Pas de plaie, pas de bosse, juste une trace sur la lèvre et tout de suite, Tina retrouve de son éclat. Fantastique, ce qu'elle est capable de faire après ce qu'il considère comme une épreuve injuste. Elle ressort aussi brillante qu'à l'accoutumée, si pas plus. Pimpante, inchangée, ou presque. Il la sait écornée sur les bords, mais personne n'est parfait, et il se sait en partie responsable de certaines éraflures ; celles qui ne se voient pas. “ Plutôt une question de flemme et de facilité, ” rétorque-t-il sur le ton de l'évidence. Pas qu'il soit plus fainéant qu'un autre, mais qui s'emmerde avec les interrupteurs lorsqu'il n'a qu'à demander. Surtout que des interrupteurs, il y en a. Juste pour le principe, et sait-on jamais que les robots décident enfin de dominer le monde. L'idée lui arrache un vague sourire, et un qui s'accentue à ce qu'il considère comme une évidence. “ C'est même certain que tu l'es bien plus que moi. ” Et il ne trouvera jamais à redire à ce sujet. Tina a toujours été la forte d'eux deux, quand bien même on aura tendance à se tromper à ce sujet, parce qu'elle est si fine et se donne un air fragile, et qu'il est si grand, port altier, arrogance latente. Lui est arrivé de se plaindre de son café trop chaud, ou trop sucré en tournage, et pour des petits moments comme ceux-là, il peut largement convenir que Tina lui est bien supérieur. Elle l'a toujours été. C'est presque si elle ne lui a pas fait oublier le terrible cheeseburger. Elle le mentionne, et n'existe plus. Il n'y a que lui, les frites, et tout ce qui est coincé entre deux buns et qu'il s'apprête à dévorer séance tenante. Non, il ne veut pas sa part de frites, et oui, il est pénible avec sa nourriture. C'est même devenu pire à Los Angeles, royaume en guerre contre les germes. S'il n'est pas tombé dans le piège végétarien/vegan et consorts, en revanche il se méfie du circuit qu'à effectué sa bouffe entre les bacs de confections et sa bouche. Ça ne l'empêche pas de croquer, cela dit. “ Mmmhmmh. ” C'est tout ce qu'elle obtiendra de lui à ce sujet. Elle sait, il sait. À table. Le truc est exterminé en quelques bouchées, parce que sous bien des aspects et même s'il est inévitablement bien élevé, Dryden reste un mec. Son assiette est vite nettoyée, son estomac contenté, et sa disponibilité pour Tina de nouveau totale. “ Pourquoi je le prendrais mal ? ” demande-t-il, en haussant les épaules. Qu'elle soit contente de le revoir tout court devrait lui être une véritable bénédiction. Lui ne s'attendait pas même à vraiment la voir ; pas plus que ce que les convenances et le hasard exigeaient. Moins encore à ce qu'elle soit aussi prompt à passer l'éponge sur une rupture laborieuse dont il est obligé de prendre la pleine responsabilité. Mais elle est contente de le revoir, alors même qu'elle a toutes les raisons du monde de vouloir l'enterrer. Sa question, en revanche, demande une réflexion. Il pousse un soupir, essayant de remettre les éléments dans l'ordre, mais bien incapable de donner une véritable date. “ Difficile à dire. Ça va bientôt faire un mois maintenant, et le tournage devrait durer grosso modo six mois, mais la saison des awards commence le week end prochain, et comme je suis tenu d'y participer, tout comme notre réalisateur... Ça va probablement décaler... ” Il ne dit pas qu'il a déjà des propositions pour après, et que les scripts s'empilent sur son bureau et sa table de chevet. Qu'il envisage aussi de prendre de véritables vacances, un temps mort, afin de se ressourcer réellement ; ici ou ailleurs. Qu'il aimerait aussi migrer de Los Angeles à New York, mais ça, personne ne sait. Ce qui est certain, c'est qu'il finira par rendre les clefs de cette villa, et le ferait dans l'année. Chaque jour, chaque instant avant qu'il ne soit rappelé par dame Hollywood, est compté. Le compte à rebours est lancé, et maintenant que Tina y fait référence, il n'a jamais été aussi bruyant. S'il n'a rien fait de la question, pour lui anodine et agréablement intéressée, il voit cependant dans la précision qu'elle offre un détour inattendu. “ Profiter comment ? ” La question pourrait être innocente, et elle l'est en partie. Une fraction de lui, cependant, ne peut s'empêcher de se régaler du pourpre sur ses joues et de prendre ça comme le signe qu'elle cherche. Quoi ? Dieu seul sait. Et lui est, de toute évidence, en train de tomber dans ce piège qui n'en est pas tout à fait un, et il le fait un rien volontairement, quoi qu'inconsciemment. Dryden est comme ça. Une jolie fille, et il oublie où il habite et en quelle année il se trouve ; alors cette fille en particulier... Elle se reprend et lui arrache un sourire amusé au passage. Vrai que de se concentrer sur la télévision, c'est toujours mieux que de se regarder dans le blanc des yeux langoureusement. Perturbé, il se frotte énergiquement les yeux et la mâchoire avant de se lever. “ Pas comme ça que ça marche. ” Pouvait-on faire plus terre-à-terre, et effroyablement sérieux que cette réponse ? Ah, ce sérieux. Pourtant ce n'est pas l'humour qui lui manque, mais les quelques mots d'avant l'ont un rien déstabilisé. “ Tu peux gentiment demander à Dryden de t'emmener quelque chose à boire, en revanche, ” propose-t-il, en débarrassant vaguement. Il a quelqu'un le matin qui vient pour s'occuper de la maison, et cette personne s'occupera de la table. Problème de riche “ Je te proposerais bien du vin, mais il parait qu'après deux bières, t'es déjà hors service, alors un grand cru ... ” Il ouvre grand les yeux et hausse les épaules, pour illustrer tout le jugement qui le traverse. “ Dis-moi ce qui te fais envie, je te l'emmène. Je te laisse choisir un film, si ça te tente. ” Lui, en tout cas, va se servir un bon verre bien mérité. Celui (et le seul ) qu'il aurait dû siffler joyeusement devant Netflix avant d'être appelé à la rescousse. “ Juste pas un truc cucul, ou Disney. ” Ou pire, un Disney cucul à vomir. La précision lui semble indispensable, parce qu'il connait l'oiseau, et ce serait dommage qu'il s'endorme lamentablement alors qu'il doit toujours la conduire chez elle après. [ ... ]
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