sapphire moonlight, got me gaze at the stars at midnight · w/serensapphire moonlight, got me gaze at the stars at midnight · w/seren



 
Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

tales down the river :: silver cove
Aller à la page : 1, 2, 3  Suivant
Sora Warhust
always & forever, in this heart of mine
Sora Warhust
name : beckwith · julia
inscription : 11/11/2020
posts : 37 faceclaim © : catriona gray

sapphire moonlight, got me gaze at the stars at midnight · w/seren Empty

· ' Why are you so sad ?
Because you speak to me in words and I look at you with feelings ' ·
· · · · · · · · · · · · · · · ·
@ALEC WARHUST · seren of erendieren


Des fleurs.
Cette histoire de fleurs lui parut tout de suite complètement dingue. Les provinces plus reculées de Nemeree en regorgeait, et puisque la Reine aimait en avoir à sa table, les fleuristes à Silver Cove étaient légion. Sur le marché, une tenture de couleurs scintillantes, toutes brillamment rangées afin de former une fresque bariolées et parfumées sur fond turquoise. On lui en offrait une nouvelle sorte chaque jour, souvent parce qu'on la trouvait jolie, parfois parce qu'elle était enthousiaste à ce point que John cédait une pièce afin de la gâter de la dernière découverte du jour. À Deyja, on ne trouvait que du pot-pourri, et les quelques fleurs entretenues étaient jalousement gardées du regard des domestiques par Jafar. Personne n'était à ses yeux digne de pouvoir se repaitre de ses jardins, à l'exception de sa femme, pour qui il avait ordonné qu'on plante. Dans son adorable ignorance, Luna avait longtemps cru que les fleurs n'étaient que ça : du pot pourri. Elle avait découvert à Nemeree qu'elles étaient aussi vivantes qu'elle, si pas plus. Parfumée, gracieuses, délicates. Charmé par son engouement, un vendeur lui avait cédé une rose blanche et le compliment qu'il ne se trouvait aucune fleur plus précieuse qu'une femme dans tous les jardins de ce monde. Elle songea alors qu'aujourd'hui serait encore une belle journée, comme toutes celles passées dans les beaux quartiers de Silver Cove, où elle occupait une chambre bien au-delà de ses moyens. John avait utilisé le nom de son Capitaine pour obtenir un tarif, et lui éviter ainsi de vivre dans un dortoir et partager son intimité avec d'autres. Une tentative bien humble et prévenante de lui éviter de quitter un bordel pour en rejoindre un autre, et une bonté dans elle se jura de faire un grand usage, et de rendre un millier de fois si elle le pouvait. Aujourd'hui seule avec sa fleur, Luna se laissa tenter par une visite minutieuse et rêveuse de ce qu'elle considérait déjà comme son nouveau foyer. Le coeur léger, les poumons gonflés, elle flânait doucement dans des rues bien moins gorgées de monde que celle de Deyja, où elle pouvait respirer librement sans craindre une mauvaise rencontre ; respirer tout court.  Si elle ne se fourvoyait pas au point de croire un seul instant qu'elle connaitrait ici une inébranlable paix, puisque Silver Cove était après tout et avant tout une citée pirates, elle se savait et se sentait plus protégée que jamais. Si pas, au moins était-elle capable de défendre le peu d'honneur qu'elle tentait de reconstruire ici. L'effort avec tout l'air de porter ses fruits. Après plus d'un mois à découvrir la citée, elle se sentait enfin à sa place dans ce monde, malgré qu'il lui manque une compagnie pour égayer ses journées.  Elle s'était découvert une ribambelles de nouvelles passions: les fleurs, le récital des vagues sur les rives, les robes en lin, le rhum et les produits de la mer. Les couchés de soleil, selon la rumeur semblables à aucun autre à Erathia, et marcher pieds nus sur le sable blanc, quand bien même n'avait-elle pas encore osé franchir le pas et se baigner. Rêveuse, un rien pensive, elle descendit la rue longeant les remparts d'Arynmeren, un vague sourire sur la commissure, et sa rose blanche sous le nez. Sans but, vraiment, si ce n'est celui de rejoindre le centre et flâner davantage dans les ruelles conseillées par quelques bonnes âmes. Pour le moment, elle n'avait fait que passer dans Ravnshore, relativement calme de jour et théâtre de tous les excès le soir. Si on l'avait invitée à se joindre à un cortège, Luna avait décidé à son arrivée de jouer la carte sage et de prendre le temps pour elle. D'exorciser le spectre de Kozakura qui dormait en elle, et s'entêtait à faire d'elle une prostituée, une obligée, une esclave, alors qu'ici on lui demandait d'être simplement elle. Et faute de savoir ce que ce elle était vraiment, ou plutôt ce qu'elle voulait faire d'elle, Luna se préservait des vices et des pièges en côtoyant la belle face de Nemeree, quitte à doser la présence de John et ses compagnons. Au détour d'une ruelle, sa rose perdit brutalement de ses effluves, et elle fronça un sourcil, retrouvant une odeur toute familière, quoi qu'inqualifiable. Stoppée dans sa balade, elle fit un tour sur elle-même, et chercha le temps d'une poignée de seconde. D'abord la source de cette odeur enivrante, mais aussi à qui ce parfum appartenait, incapable qu'elle était de relier les points et d'associer cette odeur à un souvenir ; pourtant son favori. Elle resta plantée encore quelques secondes, interloquée au point de susciter l'intérêt de quelques passants. Ça avant de répondre à l'impulsion de reprendre sa route en mettant un pied ferme devant l'autre. Là, elle percuta ce qui lui sembla être un mur. Plein fouet, pleine face. Elle échappa d'abord un cri de choc, puis sa rose au sol, avant de relever les yeux et comprendre qu'il ne s'agissait pas d'un mur, mais d'un mont. Elle ne fit pas grand cas de sa rose, puisque devant elle se trouva bien plus précieux qu'une simple fleur. Seren, aussi imposant que dans ses souvenirs, si pas davantage, lui barrait la route et elle l'aurait vu et éviter, si seulement elle n'avait pas été subjuguée par les alentours. Son coeur exulta et elle échappa un hoquet troublé.   “ Mais ... ??? ” Surtout,  Comment ?  Elle devrait deviner qu'il pouvait compter sur nombre de relations et qu'après des siècles, il était plus que capable de suivre une piste, quand bien même elle n'en avait laissé aucune. Elle devrait aussi savoir, pour l'avoir fréquenté juste assez, qu'il était d'une volonté coriace ; et coriace ne faisait pas honneur à tout l'entêtement dont il était fait. Alors de le trouver ici n'aurait pas dû être une surprise à ce point. Pourtant elle se tenait là, abasourdie, assaillie de questions et d'émotions opposées. Elle aurait du savoir. Pas qu'il finirait par la trouver, il en était plus que capable, mais plutôt qu'il en aurait envie après leur dernière rencontre ponctuée d'une lettre minable. Au début, elle avait cru que s'il le voulait, il finirait par trouver. Depuis quelques jours, elle s'était faite à l'idée, à contre coeur, qu'il avait accepté que ce ne serait pas elle, mais peut-être une autre.  Après avoir pitoyablement bafouillé, Luna leva le regard vers le sien et se mordit toute la lèvre du bas, en témoin de tout ce que cet homme provoquait en elle et dans le but justement contenir ce 'trop' .   “ Tu m'en veux ? ” finit-elle par demander à voix basse. La question n'était pas tant de savoir s'il lui en voulait, mais plutôt de quelle force. Et non, elle n'avait pas oublié. Elle ne pourrait jamais oublier, ou ne serait-ce qu'envisager de passer à autre chose. En venant, elle s'était faite à l'idée qu'elle n'aimerait personne comme elle l'aimait lui, quand bien même se donnerait elle volontiers une chance d'aimer simplement ; et surtout, de se faire aimer en retour. Mais il ne se trouvait personne comme lui dans son coeur, et le voir réapparaitre aujourd'hui le lui prouva plus que jamais, des fois qu'elle se soit faite à l'idée que cette nouvelle vie ne l'incluait pas. “ Si tu viens t'assurer que je vais bien, sache que je ne me suis jamais si bien portée,  ” fit-elle, ponctuant sa phrase d'un long soupir. Vrai, en un sens. Elle respirait à pleins poumon : ce qu'elle considérait comme un privilège, puisque Deyja manquait cruellement d'air respirable. Elle était désormais loin de l'emprise de ses nombreux détracteurs, et dieu, qu'il faisait bon vivre à Nemeree.
Revenir en haut Aller en bas
Alec Warhust
goin' down the bayou, takin' you all the way
Alec Warhust
name : sasha
inscription : 12/11/2020
posts : 42 faceclaim © : c. yaman

sapphire moonlight, got me gaze at the stars at midnight · w/seren Empty

Des semaines s’étaient écoulées sans qu’il ne prenne le temps ni la peine de les compter. Pour un immortel dont le principal fardeau était celui de la vie éternelle, un mois aurait dû n’être qu’une seconde au milieu de son existence. Pourtant, Seren jura qu’il ne s’était jamais montré plus impatient que durant ces poignées de jours à la rechercher. Luna obsédait ses jours et ses nuits, ne lui accordant comme répit que de brefs repos lorsqu’il avait le malheur de s’allonger sur le lit qu’ils avaient partagés le temps d’une journée. Elle était omniprésente, dans ses rêves comme dans ses pensées, occupait la moindre parcelle de ce qu’il éprouvait en gâchant son amour par de profonds et virulents remords. Les mots inscrits sur ce morceaux de papier tournaient dans sa tête et le faisait hurler de l’intérieur. Comment avait-il pu la laisser partir aussi simplement. La jeune femme des rues, la voleuse, la prostituée. Cette fille qui s’était retrouvée devant lui un soir de pleine lune, et qui désormais faisait frémir par ses souvenirs chacun de ses membres là elle où avait eu le malheur de venir y déposer des caresses ou des baisers. Tout lui manquait. Des regards qu’ils pouvaient s’échanger, aux petites intentions qui savaient pertinemment faire danser leurs deux palpitants d’un tempo commun. Sa voix résonnait en lui, des mots doux aux insultes. Et il se laissait même parfois bercer en plongeant son visage dans les paumes de ses mains pour entrevoir son sourire. Si rare pour le peu de fois où il avait été capable de lui arracher, mais si précieux. Sa quête dans le but de la retrouver, il l’avait investie le soir-même de sa disparition. Après de multiples interrogatoires peu fructueux, Seren semblait avoir enfin trouvé quelques réponses. Son chemin l’avait conduit à récupérer sous son aile un certain Zephyr qu’il avait très largement soudoyé en employant beaucoup d’or et un brin de menaces. Ceci dans l’espoir qu’il puisse dénicher la moindre piste qui l’aiderait dans ses recherches. Et après des semaines sans la moindre information, on avait fini par lui rapporter qu’une femme répondant à la description de Luna avait été aperçue entrain d’embarquer à bord d’un navire pirate en compagnie d’un certain Capitaine Flint. La route jusqu’à Nemeree fût alors évidente quand bien même l’archer n’avait jamais eut grand intérêt à s’attarder au sein du pays. Il visita Ravenshore et rencontra avec horreur toute la lie que l’on pouvait y trouver. Bien sûr, il connaissait la réputation de la baie des pirates et toute l’infamie que l’on y dénichait à chaque coin de rue, mais curieusement, celle-ci était appréhendée bien différemment. Au milieu du rhum, des femmes et de la luxure, Seren fût  étrangement soulagé de n’y déceler aucune présence familière. A quoi bon demander après son nom ici et là, personne ne la connaissait ici. Pourtant, à force de détermination et de patience, le hasard et la providence se chargèrent une nouvelle fois de les réunir. Deux semaines qu’il parcourait sans relâche les allées de la région, des plages aux jardins, en passant par bien des tavernes et même quelques bordels étonnement luxueux en rapport à ceux de Deyja. Puis il y eut cette ombre au milieu des autres passants alors qu’il longeait l’une des artères de Silver Cove. Songeur dans ces moments de solitude, il n’avait pas réalisé que des mèches de cheveux brunes étaient venues caresser son épaule par une légère brise. Il ne s’était retourné que bien trop tard en sentant ses doigts frémir et son instinct parvenir à lui donner la chair de poule. Ses yeux trouvèrent un dos, un visage de profil, et une silhouette qu’il aurait reconnue entre mille. Son coeur implosa dans sa poitrine en même temps que fût lâcher le plus long et le plus doux des soupirs. Ses pas n’eurent alors pour intention que celle de lui barrer la route et s’imposer à elle comme le plus inébranlable des remparts. Elle le percuta sans le voir, et lorsque enfin ses yeux trouvèrent les siens, le plus impassible des dieux senti son souffle se couper. Il n’échappa aucun mot à sa surprise, ni même aucun sourire quand bien même tout son être se réjouissait de l’avoir enfin devant lui, à sa portée. La logique aurait voulu qu’il soit fou de rage et fasse tomber le masque pour témoigner de la colère qu’il avait éprouvé après son départ. Mais existait-il seulement plus absurde que la relation qu’ils entretenaient depuis le premier jour ? Etouffé par un amalgame d’émotions contradictoires, il préféra taire ce que son coeur hurlait pour profiter des choses inédites que seule sa présence était en capacité de lui faire éprouver. Un confort à nul autre pareil. — '' Peut-être dans une autre vie '' ? Qu’il s’entendit-il prononcer le plus simplement du monde pour toute réponse. Le timbre était sec, peut-être un peu piquant si on s’attardait sur l’expression de son visage et ses lèvres pincées. — Et pourquoi pas dans celle-ci ? Qu’il poursuivit tout aussi calmement, arquant un sourcil en prenant cette fois-ci le temps de glisser les yeux vers elle toute entière. — C’était compliqué et m’a pris un peu de temps, mais je t’avais prévenue que je te retrouverais toujours. Fit-il à voix basse en inclinant doucement le visage sur le côté, irrévocablement séduit sans la moindre surprise par celle qui lui faisait face. A sa question, il se mordit la lèvre en soupirant. Oui. Non. Probablement. Il prit le temps de la réflexion avant de lui apporter une réponse, hésitant sur les termes à employer avant de réaliser qu’aucun ne serait à la hauteur. — Tu n'as pas idée à quel point j'aimerais être capable de t'en vouloir. Dire qu’il n’avait envisagé ces retrouvailles de nombreuses fois serait mentir. Chaque scénario comportait mille reproches, quelques menaces parfois, et témoignait de tout ce qu’il avait été contraint d’endurer lors de son absence. Le manque d’un être aimé. Encore une fois, Luna surprenait de par son étonnante spontanéité et il n’avait d’autre choix que d’être pleinement charmé par cette innocente et toute adorable question. — Je ne suis pas venu que pour ça, mais je suis ravi de te l’entendre dire et de le constater. Bien sûr, il avait noté à quel point elle semblait épanouie en comparaison à la dernière rencontre qu’avait été la leur à Kozakura. Machinalement, il illustra ses propos en guidant une main le long de son épaule pour effleurer à peine la peau qui la recouvrait et quelques mèches de cheveux qui s’y étaient attardées. — La vie à Silver Cove te va à merveille. Et cette robe… Le regard brillant d’une admiration évidente, il s’interrompit en se mordant l’intérieur de la joue. La faiblesse d’un homme devant la plus belle des femmes. Ses doigts s’attardèrent un instant sur la bretelle blanche de sa robe avant de redescendre en frôlant le tissu pour se nicher sur sa hanche. — Tu es très belle. Un réflexe stupide mais qu’il n’avait pas eu le courage de retenir. Pas plus que ses yeux se régalant de la vue qu’elle lui offrait et de son coeur qui s’emballait sous le parfum qu’elle portait. — J’ai de quoi loger pour un moment ici et je compte bien y rester, alors j’espère vraiment que tu n’as pas encore l’intention d’essayer de m’échapper. Ce serait vraiment stupide et idiot de ta part. On aurait pu croire qu’il avait dit cela sur le ton de l’humour, mais ses traits demeuraient inchangés. Il s’était perdu dans sa contemplation, au moins une fois de plus. Il n’avait préparé aucun discours, n’avait réfléchi à aucune parole ni même à quel comportement adopté une fois devant elle. Et parce qu’il était aussi épuisé que conquit de l’avoir sous ses yeux, pour la première fois depuis plus d’un mois, un mince sourire vint illuminer les traits de son visage. — Et maintenant quoi ? Finit-il par demander en laissant sa main abandonner sa hanche pour se poser contre sa joue. — Je dois t’accompagner dans ces ruelles et prétendre que je suis fâché contre toi et que j’attends des excuses ? Ou je peux te prendre dans mes bras et faire en sorte de profiter de cette nouvelle vie pour faire partie de la tienne ?
Revenir en haut Aller en bas
Sora Warhust
always & forever, in this heart of mine
Sora Warhust
name : beckwith · julia
inscription : 11/11/2020
posts : 37 faceclaim © : catriona gray

sapphire moonlight, got me gaze at the stars at midnight · w/seren Empty

La politique sera celle du déni, donnée sur le ton d'un humour branlant et un tantinet pathétique. Prise de court et visiblement trop peu habile pour contourner cette délicieuse rencontre, et toutes ses implications, Luna tenta d'abord de reprendre son souffle. Démêler le fil de ses pensées sembla immédiatement complexe, celui de ses émotions, impossible. Seren avait cet effet, et si elle ne lui avait évidemment pas fait l'affront d'oublier, elle en avait amoindri les effets par la distance. Émotions ici décuplées par la surprise et cette même distance, cette fois réduite à rien ; aucun juste milieu entre eux, trop ou pas assez, un crédo.  Luna n'eut d'autre choix de que de soutenir son regard et retenir sa respiration. Le regard pour donner à croire que sa venue ne l'ébranlait nullement, la respiration afin de ne pas renifler son parfum et lui tomber dans les bras sur-le-champs.  Au nom d'une pulsion déplorable, elle échappa un ricanement idiot à la mention de sa note. “ T'as pas trouvé ça poétique de ma part ?  ” Visiblement pas. Elle aurait dû se sentir attaquée par ses propres mots dans la bouche un rien acerbe de Seren, et par tout ce que ce moment représentait ; elle l'était dans le fond. Sa seule manière de parer, la plus naturelle, se trouva être une grimace rendue mignonne par ses traits fins, et un ton léger dont personne n'aurait cure compte tenu de la gravité de sa fuite, à moins d'être séduit par le personnage et d'être capable de passer l'éponge rapidement. Et Seren n'était-il pas, justement, formidable lorsqu'il s'agissait de laisser passer toutes ses excentricités ? À voir. “ Facile à dire, pour toi,  ” rétorqua-t-elle, encore une fois victime du fait qu'elle n'avait aucun filtre et était bien incapable de se restreindre à un rien de décence. Une vie à Deyja, et aucune sorte d'éducation, voilà de quoi Luna était faite et ce qui entrainait des réponses aussi affutées. Elle aurait voulu lui dire qu'elle était navrée, et elle l'était. Qu'elle avait laissé une note en pensant qu'elle suffirait à apaiser des inquiétudes, s'il en avait, et à le convaincre qu'elle était partie cueillir une vie meilleure ; ce qui était visiblement le cas. Mais une sans lui, qui s'était trompé une fois, une seule, et payait encore ce choix malheureux. Parce que Luna ne rendait jamais la tâche simple, à personne, elle s'accrochait malgré elle à cette erreur, et l'idée de cracher des excuses pourtant méritées ne l'effleura pas.   “ T'es fier ? ” Il avait de quoi, elle se trouvait au bout du monde et il était parvenu à la trouver. Le changement était drastique, si pas spectaculaire, et qui aurait misé sur Nemeree, alors qu'elle aurait pu s'offrir n'importe quel autre royaume ? Nemeree était un choix facile puisque circonstanciel, mais elle aurait pu se trouver partout ailleurs et surtout, elle aurait pu miser sur un royaume où le roi avait meilleure réputation. Encore que, pouvait-on faire pire qu'à Kozakura ? Afin de donner le change quant à son attitude, si peu maitrisée, Luna offrit une tentative de sourire, et un particulièrement malicieux dans les angles. Elle se laissa attendrir par sa conduite toute respectueuse, un rien chaleureuse, là où elle se serait attendue à ce qu'il explose et tente de la noyer sous une irritation, si pas une colère, absolument légitime.   “ T'inquiète. J'y arrive pour deux, si c'est que ça. ” Mais elle n'avait plus à dessein de l'assassiner à coup de préjugés et de reproches. L'air marin lui faisait le plus grand bien, et pour maintenir le cap dans sa volonté de mener cette nouvelle vie de la bonne façon, Luna ne voulait plus s'embarrasser des mêmes problématiques d'antan. Même si cela signifiait mettre une distance entre elle et Seren, qui se tenait contre toute attente devant elle, visiblement aussi bien intentionné qu'on puisse l'être et ne partageant pas sa soudaine envie d'avoir son propre espace.  Elle frissonna à ses doigts sur sa peau et se mordit la langue pour garder un commentaire, ou au contraire, une autre pulsion qui l'expédierait purement et simplement dans ses bras, ses lèvres pendues aux siennes. Pourtant, parce qu'elle se sentait bien incapable de rejeter ne serait-ce que sa caresse, elle le laissa faire, feignant de ne rien voir ou sentir de tout ce qui l'animait ; et finirait par être contagieux.   “ Courtoisie d'une princesse... ancienne princesse... Lady ? J'ai rien compris, bref. Elle est jolie, pas vrai ? ”  Une robe de tous les jours, rien de fantasmagorique, mais criante de luxe dans ses coutures et ses matières ; ça afin de détromper les citoyens amenés à la croiser. Elle se faisait passer pour plus noble qu'elle n'était, grâce à l'artifice d'une robe et de ses longues mèches brunes bien peignées. Son ancienne propriétaire ne remarquerait jamais la pièce manquante à son dressing royal, et ne ferait de toute façon rien de cette robe, dérobée par une servante à la demande, puis passée d'une main de pirate à une autre jusqu'à arriver à elle. Candide, Luna échappa cette fois un rire cristallin, plus ravissante que jamais dans ses manières et ses vêtements. Son sourire s'intensifia à un compliment bienvenue, et davantage à la tendresse manifeste d'un fils de Zeus, dont elle voyait le regard courir sur sa peau, lorsque ce n'était pas sa main autour de sa taille.   “ Mmhmmh. Oui. T'es très beau aussi, ” répliqua-t-elle, statuant l'évidence d'un ton faussement badin. Sans savoir que faire de ses mains, ordinairement assez baladeuse pour le trouver à la taille ou aux épaules, elle le tapota légèrement aux joues. Trois fois. D'abord des paumes, puis des doigts, inévitablement perdus dans la plus glorieuse des barbes. Ça avant qu'elle ne reprenne conscience et lui arrache ce contact compulsif et malheureux. “ Comment ça ' loger ici pour un moment ' ? ” reprit-elle, presque outrée, mais pas tant. Loger pour faire croire ? Lui prendre tout son espace et la distraire juste assez pour d'abord la décevoir et ensuite lui enlever l'opportunité de se découvrir ? Misère. Les lèvres pincées, elle le jaugea un instant, de base en haut et de gauche à droite, à la fois troublée et anxieuse. “ Je compte pas partir, non. Je viens d'arriver. Quant à t'échapper... Tu sais, on peut jouer au chat et à la souris longtemps dans cette ville. ”  Ça, parce qu'elle se rendait bien compte qu'il ne connaissait pas beaucoup plus la ville qu'elle ; un comble, compte tenu de son âge. Des siècles à parcourir le monde, et Nemeree n'avait visiblement jamais été une priorité. Ne s'agissait pas d'une invitation, ou d'une provocation ouverte, mais plutôt d'une malheureuse façon de faire comprendre qu'il n'était pas au bout de ses peines s'il comptait sur elle pour se plier à son programme, qu'importe de quoi fut-il fait. “ Stupide et idiot, c'est la même chose, idiot, ” ajouta-t-elle, cette fois un sourire armé comme un flingue sur la bouche. Sa main vint frapper la sienne, jusqu'ici confortable sur le piédestal qu'était sa hanche et la cherchant à la joue ; juste avant que sa paume ne l'effleure. Sa langue claqua dans sa bouche comme une provocation, et le regard n'arrangea évidemment rien. “ Maintenant quoi, quoi ? – T'attends des excuses ? – Tu rêves, là.  – Hein ? ” Il parlait et elle rétorquait immédiatement, captant ses mots un par un, in extremis. Des excuses pour quoi ? Elle avait laissé un mot. Ça compte pour quelque chose, oui ? Quand bien même, Luna n'était pas femme à s'excuser ; pour des choses dérisoires. Qu'il fasse la gueule, si ça lui chante, ça ne ferait qu'attiser plus son hilarité, et à terme, l'emprise qu'il détenait sur elle. Elle prendrait une colère pour une victoire, juste par espièglerie.   “ Personnellement, je comptais aller chercher ce qu'ils appellent de la crème glacé au marché et la manger sur le bord de mer. Parce qu'il y a ça, ici. La mer. ” Dingue. John avait été jusqu'à dire qu'elle n'avait pas encore vécu sous prétexte qu'elle n'avait jamais goûté de crème glacée ; comment aurait-elle pu ? Il n'y a pas de ça à Deyja. Par curiosité, et gourmandise, elle avait juré qu'elle irait, et cette après-midi sembla être le moment tout désigné.   “ Toi, tu fais bien ce que tu veux, ”  acheva-t-elle en haussant les épaules, délibérément évasive, ignorant glorieusement toutes les intentions qu'il ne donnait pas à voix hautes, mais qui se lisaient comme le nez en pleine figure. Un sourire vicieux sur la bouche, elle se détourna et reprit son chemin en sifflotant, comptant aussi les secondes qu'il prendrait à analyser son comportement, cette offre qui n'en était pas une et dont il devrait se contenter puisque c'était tout ce qu'elle était disposée à offrir, et à lui emboiter le pas.
Revenir en haut Aller en bas
Alec Warhust
goin' down the bayou, takin' you all the way
Alec Warhust
name : sasha
inscription : 12/11/2020
posts : 42 faceclaim © : c. yaman

sapphire moonlight, got me gaze at the stars at midnight · w/seren Empty

Seren braquait sur elle un regard inédit, à la fois rongé par une fascination évidente et parsemé de toute l’amertume accumulée durant ces dernières semaines. Difficile d’être en colère devant le visage d’un ange. Au nom d’une fierté mal placée, il ne lui accorda aucun sourire mais sentit son coeur se gorger de soulagement de l’avoir enfin se tenir devant lui, indemne. La seule réaction qu’il lui concéda fût un sourcil arqué devant le rire dont elle le gratifia à la mention de sa note. Il leva les yeux au ciel en grimaçant de fatigue devant sa réflexion. Luna et son don unique de rendre une insulte parfaitement mignonne et innocente. Même sa grimace suffisait à le séduire pour ne pas faire flamber cette gigantesque boule de rancoeur qu’abritait sa poitrine. Elle était formidable sous tous les aspects, et prenait encore un malin plaisir à lui prouver qu’effectivement, il n’était rien si pas soumis à ses charmes. — J’ai trouvé que tu avais une très belle écriture, de là à dire que c’était poétique… Rédige-moi d’autres lettres et je te dirai ce que j’en pense. Des mots un peu plus doux éventuellement ? Qu’il rétorqua à son tour, un brin d’humour dans la voix mais visiblement trop sérieux pour que cela puisse sonner comme une plaisanterie. A bien des égards, Seren était tout sauf un homme rancunier. Ô il l’avait été autrefois, têtu au point de ne jamais s’excuser et trop fier pour tolérer le moindre pardon. Ça, jusqu’à ce qu’il prenne enfin conscience d’une réalité qu’il avait malheureusement dû apprendre à ses dépends : pour les mortels, la vie pouvait s’avérer être terriblement courte. Alors à quoi bon gaspiller de si précieuses minutes à se détester quand le coeur ne réclamait finalement que les bras de l’autre. Et ici, plus que jamais, Seren n’aspirait qu’à étouffer les milliers de reproches qu’il aurait voulu verbaliser à coups de baisers et d’étreintes fougueuses. — J’aurais pu mieux faire. Pour l’avoir retrouvée en si peu de temps. Nemeree était un choix curieux, mais qui de toute évidence paraissait lui convenir à merveille. Le changement était drastique et impressionnant. Elle l’avait laissé à Deyja avec ses hématomes, ses bouts de tissu en guise de vêtements et épuisée de la vie qu’elle menait là-bas. Et il la redécouvrait, éblouissante de beauté dans sa robe, vraisemblablement épanouie et plus heureuse que jamais au milieu de ces ruelles. Il retint son souffle à la contempler avec autant d’acharnement, incapable de se défaire de ce portrait qu’elle lui présentait aujourd’hui pour son plus grand plaisir. — Une princesse à la retraite peut t’offrir une jolie robe et moi je n’ai même pas le droit de t’en acheter une ? J’ai de très bon goûts tu sais. Qu’il souffla, les lèvres cette fois-ci armées d’un sourire tendre. Elle n’était pas seulement jolie, elle était sublime et rayonnait au milieu du reste du monde. Quant à ce rire qu’elle venait de lui adresser… Une mélodie délicieuse à ses oreilles qui, inévitablement, faisait gonfler son coeur d’un étrange et curieux sentiment de satisfaction. Le compliment renvoyé à son égard lui fit pincer les lèvres, peu à l’aise qu’il était devant ce genre de confession le concernant. Mais les doigts qu’elle prit soin d’égarer contre ses joues le firent presque immédiatement trembler d’un plaisir mal contenu. Une caresse furtive qui ne dura pas plus de quelques secondes, mais qui suffit pourtant à apaiser cet énorme animal qu’elle tenait entre ses mains. Un ours sauvage aisément dompté par celle qui se reflétait dans son regard. Il regretta qu’elle le prive aussi rapidement de ses paumes, et lui fit comprendre sa contrariété à l’aide d’un grognement qu’il lui souffla au visage. — Un problème avec ça ? Estime-toi heureuse que je n’ai pas encore investi le lieu où tu habites. A la manière d’un enfant que l’on viendrait de froisser, Seren afficha clairement son mécontentement en fronçant les sourcils, les bras croisés contre son torse. Là où c’aurait dû être lui qui menait la valse de par tout ce qu’il avait à lui reprocher suite à son départ précipité, Luna venait le plus simplement du monde de reprendre la situation à son avantage. Elle le menait à la baguette, sans effort et juste à l’aide de beaux sourires et de jolies paroles qui, elle le savait très bien, charmaient continuellement les oreilles de son dieu. — Tu te lasserais de perdre à ce jeu. Qu’il répondit un peu trop précipitamment peut-être devant sa proposition de vouloir jouer à une espèce de cache-cache géant au sein de Nemeree. Il n’en aurait pas la patience. Ce qu’il désirait, ici et là, se tenait juste devant lui. Il n’avait qu’à tendre la main pour attraper la sienne et l’entraîner dans sa vie. Bien sûr, c’était sans compter les réticences et les tentatives qu’elle mettrait en oeuvre pour (essayer) de lui échapper. — Avec toi il faut généralement insister pour faire passer un message. Il avait haussé les épaules en se décrispant légèrement, ses bras retombant le long de son corps pendant qu’elle se chargeait d’ignorer superbement sa question en le contournant. L’esprit moqueur à son apogée. Il pinça les lèvres en contenant un soupire, d’ores-et-déjà épuisé de ce qu’elle semblait lui avoir préparé comme épreuves pour tenter de le faire déguerpir. Ainsi soit-il. — De la crème glacée, parfait. C’est exactement ce dont j’avais besoin. Je t’accompagne. Oh non, il n’abandonnerait pas si facilement. D’ailleurs, il entreprit à son tour de lui faire part de ses intentions en passant un bras suggestif le long de ses épaules nues et de son dos pour l’entraîner dans sa marche. Il y a un mois, jamais il n’aurait pensé faire preuve d’autant d’initiatives envers une femme qui ne demandait apparemment qu’à le fuir. L’audace était telle qu’il était prêt à se joindre à elle dans ce fascinant jeu de provocation pour lequel ils devenaient maîtres à tour de rôle. Le couple qu’ils formaient se promena donc à travers les étales de Silver Cove, aussi beaux qu’impressionnants ensemble, en quête de ce fameux dessert dont elle lui avait parlé. Et ils le trouvèrent, un peu plus loin, servi par une vieille dame souriante qui se chargea de leur faire gouter la plus délicieuse des crèmes glacées soigneusement servie dans de petits bols. Ils traînèrent ainsi tous les deux pendant quelques longues minutes, Seren détaillant chaque trait et chaque expression qu’elle voulait bien lui accorder. Leur ballade les amena à longer un petit muret de pierres menant à une plage et, un peu plus loin, la mer à perte de vue. C’est à ce moment-là qu’il perdit patience, souffla un coup, et lui barra le chemin en se plantant devant elle. — Tu peux me dire ce que t’essayes de faire là ? Il avait terminé sa glace depuis déjà quelque temps, mais ne se priva pas de l’embêter un coup en volant à sa cuillère le contenu qu’elle avait l’intention de porter à sa bouche. Malicieux, à son tour dans le but de lui arracher une réaction. Et quel délice. — Si c’est ta façon à toi de jouer au chat et à la souris, ça ne me plait pas du tout. Parce qu’il n’y avait aucun doute qu’elle se régalait ici d’un jeu dont il n’avait pas spécialement envie de suivre les règles. Leur dernier entretien s’était soldé par un baiser fiévreux avant qu’on ne les sépare de force, et cet acte inachevé avait laissé un goût amer le long de ses lèvres et un trou béant dans sa poitrine. Un qu’il avait la ferme intention de combler si tant est qu’elle puisse en accorder la possibilité. — Je n’aime pas être loin de toi. Va falloir t’y faire. Qu’il marmonna en la contournant pour venir se placer derrière elle. Ses bras l’attrapèrent sans aucun consentement de sa part, l’attirant contre lui dans une étreinte chaleureuse pendant qu’il encerclait sa taille en posant son menton contre son épaule. Les yeux rivés vers l’horizon qui se dessinait devant eux, il poussa un soupire. Le magnifique tapis de sable brillait sous leur présence, bordé par l’écume que venait déposer les rares vagues d’une mer étonnement calme. — Luna, tu m’as manqué. Qu’il souffla doucement contre son oreille, le visage légèrement incliné pour glisser un regard dans sa direction. Ses lèvres trouvèrent la peau de sa joue qu’il embrassa, et instinctivement se pencha davantage jusqu’à laisser sa marque le long de sa bouche en y laissant une invitation à prendre. La caresse était aussi suggestive que celles qu’elle avait eu le malheur de lui abandonner lorsqu’ils étaient à Kozakura. Une provocation aussi délicieuse que vicieuse qui le fit tendrement sourire. — Alors, cette crème glacée ?  
Revenir en haut Aller en bas
Sora Warhust
always & forever, in this heart of mine
Sora Warhust
name : beckwith · julia
inscription : 11/11/2020
posts : 37 faceclaim © : catriona gray

sapphire moonlight, got me gaze at the stars at midnight · w/seren Empty

“ Si tu veux plus de douceur, tu peux dormir dans un sac de coton. ” Elle intervient comme un boulet de canon : Luna les bons plans. Si elle avait une quelconque once de romantisme, Luna n'en était pas encore consciente, faute d'un contexte propice. Dans une autre vie, peut-être, comme tout le reste qui lui sembla interdit sans qu'elle trouve une raison valable. On ne pouvait cependant pas lui enlever une certaine répartie, et elle renifla elle-même un ricanement amusé, tant par sa propre réflexion que par la tête que Seren s'apprêtait à tirer face à tant d'inventivité. Elle convint vaguement qu'il aurait pu mieux faire, quand bien même il serait aisé de lui céder qu'elle n'avait pas allégé la difficulté de sa tâche. Nemeree était une antagoniste de Kozakura dans toutes ses coutures. Seul point commun aux deux nations : un souverain obscur, publiquement odieux, mais à qui on ne pouvait enlever une discipline de tous les instants, imposée dans les coeurs de chacun des citoyens. Silver Cove jouissait d'un cadre paradisiaque que Luna n'échangerait pour rien au monde, et pour ces paysages, elle pouvait bien se plier aux volontés d'un dictateur ; elle l'avait fait pour bien moins que ça. Elle portait désormais de véritables robes et on ne l'obligeait pas à l'enlever pour quelques pièces, quand bien même se sentait-elle redevable à quelqu'un alors qu'on lui avait précisé qu'elle faisait au Nemereen un honneur en se baladant, si belle, dans ces vêtements. “ Je crois pas qu'elle m'ait offert quoi que ce soit. Je suis pas certaine qu'elle sache, en fait.  ” C'est comme ça qu'on vise complètement à côté, messieurs dames. Elle ne se voyait pas discuter le fait qu'il persistait à chaque fois à vouloir l'entretenir, alors même qu'elle s'en sortait. Habituée à se débrouiller avec les moyens du bord, elle était incapable de voir l'affection derrière un cadeau, même si elle savait pertinemment que Seren ne voulait que lui voulait que du bien. Dans son monde, les cadeaux étaient généralement empoisonnés ou demandaient un retour bien trop onéreux pour le peu qu'elle avait à donner ; et ce peu avait été gaspillé, sali. Elle était pleine de ces habitudes consternantes qui ne s'en iraient pas en un claquement de doigts, mais dont elle avait la volonté ferme de se débarrasser ; et de le faire à sa manière. Seule, peut-être. Elle croyait en tout cas que c'était encore la meilleure manière, et l'apparition de Seren, si pas totalement surprenante, mettait un frein à cette volonté ferme de se découvrir avant de se donner de nouveau. Elle le considéra longuement, déjà capturée par sa présence, son aura, tentée par sa figure et par les effluves pas si subtiles qui émanaient de tant ses vêtements que de sa peau. Le coeur et l'estomac noués, elle se mordit la lèvre à le penser trop fort, trop longtemps. À s'imaginer balader distraitement ses doigts sur le galbe remarquable de ses bras, ses lèvres sur son superbe profil, pile à la mâchoire. Pour le chasser de ses pensées, à défaut de pouvoir le faire de son paysage, Luna échappa un long soupir. S'il tendait suffisamment l'oreille, il parviendrait sans peine à entendre combien son coeur le trouvait beau. Comment pourrait-elle un jour avoir un problème, un vrai, à l'avoir dans son paysage lorsqu'il ne faisait que le sublimer davantage ? Se gardant bien de lui signifier davantage toute l'obsession qu'il éveillait en elle, Luna poussa un soupir et tenta une bonne fois pour toute de reprendre de cette fausse distance entre eux ; pour preuve, un pas de côté et un sourire coquin. “ Avoue... Que tu sais pas du tout où j'habite,  ” siffla-t-elle, mesquine juste assez. Elle vivait dans une petite auberge, dans un petit quartier que seuls les habitués et les vrais citadins pouvaient connaitre. Elle était protégée de tous les racontars par sa capacité à se fondre dans la population, à passer inaperçue, et aussi à la réputation du navire sur lequel elle était arrivée. Se gardant bien de lui donner plus de détails, elle se laissa vaguement attendrir par l'attitude de l'archer des dieux. Tout ce qui se faisait de plus homme, de foncièrement et fermement masculin, ici réduit à la bouderie ; enfant dans un corps d'ours-homme. “ Oui, mais pas aussi vite que toi tu te lasserais d'y jouer, ” fit-elle, certaine. Pour preuve, il se frustrait du moindre pas qui l'éloignait de lui, de ses petits moyens d'imposer sa volonté plutôt que de céder à la sienne ; quand bien même, dans le fond, elle ne demandait qu'à lui appartenir vraiment. Elle éclata de rire à sa réflexion, mais surtout à combien elle faisait autant écho à ses désirs qu'aux siens. Elle n'était pas sourde, ni plus bête qu'un autre, et comprenait généralement un message au premier coup. Il voyait ses desseins ici, claire comme de l'eau de roche, mais douta qu'il soit capable, ou ait même envie, de voir ce que son attitude à elle tentait de lui faire comprendre. “ Venant de toi,  ” renifla-t-elle, avant de se résoudre plutôt bon gré mal gré à devoir déguster sa glace en sa compagnie. Et quel délice, vraiment. Elle avait soupçonné John d'avoir sur-vendu les vertus de cette histoire de crème glacée, mais ce qu'elle dégustait défiait toutes les spécialités de Deyja. Poussant un soupir de profonde et totale béatitude, elle dégusta sa glace cuillère par cuillère, un sourire heureux sur les lèvres. Elle échappa un “ Eeeeeeeh ” scandalisé à la cuillère volée, et si un regard pouvait foudroyer... Le nez dans le peu qui restait de sa glace, et l'esprit tournée vers les vagues qui frappait doucement la berge, elle sautilla en arrière, l'air effaré, par l'intervention tout sauf sereine de sa compagnie. “ J'essaye de me balader tranquillement, mais tu m'étouffes avec tes cinquante questions, tes vingt-cinq requêtes et tes manières. Tu peux pas manger ta glace et marcher tranquillement ? Sans te poser de question ? Prendre le temps ? Je sais pas moi ...  ” Apprécier la vie comme elle vient, sans se tendre sous le poids de toutes les interrogations. Elle respirait à pleins poumons, et pour la première fois, en était venue à décider d'aller mettre au moins les pieds dans l'eau alors qu'elle ne l'avait qu'à peine envisagé depuis son arrivée - un comble qu'il faille la présence de Seren pour lui en donner l'impulsion. Le teint fardé d'un air outré, elle poussa un soupir à s'en rompre la poitrine. D'accord, elle refusait de prendre en comptes d'autres détails : l'envie, le souvenir de ses baisers encore brûlant sur ses lèvres, sa peau qui ne demandait que la sienne, et pareil pour son coeur. Mais il arrivait avec ses grandes prétentions, ses espèces d'ordres, alors qu'elle avait aujourd'hui prévu de simplement flâner et de laisser à sa conscience une paix méritée. “ Non, c'est ma façon de marcher droit devant moi, sans prétention ni ambition, et si ça te plait pas... Mais qu'est-ce que tu veux que j'te dise ? ” s'impatienta-t-elle, les bras levés pour illustrer toute la tension vibrait sous sa peau. La confession eut au moins le mérite de contenir son humeur dans un silence de tendresse. Bercée à la fois brutalement et tendrement dans son étreinte favorite, Luna sentit ses muscles lâcher, comme sa dignité et ses ambitions pour eux. Ou ce qu'il en restait. Elle se laissa manipuler comme une poupée de chiffon, allant même jusqu'à forcer le baiser qu'il offrait en appuyant davantage sa joue sur sa bouche, et laisser un soupir de contentement filtrer d'entre ses lèvres. Il manquait à sa vie chaque jour, jamais de la même façon, et elle s'était presque faite à l'idée que ce manque finirait par lui foutre le paix et à être réduite à l'état de cicatrice sous son palpitant. Qu'elle se ferait à son absence, puisqu'elle avait choisi, guidé sa propre barque loin de lui sous prétexte de vouloir s'en sortir seule. Et il fallait qu'elle s'y tienne. Qu'elle se raccroche à ce futur, ne se laisse pas distraire. Par rien, ni personne, et surtout pas par lui. “ Écoute,  ”  commença-t-elle, en détournant légèrement ses lèvres des siennes. L'effort fut colossale, et c'était peut-être la première fois qu'elle parvenait à lui refuser un baiser. Auparavant elle laissait planer un doute, jouait, mais plus ici. Elle se mordit la lèvre, offrant un témoin visible à ce que l'effort lui coutait, avant de reprendre.   “ J'essaye de déterminer qui je suis, qui je veux être et tout... Alors...  ”  Les lèvres pincées, elle tenta de se défaire de son étreinte. Une première fois, puis une seconde, et une troisième, jusqu'à lâcher prise et lui faire face. Trop fort pour elle, Luna s'épuiserait à essayer de lui faire desserrer sa prise autour de sa taille ; et peu importe. Ne se sentait-elle pas, paradoxalement, là où elle était destinée à être ?   “ J'ai pas besoin que tu viennes foutre le bordel dans ma vie là. Je suis bien, je vais bien, j'ai pas envie de tout foutre en l'air. Je dis pas que ce sera forcément le cas, mais je crois que tu peux comprendre mes réticences.  ” Elle dirigea un regard sombre dans le sien ; Il savait. Elle ne voulait pas le dire à voix haute, répéter, rabâcher, toutes les craintes pénibles que suscitait leur relation. Il savait. Non, elle n'avait pas lâché prise. Plus que la dernière fois, certes, et tous les jours un peu plus, mais pas totalement malgré tout. “ Je dis pas qu'on doit arrêter de se voir, mais juste... Pas comme ça.  ”  Pour affirmer son propos, elle força de ses deux bras sur les siens. Elle aurait mieux fait de dresser plus haut la barrière entre eux. Lui dire qu'il ne fallait pas. Mentir et affirmer qu'elle ne voulait pas. Mais il n'écouterait rien, et ce n'était, de toute façon, pas vrai. Elle était fatiguée de mentir, de chercher, de tourner en rond, de prétendre. Et puisqu'il était là, au moins, elle avait un repère, même fragile, sur lequel s'appuyer.   “ Tu m'en dois une bouchée, et j'oublierai pas, ” finit-elle, pour reprendre sur une toute autre note et saisir le bâton qu'il tendait.
Revenir en haut Aller en bas
Alec Warhust
goin' down the bayou, takin' you all the way
Alec Warhust
name : sasha
inscription : 12/11/2020
posts : 42 faceclaim © : c. yaman

sapphire moonlight, got me gaze at the stars at midnight · w/seren Empty

Chaque seconde passée à ses côtés était un baume pour les ravages qu’avaient su causer son absence. Il était indéniable désormais qu’il ne pouvait plus se tenir loin d’elle, et que l’avoir à sa portée était une bénédiction dont il ne saurait jamais se lasser. Depuis qu’ils s’étaient trouvés, Luna parvenait à éblouir chaque instant de sa vie, lui faisant redécouvrir un bonheur auquel il ne pensait plus pouvoir gouter. A ses côtés, son coeur dansait un ballet délicieux à l’entente de ses paroles sans pour autant que son visage n’en reflète la moindre émotion. Sa légendaire impassibilité était encore la seule barrière qu’il était en mesure de pouvoir lui présenter, faute de parvenir à rester loin d’elle. Il la considéra longuement, un oeil attentif à tout ce qu’elle s’autorisait à lui offrir pour réaction. Au moins, il existait une évidence foudroyante entre eux : aucun des deux ne parvenait à fixer l’autre sans le dévorer des yeux. Il n’y avait qu’à voir comment elle le regardait, et réciproquement. Un miracle qu’il n’ait pas encore céder à cette pulsion maladive de vouloir la prendre dans l’étau ferme et tiède de ses bras. Et quand bien même en mourrait-il d’envie, le sarcasme dont elle lui fit part eut le mérite de le prendre de cours. Certes, il ignorait encore où se trouvait son logement. — J’ai juste à te suivre pour le découvrir, si d’ordinaire tu n’avais pas l’intention de m’inviter. Souffla-t-il sur le même ton qu’elle, un mince sourire le long de sa commissure tandis qu’il se penchait pour la narguer de toute sa hauteur. Le fait est que Seren avait largement dépassé le cap du parfait prince charmant et s’imposait dorénavant à elle sans même se demander si sa présence était ou non désirée. Il se satisferait de ce que les deux billes rondes face à lui diraient plutôt que de ses mots. Le reste de ses réflexions, il les appréhenda en haussant les épaules. Sans doute était-il trop prétentieux pour croire qu’elle serait capable de lui résister, mais le fait est que c’est ce qu’elle s’acharnait effectivement à faire. Alors puisque les mots et les confessions ne suffisaient visiblement plus, l’archer des dieux s’arma de ce qu’il lui avait justement emprunté à Deyja : la provocation. La cuillère volée n’était qu’une bien innocente entrée en la matière, et aussi délicieuse fût-elle, il se régala surtout et principalement de son air scandalisé. Adorable, même lorsqu’elle tentait de le foudroyer sur place à l’aide d’un regard tout sauf effrayant. Juste assez pour faire naître un ravissant sourire le long de son visage et lui arracher un de ces rires beaucoup trop rares chez lui. N’y avait véritablement qu’elle qui parvenait à lui faire cet effet. Ce grand ours intouchable, enveloppé soigneusement dans une couverture de douceur chaque fois qu’il venait à ravir son coeur de sa présence. — Il va me falloir un peu plus qu’une glace pour me faire taire. Qu’il lui souffla à l’oreille pendant qu’elle essayait de s’échapper et juste avant qu’il ne l’attrape par la taille. Apprécier la vie en cet instant était d’une simplicité étonnante. Il la sentit lâcher prise, doucement bercé par sa respiration et le parfum délicat qu’elle portait. La voilà sa place. Aureen avait eu terriblement raison de lui faire entendre que lui aussi avait le droit au bonheur. Un auquel il ne croyait plus, mais qu’une fille de Kozakura était parvenue à lui faire déguster. Une bouchée plus tard, il en était devenu totalement et irrévocablement dépendant. Pourtant, au milieu de ce qui se rapprochait le plus du paradis, une ombre vint se dresser entre eux. Elle s’était dérobée à lui, refusant le baiser qu’il s’apprêtait pourtant à lui offrir, les yeux et l’âme entièrement séduits. Les lèvres pincées, Seren sentit sa poitrine se serrer sous ses mots et il manqua de mourir devant ce qu’elle essayait de lui faire entendre. — Pas comme quoi ? Qu’il s’entendit demander, la déception dans la voix et ses bras retombant le long de son corps. Ses aveux le firent frémir sans qu’il ne cherche toutefois à vouloir en comprendre le sens. Il chercha quelque chose à lui répondre, mais aucun son ne sortit de sa bouche. A croire qu’en désirant mettre de la distance entre eux, Luna venait par la même occasion de le condamner à un inhabituel mutisme. Toutes ses certitudes, envolées par une soudaine prise de conscience qui, à ses yeux, n’était qu’un mensonge supplémentaire. — J’ai du mal à te suivre Luna… Ce n’est pas ce que tu voulais depuis qu’on s’est rencontrés ? Il dirigea sur elle un regard d’incompréhension, accompagné peut-être d’une pointe d’aigreur. — C’est ta façon de me faire payer mes départs de Kozakura ? Qu’il s’enquit doucement en lâchant un soupire pour avoir le courage de se détourner d’elle. Le regard rivé en direction d’un horizon soudainement beaucoup plus sombre. Pour de trop rares fois, Seren venait d’être pris au dépourvu, et il s’en mordait présentement la lèvre inférieure. — Tu ne me feras pas croire que tu as envie de ce genre de relation entre nous. Qu’il rétorqua, plus amer et plus froid cette fois-ci. Glissant une main sur le bas de son visage, il fît un effort surhumain pour ne pas souffler tout ce que cette annonce déplaisante parvenait à éveiller chez lui. Luna menait la danse, et il n’avait malheureusement pas d’autres choix que de suivre ses pas dans un ballet improvisé et pour lequel il se savait d’ores-et-déjà dépassé. — Je suis heureux de savoir tu vas bien, sincèrement. Mais il est absolument hors de question que je te laisse une nouvelle fois m’échapper. Je suis un homme plus ou moins patient selon les circonstances, tu t’en rendras vite compte si ce n’est pas encore le cas. Alors oui, bien sûr qu’on continuera à se voir, sauf que tu es bien naïve de croire que je pourrais te considérer un jour comme… une amie ? Le mot lui fit arquer un sourcil alors qu’il reportait sur elle un oeil évocateur. Il garda pour lui toute l’absurdité de la situation au prix d’un effort considérable, mais laissa néanmoins ses soupires parler pour ce qu’il en pensait. — Puisque c’est ça que tu essayes de me faire comprendre mmmh ? Dans ce face à face explosif, il s’était rapproché une fois encore, incapable d’instaurer la distance qu’elle venait tout juste de lui réclamer. C’est dire à quel point il se fichait éperdument de ce semblant de règle qu’elle tentait de lui imposer. Ses intentions étaient là, claires et limpides, et elle semblait pourtant encore douter de sa sincérité. Ou sinon pour quelle autre raison désirait-elle lui faire subir pareille punition ? Il se mordit la langue en posant ses mains de part et d’autre de ses joues et de cette peau si douce qui les couvrait. De quoi capturer son entière attention sans qu’elle ne puisse avoir la furieuse idée de lui fuir. Le problème, là encore, c’est qu’elle était terriblement elle, et qu’il n’était qu’un pitoyable pion sous son autorité et ses décisions. Ses prunelles accrochées aux siennes il se força à ne pas fixer cette bouche qu’il aspirait tant à embrasser. En vain, bien sûr. Elle le hantait, par tous les moyens possibles et imaginables, et il dû refermer les yeux pour ne pas avoir à céder à une pulsion stupide et forcer un baiser dont vraisemblablement elle ne voulait pas. — C’est d’accord. Si c’est la condition que tu tiens à m’imposer pour qu’on puisse passer du temps ensemble, je m’en fiche. Mais tu t’apercevras très vite que je suis un très mauvais ami. Le pire. Il l’avait relâchée, les bras écartés et la mâchoire serrée pour tout ce que cela lui coutait. Elle s’épuiserait à devoir le supporter de cette façon, mais elle venait de décider pour eux. Ses craintes étaient justifiées. Il le savait, et il ne pourrait que s’en prendre à lui-même pour tout ce qu’il avait été contraint de lui faire subir suite à ses longues absences. C’aurait été trop beau qu’elle puisse l’accueillir à bras ouverts et qu’ils puissent couler des jours heureux à Nemeree. Après tout, elle avait délibérément décider de partir en le laissant derrière lui. Voilà qui en expliquait la raison. La mine abattue, il avait baissé le visage en croisant les bras dans le dos, s’éloignant de quelques pas pour regagner le sable tiède de la plage qu’ils longeaient. — N’essaye même pas de m’en piquer une bouchée en pensant qu’il n’y aura pas de représailles derrière. Je t’aurais prévenue. Ah cette fameuse crème glacée. Un semblant de sourire histoire de ponctuer sa phrase sur une note légère, quand l’humour était définitivement loin d’être ce dont il avait besoin en cet instant. — Nous pourrions aller nager un jour si ça te dit. Qu’il reprit doucement après un trop long silence. Lorsqu’il tourna le visage pour l’inviter à le rejoindre, une main tendue dans sa direction, il sentit une nouvelle fois sa gorge se nouer sous le spectacle qu’elle lui offrait. A cette distance, Luna dans sa belle robe blanche et reine sur ce sable au milieu d’un paysage divin, il succombait. Cette femme était douée dans absolument tout ce qu'elle entreprenait envers lui. Le charmer. L'appréhender. Le soumettre. Et le rendre simplement et indiscutablement dépendant à elle. — Avec une tenue peut-être plus appropriée… En attendant, il y a toujours la plage. Qu’il se força à commenter en retenant son souffle, un maigre sourire au bord des lèvres.
Revenir en haut Aller en bas
Sora Warhust
always & forever, in this heart of mine
Sora Warhust
name : beckwith · julia
inscription : 11/11/2020
posts : 37 faceclaim © : catriona gray

sapphire moonlight, got me gaze at the stars at midnight · w/seren Empty

Quelle effroyable tête de mule. Avant d'envisager une réponse, elle considéra longuement Seren du regard. À bien des égards, il était aussi entêté qu'on puisse l'être, et si tant d'autres y verraient une qualité, comme elle la plupart du temps, aujourd'hui son insistance irritait plus qu'elle ne charmait. À peine, mais juste assez pour qu'elle s'impatiente de voir qu'il refusait obstinément d'aller dans son sens, ça dans le moindre sujet qu'ils avaient abordé aujourd'hui. Sans regarder sur le seuil de sa propre porte, puisque la plus grande tête du mule entre eux s'avérait être elle, Luna s'écarta d'un pas sur le côté afin de se délester davantage de son étreinte, puis de son attachement rendu évident par leur proximité. “ Tu sais très bien ! ” s'irrita-t-elle involontairement, plus contrariée par la tournure, pourtant voulue, de leur conversation qu'elle ne le voudrait. Toute en contradiction, toujours. Ils savaient pertinemment où elle voulait en venir, et elle n'avait pas envie de le dire à voix haute. L'effort de le repousser lui coûtait déjà bien assez, et elle se savait limitée face à ses tentatives, légitimes, de contester ou négocier. Les lèvres pincées, les bras croisés et certaine de ne pas pouvoir être plus clair, Luna détourna ses grands yeux bruns de sur lui pour trouver les vagues qui frappaient doucement sur la berge. Après s'être mordu la lèvre et convaincue en silence qu'elle prenait la bonne décision, elle échappa un profond soupir avant de lui répondre de son habituelle et désarmante franchise.   “ Si, mais après on a couché ensemble et t'étais pas plus emballé par l'idée.  ” Le ton était bien plus badin qu'il n'aurait dû. Bien trop pour être le témoin crédible de sa volonté de passer à autre chose ; si les mots ne suffisaient pas à le faire comprendre. Il comprendrait sans difficulté qu'elle lui en voulait toujours ; autrement aurait été surprenant. Cela même si elle combattait sa fierté pour n'en rien montrer, à l'évidence en vain, et pour refouler ce sentiment aigre dont elle ne voulait plus. Justement, Seren se trouvait là on l'attendait et en profita pour rebondir sur le sujet. “ Non, ” rétorqua-t-elle, trop vite, trop fort. Elle souffla immédiatement toute la frustration qu'elle éprouvait ; pas tant à l'égard de Seren, mais plutôt envers elle, qui n'était plus capable de garder la face et prétendre. L'air de Nemeree ne lui faisait donc pas que du bien, et faisait d'elle une bien pire menteuse qu'elle n'était déjà.   “ J'ai pas envie de te faire payer, ok ? Tu te sentais pas bien, et même si ça m'a blessée, je peux comprendre. Non, c'est juste que je suis loin de tout ce que j'ai connu, et ça me fait peur, et... J'ai toujours pu compter que sur moi-même, et je veux faire ça toute seule. Et je te vois venir avec tes bonnes intentions, mais c'est comme ça, tu peux rien y faire. Même si je veux changer, ça se fait pas du jour au lendemain. ” Pour se prouver qu'elle en était capable et que cette vie lui appartiendrait complètement, serait le fruit de ses efforts et pas de la clémence d'autres ; quand bien même on enlèvera pas au Walrus un coup de pouce non négligeable. Se faisant, elle n'aurait cure de l'amertume que Seren ne retenait pas, de toute l'étendue de son désaccord ; qui eut au mois le mérite de flatter une partie d'elle. Celle qui dansait sous sa poitrine et dont elle ignorait volontairement l'appel. Elle tenterait de comprendre autant que de combattre, imposer sa vision, puisque son caractère était tout ce qui lui restait et lui appartenait. Elle avait enfin un libre arbitre et comptait bien s'en servir, n'en déplaise aux éternels, et particulièrement à celui-ci. “ Appelle ça comme tu veux, ” concéda-t-elle en haussant les épaules, bien qu'elle aussi troublée par le terme que lui n'avait l'air de l'être. Luna ne connaissait pas grand chose de l'amour, et se demanda si ce n'était pas pire en amitié. Elle se chercha brièvement des amis, et s'enfonça dans un blanc de méditation chargé de gêne avant de réaliser qu'elle n'avait jamais même proche des autres filles de la maison close. Elle échappa un souffle résigné avant de lui faire face, déterminée à ne pas le laisser croire, ne serait-ce qu'un seul instant, qu'il tenait les rênes. Il s'était rapprochée, et elle ne lui fit pas l'honneur de reculer pour coller à la nouvelle norme imposée. Elle était plus forte, plus ferme dans ses convictions qu'un pas ; malgré qu'il ait bien des arguments de son côté pour la faire céder. Son coeur ne battait pas moins fort, pas moins vite, mais pour une fois elle misait tout sur un simulacre de bon sens auquel elle jura de s'accrocher.   “ C'est d'accord, c'est d'accord. Non, mais... T'as pas compris. T'as pas le choix en fait. C'est pas ta décision,   ” riposta-t-elle, sur le ton de l'évidence. Elle cassait ses habitudes d'immortel qui, d'une manière ou d'une autre, obtenait tout ce qu'il désirait. Nulle doute qu'il finirait par obtenir ce pourquoi il était venu, mais cette fois pas parce qu'il était glorieusement lui, armé de ses prétentions, mais plutôt parce que le temps et la providence en avait décidé. “ On va pas se mentir, tu fais pas un formidable petit ami non plus, pour le temps que ça a duré,   ” ajouta-t-elle, mi-exaspérée, mi-amusée. La critique était facile, plutôt gratuite. Pour en appuyer tout le sens, elle fit semblant de s'agacer, avant d'échapper un rire ravageur, puis la seconde d'après, comprendre que ses mots pouvaient être interprétés de bien des manières.   “ Je veux dire pas – ” Comme ça. L'allusion était lourde, et aurait été profondément embarrassante si elle n'avait pas été si à l'aise avec le sexe ; et surtout celui qu'ils avaient fait ensemble. Un regard glissé dans sa direction, elle bafouilla quelques petites secondes avant de conclure, pour changer rapidement de sujet  et ne pas retomber si facilement dans ce travers lubrique : “ Oh, tu sais très bien. Bref.  ” Pour s'éloigner de ce sujet épineux, elle fit plusieurs pas ferme et précipité droit devant elle, le dépassant ainsi d'un petit mètre avant de se retourner de nouveau ; au nom de la glace.   “ C'est toi qui a mangé la moitié de ma glace d'un seul coup de cuillère et tu viens me dire ça ? L'audace, ici. Tu me dois cette glace. Tu. Me. Dois.  ” Elle parla avec les gestes, tout de suite plus véhémente lorsqu'il était question de sa nourriture que de leur relation. Le choix de ses priorités était établi, concret, évident. À sa main tendu, elle donna une tape malicieuse, taquine, avant de reprendre son chemin sur la berge de plus belle. Les amis ne se donnent pas la main. Et oui, elle était mesquine, mais pour cette fois-là uniquement ; promis. “ J'ai grandi à Kozakura, Seren, je sais pas nager.  ” Elle aurait dû avoir honte, mais à Deyja, personne ne savait réellement nager. Pourquoi faire ? Dans le sable ? L'idée lui sembla absurde à ce point qu'elle ne retint pas un rire régalé. “ N'y pense même pas. ” Elle n'avait pas à dessein d'apprendre, et certainement pas de tomber dans ce piège gigantesque que Seren lui tendait ; ou comment suggérer qu'elle se déshabille sans le dire ouvertement. Ils finiraient pas se baigner, elle-même le savait, quand bien même n'avait-elle pas encore sauté le pas. Mais elle déciderait du jour, de l'heure, de l'endroit et de la tenue. En passant à côté de lui, Luna lui fit la grâce d'un coup d'épaule tendre, et d'un vague sourire, avant de se délester de ses chaussures et de mettre, pour la première fois, ses pieds dans le sable tiède.   “ C'est amplement suffisant, la plage, ” ponctua-t-elle, se gorgeant des moindres détails de ce que Nemeree avait à offrir. La brise trouvant refuge dans ses poumons, le sel sur sa peau bronzée, la marque du soleil sur ses joues, le chant des vagues, et eux.
Revenir en haut Aller en bas
Alec Warhust
goin' down the bayou, takin' you all the way
Alec Warhust
name : sasha
inscription : 12/11/2020
posts : 42 faceclaim © : c. yaman

sapphire moonlight, got me gaze at the stars at midnight · w/seren Empty

L’irritation était évidemment réciproque. L’un et l’autre se toisaient du même regard, employait un ton quasiment identique en formulant leurs réponses, et semblaient surtout déterminer à ne rien lâcher. Devant ses réactions jugées exagérées, Seren se pinça l’arête du nez en étouffant un soupire dans la paume de sa main. Quel caractère. Tout reposait sur des contradictions qu’elle semblait volontairement mettre en place pour le dissuader d’insister. Il n’aurait pas l’audace de contredire la légitimité de ses efforts pour le repousser, mais se désolait réellement de la tournure que prenait leurs retrouvailles. Ses deux grands yeux bruns l’épiaient avec une attention toute particulière pendant qu’il arquait un sourcil devant ses propos. — Non, ça c’est la conclusion que t’as voulu tirer toute seule suite à mon départ. J’ai jamais dit que je ne voulais pas être avec toi. La réponse fût soufflée aussi calmement qu’il pouvait l’être d’ordinaire, les bras croisés contre son torse et son sourire volatilisé. Le fait est qu’ils n’avaient jamais pris le temps de reparler de ce qu’il s’était passé ce jour-là. D’eux ensemble, de son départ, et des désastreuses conséquences qui suivirent. A méditer sur le sujet, Seren se mordit la lèvre inférieure en baissant les yeux, peu fier de ce que ses doutes lui avaient coûté et dont il devait désormais payer le prix. Elle reprit la parole et ses mots, bien que très justement prononcés, eurent le mérite de lui arracher un nouveau soupire. Il comprenait sans comprendre. Qu’elle souhaite rompre avec sa vie antérieure était le mieux qu’il puisse espérer pour elle, et à la voir aujourd’hui, elle se débrouillait très bien sans qu’aucune aide ne lui apportée - et surtout pas celle d’un dieu. Néanmoins, l’idée qu’elle se soit convaincue de le faire seule et sans lui était parfaitement inconcevable pour ce fils de Zeus.  — Pour ce que ça vaut et ce que t’en feras, tu peux compter sur moi. Qu’il s’entendit prononcer à voix basse, la mine défaite et bien trop contrarié pour paraître naturel. Non, il n’irait pas jusqu’à verbaliser son évident désaccord, et respecterait tant bien que mal sa décision. Pour un temps, au moins. Il ignorait volontairement les appels du coeur quand bien même celui-ci s’était mis à battre plus fort sous sa poitrine. Après des semaines passées à s’enquérir de son sort, il ne s’était pas imaginé un seul instant qu’elle puisse à ce point vouloir se détacher de sa compagnie. Quant à l’idée qu’ils puissent un jour être amis, cela ne faisait qu’amplifier sa frustration. — Là, t’es cruelle. Qu’il concéda en glissant son regard vers elle, la mâchoire serrée. Lui qui appréciait avoir en permanence le contrôle sur ses décisions et ses actes se retrouvait bêtement enchaîné aux volontés de celle proclamée reine en son coeur. Partagé entre exaspération et amusement, il leva les yeux au ciel à sa remarque et serra la bouche pour retenir un nouveau soupire. — J’ai encore le droit d’exprimer mon avis sur la question ? D’ailleurs je te ferais remarquer que pour ma part, j’essaye au moins de tolérer tes décisions. Toi, visiblement, tu n’en as pas grand chose à faire des miennes. Et c’est bien regrettable, parce que je pense que tu aimerais ça. Le sous-entendu était facile et la taquinerie se mêla à leur conversation pendant qu’un vague sourire mutin venait relever la courbe de ses lèvres. Seren était à ce point imperturbable qu’il continuait inlassablement de la déshabiller du regard sans craindre ses représailles. Les menaces proférées n’y changeraient rien et ses exigences, étrangement, ne parvenaient qu’à la rendre encore plus désirable qu’elle ne l’était. A sa critique, il haussa néanmoins les sourcils en braquant sur elle un oeil surpris. Le rire qu’il aurait voulu échapper se perdit dans un soupire amusé tandis qu’il se redressait de toute sa hauteur pour se régaler du spectacle de son cafouillage. Luna était bien des choses, mais elle était absolument adorable lorsque sa spontanéité la faisait se perdre dans de pareils maladresses. — J’avais pas souvenir effectivement que tu t’en sois plainte ce jour-là. Le ton badin pour coller avec la lourdeur de cette triste allusion, Seren la regarda s’éloigner et prendre la fuite devant sa piètre tentative d’éviter un sujet épineux. Aussi attendri qu’on puisse l’être devant pareille bêtise, il secoua le visage en lui emboîtant le pas, sa main tendue venant d’être délibérément refusée par ce qu’il soupçonna être un brin de fierté. — Très bien, tu auras ta glace. Tu pourras même en avoir une tous les jours si tu le souhaites. A une seule petite condition. Luna ne rigolait visiblement pas lorsqu’il était question de son dessert, et cette constatation lui arracha une quinte de toux espiègle. Il se planta une nouvelle fois devant elle, les yeux rivés vers les siens et une pointe de malice dans les prunelles. — Faut pouvoir la mériter. Une glace, un bisou. A prendre ou à laisser. Qu’il lui souffla à l’oreille, ne manquant pas au passage de lui en voler un sur la tempe. Puisqu’elle voulait jouer, il n’y avait pas de raison qu’il ne puisse pas imposer ses propres règles. — Tu apprendras. J’ai cru voir que tu te débrouillais particulièrement bien pour la danse. Dis-toi que nager, c’est ni plus ni moins qu’une sorte de chorégraphie toute simple à la différence qu’elle se pratique dans l’eau. Sa main ayant tout naturellement agrippée la sienne, parce qu’autrement n’était pas envisageable, il l’entraîna à sa suite afin de reprendre leur semblant de promenade. — Evidemment que j’y pense. Mais je te laisserai te préparer psychologiquement pour affronter ça. Non, il n’irait pas la forcer à se jeter à l’eau sans obtenir sa bénédiction. Encore que, si elle poussait le vice de son jeu ridicule trop loin, il ne pourrait rien garantir. — Suffisant pour toi, peut-être. Qu’il grogna dans sa barbe sans se retourner vers elle. Ce trop peu qu’il éprouvait depuis leurs retrouvailles ne saurait trouver satisfaction que lorsqu’elle accepterait de l’avoir à nouveau dans le creux de ses bras. Lorsque après de trop longues minutes sans rien dire ils finirent par s’arrêter, Seren se pinça les lèvres sans jamais observer autre chose que l’horizon. — Je peux faire un effort sur beaucoup de choses tu sais. Pas d’embrassades, pas de sexe, pas de mots doux ou quoique ce soit qui puisse faire de nous un couple de manière officielle. Tout ça je peux m’en passer pendant quelques temps. La confession se voulait étonnement sérieuse. A la fin de sa tirade, il se retourna vers elle sans relâcher la main qu’il tenait fermement dans la sienne. — Mais j’arrêterai jamais de te regarder comme ça. Il lui fît l’honneur d’un vague sourire avant de retenir son souffle pour ne pas avoir à céder à une pulsion qui, sans surprise, continuait à le hanter chaque fois qu’il posait ses yeux sur cette bouche face à lui. La lute serait terrible, il le savait déjà. A sentir son pouls s’accélérer dès qu’ils se touchaient, à fixer ses deux billes sombres qui le regardaient et savait le faire frémir des pieds à la tête, et ce parfum… Tous ses sens littéralement soumis à ce que cette femme dégageait dès lors qu’elle se trouvait dans son sillage. — Tu vas me rendre fou. Qu’il lâcha en s’écartant brutalement, à la fois résigné et exaspéré devant pareils interdits. Et en fin de compte, ne l’était-il déjà pas un peu, fou d’elle ?
Revenir en haut Aller en bas
Sora Warhust
always & forever, in this heart of mine
Sora Warhust
name : beckwith · julia
inscription : 11/11/2020
posts : 37 faceclaim © : catriona gray

sapphire moonlight, got me gaze at the stars at midnight · w/seren Empty

C'est qu'il manque pas d'air, en plus. Elle pourrait lui énumérer toutes les façons détournées, tous les gestes et les regards. Toutes ces petites choses qui l'avaient traversé alors qu'il tentait d'enrober son rejet pour mieux le faire passer. Peut-être n'avait-il pas utilisé les mots, mais il lui avait fait purement et simplement comprendre que ce ' eux ' qu'elle avait eu l'audace d'espérer ne resterait qu'une pure fantaisie. Qu'il prétende le contraire lui fit serrer poings et dents d'un accès de rage mal contenue. Elle fit glisser et fixa sur lui un regard de profonde irritation, et croisa les bras au-dessus de sa poitrine pour compléter le message s'il n'avait pas encore percuté : ce qu'il venait de cracher n'était pas un argument et ne jouait pas du tout en sa faveur. “ C'est ça, joue sur les mots. Bientôt, je me le serais imaginé et tout sera dans ma tête. ” Si les yeux pouvaient insulter. Elle fit un demi-tour brutal et leva les yeux au ciel, des fois que ça l'aiderait à se délester de l'aigreur fugitive qui l'avait étreinte ; et l'étreignait encore davantage, mais presque moins au gré des minutes. Qu'elle puisse compter sur lui, si jamais, ne changeait pas la donne. Elle apprécia malgré tout le geste, pour tout le confort qu'il lui apportait et le sentiment tout nouveau, et étrangement doux, de savoir que quelqu'un serait cette fois-là pour la rattraper si jamais elle tombait. “ J'ai pas dis que t'avais pas le droit de donner ton avis, seulement que t'avais pas le droit de décision. C'est pas pareil. ” Et elle ne lui laisserait pas l'opportunité de donner à croire qu'il n'avait droit à rien ; le malheureux de l'affaire. Elle n'était pas son bourreau ici, loin de là.  Bien sûr qu'il avait des droits, juste pas sur elle, ni sur sa vie, ou ses propres décisions. Surtout pas aujourd'hui, alors qu'elle se découvrait enfin, après une vie dans les bordels et sur les marchés aux esclaves.   “ Oui, bah tes décisions sont ce pourquoi nous en sommes là aujourd'hui, plus ou moins, alors je crois que tout se confirme plutôt pas mal.” Et dans son sens, en plus. Pas la peine d'insister, Seren, la dame n'a que des arguments. Elle avait enfin gagné un semblant de libre arbitre, et elle comptait bien en profiter copieusement. Flânant paisiblement sur le sable, le regard ailleurs et l'esprit un peu loin, Luna s'amusa à respirer par grand a-coup, des fois que le bon air déciderait de se dérober à elle et qu'elle ne retrouve les effluves infectes de Deyja. Tout était arrivé si vite qu'elle craignait encore qu'on la retrouve, comme Seren l'avait fait, et qu'on l'a retourne à sa prison de sable. Au moins elle aurait profité d'un répit, certes, mais elle refusa de se laisser entrainer dans un tourbillon vicieux de ' Et si '. Elle se frotta la nuque, légèrement mise mal à l'aise par la pensée. Seren exulta : de la musique pour son coeur. Sur ses lèvres, l'esquisse timide et retenue d'un sourire. Davantage au baiser sur sa tempe, bien qu'elle mit tout en oeuvre pour le gommer. Il jouait. Et il jouerait encore, à n'en pas douter. Les lèvres cette fois pincées, elle le regarda la devancer, marcher quelques pas. Elle considéra brièvement ce marché pitoyable d'une glace contre un baiser avant de braquer tous ses efforts, au nom de sa nouvelle vie. “ Je vais pas me prostituer pour une glace,  ” souffla-t-elle, faussement vexée. Elle haussa les épaules, plus touchée qu'elle n'aurait voulu par le simple fait qu'elle se soit prostituée pour bien moins que ça à l'époque, et visiblement amère de l'avoir mentionné à voix haute.   “ Bien essayé, cela dit, ” reprit-elle, plus guillerette car dans l'impulsion de ne pas s'empêtrer davantage à ce sujet. Alors qu'ils discutaient une baignade, tout le moins que Seren imposait son idée, Luna s'arrêta de nouveau et leva les yeux au ciel. Tu apprendras. Pas une demande, ni une suggestion. Un ordre. Militaire. Ne souffrant d'aucune forme de contestation. “ Non, j'apprendrais pas, ” riposta-t-elle, sans prendre la peine de ne serait-ce qu'écouter le reste de son laïus.  Elle n'irait pas dans son sens, ni plierait pas dans ses convictions. Et surtout pas tant qu'il continuait à imposer. Un dieu doit apprendre. “ Pénible, pas vrai ? ” Et elle n'en était à peine au tour de chauffe. S'il voulait s'imposer, il ne le ferait pas auprès d'elle ; pas cette fois.  Elle lui fit l'affront d'un sourire éphémère, mais bougrement hypocrite. Mieux, elle lui arracha sa main d'un geste vif et armée de toute sa petite force ; et elle ponctua évidemment le geste d'un air régalé. “ T'as déjà acheté de la porcelaine ? ” demanda-t-elle, pensive, les yeux rivés vers les vagues.  Pas elle, l'image était donc purement fantaisiste, mais elle avait assez côtoyé cette matérialiste d'Aika pour pouvoir utiliser l'idée à des fins plus pratiques.   “ Dans l'échoppe, tu peux regarder, mais pas toucher. Si tu casses, tu payes. Bah là, c'est pareil. ” Il pouvait donc la regarder autant qu'il le voulait, les yeux lubriques ou non, cela à volonté. Peu importe. Elle en jouerait, même, toute vicieuse qu'elle était. En revanche, il ne pouvait pas toucher. Il avait déjà fait l'erreur de la casser une fois, dans le peu d'amour propre qu'elle avait en elle, et payait aujourd'hui en étant contraint.  Luna n'était pas une poupée qu'on peut soulever à volonté ; c'est au moins l'un des nombreux changements qu'elle désirait ardemment imposer à propos d'elle. On ne disposait plus d'elle à l'humeur. Plus maintenant, plus jamais. Même si ses intentions étaient honorables, elle entendait l'imposer aussi à Seren, qu'il le veuille ou non.
Revenir en haut Aller en bas
Alec Warhust
goin' down the bayou, takin' you all the way
Alec Warhust
name : sasha
inscription : 12/11/2020
posts : 42 faceclaim © : c. yaman

sapphire moonlight, got me gaze at the stars at midnight · w/seren Empty

La situation aurait pu paraître grotesque si elle n’avait pas été si dramatique. Cette femme finirait par lui faire perdre la raison si elle ne l’assassinait pas avant sous ses regards éventreurs. Incroyable qu’une si petite silhouette puisse contenir un pareil caractère. Luna avait l’audace de le défier là où personne ne s’était jamais risqué à le faire. Certains auraient récoltés bien plus que des soupires pour toute réaction de la part du dieu, mais là encore, cette fille-là faisait exception. A tour de rôle, ils se cherchaient, s’agaçaient et s’impatientaient. Un classique parmi les couples diront certains mais un jeu néanmoins dangereux pour celle qui commençait doucement à entamer la patience toute divine de Seren. Il serrait les poings, évitant soigneusement un visage devant lequel il se savait être le plus faible des hommes.  — J’ai pas voulu dire ça. Qu’il riposta, aussi amer qu’on puisse l’être devant de pareils propos. En un sens, il trouvait sa demande et ses réticences largement légitimes compte-tenu de ce qu’il avait pu lui faire subir lors de son départ de Kozakura. Pourtant, une petite partie refusait de lui faire entendre raison, et il s’acharnait à vouloir défier les limites qu’elle tentait tant bien que mal de lui imposer. Le problème, c’est qu’un dieu tel que lui n’avait pas pour habitude qu’on puisse lui refuser quoique ce soit. Sa longue existence avait certes pu faire de lui un homme particulièrement posé et réfléchit, mais il n’en restait pas moins issu du plus luxueux des royaumes aujourd’hui tristement éteint. Un prince au milieu des mortels qui n’avait autrefois qu’à claquer des doigts pour obtenir ce qu’il souhaitait. Selene avait été l’un de ces désirs. Il l’avait aimée avant même qu’elle ne lui en accorde le droit, et c’était régalé de leur union en ayant rencontrer que bien  peu de difficultés. Et puis il y avait désormais Luna. Cette fille issue de la misère des quartiers pauvres de Deyja, et qui se plaisait à jouer avec ses sentiments comme s’il n’était qu’un petit garçon inoffensif.  — T’es épuisante. Il soupirait à chacun de ses mots, la paume de sa main posée contre son visage pour masquer tout ce qu’elle était capable d’éveiller chez lui. Il n’était pas en colère,  pas encore, mais appréhendait chacune de ses réaction avec de nouveaux frémissements le long de l’échine. A son refus catégorique devant sa proposition d’apprendre à nager, il leva les yeux au ciel en secouant le visage.  — Effectivement. Pénible. Pourtant, malgré l’inévitable agacement de la situation, le regard qu’il parvenait à lui glisser chaque fois qu’il se tournait vers elle demeurait parfaitement intact. Attendri au point d’en soupirer et de laisser s’effondrer ses épaules sous le poids de la résignation. A bonne distance cette fois, il la suivit en croisant ses mains dans le dos, un léger rictus accroché au visage à l’entente de sa comparaison.  — En fait, je pars plutôt du principe que si je veux de la porcelaine, je la prends. Là aussi, bien essayé Luna, mais j’ai pas l’intention de te casser si c’est ce que tu cherches à sous-entendre. L’image était cruellement bien choisie, il en convenait, mais refusait toujours de se soumettre à sa volonté. Sur ce point-là, au moins, personne ne trouverait à dire qui l’emportait sur l’autre… Ces deux caractères s’imbriquaient à la perfection, quand bien même devaient-ils chacun en porter quelques cicatrices. Encore qu’étrangement, plutôt que de forcer un contact qu’il savait vain, Seren s’était résolu à s’éloigner de quelques pas pour éviter la tentation maladive de fondre sur elle. — Très bien. Continuons notre promenade et sur le chemin du retour si je ne t’ai pas noyée avant, peut-être que je songerai à te repayer la crème glacée dont je t’ai privée. Un mince sourire sur la commissure de ses lèvres, il darda sur elle un regard en biais plus détendu, presque amusé. Il n’avait pas fait tout ce chemin pour passer son temps à se disputer sur un sujet qui n’était, à ses yeux, pas négociable. Rien ne servait d’insister, alors plutôt que de s’enliser dans un discours sans queue ni tête, Seren préférait encore déposer les armes pour cet après-midi, profiter d’elle, de son mauvais caractère et de ce qu’elle voudrait bien lui offrir. Au moins, elle était là, si pas près du coeur, au moins à portée de ses bras et de ses baisers.

Le reste de la journée se déroula (presque) sans encombre. On pu les apercevoir longer le sable chaud qui bordait les rivages, s’aventurer ici et là dans ce que Silver Cove avait à offrir de plus beau. La fantaisie aurait pu reprendre de plus belle, si seulement il n’y avait eut cette distance tristement imposée. Pour la première fois de sa longue existence, Seren s’était contenté d’obéir quand d’ordinaire tout le poussait à ordonner. Les vieilles habitudes d’un militaire couplées à celles d’un fils de Zeus. Pourtant bien qu’éternel insatisfait, il avait su en apprécier la moindre seconde. Il résidait peut-être là finalement le pouvoir de cette fille : Luna rendait absolument tout merveilleux. Sa présence, son sourire, même ses dizaines de reproches parvenaient à le charmer de toutes les façons qu’un homme pouvait l’être. L’image était utopique bien sûr, mais il y avait bel et quelque chose qui savait alléger le poids de son éternité pour lui faire pleinement profiter de l’instant présent. Le temps n’avait jamais été plus délicieux qu’auprès d’elle, quand bien même regrettait-il de ne pas pouvoir l’étreindre et savourer sa proximité d’une toute autre façon. Lorsqu’enfin la lune entreprit de voler la place du dieu soleil et que la pénombre se chargea de venir couvrir les paysages somptueux de Nemeree, ils avaient trouvé refuge le long d’un muret de pierres qui surplombait la capitale.  — C’est le moment où tu es censée me montrer où tu habites pour que je te raccompagne en toute sécurité me semble-t-il. Qu’il échappa dans un souffle à son égard, faussement sérieux quand ses prunelles trahissaient très clairement la malice qui étincelait dans ses yeux. Ses pieds regagnèrent le sol lorsqu’il descendit du mur, les mains tendues vers elle pour l’inviter à le rejoindre. Ici encore, il avait cherché un prétexte idiot pour avoir l’opportunité de l’étreindre au moins une dernière fois ce soir. Le visage cette fois-ci armé d’un sourire, Seren n’eut cependant pas la patience d’attendre sa réponse et agrippa lui-même sa taille en l’attirant contre lui. Tant pis pour les insultes et au diable la courtoisie. Luna dans ses bras, il prit son temps pour lui faire regagner la terre ferme et se régala égoïstement de tout ce que cette proximité savait éveiller chez lui. Désir. Passion. Tendresse. Tout un amalgame d’émotions qu’il se savait obligé de refouler faute de quoi il serait contraint d’embrasser celle dont les lèvres se trouvaient pourtant pile à sa portée.  — Avant que tu te mettes à hausser le ton, j’aimerais que tu prennes conscience que ce que je suis entrain de faire-là requiert un effort surhumain. Qu’il laissa filtrer de sa bouche entrouverte, les yeux rivés sur elle et le coeur martelant sa poitrine d’une armée de battements désordonnés. C’est qu’il fallait la voir là, sublime de jour dans sa belle robe mais absolument éblouissante sous les rayons d’une lune qui mettait en lumière bien d’autres choses. A commencer par le plaisir inédit d’avoir enfin pu passer une journée parfaitement ordinaire à ses côtés. Au prix d’un effort colossal et après ce qui lui sembla être de bien trop courtes minutes, il laissa enfin retomber ses bras le long de son corps et recula d’un pas en baissant le visage.  — C’est juste impossible de regarder sans toucher. Qu’il admit à demi-mot en faisant référence à leur conversation d’y il y a quelques heures. De toute évidence, il avait fait un pas de travers. Le premier avant ceux qui suivraient inévitablement. Il n’y avait qu’à voir la façon dont il la dévorait des yeux en cet instant. Et quoiqu’elle puisse dire ou intenter contre lui, cette flamme-là ne saurait s’éteindre aussi facilement.  — C’est peut-être de moi qu’il faudrait que tu sois protégée en fin de compte. Siffla-t-il, mutin, en reprenant doucement le souffle qu’il avait perdu un peu plus tôt. Une vérité déguisée sous une ébauche d’humour.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

sapphire moonlight, got me gaze at the stars at midnight · w/seren Empty

Revenir en haut Aller en bas
Aller à la page : 1, 2, 3  Suivant
Page 1 sur 3
Sujets similaires
-
» longer than the heavens and the stars that shine · w/seren
» souls always know their way back home · w/seren
» stars fading but I linger on, dear. w/darcy

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-
Sauter vers: